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Citations de Adeline Yen Mah (20)


Une jeune fille ne valait pas cher en Chine. Celles dont on ne voulait pas étaient vendues à des familles inconnues où elles devenaient pratiquement des esclaves.
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En ce soir d'été chaud et lourd, Père décida que nous irions tous prendre le frais dans le jardin. Jackie avait été dressé par un maître-chien allemand, Hans Herzog. Père voulait s'assurer des résultats.
— Vérifions un peu les progrès de Jackie ! L'un de ces petits canards qu'on a offerts aux enfants servira de test...
À ces paroles, je fus incapable d'avaler une bouchée de plus. Bien que Père eût l'air de s'adresser à notre frère aîné, j'étais paralysée d'horreur.
— Va à la cage et rapporte-nous un de ces canards !
Sur-le-champ je sus que la victime serait mon canard à moi.
[...]
Père sortit dans le jardin, PMY [Prunelle de Mes Yeux] dans sa paume. Je fus prise de nausée. PMY semblait si fragile, si vivant. Jackie accueillit son maître avec des jappements de joie. La nuit était resplendissante, la lune toute ronde, les étoiles brillantes. Père s'installa dans un transat, près de Niang, Tante Baba et Ye Ye. Les enfants étaient assis sur l'herbe. Père posa doucement PMY. Je fus parcourue de frissons. Mon cœur se brisait en mille morceaux.

Jackie reçut l'ordre de rester assis à deux mètres du caneton. Se trémoussant nerveusement, haletant, il finit par obéir, mais il avait du mal se contenir. Soudain, m'apercevant, PMY se dirigea vers moi en caquetant. Alors, Jackie bondit. D'un saut puissant, il happa la patte gauche de PMY entre ses mâchoires meurtrières. Père se précipita, furieux. Son chien ne lui obéissait pas. Jackie lâcha le caneton, mais c'était trop tard.

Je courus le ramasser. Sa petite patte palmée, tordue, pendant lamentablement. Jamais je n'avais ressenti un tel désespoir. Sans un mot, j'emportai PMY dans ma chambre, l'installai délicatement sur mon lit, l'enveloppai dans mon plus beau foulard et m'étendis près de lui. Je n'ai jamais oublié la nuit que je passai près de lui. Elle m'a marquée pour la vie. Cette tristesse qui me réduisait en miettes, je n'ai jamais pu la raconter à qui que ce soit. Personne au monde n'aurait pu comprendre, pas même Tante Baba.

