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Critiques de Al Ewing (78)
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We only find them when they're dead, tome 1..

Si ce premier tome met en place une histoire torturée, le background n’évolue guère qu’en toute fin sur un cliffhanger très efficace dans une atmosphère qui rappelle le danger d’un 2001 l’Odyssée de l’Espace ou d’un Alien. Avec ce risque omniprésent, les interactions se font essentiellement par radio, proposant de belles joutes verbales où excelle le scénariste Al Ewing. Des « Dieux » on n’en verra que des bouts, en fonds de texte de même que les vaisseaux mystérieux du fait d’une gestion de l’éclairage hypnotisante. Tout à fait manipulatoire, le scénario nous capte du début à la fin en nous envoûtant par les planches fascinantes. A la réserve que l’on ne sait encore que peu de chose de l’aspect fantastique (ou cosmogonique) de cette histoire qui emprunte plus à la chasse à la baleine et au manga Drifting Dragons qu’à Star Trek, We only find them réussit haut la main son passage en donnant très envie de lire une suite certainement aussi structurée que cette ouverture.[...]



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Les gardiens de la galaxie, tome 2 : C'est ..

Ce tome fait suite à Guardians of the Galaxy by Al Ewing Vol. 1: Then It's Us: It's On Us (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes à 6 à 12, initialement parus en 2020/2021, tous écrits par Al Ewing, dessinés et encrés par Marcio Takara pour les épisodes 6 à 8, et par Juann Cabal pour les épisodes 9 à 12, mis en couleurs par Federico Blee. Les couvertures originales ont été réalisées par Rafael Albuquerque. Il contient également les couvertures alternatives de Ryan Brown, David Finch et Meghan Hetrick.



Sur Halfworld, Richard Rider tient son casque de centurion entre les mains : il se trouve dans le cabinet du psychologue pour vétérans de la guerre Annihilation, et il explique son cas. Depuis qu'il est enfant, tout a toujours été de sa responsabilité : gagner une partie de basket, combattre un supercriminel, stopper la vague d'Annihilation, manier le cube cosmique. Son père lui a toujours répété que si quelque chose doit être fait, c'est à lui, Richard, de le faire. Il revient sur la mission qui s'est déroulée sur le monde de Daggett, avec Moondragon, Rocket Raccoon, et l'intervention de l'équipe de Gamora. Il observait tout ça depuis le vaisseau des Gardiens. Il se tient pour responsable de la mort de son meilleur ami : Peter Quill. Il évoque le fait qu'il a pu s'assoir à la table de Gamora dans le bar Gosnell sur Dolo-Mayan. Ils ont estimé qu'ils pouvaient prolonger le cessez-le-feu entre eux. Ils ont commencé à échanger les banalités d'usage, sur l'état de santé de Heather Douglas, dire bonjour à Groot, et évité les sujets qui fâchent comme Rocket ou la mission sur Olympus. Puis ils ont évoqué le bon vieux temps, leur rencontre, la guerre, la première fois que Richard a vu une planète détruite.



Une fois les batailles d'Empyre terminées, les Gardiens se trouvent à bord de leur vaisseau Bowie pour aller participer à la conférence diplomatique qui se déroule sur Proscenium. À bord du vaisseau se trouvent Noh-Varr (Marvel Boy), Hercule, Phyla-Vell (Captain Marvel), Heather Douglas (Moondragon), Groot, Noh-Varr (Marvel Boy) et Richard Rider (Nova), ces deux derniers siégeant au conseil, le premier en tant que représentant de la faction utopiste des Kree, le second des humains. Une fois sur place, ils rejoignent les autres représentants : Nymbis Sternhoof pour les Kymelliens, Val-Lor pour l'alliance Kree/Skrull, Mentacle pour les Rigelliens, Oracle-2 pour les Shi'ar, Zoralis Gupa pour les planètes de la frontière, Loni Ho Ako pour les Badoons, l'impératrice Victoria pour Spartax, Peacebringer pour les Chitauri, et Kl'rt également pour l'alliance Kree/Skrull. Seul l'empereur Stote manque à l'appel, en tant que représentant des Zn'rx. Le conseil parvient à un consensus : le maintien des traités existants, même après l'alliance improbable des Krees et des Skrulls. Une fois la séance levée, Noh-Varr se rend aux toilettes. Il découvre l'empereur Stote grièvement blessé en train de rendre son dernier soupir, qui a juste le temps de dire que c'est un métamorphe qui lui a tiré dessus. Val-Lor fait irruption et conclut immédiatement que c'est Noh-Var qui a tué Stote. Il dégaine son pistolet.



Tout commence par la séance chez le psychologue de Richard Rider : la page le montre comme s'il se tenait face caméra, un dispositif narratif initié par Dan Abnett & Andy Lanning lors de leur saison débutée en 2008. Ici, le scénariste fait un travail de mise à niveau pour le lecteur : où en est Richard Rider dans sa vie, quel est son état d'esprit. Du coup, cet épisode recèle de nombreuses références à la partie cosmique de l'univers Marvel : les gardiens de la galaxie bien sûr, le sort de Peter Quill, la référence à Annihilation (2006) de Keith Giffen. Il évoque également de nombreux personnages appartenant à l'équipe des Gardiens de la Galaxie ou à l'équipe satellite de Gamora : Marvel Boy, Hercule, Captain Mavel, Moondragon, Groot, Rocket Raccoon, mais aussi Drax et Prince of Power (Otherone). Le dessinateur réalise énormément de plans poitrine sur les personnages qui semblent alors s'adresser directement au lecteur, avec des visages assez expressifs, même s'ils auraient pu être plus nuancés et plus variés. Il prend le temps de représenter chaque uniforme de superhéros conformément à ses caractéristiques, et il reprend des images iconiques aisément reconnaissables : la base du trafiquant d'énergie, le barbecue des Gardiens, et bien sûr Nova en train de voler dans l'espace.



Après cet épisode charnière, le lecteur découvre une bien étrange enquête. Le scénariste n'a pas d'autre possibilité que de faire le lien avec les conséquences de [[ASIN:1302924389 Empyre]] (2020) d'Al Ewing, Dan Slott et Valerio Schitti. Il réussit à éviter de développer un combat contre les cotatis et leurs ennemis, et saute directement aux conséquences de cette histoire, pour une enquête dans un lieu clos, la salle où s'est tenue la conférence diplomatique. Nova a décidé de faire appel à un de ses amis pour mener l'enquête. Surprise : le scénariste décide de raconter une histoire en 2 épisodes, entièrement immergée dans la continuité du moment de l'univers partagé Marvel, et totalement lisible même pour ceux qui n'ont pas lu ou pas du tout suivi Empyre. Marci Takara peut abandonner les cadrages de type plan poitrine pour des prises de vue un peu plus larges. Ses dessins restent très focalisés sur les personnages, et il a fort à faire. L'intrigue met en scène les 12 délégués, chacun appartenant à une race extraterrestre différente, déjà bien établie dans l'univers partagé Marvel, et il faut en reproduire les caractéristiques avec exactitude. Il accomplit son travail de manière très professionnelle, avec une mise en scène et des plans de prise de vue qui évitent la monotonie pourtant très probable dans ce genre d'enquête dans un lieu unique. Le lecteur se rend compte qu'il marque régulièrement une pause, le temps de déchiffrer une émotion inattendue sur un visage singulier : l'exaspération hostile de Phyla-Vell, l'amusement sur le visage très jeune de Noh-Varr, la roublardise sur celui de Rocket Raccoon, l'intense regard magnétique souligné par son maquillage d'Heather Douglas, l'amusement plein d'assurance sur le visage de la coupable quand elle révèle sa véritable apparence. Le lecteur apprécie beaucoup cette recherche du coupable, pour une intrigue inattendue, tout en accusant le coup pour la dernière page : un dessin en pleine page représentant le prochain ennemi.



En effet, avec l'épisode suivant, le scénariste doit à nouveau intégrer le grand événement du moment dans l'univers partagé Marvel : King in Black (2020/2021) par Donny Cates & Ryan Stegman. Mais avant, le lecteur découvre un autre épisode de facture différente : le numéro 9 se focalise sur Peter Quill et ce qui lui est arrivé après avoir été déclaré mort dans le premier tome. Juann Cabal se montre plus expérimental dans sa mise en page, que Marcio Takara avec des cases de la largeur de la page, de la hauteur de la page, et des constructions en triangle. L'histoire déstabilise : il n'y a pas d'explication claire de la survie du personnage et il entame une vie nouvelle en compagnie d'un couple Aradia & Mors. Le lecteur se retrouve emporté par les années qui passent, les missions plus évoquées que détaillées, et les relations qui s'installent dans ce triangle amoureux. Il en ressort que Quill a vécu plus d'une vie entière (144 ans) et qu'il a étendu le spectre de sa sexualité. Du fait de la narration tout en ellipse, le lecteur en ressort mi-figue, mi-raisin, espérant que les conséquences de cette singulière expérience seront explorées dans les épisodes suivants.



Le lecteur est presque rassuré de revenir à un épisode beaucoup plus classique : les Gardiens se battent contre une manifestation de Knull, le dieu des symbiotes Klyntar sur la planète Spartax. Le dessinateur est en grande forme, que ce soit pour le découpage des planches, avec des cases de la largeur de la page, ou de la hauteur de la page, des cases en triangle, et d'autres découpages originaux et lisibles, avec des affrontements spectaculaires bien rehaussés par la mise en couleurs. Un épisode très superhéros contre une créature formidable et menaçante, avec des surprises quant aux nouvelles capacités de Star-Lord. D'une certaine manière, les auteurs reviennent à leur intrigue principale avec le retour des dieux de l'Olympe qui viennent exercer leur vengeance en éliminant les Gardiens de la Galaxie. À nouveau deux épisodes pleins de bruit et de fureur, d'utilisations spectaculaires de superpouvoirs, avec des visuels qui décoiffent. Les auteurs n'hésitent pas à passer en mode conceptuel pour l'attaque contre Athena, en utilisant une onomatopée comme arme, un moment inventif, même si leconcept d'un être ayant dépassé l'usage du langage reste peu convaincante. Le lecteur apprécie l'entrain et l'investissement des auteurs dans ce combat haut en couleurs, même s'il a du mal à accepter que ces dieux se fassent remettre à leur place de manière aussi peu conventionnelle.



Deuxième tome de cette saison écrite par Al Ewing : il s'avère aussi décousu qu'inventif et décoiffant. Le scénariste fait avec les obligations du moment Empyre et King in black, en en tirant le meilleur parti possible, c’est-à-dire en les mettant au service de son récit au long cours. Dans un premier temps, il n'est pas facile de s'en rendre compte car il s’agit presque de cinq histoires indépendantes : la séance de thérapie de Richard Rider, l'enquête sur un double assassinat, la vie de Peter Quill dans une autre dimension, le combat contre le dragon Klyntar, le retour des Olympiens. Le premier dessinateur réalise une narration facile à suivre, à défaut d'être très personnelle. Le second s'avère plus inventif, avec des pages magnifiques et mémorables. Dans le même temps, le lecteur apprécie la manière dont le scénariste varie les angles de narration, avec une enquête très réussie, et celle dont il développe petit à petit la personnalité des Gardiens, que ce soit l'expérience hors du commun de Peter Quill, le sentiment de responsabilité de Richard Rider, la remise en question de l'intimité entre Phyla-Vell et Heather Douglas du fait de la nature composite de cette dernière (616 & 18897). Il lui tarde de découvrir les nouvelles aventures de l'équipe dotée d'un nouveau statut dans la dernière page, et composée de 12 membres.
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Les gardiens de la Galaxie, tome 1 : Alors,..

Ce tome fait suite à Guardians of the Galaxy by Donny Cates Vol. 2: Faithless (annuel 1, épisodes 7 à 12) qu'il vaut mieux avoir lu avant car il est fait référence à certains événements s'y déroulant. Il comprend les épisodes 1 à 5 d'une nouvelle saison, initialement parus en 2020, écrits par Dan Slott, dessinés et encrés par Juann Cabal, avec l'aide de Nina Vakueva, Chris Spouse & Karl Story, Belén Ortega pour l'épisode 3. Les couleurs ont été réalisées par Federico Blee, avec l'aide du studio Guru-FX pour l'épisode 4. Les couvertures ont été réalisées par Juann Cabal avec des couleurs de Dean White.



Sur la planète Elysion-3, une colonie de la faction Kree Utopie, Kree-lar s'apprête à partir au travail. Il souhaite une bonne journée à son épouse, il dit quelques mots rassurants à son fils et lui promet d'échanger avec lui sur ses inquiétudes. Il sort et va retrouver un collègue, sous le regard bienveillant de l'Intelligence Suprême (Plex) qui rayonne dans le ciel dégagé. Ils évoquent la chance qu'ils ont d'être sur une planète au calme, éloignée de l'empire Kree. Soudain le ciel s'embrase et la planète s'enflamme. Un énorme vaisseau est apparu et il en sort Zeus qui tonne que le temps de la paix est révolu. Sur la planète Halfworld, Peter Quill apporte une énorme dinde à table, pour servir Rocket Raccoon, Drax le destructeur, Heather Douglas, Phyka-Vell. Groot apporte une salade, et Gamora surveille le barbecue. Au fil de la discussion, ils constatent qu'ils sont contents de pouvoir prendre du repos, d'être au calme et qu'ils ont l'impression de former une famille. le repas est interrompu par l'arrivée de Nova (Richard Rider) qui vient requérir leur aide. Ils passent à l'intérieur et se rassemblent dans le salon pour qu'il puisse leur projeter les images de la destruction d'Elysion-3. Il leur explique qu'il s'agit du retour des dieux de l'Olympe terrestre et qu'ils sont dans une phase de fin du monde. Gamora indique qu'ils ne souhaitent pas se lancer dans une nouvelle aventure, mais qu'ils préfèrent jouir de leur temps en famille. Rider comprend et accepte l'aide de Moondragon et Captain Marvel qui sont d'un autre univers et n'appartiennent donc pas à cette famille.



Au milieu de la nuit, Peter Quill n'arrive pas à trouver le sommeil, et il se souvient du vieillard qui lui avait dit qu'il avait été choisi pour un grand destin. Il sort discrètement du lit et rejoint son vaisseau spatial Bowie. Il y trouve Rocket qui l'attend. Ils partent, et en cours de vol, Peter envoie un message à sa compagne Gamora pour s'excuser. Ils rejoignent Nova dans la base Rock des Nova. Rider leur présente ses recrues : Captain Marvel et Moondragon, et un nouveau venu Noh-Varr (Marvel Boy). Rocket n'est pas très impressionné par les ongles explosifs de ce dernier et demande à Richard où sont les autres recrues. Rider explique que la guerre civile des Kree est en pause, que les Skrulls font exploser des soleils, que la royauté des Shi'ar essaye de remplacer Gladiator et que personne ne veut le croire quand il dit que tout ça cache une menace encore bien plus grande. Il n'y a qu'eux pour s'occuper des dieux de l'Olympe. Rocket Raccoon et Star Lord acceptent de rejoindre cette itération des Gardiens de la Galaxie. le premier conçoit une stratégie pour arrêter les dieux de l'Olympe : il s'agit de se répartir en 2 groupes, l'un qui va implanter une bombe trou noir dans la citadelle Olympe, l'autre qui détourne l'attention des dieux à l'occasion de leur prochaine attaque sur une planète pour la détruire. Captain Marvel et Nova s'occupent des dieux : Zeus, Appolon et Hera. Rocket, Marvel Boy, Moondragon et Star-Lord se rendent sur Olympe pour implanter la bombe.



