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Critiques de Al Ewing (78)
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We only find them when they're dead, tome 1..

Une magnifique BD de SF, ambitieuse et métaphysique.



J'avais découvert et adoré Al Ewing avec Immortal Hulk et j'avais hâte de voir ce qu'il pourrait faire comme comic indépendant. C'était à la hauteur de mes attentes.



L'histoire se déroule dans un futur où tout le Voie Lactée a été colonisée. Comme souvent dans les Space Opera, le centre dense de la galaxie abrite le plupart des institutions et de la population. La périphérie, au contraire, est un immense territoire peu peuplé et mal régulé.



Sauf qu'au lieu d'en faire en énième Far West spatial, Ewing prend une autre direction.



Le principale occupation de la périphérie consiste à disséquer des cadavres géants des dieux qui dérivent depuis la galaxie voisine. Leur chair sert de nourriture aux voyageurs et la plupart des organes de revendent à prix d'or près de la capitale. La plupart des vaisseaux spatiaux sont donc des espèces de scalpel géant (mais minuscule comparé aux dieux), et chaque corps est dépecé par une nuée de vaisseaux qui se battent pour les meilleurs morceaux. Tout ça sous l'œil attentif des inspecteurs du gouvernement qui peuvent écouter tout ce qui se dit à bord.



"Le vaisseau a des oreilles" est le leitmotiv du roman. Les équipages apprennent à parler et à utiliser des mots dans un environnement 100% surveillé.



Mais voilà, le capitaine du vaisseau protagoniste n'a qu'un rêve. Partir vers l'autre galaxie, et votre un dieu vivant.



Toute cette histoire est racontée de façon non-lineaire, avec beaucoup d'expérimentation stylistique, qui se sert du médium de la BD au maximum, sans jamais que cela n'alourdisse le texte.



5/5.



Seul bémol : Le tome 2 est loin d'être à la hauteur de celui-ci.
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We only find them when they're dead, tome 2..

Le premier tome est un sans faute qui nous plonge dans une horreur cosmique intrigante, tout en jouant avec les codes du space opéra.



Le tome 2... Pourrait quasiment ne pas y être relié. Les personnages sont différents, on reste dans un décor mesuré, et on y suit des petites intrigues politiques sans commune mesure avec l'immensité du tome 1.



C'est aussi la première fois que Al Ewing me déçoit, pour ce que ça vaut.



Et puis, après les illustrations majestueuses du premier tome, la sous-utilisation de Di Meo ici est presque criminelle.
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Immortal Hulk, tome 10 : De l'enfer et de l..

La colère est mauvaise conseillère.

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Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 9: The Weakest One There Is (épisodes 41 à 45) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome de la saison réalisée par ces auteurs pour saisir tous les enjeux du récit. Ce tome regroupe les épisodes 46 à 50 de la série, initialement parus en 2021, écrits par Al Ewing, dessinés par Joe Bennett, encrés par Ruy José et Belardino Brabo, avec une mise en couleurs réalisée par Paul Mounts. Les couvertures originales, toujours aussi spectaculaires, ont été réalisées par Alex Ross. Il comprend également 20 couvertures variantes réalisées par Bennett (*5), Mr Garcin, Declan Shalvey, Peach Momoko, Jack Kirby, Joe Jusko, Creees Lee, Inhyuk Mee, Bryan Hitch, Sanford Green, Gary Frank, Ron Lim, Jen Bertel, Ed McGuinness, Carlos Pacheco, Ryan Stegman.



La vengeance relève de l'individu, la punition de Dieu. Victor Hugo. Dans le site de la Shadow Base, Leonard Samson dans le corps de Sasquatch explique que Walter Langowski s'est accaparé son corps, à ses interlocuteurs, Eugene Judd (Puck), Michael Twoyoungmen (Shaman), Charlene McGowan, Jackie McGee, Rick Jones et Del Fryye. Shaman sort un transistor de sa sacoche. Les informations font état d'une bataille de Hulk contre l'équipe U-Foes à Manhattan, et Henry Gyrich indique qu'il a été capturé. Judd se demande s'ils doivent aller porter secours à Hulk. Jones indique qu'il est pour, McGowan et McGee également. Twoyoungmen aussi. En réalité le combat continue entre Hulk et les U-Foes dans le New Jersey. Ces derniers ont perdu l'avantage, car leur opposant a regagné toute sa masse musculaire. Il s'en prend à Ironclad (Mike Steel) et commence à faire pression sur sa boîte crânienne, ses doigts la déformant. Vapor (Ann Darnell) intime à Vector (Simon Urecht) d'intervenir immédiatement. Ce dernier projette une décharge sur Hulk qui part en arrière. Vapor se transforme en acide sulfurique, mais Hulk l'inhale sciemment.



Hulk recrache le gaz d'acide sulfurique sur Vector, endommageant ses yeux. Ce dernier réagit par un grand geste qui projette Hulk à des kilomètres de là. Vapor rend compte à Gyrich qui a du mal à se contenir : Vector a renvoyé Hulk direct sur Manhattan. C'est la catastrophe assurée. Il intime aux U-Foes de tenir une conférence de presse, en mettant en avant leurs blessures, pour limiter l'impact médiatique de leur incompétence et de leur défaite. Il ne lui reste plus qu'une seule option : demander l'aide des Avengers, ce à quoi il se résout à contre cœur. À Manhattan, Hulk est entré dans le bar Wein, et il commence par commander une bière, une grande, tout en promettant au barman qu'il n'est pas venu pour se battre, et qu'il n'a nulle intention de casser quoi que ce soit dans son établissement. La bière n'a aucun effet sur lui, il demande un whisky que le barman lui sert dans un seau. Alors qu'il s'apprête à le consommer, il est interrompu par l'irruption de Thor qui lui envoie Mjolnir dans les dents, sans sommation. La bagarre éclate et Hulk envoie son adversaire valdinguer à travers la vitrine. Il sort à son tour.



En entamant ce tome, le lecteur sait qu'il s'agit du dernier et son horizon d'attente comprend les réponses à toutes les questions qu'il se pose. Sans oublier Hulk plus horrifique que d'habitude, et bien sûr un final démesuré. Il commence par retrouver les citations en ouverture de chaque chapitre : Victor Hugo, avec un extrait du Dernier jour d'un condamné (1829), puis une de Frantz Kafka, de Dante Alighieri, et pour finir un extrait de l'Apocalypse. Sans surprise, le récit est construit pour culminer dans un épisode dantesque, dépassant tous les autres en spectaculaire, et comptant 82 pages, ainsi qu'un dessin sur 4 pages, les deux en vis-à-vis se dépliant, sans oublier la manifestation de l'antithèse de celui-en-dessous-de tout. Al Ewing a mis les petits plats dans les grands, et n'a rien ménagé en termes d'ampleur du récit : le lecteur en a pour son argent, sans pour autant ressentir une forme d'écœurement à la fin. Il en ressort rassasié, repus, avec la sensation de pouvoir passer à une autre saison, avec une autre équipe créative. La toile de fond présente depuis le premier épisode la série arrive à sa conclusion : qu'est-ce que c'est que cette histoire d'immortalité de Hulk ? À l'issue du précédent tome, Hulk et Banner sont deux individus séparés, chacun prisonnier de son propre enfer, Hulk sur Terre et pourchassé pour les destructions qu'il a commises, Banner en Enfer, à la merci d'un de ses pires ennemis. Le lecteur se doute bien que le scénariste devra rendre la place propre après son départ, et que Hulk va aller au secours de son autre lui-même, affronter Sam Sterns, mais aussi celui-en-dessous-de-tout. De plus Joe Bennett va pouvoir s'en donner à cœur joie avec des personnages à l'allure horrifique, et avec des coups portés d'une puissance dévastatrice.



C'est parti. Effectivement Hulk doit faire face à des opposants, peu enclins à lui laisser le bénéfice du doute. Ça commence avec les U-Foes qui prennent la mesure du danger auquel ils font face, et le dessinateur ne se montre pas tendre avec eux. Il rend compte à merveille de leurs capacités extraordinaires, avec des effets spéciaux bien rendus par la mise en couleurs, et le lecteur voit réapparaître la force de la nature d'une ampleur surpassant toute capacité humaine, avec une forme de méchanceté découlant naturellement de la conscience de savoir comment pulvériser chaque ennemi. Bennett bouscule les cases pour accompagner les coups portés, leur donner plus de force. Il accentue l'intensité du regard sans pitié de Hulk pour transcrire sa part animale et l'efficacité de ses attaques. Un massacre par la force des choses, sans sadisme ni méchanceté, juste parce que l'usage de la force brute ne peut être que brutal. Ça ne rate pas : l'équipe gouvernementale ayant échoué, c'est au tour des Avengers de s'y coller pour neutraliser le monstre vert. L'équipe correspond à sa composition dans la série mensuelle : Thor version roi, Hulk (Jennifer Walters), Back Panther (T'Challa), Captain Marvel (Carol Danvers), Iron Man (Steve Rogers), Blade (Eric Brooks). À nouveau, l'artiste s'en sort bien pour faire exister ces superhéros bariolés sur le même plan que Hulk, à l'exception de Blade qui semble déplacé avec son long manteau noir, ses lunettes de soleil teintées de rouge et ses deux katanas. Les dessins montrent bien la différence de nature entre ces superhéros bon teint, et les monstres comme Hulk, et plus encore Harpy. Lorsque Alpha Flight vient s'interposer, le dessinateur sait gérer le positionnement de tout ce monde, sans qu'ils ne se marchent sur les pieds dans les cases. Le lecteur peut voir comment Doc Sasquatch, Puck, Absorbing Man, Titania, et plus encore l'amalgame de Rick Jones & Del Frye sont entre les superhéros et les monstres. La troisième équipe à participer au combat incarne la voix de la raison, plus posée.



Durant ces trois épisodes qui font office de prologue à la descente aux enfers, Al Ewing ne se contente pas de passer d'une étape prévisible à la suivante. Il continue de faire preuve d'inventivité. Le lecteur commence par être très surpris par l'attitude belliqueuse de Thor, beaucoup plus agressif qu'à la normale. La raison en est développée par la suite : l'état actuel de Hulk irradie littéralement des ondes agressives auxquelles certains individus sont plus sensibles que d'autres. Il y a là une belle illustration du fait qu'une attitude agressive provoque une attitude agressive en réponse. Les personnages ne sont pas en reste : le scénariste prend le temps de laisser certains exprimer leur caractère. Jennifer Walters sent son assurance fondre en présence de Hulk, totalement subjuguée par sa présence, par son attitude formidable et écrasante. Hulk et Harpy ont droit à un tête-à-tête de six pages, durant lequel ils font le constat de l'état de leur relation, de son évolution soumise à leur nature de monstre à la puissance physique démesurée. Ewing continue sur sa lancée, avec une narration sortant de l'ordinaire pour l'épisode 59 : une illustration par page, et un texte en colonne alternativement sur la gauche, ou sur la droite de l'illustration, apportant une forme de fatalité romanesque aux événements ainsi rapportés.



Le scénariste surprend son lecteur avec l'ouverture de l'épisode 50 qui se passe dans l'Ohio en 1901, avec un personnage qui se prénomme Robert, ce qui évoque forcément Robert Louis Stevenson (1850-1894), auteur de L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886), Banner se transformant en Hulk au début de ses aventures, et pendant la présente saison. Il s'agit en fait d'un autre personnage et d'une façon d'expliquer l'origine surnaturelle d'une facette de la transformation de Hulk, tout en reliant cette origine aux découvertes de la physique de l'époque, en particulier celle effectuée par Wilhelm Röntgen (1845-1923). Comme le lecteur s'y attend, le scénariste passe dans un mode tout plus fort que tout. Il va donc piocher dans la longue histoire de Hulk des personnages comme Jarella et Mike Berengetti. Le combat final est dantesque, mais ce n'est pas tout. Il est à nouveau question de la colère du traumatisme originel de Bruce Banner, de celui de Jackie McGee, et celui de l'ennemi, dans une optique constructive. Le scénariste ne peut pas s'empêcher de faire s'incarner cette puissance positive qui constitue le pendant de Celui-en-dessous-de-tout, pas forcément sa meilleure idée, même si elle est très cohérente avec l'ensemble de la mythologie développée dans cette saison. Tout compte fait, le lecteur se serait bien passé de ce dessin s'étalant sur 4 pages.



Al Ewing & Joe Bennett mènent à bien leur saison sur le personnage, en gardant le cap, à la fois le cap horrifique, à la fois le cap thématique. Le lecteur en a pour son argent et prend un grand plaisir grâce à la narration visuelle mariant puissance et horreur, et à l'intrigue respectant les conventions du genre superhéros, tout en parvenant à faire exister les personnages principaux, à intégrer un élément surnaturel venant consolider ces transformations impossibles, et enrichissant la métaphore sur pattes qu'est cet individu dont la force est décuplée par sa colère, tout en devenant impossible à maîtriser.
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Immortal Hulk : De grands pouvoirs

Histoires courtes par des créateurs de premier plan

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Ce tome rassemble 4 histoires indépendantes de toute autre, initialement parues en 2021, sans rapport avec le statut de Hulk dans sa série mensuelle du moment. En particulier, le caractère Immortel du personnage n'a pas d'incidence sur le déroulement des histoires. Ce tome contient les couvertures originales de Jorge Molina, Declan Shalvey, Juan Ferreyra.



Great Power (29 pages) : écrit par Tom Taylor, dessiné par Jorge Molina, encré par Adriano di Benedetto et Roberto Poggi, et mis en couleurs par David Curiel. Avec de grands pouvoirs, viennent de grandes responsabilités. Ben Parker - Bruce Banner reprend conscience en plein milieu de New York, avec seulement un pantalon violet déchiré, comme tant de fois auparavant. Il se trouve dans un petit cratère au milieu de la chaussée. Il ne comprend pas ce qui lui arrive : il fait nuit et Hulk ne se manifeste pas. Il tourne la tête et découvre Spider-Man reprenant connaissance après avoir été balancé dans une voiture. Son sens d'araignée se déclenche à pleine puissance, sans ennemi à l'horizon. Spider-Man se transforme en Hulk.



Ce recueil de quatre histoires courtes sort vers la dernière partie de la saison Immortel de Hulk, par Al Ewing & Joe Bennett. le lecteur est tenté d'y voir un lien, c'est-à-dire de retrouver la version de ces auteurs. Il se rend vite compte qu'en fait il n'est jamais question de Celui-en-dessous-de-tout, ni de la diminution physique de Hulk. Ces récits n'ont retenu que le principe que Banner ne se transforme plus que la nuit. Cette première histoire est construite sur une intrigue simple : un individu est intervenu avec de bonnes intentions pour libérer Banner de sa personnalité de Hulk, sans se rendre compte qu'il ne faisait que la transférer à quelqu'un d'autre. L'enjeu est de libérer Peter Parker de ce Hulk, pour qu'il réintègre son propriétaire initial. Les deux héros obtiennent l'aide d'une famille célèbre dans l'univers partagé Marvel. le scénariste sait intégrer des caractéristiques fondamentales des personnages dans leur comportement. Par exemple, il met en scène Spider-Man en train de participer à la conception scientifique du dispositif permettant d'inverser la permutation de Hulk, surprenant ainsi Banner par son savoir scientifique. Il sait aussi faire apparaître le caractère enfantin de Hulk sans en faire un idiot.



Cette première histoire est illustrée par Jorge Molina en bonne forme en mode superhéros avec un bon niveau de détails. le lecteur prend plaisir à regarder les décors urbains, et les ruines sur l'île Astra. Les personnages présentent la prestance attendue pour des superhéros. Les combats sont spectaculaires comme il se doit. le langage corporel permet de ressentir les émotions des uns et des autres. le coloriste réalise un travail méticuleux et soigné, tirant partie des possibilités offertes par l'infographie, des dégradés très nuancés, aux effets spéciaux lors des combats. Un récit sympathique bien troussé.



The threshing place (30 pages) : écrit par Jeff Lemire, dessiné, encré et mis en couleurs par Mike del Mundo. Bruce Banner voyage en car pour se rendre dans une petite ville de campagne. Rebecca Green, une fillette de neuf ans, a disparu alors qu'elle jouait derrière sa maison. Quand son père l'a appelé en fin d'après -midi pour le repas, elle n'est jamais venue. Avec des voisins, ils ont fouillé la ferme et les environs, et ils ont retrouvé le corps d'un fermier coupé en deux. Trois jours plus tard, deux autres habitants ont été retrouvés déchirés en deux. Bruce peut littéralement sentir les particules gamma dans l'air.



Difficile de résister à l'attrait d'une histoire complète écrite par Jeff Lemire. Sans surprise, l'intrigue tourne autour d'un enfant, ou plutôt de sa disparition, cet auteur étant familier des récits sur l'enfance et l'incidence de cette phase de la vie sur l'adulte. L'intrigue s'avère linéaire et classique : une agence gouvernementale non officielle qui réalise des tests sur des êtres humains. le lecteur comprend vite qu'il s'agit d'un travail de commande pour l'auteur, et qu'il réalise un travail professionnel, mais moins investi que ce qu'il écrit pour ses séries qui lui appartiennent en propre, et pas en tant que main d'oeuvre pour les personnages d'un éditeur.



