« Darius le Grand ne va pas bien » d'Adib Khorram est en librairie depuis un mois déjà ! Pour l'occasion, nous avons souhaité mettre en avant quelques thématiques fortes liées à l'ouvrage : l'Iran et le thé avec l'intervention de Méhrnaz Lemoine du Sohan Café et la dépression, avec le discours de Monsieur Fabrice Cathala, Président de l'association France Dépression Ile-de-France.
Et restez jusqu'au bout, nous vous avons réservé une petite surprise !
Extrait du roman : https://bit.ly/3kjKlLT
Présentation du roman : https://bit.ly/300kcuj
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— Tu es gentil. Tu es drôle. Tu es courageux. Tu es un peu un désastre. Mais c'est ce que j'aime chez toi. Sans parler de tes fesses de hockeyeur.
—T'es jaloux ?
— Un peu. Tu as eu cette longue histoire avec lui et je...
Je prends les mains de Kaivan.
- Mais j'ai un avenir avec toi.
"Ce n'était pas le genre de choses que je pouvais dire à qui que ce soit. Pas à voix haute, du moins. Je veux dire, les garçons n'étaient pas censés aimer leurs petites sœurs. On pouvait veiller sur elles. On pouvait intimider la personne qu'elles décidaient de ramener à la maison - même si j'espérais que ce scénario ne se produirait pas avant plusieurs années pour Laleh. Mais on ne pouvait pas leur dire qu'on les aimait. On ne pouvait pas avouer que l'on jouait à la dînette ou à la poupée avec elles, parce que ce n'était pas viril. Pourtant, je jouais à la poupée avec Laleh. Je jouais également à la dînette avec elle (même si j'insistais pour qu'on y serve du vrai thé, pas du thé imaginaire encore moins du thé du Tea Haven). Et je n'en avais pas honte. Je n'en parlais simplement à personne. Ce qui était normal. Pas vrai ?» pg 24
Ma mère disait toujours que ce genre de blague ne la dérangeait pas, parce que les Persans ne pouvaient pas être terroristes. Parce qu'ils ne se réveillaient pas assez tôt le matin pour aller faire exploser quoique ce soit. Je savait qu'elle le disait seulement parce que cela la dérangeait vraiment, au fond. Mais c'est plus simple d'en rire à la place.
Ma mère disait toujours qu'elle m'avait nommé d'après Darius le Grand. Je crois surtout qu'elle et mon père courraient droit vers la déception en me donnant le nom d'une telle figure historique. J'étais tout un tas de personnes - Darianus, Darius prépuce, Darius phallus - mais je n'avais définitivement rien de grand.
Je détestais cette question : qu'est-ce qui te déprime ? Tout simple parce que la réponse était : rien.
Je n'avais aucune raison d'être en dépression. Il ne m'était jamais rien arrivé de foncièrement mauvais dans la vie.
Je ne me sentais pas légitime.
Je pris une portion de thé dans la boîte orange vif que je versai dans le panier infuseur, ajoutai deux cuillères de sucre candi, puis plaçai le panier sous le robinet. Smaug le Farouche cracha son breuvage fumant dans le pichet. Je sursautai au contact des gouttes brulantes sur mes mains.
Smaug, Première et Principale Calamité, triomphait une fois de plus.
Ghorbanat beram est l'une de ces phrases farsi tellement parfaites qu'il est impossible de la traduire en français.
La traduction la plus proche est la suivante : Je donnerais ma vie pour la tienne.
Parfois, ce n'était que de belles paroles.
Mais Sohrab l'utilisait au sens littéral. Tout comme moi. Voilà ce que signifiait avoir un meilleur ami.
-Arrête de pleurer ! Tu pleure tout le temps ! Pedar sag !
Rien de mal ne t'es jamais arrivé. Tu te plains sans arrêt ! T'as jamais eu de raison d'être triste dans ta vie !
Je ne pouvais plus parler.
Je restais là, à cligner des yeux et à pleurer.
-Va-t'en, Darioush, dit-il.
Avant d'ajouter :
-Personne ne veut de toi ici.
C'était l'une des conséquences de la dépression. C'était comme s'il y avait un trou noir supermassif entre l'image que vous vous faisiez de vous-même et l'image que les autres percevaient, si bien que tout ce que vous voyiez était déformé par l'effet de lentille gravitationnelle, laquelle reflétait avant tout vos propres défauts.