Ce tome comprend 3 chapitres distincts : la mission pour arrêter les dieux de l'Olympe dans l'épisodes 1 & 2, l'épisode 3 pour faire le deuil d'un gardien décédé, et un contrat d'assassinat qu'ont accepté les gardiens restants (tuer Rocket). Dès le premier chapitre, le lecteur se demande qui sont ces personnages. À l'évidence, Rocket, Peter Quill et Groot sont ceux qu'il connaît bien, c'est-à-dire la version correspondant à la réalité principale de l'univers partagé Marvel, référencée sous l'appellation de Terre-616. Une ou deux remarques en passant attire son attention sur le fait qu'il n'en va pas de même pour Moondragon & Captain Marvel, encore moins pour Marvel Boy. de plus, les personnages font référence à des événements complexes qui sont censés être connus du lecteur. Il s'agit de ceux survenus dans la saison précédente réalisée par Donny Cates (scénario) & Geoff Shaw (dessins). Mais le fait que Heather Douglas provienne d'une réalité de héros remonte avant. Elle provient en fait de la Terre référencée TRN707, tout comme Phyla-Vell. Pour avoir une idée de ce que cela veut dire, il faut se souvenir de Infinity Countdown (2018) et Infinity Wars (2018) écrits par Gerry Duggan, ou s'y replonger. le cas de Noh-Varr est un peu différent, mais il provient également d'une autre réalité (TRN200008), et Drax est venu de la Terre TRN666, mais ça s'est effectivement déroulé dans la saison précédente. Ne pas disposer de ces connaissances préalables diminue de manière significatives la compréhension de certains événements, à commencer par le fait que Heather et Phyla ne font pas partie de la famille de gardiens, et partent avec Nova.



D'un autre côté, Al Ewing accorde de l'importance à la continuité dans toutes les séries qu'il écrit : il estime que les séries de superhéros sont des feuilletons continus et qu'en conséquence de quoi prendre en compte les événements antérieurs est un attendu implicite pour le lecteur. Il nourrit d'ailleurs son récit de la richesse de l'univers partagé Marvel avec des éléments divers comme le panthéon de dieux grecs, Marvel Boy (un personnage créé par Grant Morrison et JG Jones en 2000), Blackjack O'Hare et Halfworld créés par Bill Mantlo, Keith Giffen, Sal Buscema et Mike Mignola en 1976-1982, ou encore le Dragon de la Lune créé par Peter Brad Gillis & Don Perlin en 1984 dans la série Defenders. le scénariste sait tirer parti de cette richesse pour montrer que l'histoire se situe dans un monde très développé, avec des ressources inépuisables. Il propose de suivre les héros dans une mission pour neutraliser des dieux, puis dans une mission d'infiltration pour découvrir la nature réelle d'une centrale d'énergie, trop belle pour être vraie. Leur aventure les emmène dans l'espace, sur plusieurs planètes différentes, sans oublier le vaisseau spatial Bowie, et Knowhere le temps d'un souvenir.



Juann Cabal poursuit sa carrière chez Marvel, et arrive sur ce titre après avoir dessiné les séries Elektra (2017), All-new Wolverine (2018, Friendly Neighborhood Spider-Man (2019). Il réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contour fins, ce qui rend ses dessins faciles et agréables à lire. Il sait comment faire pour s'affranchir de représenter les décors dans chaque fond de case, mais il n'en abuse pas. le coloriste effectue un excellent travail : jeu sur les nuances pour rehausser le relief des surfaces détourées, choix des couleurs de manière à faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, mise en œuvre des effets spéciaux à bon escient pour l'usage des superpouvoirs, l'incendie qui ravage tout, les halos des dieux de l'Olympe, et parfois une approche naturaliste pour la séquence de détente sur la plage où Rocket sirote des punchs. le dessinateur passe du temps sur ses planches pour représenter chaque costume dans le détail, assurant une reconnaissance immédiate de chaque personnage, et leur conférant une grande consistance. Il réalise également de superbes représentations des différents environnements : l'urbanisme ouvert accordant une grande place à la verdure sur Elysion-3, le feu ravageant ce même paysage, la grande table dressée dans le jardin pour un Thanksgiving extraterrestre, la cité de l'Olympe, la décoration du bureau de Castor Gnawbarque III (avec Groot en train de lire Captain Marvel: The Death of Captain Marvel de Jim Starlin, 1982), la plage de Daggett, le poste de pilotage du Bowie. Régulièrement, il construit une page ou une double page de manière originale : la simultanéité du combat contre les olympiens et la progression dans leur citadelle dans une double page en rosace circulaire, Marvel Boy progressant dans les conduites de la centrale d'énergie, Moondragon subissant le mélange de deux flux de conscience. L'épisode 3 est l'occasion de retrouver Chris Sprouse avec son encreur attitré Karl Story, pour de jolies pages. Les deux autres artistes sont moins élégants, plus laborieux.



En fonction de son implication dans ces personnages et de sa maîtrise de la continuité de cette période, le lecteur apprécie plus ou moins le récit. Il prend plaisir à la narration visuelle, détaillée et agréable à l'œil, avec des pages inattendues qui sortent de l'ordinaire des comics mensuels. Il lui faut un peu de temps pour comprendre que tous les personnages présents ne sont pas originaires de la même dimension, ce qui explique par exemple que Moondragon n'estime pas faire partie de la famille des Gardiens et que Phyla-Vell puisse porter le nom de Captain Marvel, normalement réservé à Carol Danvers. Les 2 missions accomplies par l'équipe s'avèrent divertissantes et inventives, que ce soit la manière de vaincre des dieux, ou ce qui se cache dans cette centrale d'énergie.
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Valkyrie, tome 1 : Le sacré et le profane

Ce tome fait suite à War of the Reams qu'il vaut mieux avoir lu avant, même si les faits principaux sont rappelés en cours de route. Il contient les épisodes 1 à 5, ainsi que les 8 pages parues dans War of the Realms: Omega, coécrits par Jason Aaron & Al Ewing. L'introduction dans Omega a été dessinée et encrée par Ron Garney et mise en couleurs par Matt Milla. Les épisodes 1, 2, 4 et 5 ont été dessinés et encrés par Carlos Alberto Fernandez Urbano (CAFU), avec une mise en couleurs de Jesus Aburtov. L'épisode 3 a été dessiné par Ramón Pérez (5 pages), Cian Tormey & Roberto Poggi (11 pages), Frazer Irving (4 pages). Les couvertures ont été réalisées par Mahmud Asrar (épisodes 1, 2, 4, 5) et Dave McCaig (é4) Les couvertures variantes ont été réalisées par Terry Dodson, Will Sliney, Russell Dauterman, Kim Jacinto, Stéphanie Hans, Ema Lupacchino, David Lopez, Paul Renaud, David Yardin.



Dans la morgue du centre médical McCarthy, Jane Foster pense à ce qu'elle est : une doctoresse, une survivante du cancer, une ancienne Thor. Elle a survécu mais le marteau non : il s'est brisé. Elle est rejointe dans la pièce par Lisa Halloran, ancienne compagne d'America Chavez. En réponse à une question de cette dernière, elle indique que le bracelet à son poignet gauche est en fait Undrjarn l'arme totale, une sorte d'arme protéiforme. Thor Odinson fait son entrée dans la pièce : il vient se recueillir devant la dépouille de Brunnhilde et indiquer à Jane Foster que toutes les valkyries sont mortes. Soudain l'esprit de Brunnhilde apparaît et elle demande à Jane Foster si elle accepte son héritage. Jane acquiesce et devient la nouvelle Valkyrie. Quelques temps plus tard, elle intervient dans les rues de New York pour arrêter un cambriolage en cours : le gang des Fast Five s'est introduit dans le site de stockage de la société Damage Control et a récupéré les armes des neufs royaumes qui y ont été entreposées après la guerre des Royaumes. Ce gang se compose de Blue Streak (Jonathan Swift), Green Light (Janine), Silver Ghost, Redline et Gold Rush (Mike Swift). Valkyrie parvient à les arrêter, sauf Silver Ghost qui réussit à s'enfuir avec Drangonfang, l'épée ayant appartenu à Brunnhilde.



Après ce combat, Jane Foster se rend compte qu'elle est en retard pour son entretien d'évaluation avec la docteure Regina Hagen. Cette dernière lui explique que du fait de son manque de régularité et de ponctualité, elle est obligée de la réassigner à un nouveau poste : médecin assistante au médecin légiste de la morgue : le docteur Rudy Gillepsie. Son premier entretien avec ce dernier se déroule devant le corps de Gold Rush, l'un des Fatal Five. Après avoir récupéré Dragonfang, suite à un affrontement acharné contre un supercriminel expert dans le maniement des armes, Valkyrie se charge d'emmener Heimdall dans un royaume que même ses yeux ne peuvent pas pénétrer. Au cours de ces aventures, Jane Foster se retrouve responsable d'un cheval ailé, se faisant appeler Monsieur Horse, et doté du don de la parole, pas facile à caser dans son appartement. Un peu plus tard, elle se rend à la conférence de l'historienne Annabelle Riggs. Alors que Jane Foster et Lisa Halloran s'apprêtent à lui poser une question à la fin de son intervention, Stephen Strange (présent dans l'assistance) se lève et lui demande de quoi est fait le miroir qui se trouve derrière elle



Jason Aaron a écrit les aventures de Thor de 2012 à 2019, soit un peu plus de quatre-vingts épisodes. Au cours de cette saga, il a réservé un rôle proéminent à Jane Foster, et l'a confronté à un cancer, ainsi qu'à sa mort. À l'issue de War of Realms, il apparaissait que ce personnage n'était pas au bout de ses aventures. Avec ce premier tome, Jason Aaron raconte ce qu'elle est devenue. Certainement pour des questions de temps, il a décidé de se faire aider par un coscénariste : Al Ewing, lui aussi auteur de talent. Le lecteur vient donc découvrir la suite des aventures de Jane Foster. Les coscénaristes disposent d'une certaine latitude. Certes, ils doivent être cohérents avec les précédentes Valkyries dont Brunnhilde : des femmes issues du panthéon nordique, capables de distinguer qui va bientôt mourir. Ils font d'ailleurs référence à d'autres valkyries telles que Danielle Moonstar (pouvoir acquis lors de X-Men: The Asgardian Wars), ou celle (créée par Saladin Ahmed & Javier Rodriguez) apparue dans la série Exiles de 2018, et bien sûr les Dísir (créées par Kieron Gillen, Niko Henrichon et Doug Braithwaite) apparues dans la série New Mutants de 2010. Cette nouvelle Valkyrie est donc capable de percevoir les individus qui vont bientôt mourir (apparition d'une tête de mort dans une sphère au-dessus d'eux). Elle dispose aussi d'un bracelet bien pratique Undrjarn, l'arme totale. Pour faire bonne mesure, CAFU l'habille d'un plastron en cotte de maille, et d'un pantalon noir moulant avec des genouillères argentées, lui donnant une fière allure guerrière, évoquant Thor grâce à son casque. Il montre Undrjarn d'abord sous la forme d'un bracelet, avant de la représenter sous des formes très diverses, laissant supposer qu'aucune forme n'est hors de sa portée et que Valkyrie utilise une arme toute puissante, lui apportant un avantage décisif dans chaque combat.



Le lecteur se lance à la découverte de ce nouveau personnage, un peu déstabilisé par les choix des auteurs. Pour commencer, ils décident de montrer Jane Foster en butte à l'impossibilité de concilier un métier avec des interventions inopinées exigeant sa présence de superhéros. Il se rend compte que la plupart des auteurs a abandonné cette veine-là car elle débouche toujours sur la mise en avant du caractère inconciliable des 2, exigeant de fait une augmentation significative de la suspension consentie d'incrédulité. Ensuite, ils ne cherchent pas à construire un ennemi spécifique à cette nouvelle superhéroïne, se contentant d'aller piocher parmi ceux de Daredevil, des Avengers et d'encore un autre personnage. Enfin, ils ne racontent pas une histoire sur 5 épisodes, mais plutôt 3 aventures : récupérer Dragonfang l'épée de Brunnhilde, emmener Heimdall là où il ne peut pas voir, et récupérer l'âme de Doctor Strange. Sans oublier d'ajouter un cheval ailé parlant, un peu sarcastique, mais pas trop, totalement impossible à prendre au premier degré. Carlos Alberto Fernandez Urbano dessine d'une manière descriptive et réaliste : lorsque le lecteur voit monsieur Cheval dans le salon de l'appartement de Jane Foster, il est évident qu'il ne passe pas par l'embrasure de la porte. Étrangement, c'est le seul élément visuel qui dépare du fait de la qualité descriptive des dessins de CAFU.



Tout du long des 4 épisodes dessinés par CAFU, le lecteur bénéficie d'un spectacle de grande qualité, avec un niveau de détails impressionnant : l'aménagement du bureau de la docteur Regina Hagen, les portes ouvragées du Valhalla, les immeubles de New York, le bureau de Mephisto à Los Angeles. Il dispose également de 2 épisodes décrivant chacun une bataille aérienne, au cours desquelles il peut se concentrer sur la représentation des personnages et laisser Jesus Aburtov habiller les images avec une mise en couleurs très soignée, apportant texture, luminosité et rehaussant les reliefs. Les personnages de CAFU sont remarquables, que ce soit les civils, chacun avec leur tenue vestimentaire spécifique et en phase avec leur personnalité, ou les superhéros majestueux, vifs pendant les combats, et des manifestations de superpouvoirs spectaculaires sans être criardes. Le lecteur prend grand plaisir à ces dessins soignés, montrant des personnages civils plausibles et naturels et des superhéros et ennemis hauts en couleur, avec une grande cohérence visuelle. Il effectue la comparaison avec les 5 pages de Ramon Pérez, avec une approche graphique très similaire jusqu'à en être identique, mais des personnages pas tout à fait aussi incarnés que ceux de CAFU. Cian Tormey (encré par Roberto Poggi) réalise des contours beaucoup moins peaufinés, légèrement anguleux, contrastant de suite avec ceux de CAFU, mais avec une mise en page plus inventive. Le changement d'apparence est justifié par le fait que le récit ne se déroule pas dans le même monde. Le lecteur se délecte avec les pages de Frazer Irving, avec un extraordinaire jeu sur les couleurs, passant dans un registre plus abstrait, en parfaite cohérence avec le phénomène en train de se produire.