Difficile de résister à l'attrait d'une histoire illustrée par Mike del Mundo, aux pages si personnelles. Il réalise ses planches à l'infographie, avec une technique évoquant la couleur directe. Il a choisi de mettre en oeuvre des couleurs un peu délavée, comme si la forte luminosité produisait un effet écrasant et un peu usant sur la réalité. Dans la première page, le lecteur peut sentir la force du soleil, regarder à loisir ce paysage verdoyant qui s'étend à perte de vue. Il se retrouve à marcher au côté de Banner dans la campagne, jusqu'à découvrir l'installation de recherche militaire et sa clôture. Il apprécie l'apparence diversifiée des personnages à la morphologie normale, ainsi que l'aspect de brute épaisse de Hulk, avec ses énormes arcades sourcilières. Il est pris par surprise par l'apparence du monstre. Une magnifique narration visuelle pour un récit un peu léger.



Flatline (30 pages) : écrit, dessiné, encré et mis en couleurs par Declan Shalvey. À de nombreuses reprises, il est mort ; à de nombreuses reprises, il s'est relevé. William Butler Yeats. Bruce Banner, en pantalon violet déchiré, avance vers une mare dans un désert orangé. Il repense à cette expression qui dit que la dépression, c'est de la colère dirigée vers l'intérieur. Hulk est un puits sans fond de colère : que se passe-t-il quand quelqu'un intériorise ça ? Bruce Banner se réveille, toujours en pantalon violet déchiré, sur le sol du désert à proximité d'Albuquerque dans le Nouveau Mexique. Il rentre en ville, se dirigeant vers le diner où il travaille comme manutentionnaire et plongeur. Il se change et se met au travail, personne ne lui posant plus de question sur ce qu'il a fait de sa nuit. Il a eu de la chance de trouver ce travail payé de la main à la main. Il n'en revient pas quand il se fait interpeler dans la salle : il se retourne et découvre Noreen Noolan, une de ses professeures à la fac, sur l'analyse du programme Gamma.



Le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre et prend les choses comme elles viennent : Noreen Noolan a des comptes à régler avec Banner et avec Hulk. Elle a fait partie des scientifiques chargés d'inspecter après coup, le site de l'explosion de la bombe gamma qui a donné naissance à Hulk. L'auteur met en oeuvre le principe de base d'u comics de superhéros : le conflit physique. Sans grande surprise, l'ancienne chercheuse s'attaque à Hulk et elle dispose de pouvoirs liés aux rayons gamma. Étant l'auteur complet, Shalvey réalise des planches d'une grande cohérence narrative. Par comparaison avec de précédentes bandes dessinées de cet artiste, il cherche moins à trouver une esthétique particulière, et plus à développer une ambiance dans les tons verts. du coup, sa narration visuelle est moins séduisante que celle de del Mundo, tout en étant très claire et fluide. Elle présente moins de cases spectaculaires, moins de planches mémorables pour elles-mêmes, dissociées de l'intrigue. le lecteur se laisse porter par le combat, par les discussions entre Banner et Noolan. Il sourit de contentement en voyant Hulk reprendre le dessus, par la force brute. Il ne s'attend pas à deux pages contemplatives muettes avec les cases de la colonne de gauche consacrées à Hulk, et celles de droites à Bruce Banner. le conflit se résout d'une manière inattendue, dans un hôpital, avec une réflexion sur la dualité de Banner et Hulk. Une histoire très sympathique.



A little fire (10 pages) : écrit par David Vaughan, dessiné, encré et mis en couleurs par Kevin Nowlan. À Verdigris dans le Kansas, Bruce Banner arrive à la tombée de la nuit et se rend au cinéma Emerald. Il demande une place et Scarecrow lui souhaite la bienvenue en l'appelant par son nom. Bruce ne se souvient que vaguement qu'il est venu là à la suite à de rapports sur des personnes disparues. Scarecrow lui fait prendre place dans une salle bien remplie. Il explique qu'il a attiré ces spectateurs par une hypnose de masse, et qu'il projette leurs peurs intimes sur l'écran, se nourrissant ainsi de leur effroi.



Une histoire simple, sans prétention, où le lecteur sait par avance que le supercriminel ne fera pas le poids face à la colère déchaînée de Hulk. Les dessins de Kevin Nowlna sont toujours aussi savoureux que d'habitude, avec des traits de contours très fins, jouant avec élégance sur une discrète exagération des expressions des visages. L'utilisation des aplats de noir est très esthétique, avec une petite influence Mike Mignola très bien mise en oeuvre. le récit se déguste comme un bonbon, une parodie qui ne se prend pas au sérieux, exécutée par un artiste plein de saveurs.



Ce tome annonce s'inscrire dans la saison Immortal Hulk d'al Ewing & Joe Bennett. le lien est des plus ténus. Pour autant, le lecteur bénéficie d'histoires courtes réalisées par des créateurs de premier plan, avec une narration graphique exceptionnelle pour deux épisodes (Mike del Mundo, Kevin Nowlan) et deux histoires avec une personnification développée et nuancée des protagonistes (Jeff Lemire, Declan Shalvey).
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Les Gardiens de la Galaxie, tome 3 : Last A..

Une équipe dynamique

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Ce tome fait suite à Les gardiens de la galaxie, tome 2 : C'est là qu'on tiendra (épisodes 6 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2021, écrits par Al Ewing, dessinés et encrés par Juan Frigeri, avec une mise en couleurs de Federico Blee. Les couvertures ont été réalisées par Brett Booth. Le tome contient également les couvertures variantes de Carlos Pacheco (*2), Ron Lim, Juggeun Yoon, Rian Gonzales, Phil Jimenez (*2), Frank Brunner, Francesco Manna, David Baldeón, Rob Liefeld (*2), Peach Momoko (*2). Ce tome est le dernier de la saison.



Planète-Trône II : la planète capitale de l'alliance Kree / Skrull, construite sur les ruines sacrées de Hala. L'empereur Hulkling ordonne l'évacuation totale de la planète car une alerte de type 8x8 a été déclenchée. Cinq progéniteurs ont pris pied sur la planète : des humanoïdes géants appartenant à une civilisation de type ruche, dédiée aux expérimentations scientifiques, entre autres sur des espèces moins avancées. En effet, ils prennent des habitants par poignée et les soumettent à un gaz qui les transforme. Hulkling répète : les habitants doivent évacuer la planète sans délai, et surtout ne pas essayer d'entrer en conflit physique avec l'envahisseur. À bord de la station orbitale Proscenium, centre diplomatique et quartier général des efforts de paix, Super Skrull Kl'rt a appelé Nova (Richard Rider) pour qu'il vienne rapidement afin d'intervenir contre les progéniteurs. Celui-ci répond qu'il n'a pas à obéir aux ordres car il y a d'autres priorités à l'échelle de la galaxie, tout en étant effectivement en route pour la Planète-Trône. Il demande à Kl'rt de le tenir informé s'il survient des événements sur les mondes de l'anneau.



Sur l'un des mondes de l'anneau, référencé 360-3715, une petite équipe de gardiens est en train d'enquêter : Drax, Phyla-Vell, Marvel Boy (Noh-Varr) et Quasar (Wendel Vaughn). Ils débouchent dans une clairière où des habitants ont été empalés sur des pieux, et ont la tête en feu. Depuis la station Proscenium, Kl'rt confirme que l'inscription sur l'un des poteaux est bien écrite en langage Skrull et qu'elle évoque le feu et la synchronicité. Sur la Planète-Trône, Hulkling parvient à tuer un Progéniteur grâce à son épée, mais il est pris pour cible à son tour, et subit les effets du gaz transformateur. C'est le moment où un autre détachement des Gardiens de la Galaxie arrive : Star-Lord (Peter Quill), Groot, Nova (Richard Rider), Moondragon (Heather Douglas 18897 & Heather Douglas 616), Gamora, Rocket Raccoon. Un Progéniteur les bombarde avec du napalm, Raccoon riposte avec une arme à feu qui fait sauter le corps de l'assaillant qui éjecte alors sa tête. Groot s'attaque à un autre Progéniteur, mais il n'est littéralement pas de taille à l'affronter. Qu'à cela ne tienne, Peter Quill prend le parti de tirer sur Groot, puisqu'il ne peut pas tirer sur son ennemi, sans risque de blesser son allié. Le résultat ne se fait pas attendre : Groot absorbe l'essence les quatre éléments manipulés par Star-Lord.



Une saison un peu courte en 18 épisodes, ce qui correspond certainement aux spécifications imposées par les responsables éditoriaux. Le scénariste avait dû disposer de cette contrainte assez tôt dans son projet, et il a conçu son récit en conséquence. Il vaut mieux que le lecteur dispose d'une connaissance préalable de l'équipe des Gardiens de la Galaxie version contemporaine, ainsi que de Empyre (2020) de Dan Slott & Al Ewing, Valerio Schiti, pour saisir le positionnement de chacun des personnages, en particulier cette singulière alliance entre les Krees et les Skrulls, et leur empereur Hulking, ainsi que des événements survenus dans S.W.O.R.D. By Al Ewing Vol. 2 (épisodes 7 à 11). C'est pas mal non plus s'il sait quelle est la situation de Victor von Doom quand se déroule ce récit. Le scénariste y va franco pour son intrigue : une double attaque, l'une sur la planète trône, l'autre sur une planète éloignée récemment découverte. Les deux équipes des gardiens se battent contre des menaces de proportion planétaire, et même plus pour la seconde. Au total, ce sont une bonne douzaine de gardiens qui sont mobilisés, et le dernier épisode se termine avec un dessin en pleine page sur lequel figure une vingtaine de superhéros, certains comme Hercule ayant été des membres éphémères de l'équipe, d'autres comme Abigail Brand ayant été de alliés réguliers. C'est donc un final de grande ampleur avec des héros nombreux, et c'est tout à l'honneur du scénariste de parvenir à leur insuffler plus que le minimum de personnalité, du dessinateur de parvenir à tous les caser dans la page sans qu'ils ne se marchent dessus et en respectant scrupuleusement les caractéristiques de leur costume, sans oublier le coloriste qui a fort à faire pour conserver une lisibilité facile et même l'améliorer.



Ayant reconnu la nature du récit, le lecteur attend que la narration visuelle en mette plein les yeux. Ça commence bien avec le dessin en pleine page qui ouvre le premier épisode : la planète trône et son cœur mécanique, les vaisseaux d'évacuation en attente tout autour, des belles couleurs pour l'espace. Page 2 : un autre dessin en pleine page montrant les quatre progéniteurs immenses, aussi haut que les immeubles, et les citoyens en train de fuir en panique. Un peu plus loin, le lecteur découvre Kr'lt dans un dessin occupant les deux tiers d'une double page, avec les écrans holographiques, et mettant à profit son pouvoir d'élongation pour gérer une très grande largeur d'écran tactile, avec une mise en couleurs magnifique. Bien évidemment, le dessinateur s'affranchit de représenter les arrière-plans pendant les séquences de combat, laissant le soin au coloriste de déployer des camaïeux consistants, ce qu'il faut très bien. Le lecteur voit ainsi bondir en partie vers lui, 6 gardiens solidement armés, en pleine posture d'attaque. Doctor Doom fait une entrée fracassante dans un dessin en pleine page, avec une contreplongée qui le met bien en valeur. L'ennemi final impressionne par sa stature, l'artiste le faisant contraster avec des éléments qui donnent une idée juste de l'échelle gigantesque. Dans ce tourbillon d'action, Star-Lord et Nova trouvent le temps de passer sur la station Orbitale de S.W.O.R.D., également magnifique avec sa végétation extérieure inattendue.



Le scénariste promène ses personnages dans plusieurs environnements différents, et l'artiste prend toujours le soin de bien établir les lieux en début de séquence. Il représente des concepts pas toujours évidents, et il n'y en a qu'un où il se trouve un peu coincé par le scénario. Il doit représenter un pentagramme avec des soleils à chaque pointe, ce qui passe très bien sur un écran d'ordinateur en deux dimensions, mais ne tient pas la route dans une représentation spatiale en trois dimensions. Les scènes de dialogue bénéficient également d'un plan de prise de vue vivant, avec des éléments visuels intéressants. Cela s'avère essentiel, car Al Ewing ne mise pas tout sur l'action spectaculaire, ni sur les mécanismes de son intrigue. Par exemple Rich Rider prend la mouche devant ses coéquipiers : il est impensable de faire équipe avec un criminel comme Victor von Doom. Or voilà qu'il est envoyé comme diplomate sur la station S.W.O.R.D. et qu'il se retrouve à devoir serrer la main de Erik Lensherr, Magneto. C'en est trop pour lui, et il s'en suit, après un échange de coups, un tête-à-tête adulte et complexe, que les dessins viennent rendre plausible, plutôt que d'en faire une invraisemblance relevant d'une mauvaise comédie de situation. Il en va de même pour l'amour réciproque que se portent Billy et Teddy Kaplan, tout naturellement, sans effet de dramatisation, sans que les dessins n'appuient pour bien montrer qu'il s'agit de deux hommes.



Sous réserve qu'il soit familier des personnages, et de leur actualité du moment (en particulier Heather 18897 & 616, ou encore Wendell Vaughn & Avril Kincaid), le lecteur apprécie de les retrouver, de les voir échanger des impressions, des nouvelles, d'essayer de profiter d'un moment de calme pour résoudre des tensions émotionnelles conflictuelles. Alors que l'enjeu est à l'échelle de la galaxie (normal pour les Gardiens), l'affrontement n'en devient pas désincarné, les personnages étant attachants. Les conflits ne sont donc pas que physiques : Peter Quill doit avouer qu'il a eu un fils dans des circonstances peu crédibles. Sœur Talionis utilise la foi de ses fidèles pour les manipuler, les mettre en danger en les convainquant de se sacrifier, tout en regrettant qu'elle doive rester vivante pour accomplir le reste de l'avènement. Moondragon se livre à un jeu psychanalytique avec Doom, beaucoup plus fin qu'un simple deus ex machina. Hercule vend la mèche sur l'inspiration de l'auteur quant au fonctionnement de la coalition galactique de l'anneau (briser le quatrième mur de façon discrète et élégante). Bill & Teddy font passer l'intérêt commun avant le leur. Etc.



Troisième partie de cette saison écrite par Al Ewing : une franche réussite, tant sur le plan de l'intrigue, des dessins, et des interactions personnelles, sous réserve que le lecteur soit familier des personnages au préalable.
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S.W.O.R.D., tome 2

Déséquilibre des pouvoirs

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Ce tome fait suite à S.W.O.R.D. By Al Ewing Vol. 1 (épisodes 1 à 5) et à X-Men: Hellfire Gala (Marauders 21, X-Men 21, Planet size X-Men 1, S.W.O.R.D. 6) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 7 à 11, et Cable: Reloaded 1, initialement parus en 2021, tous écrits par Al Ewing. Les dessins et encrage ont été réalisés par Stefano Caselli (épisode 7), Bob Quinn (Cable: Reloaded), Guiu Vilanova (épisode 8), Jacopo Camagni (épisodes 7 à 11). La mise en couleurs a été réalisée par Fernando Sifuentes des studios Probunker pour les épisodes de SWORD, Joe Sabino pour Cable: Reloaded. Les couvertures ont été réalisées par Valerio Schiti, Stefano Caselli, Federico Bee, Java Tartaglia. Les couvertures variantes ont été réalisées par Ivan Shavrin, Russell Dauterman, David Go, Rob Liefeld, Joe Jusko, InHyuk Lee, Paul Renaud.



La gala du club Hellfire a pris fin et la majeure partie des invités est repartie. Victor von Doom est resté sur place, et il déguste un repas en tête-à-tête avec Ororo Munroe, sur Mars, renommé Planète Arakko. Il apprécie la vue : le paysage, et son hôtesse. Il demande si enlever le chef serait vu comme un acte de défi. Storm répond calmement que vraisemblablement que oui, mais quelle peut comprendre cette envie, et que ce serait moins impoli que de transformer une invitée en une statue de chrome. Doom réexplique qu'il s’agit du fait d'un de ses doubles-robots, et qu'il n'aurait jamais agi ainsi envers une déesse. Il continue en évoquant l'époque où Storm était reine et elle lui rétorque qu'il n'a peut-être pas très envie de parler de son propre mariage. Il change à nouveau de sujet pour parler de ce nouveau métal : le Mysterium.



Pendant ce temps-là, les Kree sont attaqués sur leur planète, par les serviteurs sans âme de Dormammu. La garde impériale résiste, menée par Empereur Hulking, Teddy Altman, et l'accusatrice Laura-Ell, avec l'aide de Captain Glory. Malgré leur puissance de feu, ils se retrouvent à reculer sous le nombre de Mindless Ones, et il en arrive toujours tant et plus pour remplacer ceux qui sont tombés au combat. Le repas entre Doom et Storm se poursuit : ils en sont au dessert. Le monarque en vient à ce qu'il souhaite aborder : le métal Mysterium. Il explique qu'il sait très bien comment la nation Mutant est parvenue à en fabriquer, et qu'un tel processus ne peut qu'avoir de sérieuses répercussions. La Salle Blanche. Le mystère. Il rappelle que lui-même avait dérobé le feu du ciel, mais par opposition aux mutants, il portait des gants. Ce que les mutants ont fait s'apparente à transformer l'or des alchimistes en plomb, ce qui modifie l'équilibre naturel des choses, et une personne opportuniste pourrait saisir cette occasion. Peut-être cette personne est-elle déjà là… Storm reçoit un appel télépathique d'Abigail Brand, l'informant de l'attaque sur l'alliance Kree-Skrull. Elle ajoute que Star-Lord lui a indiqué qu'une attaque similaire se déroule sur Spartax. Et il semble y a avoir du mouvement chez les Shi'ar. Doom continue en indiquant qu'il est en mesure d'aider les mutants, de les sauver d'eux-mêmes, mais qu'il faudra que Arakko paye ses dettes. Cela met Ororo hors d'elle.



