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Critiques de Adriana Lisboa (28)
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Bleu corbeau

Je n'ai pas vraiment été conquise par ce roman qui passe du coq à l'âne, d'un personnage à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre. Quelques passages intéressants sur la guérilla dans la forêt amazonienne. Une gamine de treize ans, à la mort de sa mère, quitte le Brésil pour le Colorado où elle rejoint celui qui l'a reconnu mais qui n'est pas son père biologique.
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Hanoï

David, 32 ans, trompettiste par passion, vendeur pour gagner sa vie, vient d’apprendre qu’il a un cancer et qu’il va mourir dans peu de temps. Il commence à faire le ménage dans sa vie, vide son appartement. Et fait la connaissance d’Alex, mère célibataire, étudiante, et caissière. Cette relation va illuminer la fin de sa vie, et elle aidera aussi Alex à voir les choses sous un autre angle, jusqu’à faire un voyage à Hanoï, d’où sont originaires sa mère et sa grand-mère et où David voulait aller mourir.



Joli livre, tout en nuances, qui dessine des portraits de personnages ordinaires, mais pleins de mystère, qui tentent de tracer leur chemin, en dehors de toute ambition, de tout désir d’être extraordinaire, mais qui essaient de trouver une place, un geste juste, même si éphémère. Le style est très simple, mais en même temps empreint de poésie, une poésie humble, proche du quotidien, mais qui permet d’enchanter ce qui pourrait n’être que banal.



Une bonne surprise, même si cela devient un peu plus prévisible à la fin.
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Hanoï

Ils ont des racines lointaines : lui du Brésil et du Mexique ; elle du Vietnam. Ils vivent tous les deux à Chicago. La rencontre de David et d'Alex est fortuite et leur attirance réciproque. Le moment est mal choisi, Il n'a que quelques mois à vivre mais c'est comme ça, l'existence vous réserve des surprises quand vous n'attendez plus rien. Il leur reste peu de temps pour s'aimer et se tenir la main. Mais ils ne refuseront pas ce cadeau du ciel. C'est vrai, Hanoï a tout pour être une histoire à tremper les mouchoirs de larmes. Sauf que c'est Adriana Lisboa, romancière brésilienne remarquée pour Bleu corbeau, qui raconte. Exit le mélo, Hanoï célèbre la vie, les airs de jazz qui l'embellissent, le rapprochement de deux êtres qui acceptent que leur passion soit brève. Petit à petit, David se défait de tout ses biens matériels. Il se prépare pour le grand voyage. Alex est de plus en plus présente, elle le sera jusqu'au bout et accomplira ce qu'il n'a pu faire. Adriana Lisboa préfère la pudeur et la délicatesse aux grandes envolées larmoyantes. Elle trouve de la poésie dans le quotidien et de l'émotion contenue dans les petites choses. La fin du roman est un modèle du genre. Une ellipse pour dire l'après, quand tout est fini, quand un autre chapitre commence, quand la tristesse se teinte d'une mélancolie qui fait avancer parce qu'il n'y rien d'autre de mieux à faire. Avec le sentiment d'avoir vécu comme il le fallait et de ne pas être passé à côté de ses sentiments. Hanoï est un beau roman sur le destin et les routes qui se croisent en vous changeant pour l'éternité.
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Bleu corbeau

Il semble qu'aujourd'hui tout roman digne de ce nom se doit d'être déstructuré, en pièces détachées, et que le lecteur se débrouille avec tout cela. La linéarité, une évolution chronologique toute simple ? Mais vous n'y pensez pas, enfin ! Bleu corbeau n'aurait pourtant pas pâti d'une construction moins fragmentée, bien au contraire, qui sait s'il n'y aurait pas acquis plus de force ? Le livre d'Adriana Lisboa est une histoire classique d'initiation qui prend toute sa dimension dans la recherche d'un père et, surtout, dans l'évocation des années de dictature qu'a subi le Brésil, période bien plus mal connue qu'au Chili et en Argentine, mais pas moins sanglante. Factuel, Bleu corbeau l'est un peu mais l'intérêt du roman est plus dans le style de son auteure, flottant, moelleux et nostalgique. Avec des questionnements aigus sur le sort des exilés, aussi étrangers dans leur pays d'accueil qu'à la longue dans celui de leurs origines. Plus largement, Adriana Lisboa étend sa réflexion à tout être humain et à cette interrogation : mais quelle est donc notre place dans le monde ? Livre délicat et plein de nuances, Bleu corbeau, en dépit de la dislocation de ses intrigues, ne manque vraiment pas de séduction.
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Des roses rouge vif

