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Citations de Akli Tadjer (336)


On n’a qu’un seul grand amour dans sa vie. Tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage, tous ceux qui suivent des amours de rattrapage.
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Le cœur a ses raisons que les lois du marché ne sauraient ignorer.
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Il suffit d’avoir voyagé pour se rendre compte que le racisme est la connerie la mieux partagée au monde.
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Je n’écris pas pour passer le temps ou briller en société, j’écris parce que je porte en moi des soleils tourmentés, des bruits de guerre et des feux mal éteints. J’écris sur la quête d’identité, la quête de l’Autre pour rapprocher nos contraires avec l’espoir qu’il en restera une trace.
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Heureusement qu'aux premières chaleurs de printemps, M. Grandjean ouvrait grand les fenêtres de sa classe, et l'on s'approchait, tout près, pour écouter ses cours. Quand arrivait l'heure de l'écriture, on se dressait sur la pointe des pieds pour le regarder tracer les lettres de l'alphabet sur le tableau noir.
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Alors, les vendredis j'allais jusqu'à la clôture de fils barbelés et je regardais devant moi : le clocher du village qui ne sonnait plus, le ruisseau qui ne chantait plus, les corbeaux qui ne croassaient plus, les moutons qui ne bêlaient plus, même les chiens de gardes rapportés d'Allemagne étaient aphones. C'était triste. C'était à pleurer. C'était beau comme une catastrophe.
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Au-dessus du baraquement des Marocains s’élevait un épais nuage de fumée blanche. On entendait des cris, des appels au secours, des hurlements. Des gerbes de feu jaillissaient du toit, des portes, des fenêtres. Noirs, Jaunes, Blancs, on s’est tous précipités vers le brasier, pelle à la main, et on a jeté de la terre et du sable sur les flammes qui dévoraient les murs du baraquement. Des Marocains, torse nu, visage brûlé, avaient réussi à s’échapper de la fournaise et se roulaient par terre en hurlant à la mort. Comme les Allemands n’arrivaient pas, Tarik et moi avons voulu forcer la clôture de fils barbelés pour aller à la caserne. Les soldats de garde nous ont repoussés. Tarik a insisté, il voulait parler au grand chef pour qu’il donne l’ordre d’apporter des citernes d’eau.
— « Schnell ! Schnell ! »
Ils nous ont chassés à coups de matraque et ont lâché leurs chiens sur nous. Le baraquement s’est écroulé. Les Marocains s’étaient tus pour toujours. Ne restait qu’un immense bûcher et cette odeur de méchoui humain que je n’oublierais jamais. Des hommes pleuraient. D’autres juraient qu’un jour, ils leur feraient subir, aux Allemands, le malheur que nous endurions depuis des années.
Combien de nos frères avons-nous perdus ce soir-là ?
Cent ? Cent cinquante ? Deux cents, peut-être ?
J’ai regardé Tarik au fond des yeux et j’ai dit :
— Tu as vu comme ils nous respectent, tes Allemands.
La fumée me piquait les yeux. J’ai caché mon visage derrière mes mains pour pleurer.
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Demain est à nous, ma bien chère Zina. Je vais vivre, chanter, souffrir, rire, pleurer avec toi. Je l’aime tant le temps qu’il nous reste à vivre.
J’ai beaucoup d’argent, ma bien chère Zina. J’aimerais, mais il faut que tu sois d’accord, que l’on se remarie. Un beau et grand mariage. On ferait venir un orchestre de Bougie, avec ses joueurs de bendir, ses flûtistes, ses danseuses, et une chorale d’adolescentes qui nous combleraient de leurs mélopées sucrées. Toi, tu serais vêtue d’un caftan brodé de fils d’or. Un diadème serti d’émeraudes flatterait ta chevelure rousse. Et tu trônerais sur un palanquin soulevé à bout de bras par les garçons les plus vigoureux du village. Des grosses matrones pousseraient des youyous en jetant sur toi une pluie de pétales de rose. Moi, je serais drapé dans un burnous blanc et je suivrais le cortège sur un destrier noir. Tout Bousoulem serait de la fête. On sacrifierait des moutons et un bœuf pour le méchoui du soir, et on danserait jusqu’à ce que disparaisse la dernière étoile. Puis ce serait notre nuit de noces et l’on s’aimera pour les mille ans à venir. Puis, ce serait notre voyage de noces. Nous visiterions des contrées que nos livres ne nous ont pas encore fait découvrir. Si nous avons le temps, j’aimerais revoir Paris sans les Allemands. Nous rentrerions riches de cent histoires à raconter à nos enfants. Ce serait magnifique.