Le gala du club Hellfire a changé la donne de manière significative lors du feu d'artifice, d'un genre très particulier. En fonction de ses préférences, le lecteur en découvre les répercussions dans une ou plusieurs des séries consacrées aux mutants, qu'il suit. Dans la présente série, il sait qu'il va découvrir les conséquences sur le versant de la diplomatie et des relations avec d'autres races extraterrestres. Il commence avec deux mises en bouche : la main de fer sous un gant de velours (non, en fait sous un gantelet également en fer) de Doctor Doom, et avec l'attaque de Dormammu. Ces deux fils narratifs ne sont pas résolus dans le présent tome : le premier donnera lieu à un développement dans le futur, le second correspond à un affrontement se déroulant dans une autre série. Caselli gère correctement le placement des personnages qui deviennent vite nombreux pendant les affrontements. Il reproduit leur apparence avec fidélité, permettant une identification aisée. Il ne s'investit pas trop dans la représentation des décors : de vagues roches pour Mars, quelques bâtiments et plus souvent leur ombre chinoise sur la planète des Kree. L'épisode se lit facilement, avec une belle mise en avant du caractère de Storm qui fait mieux que tenir tête à Doom.



Le lecteur passe ensuite à l'épisode consacré à Nathan Summers, Cable, sous sa forme âgée, c’est-à-dire un quadragénaire aux cheveux blancs, la version adolescente ayant rencontré son destin. C'est donc le retour de ce héros sous sa forme canonique. Ewing le maîtrise bien et il lui a concocté une histoire sur mesure : une mission d'infiltration sur une planète à la population des plus hostiles, avec l'aide d'une bande de mutants jeunes adultes, comme au bon vieux de temps des débuts de X-Force, par Louise Simonson et Rob Liefeld. Le scénariste s'amuse d'ailleurs bien en mentionnant les pochettes qui ornent le costume originel de Cable. Il restitue les composants essentiels du personnage : l'identité de ses parents, le fait qu'il ait grandi dans le futur, Graymalkin, et son infection par le Technovirus. La mission se déroule sur Breakworld et la dernière page est un hommage parfait à la mouture Astonishing X-Men (2004-2008) de Joss Whedon & John Cassaday. Les planches de Bob Quinn sont dans la droite lignée de celle de Caselli : dynamique, avec des traits de puissance réguliers, des personnages qui sourient un peu plus, et le même intérêt tout relatif pour les décors. Le lecteur suit cette mission divertissante avec plaisir, avec une narration visuelle claire, sans être mémorable, sauf pour la page finale.



D'une certaine manière, le récit rentre dans le vif du sujet après un épilogue au gala, et un interlude pour remettre en selle un personnage essentiel puisque Cable devient le chef de la sécurité de SWORD, choisi par Abigail Brand. À partir de là, le scénariste développe trois fils narratifs qui s'entremêlent avec des points de jonction, des scènes communes. Tout n'est pas facile pour Ororo Munroe qui assume les responsabilités d'un des neuf sièges du Grand Anneau, la forme de gouvernement d'Arakko, et par voie de conséquence de Mars. Elle occupe le poste correspondant au siège de Tout-ce-qui-nous-entoure, et par voie de conséquence, elle est de fait la régente d'Arakko et de ses mutants. À ce titre elle est défiée par tous les citoyens estimant pouvoir la battre en combat singulier dans une arène, et assumer ses responsabilités. Elle affronte plusieurs prétendants dont Tarn qui déforme le corps de Storm, évoquant de lointains souvenirs d'un mutant disposant d'un pouvoir similaire au sein des morlocks dont elle fut également la régente. Guiu Vilanova parvient parfaitement à rendre tactile ces chairs déformées, avec une touche horrifique réussie. Par la suite, Jacopo Camagni réalise des dessins au détourage plus sec, et aux fonds de cases plus vides que le coloriste ne parvient pas à habiller de manière assez consistante.



Également au titre de sa responsabilité de régente, Ororo doit accueillir une délégation diplomatique Shi'ar, incluant l'impératrice Xandra Neramani. Bien évidemment, tout ne se passe pas comme prévu car la Légion Létale en profite pour attaquer. D'un côté, les dessins comprennent un bon niveau de détails pour les personnages, ce qui permet d'aisément identifier les membres de la Garde Impériale, et de donner une apparence mémorable aux membres de la Légion Létale Mr. Eloquent (OS017-002), The Electric Head (OS017-003), Half-Bot (OS017-001), Orbis Extremis (OS017-004) et Death Grip (OS017-005). D'un autre côté; dans cette séquence, les fonds de case restent vides, et même les effets spéciaux des superpouvoirs sont assez chiches. Le deuxième fil narratif permet de suivre les manigances de Henry Peter Gyrich, maintenant responsable de la division Alpha Flight. Il mène ses affaires en présence de Guardian (Mac Hudson) pour lui montrer comment il gère la menace mutante. Le dessinateur et le coloriste font plus d'effort pour représenter les parois de la station spatiale en fond de case, et les écrans holographiques utilisés par Gyrich, ce qui donne tout de suite des images plus intéressantes. Fort heureusement, Abigail Brand n'est pas oubliée, ni son chef de la sécurité, ni son technicien Takeshi Matsuya. Le lecteur va ainsi de découverte en découverte dans un récit de type espionnage, avec les conventions associées. Le scénariste se montre très bon dans ce registre, et le lecteur a vite fait de se prendre au jeu de savoir qui joue double-jeu, et quels peuvent être les objectifs réels d'Abigail Brand, et comment fonctionnent ses stratégies à long terme.



Ce deuxième tome s'avère fort savoureux. La narration visuelle se situe dans un registre professionnel, mais assez industriel. En revanche, Al Ewing met à profit le bouleversement survenu lors du gala du club Hellfire, au travers d'une intrigue prenante et bien ficelée qui pallie la fadeur des dessins.
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S.W.O.R.D., tome 1

Combattre les menaces extraterrestres

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Ce tome est le premier d'une nouvelle série qui s'inscrit dans la continuité des mutants après House of X/Powers of X (2019) de Jonathan Hickman, Pepe Larraz et R.B. Silva. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2021, écrits par Al Ewing, dessinés et encrés par Valerio Schiti, avec l'aide de Ray-Anthony Height, Bernard Chang et Nico Leon pour l'épisode 3. La mise en couleur a été réalisée par Marte Gracia, les couvertures par Schiti, le design de la série par Tom Muller. Le recueil comprend également les couvertures variantes de Jen Bartel, Terry & Rachel Dodson, Ema Lupacchino, Russell Dauterman, Takeshi Miyazawa, Matteo Scalera, Stefano Caselli.



Dans l'espace en orbite autour de la Terre, une sphère métallique approche de la station spatiale Peak dont une partie au niveau de la garde est couverte de végétation. Les deux pages suivantes présentent l'organisation de la station : le responsable Technologie, l'équipe Logistique, le responsable des ressources Médecine & Énergie, l'équipe Diplomatie, les trois responsables de la sécurité, et les deux mutants en charge du guet et de l'analyse. À la tête de l'organisation, la responsable de la station est Abigail Brand, rendant compte à Magneto, le représentant du concile de Krakoa. La sphère de Magneto se pose dans la baie d'amarrage de la station et Magneto en descend. Il est accueilli par le jeune Cable, responsable de la sécurité, et ses deux adjoints Random (Marshall Stone) et Risque (Gloria Muñoz). L'invité explique qu'il est en tournée d'inspection pour le compte du concile. Dans le même temps, il est en train de déplacer la station dans l'espace par la seule force de sa pensée exerçant son pouvoir sur le magnétisme. Abigail Brand apparaît sur le pont et demande à tout le monde de retourner au boulot pendant qu'elle s'occupe de l'invité.



Brand demande à Magneto pourquoi il s'est donné la peine de venir par la force de son pouvoir, plutôt qu'en navette spatiale. Il répond que parfois il est bon de tester ses limites, au risque sinon de croire qu'on n'en a pas. A page suivante est occupée par un texte dans lequel Brand décrit sa situation et s'offusque du choix de Peter Gyrich comme responsable d'Alpha Flight. Le tour de la station Peak a commencé et elle présente Wiz-Kid (Takeshi Matsuya) à Magneto. Ce dernier s'élève à la hauteur de son interlocuteur, se fait confirmer qu'il est bien un technopathe, et Takeshi acquiesce. Ce qui veut dire que son pouvoir fonctionne sur la biotechnologie de Krakoa. Brand interrompt la discussion pour faire observer que Takeshi fait partie des six, ceux qui sont responsables d'une fonction de la station et de l'équipe qui leur est attachée. Magneto s'interrompt et félicite le jeune homme car il est l'un des architectes du futur de Krakoa. La visite continue et sa guide souhaite en savoir plus sur cette notion de futur de l'île mutante. Il répond que les six ne sont pas aussi importants que les cinq, mais que leur contribution est essentielle. La visite continue avec les présentations de Frenzy et du skrull Paibok, de Fabian Cortez, des téléporteurs et de Peter Quinn (Peeper).



Et hop encore une nouvelle série mutante supplémentaire deux ans après le coup de fouet donné par Jonathan Hickman. D'un côté, pas sûr que ça passionne les foules la défense des mutants dans l'espace. De l'autre côté, c'est le retour d'un personnage assez énigmatique avec un fort caractère : Abigail Brand, créée en 2004 par Joss Whedon & John Cassaday, dans le numéro 3 de la série Astonishing X-Men. Elle avait eu le droit à une minisérie en 2010, se déroulant également sur la station Peak, écrite par Kieron Gillen et dessinée par Steven Sanders : X-Men: S.W.O.R.D. - No Time to Breathe. En outre, cette nouvelle série est écrite par un scénariste expérimenté souvent bon, et dessiné par un artiste solide. Le lecteur constate tout de suite que l'équipe éditoriale a reproduit la présentation des autres séries mutantes depuis House of X / Power of X : un bandeau pour le titre, des pages des texte dans chaque épisode sous forme d'organigramme ou de rapport pour apporter des éléments complémentaires. Il est content de trouver un trombinoscope dans le premier épisode qui présente tous les personnages : Wiz-Kid, Manifold, Blink, Lila Cheney, Gateway, Vanisher, Amelia Voght, Fabian Cortez, Frenzy, Armor, Paibok, Cable, Random, Risque, Peeper. En outre, il y en aura d'autres dans les épisodes suivants. Ewing maîtrise l'univers des mutants et il ne se prive pas d'utiliser de nombreux personnages, ainsi que les concepts installés par Hickman. Pour autant, le lecteur qui n'est pas familier de tout ne se sent pas perdu, car les dialogues et les pages de texte contiennent tous les éléments nécessaires pour pouvoir suivre l'intrigue.



Lors du premier épisode double, le scénariste installe toute la dynamique de la série, de la fonction de SWORD, à l'organisation de la station Peak, et son équipage, ainsi que les relations avec le haut concile de Krakoa. Dans les épisodes 2 à 4, il n'a d'autre choix que de faire en sorte de participer à l'événement King In Black de Donny Cates & Ryan Stegman, avec l'invasion des symbiotes sous le commandement du roi Knull. Pour autant, il ne lâche rien et fait en sorte d'entrelacer ses propres intrigues secondaires au sein de la lutte contre cette invasion. Il parvient ainsi à développer le cas de Mentallo (Marvin Flumm), à focaliser un épisode sur une mission de Manifold (Eden Fesi), à introduire la guerre des Snarks en arrière-plan, et l'intronisation de Peter Gyrich comme patron d'Alpha Flight. Le lecteur ressent à la fois que l'équipe de Peak est impactée par l'invasion de la Terre qui est un événement à l'échelle de la planète, à la fois qu'elle est prête pour une intervention qu'elle met en œuvre, sur deux axes très différents. Il assiste au premier rang à la réactivité et à l'efficacité de cette organisation pour faire face à une crise d'ampleur planétaire.



Alors que cette série ne fait pas partie de celles historiques consacrées aux mutants et donc qu'elle n'est pas de premier plan, les responsables éditoriaux l'ont confiée à un scénariste de premier plan dans ces années-là chez Marvel. Al Ewing fait bien plus que de raconter le combat du mois, puisqu'il explore les liens qu'une telle organisation peut avoir avec le pouvoir temporel dont elle dépend, les personnages évoquant leurs relations passées (par exemple Fabian Cortez avec Magneto), et les rapports de force avec des nations extraterrestres. De la même manière, le lecteur découvre avec plaisir que le dessinateur fait également partie du haut du panier. Dans un premier temps, il est peut-être plus frappé par la richesse de la mise en couleurs : il s'agit du même coloriste que pour House of X / Power of X. Il utilise toutes les possibilités de l'infographie pour mettre en œuvre des teintes denses, des dégradées, des effets spéciaux, et des couleurs souvent vives propres aux comics. Les planches donnent ainsi une impression de forte densité visuelle, avec une consistance remarquable pour chaque élément.



Une fois qu'il s'est adapté à cette mise en couleurs soutenue, le lecteur peut aussi focaliser son attention sur les dessins proprement dits. Il est transporté dans ces aventures dès la séquence d'ouverture avec l'arrivée de la sphère de Magneto dans l'espace, approchant de la station spatiale Peak. La découverte de celle-ci coupe le souffle à la fois par sa forme qui se prête bien à une perspective vertigineuse, à la fois avec la présence de la biotechnologie de Krakoa exposée au vide de l'espace. Par la suite, la narration visuelle impressionne régulièrement. Pour commencer, l'artiste sait gérer le nombre de personnages à la fois pour leur placement tout en conservant une lisibilité sans reproche, à la fois pour la diversité de leur costume. Ensuite les cases mettent bien en avant la fibre spectaculaire de ces aventures : Wiz-Kid sur son aéro-fauteuil, les espaces végétalisés au sein de Peak, l'incroyable succession de sauts dans l'espace par l'équipe des téléporteurs (avec des effets spéciaux de toute beauté), l'assaut de Sunfire (Shiro Yoshida) après avoir été requinqué par Fabian Cortez, l'apparition de Mentallo pilotant son char démesuré, la manière dont Manifold se sert de son pouvoir pour se rendre invisible, le combat de Manifold contre Cable possédé par un symbiote, les assassinats perpétrés contre la famille régnante de Snarks, ou encore l'assurance de Cortez dans le plus simple appareil face au concile de Krakoa. La combinaison de Schiti et Gracia fonctionne parfaitement pour une narration visuelle minutieuse et spectaculaire.



Une série de plus dans le sillage du coup de fouet apporté par Jonathan Hickman à la franchise mutante. Bien sûr, il y a deçà, mais dans le même temps, il s'agit de deux créateurs de premier plan chez Marvel et d'une facette de la communauté mutante encore relativement peu exploitée. De fait, Al Ewing n'est pas venu cachetonner et il déroule une intrigue fournie mettant à profit la riche mythologie associée aux X-Men, allant chercher des mutants peu utilisés (quel plaisir de voir l'interaction entre Peeper et Magneto), et parvenant à tirer profit de l'événement du moment King in Black. Il bénéficie d'une solide équipe pour la narration visuelle avec un dessinateur dynamique et minutieux, et un coloriste tout feu, tout flamme.
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Immortal Hulk : De grands pouvoirs

Histoires courtes par des créateurs de premier plan

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Ce tome rassemble 4 histoires indépendantes de toute autre, initialement parues en 2021, sans rapport avec le statut de Hulk dans sa série mensuelle du moment. En particulier, le caractère Immortel du personnage n'a pas d'incidence sur le déroulement des histoires. Ce tome contient les couvertures originales de Jorge Molina, Declan Shalvey, Juan Ferreyra, et les couvertures variantes réalisées par Joe Bennett, Kevin Nowlan.



Great Power (29 pages) : écrit par Tom Taylor, dessiné par Jorge Molina, encré par Adriano di Benedetto et Roberto Poggi, et mis en couleurs par David Curiel. Avec de grands pouvoirs, viennent de grandes responsabilités. Ben Parker - Bruce Banner reprend conscience en plein milieu de New York, avec seulement un pantalon violet déchiré, comme tant de fois auparavant. Il se trouve dans un petit cratère au milieu de la chaussée. Il ne comprend pas ce qui lui arrive : il fait nuit et Hulk ne se manifeste pas. Il tourne la tête et découvre Spider-Man reprenant connaissance après avoir été balancé dans une voiture. Son sens d'araignée se déclenche à pleine puissance, sans ennemi à l'horizon. Spider-Man se transforme en Hulk.



