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Critiques de Achille Mbembe (18)
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La communauté terrestre

Imaginez que vous rencontrez un type et que, une chose entrainant une autre, vous commenciez à refaire le monde. Enfin, surtout lui, parce que, quelques minutes à peine à l'écouter et vous percevez bien que ce mec, c'est une véritable bibliothèque ambulante. Pas de celles, classiques et humanistes que la poussière des ans anoblit et légitime, mais celles, bien plus rock et cosmopolites qui explorent les enjeux contemporains internationaux sur le plan économique, politique, social, écologique, biologique et j'en passe. Achille Mbembe, puisque le type, c'est lui, est un puit de sciences. Et vous, vous titubez sous les seaux de savoirs qu'il vous déverse sur la tête à une vitesse étourdissante, chaque paragraphe contenant le condensé de quatre ou cinq articles universitaires ou essais dument cités en bas de page.



Mais à quel propos, me demanderez-vous ? A propos du monde comme il va et de la manière dont on pourrait le penser pour qu'il aille mieux. Tout simplement « proposer, à partir de l'Afrique, une saisie intelligible des principales forces de transformation du vivant à l'âge de la planétarisation. » comme l'indique l'avant-propos.



Dès le début, la démarche a ceci de très séduisant et d'ardu qu'elle envisage la totalité du vivant sans le segmenter à un seul champ disciplinaire ou le contenir dans une seule grille interprétative. Embrassant l'intégralité du réel, de la terre aux microbes, de la technologie des algorithmes aux humains, Achille Mbembe propose d'opposer à une logique coloniale et capitaliste un retour aux cosmogonies animistes africaines anté-coloniales et de tremper nos raisonnements dans une conception du monde qui ne doive rien à l'universalisme de surplomb, eurocentré dont il rappelle les ravages tant sur le plan environnemental que sur la hiérarchisation des vivants (ceux qui peuvent vivre à l'abri et ceux dont les vies servent à alimenter la sécurité des autres), la monétisation et la calculabilité rentable de tout ce qui existe sur terre.



Jouant sur les analogies de fonctionnement, les métaphores structurelles il réfléchit par exemple sur les frontières, la manière dont la biométrique fonde le droit à passer tel ou tel territoire sur un couplage entre technologie et identité, la façon dont le risque, le rêve d'une sécurité sont utilisés comme un outil de gestion des populations afin que certaines soient confinées à un lieu de non droit quand d'autres ont libre circulation et que d'autres encore sont contraintes de subir émanations toxiques, vie de déchets pour produire de quoi alimenter le confort des deuxièmes. Un corps ne vaut pas l'autre : la frontière comme manière de classer ceux qui méritent de vivre et ceux qui ne sont que matière première. Frontière et vente d'organes, frontières et migrations, frontières et « régimes inégaux de mobilité ». Et surplombant ces enjeux de territoires et de circulation, les grandes plateformes internationales de la « tech » qui sont détachés de leur pays d'origine, s'appuient sur des ressources en minerais extraites dans des conditions de pollution extrêmes, condamnent l'ensemble des vivants à être débiteur de ressources à jamais dilapidées, alimentent un système où seul compte le prix attribué à chaque pan du réel. Face au désastre écologique, humain, à l'épuisement des ressources, à l'escalade sécuritaire qui engendre, dans un apparent paradoxe, plus de violence et de danger, comment fait-on ?



On mise sur « la communauté terrestre », cet « en-commun » qui se réclame d'Edouard Glissant. On oublie l'illusoire clôture sur soi « que celle-ci prenne la forme d'une clôture territoriale, nationale, ethno-raciale ou religieuse ». On fonde notre rapport au monde sur une soif de connaissance valorisant « l'enchevêtrement et des relations entre une multiplicité de foyers », on s'efforce de voir le réel à partir de plusieurs mondes à la fois, prenant en compte la perspective différente qu'a chacun des autres vivants. On fonde ainsi une communauté terrestre incluant tous les vivants sans hiérarchie, se détachant de toute appropriation, cultivant à la place des liens en résonnance avec l'ensemble du vivant. Une éthique du détachement qui relie, un partage du souffle primordial dans une économie psychique et physique du don, contre-don, de la dette non monétisable, par définition insolvable et alimentant le principe même du mouvement, de la vie.