Clarice « Pour attendre. Et regarder ses mains avec répugnance, puis avec peine, puis avec amour. Elle n’arrivait pas à sortir d’elle-même pour comprendre l’histoire d’une autre manière » attend sa sœur Maria Inès « Ses pensées devinrent stratégies de guerre. Très rapides. Insomniaques. Camouflées, armées jusqu’aux dans et prête à tout ». Tomas, ancien amant l’attend aussi « Peut-être que Tomas avait vieilli, qu’il avait atteint cette espèce de plateau où toutes les formations géographiques les plus intenses s’estompent, et qu’il ne pouvait plus rien faire si ce n’était être témoin du paysage avec ses yeux transparents et penser à tout comme du passé ».



Deux sœurs séparées et néanmoins liées « Et il y avait ces paroles de chair vivante que Maria Inês et Clarice n’échangeaient jamais. Leurs parents leur avaient appris le silence et le secret. Certaines réalités ne pouvaient être dites. Ni même pensées. Là-bas, les choses étaient régies par un mécanisme très particulier, capable d’attraper le malheur dans son cours entre les viscères et les artères, et de lui fabriquer un masque de pierre. Alors, Maria Inês continuait à garder pour elle ces paroles sanguinolentes et faisait attention à ce qu’elles fissent le moins de mal possible. »



Dans l’attente construite par Adriana Lisboa, chacun-e revoit des morceaux de vie, des premiers émois amoureux, des relations aux autres, maris, amants, mère ou père.



Sans continuité visible dans l’espace et dans le temps, l’auteure rends vivantes des facettes de ses personnages.



Des vides aussi. Une sensation d’un quelque chose, d’un silence, d’un oubli, comme une toile inachevée.« Peut-être que rien n’avait eu lieu, que rien n’avait d’importance réelle. Et que l’histoire qui les avalait tous n’était qu’un petit trait sur le mur, un gribouillage fait au crayon par un enfant malicieux. Pourtant il y avait quelque chose d’insupportablement grand dans tout ça. »



Une approche, insensiblement, par des chemins variés, des ponctuations colorées, d’un point obscur.



Des détails se rapprochent, se devinent, s’assemblent, des éléments se répondent. Et la violence la plus extrême « Un homme. Et une petite fille qui voulait juste être une petite fille »



Une superbe construction. Comme une errance qui débouche sur un changement glacial de sonorité.
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Bleu corbeau

Quand on lit beaucoup, on apprécie un ton, un style différents. Est-ce pour cette raison que je fus conquise pour ce roman ?

Le scénario est simple. Evangelista, jeune fille de treize ans qui vient de perdre sa mère, Suzana, quitte le foyer de sa tante et le Brésil pour rejoindre dans le Colorado, Fernando, l’ex-mari de sa mère. Son objectif est de retrouver la trace de son géniteur.

La narratrice, Evangelista a aujourd’hui grandi mais elle raconte ces années d’adolescence en quête de ses racines.

La construction est étonnante. C’est un vrai puzzle qui mêle le récit de cette quête, le passé de Fernando et celui de sa mère que la jeune fille reconstitue grâce au souvenir des discussions avec sa mère ou au fil des confessions présentes de Fernando, mais aussi quelques bribes du futur puisque la narratrice est aujourd’hui adulte.

Avant de rencontrer Suzana, Fernando était un jeune communiste, engagé dans l’Académie militaire de Pékin dans les années 60 puis guerillero dans la forêt amazonienne. C’est l’occasion de revenir sur le passé du Brésil avec la dictature militaire, les tortures subies par les membres de la guerilla. Et c’est aussi une vision de l’exil puisque Fernando a dû quitter le Brésil, ce fut aussi le cas pour Suzana à une époque et c’est la vie de nombreux habitants sans papiers venus d’ici ou d’ailleurs comme le jeune et touchant Carlos, le petit voisin de Fernando.