Ce recueil de quatre histoires courtes sort vers la dernière partie de la saison Immortel de Hulk, par Al Ewing & Joe Bennett. Le lecteur est tenté d'y voir un lien, c’est-à-dire de retrouver la version de ces auteurs. Il se rend vite compte qu'en fait il n'est jamais question de Celui-en-dessous-de-tout, ni de la diminution physique de Hulk. Ces récits n'ont retenu que le principe que Banner ne se transforme plus que la nuit. Cette première histoire est construite sur une intrigue simple : un individu est intervenu avec de bonnes intentions pour libérer Banner de sa personnalité de Hulk, sans se rendre compte qu'il ne faisait que la transférer à quelqu'un d'autre. L'enjeu est de libérer Peter Parker de ce Hulk, pour qu'il réintègre son propriétaire initial. Les deux héros obtiennent l'aide d'une famille célèbre dans l'univers partagé Marvel. Le scénariste sait intégrer des caractéristiques fondamentales des personnages dans leur comportement. Par exemple, il met en scène Spider-Man en train de participer à la conception scientifique du dispositif permettant d'inverser la permutation de Hulk, surprenant ainsi Banner par son savoir scientifique. Il sait aussi faire apparaître le caractère enfantin de Hulk sans en faire un idiot.



Cette première histoire est illustrée par Jorge Molina en bonne forme en mode superhéros avec un bon niveau de détails. Le lecteur prend plaisir à regarder les décors urbains, et les ruines sur l'île Astra. Les personnages présentent la prestance attendue pour des superhéros. Les combats sont spectaculaires comme il se doit. Le langage corporel permet de ressentir les émotions des uns et des autres. Le coloriste réalise un travail méticuleux et soigné, tirant partie des possibilités offertes par l'infographie, des dégradés très nuancés, aux effets spéciaux lors des combats. Un récit sympathique bien troussé.



The threshing place (30 pages) : écrit par Jeff Lemire, dessiné, encré et mis en couleurs par Mike del Mundo. Bruce Banner voyage en car pour se rendre dans une petite ville de campagne. Rebecca Green, une fillette de neuf ans, a disparu alors qu'elle jouait derrière sa maison. Quand son père l'a appelé en fin d'après -midi pour le repas, elle n'est jamais venue. Avec des voisins, ils ont fouillé la ferme et les environs, et ils ont retrouvé le corps d'un fermier coupé en deux. Trois jours plus tard, deux autres habitants ont été retrouvés déchirés en deux. Bruce peut littéralement sentir les particules gamma dans l'air.



Difficile de résister à l'attrait d'une histoire complète écrite par Jeff Lemire. Sans surprise, l'intrigue tourne autour d'un enfant, ou plutôt de sa disparition, cet auteur étant familier des récits sur l'enfance et l'incidence de cette phase de la vie sur l'adulte. L'intrigue s'avère linéaire et classique : une agence gouvernementale non officielle qui réalise des tests sur des êtres humains. Le lecteur comprend vite qu'il s'agit d'un travail de commande pour l'auteur, et qu'il réalise un travail professionnel, mais moins investi que ce qu'il écrit pour ses séries qui lui appartiennent en propre, et pas en tant que main d'œuvre pour les personnages d'un éditeur.



Difficile de résister à l'attrait d'une histoire illustrée par Mike del Mundo, aux pages si personnelles. Il réalise ses planches à l'infographie, avec une technique évoquant la couleur directe. Il a choisi de mettre en œuvre des couleurs un peu délavée, comme si la forte luminosité produisait un effet écrasant et un peu usant sur la réalité. Dans la première page, le lecteur peut sentir la force du soleil, regarder à loisir ce paysage verdoyant qui s'étend à perte de vue. Il se retrouve à marcher au côté de Banner dans la campagne, jusqu'à découvrir l'installation de recherche militaire et sa clôture. Il apprécie l'apparence diversifiée des personnages à la morphologie normale, ainsi que l'aspect de brute épaisse de Hulk, avec ses énormes arcades sourcilières. Il est pris par surprise par l'apparence du monstre. Une magnifique narration visuelle pour un récit un peu léger.



Flatline (30 pages) : écrit, dessiné, encré et mis en couleurs par Declan Shalvey. À de nombreuses reprises, il est mort ; à de nombreuses reprises, il s'est relevé. William Butler Yeats. Bruce Banner, en pantalon violet déchiré, avance vers une mare dans un désert orangé. Il repense à cette expression qui dit que la dépression, c'est de la colère dirigée vers l'intérieur. Hulk est un puits sans fond de colère : que se passe-t-il quand quelqu'un intériorise ça ? Bruce Banner se réveille, toujours en pantalon violet déchiré, sur le sol du désert à proximité d'Albuquerque dans le Nouveau Mexique. Il rentre en ville, se dirigeant vers le diner où il travaille comme manutentionnaire et plongeur. Il se change et se met au travail, personne ne lui posant plus de question sur ce qu'il a fait de sa nuit. Il a eu de la chance de trouver ce travail payé de la main à la main. Il n'en revient pas quand il se fait interpeler dans la salle : il se retourne et découvre Noreen Noolan, une de ses professeures à la fac, sur l'analyse du programme Gamma.



Le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre et prend les choses comme elles viennent : Noreen Noolan a des comptes à régler avec Banner et avec Hulk. Elle a fait partie des scientifiques chargés d'inspecter après coup, le site de l'explosion de la bombe gamma qui a donné naissance à Hulk. L'auteur met en œuvre le principe de base d'u comics de superhéros : le conflit physique. Sans grande surprise, l'ancienne chercheuse s'attaque à Hulk et elle dispose de pouvoirs liés aux rayons gamma. Étant l'auteur complet, Shalvey réalise des planches d'une grande cohérence narrative. Par comparaison avec de précédentes bandes dessinées de cet artiste, il cherche moins à trouver une esthétique particulière, et plus à développer une ambiance dans les tons verts. Du coup, sa narration visuelle est moins séduisante que celle de del Mundo, tout en étant très claire et fluide. Elle présente moins de cases spectaculaires, moins de planches mémorables pour elles-mêmes, dissociées de l'intrigue. Le lecteur se laisse porter par le combat, par les discussions entre Banner et Noolan. Il sourit de contentement en voyant Hulk reprendre le dessus, par la force brute. Il ne s'attend pas à deux pages contemplatives muettes avec les cases de la colonne de gauche consacrées à Hulk, et celles de droites à Bruce Banner. Le conflit se résout d'une manière inattendue, dans un hôpital, avec une réflexion sur la dualité de Banner et Hulk. Une histoire très sympathique.



A little fire (10 pages) : écrit par David Vaughan, dessiné, encré et mis en couleurs par Kevin Nowlan. À Verdigris dans le Kansas, Bruce Banner arrive à la tombée de la nuit et se rend au cinéma Emerald. Il demande une place et Scarecrow lui souhaite la bienvenue en l'appelant par son nom. Bruce ne se souvient que vaguement qu'il est venu là à la suite à de rapports sur des personnes disparues. Scarecrow lui fait prendre place dans une salle bien remplie. Il explique qu'il a attiré ces spectateurs par une hypnose de masse, et qu'il projette leurs peurs intimes sur l'écran, se nourrissant ainsi de leur effroi.



Une histoire simple, sans prétention, où le lecteur sait par avance que le supercriminel ne fera pas le poids face à la colère déchaînée de Hulk. Les dessins de Kevin Nowlna sont toujours aussi savoureux que d'habitude, avec des traits de contours très fins, jouant avec élégance sur une discrète exagération des expressions des visages. L'utilisation des aplats de noir est très esthétique, avec une petite influence Mike Mignola très bien mise en œuvre. Le récit se déguste comme un bonbon, une parodie qui ne se prend pas au sérieux, exécutée par un artiste plein de saveurs.



Ce tome annonce s'inscrire dans la saison Immortal Hulk d'Al Ewing & Joe Bennett. Le lien est des plus ténus. Pour autant, le lecteur bénéficie d'histoires courtes réalisées par des créateurs de premier plan, avec une narration graphique exceptionnelle pour deux épisodes (Mike del Mundo, Kevin Nowlan) et deux histoires avec une personnification développée et nuancée des protagonistes (Jeff Lemire, Declan Shalvey).
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Civil War II Extra, tome 1

Dans la lignée de ce que Marvel avait fait il y a 10 ans avec notamment la série "Civil War : Frontline", sort ce mois-ci un mensuel intitulé "Civil War II Extra", et qui vient prolongé le crossover du même nom avec des mini-série, peut-être également des tie-in (épisodes de séries régulières concernés par le crossover).



Je suis un peu déçu par ce premier numéro :



-d'abord la mini-série "Gods of War", qui est le plat de résistance de ce numéro n'a pas de liens véritables avec Civil War II. C'est davantage une histoire qui se déroule en parallèle.



-elle aurait pu être très bien, mais ce n'est pas le cas.



Quel est le pitch ? Hercule, demi-dieu bien connu des amateurs d'ouzo, n'a pas la pêche en ce moment. Eh ouais, le mec est blacklisté par les Vengeurs à cause de son instabilité, sa propension à tout cassé, son penchant pour la bibine...Mais voilà qu'une menace surgit, la Tempête, qui va l'obliger à réactiver un collectif de héros mythiques (Gilgamesh, Thésée, Tirésias, Ire, les asgardiens Lorelei et Sigurd)



Quel est le concept ? Ni plus, ni moins que celui d'American Gods, de Neil Gaiman (pour ceux qui connaissent)...Et c'est vraiment un super concept (les nouveaux dieux contre les anciens dieux)



MAIS il est traité avec une espèce de tonalité comique, qui m'a beaucoup rappelé un épisode de Buffy contre les Vampires (saison 3 je crois) dans lequel Alex sauve le lycée, sans que personne ne s'en rende compte car tout le monde est occupé à sauver le monde pendant ce temps là...Pour le coup, je trouve que c'est un concept qui aurait mérité un peu plus de sérieux, et par ailleurs, si dans Buffy cet épisode fonctionne, c'est bien justement parce qu'Alex est censé être faible comparé aux autres, ce qui n'est pas franchement le cas de Hercule, lui qui est à peine moins fort que Hulk...



Bref, c'est à vous de voir...les dessins correspondent aux standards du comics mainstream...J'espère quand même qu'on se rapprochera, pour la suite, d'une qualité supérieure.
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We only find them when they're dead, tome 1..

Salut les Babelionautes

j'ai reçu cette BD de Sciences Fiction lors d'une masse critique et bien que je ne sois pas un grand lecteur de ce genre, j'ai bien aimé.

Nous sommes dans un Univers futuriste ou les Dieux sont morts et leurs corps la proie de contrebandiers près à tout pour les dépecer.

Car tout ce qu'ils peuvent récupérer vaux son pesant d'Or.

Les dessins sont un peu difficile à appréhender, très colorés, au point qu'il m'a fallu plusieurs minutes avant de les assimilés.

Ce n'est vraiment pas pour moi.
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We only find them when they're dead, tome 1..

Ce tome constitue la première partie d'une histoire indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes initialement parus en 2020, écrits par Al Ewing, dessinés et encrés par Simone di Meo qui réalise également la mise en couleur, assisté pour cette dernière par Mariasara Miotti. Chaque épisode a bénéficié de deux couvertures, une réalisée par Simeone di Meo, l'autre par Toni Infante. Le tome comprend également deux autres couvertures variantes, une par Christian Ward, l'autre par Jenny Frison.



En 2323, le jeune Georges Malik, encore un garçon, se trouve à bord du vaisseau Vihaan de ses parents, au milieu d'une flotte de vaisseaux équipés pour débiter le corps d'une divinité dans l'espace. C'est la première fois qu'il voit le cadavre d'un dieu dans l'espace. En 2367, le vaisseau Vihaan II se dirige vers le cadavre d'un autre dieu, au milieu d'une flotte de petits vaisseaux, tous équipés pour débiter ce type de cadavre. À son bord, se trouve le capitaine Georges Malik, Ella Hauer coroner, Alice Wirth quartier-maître, et Jason Hauer ingénieur. La cloche sonne, et chaque vaisseau se dépêche de s'approcher du cadavre gigantesque pour revendiquer la partie du corps qu'ils vont débiter, et pour vendre les morceaux par la suite. La première fois qu'on voit un dieu est un moment qu'on n'oublie jamais. Leur échelle impossible. Leur pure immensité. Leur impossible beauté. Les dieux sont toujours beaux. Les dieux sont toujours morts. L'un après l'autre, les capitaines de vaisseau annoncent le numéro de la partie anatomique qu'ils revendiquent. Le capitaine Malik a choisi une zone de la joue, juste sous l'œil gauche. Jason Hauer lui indique qu'il aurait dû choisir l'œil, car les conglomérats pharmaceutiques achètent très cher cette partie-là en ce moment. Malik répond que la concurrence aurait été trop rude.



Ella Hauer est en position : elle a activé son scalpel laser et elle est prête pour découper la joue de la déesse. Le vaisseau est en place, et elle commence à trancher dans la commissure de gauche de la lèvre supérieure. Jason indique qu'il a remarqué une escarmouche au niveau du cœur. Il branche la radio et effectivement, deux capitaines sont en train d'échanger des menaces pour savoir qui a la priorité pour procéder au débitage du cœur. Les deux vaisseaux escortes chargés de la surveillance des opérations, se dirigent vers cette zone. Jason détecte un autre mouvement au niveau du genou. Malik explique que ce vaisseau a découpé ce qu'il a pu le plus rapidement possible et qu'il essaye de s'enfuir, sans déclarer sa prise aux autorités, pour ne pas avoir à payer les taxes. Ils sont tout de suite rappelés à l'ordre par Paula Richter à bord de son vaisseau monoplace, officier en charge de l'opération. Le capitaine du vaisseau Pavonis Freedom décide de tenter sa chance malgré cet avertissement, et met les gaz. Richter fait feu et le vaisseau est pulvérisé : avant il y avait un vaisseau avec 4 membres d'équipage, et maintenant il n'y a rien.



Il s'agit donc d'une histoire de science-fiction, se déroulant dans le futur, les humains ayant réussi à construire des vaisseaux spatiaux, à coloniser une partie de l'espace, et à maîtriser la technologie du passage en hyperespace. Ils ont établi un contact avec des créatures intelligentes : des dieux. Il s'agit de créatures humanoïdes, revêtues d'armure, d'une taille gigantesque, et chaque fois qu'un dieu est découvert, il est à l'état de cadavre. Le premier épisode établit clairement cette situation, et présente les 5 principaux personnages : le capitaine Georges Malik et les trois membres de son équipage, ainsi que Richter, un officier responsable de la supervision de la découpe des cadavres. Les dessins sont réalisés à l'infographie, avec des couleurs acidulées, des vaisseaux spatiaux originaux. L'artiste fait en sorte de ne représenter que des parties des cadavres, la taille gigantesque des dieux ne permettant pas de les représenter dans une unique case. Le lecteur est tout de suite frappé par le caractère malsain de cette récupération de chair, ce comportement de profanateurs. Il imagine qu'en fait la chair reste fraîche et donc utilisable du fait de son caractère divin. C'est écœurant de voir le corps sans vie de ces êtres extraordinaires, ainsi débité en petits morceaux pour alimenter une industrie pharmaceutique et alimentaire : un acte obscène qui évoque aussi bien des charognards, qu'une voracité sans limite digne d'un ogre, l'humanité étant prête à tout manger, à tout dévorer sans aucune considération morale, sans aucun respect pour des êtres supérieurs. Une abomination.



Il faut un peu de temps pour parvenir à cerner les caractéristiques des dessins. Simone di Meo détoure les personnages et les éléments de décor d'un trait fin et assuré. Pour autant, il faut un peu de temps pour bien assimiler chaque forme car il appose ensuite plusieurs couches de couleurs à l'infographie, certaines pour souligner un relief, d'autres pour les reflets de la lumière sur une surface brillante, soit une lumière extérieure, soit la lumière projetée par un élément ou plusieurs d'un tableau de bord. Cela aboutit à des éclairages complexes projetant des motifs géométriques sur les silhouettes, et parfois à des ambiances lumineuses très contrastées d'une case à l'autre, en fonction de l'endroit où se trouve un personnage ou un autre, une case à dominante violette pouvant jouxter une autre à dominante verte, et être suivie par une case à dominante rouge. Ce travail particulier sur les couleurs projette donc le lecteur dans des endroits palpables, même si le fond de case est en fait vide de trait. Environ 90% du récit se déroule à bord de vaisseaux et de navettes spatiales, et pourtant avec ce traitement visuel, il n'y a pas d'effet de lassitude ou d'images répétitives, grâce à la mise en couleurs, et la variété des angles de vue. Chaque personnage dispose de sa propre morphologie, d'un visage et d'une coupe de cheveux particuliers ce qui permet de les identifier aisément, même lorsqu'ils portent une combinaison spatiale intégrale.



Du fait de la nature du récit, le principal décor est le vide de l'espace. Là encore, l'artiste sait apporter de la variété. En fait, ces séquences se déroulent soit à proximité du cadavre gigantesque d'un dieu ou d'une déesse, soit dans l'hyperespace. Dans le premier cas, la silhouette immense se trouve en arrière-plan, toujours trop grande pour tenir dans la case, ce qui produit des effets divers. Le lecteur ressent toute la majesté de ces entités et le fait qu'elles imposent l'existence de la mort et de son inéluctabilité par leur simple présence. Il sent une sensation d'écœurement en voyant le scalpel laser géant du vaisseau Vihaan II entamer le découpage de la lèvre supérieure, mettant à nu la gencive en dessous. Il comprend l'idée de ne pas gâcher en voyant les cubes de viande ainsi découpés, être récupérés par le vaisseau, tout en éprouvant une sensation de perte irréparable et de profanation sacrilège intolérable. Dans le second cas, l'artiste s'amuse avec des effets de couleurs pour rendre compte de la supposée déformation de sa perception lors de voyages à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Le résultat s'avère très agréable à l'œil, bien dosé sans systématisme, coloré sans effet psychédélique.