Bien. Tout ceci est passionnant, exaltant, inspirant. La puissance intellectuelle nécessaire pour embrasser et dépasser tous les aspects segmentés de notre monde est admirable. Mais parfois, tout de même, à la lecture, on a un peu l'impression que l'auteur est une bibliothèque ambulante, certes, mais sous mescal ou LSD. La démonstration s'emballe souvent, l'auteur se cite lui-même, reprend une pensée déjà énoncée. Lorsqu'on croit tenir un fil, il se dérobe avant toute conclusion et le propos s'oriente vers une autre illumination aux allures presque prophétiques. Il arrive aussi qu'Achille Mbembé soit sûr de son fait au point de poser des phrases du genre « Cet autre stade de l'humanité a pour nom la seconde création » Dans une forme ramassée d'hypotypose (coucou Isa !), notre auteur voit les délires qu'ils prêtent à ceux qui s'égarent et croient qu' « à l'être de glaise de la première création condamné à retourner à la poussière succédera (…) un être synthétique fait de multiples appareillages ». Et d'un coup d'un seul, il embraye juste après sur une définition du vivant laquelle convie l'imaginaire, le langage et « les dispositifs ostéo-musculaires ». Vouf ! la bibliothèque et nous sommes sur un radeau et y a du courant !



Ce qui n'empêche pas d'avoir l'impression de faire du sur place aussi. Les axes structurants la pensée d'Achille Mbembé reviennent régulièrement, à la manière de thèmes musicaux peut-être, imprègnent la pensée par leurs passages répétés. Ca a le mérite de nous permettre de mieux comprendre au deuxième ou troisième passage. Ou de nous reposer le temps qu'il radote. Mais ça ne plaide pas pour un contenu rigoureusement organisé. Plutôt une soirée bien arrosée dans une librairie possédant la licence IV avec un compagnon enthousiaste.



Si on cherche ses repères dans une démonstration logique et organisée, on peste. Si on accepte qu'une réflexion philosophique ne réponde pas à la seule rationalité cartésienne et que certaines fulgurances peuvent, même en ce genre, être porteuses, si on délaisse « les haleurs », on se baignera peut-être, à la manière de Rimbaud dans le « bateau ivre » que cet essai m'évoque indiscutablement, dans ses effets au moins « dans le Poème de la mer, infusé d'astres, et lactescent, dévorant les azurs verts ». Ainsi, on contribuera peut-être à faire advenir cette nécessaire et utopique « communauté terrestre ». Ca vaut sans doute le coup de lâcher !

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Sortir de la grande nuit

On a beaucoup parlé à l’automne 2011 du livre du politologue camerounais Achille Mbembe : Télérama lui a consacré un dossier spécial, France Culture une longue interview, Africultures une recension dithyrambique. Ce brillant esprit subversif, qui excelle dans la forme courte, les articles, les contributions, les prises de position, n’avait plus signé d’ouvrage depuis "De la postcolonie" qui avait marqué en 2000 son entrée bruyante dans l’arène des "postcolonial studies". Tant pis pour le mépris que lui inspirera la présente recension dont il aura tôt fait de classer son auteur au nombre des chiens de garde antipostcolonialistes et provincialistes, c’est-à-dire de ceux qui à la fois mésestiment la portée des études postcoloniales et restent prisonniers d’une pensées hexagonale et rétrograde. Mais au risque de se voir reprocher, comme il le fait à ceux qui, tels Jean-Louis Amselle ou Jean-François Bayart, ne partagent pas ses avis, des « assauts désinvoltes », des « insinuations malveillantes » ou encore des « énoncés apodictiques » (p. 143), il faut exprimer le malaise qu’inspire Sortir de la grande nuit.