PMY refusa de manger et de boire. Il mourut le lendemain matin. Un vieux panier à couture lui servit de cercueil. James et moi l'enterrâmes sous le grand magnolia en fleur. Aujourd'hui encore, ce parfum suave fait ressurgir en moi cette horrible impression d'avoir tout perdu.
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À l'âge de trois ans, ma grand-tante proclama son indépendance en refusant catégoriquement de se laisser bander les pieds. [...] Grand-Tante avait huit ans de moins que mon grand-père, Ye Ye. Elle était le bébé adoré de la famille. Elle refusa de manger et de boire jusqu'à ce que ses pieds fussent « libres et saufs », selon ses propres termes, et elle obtint satisfaction.
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En octobre 1970, je reçus de lui (un de ses frères) une lettre étonnamment aimable dans laquelle il me demandait de l'aider à trouver un poste dans l'hôpital où je travaillais. J'en fus tout d'abord enchantée. J'avais tellement soif d'affection ! C'était comme s'il m'avait tendu un rameau d'olivier. Je la montrai à Père, de passage avec Niang à Fontain Valley.
- Laisse-moi te poser une ou deux questions, me répondit-il. Es-tu heureuse dans ton travail ? T'entends-tu bien avec tes collègues ? Crois-tu avoir un brillant avenir devant toi ?
- Oui. J'adore mon travail et je ne me vois pas l'abandonner.
- Dans ce cas, je te déconseille vivement de répondre à la lettre d'Edgar. Je peux te prédire que tu n'as rien à y gagner. Nous connaissons tous les sentiments qu'il te porte. Plus tu réussiras, plus il sera jaloux. Tu t'es forgé une belle carrière. Continue, ne t'arrêtes pas en chemin. L'Amérique est un grand pays. Quel besoin Edgar a t-il de venir dans ton petit coin à toi ? Il a tout le reste du continent pour se trouver une niche
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- Dès le jour ou Niang est entrée dans notre famille, nous avons commencé à souffrir. Elle avait envouté votre père, comme la renarde des légendes anciennes. Elle était jeune et séduisante; en outre il était très certainement fasciné par ses origines européennes. N'oublie pas qu'il a grandi dans la concession française, à une époque unique dans l'histoire de la Chine. Nous sommes tous des victimes de l'Histoire.
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Le gouvernement lui octroya 15 yuans par mois pour ses dépenses et lui infligea le port d'un morceau de tissu noir sur sa poitrine portant l'inscription : "les six infâmes", termes désignant les capitalistes, les propriétaires, les droitistes, les paysans riches, les contre-révolutionnaires et les éléments criminels, qui n'avaient plus droit qu'aux emplois les plus vils et étaient systématiquement les derniers à être servis dans les files d'attente, surtout quand la nourriture manquait.
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C'est à cette époque que le mah-jong passe-temps favori de Tante Baba fut décrété décadent. Au début son groupe de joueurs se réfugia dans un sous-sol pour jouer en secret, la nuit, toutes portes verrouillées. Chaque domino était enveloppé dans un étui pour amortir le bruit. Afin d'éviter toute mauvaise surprise, ils se relayaient pour faire le guet. Mais les risques étaient énormes et leur courage limité; ils préférèrent finalement renoncer et se mettre au bridge, les jeux de cartes étant encore tolérés.
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Quant aux communistes, ils n'interféraient pas trop dans la vie des gens, la seule obligation des résidents d'un même foyer étant de se déclarer aux autorités. A cet effet furent instaurés les Hu kou (comités de quartiers). Ils devaient bientôt devenir des instruments de contrôle pour le gouvernement qui put, grâce à eux, suivre tous les mouvements de chaque habitant de Shanghaï. 
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Leur relation débutait comme elle devait toujours continuer : Jeanne exigeait, Père s'inclinait. Comme disent les Chinois, "même ses pets lui étaient parfumés".
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Avec l'aide d'un oncle, Mary s'enfuit à Hong-Kong, où elle poursuivit ses études chez d'autres missionnaires. Son oncle l'y suivit. Dans un geste de défi, il coupa sa natte et l'envoya à la famille. C'était un crime grave, l'équivalent d'une déclaration publique de rébellion à l'encontre de l'empereur Qing.
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Hautes sont les montagnes,
Et longs sont les fleuves.
Rien n'est impossible.
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- Je crois que le XIXè siècle fut celui des Britanniques. Le XXè, lui, est américain. Et je te prédis que le XXIè sera chinois. Le pendule oscillera du yin au yang, et des cendres laissées par la révolution culturelle naitra le phénix.
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En vertu du statut d'extraterritorialité dont jouissaient les concessions étrangères, tout ressortissant, qu'il fût autochtone ou non, était soumis aux lois du pays souverain et non à celles de la Chine. Chaque concession avait son gouvernement municipal, sa police et ses troupes, véritable ville au cœur de la ville de Shanghaï, laquelle n'était elle-même que l'une des petites enclaves étrangères dispersées le long des côtes chinoises.
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Nous gardions nos distances. C'était son idée du mariage. Il ne supportait pas les discussions à cœur ouvert, invoquant le proverbe chinois : "le mari et la femme doivent se traiter mutuellement comme des invités. "Pour lui, cela impliquait de s'abstenir de toute critique ou remarque négative. Le tête-à-tête, propice à la familiarité, était proscrit, et tout sujet de controverse soigneusement évité. Il fallait être artificiellement gai. Pas de conversation, pas d'intimité.
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Deux jours plus tard, respirant avec peine, je fus emmenée à l'hôpital. Les docteurs étaient persuadés que j'allais mourir. Ils en informèrent ma famille. J'étais seule et j'avais peur. Personne ne vint me rendre visite que Mary, ma meilleure amie. Elle vivait avec sa mère, non loin de l'hôpital, et prétendit qu'elle n'avait rien trouvé de mieux à faire que de passer me voir. Je n'en crus rien et lui fus profondément reconnaissante de sa sollicitude.
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On avait commencé à comprimer ses pieds dans de longues bandes de tissu quand elle avait trois ans. Ses quatre doigts latéraux furent repliés sous la plante du pied, le gros orteil seul dépassant. Le bandage, resserré chaque jour durant plusieurs années, écrasait les quatre orteils, empêchant tout développement du membre. Ce traitement douloureux, causant une infirmité permanente, était la seule façon d'obtenir ces pieds minuscules tant appréciés des hommes chinois. Une femme qui ne pouvait marcher qu'en clopinant était le symbole de l'infériorité de son sexe et de la richesse de sa famille.
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Je ne pus trouver le sommeil. Je pleurais. Quelle mesquinerie !!! Un billet pour Philadelphie ne représentait rien pour eux ! Ils n'avaient pas eu un mot de regret et de gentillesse.
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Jun ling : une enfance chinoise de Adeline Yen Mah
« Voir que Petit trésor me soutenait fut une immense consolation.
Je pris ma petite cane dorée dans mes mains et, un instant, je crus distinguer le reflet de mon chagrin dans les billes de ses yeux.
[...]
Petit trésor vaquait de-ci-de-là, picorant activement le plancher, puis se rapprochant pour me regarder.
- Avec tante Baba, lui déclarai-je, tu es la seule sur laquelle je peux toujours compter, la seule à me comprendre. Serais-tu en train de me rappeler que je t'ai promis un bon vermisseau bien juteux hier ?
Je m’adressais à elle avec la voix cajoleuse que je lui réservais.
Elle me dévisageait d'un air chagrin, ses yeux ronds rappelant deux boules de gomme.
J'étais persuadée qu'elle ne ratait pas un de mes mots.
- Je paris que tu aimerais pouvoir parler pour me raconter des tas de choses« 
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Une éducation trop poussée n'était pas propice à un bon mariage. "Seules les femmes ignorantes sont vertueuses", a dit Confucius.
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J'ai souvent pensé que chacun de nous, en venant au monde, dispose d'un temps donné. Un certain nombre d'années nous est alloué, comme une somme fixe déposée à la banque. Chaque jour qui passe, nous en dépensons une partie.
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