Le scénariste a choisi de jouer un peu avec la temporalité, puisque son récit s'ouvre avec une courte séquence d'une page se déroulant en 2323 alors que Georges Malik est encore enfant, puis il passe en 2367. Il fera ensuite de courts retours en arrière en 2366 et 2337. La séquence la plus aventureuse est celle qui alterne une case de 2323, puis une de 2367, puis une de 2337, puis d'une de ces trois époques pendant 3 pages pour mettre sur le même plan l'expérience vécue par les personnages à ces trois moments. Puis le récit revient à une composition plus classique, le temps présent correspondant à 2367, et les autres étant des retours en arrière, le scénariste prenant bien soin de faire figurer l'année correspondante dans la première case de ladite séquence pour être sûr que le lecteur s'y retrouve sans peine. Le lecteur se retrouve vite dans l'état d'esprit des personnages : il souhaite en savoir plus sur ces déités mortes. Il est donc de tout cœur avec le capitaine Malik qui a le projet d'en découvrir une vivante. Il est atterré par les événements lorsque le vaisseau Vihaan II y parvient. Mais le récit n'est pas celui d'une exploration spatiale. Le cœur du drame réside dans l'intensité avec laquelle Paula Richter désire tuer Georges Malik. Le lecteur découvre donc progressivement ce qui l'a conduite à ce désir de mise à mort. Cet antagonisme trouve sa résolution dans ce premier tome.



Il est probable que la curiosité du lecteur soit éveillée par ce titre étrange et morbide. S'il feuillète le tome avant de le lire, il est également attiré par les jolies couleurs. Le premier épisode confirme que l'humanité ne découvre des divinités qu'après qu'elles soient passées de vie à trépas. Cela installe une ambiance morbide et un désespoir palpable. Qu'est-il possible d'espérer si ces entités ont toute succombé à on ne sait quoi ? La narration visuelle s'avère personnelle et très adaptée au récit, une forme de science-fiction lumineuse, mais aussi dangereuse. Le lecteur se rend compte que sa curiosité sur ces déités décédées passe en arrière-plan, la haine de Richter pour Malik et l'affrontement qui s'en suit en hyperespace passant au premier plan. Il a bien noté que la suite se déroule en 2376.
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Gamma Flight

Une histoire annexe dispensable

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L'histoire comprise dans ce tome se déroule concomitamment à la série Immortal Hulk, et plus particulièrement au tome Immortal Hulk Vol. 10: Of Hell and Death (épisodes 46 à 50). Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, coécrits par Al Ewing & Crystal Frasier, dessinés et encrés par Lan Medina, avec une mise en couleurs réalisée par Antonio Fabelo. Les couvertures ont été réalisées par Leinil Francis Yu. Dans l'ouvrage se trouvent les couvertures alternatives réalisées par Kaare Andrews, Carlos Pacheco (*6), Joshua Cassara, Dustin Weaver, Skottie Young, Kyle Hotz,Pat Zircher, James Stokoe.



Deux membres de Gamma Flight se trouvent dans un complexe abandonné de l'organisation Shadow Base : Sasquatch (Leonard Samson) et Absorbing Man (Carl Creel) sont en train de récupérer du matériel. Des militaires armés interviennent. Creel fait barrage de son corps en acier, pour que Samson puisse terminer de rassembler le matériel qu'ils doivent remmener. Il pense à ce que lui disait son père, que le monde le dévorera, sauf s'il devient l'agresseur le plus costaud. Mais il ay toujours quelqu'un de plus costaud et de plus agressif. Dans une autre base au Nouveau Mexique, Charlene McGowan reçoit l'appel de Creel qui lui demande où en est le translocateur : il est presque chargé au point de pouvoir être mis en ligne. Creel est touché au flanc par un rayon laser, et se met à l'abri derrière des débris métalliques. Sasquatch accourt à ses côtés, mais le blessé touche les débris et se transforme alors que le translocateur téléporte Sasquatch dans la base du Nouveau Mexique. Absorbing Man se défend contre les soldats, et quelques minutes plus tard, il est à son tour rapatrié dans la base.



Eugene Judd (Puck) arrive à son tour avec d'autres fournitures. Samson fait remarquer qu'ils vont avoir besoin de plus d'espace et d'un réseau débitant plus d'énergie. Creel prend la mouche estimant qu'il s'agit d'une critique déguisée contre Mary MacPherran (Titania) et il sort de la pièce. Samson explique à Charlene qu'il n'a pas l'habitude d'être un fugitif, ni de devoir se cacher d'Alpha Flight. Mais il fait une remarque peu adroite, et elle prend la mouche y voyant une critique sur son corps transgenre. Elle traverse une pièce qui sert de salon pour aller pleurer tranquille. Carl et Mary y sont installés et elle lui offre un cadeau : un morceau d'adamantium secondaire. Eugene entre à son tour et leur distribue de la nourriture. Assis dans le canapé, en train de jouer à la console, Rick Jones et Del Frye qui partagent le même corps demandent s'il a rapporté la boisson qu'ils avaient demandée. Eugene la donne à Del, et il s'assoit sur le canapé pour jouer avec eux. Del éprouve des difficultés à manipuler la manette et finit par la jeter à terre, de dépit. Eugene change de chaîne pour passer à un autre sujet. Il tombe sur les informations qui montrent un monstre nourri aux rayons gamma en train de semer la destruction dans une avenue d'Austin. Après une discussion, les membres de l'équipe décident qu'ils doivent intervenir.



S'il a apprécié la série Immortal Hulk, le lecteur ne résiste pas à la curiosité de mettre le nez dans cette histoire qui s'insère dans cette série, qui plus est coécrite par l'auteur de ladite série. Il se doute bien que l'adjonction d'une coscénariste va changer un peu le ton de la narration, ainsi qu'un dessinateur qui n'est celui attitré sur la série mère, à savoir Joe Bennett. Il feuillète rapidement la bande dessinée avant de plonger dedans et constate déjà que le metteur aime bien les couleurs un peu ternes. Délaissant les couleurs pétantes, il réalise des camaïeux en fond de case en retenue, sans chercher à mettre plein la vue. Il joue avec les nuances d'une même teinte pour rehausser le relief de chaque surface, en particulier celles des personnages, et appliquer une texture qui vient donner plus de substance aux peaux particulières, comme celle de Sasquatch, ou celle de Absorbing Man quand il a pris les caractéristiques d'un métal ou d'une autre matière. Globalement, Fabela complète bien les dessins, sans écraser les traits encrés, et avec une sensibilité réaliste qui ne permet pas de masquer les pages sans aucun décor en arrière-plan. En revanche, il déploie les effets spéciaux avec pertinence et efficacité, en particulier pour le corps composite de Del Frye émettant des radiations.



Derrière la couverture bien impressionnante des membres de Gamma Flight prêts au combat (mais sans aucun arrière-plan), le lecteur découvre les planches de l'artiste ayant dessiné les épisodes 1 à 5 de la série Fables de Bill Willingham. Il dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contours bien nets et bien propres, assez fins pour délimiter les contours des personnages, des décors et des accessoires. Le lecteur commence par voir Carl Creel dans sa forme humaine : un bel homme à la musculature impressionnante. Par la suite, l'artiste se plie aux exigences du scénario et le montre ayant absorbé un appareillage complexe à base de composants électroniques. La représentation marque le coup, devenant moins précise, et étant obligée de rendre compte de l'idée pas très cohérente : Creel absorbe les propriétés de cet appareil électronique. Donc sa peau prend une apparence métallique bardée de composants, et son corps devient capable d'être malléable : une version très améliorée de ses superpouvoirs, difficile à avaler. Sasquatch apparaît comme un être humain de grande taille, avec des poils partout, plus long au niveau du bassin et de la chevelure, avec de grandes canines. On est loin d'un être mi-homme, mi animal des neiges : il a tout perdu de sa superbe, et ne fait pas peur, ni n'impressionne. Judd est charmant jeune homme chauve de petite taille, là non plus pas très impressionnant par rapport à ce qu'il a pu être par le passé. Titania est visuellement plus crédible, mais elle n'a pas un grand rôle.



L'artiste se retrouve à devoir reprendre les apparences déjà établies d'autres personnages, pas facile à faire fonctionner sur le plan visuel. Il en va ainsi de la fusion entre Rick Jones et Del Frye : le corps irradiant de cette seconde moitié s'avère convaincant, grâce à la mise en couleurs, en revanche la partie Rick Jones ne fonctionne pas. Il doit également reprendre en l'état l'apparence de Skaar : sans explication, les doigts fixés sur son visage rendent le personnage totalement idiot, et ce quel que soit le talent de l'artiste. Il s'en sort beaucoup mieux pour Emil Blonsky, et Stockpile fonctionne bien deux fois sur trois, ce qui n'est pas si facile que ça au vu de ses capacités. En effet les coscénaristes ont décidé de focaliser leur intrigue sur l'existence d'un nombre toujours croissant de monstres générés par l'action de rayons gamma. Pourquoi pas. Sauf que dans cette histoire, ces rayons semblent pouvoir donner n'importe quel type de superpouvoir ou presque. Ewing avait déjà un peu tiré sur la corde dans la série Immortal Hulk, en particulier avec une vision aux rayons Gamma, mais là il abuse, avec un métamorphe capable d'absorber de la matière. Il n'est pas aidé par le coloriste qui a décidé qu'il n'y avait pas de raison non plus de se cantonner à toutes les nuances du spectre de la couleur vert pour les rayons gamma, et que le marron ferait tout aussi bien l'affaire. Bien sûr la variété des superpouvoirs apporte une variété dans les combats, mais Medina s'en tient à des échanges de coup assez basiques, avec souvent une prise de vue à un ou deux mètres des personnages, ce qui rend les mêlées confuses sans pour autant les rendre plus percutantes.



L'histoire s'avère assez simple : les membres de Gamma flight sont en fuite, devant se cacher pour éviter la traque menée par l'armée. Néanmoins, ils ne peuvent pas rester les bras ballants et laisser une autre personne transformée par des rayons gamma se faire traquer et pourchasser. Dans un premier temps, les coscénaristes introduisent une réflexion par le biais de des pensées intérieures de Carl Creel. Le lecteur garde ainsi à l'esprit que l'équipe est composée de superhéros (Puck, Sasquatch), mais aussi de repris de justice (Absorbing Man, Ttitania) dont les intentions ne sont pas altruistes. Stockpile est une victime de tests non consentis et ne sait plus à qui accorder sa confiance. Skaar semble obéir aveuglément à l'autorité. Mais une fois révélée l'identité du grand méchant, l'histoire rentre dans le chemin tout tracé des bons contre les méchants, Titania et Absorbing Man perdant toute ambiguïté morale. Il ne reste plus qu'à assister à l'affrontement final et le tour est joué, dans un récit de superhéros très classique, à qui la dimension spectaculaire fait défaut.



Cette minisérie est l'occasion de prolonger le plaisir de lecture de la version Immortel de Hulk, en suivant des personnages secondaires jouant un petit rôle dans la série mère. Le premier épisode met l'eau à la bouche avec une coexistence compliquée au sein de l'équipe, du fait de motivations différentes, et de positionnement antagoniste par rapport à la loi. Mais les dessins s'inscrivent dans un registre trop littéral, ce qui rend les personnages plus ridicules que véritablement effrayants, et les combats plus des passages obligés qu'un véritable spectacle. De même, l'intrigue se réduit rapidement à un combat des bons contre les méchants, assez convenu.
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Loki - Agent of Asgard, tome 1 : Trust Me

J'ai beaucoup aimé le concept : un Loki très moralement ambigu - pas pur méchant, mais loin d'être aussi mignon qu'il l'était dans Journey into Mystery - qui a décidé de contrôler son propre futur en contrôlant ce qui se dit et ce qui se sait sur lui ; car les dieux, étant des créatures de mythes, sont modifiés par les histoires. Il est ainsi envoyé par le Mères d'Asgard dans des missions plus ou moins douteuses, qu'il accomplira avec trois ou quatre niveaux de manipulation, comme d'habitude, et qui lui permettront d'effacer des chroniques asgardiennes un de ses méfaits.



Le personnage de Loki, ici, est inspiré aussi bien du passé récent du personnage (en particulier Journey into Mystery et Young Avengers) que du personnage mythologique, et aussi un peu de la version film pour les fans. J'aime beaucoup ce qu'Ewing fait avec le personnge. Il capture complètement son côté charmant, brillant, et absolument pas digne de confiance. Le mélange entre l'humour des petites missions, et de ses méthodes tordues, se mélange harmonieusement avec sa lutte contre sa nature et son destin.

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Avengers Empyre - Fantastic Four

Ce tome fait suite à Empyre: Road to Empyre (Incoming, Road to Empire: The Kree/Skrull War, Empyre Handbook) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant car les auteurs effectuent les rappels nécessaires au cours du récit. Il regroupe Empyre 0 Avengers (dessiné et encré par Pepe Larraz), Empyre 0 Fantastic Four (dessiné et encré par R.B. Silva & Sean Izaakse), Empyre 1 à 6, Empyre Aftermath: Avengers (dessiné et encré par Valerio Schitti), et Empyre Aftermath Fantastic Four (dessiné et encré par Sean Izaakse), initialement parus en 2020. Les 2 épisodes Avengers ont été écrits par Al Ewing, les 2 épisodes Fantastic Four par Dan Slott. Les 6 épisodes de la minisérie ont été coécrits par Ewing et Slott, et dialogués par ce dernier, dessinés et encrés par Valerio Schitti, avec une mise en couleurs de Marte Gracia, et des couvertures de Jim Cheung. Ce tome comprend également de nombreuses couvertures variantes par Jamie McKelvie, John Tyler Christopher (*11), Valerio Schitti, Patrick Gleason, Carmen Carnero, Michael Cho (*6), Alexander Lozano (*6), InHyuk Lee, Tony Daniel (*6), et encore une vingtaine d'autres.



Sur la planète Hala, une communauté de guerriers Kree est en train d'exterminer la communauté de Cotati, une race de plantes dotées de conscience ayant pris une forme anthropomorphe. Tony Stark se réveille de ce cauchemar avec la conscience claire que ces faits se sont réellement déroulés, il y a des centaines de millions d'années et que ça a été le point de départ de la guerre entre les Krees et les Skrulls. Dans la journée, les Avengers reçoivent un message de Carol Danvers (Captain Marvel) : elle-même a reçu un message d'appel au secours en provenance de la zone bleue de la Lune. Les Avengers se rendent sur place dans leur vaisseau Quinjet et ont la surprise de découvrir que toute la zone est recouverte d'une forêt luxuriante. L'équipe débarque sur place : Captain America, Iron Man, Captain Marvel, Hulk, Thor. Peu de temps après, ils sont attaqués par une sentinelle Kree avec une tête pleine de dents. Le combat s'engage ; la bataille fait rage. Sortant de nulle part, Swordsman (Jacques Duquesnes) se jette sur l'assaillant et lui plante son épée dans le cou et le décapite. Tous les Avengers se jettent dans la mêlée et finissent par terrasser la créature. Le petit groupe est rejoint par Black Panther et Ghost rider qui étaient restés dans le Quinjet, et Swordsman se présente rappelant son passé de criminel, puis d'Avengers, son mariage à la Madone Céleste. Enfin il explique ce qui se passe dans la zone bleue de la Lune.



À l’intérieur du colisée de de la dimension Casino Comico, Profiteer introduit le combat à venir dans l'arène de telle sorte que les milliers de spectateurs placent leurs paris : Jo-Venn le kree, contre N'Kalla la skrull. Le site du combat est simulé par un générateur de réalité virtuelle : les coulées de lave de Lorkanna Six. Le combat s'engage entre les deux adolescents. Sur un astéroïde à quelque distance de là, les quatre Fantastiques sont naufragés, leur vaisseau ayant subi une avarie irréparable en l'état. L'équipe se compose de Human Torch (Johnny Storm), The Thing (Ben Grimm), Invisible Woman (Sue Storm Richards), Mister Fantastic (Reed Richards), Powerhouse (Franklin Richards) et Brainstorm (Valeria Richards). Un autre vaisseau vient à passer par là et Johnny troque le passage des Fantastic Four à bord contre la participation de Ben Grimm à un combat dans l'arène du colisée. Une fois sur place, Johnny se fait l'imprésario de Ben, Susan et Reed vont découvrir les lieux, Valeria & Franklin sont chargés de surveiller ce qui reste de leur vaisseau. Valeria va finir à une table de jeu en misant la somme qu'elle a obtenu en vendant le vaisseau, et Ben va finir dans l'arène.



