Citations de Adrienne Yabouza (14)
"L'amour, c'est pas plus facile que le reste de la vie. C'est vérifiable à vingt ans ou plus, sous les tropiques comme autour du cercle arctique. Pas parce que c'est chaud ici et froid là bas. C'est à cause des bâtons dans les roues, comme trop intelligent, trop blanc, trop noir, trop zyeux bridés ou cheveux roux, blonds crépus ; si en plus on compte les bâtons courbés ou à genoux dans l'ombre d'une religion, l'amour, c'est vraiment le parcours du combattant."
La parole n’a pas de jambes, mais elle marche très vite.
Pemba Kali marcha longtemps d'un côté et de l'autre. Il cherchait un bel animal qu'il pourrait flécher, un animal dont la bonne viande nourrirait plusieurs jours tout le village. Et puis, il resta longtemps à attendre, caché dans le feuillage. Il prenait son temps, comme une petite pluie qui, goutte à goutte, remplit la rivière...
C’est comme ça, quand t’es réfugié, quand t’es étranger, tu n’es plus un être humain et c’est pas les beaux discours du Nord ou du Sud qui changent quelque chose à ça. C’est pas non plus les Églises qui peuvent sucrer ça. Presque tous ceux qui ici sont maquillés par une religion te maltraitent comme les autres.
« Il y a des bouches qui disent ça… Mais on sait que dans certaines bouches, des langues ne tiennent pas droites. »
Les papiers pour se marier, c’est plus simple que les papiers de réfugié, mais c’est des papiers, et il y a toujours partout le chef des papiers, le sous-chef des papiers, la secrétaire du sous-chef des papiers, et même le planton qui garde le bureau de la secrétaire du sous-chef des papiers.
Le président, de son côté, voulait, je crois, garder pour lui-même les richesses du pays, et les ministres rebelles voulaient probablement exactement la même chose.
Les Français sont comme ça, ils veulent bien être polygames, je crois, mais ils ne souhaitent pas que ce soit officiel sur le papier.
C’était avant qu’elle suive sa formation en fraude électorale pour le parti du président Boz [...]
les pièces justificatives nécessaires, les témoins de moralité à sponsoriser, plus le certificat de baptême à exhumer, le tout officialisé à coups de tampons encreurs plus efficaces que des gris-gris à poils, à plumes ou à écailles.
L’amour, c’est pas plus facile que le reste de la vie. C’est vérifiable à vingt ans ou plus, sous les tropiques comme autour du cercle arctique. Pas parce que c’est top chaud ici et top froid là-bas. C’est pas ça. C’est à cause des bâtons dans les roues, sous toutes les latitudes.
Ils marquèrent l’un et l’autre un temps. Chacun savait que lorsqu’il s’agit de choses importantes à dire, il ne faut pas aller droit au but.
Il savait bien qu’un être humain qui aux yeux de tous s’en fout de sa femme depuis longtemps peut très bien changer d’avis et devenir en une nuit aussi jaloux qu’un crocodile du fleuve.
La vie pouvait donc continuer pour ceux, nombreux, qui mangeaient rarement à leur faim mais à qui on avait distribué des vivres la veille du vote et un petit billet le jour des élections, et pour les quelques-uns qui partageaient deux copieux repas par jour avec de belles femmes habillées à la mode de Paris, de Genève ou de Milano.