L’objet de ce livre trop ambitieux n’est pas clair. S’agit-il d’un essai prométhéen comme semble l’annoncer son titre poétique emprunté aux Damnés de la terre de Fanon ? d’une invitation à la lutte pour sortir de la race et se décoloniser enfin ? d’une auto-biographie comme le laisse augurer le premier chapitre où l’auteur narre son parcours depuis son Cameroun natal vers la France « un vieux pas orgueilleux, conscient de son histoire – qu’il tend à glorifier à tout propos – et particulièrement jaloux de ses traditions » (p. 43) qu’il a tôt fait de quitter pour les Etats-Unis et l’Afrique du Sud autrement plus hospitaliers ? d’une étude sur l’Afrique décolonisée, comme l’indique le sous-titre, où une nouvelle modernité « afropolitaine » (Mbembe n’est pas peu fier de ce néologisme) serait en voie de naître ? Un peu de tout cela ; mais rien qui ne convainque vraiment. Certains crieront au génie soutenant que ce livre transcende les genres littéraires et chevauche les champs trop étriqués des savoirs ; d’autres à l’imposture en retrouvant, au mot près, la reprise de textes déjà publiés et pour certains très anciens.

Comme l’a caustiquement résumé Jean-François Bayart, Mbembe est « très fâché » . Personne n’a grâce à ses yeux. Ni la France, plongée dans un « long hiver impérial », incapable de « liquider l’impensé de la race ». Ni les anciennes colonies francophones d’Afrique qui se sont transformées en satrapies, en « chefferies masquées » (p. 20) dont l’unique objectif est de rester au pouvoir, avec le soutien « le plus tenace, le plus retors et le plus indéfectible » (n’en jetez plus !) de l’ancienne puissance colonisatrice. Le problème est que la vindicte de Mbembe est aveugle aux évolutions. Cette France qu’il dénigre, cette Afrique qu’il vomit, elles ont bien changé depuis qu’il les a fuies pour s’accueillir sur des terres plus accueillantes.
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Sortir de la grande nuit

L'Afrique décolonisée ! L'auteur nous la présente à travers un essai magnifiquement écrit, bien que compliqué comme tout essai politico-philosophique rédigé par un intellectuel de haut niveau.



L'essai commence sur un registre narratif et autobiographique. Début du moment post-colonial. La décolonisation -surtout là où elle fut octroyée- prit «l'allure d'une rencontre par effraction avec soi-même». Les deux chapitres qui suivent examinent les paradoxes de la «postcolonialité»… chez une puissance (la France) qui «décolonisa sans s'auto-décoloniser», d'où l'impuissance à écrire une histoire commune à partir d'un passé commun.



Du côté des nouvelles nations indépendantes (parfois «greffes hétérogènes de fragments à première vue incompatibles et conglomérats de sociétés au temps long»), on «reprend» la course. A tout risque. Plongée dans l'inconnu. Heureusement il y a la «volonté de vie».



Donc, l'Afrique est en train de se construire -malgré des coûts humains élevés, un «monde des ruines» et des «cases sans clés»-, en train d'effectuer sa synthèse sur le «mode de disjonction et de la redistribution des différences». L'Afrique en circulation ! Afrique-glèbe, «immense champ de labour de la matière et des choses». Un corps encore en mouvement, jamais à sa place, dont le centre se déplace partout. Un corps se mouvant dans l'énorme machine du monde… C'est l' «Afropolitanisme» (trois paradigmes ne s'excluant pas : variantes diverses du nationalisme anticolonial/lectures marxistes multiples et «socialisme africain»/panafricanisme et solidarité raciale et transnationale). A l'image de l'Afrique du Sud, le laboratoire privilégié que l'auteur connaît bien.



L'Auteur : Théoricien du post-colonialisme, à la pensée engagée dans l'action, fortement anticléricaliste et pour une théologie de la libération. Camerounais d'origine (né en 1957, sa région fut un bastion du mouvement nationaliste camerounais). Docteur en histoire (la Sorbonne, Paris) et DEA en sciences politiques (Iep, Paris), il est professeur d'histoire et de sciences politiques en Afrique du Sud. Chercheur, il a également enseigné aux Etats-Unis. Auteur de plusieurs publications (dont «De la postcolonie») globalement sur le même thème et sur l'Afrique.