L’attrait de ce récit réside dans un subtil dosage des choses, une façon d’amener une révélation puis de passer à l’évènement suivant et y revenir avec l’essentiel. La perception d’une adolescente donne à la fois de l’humour simple, de l’évidence et de la naïveté aux évènements. C’est une jeune fille qui découvre la poésie, la neige, la torture, le vieillissement, l’amour, les conditions des immigrés, la mort, la vie.

" Pourquoi les gens passaient ainsi de la vie d’une personne à celle d’une autre, changeaient de ville, changeaient de pays et gagnaient de nouvelles nationalités?"

" Je me demandai si l’espace qu’une personne occupe dans le monde lui survit."

L’émotion est présente, sans être lourde, dans chaque rencontre. Tous les personnages (sauf les militaires) sont aimables et bienveillants.

Fernando, au passé si complexe, est un être calme, vieillissant, un peu désabusé, content de pouvoir aider Vanja en mémoire de sa mère.

" Quand l’ennemi avance, on recule, et quand on doit reculer, on trébuche parfois sur soi-même."

Carlos, ce jeune immigré salvadorien, est touchant par sa naïveté d’enfant, sa volonté d’apprendre et son attachement à Vanja.

On rencontre aussi Florence, une grand-mère artiste perdue dans son monde lunaire,ou June et Isabel, deux anciennes amies de Suzana lors d’un voyage au Nouveau-Mexique.



Je vous recommande cette lecture que je classe en coup de cœur pour sa différence, sa construction certes un peu complexe mais maîtrisée, son émotion retenue.
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Hanoï

Hanoï, c’est le cimetière d’éléphants de David. David a un cancer du cerveau, il n’a plus que quelques mois à vivre. Ses parents sont décédés, le reste de sa famille n’habite pas aux Etats-Unis… Il décide donc de partir sans déranger personne et de vider son existence. Il dit à ses proches et ses voisins qu’il déménage dans un autre Etat, leur donne toutes ses affaires. Mais c’était sans compter sa rencontre avec Alex, jeune maman de 22 ans…



Ce n’est pas une romance dramatique pleine d’émotions. Bien au contraire, tout y est pudique, doux, non dit. David n’a plus rien à perdre et a tout à donner, mais il ne peut s’empêcher de nouer une relation avec une femme et un enfant. Je pense que l’autrice a voulu dire que, malgré tout, on ne peut que vouloir éviter de mourir seul.e. Elle a créé une histoire pleine de générosité, sur des humain.e.s qui font de mieux avec ce qu’iels (s)ont.



C’est le genre de roman court qui ne se dévore pas (comme la majorité des romans courts, d’ailleurs). La plume est légère, je ne sais pas comme le dire autrement. Comme des pensées saisies au vol.



Hanoï est une jolie histoire et je retiendrai le nom d’Adriana Lisboa pour de futures lectures !

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Hanoï

David a trente-deux ans, il vit à Chicago. Un oncologue tripotant un petit éléphant en pierre lui a parlé traitement, protocole, chimiothérapie ou radiothérapie. Il lui a dit combien de temps il lui restait. Très peu. Quelques mois.



Fils unique d'un émigré brésilien et d'une mexicaine, qui sont morts tous les deux, il n'a pas à proprement parler de famille. Son ex-fiancée l'a quitté avant la maladie. De sa vie d'avant, il ne veut rien garder, hormis sa trompette. Car il est passionné de jazz. Et même s'il n'est pas devenu le musicien célèbre qu'il aurait rêver d'être, il tient à cet instrument. Vidant peu à peu son appartement de tous ses effets personnels, David fait don de ses objets aux gens qui l'entourent. Des voisins, des inconnus. Un renoncement au matériel qui semble alléger le poids de la maladie. Dans cette même logique, parce que le temps est désormais un bien précieux, compté, David envisage d'en gagner un peu. En sautant les étapes obligées qui suivent l'annonce d'une maladie incurable comme la sienne. En s'épargnant la colère, la dépression, le refus de l'évidence. Il s'efforce d'être dans l'acceptation et le renoncement. Il va ainsi croiser Alex, une jeune mère qui élève seule son fils, Bruno. Entre ses études à la faculté et son travail à la supérette asiatique, ses journées sont longues.Mais la jeune femme est un espoir. De leur rencontre naîtra l'impératif de ne vivre qu'au présent, en faisant "de son mieux". Autour d'eux, gravitent Truong, l'ancien moine bouddhiste et patron de la supérette, ou l'ombre douce et familière de Huong et Linh, la mère et la grand-mère vietnamienne d'Alex. Mais l'ultime projet de David est d'entreprendre un voyage. Hanoï sera le dernier, son cimetière des éléphants...