Arrivé à la fin du tome, le lecteur prend conscience qu'il a passé un bon moment. Jason Aaron & Al Ewing reviennent effectivement à des considérations sur les superhéros qui évoquent des décennies passées, mais il ne s'agit pas d'une forme de nostalgie. En particulier, la mise en scène de l'incapacité de Jane Foster à être ponctuelle et assidue à son travail fait apparaître par ricochet une caractéristique de sa mission de Valkyrie, et une autre de ses convictions profondes, les scénaristes ayant eu recours à cette impossibilité de concilier ces 2 responsabilités pour développer leur personnage. Les coscénaristes ont su également insuffler une réelle personnalité à Jane Foster, et montrer en quoi Valkyrie n'est pas une superhéroïne de plus. Ils bénéficient des dessins très agréables et soignés de CAFU pendant 4 épisodes. Ramon Pérez s'est calqué dessus, Cian Tormey et Frazer Irving mettant à profit leurs différences de dessin car les séquences se déroulent dans des environnements bien différents. Le lecteur croise les doigts pour que la suite des aventures de Jane Foster soit de la même veine.
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Immortal Hulk, tome 3 : Ce monde, notre enfer

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 2: The Green Door (épisodes 6 à 100) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour comprendre l'intrigue et les événements auxquels se réfèrent les personnages. Ce tome-ci comprend les épisodes 11 à 15, initialement parus en 2019, écrits par Al Ewing. Joe Bennett a dessiné les épisodes 11 à 13 et 15, avec un encrage de Ruy José, aidé par Belardino Brabo et Rafael Fonteriz pour l'épisode 13. Les séquences dans le passé de l'épisode 12 ont été dessinées et encrées par Eric Nguyen. L'épisode 14 a été dessiné et encré par Kyle Hotz. Paul Mounts a réalisé la mise en couleurs de l'ensemble des épisodes. Alex Ross a conçu et réalisé les 5 couvertures, toujours aussi impressionnantes, plus une variante pour l'épisode 15. Ce tome contient également les couvertures variantes réalisées par Phill Noto, Geoff Shaw et Chris Stevens.



En ouverture du premier chapitre, se trouve une citation de William Shakespeare, extraite de la tempête : L'enfer est vide, tous les démons sont ici. La voix du narrateur se pose la question de savoir ce qu'est l'Enfer, et estime qu'il s'agit de l'absence de Dieu, alors que défilent des images de drame : pavillon en feu, personne seule pleurant sur un banc, squelette d'animal, nouveau-né mort dans son berceau, accident de la route, personne âgée et malade. Hulk progresse dans l'environnement ravagé du monde inférieur, accompagné par Jackie McGee. Ils traversent une ville détruite, en se dirigeant vers la colonne de feu verte qui s'élève d'un promontoire et perce la couche nuageuse. Jackie McGee se justifie auprès de Hulk en lui expliquant pourquoi elle veut devenir comme lui. Ils sont interrompus par une voix. En se retournant, ils découvrent qu'i s'agit du cadavre de Rick Jones, dans sa jolie veste verte à rayure qu'il portait lors du test gamma initial, qui se tient debout, l'harmonica à la main, les orbites vides.



La voix désincarnée poursuit son jeu de question-réponse en s'interrogeant sur ce qu'est la colère de Dieu, et conclut qu'il s'agit de son visage qui se détourne. Dans le monde inférieur, un autre individu est prostré assis par terre en tailleur : Carl Creel (Absorbing Man). Il est interrompu dans ses excuses par l'arrivée d'Eugene Judd (Puck) qui lui fait observer que les explications scientifiques ne s'appliquent pas dans ce monde. Il lui indique également que Creel est la clef, celui qui a ouvert la porte, et celui qui doit la fermer. Il lui demande de le suivre. La vois désincarnée se demande ce qu'est la colère de Dieu, s'il a un Hulk. Pour développer son propos, alors que les images de catastrophes évoluent vers une pelure d'orange, elle évoque le concept de la Kabale, l'arbre de la vie (une carte de dix sphères, les Sephiroth) et de son opposée : le Qliphoth, terme pouvant se traduire littéralement par pelure, coquille, enveloppe. Alors que Hulk et Jackie McKee échangent avec l'enveloppe de Rick Jones, celle du père de Jackie intervient.



À la fin du tome précédent, le scénariste avait plongé Hulk dans un endroit ressemblant aux enfers ou à son antichambre à la sauce Marvel, faisant craindre au lecteur une explication vite faite mal faite du comportement du personnage. De fait Hulk progresse dans une paysage dévasté dépourvu d'habitants sauf pour quelques individus censés être morts dont Brian Banner déjà présent dans les épisodes précédents. Comme prévu, l'histoire progresse jusqu'au combat contre un gros monstre méchant à proximité du pilier de lumière gamma, et cette phase de l'intrigue se conclut. L'épisode 14 est consacré à Betty Banner alors qu'elle assiste à l'enterrement de Ross Banner et qu'elle écoute l'eulogie prononcé par le général Réginald Fortean, puis lorsqu'elle rentre chez elle espionnée par Carl Burbank (Bushwacker). Le dernier épisode voit le retour d'un autre individu touché par les rayons gamma et également présumé mort. Al Ewing fait progresser son intrigue, en conservant le même principe moteur : les rayons gamma ne sont pas qu'un phénomène scientifique et une force surnaturelle les a contaminés.



Alors que la série conserve son rythme de parution bimensuelle, Joe Bennett continue de réaliser des planches de très bonne facture. Eric Nguyen ne dessine que 3 planches de l'épisode 11, celles qui viennent illustrer les réflexions de la vois désincarnée, à chaque fois 3 bandes de 2 cases montrant les situations dramatiques, puis la pelure d'orange, avec une mise en couleurs en nuances de gris. Dans l'épisode 13, Belardino Brabo illustre 6 pages qui elles aussi correspondent à un retour dans le passé. Ses cases sont un peu plus aérées que celles de Bennett, avec la même approche pour appuyer la souffrance du jeune Bruce face à son père Brian. L'épisode 14 se focalisant sur Betty Banner, l'intervention d'un autre dessinateur fait sens en termes narratifs. L'influence de Kelley Jones imitant Bernie Wrightson ne se fait pratiquement pas sentir dans les planches de Kyle Hotz. Il fait apparaître l'état d'esprit des personnages avec une bonne intensité sur leur visage, que ce soit l'air buté de Betty Banner en écoutant le discours de Reginald Fortean, ou que ce soit la conviction de celui-ci pour s'assurer que ses auditeurs ne peuvent pas rater ses sous-entendus diplomatiques. Il accentue quelques angles de vue pour les scènes hautement chargées en émotion. Il effectue un travail remarquable sur la texture de la pluie : le lecteur en ressort avec l'impression d'être trempé jusqu'à l'os. Sa représentation de Bushwacker et de Hulk est horrifique à souhait. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut prendre cette narration visuelle au premier degré : elle est alors très savoureuse. Il peut aussi parfois y voir un jeu sur les conventions visuelles des films d'horreur des années 1950 : elle n'en est alors que plus savoureuse.



Le lecteur retrouve avec plaisir les couvertures très inspirées d'Alex Ross, que ce soit la silhouette décharnée de Hulk s'extirpant de la terre parcourue par la lave pour l'épisode 11, ou son corps massif allongé sur un divan avec ses arcades sourcilières proéminentes pour une séance avec Leonard Samson pour l'épisode 15. À l'intérieur, Paul Mounts continue lui aussi de faire un travail de mise en couleurs riche qui nourrit les cases, en jouant sur les nuances pour rehausser le relief des surfaces, tout en conservant une bonne lisibilité en soulignant entre le contraste entre les différentes formes. Tout du long des 3 premiers épisodes, il baigne chaque case d'une lueur rouge orangé évoquant le feu qui couve dans les enfers, l'opposant au vert irradié par la colonne de feu gamma. Dans l'épisode 14, il utilise des teintes plus sombres pour évoquer le deuil et la menace qui pèse sur Betty Ross. Dans le dernier épisode, il joue sur des teintes violettes pour évoquer une nuit baignant dans la lumière des étoiles.



La narration de Joe Bennett reste dans un registre superhéros mettant en œuvre les conventions associés : musculature et carrure impossible de Hulk, coups de poing assénés en plein visage, brutalité des affrontements à main nue. Il continue d'intégrer les éléments horrifiques avec élégance : le corps décharné de Hulk, le visage de Hulk indiquant une volonté de fer inflexible jusqu'à l'obsession, un crevage d'œil avec 2 pouces enfoncés dans les orbites en gros plan, le sourire de dément de Hulk dans la dernière page de l'épisode 12, la blessure à l'œil droit de Leonard Samson. À chaque fois, il sait trouver le bon dosage pour provoquer une réaction de recul, sans exagérer au point de passer dans un registre involontairement comique. Alors que les 3 premiers épisodes se déroulent essentiellement dans une zone désertique sans beaucoup de relief, la mise en scène arrive à montrer es déplacements des personnages en fonction du relief du terrain, à donner un sens de profondeur, au lieu d'individus en train de gesticuler sur une scène vide, la mise en couleurs de Paul Mounts nourrissant bien les dessins. Dans le dernier épisode, le lecteur peut constater que l'artiste s'investit pour représenter les environnements avec un niveau de détail satisfaisant. Il remarque le nom du cimetière (Severin, un hommage à John Severin qui a dessiné plusieurs épisodes de Hulk). Il se rappelle également l'enseigne Hellstorm sur un immeuble au début (un signe annonciateur de la future apparition d'un personnage ?). Le lecteur est également impressionné par la minutie de l'encrage, approche inhabituelle pour Norm Ramund, qui apporte une texture presque tactile à de nombreux éléments.



Comme dans les autres tomes, le scénariste a inclus une citation en exergue de chaque épisode, extraites de La tempête de William Shakespeare, de l'Évangile selon Saint Jean, des Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski, de La chambre du Cœur d'Anaïs Nin, et des Intuitions d'Albert Camus. Dans un premier temps, le lecteur est un peu inquiet quant au discours de la voix désincarnée, se lançant sur des considérations sur Dieu et le diable, sachant que dans l'univers partagé Marvel, il n'est pas question d'aborder ces questions d'un point de vue religieux, car c'est à la fois inconvenant et prendre le risque de s'attirer les foudres d'un groupe de pression ou un autre, l'affaire pouvant même être montée en mayonnaise jusque dans des médias traditionnels. Il s'attend donc à voir ressortir un diable de pacotille comme Mephisto, et des tours de passe-passe ridicules. En fait, Al Ewing oriente cette réflexion dans une autre direction. Il ne se focalise pas sur le diable de la Bible, mais évoque des entités maléfiques issues d'autres religions et d'autres systèmes de croyance, voire de mythologies. Il ne se lance pas dans une réflexion théosophique, malgré la mention des Sephiroth et du Qliphoth. La mention de Thaumiel évoque des forces opposées sans cesse en guerre l'une contre l'autre. Le parallèle avec Hulk qui est l'expression des traumatismes de Bruce Banner, des conflits psychiques qu'il ne peut pas résoudre emmène cette représentation de l'enfer et de l'existence d'une entité maléfique vers une métaphore psychologique de ce qu'est Hulk.



Al Ewing et Joe Bennett continuent de mettre en scène Hulk aux frontières de l'horreur et du conflit psychique, l'emmenant aux enfers. Leur narration s'avère haletante, inventive et intelligente, contournant les poncifs éculés et naïfs associés aux comics de superhéros, pour une aventure haute en couleurs et en personnages étoffés.
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Immortal Hulk, tome 2

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 1: Or is he Both? (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2018, écrits par Al Ewing. L'épisode 6 a été dessiné et encré par Lee Garbett. Les épisodes 7 à 10 ont été dessinés par Joe Bennett, encrés par Ruy José, avec l'aide de Le Beau Underwood et Rafael Fonteriz pour l'épisode 10. Les pages consacrées à Carl Creel dans l'épisode 9 ont été dessinées et encrées par Martin Simmonds. La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts. Les couvertures ont été réalisées par Alex Ross. Ce tome comprend également les couvertures alternatives de Brent Schoonover, Mike Deodato, Inhyuk Lee, Carlos Pacheco, Arthur Adams, Marko Djurdjević.



Bruce Banner se retrouve à nouveau dans une chambre minable de motel, et il repense à l'accident qui a initié sa transformation en Hulk, qui a libéré la part d'ombre de lui-même d'un côté l'esprit scientifique, de l'autre l'intuition fonctionnant presque de façon magique. Il se trouve dans le Minnesota et il fait tout pour empêcher la personnalité de Hulk de se manifester physiquement, ne pouvant pas empêcher de la voir dans le miroir en face de lui. Il soupçonne que quelque chose de maléfique teintait l'esprit de Walter Langokwski et que Hulk en a peut-être absorbé une partie avec les radiations de Sasquatch. Banner fait le calme dans son esprit pour essayer de laisser parler Hulk. Quand il rouvre les yeux, il constate qu'il a écrit un mot sur la feuille de papier qui est devant lui : maison. En Californie, Betty Banner regarde la télévision : le présentateur indique que Hulk est vraisemblablement de retour. Elle ne peut pas croire que son mari soit de retour d'entre les morts. Ailleurs, dans une base secrète, une série d'individus observent les écrans reliés à des caméras espions, en particulier celle dans le salon de Betty Banner. Le général Reginald Fortean inspecte cette installation pour contrôler ce qui s'y passe, en compagnie du docteur Jeffrey Clive, le responsable.



Dans une autre partie du complexe souterrain, Fortean & Clive font un point d'étape sur les expériences menées sur Del Fryes. Dans la base spatiale d'Alpha Flight, Michael Twoyoungmen vient de terminer son examen de Walter Langkowski, en présence d'Eugene Judd et de Jackie McGee. Pour Shaman, Sasquatch a été victime d'une forme de possession par une force primordiale qui n'est pas Tanaraq. Sur ces entrefaites, Carol Danvers arrive et indique que le général Fortean souhaite qu'Alpha Flight lui remette Langkowski dans le cadre d'une extradition expéditive. Elle indique qu'ils doivent absolument retrouver Hulk dans les plus brefs délais. Sur la route, Bruce Banner a suivi le conseil de Hulk et il se dirige vers ce qu'il considère la maison. Alors qu'il fait du stop sur la route, une silhouette entourée d'un halo lumineux le rejoint. Il s'agit de Captain Marvel, arrivant en éclaireuse des Avengers composés de Captain America (Steve Rogers), Ghost Rider (Robbie Reyes), Iron Man (Tony Stark), Thor (Odinson), Black Panther (T'Challa), et Jennifer Walters (She-Hulk). Le face à face commence par une discussion qui s'envenime rapidement.