Avis : Pour mieux connaître le colonialisme et le racisme blanc… et le néocolonialisme. Pour mieux comprendre l'Afrique et l'Africain contemporains. Livre difficile à lire mais enrichissant, aujourd'hui encore bien plus qu'hier.

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La communauté terrestre

Achille Mbembe livre ici une vaste synthèse des contours et enjeux du monde contemporain. La conception du monde héritée de la métaphysique occidentale-un homme dominant une nature réduite à un ensemble de choses passives-doit être abandonnée pour faire place à une conception beaucoup plus ouverte qui rassemble dans une communauté terrestre unique l'ensemble des êtres vivants, les choses aussi les objets techniques que nous avons façonné et qui nous façonnent.

Cette communauté relevant d'une histoire à la fois sociale, technologique, géologique, cellulaire et moléculaire.

J'ai regretté que cette synthèse très ambitieuse balaie peut-être un peu trop large et n'approfondisse pas assez des points qui l'auraient largement mérité.



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La communauté terrestre

« La Communauté terrestre », nouvel essai du philosophe camerounais, propose de repenser l’être comme ouverture à tous et à tout, en puisant en particulier dans les métaphysiques africaines animistes.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Politiques de l'inimitié

Nous voyons en Achille Mbembe le philosophe le plus important de notre époque. Dans Politiques de l'inimitié, le penseur aborde l'ontologie de la haine, beaucoup plus raffinée que le seul constat de la méchanceté qui caractérise, par exemple, la théorie de Thomas Hobbes. En effet, en expliquant ce qu'est la haine et le pouvoir absolu qu'elle a dans la construction des rapports intimes, puis communautaires, puis sociaux, Achille Mbembe nous oblige à revoir l'Histoire et les ententes successives qui ont pu se créer pour exploiter les humains, muselant les plus pacifiques et excitant l'intérêt des plus faibles. Faibles? Oui, de par leur inhumanité. Une philosophie d'engagement nous est ainsi proposée par le philosophe camerounais. Une humanité à construire... enfin!
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Brutalisme

Pénétrant tout autant que déconcertant voire rageant.



L’auteur tient des propos et une réflexion qui interpellent et provoquent notre propre réflexion. Et pour cela, le livre vaut la peine d’être terminé.



Cependant, le style et le vocabulaire sont parfois d’une complexité qui ne semble pas justifiée, loin de là. Cela peut engendrer une forme de frustration, même de colère, tant cela donne l’impression de passer à côté d’éléments ou d’idées qui auraient été précieux s’ils avaient été présentés simplement.



Fichtre !
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Critique de la raison nègre



Ouvrage très intéressant mais qui pourrait rebuter certains du fait de la complexité de l'expression, de la richesse du style.

Au-delà de la forme, force est de reconnaître l'érudition de l'auteur sur le plan du traitement de la dimension historique de l'Africain et des souffrances attachées à son état à travers les siècles. En revanche, on ressent tout au long de l'ouvrage l'omniprésence d'une sensibilité marxiste manifeste dans les démonstrations qui y figurent ainsi que celle de la distance qui se creuse entre lui et les réalités africaines d'aujourd'hui telles que des lecteurs européens comme moi les vivent quotidiennement en étant installés en Afrique de l'Ouest et parfaitement intégrés dans la société du pays où ils vivent, notamment du fait d'un mariage mixte.



Achille Mbembe focalise sur la relation historiquement entachée d'une négation de l'humain entre l'Europe et l'Afrique car liée à l'exploitation de l'Africain par le capital, ce qui rend négligeable les autres sources d'esclavage qui ont existé voire qui existe encore contre l'homme noir dans certains pays de confession musulmane.



Plus grave encore, la machine exterminatrice des Amérindiens mise en œuvre par les Etats-Unis est presque totalement occultée, tout comme pour ce qui concerne les Aborigènes sur leurs terres. Certes, il s'agit de traiter le cas de ceux qu'Achille Mbembe appelle les" Nègres" mais son approche pose le cas de ces derniers comme étant les victimes de la pire discrimination et violences associées. C'est surtout cette gradation dans le statut des victimes qui est gênante en raison de l'empreinte culturelle marxiste manifeste de l'auteur. Attitude qui s'inscrit dans la tendance actuelle visant à conduire les Occidentaux à culpabiliser et à se repentir. Démarche sur laquelle on peut également s'interroger en termes de pertinence car il y a lieu de prendre en compte les objectifs manifestes et les objectifs latents des accusateurs.