Avec un tel sujet, Adriana Lisboa aurait pu écrire un véritable mélo, dégoulinant de bons sentiments. Elle en a fait tout l'inverse. C'est avec délicatesse et pudeur qu'elle dresse le portrait d'un jeune homme terriblement attachant, qui a beau être condamné, n'en demeure pas moins profondément vivant. On se demande parfois comment réagir si une telle tragédie nous arrivait. Je ne savais pas vraiment quoi répondre, mais aujourd'hui je pense pouvoir affirmer que j'aimerais avoir la dignité de ce personnage. De là à en être capable, c'est autre chose... Mais son amour pour les autres, sa profonde générosité dans un moment qui appellerait à l'égoïsme m'a beaucoup questionnée. Cette faculté de David à lâcher prise et celle de l'auteure à le raconter sans qu'on ait non plus le sentiment qu'elle contourne son sujet, est assez perturbant. Tout comme le fait que son roman ne se résume pas qu'à la fin programmée de son héros. Il est aussi question d' exil, de déracinement, de guerre, de métissage. Des rêves avortés qui ne se réalisent jamais, en musique ou au basket-ball. Des choix que l'on fait et qui bouleversent la vie.



En évitant les écueils du genre, Adriana Lisboa produit une magnifique réflexion sur la relativité du temps, sur les liens familiaux, le rapport au monde. On ne peut s'empêcher, une fois le livre refermé, de conserver en soi cette injonction vitale : accrocher un sourire à ses lèvres.
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Hanoï

En 2013, j’ai eu un coup de cœur pour Bleu corbeau, découvrant ainsi Adriana Lisboa cette auteure brésilienne que je ne pouvais que retrouver avec ce nouveau roman.

A l’époque, j’évoquais un ton, un style différents mais surtout des personnages tellement touchants, des jeunes gens mais avec des racines familiales fortes et structurantes.

Avec Hanoï, l’intrigue est plus simple, le passé des parents se fond davantage dans l’histoire actuelle, tout en restant un élément essentiel, constitutif des personnages principaux.

David a trente deux ans, largué par sa copine, il vient d’apprendre qu’il n’a plus que quelques mois à vivre. L’histoire pourrait être larmoyante, mais même si l’émotion devient finalement et inévitablement très forte, Adriana Lisboa ne donne pas dans le romanesque et l’apitoiement.

» Quand on te dit que c’est la dernière gorgée, pensa David, tu t’arrêtes, tu aiguises tes sens et tu sens le goût de la boisson pour la première fois. »

Parce que cette histoire est lumineuse grâce à ses rencontres. Que ce soit avec les jeunes enfants de son immeuble, avec ce vieil homme rencontré sur un banc du parc, avec Trung, le moine bouddhiste propriétaire de l’épicerie asiatique, David donne de son temps si compté, de sa gentillesse de manière si naturelle.

Le seul bien qu’il souhaite garder est sa trompette. N’ayant plus son groupe de musique, il partage la musique qu’il aime tant avec ses dernières rencontres. Il pense souvent à ses parents, à son passé puisqu’il n’a plus d’avenir. Même si il s’attache un peu égoïstement à Alex, son but reste de trouver son cimetière des éléphants.

» Et ce serait tout, un peu d’été, de musique, de compagnie et un être humain n’a pas besoin de plus, vraiment. »

Il y a beaucoup de douceur et de richesse dans les personnages d’Adriana Lisboa. Ils se retrouvent comme posés là, tentant de composer avec leur passé sans vraiment savoir ce qu’ils vont faire de leur avenir, si avenir il y a. Alors, ils profitent de la richesse de leurs rencontres.