Avec le premier tome, Al Ewing & Joe Bennett avaient proposé un premier chapitre original, associant le retour d'un héros décédé, avec des éléments d'ambiance proches du tout début de la série Hulk, des réminiscences des errances de Bruce Banner de l'époque de Bruce Jones, et une fibre horrifique pertinente. Le lecteur commence par apprécier de retrouver les couvertures d'Alex Ross comme pour le premier tome : la force brutale de Hulk brisant un miroir où se trouve une silhouette aux yeux rougeoyant (épisode 6), la majesté des Avengers en contre plongée dominant Hulk à terre (é7), la très étonnante collection de bocaux (é8), Crusher Creel déchaîné (é9), ou encore cette mystérieuse porte verte dégageant une énergie menaçante (é10) à ne pas confondre avec celle du film de 1972 réalisé par les frères Mitchell, avec Marilyn Chambers. De la même manière, Al Ewing a également repris le principe d'une citation en ouverture de chaque épisode : Vladimir Nabokov (é6), Anna Kingsford (é7), William Blake (é8), Oscar Wilde (é9), Marvin Moore (é10).



Ainsi accompagné par les couvertures et les citations, le lecteur replonge dans l'ambiance particulière de cette série. Il retrouve Bruce Banner, toujours aussi inquiet de libérer la fureur qui l'habite, ainsi qu'un Hulk monstrueux à faire peur. Al Ewing poursuit son intrigue en prenant soin de rappeler les éléments essentiels des épisodes précédents, ainsi qu'en donnant assez d'informations sur les différents personnages pour que le récit soit intelligible y compris par les lecteurs novices. Ainsi il n'y a pas besoin de disposer de connaissance préalable sur Carl Creel (Absorbing Man, apparu pour la première fois en 1965, dans Journey into mystery 114) o sur Reginald Fortean (apparu pour la première fois en 2011, dans Hulk 2-30.1). Le scénariste utilise une structure classique pour une histoire de Hulk : il est en fuite, pourchassé par l'armée, recherché par des superhéros contre qui il doit se battre, du fait de l'incompatibilité des objectifs de chacun. Il en résulte des destructions massives, parmi les civils innocents. Les personnalités de Bruce Banner et de Hulk sont en opposition de phase, le premier ayant peur du deuxième, le deuxième ayant recommencé à haïr le premier et sa capacité à le faire disparaître. Rien de bien nouveau pour une histoire de Hulk. Dans le même temps, cette forme de course-poursuites et d'affrontements enchâssés donne une dynamique entraînante au récit, avec un bon rythme, et des scènes d'affrontement régulières, le lecteur se rendant compte qu'il souhaite à chaque fois découvrir la suite.



Afin de laisser le temps à Joe Bennett de réaliser les épisodes dans de bonne condition (à un rythme de parution bimensuel), les responsables de publication ont confié l'épisode 6 à un autre dessinateur Lee Garbett, également artiste de la série Skyward de Joe Henderson. Il dessine aussi dans un registre descriptif et réaliste, sans chercher à imiter les dessins de Bennett, avec un trait de contour un peu plus lâche, un peu plus rugueux. Garbett s'en tient aux conventions visuelles des comics de superhéros, avec un degré de détails peu élevé mais suffisant pour que le lecteur sache où se déroule chaque scène. Si les superhéros semblent manquer un peu de superbe ou de présence, les séquences avec les civils sont plus convaincantes, à commencer par Bruce Banner ébouriffé, assis sur son lit, une tasse à la main, désemparé. Le lecteur retrouve donc avec plaisir les dessins aux contours plus peaufinés et discrètement arrondis par l'encrage de Ruy José, avec une impression de texture plus soutenue, et une présence massive de Hulk, plus en force des superhéros qu'il affronte. De ce point de vue, les dessins de Joe Bennett font plus sens, à la fois parce qu'il est le dessinateur initial de la série, à la fois parce qu'il se conforme mieux aux attendus du lecteur quant à l'esthétique superhéros. Le fait qu'une page sur deux de l'épisode 9 soit dessinée par Martin Simmonds est justifié par la structure du scénario puisqu'une page sur deux est consacrée à Hulk, et l'autre (celle dessinée par Simmonds) est consacré à Carl Creed.



Le lecteur retrouve donc ses marques avec la narration visuelle de Joe Bennett. Paul Mounts effectue un travail de mise en couleurs riche et consistant, à la fois par l'utilisation des nuances d'une même teinte pour renforcer les reliefs de chaque surface, dès l'épisode 7, les Avengers ont retrouvé leur superbe et leur puissance, que ce soit Iron an avec une grosse armure (un Hulkbuster, bien sûr), ou Captain Marvel avec sa silhouette élancée. Le combat physique fait des dégâts, à commencer par une voiture s'écrasant sur le toit d'une maison de banlieue et la pulvérisant complètement, en continuant avec les coups assénés par Hulk. L'artiste impressionne le lecteur en se montrant capable de montrer la peur (justifiée) dans le regard de Odinson, ou l'éclair de méchanceté dans le regard de Hulk alors qu'il s'en prend à sa cousine. Les dessins donnent à voir ces moments et les rendent crédibles. Dans l'épisode suivant, Bennett n'arrive pas à se montrer aussi grotesque et écœurant qu'Alex Ross pour le contenu des bocaux, mais il arrive à pallier cet impact moins fort par une description premier degré d'un corps découpé en morceaux, finalement très malsain. Il termine d'ailleurs avec une transformation particulièrement repoussante de Hulk en Banner, au cours de laquelle le lecteur peut voir la souffrance de l'un comme de l'autre, ainsi que constater qu'il y a quelque chose qui cloche. L'épisode suivant (les 10 pages dessinées par Bennett) met en scène un Hulk en proie à une émotion intense, puis une autre diamétralement opposée, et le lecteur les ressent pleinement grâce à des dessins provoquant une empathie efficace. Le dernier épisode se focalise sur une confrontation entre Hulk son ennemi dans une zone désertique dans le Nevada, ce qui permet au dessinateur de s'économiser sur les arrière-plans. Mais le point focal de l'histoire réside sur l'évolution de son état d'esprit et Bennett sait montrer les émotions avec conviction sur le visage et le corps du personnage.



Le lecteur avait été particulièrement accroché par le premier tome, plaçant Hulk et Bruce Banner au cœur d'un mystère générant une ambiance saisissante. Il retrouve cette même ambiance dans ce deuxième tome, tout en constatant que l'intrigue progresse rapidement, en utilisant les ressorts habituels des histoires de ce personnage. Il se laisse entraîner, à la fois par les couvertures d'Alex Ross, par le scénario bien ficelé, et par les dessins qui savent transcrire la force de Hulk, son caractère malin, et les éléments horrifiques qui se matérialisent de manière originale.
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Immortal Hulk, tome 1

Ce tome est le premier d'une nouvelle série consacrée à Hulk, après sa mort apparente dans Civil War II (2016) de Brian Michael Bendis & David Marques. Il comprend les épisodes 1 à 6, ainsi que 10 pages extraites d'Avengers 684, initialement parus en 2018, écrits par Al Ewing, dessinés par Joe Bennett, encrés par Ruy José, avec une mise en couleurs réalisée par Paul Mounts. L'extrait d'Avengers 684 a été écrit par Jim Zub, Mark Waid et Al Ewing, dessiné par Joe Bennett et encré par Ruy José. L'épisode 3 comprend des pages dessinées par Paul Hornschemeier, Marguerite Sauvage, Garry Brown. Les couvertures époustouflantes ont été réalisées par Alex Ross. Ce tome comprend également les couvertures alternatives réalisées par Dale Keown, Clayton Crain, Sal Buscema (réédition), Kaare Andrews, Gerardo Zaffino, Athur Adams, Rahzzah, Skottie Young, ainsi qu'une postface d'une page écrite par Al Ewing.



Tommy Hill, un jeune homme armé d'un pistolet chargé, arrive dans une station-service Roxxon, au beau milieu de l'Arizona. Pendant que sa mère fait le plein, Sandra Ann (Sandy) Brockhurst vient de pénétrer dans la supérette où se trouve la caisse pour acheter un en-cas pour la route. Elle regarde d'un drôle d'air un individu louche avec une casquette enfoncée sur le crâne. Tommy Hill entre à son tour, capuche sur la tête, foulard devant la bouche, et pistolet à la main. Il exige que l'employé lui remette la caisse. De surprise, Sandy Brockhurst lâche la bouteille qu'elle tenait à la main. Surpris et angoissé, Hill se tourne et l'abat d'une balle dans la poitrine, dans le même mouvement. Le type à la casquette regarde la jeune adolescente baignant dans son sang ; Tommy l'abat d'une balle en pleine tête. Puis il tire sur l'employé et s'enfuit avec la caisse. Quelques heures plus tard, l'inspectrice de police Gloria Mayes est sur place avec une équipe pour effectuer les constats et recueillir les dépositions. Elle indique les grandes lignes des événements à la journaliste Jackie (Jacqueline) McGee. La nuit à la morgue, le bras du cadavre de l'homme à la casquette commence à prendre de la masse musculaire et à virer au vert.



Pendant ce temps-là, Tommy Hill s'est rendu au quartier général du gang des Dogs of Hell, pour rendre compte à Joe, leur chef, en présence des autres membres du gang. Il n'arrive pas à retenir ses larmes, traumatisé par le fait d'avoir tué des gens. Joe l'écoute gentiment, tout en indiquant que rien ne pourra les faire revivre, et que Tommy lui doit toujours de l'argent, le remboursement de ce qu'il lui a prêté. Tommy Hill allonge les 200 dollars demandés, et répond que sa famille va un peu mieux. Hill prend congé, et Joe lui donne une dernière recommandation, celle de toujours se montrer fort, parce qu'il y aura toujours quelqu'un de plus fort pour venir le chercher. À l'extérieur, un bruit sourd retentit. Chaque membre du gang saisit une arme à feu et s'apprête à se défendre. Deux énormes mains vertes traversent le mur extérieur et se saisissent de l'un d'eux. Quelqu'un de plus fort est arrivé sur place, pour les chercher. Tommy Hill tente de s'enfuir en regagnant sa voiture.



De temps à autre, les responsables éditoriaux constatent que quels que soit le talent des équipes créatrices mises en place pour s'occuper d'un personnage, la sauce de prend pas. Ça a été le cas pour Hulk au milieu des années 2010, que ce soit avec la série Incredible Hulk by Jason Aaron, ou la suivante Indestructible Hulk by Mark Waid. Dans ces cas-là, il existe la solution qui consiste à laisser reposer le personnage quelques mois ou années, avant de lui redonner une série mensuelle. En ce qui concerne Hulk, il a donc été écarté de manière radicale, en mourant dans des circonstances relatées dans Civil War II. En se lançant dans cette nouvelle série, le lecteur sait donc qu'il va découvrir un nouveau statu quo. Il commence par noter le nouvel adjectif accolé à Hulk, semblant indiquer un changement d'état : l'immortalité. Ensuite, il se régale des couvertures d'Alex Ross, mettant bien en valeur la musculature du personnage, sa masse imposante, son caractère monstrueux, sa couleur verte, sans oublier le violet de son pantalon. Outre son incroyable présence physique sur la couverture de l'épisode 1, le lecteur apprécie la composition de celle de l'épisode 3, où Hulk est de dos, avec un trou béant au niveau du torse permettant de voir son adversaire devant lui, le doigt encore fumant.



Al Ewing est un scénariste anglais qui a déjà réussi à réaliser des séries mémorables pour Marvel, par exemple 2 très bonnes saisons des Ultimates. Il profite d'un premier épisode plus long pour ramener progressivement Hulk sur la scène. Il a choisi un endroit retiré des grandes métropoles, en Arizona. Par la suite, le récit se déplace dans le Colorado, au Dakota du Sud et dans le Minnesota. Le retour vers la civilisation s'effectue lentement, car il est évident que dès que Hulk sera exposé au public, le secret de son retour sera éventé. Par ailleurs le premier épisode met Hulk face à des humains sans superpouvoirs. Le lecteur éprouve un peu la même sensation que le début des épisodes écrits par Bruce Jones en 2001, voir Hulk; Return of the Monster. En outre, Ewing ajoute une dimension dramatique à ce retour, en citant Le Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson (le roman qui avait servi d'inspiration à Stan Lee & jack Kirby pour la création de Hulk en 1962, mais aussi Le Paradis perdu de John Milton, Huis clos de Jean-Paul Sartre. Pour autant, le scénariste reste sur des intrigues simples, résolues en 1 épisode pour les 3 premiers, sur la base d'une confrontation avec un autre superhéros irradié aux rayons gamma pour les 2 suivants.



La dynamique de la série est donc simple : Hulk est immortel, comme l'annonce le titre, et Bruce banner bénéficie de cette particularité, c'est ce qui l'a fait revenir. Les scénarios sont simples : Bruce Banner se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, et Hulk ne peut pas laisser passer ces injustices ou ces crimes. En cours de route, Banner indique à un interlocuteur que désormais Hulk est le plus intelligent des 2. Le lecteur apprécie que les responsables éditoriaux aient pu affecter un unique dessinateur pour ces 5 épisodes. La participation ponctuelle de Paul Hronshemeier, Marguerite Sauvage et Garry Brown s'explique par le fait que dans cet épisode 3, la journaliste recueille les témoignages de 3 personnes différentes, et ils racontent chacun à la manière ce qui s'est passé. Du coup, les dessins des 3 artistes permettent de montrer les choses avec des caractéristiques visuelles différentes, avec une mention spéciale pour la vision sucrée romantique par Marguerite Sauvage. Au vu de la longue carrière de Joe Bennett, le lecteur peut éprouver un a priori sur le fait qu'il va avoir droit à des dessins marqués par un héritage mal digéré de Jim Lee et Marc Silvestri. Les dessins du premier épisode se rangent dans un registre réaliste et descriptif, avec un bon niveau de détails. L'artiste s'est investi dans la représentation des tenues vestimentaires qui ne sont pas toutes identiques ou insipides. Bruce Banner porte des vêtements confortables et génériques, ce qu'il explique en cours de route en indiquant que chaque fois qu'il se transforme, il perd tout ce qu'il a sur lui et que de ce fait il se contente de vêtements bon marché. Au contraire, Walter Langowki porte des tenues plus sport et plus recherchées. Le lecteur peut aussi regarder les différentes tenues de la journaliste Jackie McGee, et constater que les tenues des différents civils sont spécifiques.