Les cornes de brume trompettent. La Kabylie est en vue.
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— Il y a un proverbe kabyle qui dit : l’argent est un bon valet mais un mauvais maître. Ça veut dire que je ne suis pas prêt à mourir pour de l’argent.

— Vous, les Kabyles, vous avez de la morale à revendre mais vous ne valez pas mieux que les autres. Chouffe, les chibanis dans la salle, tous des Kabyles. Eux aussi, ils n’ont que la morale à la bouche, n’empêche qu’avec toutes les ardoises qu’ils me laissent, j’ai de quoi couvrir tous les toits de Paris.
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— Sois franc avec moi, Adam. Toi non plus, tu n’aimes pas les Juifs ?
— Je ne peux pas t’aimer parce que tu es juive, comme je ne peux pas aimer les musulmans parce qu’ils sont mes frères. Je ne peux aimer que les gens que j’aime. Sans doute parce que je n’ai pas le cœur assez grand. Et toi, tu m’aimes ? Tu aimes tous les musulmans ?
À ce moment-là, Elvire détestait l’humanité. Je la comprenais. Il m’était arrivé dans mon village, à la guerre, au frontstalag, de désespérer de la race humaine. J’ai fait du café. J’ai allumé la bougie. Elle avait peur pour son père, peur pour Samuel, peur qu’ils aient été avalés tous deux par les ténèbres.
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Chaque fois que je vidais un sac de chaux vive sur ces jeunes hommes pourris par la maladie, je ne pouvais m’empêcher de penser que nous avions le même âge, qu’ils venaient, tout comme moi, de pays de soleil, qu’ils avaient eu une mère, un père, qu’ils avaient ri, pleuré, aimé, détesté, chanté, dansé et que demain, peut-être, ce serait moi qu’on balancerait dans le trou puis que l’on brûlerait à la chaux vive pour que je ne souille pas cette belle terre de France.
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Notre premier baiser, la première fois que je l’ai vue dans la cour de sa ferme, la première fois où j’ai touché ses seins, la première fois où je lui ai dit que je l’aimais, la première fois où nous avons vu arriver un vol de cigognes. À ne penser qu’à elle, j’en oubliais de dormir.
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L’amour m’a ressuscité. L’amour que me donne ma femme, l’amour que me donnent mes filles, l’amour que je leur donne. L’amour que je donne à mon pays. C’est beau l’amour de sa patrie, tu ne trouves pas, Adam ?
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On m’a dit que les Allemands étaient des barbares qu’il fallait anéantir jusqu’aux derniers. Je n’avais même pas idée de ce à quoi pouvait ressembler un Allemand quand je suis parti de mon village. Si je meurs demain, pour quoi serai-je mort ?
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La vérité l’obligeait à admettre que les combats seraient longs et rudes mais que nous vaincrions parce que nous étions les plus forts.
Au nom de la nation, il nous a remerciés du sacrifice que nous allions consentir pour anéantir le monstre allemand. Et pour cette dernière soirée, il nous a donné quartier libre.
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Des insultes ont fusé en arabe, en kabyle, en mauvais français, parce que détruire un être humain est un grand péché dans nos religions. Après un bref aparté avec le capitaine Houscheim, le grand chef a renoncé. Nos camarades seraient enterrés au crépuscule, dans un coin du cimetière du village.
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Zina, tu es en moi jusqu’au dernier repli de mon âme. C’est ainsi et je n’y peux rien. Je me demande de quoi sont faites tes journées. Et je maudis, chaque jour, les fauteurs de guerre qui nous ont arrachés l’un à l’autre. Il est temps de me séparer de toi car comme dans la chanson de l’ami Pierrot que l’on chantait sur nos chemins de chèvres, ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu.
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Pour être franc, l’Alsace qui balance d’une frontière à l’autre au gré des événements ne m’intéresse pas beaucoup, mais j’aime l’écouter se raconter. Avec sa voix qui coule comme un ruisseau de miel, ses yeux clairs et ses cheveux blancs malgré son jeune âge, il a quelque chose de M. Grandjean.
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Parfois, il en faut peu pour rapprocher les hommes. L’autre soir, il avait besoin de parler. Parler pour ne rien dire d’abord, puis se laisser aller pour finir par ne parler que de soi. Au siècle dernier, sa famille était prussienne – une sorte d’Allemands d’après ce que j’ai compris –, puis ils sont devenus français à la fin de la guerre de mon père.
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en la victoire est inébranlable. Nous vaincrons parce que nous, les soldats coloniaux venus des quatre coins de l’empire, nous défendrons, comme nos vaillants aînés, l’honneur de la patrie.
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