À un rythme soutenu, chaque année, l'éditeur Marvel Comics organise des événements et des crossovers impliquant plusieurs séries pour créer de l'interconnexion entre elles, visant ainsi à créer une synergie fabriquée de toute pièce pour inciter le lecteur à lire (et donc à acheter) les numéros de toutes les séries entraînées dans l'événement, même ceux de séries qu'il ne suit pas habituellement. Les scénaristes employés par l'éditeur sont rompus à ce genre d'exercice, et les responsables éditoriaux assurent la coordination entre les différentes séries, ainsi que l'ordre de sortie de chaque titre. D'un autre côté, l'éditeur multiplie les formats de publication, de manière que chaque lecteur potentiel puisse trouver celui qui correspond à ses envies de lecture. Ainsi, le présent recueil contente celui curieux uniquement de la minisérie principale, ne voulant lire aucun titre satellite, ou minisérie publiée pour l'occasion. Il bénéficie d'un recueil fait sur mesure, avec les deux prologues, les deux épilogues et ladite minisérie, soit un tout, avec une pagination déjà copieuse. S'il veut lire tous les épisodes concomitants, il peut acheter les autres recueils avec Empyre dans le titre, ou attendre l'omnibus qui arrivera 3 ou 4 mois plus tard. En ne lisant que les épisodes au cœur du crossover, il sait qu'il lui manquera quelques développements. En cours de lecture, il se rend compte que la construction du récit fait que plusieurs événements significatifs dans l'intrigue ont lieu dans des miniséries annexes, ce qui lui laisse un goût d'incomplétude, de récit lacunaire.



Al Ewing (à l'époque responsable de la série Immortal Hulk) et Dan Slott (à l'époque responsable de la série Fantastic Four) connaissent bien l'histoire de l'univers partagé Marvel, et ils décident de mettre à profit des éléments peu exploités : la race des Cotati, un lieu assez récent (Casino Cosmico, créé en 2016), un personnage très vite oublié après sa création (Unseen), ainsi que des personnages mis de côté faute de savoir qu'en faire (Hulkling, Sequoia). Ils n'hésitent pas à en profiter pour également créer de nouveaux personnages comme Profiteer, Jo-Venn, N'Kalla. Ils savent que l'une des composantes attendues dans ce genre de récit, c'est la profusion de personnages, et ils font en sorte d'en donner pour son argent au lecteur avec les Avengers, les Fantastic Four, et quelques apparitions rapides de Spider-Man, ou bien sûr de Wolverine. Le temps d'une page, parfois d'une case, le lecteur repère un autre superhéros ou une autre équipe, comprenant que cette portion de l'intrigue est alors développée dans une minisérie annexe. Pour réunir autant de superhéros, il faut bien sûr une menace à l'échelle planétaire, ou en l'occurrence une guerre de plusieurs millions d'années, avec en prime le risque de faire exploser le soleil de la Terre. Pour ça, les scénaristes reprennent la guerre entre les krees et les skrulls, tout en y intégrant une troisième race qui a rarement les honneurs dans l'univers partagé Marvel : les cotatis. C'est bon tout est en place.



Chaque équipe prend parti pour un camp ou pour un autre, ou encore contre un camp ou l'autre. En professionnels chevronnés, Ewing & Slott évitent de s'empêtrer dans des combats entre superhéros qui ne savent pas communiquer, et ils font en sorte de donner des objectifs distincts et crédibles aux différentes factions. L'horizon d'attente du lecteur étant ainsi comblé, il n'a plus qu'à se laisser emmener dans cette énorme bataille, en profitant du spectacle. Les coscénaristes se montrent très habiles à faire décoller leur récit, malgré l'inertie inhérente à une histoire brassant autant de personnages et d'équipes. L'ensemble du récit présente une belle cohérence graphique, tous les dessinateurs réalisant des pages dans un registre très similaire. Pepe Larraz ouvre le bal avec des dessins réalistes et détaillés, montrant la zone bleue devenu verte avec la végétation, la sentinelle Kree imposante, et le nouveau venu Sequoia (surnommé Quoia). La mise en couleurs soutenue apporte une forte densité à chaque élément détouré, et une impression cosmique grâce à des camaïeux savamment composés. S'il n'y prête pas attention, le lecteur peut ne pas se rendre compte que le deuxième épisode est dessiné par un autre artiste, tellement le rendu de Silva est proche de celui de Larraz. Il remarque quand même que la mise en page fait la part plus belle aux cases de la largeur de la page. Puis il voit que Izaakse s'appuie plus sur un détourage appliqué. Marte Gracia continue de réaliser une mise en couleurs riche qui établit une cohérence visuelle entre ces deux épisodes.



C'est ensuite au tour de Valerio Schitti d'assurer les dessins pour les 6 épisodes de la minisérie, ce qui constitue une tâche harassante. Il doit gérer l'apparence de dizaines de personnages, des scènes de foule, des changements de lieux, des combats pyrotechniques, et parfois même des scènes de dialogue calmes. Le lecteur voit bien que cet artiste sait très bien utiliser les trucs et astuces pour dessiner le moins possible les décors, mais il assure ce minimum de façon solide. Les fonds de case sont bien nourris par la mise en couleur de Marte Gracia, toujours aussi chaude et chatoyante, apportant des effets spéciaux spectaculaires pendant les moments d'action. Tout du long de ces 6 épisodes, le dessinateur ne démérite pas, impliqué du début jusqu'à la fin, sans donner l'impression de devoir rendre ses planches avec un délai de plus en plus court, sans les bâcler. Une narration visuelle solide et totalement adaptée à un récit de grande ampleur de ce type. Par comparaison, le deuxième épilogue dessiné par Izaakse semble un peu appliqué, manquant de l'entrain présent dans les précédents numéros.



En choisissant cette histoire, le lecteur a conscience des spécificités de ce genre de crossover réunissant un nombre conséquent de superhéros pour lutter contre une menace de très grande ampleur. Dan Slott & Al Ewing sont des scénaristes expérimentés de l'univers Marvel. Ils ont trouvé une menace avec des racines dans cet univers partagé, et ils savent comment faire prendre de la vitesse à une histoire d'une aussi grande ampleur. Ils parviennent à gérer tous les superhéros (sans avoir besoin de recourir à des supercriminels), à initier des développements effectués dans des miniséries satellites (ce qui s'avère frustrant à plusieurs reprises car le lecteur éprouve la sensation qu'il lui manque un bout de l'histoire) et à éviter un trop grand manichéisme. Les artistes ne déméritent pas du début jusqu'à la fin assurant le spectacle sans baisse de qualité du début à la fin dans cette épreuve de marathon. D'un côté, il s’agit d'un crossover réalisé par des artisans avec du métier. D'un autre côté, le lecteur reste sur sa faim car finalement l'opposition entre les deux règnes (animal / végétal) reste très superficielle, et les cotatis conservent sagement des formes anthropomorphes sans beaucoup d'imagination.
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Avengers : Ultron forever

Ce tome contient une histoire complète d'une équipe particulière des Avengers. Il comprend les épisodes Ultron Forever 1, Avengers Ultron Forever 1, et Uncanny Avengers Ultron Forever 1, initialement parus en 2015, écrits par al Ewing, dessinés par Alan Davis, encrés par Mark Farmer, et mis en couleurs par Rachelle Rosenberg.



Vers la fin du vingt-et-unième siècle, Manhattan est recouverte par les eaux et un petit bateau de pirates avance entre les gratte-ciels à demi-immergé, commandé par Golden Skull. Lui et son équipage viennent de s'approprier un chargement de bonbonnes d'hélium. Ils sont interceptés par Captain America, une afro-américaine costaud à la peau impénétrable. Alors qu'elle s'apprête à porter le coup de grâce à Golden Skull, elle disparaît dans un rectangle de lumière. Au temps présent dans la Tour des Avengers, Black Widow (Natasha Romanoff) et Vision sont en train de s'entraîner. Ils disparaissent eux aussi dans un rectangle de lumière. C'est l'œuvre de Doctor Doom depuis un futur lointain. Il est allé chercher 6 Avengers dans des époques différentes : Black Widow, Thor (Jane Foster), Thor (Odinson avec son armure complète), Iron Man (Jim Rhodes), Captain America (Danielle Cage) et Hulk (Bruce Banner). Il a repêché un septième vengeur : Vision qui a été emporté avec Black Widow. Les Avengers se jettent sur Doctor Doom, mais s'interrompent dans leur combat quand apparaissent des enfants accompagnés par un vieillard. Doom peut enfin s'expliquer : il a rassemblé ces Avengers pour attaquer Ultron qui s'est rendu maître de la Terre dans ce futur. Il leur indique quelques endroits où ses défenses sont encore vulnérables.



Étrange et inattendue cette courte minisérie en 3 épisodes, avec des titres d'épisode relatifs à Ultron, Avengers et Uncanny Avengers, mais se focalisant plus sur cette équipe inédite de 7 Avengers, et sur Doctor Doom. En découvrant ce projet, le lecteur se dit qu'il doit s'agir d'une demande éditoriale pour mettre Ultron à l'honneur après Age of Ultron (2013) de Brian Michael Bendis & Bryan Hitch, et concomitamment à AVENGERS : LA RAGE D ULTRON (2015) de Rick Remender, Jerome Opeña et Pepe Larraz, en lien avec le film Avengers de cette année-là. L'enjeu du récit est très simple : ce rassemblement d'Avengers doit rentrer dans le lard d'Ultron pour libérer de son joug le peu qu'il reste d'humanité. Al Ewing planifie des affrontements successifs en mettant à profit les pouvoirs des différents superhéros qui affrontent des versions déformées et robotisées d'eux-mêmes. Le lecteur prend plaisir à voir Vision faire varier sa densité moléculaire comme au bon vieux temps, avec une utilisation finale jouant sur une variation fine face à une autre lui-même jusqu'à lui arracher le cerveau. Les 3 Thor se retrouvent à faire équipe et le scénariste s'amuse bien à faire se combiner la puissance des 3 Mjolnir. Il est allé piocher 3 versions de Thor : celle en armure de Walter Simonson en mettant à profit le sort d'Hela, une version du futur, et la toute nouvelle Thor apparue en 2014 dans la série écrite par Jason Aaron. Il met également à profit le fait que l'armure de Jim Rhodes ne soit pas bourrée d'électronique. Enfin, il met aussi à profit la richesse de l'univers partagé Marvel, en reprenant un personnage développé dans la série Avengers A.I. de Sam Humphries & Andre Lima Araujo.



Le récit s'annonce donc plutôt intéressant grâce à un scénariste maîtrisant bien la mythologie de l'équipe des Avengers, et l'utilisant sans gaver le lecteur avec des références trop nombreuses. Par ailleurs, il est toujours agréable de retrouver les dessins un peu arrondis d'Alan Davis, accompagné par Mark Farmer, son deuxième encreur attitré. L'apparition de Captain America en dit long sur le personnage : musculature massive (héritée de son père Luke Cage), sourire aux lèvres. Le lecteur a immédiatement envie d'en savoir plus sur ce personnage. Black Widow est gracieuse dans ses acrobaties, avec un costume aux reflets fluides, et elle sait elle aussi sourire, une caractéristique des personnages dessinés par Davis. Même Vision sourit dans une case. Hulk est encore un individu à la stature humainement possible, par exemple pour un catcheur, sauf pour les poings et les pieds beaucoup plus massifs. Jim Rhodes porte l'ancienne armure rouge & or, ce qui fera vibrer la corde nostalgique chez les anciens lecteurs. Les 3 Thor ont des apparences bien distinctes, montrant également qu'ils sont la déclinaison du même personnage. Alan Davis se montre très inventif avec les versions des Avengers robots à la forme humaine, ainsi qu'avec les costumes de la nouvelle équipe qui apparaît sur la dernière page, avec encore des personnages capables de sourire.



À l'évidence, Al Ewing a pensé au dessinateur quand il a conçu son histoire : créant des scènes dans lesquelles Alan Davis peut donner la pleine mesure de son talent. Effectivement, le lecteur se régale : le torse de Captain America perforé par un rayon destructeur d'Ultron, une colonne d'humains sous l'emprise mentale d'Ultron, des enfants en haillon qui viennent défendre Doctor Doom contre les méchants Avengers, une vision splendide d'Asgard et du Bifrost, une version inquiétante de Loki infecté par un virus informatique, les 3 Thor déchaînant la puissance combinée de leur Mjolnir, Vision arrachant le cerveau de son ennemi grâce à son intangibilité, une horde d'Ultron en provenance d'un satellite, une armée d'Ultron sur Bifrost. Visuellement, le spectacle est de qualité.



D'un côté, le lecteur est un peu déçu par l'intrigue simple et linéaire. D'un autre côté, il est enchanté qu'Al Ewing ait conçu des séquences qui permettent à Alan Davis de réaliser des visuels impressionnants et spectaculaires. Entre 3 et 4 étoiles, en fonction de la sensibilité du lecteur à l'art d'Alan Davis.
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Immortal Hulk, tome 4 : Abomination

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 3: Hulk in Hell (épisodes 11 à 15) qu'il faut avoir lu avant. il contient les épisodes 16 à 20, initialement parus en 2019, écrits par Al Ewing, dessinés par Joe Bennett, et encrés par Ruy José, avec l'aide de Belardino Brabo (épisodes 19 & 20) et Marc Deering (épisode 20). La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts, avec l'aide de Rachel Rosenberg pour l'épisode 19. Les couvertures, toujours aussi saisissantes, ont été réalisées par Alex Ross. Sont également incluses les couvertures variantes réalisées par Mike McKone, Greg Smallwood, Nick Bradshaw.



Le premier épisode s'ouvre un texte du ministère de l'énergie des États-Unis : ce lieu n'est pas un lieu d'honneur. Aucun acte hautement estimé n'est commémoré ici. Il n'y a rien de valeur ici. Ce qui est ici est dangereux et répugnant pour nous. Ce message est un avertissement concernant le danger. Il y a des années de cela, Rick Jones se tient devant le docteur Bruce Banner en train de se transformer en Hulk, et des années plus tard il sait qu'il a été le premier humain à voir Hulk. Au temps présent dans la base Site B Shadow, un groupe de scientifiques en tenue antiradiation est en train de manipuler un cœur dont coule une substance verdâtre qui se déverse sur un cadavre émacié sur une table métallique. Dans les locaux du journal Arizona Herald, l'éditeur en chef vient trouver Jackie McGee en train de lire les mémoires de Rick Jones, pour lui indiquer qu'il a besoin d'elle pour écrire un nouvel article d'investigation sur Hulk. Elle lui indique qu'enquêter sur Hulk nécessite de côtoyer des individus marqués par ses actions, par la destruction qu'il déchaîne. Son responsable lui montre des photographies de la maison d'Elizabeth Ross-Banner, avec un mur éventré. Il lui indique qu'il a un billet d'avion pour elle pour Los Angeles avec un décollage dans 3 heures. Elle accepte de se rendre sur place et d'enquêter.



Au Nouveau Mexique, Leonard Samson atterrit après plusieurs bonds prodigieux à l'entrée cachée qui permettait d'accéder à la base Site A Shadow. Il a transporté Bruce Banner dans ses bras. Ce dernier explique qu'il ne souhaite pas perdre de temps et qu'il préfère se concentrer sur la disparition du corps de Rick Jones, déterré et emmené par des hommes en noir. La nuit étant tombée, Bruce banner cède la place à Hulk dans une transformation toujours aussi charnelle. Ils se frayent un chemin dans les décombres jusqu'à atteindre une partie intacte de la base souterraine. Hulk perçoit de faibles radiations gamma derrière une porte. Il la déchire et il se retrouve face à une chauve-souris géante, un gorille et chien avec une peau verdâtre due à des mutations sévères causées par des irradiations gamma. Le combat s'engage. Pendant ce temps-là, les expériences se poursuivent dans la base site B Shadow, sous la direction de la professeure Charlene McGowan, obéissant au commandement du général Reginald Fortean. En Californie, Jackie McGee se tient devant la maison de Betty Ross, et pose des questions à l'inspecteur Bao qui lui montre leur seul indice : une plume rouge.



Dans le tome précédent, Hulk était descendu aux enfers et en était revenu, mais le général Fortean continuait ses manœuvres pour s'assure de neutraliser la menace de tous ces individus contaminés et transformés par des rayons gamma. Al Ewing continue de développer son intrigue au long cours suivant les 2 mêmes axes que précédemment : l'implication régulière de nouveaux individus transformés par les rayons gamma (le tome précédent indiquant que le tour était venu de Betty Ross et de Rick Jones), et la nature mystique de la source gamma qui provoque lesdites transformations. Outre ces 2 fils narratifs, le lecteur retrouve avec grand plaisir les autres caractéristiques de la série. Les couvertures d'Alex Ross : cet artiste exceptionnel compose pour chaque épisode une image établissant une atmosphère à couper au couteau, pour une scène d'horreur à l'ancienne. Impossible de résister à la figure de Hulk en très gros plan, à Bruce Banner poursuivit dans les égouts par une entité dont on n'aperçoit que l'ombre menaçante sur la maçonnerie, ou encore au visage de Hulk en surimpression sur la Lune. Al Ewing continue d'inclure une situation en ouverture de chaque épisode : US Department of Energy, John Paxton & Ben Maddow, Jeremy Taylor, William Shakespeare, Timothy Leary. Elles comprennent une fibre ludique enjoignant le lecteur à se prêter au jeu de trouver en quoi elles s'appliquent à l'épisode. Le lecteur suppute que la première évoque un site de recherche atomique (peut-être l'avertissement apposé autour de Trinity, ou d'autres sites dans le Nevada) et le lecteur fait le lien avec le site d'essai de la bombe gamma où Bruce Banner a été irradié en voulant sauver Rick Jones.