Le lecteur sait bien que les éditeurs de comics de superhéros privilégient la régularité de la sortie de leurs produits, à la qualité des dessins, ce qui implique une cadence de production soutenue pour les artistes. Pour autant, il a le plaisir de constater que Joe Bennett fait plus que le minimum syndical et qu'il s'investit dans la représentation des décors assez régulièrement : l'extérieur de la station-service et l'intérieur de la supérette, l'intérieur du squat qui sert de quartier général au gang des Dogs of Hell, l'extérieur et l'intérieur du diner où mange Bruce Banner en début d'épisode 2 (avec un enseigne Buscema), les espaces verts du cimetière de Green Peak, l'intérieur de la gare routière où McGee attend Langowksi, les voitures explosées dans la rue en début d'épisode 4. Joe Bennett plante à chaque fois le décor de manière à ce qu'il soit consistant et qu'il présente des particularités, avec un encrage méticuleux réalisé par Ruy José. La narration visuelle est efficace et bien rythmée. Lors des scènes d'action, Joe Bennett s'en donne à cœur joie pour dramatiser les prises de vue, avec des angles en contreplongée appuyée, des expressions de visage très soutenues attestant d'émotions intenses. Il dessine un Hulk massif, ne tenant pas en entier dans le cadre des cases, n'hésitant pas à approcher son visage de celui du lecteur, pénétrant ainsi dans sa sphère intime en termes de proxémie. Hulk est donc très impressionnant, avec un regard et des expressions pénétrantes. Par contre, ce mode de représentation massive induit une force colossale qui devrait s'accompagner de destructions massives. Du coup, le dessinateur se retrouve un peu gêné aux entournures quand Hulk et un autre superhéros se battent dans un hôpital, fracassant les murs et les installations, mais sans faire de blessés, sans faire s'écrouler le bâtiment, malgré la puissance des coups.



Al Ewing accroche donc son lecteur dès les premières pages, avec Bruce Banner à nouveau sur la route, essayant de passer inaperçu, dans l'incapacité de s'installer et de construire une vie, entièrement à la merci de ses transformations en Hulk qui ne sont plus que nocturnes. Al Ewing sait lui donner de la personnalité, que ce soit en tant que vagabond, par rapport à l'impact de Hulk sur sa vie, ou encore dans sa relation avec un membre de sa famille. Jackie McGee apparaît comme une professionnelle souhaitant aller au bout de son reportage, sans être arriviste ou vouloir décrocher un scoop à tout prix. En cours de route, Al Ewing dévoile la raison de sa fascination vis-à-vis de Hulk, qui s'avère à double tranchant. Walter Langowksi dispose d'une personnalité affirmée et bien différente de celle de Bruce Banner, avec un éclairage sur ses motivations, du fait d'avoir d'abord été un sportif de haut niveau à l'université. Évidemment, au fil des épisodes, il apparaît des éléments secondaires qui alimentent petit à petit le mystère relatif au retour de Bruce Banner, à l'immortalité de Hulk, au problème de Walter Langowski. Le lecteur ne sait pas trop s'il peut espérer que cela débouche sur quelque chose d'original, mais en attendant ce mystère sert de carburant à la dynamique du récit, de manière très satisfaisante. L'extrait de l'épisode 684 de la série Avengers revient sur les différentes occasions où Hulk est passé de vie à trépas (avec un décolletage de tête impressionnant dans Avengers: Ultron Forever d'Al Ewing & Alan Davis).



Ce premier tome du retour d'un personnage mort peu de temps auparavant installe dans le lecteur dans une ambiance prenante, et un mystère prometteur. Joe Bennett & Ruy José réalisent des planches bien peaufinées, avec une narration claire et rapide, et une interprétation de Hulk rappelant ses tout débuts. Le lecteur se prend au jeu de retrouver ce personnage et d'observer les différences, de revoir Bruce Banner en vagabond par la force des choses, et Hulk en individu avec une force physique hors du commun, et une intelligence qui le rend imprévisible.
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Immortal Hulk, tome 9 : Le plus faible qui ..

Ce tome fait suite à Immortal Hulk, tome 8 (épisodes 36 à 40) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 41 à 45, initialement parus en 2021, écrits par Al Ewing, dessinés par Joe Bennett, encrés par Ruy José & Belardino Brabo, mis en couleurs par Paul Mounts, avec des couvertures toujours aussi splendides d'Alex Ross. L'épisode 42 a été mis en images par plusieurs équipes : Alex Lins pour la séquence du Leader, Adam Gorham pour la séquence Gamma Flight, Rachel Stott pour la séquence Jackie McGee, et Joe Bennett pour la séquence U-Foes, avec l'assistance de Chris O'Halloran pour la mise en couleurs des 3 premières séquences. Il contient également les couvertures variantes réalisées par Joe Bennett (*5), Michael Cho, Rob Liefeld, Alexander Lozano, Carlos Pacheco. Comme pour les précédents tomes, chaque épisode s'ouvre avec une citation.



Dans l'épisode 5 de Fantastic Four, Johnny Storm fait remarquer à Ben Grimm à quel point Hulk lui fait penser à son interlocuteur. Dans une zone sauvage de l'Arizona, Charlene McGowan arrive devant un chalet. Elle arrête le moteur, et descend de voiture. Elle cherche à rétablir le contact avec les scientifiques de la Shadow Base. Ils ont tous réussi à évacuer le site sans dommage, mais ils se sont tous évaporés dans l'anonymat. Elle se fait identifier par le système de reconnaissance très sophistiqué de cette annexe, et elle rentre à l'intérieur. Elle sait qu'elle ferait mieux de se planquer elle aussi, mais elle est fermement décidée à arrêter de fuir et de se cacher, peut-être animée par la colère, et parce qu'elle croit toujours en Hulk. Celui-ci se trouve à Coney Island, très diminué physiquement et en train d'encaisser les coups de The Thing. Les deux combattants se trouvent sur la promenade : Hulk envoie un direct du gauche dans la mâchoire de Thing, manquant de puissance, et Grimm riposte par un puissant gauche à son tour, envoyant Hulk à plusieurs mètres de là.



Ben Grimm contacte Reed Richards pour lui faire part de la situation, expliquant qu'il a réussi à neutraliser Hulk, et que ce n'est pas la peine qu'il lui passe Sue Richards. Puis il se dirige vers Hulk, encore à terre et lui rappelle comment Hulk l'a envoyé dans un coma pendant sa lune de miel. Hulk se relève difficilement, des larmes glissant sur son visage, en chouinant qu'il n'est pas chétif, qu'il n'est pas faible. Il prend un lampadaire tordu et en frappe Thing avec, faiblement. Grimm lui envoie un direct du droit, puis du gauche et marche vers lui pour continuer à le frapper. Hulk le supplie d'arrêter, et met les bras devant son visage pour se protéger. Il se produit une horrible transformation, déformant spasmodiquement son corps, et il reprend la forme de Bruce Banner, alors que le poing de Thing s'abat sur lui. Fort heureusement il a réussi à retenir partiellement son coup. Banner est à terre, les deux bras cassés.



En ouvrant un nouveau tome de cette série, le lecteur sait qu'il plonge dans un récit dense. Il retrouve les citations en exergue de chaque épisode : Fantastic Four 5 par Stan Lee (1922-2018) & Jack Kirby (1917-1994), George Eliot (1819, 1882, Mary Ann Evans), Aristote, le Livre de Job, Henry Wadsworth Longfellow (1807-1882). La citation peut paraître au départ un peu sortir de nulle part, mais elle fait écho à une facette de l'épisode. Ben Grimm éprouve de l'empathie pour Hulk. L'épisode 42 montre les conséquences des actions d'un individu sur les personnes de son entourage. Le comportement de Henry Peter Gyrich illustre la différence qu'il y a entre un homme bon et un bon citoyen. Les avanies subies par Hulk illustre comment une force divine peut secouer un individu jusqu'à y laisser sa marque. La remarque de Longfellow établit que Hulk est au plus bas, juste avant le retour de la marée, c’est-à-dire un retour en force pour le dernier tome. Le lecteur remarque également les sources des citations, écrits pouvant tous être associés à une forme d'horreur corporelle ou gothique. Par ce procédé narratif, Ewing rattache la condition de Hulk à celle d'un individu marqué par le sceau de la laideur, et de la force incontrôlable, étant le jouet de sa puissance physique, et soumis à un destin capricieux, peu clément.



Le lecteur revient bien évidemment pour la suite de l'intrigue. Il se rappelle rapidement que le scénariste a progressivement mis en scène de nombreux personnages : Hulk avec sa personnalité basique, mais aussi celle de Joe Fixit, et une autre qui reprend le dessus en fin de tome, Bruce Banner très effacé dans ces épisodes, Charlene McGowan, Jackie McGee, Rick Jones, Del Frye, Ben Grimm, les membres de Gamma Flight et pour partie Alpha Flight (Titania, Puck, Shaman), Doc Samson, Henry Peter Gyrich et l'équipe des U-Foes (Vector, Iron Clad, Vapor, X-Ray), et quelques autres encore. S'il n'y prête pas attention, il peut rater la connexion entre un jeune arrêté par la police et la Teen Brigade. Le lecteur prend conscience du nombre de personnages, mais aussi de la manière habile avec laquelle Ewing donne à chacun le nombre de cases ou de pages nécessaires pour qu'il puisse les resituer et que leur situation évolue de manière significative. De son côté, le dessinateur continue à reproduire fidèlement l'apparence de tous ces individus, conformément à leur tenue de superhéros, ou leurs caractéristiques physiques. La situation reste donc complexe : la dégénérescence de Hulk, provoquée par Celui en dessous de tout, le méli-mélo des différentes personnalités de Hulk, les expérimentations peu avouables d'une branche de l'armée américaine, l'action très officielle du gouvernement en désignant Gyrich comme responsable de la capture de Hulk, avec ce qu'il reste de l'équipe d'Alpha Flight, et avec les U-Foes, sans oublier l'aide apportée par Charlene McGowan et Jackie McGee. Il s'agit donc d'un récit construit dans la durée qui ne peut s'apprécier qu'en ayant lu les tomes précédents, en ayant commencé par le premier.



La saveur de l'écriture du scénariste se révèle dans sa capacité à proposer des scènes au déroulement inattendues, sans s'écarter du droit fil de son intrigue. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut savourer l'humour à froid contenu dans des moments comme Banner savourant un énorme hotdog attablé avec Ben Grimm, Leonard Samson déployant une stratégie de discussion très froide face à Gyrich qui manipule les membres de Gamma Flight, les U-Foes se disputant l'ordre d'entrée dans le combat pour tabasser Hulk, Jackie McGee découvrant la nature de son pouvoir, l'apparition d'une autre des personnalités de Hulk. De son côté, l'artiste reste dans un registre descriptif, sans ajouter d'éléments visuels de nature humoristique, pour des comportements adultes à l'ironie sans condescendance. Bien évidemment, ces éléments viennent s'ajouter à la colonne vertébrale de tout récit de Hulk : la violence physique sous forme de combats, avec en plus cette touche d'horreur que le duo de créateurs a réintégrée dès le premier épisode. Dans l'épisode 41, Thing en met plein la tronche à Hulk, de plus en plus malingre, avec juste la peau sur les os par endroit. Son apparence fait vraiment mal au cœur. Son visage se fait plus suppliant, générant une réelle empathie chez le lecteur. De son côté, Grimm apparaît sur de lui, sûr de sa force et sûr de son bon droit. Il doit stopper Hulk pour éviter que celui-ci ne rentre dans une rage destructrice mettant en jeu la vie des civils. Le lecteur assiste à nouveau à une transformation physique de Hulk en Banner, qui tord son corps de manière hideuse.



Dans l'épisode suivant, il revient à Alex Lins de transcrire ces maltraitances morphologiques, et il s'en tire plutôt bien. Joe Bennett revient avec l'épisode 43 et il commence par un clin d'œil, en donnant comme nom à un bar, celui de Starlin (Jim), ce créateur ayant illustré une confrontation mémorable entre Hulk et Thing, et en ayant écrite une autre dessinée par Bernie Wrightson. Il s'amuse bien avec une démonstration des pouvoirs de chacun des U-Foes, et avec l'apparition monstrueuse de la créature amalgamant Rick Jones et Del Frye. L'épisode 44 relate l'affrontement de Hulk contre les U-Foes, et il en prend plein la tête, faisant pitié à chaque coup encaissé, suscitant l'effroi quand X-Ray le bombarde de rayons cosmiques : une vision d'horreur dans laquelle l'artiste s'est fortement investi. Le dernier épisode est une succession de visions d'horreur dans le ventre de la bête, avec une horreur corporelle très charnelle.



Al Ewing poursuit son chemin, continuant de maltraiter Hulk comme jamais, provoquant une sympathie irrépressible chez le lecteur qui est totalement impliqué dans cette intrigue foisonnante, avec des touches d'humour à froid aussi efficaces que les éléments horrifiques. Joe Bennett continue de réaliser une mise en images sans baisse de régime, disposant du temps supplémentaire grâce à trois quarts d'un épisode réalisé par d'autres artistes. Outre les éléments de superhéros, les éléments d'horreur corporelle, et les thèmes rehaussés par les citations en ouverture de chaque épisode, le lecteur se sent entraîné dans la folie de certains personnages, à la personnalité totalement polarisée.
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Immortal Hulk, tome 5 : Briseur de mondes

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 4: Abomination (épisodes 16 à 20) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les épisodes 21 à 25, initialement parus en 2019, écrits par Al Ewing. Ryan Bodenheim a dessiné et encré l'épisode 21, avec une mise en couleurs de Paul Mounts. Les épisodes 22 à 25 ont été dessinés par Joe Bennett et Germán García (épisode 25). L'encrage a été réalisé par Ruy José (épisodes 22 à 25), Belardino Brado (épisodes 21 à 24), Marc Deering (épisode 24), Roberto Poggi (épisode 24), Germán García (épisode 25). Les toujours splendides couvertures ont été réalisées par Alex Ross. Les couvertures alternatives ont été réalisées par Andrea Sorrentino (*2), Ryan Brown, Dale Keown, Joe Bennett (*2), Kris Anka, Ron Lim, Gene Colan, Ed McGuinness. Chaque épisode s'ouvre avec une citation : Carl Jung, William Shakespeare (Macbeth), Sun Tzu, Stan Lee & Jack Kirby, la Bible.



Épisode 21 - Contre l'avis de la professeure Charlene McGowan, le général Reginald Fortean a revêtu une armure géante expérimentale. Il a décidé de se téléporter dans la base spatiale d'Alpha Flight pour récupérer le cadavre l'Abomination. Il sait qu'il prend un vrai risque avec la téléportation. Il se rappelle quand il avait 11 ans, les paroles d'un pasteur interprétant les textes et disant que Dieu a créé l'ordre à partir du chaos originel. Au sein de la base spatiale, Car Creel (Absorbing Man) et Mary MacPherran (Titania) sont en train de discuter. Épisodes 22 à 24 - Dans la base spatiale d'Alpha Flight, Leonard Samson et Eugene Judd examinent le cadavre de Walter Langowski qui reste bizarrement mort. Mary MacPherran entre dans le laboratoire et les admoneste pour leur manque d'action. Elle parvient à convaincre Judd qu'ils doivent faire quelque chose. Carl Creel et Samson se rangent aussi à son avis. Dans la base Shadow, la professeure Charlene McGowan s'emporte contre le général Fortean qui a fini par trouver le moyen de modifier son corps pour également bénéficier de la puissance des rayons gamma. McGowan le juge irresponsable et lui fait observer qu'il est devenu ce qu'il a passé sa vie à combattre. Fortean lui fait observer qu'il maîtrise mieux cette augmentation corporelle que le précédent qui en a bénéficié et qu'il en a besoin pour lutter à arme égale contre tous les individus transformés par les rayons gamma.