L’auteur (ou le traducteur, je ne sais pas) utilise parfois des répétitions au sein des phrases ce qui peut étonner mais finalement, je trouve ce petit défaut charmant. Cela donne une musicalité et une naïveté au style qui cadre parfaitement avec l’ambiance du roman.

Je suis une nouvelle fois enchantée par l’auteur, je classe ce roman dans mes coups de cœur et j’ai dans la foulée commandé son premier roman, Des roses rouge vif.
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Bleu corbeau

Quel tempérament cette Evangelista ! Sa mère vient de mourir, elle vit chez sa tante mais a décidé de prendre sa vie en main. Elle veut retrouver, grâce à son père putatif -qu’elle n’a jamais vu, ne connait pas du tout- son géniteur. Un échange s’engage avec Fernando et la voici partie pour le rejoindre dans le Colorado. Elle n’a que treize ans !! « Ce n’était pas une aventure. Ce n’était pas des vacances, ni une diversion, ni un passe-temps, ni un changement d’air, je partais aux Etats-Unis pour habiter chez Fernando avec un objectif bien particulier en tête : chercher mon père ».

Ces deux là vont apprendre à se connaître. Fernando se dévoilera à la jeune adolescente comme il ne s’est jamais confié. Il déposera son fardeau à ses pieds. Elle découvrira l’homme qui a aimé sa mère et, à travers lui, l’histoire du Brésil.



La gamine passe d’une ville bruyante, bruissante, arborée, luxuriante, humide, colorée à Denver chaude et sèche en été, froide et ventée en hiver, avec peu de verdure, vide, terne.

Ce n’est pas un récit linéaire, il va au fil des pensées d’Evangelista, des « confessions » de Fernando. Jeune homme, il fut activiste, il a combattu au nom d’un idéal gauchiste qui a fait de nombreux morts au Brésil et qui est passé sous silence. Des pages dures, certainement encore plus dures pour les oreilles d’Evangelista.

Evangelista nous parle de filiation, du choix du sol, de l’exil choisi ou subi. Au contact de Fernand, ce père qu’elle s’est choisie et qui la sauve d’une certaine solitude, elle suit le parcours de sa mère jusqu’à retrouver sa grand-mère et… trouver son propre chemin.



Bleu corbeau est plein de la vitalité d’Evangelista. Adriana Lisboa d’une écriture délicate et fine transmet les émotions sans avoir à nous faire sortir les mouchoirs, ce que j’apprécie énormément. Elle sublime le quotidien de Fernando, Evangelista, Carlos. Pas de super-héros dans ce livre, tout est juste, justement écrit. Les personnages sont humains, pas geignards, ils essaient de vivre le mieux possible.



Un très bon roman fin, séduisant, fort bien écrit, comme je les aime.


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Quand le coeur s'arrête

Qu'est-il arrivé à l’auteur de cette lettre pour que la tristesse déborde à ce point dans ses mots, comme un long appel à un destinataire qui ne la lira peut-être jamais ? Il s'est réfugié à l'aube, plein de désarroi, chez son amie Paloma. Cette nuit, il a eu quinze ans, mais cela n'explique rien. Cette nuit, l'un de ses amis est à l'hôpital, entre la vie et la mort. Alors il a envie d'écrire, de lui écrire. Les mots se bousculent, les images surgissent, Rio, la mer, Paloma, le skate, et les voitures qui roulent si vite, si vite…



L'avis d'Alexis, 14 ans : Ce récit philosophique de tous les jours, sur la vie d'adolescent, est un véritable voyage intérieur. De plus, l'auteur maîtrise parfaitement la technique des retours en arrière et des figures de style, ce qui enrichit l'histoire. Un roman où les adolescents se reconnaîtront.



L'avis de la rédaction : La structure très libre de cette lettre lui donne un ton désespérément enjoué face au chaos de la vie. Le héros rebondit d'idée en idée, jusqu'à l'explication finale permettant de reconstituer le puzzle du drame.
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Hanoï

Ce roman est écrit par une écrivain brésilienne mais a paradoxalement peu à voir avec le Brésil. En effet, en dehors de la langue d'écriture qui est le portugais et du personnage principal David qui a un parent brésilien, les personnages vivent aux Etats-Unis, à Chicago.