Le lecteur retrouve également avec plaisir Joe Bennett qui continue à tenir le rythme soutenu de parution sans montrer de signe de fatigue ou de baisse de qualité de ses pages. Cet artiste continue de réaliser des planches dans un registre descriptif et réaliste, avec un bon niveau de détails pour un comics industriel. Il met en œuvre les trucs et astuces habituels : fréquence importante des gros plans, investissement plus important dans la représentation des personnages que dans les décors, confiance dans le coloriste pour nourrir ses dessins. Quand la scène le requiert, il consacre plus de temps à représenter un lieu particulier : la salle de rédaction du Arizona Herald, les abords du petit pavillon de Betty Ross, la salle de contrôle du réseau informatique de la base site A Shadow, la limousine qui conduit Bruce Banner à Reno et le hall de la réception de l'hôtel dans lequel il pénètre, ou encore le quartier dans lequel il affronte l'Abomination. Lors des combats, il montre des débris volant dans tous les sens, et des murs pulvérisés, sans trop de détails pour le reste. Comme d'habitude, Paul Mounts accomplit un travail impressionnant, à la fois naturaliste pour les vêtements, les décors, les personnages, mais aussi d'ambiance, et d'effets spéciaux, le lecteur peut ressentir la chaleur des éclairages utilisés pour reproduire une intensité lumineuse équivalente à celle du plein jour.



Ce récit comprend des scènes d'affrontement régulières, ainsi qu'une touche d'horreur. Joe Bennett est l'artiste de la situation en ce qui concerne les masses musculaires imposantes et exagérées, les coups qui fracassent, et les morphologies monstrueuses. Il reste dans une représentation reprenant les conventions visuelles des comics de superhéros traditionnels : angle de vue accentuant la force des coups, blessures peu réalistes, visages déformés par l'intensité de la rage. Mais il conçoit aussi des prises de vue et des successions de coup porté, à chaque fois spécifique en fonction de l'affrontement, des opposants et des lieux. Il ne débite pas des scènes génériques au kilomètre : il s'implique de sorte à ce que chaque affrontement soit particulier. En ce qui concerne l'horreur, il a choisi de ne pas donner dans le gore, et de s'en tenir à des déformations corporelles lisibles par de jeunes adolescents. En fonction de ses goûts, le lecteur peut trouver que ce n'est pas assez viscéral et un peu timoré, ou il peut aussi y mettre du sien et apporter une touche d'imagination ce qui apporte le degré d'intensité voulu à la scène. La narration graphique n'est pas insipide, mais elle reste un peu trop propre sur elle par moment.



Au vu des 3 premiers tomes, le lecteur peut craindre qu'Al Ewing soit arrivé à une phase pérenne dans laquelle il peut répéter le même schéma avec des personnages différents, car il dispose d'un large éventail d'individus transformés par les rayons gamma. S'il y a un peu de ça, cela ne produit pas pour autant d'impression répétitive, car le scénariste utilise avec justesse la voix intérieure d'un personnage souvent différent pour évoquer Hulk. Par exemple, pour l'épisode 16, il s'agit de celle de Rick Jones, ce qui apporte un point de vue particulier sur Hulk du fait de l'historique de sa relation avec lui. De la même manière, l'acharnement du général Fortean peut laisser supposer un manque de renouvellement, mais il utilise à chaque fois un moyen différent qui renouvelle la situation et la nature de l'attaque, et qui éclaire à chaque fois une facette un peu différente de sa personnalité. Régulièrement, il intègre un élément inattendu mais dont il a déjà établi le lien avec son intrigue : la journaliste Jackie McGee qui établit un lien avec un personnage important, ou la participation de Gamma Flight (Walter Langowski, Carl Creel, Mary McPherran, Eugene Judd). Il joue avec habileté sur la nature protéiforme du caractère de Hulk au fil des années et la question en suspens de la caractéristique surnaturelle de la source gamma. Comme dans le tome précédent, le lecteur peut aussi regarder ces différents Hulk comme l'expression d'une personnalité refoulée, comme une métaphore de la vie psychique. Cumulés ces différents éléments impliquent émotionnellement le lecteur dans ces déchaînements de force physique, dans ces gros monstres qui se tapent dessus, dans ses vies maltraitées par ces pouvoirs.



Le lecteur retrouve avec plaisir ce qu'il attend de la série (les couvertures d'Alex Ross, les gros monstres nourris aux radiations gamma, les affrontements destructeurs), tout en constatant que les auteurs ne se répètent pas. Al Ewing poursuit son récit sur sa lancée en intégrant de nouveaux éléments régulièrement, évitant ainsi le radotage, et Joe Bennett tient le rythme de production avec des dessins disposant d'assez de personnalité pour éviter la fadeur. Ces 5 épisodes se lisent d'une traite avec une envie irrépressible de découvrir la suite.
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Immortal Hulk, tome 9 : Le plus faible qui ..

« Immortal Hulk, le plus faible qui soit » est un récit Marvel très inspiré de l'univers horrifique prisé par Ewing et Benett.



Les histoires de l'au-delà ne sont guère convaincantes et les « monstres » crées par Benett réellement affreux.



Du coté de l'action, voir un Hulk famélique et malade se faire maltraiter par a peu près tout le monde jusqu'à mourir sous les coups de super agents aux pouvoirs élémentaux est assez plutot déplaisant et même si l'album se conclue sur un twist laissant à penser le retour de la brute verte/rouge pour régler ses comptes avec tous ses ennemis, ceci s'avère peser au final bien peu.



Les années passent, les artistes se succèdent, mais le talent n'est pas là !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Immortal Hulk, tome 8

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 7: Hulk is Hulk (épisodes 31 à 35) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 36 à 40, initialement pars en 2020, écrits par Al Ewing, dessinés par Joe Bennett, encrés par Ruy José, avec l'aide de Belardino Brabo pour les épisodes 37 à 40. La mise en couleurs a été réalisée par Matt Milla pour les épisodes 36 & 40, et par Paul Mounts pour les épisodes 37 à 40. Les couvertures ont été réalisées par Alex Ross, et sont toujours aussi magnifiques. Ce tome comprend également les couvertures alternatives réalisées par Gurihiru (avec Zeb Wells), Mike del Mundo, Alex Ross, Joe Bennett, Skottie Young, Taurin Clarke, Jeffrey Veregge.



À Georgeville dans l'Iowa, Jackie Mcgee, journaliste au Arizona Herald, est horrifiée par la situation. Non seulement, Hulk vient de détruire une petite ville, mais en plus il se retrouve face à Rick Jones au corps complètement déformé, dont le cou mesure deux mètres, totalement tordu, la colonne étant apparente à plusieurs endroits : une vision de cauchemar. Hulk est atterré par l'acte qu'il vient de commettre, disant à voix haute qu'il n'est pas quelqu'un de méchant, qu'il ne voulait pas causer ces destructions, tombant à genou pour demander pardon. Jackie s'élance vers lui pour essayer de le calmer, mais elle est retenue par le bras par un autre journaliste estimant que c'est de la folie, et Hulk lui hurle de ne pas s'approcher car il fait du mal à tout le monde. Alors qu'il est en train de se relever, il est attaqué par derrière, par un coup assez puissant pour le mettre à terre. Il vient d'être percuté par la boule de Absorbing Man (Carl Creel). Titania (Mary MacPherran) et Puck (Eugene Judd) sont juste derrière lui, tous les deux lourdement armés, avec un vaisseau d'Alpha Flight un peu en retrait. Puck fait feu sur Hulk et le touche de plein fouet. Titania atterrit à pieds joints sur sa poitrine. Hulk clame qu'il ne veut pas se battre. Jackie McGee essaye de se faire entendre, leur demandant d'arrêter de l'attaquer. Le monstrueux Rick Jones voit plein de possibilités dans cette situation.



Puck s'interpose entre Jackie McGee et Hulk, lui expliquant que le risque est trop grand qu'il ne s'enfuit et qu'il explose à nouveau, dans une autre zone habitée. McGee répond qu'attaquer Hulk ne fait que qu'aggraver la situation. Titania intervient pour lui dire qu'elle n'a rien à faire là, qu'elle n'en a pas l'autorisation, en la repoussant avec la main. Toujours immobilisé par une prise de Absorbing Man, Hulk voit McGee tomber en arrière sous la poussée de Titania : il n'en faut pas plus pour qu'il retrouve sa colère, et donc sa force. Il arrache un bras d'Absorbing Man, puis le projette brutalement dans le sol, l'y enfonçant d'une bonne dizaine de centimètres. Ça met Titania hors d'elle et elle l'attaque avec une pelleteuse, le percutant de plein fouet. Dans la base militaire proche, la docteure Charlene McGowan demande à Leonard Samson d'aller chercher une clé USB qu'elle a laissé dans le laboratoire attenant, pour pouvoir activer le dispositif de translocation, et ainsi mettre fin à l'affrontement physique entre Hulk et Alpha Flight.



C'est toujours un plaisir de découvrir un nouveau tome de cette série, rien qu'en començant par les couvertures d'Alex Ross, toujours dans une forme éblouissante pour rendre compte de la sauvagerie du mastodonte : dégoutant d'une substance noirâtre semblant être du sang, reflété dans le verre brisé d'un énorme tube cylindrique dont s'échappe un squelette en feu, brisant ses chaînes avec une force physique surpuissante, se battant contre une autre version de lui-même, ou se reflétant dans une vitrine. Joe Bennett sait tout aussi bien montrer la puissance physique de Hulk : arrachant le bras d'un ennemi, cognant comme un sourd, encaissant comme une brute. Le contraste n'en est que plus saisissant quand Hulk se trouve en difficulté et ne parvient pas à reprendre le dessus, quand il perd sa confiance en lui et montre des signes de faiblesse ou de désorientation. Le dessinateur se montre alors tout aussi convaincant, en faisant apparaître des expressions d'enfant sur cet individu au corps énorme, à la musculature titanesque. Impossible de ne pas ressentir d'empathie pour cet individu à l'esprit simple, totalement désorienté, ou assailli d'un sentiment de culpabilité contre lequel il n'a aucune défense, qu'il ne sait pas gérer.



Joe Bennett se lâche bien aussi dans les images horrifiques. Le scénariste continue de maltraiter son héros par des transformations incontrôlables provoquées par les rayons Gamma et en partie par le mystérieux Celui qui est en dessous de tout (One below all). Cela commence avec le corps déformé de Rick Jones : le dessinateur sait y faire apparaître une tension causée par des muscles inadaptés à une ossature dégénérée, faisant ressortir toute la souffrance physique provoquée par cet état contre nature. Dans l'épisode 37, le lecteur découvre le corps du Leader, lui aussi mal formé parce que manquant de tonus musculaire comme s'ils avaient eux aussi été frappée par une dégénérescence cellulaire, une vision communiquant elle aussi la souffrance physique d'un tel état corporel. Pourtant ce n'est encore rien à côté de la blessure occasionnée par un puissant rayon laser dévastant la cage thoracique de Hulk ainsi que tout l'hémisphère gauche de son cerveau. Le lecteur s'en est à peine remis qu'il assiste encore à la transformation hideuse de Leader dans l'épisode 39, comme si un cousin éloigné d'Alien sortait de son corps. Le corps de Hulk subit encore une autre déformation atroce dans l'épisode 40 quand il chute depuis la station orbitale d'Alpha Flight vers à la Terre à travers son atmosphère. Certes, le scénariste semble avoir trouvé une veine d'inspiration particulièrement malsaine quant aux épreuves physiques à faire subir à Hulk, mais Bennett le suit dans cette inspiration et se montre à la hauteur pour montrer l'horreur corporelle en question.



Bien sûr, il s'agit d'un comics, et tous les moyens sont bons pour s'économiser dans la production de cette bande dessinée industrielle, à commencer par confier les arrière-plans au coloriste pour qu'il les emplisse avec un camaïeu sans que le dessinateur n'ait quelque chose à représenter. Mais dans le cas particulier de ces épisodes, les corps malmenés constituent une part significative du décor, et Joe Bennett ne fait pas semblant. En outre, les deux coloristes sont également très bons dans leur partie, déclinant le vert et le violet dans toutes les nuances possibles, de manière pertinente et maîtrisée. Enfin quand la séquence le nécessite, l'artiste représente les décors avec un degré de détails satisfaisant, sans créer de dissonance avec le degré de détails de la représentation des personnages. Ainsi le lecteur peut se projeter dans la base militaire, dans le pavillon des Banner où Bruce encore enfant est en train de lire une Bible illustrée, ou encore dans la cafétéria de la base spatiale d'Alpha Flight. Les couleurs reprennent le dessus pour évoquer le territoire en dessous de tout, créant une ambiance sinistre, inquiétante et dangereuse.



Le lecteur est donc complètement pris par l'intensité de la narration visuelle, par la force physique des combattants et par la force des drames en train de se jouer. Al Ewing semble avec plus conçu ces 5 épisodes comme une unité, un chapitre, les différents fils narratifs interagissant de manière plus naturelle que dans le tome précédent. C'est peut-être aussi que la résolution approche et qu'il est temps qu'ils convergent. Sam Sterns tire les ficelles de manière visible, rendant compréhensibles la survenance de différents événements. Le lecteur voit apparaître comment Brian Banner a été mêlé à tout ça, et comment il a perdu sa position dominante. C'est également l'occasion de revenir sur une autre facette de la maltraitance de Bruce par son père. C'est aussi l'occasion d'assister à la réapparition de Devil Hulk, et de découvrir son origine. Le lecteur se retrouve complètement impliqué dans ce combat se déroulant aussi bien sur le plan physique sur Terre, que dans le domaine en dessous tout, et dans la psyché de Bruce Banner. Comme depuis le début de la série, le scénariste a inclus une citation en début de chaque épisode : le livre de Job (dénoncer le mal, sans que cela ne soit suivi par un jugement), William Blake (les portes de la perception et l'infini), John Milton (le courage de ne jamais se soumettre), Christopher Marlowe (né en enfer et certains en sont le père), Victor Hugo (attacher le loup à l'agneau). Comme les fois précédentes, il ne s'agit juste d'un truc artificiel pour donner une caution littéraire totalement en toc. Chaque citation se rapporte directement à la situation de l'épisode, et fait écho à soit à un événement, soit à l'état d'esprit d'un personnage. Par exemple, celle extraite de la pièce de théâtre La tragique histoire du docteur Faust évoque la maltraitance dont a souffert Bruce : je suis né en enfer et considérez-le, car certains d'entre vous sont mon père. Les épreuves et les combats font alors écho à l'histoire personnelle de Bruce Banner, à ses traumatismes, augmentant l'empathie du lecteur, donnant une valeur allégorique aux combats physiques de Hulk.



S'il a pu parfois se sentir perdre pied dans les mystères déroutants des tomes précédents, le lecteur rétablit les différents liens narratifs et logiques avec ce tome, pour une histoire toujours aussi horrifique, visuellement et émotionnellement, tout en restant dans le registre superhéros. La narration d'Al Ewing est en phase avec celle de Joe Bennett, pour un récit traitant aussi bien de Hulk se battant contre un ennemi dont la folie le gagne, que comme une mise en scène du traumatisme de la maltraitance et de l'individu manipulateur.
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Chopper: Wandering Spirit

Ce tome comprend 4 histoires, toutes dessinées et mises en couleurs par Brendan McCarthy. Ces histoires sont initialement parues dans les magazines 2000 AD et Judge Dredd Megazine, entre 2010 et 2017. Il commence par une page d'introduction rappelant l'histoire personnelle de Chopper, voir les Judge Dredd Case Files 4, 9 et 11, ainsi que Chopper: Surf's Up. Brendan McCarthy est un artiste qui s'est fait remarquer dans 2000 AD par ses collaborations avec Peter Milligan : The Best of Milligan & McCarthy,Sooner or Later. Il a également réalisé une histoire très particulière de Spider-Man en hommage à Steve Ditko : Spider-Man: Fever (2009). L'aspect très personnel de ses pages lui a même valu une anthologie à son nom pour le personnage de Dredd : Judge Dredd: The Brendan McCarthy Collection.



Wandering spirit (progs 395 à 399, 50 pages, scénario de David Baillie) - Chopper (Marlon Shakespeare) a élu domicile dans l'outback australien. Il observe 3 surfeurs citadins imprudents s'élancer vers une zone de tempête radioactive. Il essaye de les prévenir du danger, mais ils l'ignorent ne voyant en lui qu'un pouilleux. Il s'élance pour les sauver, en pure perte et il s'écrase au sol. Il se réveille dans un lit de fortune dans un campement au milieu du désert. Devant lui se tient Wally, un vieil aborigène à la peau violette, trimbalant 2 boomerangs avec lui. Wally l'emmène voir sa planche de surf en train d'être réparée, puis il lui fait pratiquer le lancer de boomerang. Le soir, alors que le petit groupe de cette communauté est en train de manger à la nuit tombée autour d'un feu de camp, ils sont attaqués par un gang de mutants. Durant l'affrontement, survient la manifestation d'un esprit du temps du rêve.