Dans un motel quelque part en Californie, Betty Ross surveille le corps de Rick Jones qui gît dans la baignoire. Joe frappe à la porte de la salle de bain : Betty lui ouvre sous sa forme de Harpy. Elle lui indique qu'il n'y a pas de changement chez Rick. Joe s'en va frapper à la porte de la chambre de Jackie McGee. Elle lui demande ce que veut son autre lui-même, quel est son plan, pour quelle raison il semble se soucier d'elle. Joe Fixit indique qu'il n'en a aucune idée, mais qu'il a pris le temps de lire les articles de McGee et qu'il trouve qu'elle a une belle plume. Tout d'un coup, il entend son prénom crié par Betty : Rick Jones a repris connaissance. Il indique à Joe qu'il se souvient de tout : le site de la base Shadow, sous le lac Groom, et tout ce qu'ils lui ont fait subir. Les 4 membres de la Division Alpha et Hulk avec ses 3 compagnons convergent vers la base Shadow dans le Nevada. Épisode 25 - L'extraterrestre Par%l effectue un voyage dans l'espace à bord de son vaisseau : il est à la recherche de la couleur, d'une trace de couleur dans le noir de l'espace. Il a vite la confirmation qu'il n'y a rien dans ce secteur de l'espace : aucune planète abritant de la vie, tout a été détruit. Tous les mondes ont été brisés. Il décide d'aller consulter Farys, une autre représentante de sa race, encore vivante.



Al Ewing commence par étoffer le personnage de Reginald Fortean, apparu pour la première fois dans Hulk 30.1 en 2011, créé par Jeff Parker & Gabriel Hardman. En même temps qu'il accomplit sa mission sur la base spatiale de la Division Alpha, le lecteur découvre plusieurs moments qui ont forgé ses convictions les plus intimes : amener de l'ordre dans le chaos (ce qui nourrit sa carrière de militaire), protéger les innocents des destructions hors de contrôle provoquées par les interventions de Hulk, faire honneur à la figure du père qu'a été pour lui Thaddeus Ross. Le nom de Fortean est un hommage à Charles Fort (1874-1932), chercheur spécialisé dans le paranormal. Fortean ne devient pas un bon grâce à cette exposition, mais il devient plus incarné qu'un simple cliché de gradé militaire s'acharnant sur Hulk de manière obsessionnelle. Ryan Bodenheim réalise des dessins descriptifs propres sur eux avec un bon équilibre entre ce qui est représenté et ce qui est simplifié. Le lecteur peut se projeter dans chacun des endroits représentés et les personnages disposent d'une bonne identité graphique. Toutefois les dessins sont un peu trop propres et nets pour véhiculer l'horreur de l'Abomination.



Dans les 3 épisodes suivants (22 à 24), Al Ewing se focalise sur la progression vers l'affrontement et le déroulement de celui-ci entre le général Fortean d'un côté, et de l'autre Hulk et quelques superhéros. Le lecteur en reste un peu décontenancé parce qu'il pensait que le fil directeur sur Celui en-dessous de tout (One below All) progresserait plus vite, ainsi que celui relatif à Metatron. D'un autre côté, le scénariste doit attribuer de la place à une distribution de personnages importante : Hulk et son alter ego, Betty Ross-Banner (Harpy), Rick Jones, Jackie McGee, Charlene McGowan, et les 5 membres d'Alpha Flight, en seulement 3 épisodes, puisque le premier et le dernier sont consacrés respectivement à Fortean et à la fin du monde dans un futur très lointain. Cela donne 3 épisodes un peu frustrant où de nombreux événements se produisent, mais il est difficile de s'impliquer dans le sort d'un personnage ou d'un autre. Au final, c'est surtout l'évolution de Charlene McGowan qui génère le plus d'empathie chez le lecteur. Cet état de fait est accentué par les résurrections des personnages imbibés de rayon gamma. Ils semblent pouvoir revenir à la vie sans grand effort apparent (même si Ewing développe un début d'explication avec cette entité maléfique qui réside dans le cercle le plus abyssal des enfers). Du coup les combats perdent de leur intérêt.



Ces 3 épisodes sont dessinés par l'artiste attitré de la série : Joe Bennett. Le lecteur tique un peu en découvrant le nombre d'encreurs qui ont repassé ses dessins dans la chaîne de production de ces épisodes : 4. À la lecture, il ne se produit pas de solution de continuité : chaque encreur s'astreint à respecter au plus près les traits de Bennett sans y ajouter sa propre personnalité. La narration visuelle est claire, avec des variations dans le découpage des pages, et un Hulk toujours aussi inquiétant. Dans certaines scènes, la rapidité d'exécution fait ressortir l'équivalent d'un manque de moyens pour les éléments horrifiques (la conception idiote du visage de l'abomination) ou pour les éléments technologiques (un exosquelette en fer blanc). D'un autre côté, les expressions de visage de Joe Fixit (en forme humaine) sont irrésistibles et Hulk est toujours aussi imposant et inquiétant.



Le lecteur est pris au dépourvu par la scène introductive de l'épisode 24 qui revient sur la transformation de Galan de Taa, personnage essentiel dans la mythologie de l'univers partagé Marvel, ainsi que par la citation qui est extraite de l'épisode racontant son origine. Il en va de même pour le rappel sur les origines des Fantastic Four. Il comprend mieux le rapport avec la série en découvrant l'épisode 25. Al Ewing montre l'aboutissement de la transformation en train de s'opérer en Hulk et la fin de la réalité qui en découle. Pour cette histoire de science-fiction, les responsables éditoriaux ont confié les dessins à un autre dessinateur : Germán García. L'effet est très réussi : le détourage est à la fois plus éthéré et plus massif dans certains endroits. L'artiste sait décrire un monde à venir, en dosant habilement ce qu'il montre et ce qu'il suggère. Le lecteur se retrouve projeté dans un monde très différent où les images réussissent à amalgamer des éléments concrets (Par%l, Farys, le vaisseau) et des représentations plus conceptuelles (monde brisé, voyage spatial sur la base d'une technologie très différente). Le lecteur perçoit que cette évolution de Hulk présente une ampleur inédite dans sa riche histoire, tout en conservant son essence, sa puissance destructrice. Al Ewing prend à nouveau son lecteur par surprise avec l'épilogue, indiquant qu'il y a encore d'autres facettes à cette histoire. Il revient également sur la notion d'autre, en revenant sur le questionnement de l'image que renvoie le miroir.



Depuis le début de la série, Al Ewing montre le retour de Hulk lié à une force surnaturelle qui d'une certaine manière aurait infecté les rayons gamma, voire aurait peut-être toujours été présente en eux. Dans le même temps, Hulk/Banner progresse pour reprendre la maîtrise de son être. Ce tome présente une nature composite qui divertit autant le lecteur qu'elle peut l'irriter. Al Ewing et Ryan Bodenheim étoffent Reginald Fortean en racontant son passé, expliquant comment quelqu'un peut être amené à faire des choix comme lui, avec une narration visuelle descriptive solide. Puis Ewing et Joe Bennett reviennent dans un registre très superhéros et très classique pour Hulk qui combat l'armée, trop similaire à des histoires passées et avec trop de personnages pour impliquer suffisamment le lecteur. Le dernier épisode montre tout le potentiel de l'intrigue, avec des dessins différents bien adaptés à la situation.
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We only find them when they're dead, tome 1..

Dans un univers où les ressources sont épuisées, des flottes de vaisseaux « nécropsiques » minent le corps inerte de dieux gigantesques…



Je suis entré dans ce comics avec le titre comme seul indicateur. Complètement perdu, je me suis laissé porté par ce récit très coloré. Le contexte posé, les premières questions se bousculent déjà, les mêmes que pour les protagonistes. Et heureusement, puisque ce sont ces mêmes protagonistes qui vont enfreindre les règles, des règles trop d’astreignantes, et se lancer dans une quête vers plus de questions, vers un dieu vivant.



Un scénario intriguant, un univers original, et des planches étonnamment chargées alors que tout se déroule dans le néant de l’espace. Un parti pris intéressant, toujours au plus près des visages, de l’action, des mouvements. Quasiment aucune distanciation, aucun recul et ce n’est pas toujours simple de s’y retrouver.



Merci à Babelio et aux éditions HiComics pour cette découverte !
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Immortal Hulk, tome 6 : L'heure est venue

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 5: Breaker of Worlds (épisodes 21 à 25) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les épisodes 26 à 30, publiés en initialement en 2019, écrits par Al Ewing, dessinés par Joe Bennett (épisodes 26, 27, 29, 30), et par Tom Reilly & Matías Bergara (épisode 28), encrés par Ruy José (é26, é27, é29, é30), Belardino Brabo (é27, é29, é30), Marc Deering (é27), Sean Parsons (é27), Tom Reilly (é28), Matías Bergara (é28), Cam Smith (é29, é30). La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts (épisodes 26, 27, 29, 30) et Chris O'Halloran (é28). Les couvertures ont été réalisées par Alex Ross. Le recueil comprend également les couvertures alternatives réalisées par Tom Raney, Dale Keown, Mike del Mundo. Comme pour tous les numéros précédents, chaque épisode s'ouvre avec une citation : de William Blake (é26), Bram Stoker (é27), Ministère américain de l'énergie (é28), Erasmus Darwin (é29), l'apôtre Matthieu (é30).



Bruce Banner est tranquillement assis sur une énorme machine dans la base qu'il a récupérée avec son équipe, du projet Shadow Base. Il s'enregistre, en vue de diffuser son message sur les réseaux sociaux. Il se présente et évoque le budget de Shadow Base : 1,2 milliards de dollars qui auraient pu être utilisés à la recherche d'énergie renouvelable, même s'il sait bien qu'ils auraient plutôt été utilisés à construire plus de bombes et d'armes. Après son enregistrement et sa diffusion, il va déjeuner dans un diner d'une petite bourgade du Massachusetts : il prend une chaudrée de mer. Il estime qu'il s'agit d'une des meilleures qu'il n'ait jamais mangé, ce qu'il dit au cuistot. Un jeune homme à la peau verte fait son entrée dans le diner, en s'excusant d'être en retard. Il s'assoit en face de Bruce : il s'agit d'Amadeus Cho (Brawn). Ce dernier attaque bille en tête en indiquant à Bruce qu'il a trouvé son discours un peu trop gentillet. Une journaliste télé commente le manifeste vidéo de Bruce Banner comme s'apparentant à une déclaration de guerre contre le genre humain. Au fil du zapping, 2 commentateurs estiment que Banner veut anéantir le genre humain, il est question d'un monstre non identifié, à la peau rouge avec des ailes libérant des détenus d'une prison avec un fort taux de radiation gamma. Iron Man fait une déclaration indiquant que les Avengers enquêtent sur le sujet. Il apparaît un graffiti Hulk Smash sur le mur d'un commissariat. L'entreprise Roxxon fait passer un spot publicitaire pour un produit calmant les jeunes enfants manifestant des syndromes Hulk.



En regardant ce spot publicitaire, Leonard Samson se demande s'il parle des conséquences d'une exposition aux rayons gamma, ou des troubles dissociatifs de l'identité qu'elle occasionne. Pas très sûre d'avoir bien compris, Charlene McGowan demande si Samson sous-entend que le transfert Gamma reflète l'état mental du donneur Gamma : il répond qu'il s'agit d'une hypothèse probable. Il interroge ensuite McGowan sur le fait qu'elle soit passée de travailler pour le général Fortean qui voulait capturer Hulk pour le détruire, à travailler pour Bruce Banner afin de l'aider. Elle répond que le manifeste de Bruce Banner fait sens et qu'elle croit en lui. Rick Jones fait une démonstration de son pouvoir à l'occasion d'un concert d'un groupe punk. Le sénateur Geoffrey Patrick déclare qu'avec ses déclarations, Bruce Banner s'avère plus dangereux que Hulk. Des jeunes commencent à s'habiller avec des pantalons violets et des sweatshirts verts, avec un masque de Hulk et à manifester sur la voie publique, en lançant des lacrymogènes et en laissant des graffitis Hulk Smash. Jackie McGee est réunion de rédaction pour le quotidien Arizona Herald.



Après la virée à la fin des temps immergée dans la science-fiction, le lecteur se demande quelle direction va prendre la série. Al Ewing conserve la même recette : un mélange de superhéros et d'horreur. Superhéros un peu particulier puisque Hulk est avant tout vu comme un agent du chaos, un destructeur. Horreur un peu différente : la transformation de Banner en Hulk reste toujours aussi contre nature, mais l'horreur s'enrichit d'une fibre sociale ou politique. Il faut un peu de temps pour que le lecteur découvre le manifeste de Bruce Banner dans son entier, mais ça en vaut l'attente. Le scénariste est allé piocher dans l'air du temps pour dresser un tableau atterrant de l'état des démocraties occidentales. Il est tout d'abord question des milliards investis dans la défense, ou plutôt dans l'armée, ou plutôt dans la conception et le développement d'armement toujours plus destructeur, au lieu de les consacrer à la recherche. C'est peut-être une évidence, mais cela sonne juste. La suite devient plus construite : il développe un argumentaire sur la stratégie du désastre, telle que conceptualisée par Naomi Klein. Les désastres et les catastrophes génèrent à la fois un besoin de reconstruction, à la fois une libéralisation, en particulier un assouplissement des lois pour faire face à l'urgence, condition propice à faire des affaires sur le dos des travailleurs sans avoir à se soucier de leur protection sociale. Dans ces conditions, le système capitaliste a tout intérêt à la survenance de catastrophes, ce qui ne peut que l'inciter à en créer. Le peuple est alors atteint de plein fouet par les répercussions, ce qui crée un cercle vicieux qui ne profitent qu'à quelques individus déjà fortunés. L'individu se sent totalement désarmé face à ces multinationales bardées d'avocats qui broient les individus, sans jamais craindre de retour de bâton, ou de devoir supporter les conséquences de leurs destructions.