Ce roman a des points communs avec un de mes récents coup de cœur, "Snow queen" de Michael Cunningham (éditions Belfond). Les deux se passent dans une grande ville américaine, un personnage est condamné par un cancer : Beth dans "Snow queen", David dans "Hanoï", Tyler (dans le roman de Cunningham) et David sont tous les deux musiciens. Ce sont deux romans sur l'amour et deux romans plutôt introspectifs, psychologiques : les deux auteurs nous placent au plus près des personnages.



"Hanoï" est un roman d'une grande richesse. Roman d'amour, sur la famille, sur le déracinement, sur le métissage culturel, sur les relations entre les Etats-Unis et le Viêtnam, etc. Adriana Lisboa y célèbre la vie, bien que la mort inéluctable et la maladie soient constamment présentes. L'auteur met en relief les moments de bonheur et les choses simples de la vie. C'est un livre émouvant. L'histoire d'amour provoquée par l'entrée de David dans l'épicerie vietnamienne dans laquelle travaille Alex est très finement amenée, très belle. Alex est elle-même fille de vietnamiens.



C'est un roman pudique, l'écriture est simple, directe et en même temps très belle. On peut noter ça et là quelques répétitions de termes mais c'est peut-être dû à la difficulté de trouver des mots variés en français pour retranscrire au mieux le vocabulaire portugais. Elles ne sont aucunement gênantes pour la fluidité de la lecture. Les phrases sont dans l'ensemble plutôt courtes. Il faut saluer le travail de Geneviève Leibrich , traductrice notamment du prix Nobel de littérature José Saramago et de Lidia Jorge.
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Bleu corbeau

Ce sont de nouveaux paysages et une nouvelle expérience du Brésil que nous propose Adriana Lisboadans ce roman. Ici, pas de drogue, de prostitution, de favelas,... au contraire, on suit le quotidien d'une jeune adolescente qui vient de déménager dans le Colorado. Lorsque sa mère, brésilienne, meurt, Evangelina dit Vanja se lance sur les traces du père qu'elle n'a jamais connu. Petit à petit, elle va reconstituer son histoire, fouiller le passé de sa mère et celui des hommes qu'elle a connus. de Londres aux Etats-Unis en passant par le Brésil, on découvre petit à petit le passé souvent douloureux des adultes qui entourent Vanja. le roman d'Adriana Lisboanous rappelle ainsi que le Brésil ne se résume pas aux favelas et la violence mais est aussi marqué par la guérilla et l'immigration. L'auteur nous rappelle ainsi que la difficulté que l'on peut ressentir à se construire, à se définir et à trouver son identité n'a pas de frontière : elle est universelle. Comment se définissent les latinos-américains qui ont immigré aux Etats-Unis ? Quelles sont les différences entre les générations ? Dans une écriture à la fois calme, nonchalante et alourdie par les épreuves du passé, l'auteur revient sur l'histoire d'une génération et aborde le thème fondateur de la quête de l'identité pendant l'adolescence. Un roman tout en finesse et en délicatesse, qui touche et marque sans en avoir l'air.
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Bleu corbeau

Je terminais un livre avec le Garçon Nommé Corbeau quand j'ai reçu, via la Masse Critique, Bleu Corbeau: la transition était faite.



Le format, la couverture et le typographie m'ont été agréables; je ne connaissais pas cette maison d'éditions.



En avant propos une explication géopolitique du contexte et/ou de la région auraient pu être ajoutées, pour informer et éduquer le lecteur.



En partant en quête de son père une adolescente tout juste orpheline de mère part sur les route d'une époque tumultueuse de l'histoire de ses parents entremelée à celle de son pays.

Cependant Evengelina est davantage la vitrine qui cache le héros. L'auteure a su donner à son second couteau, Fernando, la profondeur, la richesse et la discrétion suffisantes pour être la clé de voûte du roman. Sans lui le roman aurait eu moins d'attraction.



Une belle découverte et un sujet à creuse, celui des Guérilleros brésiliens. Merci Babelio!
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Bleu corbeau

Adriana Lisboa est née en 1970 à Rio de Janeiro où elle a passé la majorité de sa vie. Elle a vécu en France et partage aujourd’hui son temps entre le Brésil et les Etats-Unis. Après des études de musique et de littérature, elle devient enseignante puis auteur et traductrice. En 2001, elle publie Des roses rouge vif, roman salué par la critique qui l’élève au rang des auteurs les plus importants de la nouvelle génération littéraire brésilienne. Bleu corbeau vient d’être publié en France.