La couverture semble incarner le terme psychédélique : qui évoque un état hallucinatoire provoqué par l'absorption de substances hallucinogène. Brendan McCarthy utilise avec largesse des couleurs acidulées, flashy, fluorescentes, à la fois pour les personnages et les décors, le récit se déroulant sous influence du Temps du rêve (Dreamtime) des aborigènes, et d'un autre phénomène. Le scénariste sait capturer l'essence du personnage : une sorte de néo baba cool, un rebelle qui a choisi de vivre à l'écart de la société aliénante des mégalopoles, qui pratique un sport (le surf des airs) au plus haut niveau professionnel, sans chercher à décrocher des médailles ou des titres. Il se retrouve impliqué dans une histoire d'entité maléfique qui souhaite détruire la race humaine. Petit à petit, le lecteur se rend compte que David Baillie ne se contente pas d'utiliser des connaissances superficielles sur les croyances aborigènes, dans un environnement de science-fiction sans réelle incidence. Au-delà de quelques lancers de boomerang, Wally explique à Brandon Shakespeare, la manière dont il conçoit le Temps du Rêve, la façon dont il peut interagir avec. De même, l'environnement de l'univers de Judge Dredd ne sert pas qu'à fournir des juges australiens. L'intrigue développe également une technologie de science-fiction se mêlant aux croyances aborigènes.



L'intrigue semble aussi avoir été conçue sur mesure pour l'artiste, et c'est vraisemblablement le cas. Brendan McCarthy peut s'en donner à cœur joie avec des couleurs vives, des motifs géométriques distordus, des monstres pas beaux, des chevelures en folie, des mandalas, un homme volant élégamment sur sa planche au milieu d'énergies volatiles. S'il est allergique à ce genre de rendu visuel, le lecteur se sera écarté de cet ouvrage rien qu'en apercevant de loin la couverture. Celui qui est venu chercher les idiosyncrasies de Brendan McCarthy est à la fête car l'artiste est pleinement impliqué dans chaque page. La volonté de s'inscrire dans un registre psychédélique ne supplante jamais la fonction narrative : il n'y a aucune difficulté à suivre l'histoire sur le plan visuel. Le scénario est fait sur mesure pour légitimer une telle débauche visuelle et elle fait sens que ce soit pour les énergies radioactives, la clarté implacable de cette région du globe (l'Australie), ou la manifestation des différentes formes de l'énergie psychique du Temps du Rêve.



Cette histoire n'est pas un simple prétexte pour servir d'écrin à l'artiste, mais bien un récit respectant la personnalité de Brandon Shakespeare et ses valeurs, une aventure haute en couleurs et en rebondissements inscrite dans l'univers de Judge Dredd, facilement accessible, avec une réflexion sur la vie spirituelle, l'héritage des anciens et l'interaction de la science avec le bon sens empirique.



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Doctor What (progs 1712 & 1713, 12 pages, scénario Al Ewing) - À Megacity One, le docteur Troughton Watt a décidé que le temps est venu pour lui de se faire euthanasier. Il confie sa souris domestique Susan à sa voisine madame Lambert. Sur le chemin vers l'institut, il s'arrête pour se soulager dans un WC public, et le voilà transporté dans le temps dans cette cabine violette. Il en profite pour changer le cours des événements en évitant l'apparition de dictateurs sanglants et de conflits meurtriers. Il est vite repéré par les juges et Judge Dredd va s'occuper de son cas.



Voyons voir : un individu qui voyage dans le temps à bord d'une cabine dont la forme évoque celle d'une cabine téléphonique anglaise du siècle dernier, mais dans une teinte rose ou violette, pas bleue comme le TARDIS, et un Docteur Quoi au lieu d'un Docteur Qui. Pas de doute, il s'agit d'un hommage appuyé à Doctor Who. Pas de Daleks, mais un individu qui a pris sur lui d'utiliser ses capacités extraordinaires pour réécrire l'histoire afin d'éviter les plus gros massacres de l'humanité. Bien sûr, les juges, en tant que garant de l'autorité établie, ne peuvent pas le laisser ainsi enfreindre la loi. À nouveau, il y a un véritable scénario : Judge Dredd devant trouver comment défaire un tel adversaire. L'hommage est respectueux et bien tourné, et Brendan McCarthy est à nouveau très à l'aise. Les voyages et le principe technologique mis en jeu se prêtent parfaitement à une visualisation psychédélique colorée et enjouée. Juge Dredd constitue un contraste saisissant avec le bon docteur et la narration visuelle est savoureuse, à nouveau pour les lecteurs qui ne sont pas allergiques aux couleurs vives.



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The walking Dredd (Judge Dredd Megazine 311, 10 pages, scénario Rob Williams) - Une nuit en Terre Maudite, Judge Dredd se fait mordre au cou par une zombie. Il n'arrive pas à sauver son collègue enseveli sous une meutre de zombie, et il doit se dépêcher de regagner la cité pour être soigné avant que le virus ne le transforme irrévocablement.



La trame du récit est très basique : Dredd est mordu et il doit foncer dans le tas pour regagner la ville et être soigné, pendant qu'un zombie reste en arrière et s'est accaparé la plaque de juge de Joe Dredd. Il commence à se faire respecter par les autres zombies. Le titre fait penser à un hommage à The Walking Dead de Robert Kirkman & Charlie Adlard, mais l'histoire reste dans le monde de Dredd. Plus que l'aspect psychédélique des dessins de McCarthy, c'est son sens du grotesque et de la farce macabre qui sont mis en avant. Difficile de ne pas sourire devant Dredd impassible chevauchant sa moto alors qu'il sent la transformation s'opérer en lui, ou devant ce zombie qui se met à faire la loi parmi ses pairs. Il ne s’agit pas d'une parodie à proprement parler, mais plutôt d'un second degré amusé qui n'empêche pas de prendre le récit au premier degré.



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Hoverods (progs 203 & 2034, 12 pages, scénario T.C. Eglington) - Le très influent citoyen Henric Hayne a fait jouer ses connexions pour que Judge Dredd s'occupe personnellement de la disparition de son fils Duane, et de 2 de ses véhicules de collection. En fait Duane a emprunté les 2 voitures de course de papa pour faire une course sur un terrain privé dans la Terre Maudite, géré par le mutant Sick Pete.



Contre son gré, Joe Dredd se retrouve affecté sur une simple histoire de kidnapping. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre ce qui s'est passé et pour s'élancer dans la Terre Maudite à la recherche du jeune homme gâté qui a piqué le jouet de papa. L'histoire est linéaire et simple : T.C. Eglington joue avec adresse de la naïveté de Duane, de l'absence totale d'humour de Judge Dredd et du caractère grotesque du mutant Sick Pete. À nouveau, le lecteur peut admirer la facilité avec laquelle Brendan McCarthy mêle narration claire, humour et grotesque pour un récit amusant et prenant.



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Ce recueil constitue un excellent moyen de découvrir les pages psychédéliques de Brendan McCarthy dans des histoires accessibles et bien construites, pas de simples prétextes. L'artiste a investi du temps dans chaque page, s'attachant avant tout à raconter chaque histoire qui a souvent été écrite en pensant aux idiosyncrasies de son art.
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Defenders : La meilleure défense

Ce tome regroupe 5 épisodes initialement parus en 2018. Il y a un épisode consacré à chacun des 4 superhéros (Hulk, Namor, Doctor Strange, Silver Surfer) et le dernier épisode met en scène les Defenders (équipe composée desdits 4 superhéros). Chaque épisode comporte 30 pages.



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Huk (scénario d'Al Ewing, dessins et encrage de Simone di Meo, couleurs de Dono Sánchez-Almara) - Dans une région désertique du Nouveau Mexique, Bruce Banner chemine à pied sur une route, en blouse blanche. Il a l'impression qu'une intuition le guide vers son but : la petite ville de Happy Trails. Personne dans les rues. Il se rend au bureau du shérif : personne. Il surprend un mouvement derrière une fenêtre. Il s'y rend, ouvre la porte et est accueilli par un homme braquant un revolver sur lui. Ailleurs dans un laboratoire souterrain, un individu encapuchonné plante son poignard dans un extraterrestre et le tue. Après s'être battu, Banner découvre un vagabond avec l'amulette de l'Œil d'Agamotto.



Régulièrement, les éditeurs Marvel demandent à des auteurs de remettre sur rail une nouvelle série consacrée aux Défenseurs, la première ayant totalisé 152 épisodes de 1977 à 1986, avec des scénaristes mémorables comme David Anthony Kraft, Steve Gerber et John-Marc DeMatteis. La seconde n'a compté que 12 épisodes en 2001, par Erik larsen & Kurt Busiek. La troisième Defenders: Indefensible fut une minisérie en 5 épisodes, placée sous le signe de l'humour par Keith Giffen, JM DeMatteis et Kevin Maguire, suivie par une en 6 épisodes The Last Defenders (2008, Joe Casey & Jim Muniz), puis une autre en 12 épisodes écrites par Matt Fraction. La dernière en date a duré 10 épisodes réalisés par Brian Michael Bendis et David Marquez, conforme à la série Netflix. Pour cette nouvelle itération, les responsables éditoriaux ont imaginé une structure de publication un peu différente. Ils sont repartis de l'équipe originelle : Hulk (Bruce Banner), Namor (Submariner), Doctor Strange (Stephen Strange) et Silver Surfer (Norrin Radd), et du principe qu'il s'agit d'une non-équipe, c’est-à-dire des personnages se retrouvant par hasard à faire équipe ensemble, mais sans structure formalisée. Ceci explique la collection de 4 épisodes, 1 consacré à chacun des 4 superhéros, et 1 épisode Defenders où ils se retrouvent à coopérer.



Le scénariste de l'épisode consacré à Hulk est également le scénariste de sa série mensuelle au même moment, très réussie. Le lecteur a donc entièrement confiance sur le fait que cet épisode va être raccord. Au bout de quelques pages, il se rend compte qu'il s'agit d'une intrigue décompressée : Bruce Banner cherche âme qui vive dans la bourgade, se heurte à un ou deux habitants et tombe sur le clochard avec l'amulette. Dans le même temps, Al Ewing développe mollement le thème de la peur, de la violence pour intimider, alors que la personnalité de Hulk se manifeste très progressivement. Finalement l'intérêt du lecteur se reporte vite sur les dessins. Les cases de Simone di Meo font penser aux dessins de Matteo Scalera, en un peu moins dynamique et avec un soupçon d'exagération de ci de là, ce qui donne une saveur un peu ironique. Le plus intéressant vient de l'intégration de quelques cases dessinées par Jack Kirby qui font écho à l'état d'esprit présent de Banner/Hulk dans le récit. 3 étoiles pour une histoire facile à lire et oubliée aussi vite.



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Namor (scénario de Chip Zdarsky, dessins et encrage de Carlos Magno, couleurs d'Ian Herring) - À Atlantis, Namor est en train d'argumenter avec 3 conseillers. À l'issue de l'échange, sa décision est prise : il va aller partir en quête des Vodani, une branche disparue des atlantes pour les rallier à Atlantis, dans le combat qui se prépare contre les habitants de la surface. Malgré la mort de la méduse phosphorescente qui le guidait, Namor se retrouve bel et bien au royaume des Vodani, mais pas le bienvenu pour le roi Okun qui ne reconnait en rien son autorité.



Le lecteur constate que cette histoire n'a rien à voir avec la première, sauf pour 2 éléments : Namor a été un des Défenseurs originels comme Hulk, et la silhouette encapuchonnée fait une apparition le temps d'une page pour poignarder une autre créature extraterrestre. Il se rend compte que cet épisode sert beaucoup plus de prologue à la série Invaders par Chip Zdarsky, Carlos Magno et Butch Guice, que de chapitre indispensable pour cette réunion des Défenseurs. Le scénariste mène bien son intrigue avec une branche oubliée des atlantes, et la volonté inflexible de Namor de se faire entendre et d'emporter le morceau, en faisant sa tête de lard. Il a intégré une épreuve avec un combat contre une créature sous-marine (pas forcément très originale : une grosse pieuvre) mais bien mené. Carlos Magno se démène pour réaliser des dessins descriptifs avec un bon niveau de détails, sans pouvoir échapper à la naïveté de la représentation d'un royaume sous-marin comme s'il s'agissait d'une cité terrestre, juste submergée. Ses personnages apparaissent vifs et décidés et le combat est impressionnant. Le lecteur suit l'évolution de l'enjeu politique avec curiosité, sans trop savoir quelle en sera l'issue. En la découvrant, il comprend que l'objectif de l'épisode est bien d'établir un début d'intrigue pouvant être repris par la suite dans une série mettant en scène Namor.3 étoiles pour un récit plus consistant que le premier, mais avec une ambiance moins prenante.



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Doctor Strange (scénario de Gerry Duggan, dessins, encrage et couleurs de Greg Smallwood) - Dans un futur indéterminé, Stephen Strange âgé (cheveux blancs et plus clairsemés) et en haillons progresse pied nu sur une terre désolé, avec des ruines de gratte-ciels dans le lointain. Il s'arrache l'œil gauche pour le sacrifier à l'Œil d'Agamotto afin qu'il l'éclaire. Il sait que le combat final se rapproche et que ses ennemis l'attaqueront au premier signe de faiblesse. Il porte une sacoche en bandoulière : de temps à autre une voix en sort pour s'adresser à lui de manière peu amène.



Pour le coup, le lecteur constate dès la première page que cet épisode se rattache à celui de Hulk, et pas simplement parce que Stephen Strange fut lui aussi un des Défenseurs originels, et que la silhouette encapuchonnée poignarde une autre victime. Le lecteur se sent tout de suite plus intéressé par ce qui a pu arriver à Doctor Strange et à la Terre pour qu'ils soient dans cet état, et pour découvrir qui est ce mystérieux ennemi. Greg Smallwood est en très grande forme pour créer des visuels intrigants et étranges pour cette histoire linéaire, et ainsi l'étoffer. Toute l'histoire est racontée avec des cases de la largeur de la page. Le dessinateur ne profite pas de cette mise en page pour dessiner moins d'éléments et aller plus vite, mais il met à profit l'impression de progression du personnage de gauche à droite, toujours en train d'avancer. Il utilise une palette de couleurs ternes pour bien imprégner la sensation de fin de monde, avec succès. Le lecteur regarde donc un monde désolé, un personnage fatigué avançant vers un dernier combat inéluctable. Il ressent l'appréhension de Strange lorsque les créatures commencent à se rapprocher de lui. Il sourit en découvrant l'arme que Strange sort de sa besace. Son sourire s'élargit encore devant le dessin final en double page, un bel hommage à Steve Ditko, sans être une pâle copie ou une illustration servile. 4 étoiles pour un récit prenant à la narration visuelle pertinente.



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Silver Surfer (scénario, dessins, encrage et couleurs de Jason Latour) - Au service de Galactus, Silver Surfer intervient sur une planète vouée à la destruction, parce que devant alimenter la chaudière d'un train cosmique. Il s'agit d'une tâche qui lui a été assignée par Galactus. Sur ladite planète, les habitants savent qu'ils doivent évacuer ou mourir.



Le lecteur plonge à nouveau dans une histoire qui peut se lire de manière indépendante, sauf la page avec le meurtre au poignard. Jason Latour réussit à retrouver la fibre humaniste du Surfer et à la mettre en scène dans un récit qui fait sens, sans sensibilité larmoyante ou pleurnicharde. Le rendu de ses dessins oscille entre un détourage présentant des aspérités pour les séquences sur la planète, avec une approche plus libre et plus colorée pour les scènes dans l'espace. Le lecteur suit Silver Surfer dans ses questionnements sur la valeur d'une vie, sur le comportement de quelques individus sachant leur fin proche, et Latour introduit une forme de jeu dans la manière dont Galactus traite Silver Surfer avec une perversité incidente assez troublante. 4 étoiles pour une histoire de Silver Surfer servant toujours son maître Galactus, récit tirant un excellent parti de cette servitude, des valeurs morales de Silver Surfer, des possibilités cosmiques dans un récit dans l'espace.



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Defenders (scénario d'Al Ewing, dessins de Joe Bennet, encrage de Belardino Brabo, couleurs de Dono Sánchez-Almara) - La véritable menace est révélée : un train cosmique dont les wagons sont des planètes qui alimente la chaudière dont le conducteur est sous l'influence d'une entité maléfique bien connue des Défenseurs.



Al Ewing mène à son terme l'intrigue globale conçue avec Chip Zdarsky, Jason Latour et Gerry Duggan. Les 4 superhéros coopèrent de manière plus ou moins coordonnée, respectant ainsi le principe de non-équipe. Joe Bennet réalise des dessins de superhéros plus classiques, avec une belle emphase pour rendre compte de l'ampleur cosmique de la menace. La confrontation ne se limite pas à un combat contre le méchant, car celui-ci agit pour une raison assez originale, rappelant un des tous premiers épisodes de Hellblazer écrit par Jamie Delano. La narration visuelle est spectaculaire à souhait. Le lecteur en a pour son argent, en termes de divertissement. 4 étoiles.



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Au final, cette réunion des membres originels de la non-équipe est à l'image du concept même de non-équipe. Chaque scénariste raconte une histoire qui se suffit presque pour elle-même, consacrée à chaque superhéros, avec des dessins sympathiques pour la première, plus appliqués pour la seconde, très élégant pour la troisième, et plus organique pour la quatrième. Cela aboutit à une résolution grand spectacle, avec des interactions partielles entre les 4 superhéros, et une menace à la fois physique et à la fois spirituelle.
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