Ce discours est en prise directe avec la sensibilité du moment inscrite dans l'inconscient collectif mondial. Quand Dario Agger (Minotaur) se vante qu'il a combattu du côté des elfes noirs, contre les humains (au cours de War of the Realms -2019- de Jason Aaron & Russell Dauterman) et qu'il est toujours le PDG reconnu et encore plus estimé d'une multinationale, le lecteur a l'impression d'entendre le cinquantième président des États-Unis se vanter de pouvoir sortir dans la rue et tuer quelqu'un sans que personne ne l'arrête. Quand Banner évoque des entreprises capables de faire provoquer des catastrophes pour mieux fourguer leurs produits ensuite, cela évoque des entreprises de sécurité fomentant des troubles pour mieux fourguer leurs services. Le scénariste ajoute encore des degrés de résonance avec les citations mises en exergue de chaque épisode. Celle de William Blake évoque la puissance de la croyance religieuse par opposition à la Loi : une remarque directe sur le nouveau positionnement de Bruce Banner avec la ferveur que suscite son manifeste. Celle Bram Stoker rappelle qu'on est plus fort ensemble : elle a pour application directe les mouvements sociaux des jeunes habillés en Hulk. Celle du ministère de l'énergie attire l'attention sur l'image que le peuple américain se fait de lui-même, celle de Darwin sur manger ou être mangés. Il n'y a que la dernière qui joue plus sur l'ironie.



Pour cette histoire, le lecteur a le plaisir de retrouver les dessins précis et descriptifs de Joe Bennett pour 4 épisodes sur 5, sachant qu'il s'agissait d'une série avec un rythme de parution bimensuel. Comme dans le tome précédent, plusieurs encreurs se sont attelés à la tâche : ici ils sont au nombre de 6. Il ne se produit pour autant pas d'écart de rendu significatif, le lecteur serait même en mal de pointer précisément à quel moment un encreur cède la place à un autre, et les pages présentent un degré de finition impressionnant en termes de détails et d'informations visuelles. Comme à son habitude, Bennett réussit aussi bien les pages de personnages en civil que les affrontements. Hulk conserve sa silhouette massive, son regard mauvais sous ses arcades sourcilières proéminentes et sa force colossale. Les ennemis sont toujours aussi monstrueux, y compris Dario Agger, dans un mélange réussi de superhéros (ou plutôt supercriminels) et d'horreur. Le lecteur se sent aussi porche des personnages en civil qu'il ressent la puissance dévastatrice des monstres en train de s'affronter. L'artiste s'en donne à cœur joie car plus le récit progresse, plus les conflits physiques reprennent le dessus. Les dessins de Tom Reilly & Matías Bergara sont sensiblement différents pour l'épisode 28, ce qui fait sens au niveau du récit, car le point de vue n'est plus celui de Bruce Banner, mais celui d'un policier et de son fils.



Après l'épisode 25 qui marquait la fin d'une phase pour cet Hulk immortel, Al Ewing entame une deuxième phase en renouvelant la thématique de l'horreur qui prend une dimension sociale d'autant plus terrifiante qu'elle repose sur la puissance d'une multinationale maîtrisant parfaitement les possibilités du système capitaliste, ce qui ne laisse aucune chance à l'individu. Petit à petit le récit revient dans un territoire plus superhéros avec de l'horreur, sans rien perdre de sa pertinence. Al Ewing a parfaitement dosé ses ingrédients, donnant une rare plausibilité aux méthodes de l'ennemi de Hulk. Comme d'habitude, il est bien épaulé par Joe Bennett, présent dès le premier épisode de la saison et qui lui a donné son apparence spécifique. S'il cherche un peu de substance dans ses comics, le lecteur est aux anges avec le manifeste de Bruce Banner, qu'il partage ses points de vue ou non. S'il recherche du spectaculaire et de l'action, il est tout aussi contenté dès que Hulk se lâche car son ennemi lui a trié des opposants sur le volet.
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Avengers world, tome 2 : Ascension

Ce tome fait suite à Avengers World Volume 1: A.I.M.PIRE Point One, épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 9, initialement parus en 2014, écrits par Nick Spencer, dessinés et encrés par Marco Chechetto (épisodes 6 & 8) et par Stefano Caselli (épisodes 7 & 9), avec une mise en couleurs d'Andres Mossa. Il comprend également l'épisode Avengers 34.1, initialement paru en 2014, écrit par Al Ewing, dessiné par Dale Keown, encré par Norman Lee, avec une mise en couleurs de Jason Keith.



Grâce au pouvoir de Manifold (Eden Fesi), un trio d'Avengers se téléporte sur l'île de Barbuda, au-dessus de la capitale de l'empire de l'AIM (Advanced Idea Mechanics) : il s'agit de Thor (Odinson), Captain Marvel (Carol Danvers) et Hyperion (Marcus Milton). En son for intérieur, Hyperion pense au fait qu'il ne s'agit pas de son monde, que le sien a été détruit parce qu'il a été incapable d'empêcher sa destruction, parce qu'il avait échoué. Quelques jours auparavant, Thor et lui étaient dans la Terre Sauvage, en train de regarder un dinosaure sur lequel étaient montés plusieurs Alphas, une peuplade dont il s'était déclaré le protecteur. Wolverine (Logan), Black Widow (Natasha Romanova) et Falcon (Sam Wilson) se battent dans les rues de Madripoor, une cité qui se trouve actuellement sur le dos d'un dragon. Ils essayent d'enrayer une émeute généralisée, en vain. Avec l'accord de Black Widow, Falcon décide de prendre de la hauteur pour partir à la recherche de Shang-Chi. Il ne le trouve nulle, mais il finit par repérer une énorme base volante en position stationnaire au-dessus de Madripoor, haut dans le ciel. Il s'y rend et y pénètre sans difficulté. Il est accueilli par un monsieur en costume qui se présente : Xian Zheng, et le Cercle est son vaisseau.



Dans la cité souterraine située sous Velletri en Italie, la bataille fait rage entre les Avengers (Nightmask, Hawkeye, Spider-Woman) contre des créatures surnaturelles, pendant que les morts emmènent Star Brand à bout de bras vers leur maîtresse : Morgan LeFey. Hawkeye est blessé à l'épaule gauche par un monstre, et les Avengers comprennent que le plus sage est de prendre la fuite. Nightmask utilise ses pouvoirs pour couvrir leur fuite. Ils se heurtent vite à une autre équipe de superhéros, menée par Black Knight (Dane Whitman). Elle se compose de Swordwoman Tumult, Sliver Tiger, Mikhail Zamorska (le bébé tueur). Sur l'Helicarrier du SHIELD, l'agent Phil Coulson informe Maria Hill que Jocasta vient de reprendre conscience. Hill contacte Roberto da Costa (Sunspot) et Sam Guthrie (Cannonball), patients à la clinique de Barbuda. Elle leur explique que ses équipes ont pu trouver que l'AIM utilise une technologie venue du futur, envoyée par une base de l'AIM située dans l'avenir. C'est comme ça que l'AIM du temps présent a pu acquérir une technologie inédite et en avance sur son temps de plusieurs décennies. Elle leur annonce leur mission : localiser le portail temporel, et transmettre toutes les informations possibles le concernant.



Comme le lecteur pouvait s'y attendre, Jonathan Hickman a aidé à conceptualiser la dynamique de la série, a supervisé les premiers épisodes, et est retourné se consacrer à plein temps sur ses deux séries Avengers pour les mener jusqu'à Secret Wars (2015/2016, avec Esad Ribic). Nick Spencer continue d'écrire la série, et poursuit l'intrigue débutée dans le premier tome. Il a conservé la structure éclatée initiée par Hickman : un épisode consacré à une petite équipe d'Avengers, ou un personnage différent, dans des endroits également différents. Le lecteur se doute bien que les fils narratifs finiront par s'entrecroiser ou se rejoindre, ou se répondre. D'ores et déjà deux équipes d'Avengers se retrouvent sur l'île de l'AIM, mais sans se rejoindre. En entamant l'épisode 6, le lecteur se souvient que dans les épisodes précédents, les auteurs se focalisaient sur un personnage, soit pour le développer du fait qu'il soit récent, soit pour le réintroduire du fait qu'il ne fut guère présent dans l'univers partagé Marvel. Cet épisode 6 suit le même schéma : il se focalise sur Hyperion (Marcus Milton), personnage récent. Même si Hyperion est apparu pour la première fois dans Avengers 69, en 1969, il s'agit ici d'une version très récente, apparue pour la première fois dans Avengers 5 (2013). Nick Spencer le développe en évoquant son échec à éviter la destruction de sa Terre, et son lien avec les alphas, un groupe d'individus ayant évolué à partir du peuple Zebra, suite à l'intervention d'Ex Nihilo. Autant dire que s'il n'a pas lu les séries Avengers de Jonathan Hickman, le lecteur éprouvera bien des difficultés à comprendre à quoi il est fait allusion. Pour autant, le scénariste parvient à faire ressentir l'état d'esprit de Marcus Milton. La narration visuelle de Marco Chechetto apporte une touche romantique dans la déprime de Marcus Milton, renforcée par les teintes sombres d'Andres Mossa, avec quelques clichés visuels, mais une forte sensation de puissance et de mouvements.



Nick Spencer passe ensuite à l'équipe d'Avengers à Madripoor, et se focalise sur un autre personnage (un épisode avait été consacré à Shang-Chi dans le premier tome) : Sam Wilson (Falcon). Il n'essaye pas de le faire évoluer. Par le biais de son monologue intérieur, il brosse son portrait : un superhéros conscient que son niveau de pouvoir n'est pas très élevé par rapport aux autres, et qu'il n'a pas des compétences d'espion comme Black Widow. Il consacre autant de temps à faire avancer l'intrigue et introduit une nouvelle équipe de superhéros (mais pas des Avengers) : Weather Witch, Saber, Vector, Devastator, Monkey King. La narration visuelle de Stefano Caselli est très agréable de bout en bout. Il commence par mettre en avant le plaisir du vol autonome de Sam Wilson dans des case de la largeur de la page, transcrivant bien l'espace qui s'offre à lui. L'intérieur de la base flottante Le Cercle présente une technologie et une architecture cohérente pendant toute la séquence. La présentation des nouveaux superhéros se fait dans une phase d'attaque, cinétique à souhait. Marco Chechetto revient pour l'épisode 8 avec des prises de vue et des images toujours aussi dynamiques, ayant gagné en personnalité. Le lecteur découvre des cases et des planches sympathiques : Star Brand porté à bout de bras au-dessus d'une foule, un ennemi blessant Hawkeye à l'épaule, Nightmask utilisant ses pouvoirs, Morgan LeFey toujours aussi séduisante, et l'introduction d'une nouvelle équipe de superhéros (Baby Killer, Tumult, Sliver, Tiger, Swordwoman, et un Avenger occasionnel à leur tête). Là encore l'intrigue progresse, et le lecteur sourit en voyant émerger encore une équipe d'Avengers. Il se souvient que le titre de la série est Avengers World, et effectivement il y en a partout. L'épisode 9 change encore de personnages, avec des dessins toujours aussi soignés de Steafano Caselli : une belle expressivité des visages de Roberto da Costa et Sam Guthrie, avec l'entrain de la jeunesse. Une magnifique Jocasta. Un vrai décalage temporel, à la fois pour l'architecture de la cité, à la fois pour les manières peu amènes des citoyens. Sans oublier, une nouvelle équipe de superhéros : Next Avengers, avec 5 nouveaux personnages. Décidemment, c'est bien un monde d'Avengers.



Avec ces 4 épisodes, le lecteur apprécie l'ampleur que prend la série, la découverte de nouveaux superhéros (finalement, ce n'est pas si compliqué que ça d'en inventer), même si l'intrigue générale ne progresse que peu. Les deux dessinateurs sont fortement impliqués dans leur planche, ne donnant pas l'impression d'une pige vite faite pour une série dérivée traitée par-dessus la jambe. La narration visuelle de Stefano Caselli est fluide et percutante, celle Marco Chechetto se cherche un peu pour l'épisode 6, et gagne en personnalité pour l'épisode 8.



Avengers 34.1 - En Californie, à l'extérieur de la ville de Rosemont, un homme conduit tranquillement sa voiture, avec son fils à côté. Ils se font arrêter par un policier car il ne respectait pas la limite autorisée de vitesse. Brendan Doyle prévient son fils qu'il doit fermer les yeux, et il tire à bout portant sur la tête du policier, avec un canon monté sur son bras gauche. Dans un pavillon de banlieue de Rosemont, Hyperion entre dans le salon des époux Morris et explique qu'il est là pour les aider. Il faut un peu de temps pour que les 3 policiers présents acceptent le fait : ils ne peuvent rien contre lui, et Hyperion n'a pas l'air agressif.



Non seulement Jonathan Hickman ouvre des horizons sans limite dans les séries Avengers et New Avengers, Nick Spencer montre aussi qu'il y a des équipes d'Avengers dans tous les recoins, mais en plus l'éditeur Marvel en profite pour développer des personnages secondaires. Il en va ainsi pour Marcus Milton qui a même ensuite bénéficié de sa (très courte) propre série : Hyperion: Daddy Issues (5 épisodes) par Chuck Wending & Nik Virella. Dans le présent épisode, Al Ewing fait des merveilles pour donner une personnalité à Marcus Milton, participant bien sûr de celle de Superman (Hyperion en est un décalque très transparent), mais aussi foncièrement différente car, au sein de l'univers partagé Marvel, Hyperion n'a pas la notoriété de Superman au sein de l'univers partagé DC. Dale Keown confère la majesté et le sérieux seyant à la gravité du personnage, dans une narration claire et posée. Le lecteur ne peut que regretter que la (mini)série qui a suivi ne leur ait pas été confiée.
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Ultimates 2, tome 2 : Eternity War

Ce tome fait suite à Ultimates 2 Vol. 1: Troubleshooters (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant, car c'est la première moitié de la deuxième saison. Il vaut mieux avoir lu également la première saison pour tout comprendre : Ultimates: Omniversal Vol. 1: Start with the impossible &Ultimates: Omniversal Vol. 2: Civil War II. Ce tome comprend les épisodes 7 à 9 et 100 (en fait le numéro 10 renuméroté), initialement parus en 2017, écrits par Al Ewing. Les épisodes 7 & 8 ont été dessinés et encrés par Aud Koch, les épisodes 9 & 100 par Travel Foreman. La mise en couleurs a été réalisée par Dan Brown, avec l'aide de Matt Yackey pour l'épisode 100. Le tome se termine avec une postface rédigée par Al Ewing fournissant quelques informations complémentaires sur la genèse et le déroulé de cette série. L'histoire se déroule concomitamment à Secret Empire (2017) de Nick Spencer.



En introduction, la Reine des Jamais (Queen of Nevers) rappelle que les Ultimates ont réussi à faire évoluer Galactus en promoteur de la vie, que l'entité Eternity est enchaînée, que Lord Chaos et Master Order ont trahi et que le Tribunal Vivant a été assassiné et remplacé par l'entité Logos. En orbite autour de la Terre, plusieurs superhéros sont dans l'incapacité de retourner sur Terre du fait de l'activation du bouclier de défense, sur lequel viennent s'écraser vague après vague d'extraterrestres Chitauri. Captain Marvel (Carol Danvers) repense à la manière dont elle s'est fait manipuler par Captain America (Steve Rogers). Spectrum (Monica Rambeau) tente de percer le bouclier en utilisant différentes fréquences, en vain. Ms. America (America Chavez) se rend auprès de Galactus pour demander son aide, en vain. Une nouvelle vague de Chitauris arrive requérant l'attention immédiate des superhéros qui ne voient toujours pas d'autre issue à leur combat, que leur propre défaite par épuisement.