Enfin, il importe de souligner l'utilisation subjective des mots dans les démonstrations de l'auteur. Utilisation au service d'objectifs et qui impose au lecteur de prendre du recul afin d'analyser objectivement les problématiques traitées. La réalité étant plus complexe que les oppositions radicales présentées.



Ouvrage intéressant mais réservé aux érudits et amateurs d'analyse socio-politique.
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Brutalisme

Achille Mbembe veut faire prendre conscience de la violence contemporaine à l’œuvre dans le monde pour refonder une communauté des vivants sur d’autres bases que celles de la pensée occidentale.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Sortir de la grande nuit

Oui évidemment comme souvent, la langue de Mbembe est souvent verbeuse, souvent ardue et si l'on veut vraiment que ce livre nous enrichisse il faut y réfléchir. Ne pas le lire d'une traite. Y penser. Car comme toujours c'est un livre extrêmement riche, qui en abordant une multitude de sujets, d'exemple et de détour amène à penser la complexité du postcolonial et de sa construction.
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Sortir de la grande nuit

un de mes livres préférés ...
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Critique de la raison nègre

En puisant dans l’histoire ainsi que dans l’inconscient littéraire, Mbembe identifie trois contextes de fabrication de l’identité nègre : l’esclavage, la colonisation et l’apartheid. Il déconstruit ainsi le discours qui a entraîné, tout autant que masqué, les douleurs de la violence raciale.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Sortir de la grande nuit

Sortir de la la Grande Nuit ou Essai sur l'Afrique décolonisée (2010)



Cinquante ans après les Indépendances. J'étais curieuse de lire cet essai pour remettre les pendules à l'heure de la théorie post-coloniale et de la globalisation.



Le livre commence par un chapitre autobiographique "Trajectoires d'une vie", ancrant l'auteur dans l'histoire du Cameroun, son pays d'origine, dans les luttes de décolonisation, et les non-dits des combattants éliminés "terroristes". Éloignement de l'intellectuel vers Paris, comme il se doit pour un francophone, puis New York et Johannesburg.



Le 2ème chapitre "Déclosion du monde et montée en humanité" est tout à fait différent : texte philosophique s'appuyant sur le concept fanonienne de déclosion du monde. Si le concept lui-même me paraît un peu fumeux (je ne suis pas philosophe, encore moins spécialiste de l'Afrique), Fanon m'a éveillée autrefois aux luttes anti-coloniales.



p. 69 : "Dans la pensée de la décolonisation l'humanité n'existe pas a priori. Elle est à faire surgir à travers le processus par lequel le colonisé s'éveille à la conscience de lui-même, s'approprie subjectivement son moi, démonte les enclos, s'autorise à parler à la première personne".



Il cite ensuite Senghor (p70): "chez qui la décolonisation implique l'existence d'un sujet qui cultive le souci de ce qui lui appartient en propre..."



puis Glissant pour qui" la déclosion consiste à aller à la rencontre du monde"



Ces prédécesseurs étant analysés il étend l'analyse à Husserl, Valery et à la théorie du loup.



Je décroche un peu, trop philosophe pour moi! les développements trop savants sont fumeux. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement"



Lorsque Mbembe aborde la globalisation et la théorie post-coloniale il s'éloigne de la philosophie pour une analyse politique assez confuse.