Après la mort de sa mère Suzana, Evangelina toute jeune fille de treize ans, décide de quitter Rio où elle vit chez Elisa la demi-sœur de sa mère, pour les États-Unis et d’y retrouver son père. En compagnie de Fernando, l’ex-mari de sa mère, et d’un petit voisin salvadorien, Carlos âgé de neuf ans, elle se lance dans une sorte de road movie entre le Colorado et le Nouveau Mexique. Voyage physique mais aussi dans le temps et la mémoire, puisque l’enfant découvrant le passé se construira pour affronter le futur.

Je n’en dis pas plus car toute la beauté du roman tient dans sa construction et son écriture. Construction faite d’ellipses et de non-dits avant que des révélations postérieures ne viennent éclairer le lecteur et le sortir petit à petit de son ignorance voulue par l’auteure. Ecriture ensuite, tout en délicatesse et maîtrise parfaite, un roman joliment écrit, sans excès d’émotions de quelque nature qu’elles soient.

Si les émotions sont bien là et le lecteur les ressentira, l’écrivain ne les transcrit pas noir sur blanc, c’est son talent et la grande réussite de ce livre. Car il est question ici d’un retour sur le passé et l’histoire récente du Brésil, du coup d’état militaire et de la guérilla révolutionnaire qui agitèrent le pays durant une vingtaine d’années entre 1964 et 1985, par le truchement de Fernando, acteur alors, de la lutte résistante ; mais aussi du présent avec cette enfant qui cherche à connaître son père et découvrira sa famille au travers des récits des uns et des autres. Adriana Lisboa nous épargne les larmes ou les scènes pénibles, tout n’est que suggéré et nous sommes assez adultes pour lire entre les lignes, mettre des images sur ce qui n’est pas expressément dit.

Evangelina est la narratrice, ce qui autorise l’écrivain à utiliser un ton léger fait d’humour doux et de fausse naïveté pour dire des choses graves. La petite s’interroge et pose des questions mais sans jamais insister, philosophe malgré son jeune âge, « Après tout, quand les gens ne me fournissaient pas les détails, j’avais le droit moral de me les fournir moi-même ». Evangelina n’a pas de préjugés, les gens sont ce qu’ils sont, d’où qu’ils viennent et elle les prend ainsi. Adriana Lisboa aborde aussi le sujet du déracinement et de l’émigration, Evangelina son héroïne a deux nationalités, parle anglais à l’école, portugais à la maison et espagnol avec les voisins, quant à Carlos le salvadorien, il peine à parler anglais.

Un très beau roman, tout en finesse et subtile écriture. Un de ces romans comme je les aime, où l’auteur ne cherche pas à éblouir son lecteur avec une histoire extraordinaire ou un style se vantant d’être innovant, un de ces livres qu’on referme en se disant, quel beau et bon moment de lecture.

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Bleu corbeau

A treize ans, Evangelina décide de quitter Rio pour rechercher son père. Sa mère vient de mourir et sa nouvelle vie se déroulera aux Etats-Unis là où elle est née. L’ex-mari de sa mère Fernando habitant dans le Colorado se propose de l'héberger et de s'occuper d'elle.



La quête son père n'a rien de commun car Fernando l'a reconnue officiellement à sa naissance même s'il n'était pas son père biologique. Ils ne connaissent pas, seuls les souvenirs de la mère d'Angelina les unit. Fernando est peu bavard et tranquille. Evangelina a du mal à s'imaginer qu'il a été un guerillero au pays et qu'il a dû par la suite s'exiler. Tous deux cherchent, fouillent le passé et recoupent des informations pour tenter de localiser le père d'Evangelina. Carlos un petit garçon salvadorien dont les parents sont en situation irrégulière et voisins de Fernando multiplie les prétextes pour passer du temps avec Evangelina. Et c'est ainsi que Fernando, Evangelina et Carlos vont prendre la route et croiser en chemin des personnages attachants.