La troisième partie "Société Française : proximité sans réciprocité" sort du champ philosophique et entre dans celui du ressentiment. Certes, la France a perdu de sa puissance et de son aura en perdant son empire colonial. Certes, l’Europe n'est plus le centre du monde. Certes, les Etats Unis exercent une attraction certaine sur les africains francophones. Tout cela est connu, évident, et la dissertation pompeuse m'a lassée. Les spécialistes apprécieront. Je retourne à la fiction, à la littérature, vaincue, n'ayant lu qu'en diagonale "Le long hiver impérial français!" et abandonné la fin.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La communauté terrestre

Dans un essai dense, Achille Mbembe en appelle à reconfigurer les relations entre humains et non-humains pour conjurer la catastrophe planétaire en cours.
Lien : https://www.ouest-france.fr/..
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La communauté terrestre

Penser la communauté au-delà de l’identité et de l’Etat, à une époque où se renouvellent les pulsions de repli sur soi : tel est l’objet du nouvel essai d’Achille Mbembe.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Brutalisme

Cet ouvrage offre un point de vue africain, donc hors du centre du capitalisme. Il est en cela tout à fait complémentaire à des auteurs comme Gunther Anders ou avec la critique marxienne de la valeur (auteurs comme Anselm Jappe).

Une critique radicale de la modernité capitaliste est effectuée, plutôt sur un plan viscéral que cartésien, il y a très peu de données chiffrées d'ailleurs (mais c'est sans doute en contraste avec la numérisation du monde). L'avantage est que ça se lit assez facilement, pas besoin de bagage théorique.

Il y a souvent amalgame entre capitalisme, occident, Europe, ce qui semble un peu simpliste.

La critique est moins "fine" que peut l'être la critique de la valeur, mais elle a l'avantage d'être (partiellement) extérieure au système et de donner quelques pistes (ténues) pour sortir de ce brutalisme qui est en train de tuer notre Terre.



A lire pour élargir son point de vue "centré sur l'Europe".
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Pour un monde en commun : Regards croisés ent..

Intéressante et érudite "conversation" qui n'est pas à proprement parler une discussion mais une juxtaposition des vues d'un acteur financier public (Rémy Rioux) et d'un universitaire (Achille Mbembe) cherchant à montrer en quoi le paradigme de "développement" est obsolète, et quelles sont les grandes réformes économiques et financières, étatiques et supra-étatiques, mais aussi culturelles à mettre en oeuvre pour parvenir à un "Tout-monde" à vivre "en commun" pour parvenir à atteindre les objectifs du développement durable fixé par les Nations-Unis en 2015 (dont la COP21, c'est le propos de Rémy Rioux) ou p à "réparer le monde" (A. Mbembe).



Achille Mbembe nomme les maux, définit les concepts, et place la réflexion sur le long terme et l'histoire commune, souvent difficile, de l'Europe et de l'Afrique, tandis que Rémy Rioux cherche à démontrer dans ses interventions que ce nouveau paradigme est pris en compte par la banque de développement qu'il dirige (l'Agence française de Développement) et que la France s'est mis en ordre de bataille pour renouveler ses relations avec l'Afrique, et répondre à ces enjeux partagés de gouvernance, de santé publique mondiale, de création de sens, etc.



Les "questions" posées par Séverine Kodjo-Grandvaux ne sont qu'un prétexte aux développements qui suivent. Ceux-ci manquent d'ailleurs beaucoup trop de spontanéité et de dialogue. Ce sont deux monologues, qui parfois se répondent, mais le plus souvent s'évitent pour ne pas avoir à réellement s'affronter.



En effet, ce que retiendra le lecteur, c'est globalement la divergence des propos : une tendance de Rémy Rioux à défendre coûte que coûte, les récentes évolutions de la politique française (de développement mais plus largement de l'action extérieure), sans parvenir à remettre en cause (ni à assumer) des échecs aussi patents que la politique migratoire européenne ou l'intervention française au Sahel. Achille Mbembe, derrière une érudition et une réthorique savante, propose des lectures plus radicales des évolutions récentes des politiques de développement et des acteurs qui les portents. Ses propos ne trouvent pas toujours d'écho dans ceux de Rémy Rioux.



Bref, une lecture intéressante pour initiés à ces enjeux, mais en aucun cas un ouvrage de vulgarisation sur ces sujets, qui reste très cher (19€) pour le format proposé (presque un poche) chez Actes Sud...
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Critique de la raison nègre

L’historien et politiste Achille Mbembe invite à penser le monde contemporain à l’aune de ce que fut la "condition nègre" depuis la traite atlantique, tout en dessinant une réflexion critique sur les potentielles dérives du capitalisme néolibéral.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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