Ce livre sur l'identité, les origines, la construction de soi mêle habilement l'exil, l'histoire du Brésil et les racines de chacun.Cette histoire racontée par Evangelina permet d'écouter ses questions mais aussi ses souffrances, ses doutes. Un roman où la tolérance a une part belle et qui a su me pincer au coeur...
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Quand le coeur s'arrête

A Rio, un jeune garçon se réfugie le jour de ses 15 ans chez une amie, après avoir passé une partie de la nuit au chevet d'un copain victime d'un accident et transporté à l'hôpital entre la vie et la mort. Bouleversé, il ressent le besoin d'écrire une lettre à ce garçon qu'il ne connaissait que depuis la veille, pour lui parler de lui, de sa famille, de son amour pour Paloma et le skate...



Un beau roman qui bien qu'un peu décousu, retrace le portrait d'un jeune garçon attachant, qui se pose beaucoup de questions sur la vie, sur la mort, sur son avenir, sur l'amour... Il écrit comme lui vient l'inspiration, saute du coq à l'âne mais néanmoins, un fil conducteur nous conduit dans les méandres de ses pensées, un fil solide, plein de bon sens. J'ai beaucoup aimé ce livre, son atmosphère un peu triste, suspendue au sort du copain à l'hôpital et cet autoportrait qui sonne juste.
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Des roses rouge vif

« Des roses rouge vif » d’Adriana Lisboa est un roman remarquablement construit et particulièrement bien écrit. Il retrace l’histoire de deux sœurs, Clarice et Maria Inès, d’abord très proches mais qui ont été séparées peu avant leur adolescence. Elles poursuivront leur vie tant bien que mal, à jamais marquées par les douleurs de leur enfance.



Dès les premières pages, le lecteur est frappé par le style très littéraire de l’auteur et par la beauté de la narration. On ressent parfaitement les atmosphères décrites, des plaines arides de la campagne brésilienne aux chaleurs des faubourgs urbains de Rio de Janeiro. On se retrouve pris par les ambiances parfois très pesantes dans lesquelles évoluent les personnages.

Ces derniers nous sont présentés de façon progressive, au fil de la lecture. D’abord esquissés, ils sont petits à petits dessinés, dans leurs forces, leurs faiblesses et leurs blessures. Pour mieux nous faire partager l’univers des secrets de famille lourds à porter, des non-dits et du silence dans lequel ont grandi Clarice et Maria Inès, rien ne nous est révélé d’emblée. On devine pourtant les douleurs de chacune, ne pouvant véritablement les nommer qu’à la fin.



Le récit sait être léger lorsqu’il décrit des souvenirs heureux, des amours joyeuses ou l’innocence pas encore volée de la petite enfance. Mais comme un refrain, les blessures reviennent, tels les traumatismes des deux sœurs ou de Thomas, le peintre qui se perd d’amour pour Maria Inès. Le lecteur devient particulièrement attentif, est en permanence aux aguets à la recherche de réponses, soufflées d’abord à demi-mots puis complètement révélées dans un chapitre final particulièrement bouleversant, lorsque tous se retrouvent dans la fazenda de Jabuticabais, là où tout a commencé.



Il est rare qu’un roman parvienne à ce point à faire partager à son lecteur les émotions, les ambiances, les ressentis de chaque personnage. La progression de la lecture reste toujours aisée : les pages se tournent en quête de réponses. On est absorbé à la fois par la beauté et le dramatique de l’histoire. C’est un récit d’une grande intensité, fascinant et émouvant.
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Bleu corbeau

J'ai été très touchée par ce livre qui donne à réfléchir sur ses racines, sur les liens du coeur et les liens du sang sur fond de road-trip entre le Brésil et l'Amérique
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Quand le coeur s'arrête

Un beau récit. On suit avec intérêt les pensées de ce jeune ado qui semble s’écrire à lui-même plus qu’à son ami.

Il peut montrer l’intérêt de l’écriture pour apprendre à se connaître, à aller chercher ses sentiments au fond de soi, laisser naviguer librement la pensée... Mais je ne suis pas sûre que les élèves de collège accrochent, il faut peut-être plus de maturité pour se laisser emporter par cette introspection... Plutôt niveau lycée donc.
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