De son côté, gisant allongé, Galactus se remémore son histoire personnelle tout en recouvrant des forces. Il finit par se décider à se lever et aller coopter un nouvel allié : Ego, la planète vivante. Il réussit à se rendre sur son sol, mais il est tout de suite détecté comme un intrus. Il doit se battre contre des créatures qui l'attaquent automatiquement, remplissant la fonction d'anticorps de la planète. Il réussit à les neutraliser, sans recourir à la force. Il trouve une cavité et s'enfonce à l'intérieur d'Ego, dans son corps. Il finit par trouver le centre de la conscience d'Ego contre le gré de ce dernier. Il engage la discussion pour le convaincre de faire partie de l'équipe qu'il est en train de constituer. Il a déjà recruté Psi-Hawk, le spectre du Modeleur de mondes (Shaper of Worlds) et l'Infinaute.



Au départ le lecteur se dit que cette série n'a pas eu de chance. Non seulement, ce recueil ne comporte que 4 épisodes et le dernier subit une renumérotation intempestive, mais en plus l'épisode 7 est tout en entier consacré à la situation générée par Secret Empire (2017). On ne peut que féliciter Al Ewing de bien faire son travail de raccordement éditorial à l'événement du moment, mais on aurait également apprécié que les responsables éditoriaux lui permettent de s'en tenir à l'écart. En fait ce n'était pas possible car cette série était dès le départ en lien étroit avec la continuité du moment. En outre le dernier épisode compte 30 pages, donc c'est plutôt un total de quatre épisodes et demi. Le lecteur retrouve un peu de son aplomb avec l'épisode 8 et il sourit franchement avec l'épisode 9. Il est aux anges avec l'épisode 100. Le scénariste n'a pas fait semblant : la résolution de l'intrigue est énorme. Le lecteur assiste à la naissance d'un super groupe : les ultimes Ultimates. Ewing trouve le moyen d'intégrer les premiers Ultimates du nom, et de caser le groupe de Carol Danvers. Le scénario se tient, Eternity est délivrée et rendue à ses fonctions. L'univers partagé Marvel est un peu plus riche après cette série.



De la même manière, le lecteur fait un peu la grimace en constatant l'arrivé d'encore un nouveau dessinateur le temps de 2 épisodes : Aud Koch qui succède à Kenneth Rocafort et Christian Ward pour la première saison, et à Travel Foreman pour la première moitié de la deuxième saison. Il y a quelque chose d'un peu hésitant et artisanal dans la manière dont il dessine les visages. Il n'a pas beaucoup de décors à dessiner car la majeure partie de ces épisodes se déroule dans l'espace ou sur la planète désolée d'Ego. Le lecteur se rend compte que cet artiste fait preuve d'un bon sens de la mise en scène, malgré le manque de variété visuelle. Il conçoit des découpages de planche qui évitent les cases à base de têtes en train de parler. Il joue sur les mouvements des personnages et l'agencement des cases pour insuffler un intérêt visuel à la narration. Il n'y a que Rocket Raccoon en train de grimacer dans le casque de sa combinaison spatiale qu'il ne réussit pas. Pour le reste, il arrive à rendre compte de la double contrainte qui pèse sur les défenseurs de la Terre incapables d'y retourner, de la posture de Galactus en train de recouvrer ses forces, ou de l'étrange nature d'Ego.



Avec les 2 derniers épisodes, le lecteur retrouve Travel Foreman, en s'interrogeant sur la gestion des responsables éditoriaux qui ne savent pas affecter durablement un dessinateur à une série. Dans l'épisode 9, il a plus d'arrière-plans à dessiner que Koch, ce dont il s'acquitte avec un niveau de détails suffisant. Pour l'épisode 100, la majeure partie de l'action se situe dans la dimension appelée Superflow (une réalité supérieure de rêves et de visions, mais aussi de flux d'informations) de nature métaphysique, propice à une narration de type métacommentaire. Le lecteur retrouve des formes au tracé plus assuré, même si leur contour apparaît un peu fragile parfois, ou un peu rugueux. Lui aussi sait faire varier la composition des planches pour conserver un intérêt visuel à la narration. Le lecteur apprécie sa capacité à montrer des individus totalement investis dans l'instant présent, concentrés et motivés. Il sait concevoir des mises en scène qui donnent de l'espace à tous les personnages, et qui rendent compte de leur taille, que ce soit Hank Pym en géant, ou les entités cosmiques entre elles. Comme dans le tome précédent, la complémentarité entre les dessins et la mise en couleurs impressionne par son intelligence. Dan Brown fait clairement ressortir les formes, les unes par rapport aux autres Il utilise les possibilités de dégradés et les effets spéciaux pour remplir les fonds des cases et donner de la consistance aux utilisations des superpouvoirs. Le lecteur n'éprouve pas l'impression de voir des personnages évoluer sur une scène de théâtre vide, mais il les voit se déplacer en 3 dimensions dans un environnement étrange, une autre dimension.



Le premier épisode met la patience du lecteur à l'épreuve, surtout s'il a lu le crossover Secret Empire. Il sait déjà tout ce qui est raconté dans les trois premiers quarts de l'épisode, et ce n'est que lorsque Ms. America s'en va trouver Galactus qu'il découvre des éléments nouveaux dans l'intrigue générale, la corruption de l'éternité, des entités souhaitant s'emparer de l'existence. Le deuxième épisode le prend au dépourvu, avec Galactus allant recruter un nouveau membre pour son équipe. Il se rend vite compte que le scénariste continue dans la ligne droite de son concept pour la série. Elle ne s'appelle pas les Ultimes pour rien. Al Ewing met en scène les personnages les plus puissants et les plus cosmiques de l'univers Marvel. Comme dans le tome précédent, il le fait au premier degré, dans une intrigue adaptée. Il mêle plusieurs tentatives simultanées de mettre la main sur la réalité dans son ensemble, à chaque fois pour un objectif personnel, avec une discrète fibre métacommentaire. Le lecteur ne peut pas se retenir de sourire en voyant la composition de l'équipe Eternity Watch assemblée par Galactus, sa puissance. Il ne se contente pas de ressortir les mêmes personnages cosmiques établis par Jim Starlin depuis 1991 dans The Infinity Gauntlet ; il innove.



Al Ewing ne se contente pas non plus d'une simple course à la toute-puissance par le biais de la possession d'Eternity ou d'autres entités cosmiques. Il reprend la dimension de Superflow qu'il avait introduit dans la première partie, montrant qu'il a assimilé les concepts développés par Warren Ellis dans The Authority avec Bryan Hitch, et qu'il sait les reformuler et les intégrer dans la cosmogonie de l'univers partagé Marvel. Le lecteur sourit quand il le voit faire un clin d'œil discret aux Endless de la série Sandman de Neil Gaiman, immédiatement reconnaissables pour ceux qui ont lu cette série, toute en restant un hommage et pas un plagiat. Il introduit ces personnages comme une métaphore de ce qu'un scénariste peut apporter à un univers partagé, rendant hommage à ses prédécesseurs et participant à l'enrichissement de l'univers Marvel.



Al Ewing, Aud Koch, Travel Foreman et Dan Brown créent une deuxième moitié de saison à la hauteur de la première, montrant qu'il est possible de créer de nouvelles histoires avec les entités cosmiques de l'univers Marvel, sans renier les précédentes, sans se limiter à plagier les concepts apportés depuis, en conservant une voix personnelle d'auteur. Cette série fait honneur aux Ultimates, à Jim Starlin, à Warren Ellis, aux personnages les plus puissants de l'univers Marvel, en conservant une dimension humaine.
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Ultimates 2, tome 1 : Troubleshooters

Ce tome est le premier de la deuxième saison consacrée à cette nouvelle itération des Ultimates ; il vaut mieux avoir lu la première saison (en 2 tomes) avant, à commencer par Ultimates: Omniversal Vol. 1: Start with the Impossible. Ce tome-ci contient les épisodes 1 à 6 de la saison II, initialement parus en 2017, écrits par Al Ewing dessinés et encrés par Travel Foreman. La mise en couleurs a été réalisée par Dan Brown pour les épisodes 1 à 5, et par Matt Yackey pour l'épisode 6. Les couvertures ont été réalisées par Trave Foreman (épisode 1) et Christian Ward (épisodes 2 à 6).



Quelque part dans une dimension qualifiée de Superflow (une réalité supérieure de rêves et de visions), Eternity (l'entité incarnant l'univers) est enchaînée, à la merci d'un ennemi inconnu, se demandant qui pourra prendre conscience de cet état. Dans la base Kadesh (au fond de la Fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique), le docteur Adam Brashear revient progressivement à la réalité, en se déconnectant d'un appareil technologique lui permettant de simuler une vie dans un être d'énergie, comme celui de Monica Rambeau (Spectrum). Celle-ci vient de pénétrer dans son laboratoire et lui indique qu'elle a fait un rêve similaire au sien, dans lequel Eternity est enchaîné. Ils sont contactés par Anti-Man (Conner Sims) qui s'attaque à Adam Brashear (Blue Marvel) après avoir neutralisé Spectrum. Pendant ce temps-là, T'challa et Carol Danvers sont en train de prendre un café ensemble dans un diner éloigné de tout et peu fréquenté. Il est rapidement question de leur opposition pendant Civil War II, et de la raison pour laquelle T'Challa a tout fait pour saborder l'équipe des Ultimates, avec succès.



Anti-Man vient les quérir et les emmène sur Taa II, le vaisseau de Galactus, toujours dans son incarnation du porteur de vie. Il leur demande s'ils sont toujours ses alliés. Peu de temps après il y a un face-à-face avec le Tribunal Vivant, Seigneur Chaos et Maître Ordre. Pendant ce temps-là Philip Nelson Vogt (agent du gouvernement) se doute que Carol Danvers et consorts n'ont pas respecté l'injonction leur interdisant de reformer les Ultimates. Il convoque sa propre équipe des Troubleshooters : le lieutenant-colonel Dionne McQuaid, Simon Rodstow, le lieutenant Kathy Ling et le lieutenant-colonel Jim Tensen.



Lors des 12 épisodes de la première saison, Al Ewing avait réussi à définir une lettre de mission spécifique pour cette nouvelle itération des Ultimates, sans rapport avec la version originelle. Il s'agit d'une équipe qui s'est fixé pour objectif d'apporter une solution à des problèmes ultimes dans l'univers Marvel. Leur premier succès avait été de mettre un terme à la fin dévorante de Galactus. Malgré la dissolution de l'équipe à la fin de la première saison, il restait d'autres problèmes majeurs en suspens, et l'équipe est amenée à se reformer enfreignant l'interdit qui pèse sur eux. Dès la scène d'introduction, Al Ewing indique qu'il ne se dégonfle pas : il met en scène l'une des entités cosmiques de Marvel, l'une des incarnations d'un concept. Le lecteur va donc en observer d'autres comme Living Tribunal, Lord Chaos & Master Order, et même In-Betweener et Never Queen (cette dernière crée par Dan Slott & Michael Allred, dans l'épisode 1 de la série Silver Surfer de 2014, voir New Dawn). À l'énoncé de tels personnages, le lecteur pense immédiatement aux sagas cosmiques réalisées par Jim Starlin, telles que The Inifinity Gauntlet.



Ce choix de personnages s'avère à double tranchant. D'un côté, ils apportent une touche cosmique et même philosophique au récit ; de l'autre peu de scénaristes sont capables de les mettre en scène autrement que comme des manifestations sans grande épaisseur, ou comme de vulgaires individus dotés de superpouvoirs un peu bizarres. L'introduction montrant Eternity enchainée porte bien cette dimension cosmique, sans être ridicule, mais sans beaucoup de fond. Le passage révélateur survient lors du dialogue entre Living Tribunal, Lord Chaos & Master Order. Ils évoquent la destruction du multivers Marvel survenue au cours de Secret Wars (2015, par Jonathan Hickman & Esad Ribic). Le lecteur comprend que la discussion peut s'entendre au premier degré, mais aussi comme un métacommentaire sur le rôle fixé de Galactus de dévoreur de mondes, et qu'il est hors de question d'y déroger. Al Ewing évoque à demi-mots le conservatisme des lecteurs qui n'aiment pas le changement. Alors que la discussion se poursuit, Chaos & Ordre remettent en cause l'ordre établi du fait de cette destruction, et il suggère une autre forme de statu quo, nécessitant un changement, mais impliquant une autre forme d'immuabilité. Dans ce cadre, l'alternative incarnée par Never Queen prend tout son sens métaphorique, avec un à propos élégant. Le lecteur se rend compte qu'Al Ewing a réussi son pari : il met en scène ces entités métaphoriques, utilisant avec adresse la métaphore qu'elles contiennent, tout en donnant son point de vue, sans paraphraser Jim Starlin. Le résultat est extraordinaire pour tout habitué de ce type de récit dans l'univers partagé Marvel, ayant vu scénariste après scénariste échouer à atteindre ce niveau.



Al Ewing atteint son objectif sur les 2 plans : les métaphores sur la création dans un univers partagé peuplé de personnages n'appartenant pas aux créateurs, mais aussi raconter une histoire avec du suspens, du spectaculaire. Il parvient également à utiliser des concepts laissés de côté dans l'univers Marvel, tout en y insufflant du sens et un peu de nouveauté. Le nouveau lecteur note le nom de l'équipe des Troubleshooters, ainsi que celui de Codename: Spitfire, ou encore Psi-Hawk. Il s'agit de nom sortant un peu de l'ordinaire de ceux des superhéros et un peu gauches, mais finalement adaptés aux membres de cette équipe sans costume de superhéros. Le lecteur un peu plus ancien sourit en reconnaissant des noms utilisés lors de la création du New Universe en 1986, pour l'anniversaire des 25 ans de Marvel, voir par exemple Star Brand.



Le lecteur ne retrouve ni Kenneth Rocafort, ni Christian Ward pour cette première moitié de deuxième saison. La tâche d'illustrer ces aventures cosmiques et métaphoriques échoit à Travel Foreman, bien épaulé par Dan Brown. Il utilise un trait très fin pour détourer les contours. Il ne s'investit que ponctuellement dans les détails des décors : de vagues appareillages technologiques, les banquettes du diner, la texture du costume d'Anti-Man, l'envergure du vaisseau monde de Galactus, la bibliothèque de Philip Vogt. Pour le reste il s'agit d'arrière-plans chargés d'évoquer les coursives gigantesques du vaisseau de Galactus, ou des effets spéciaux indiquant que la scène se situe dans le plus haut niveau de la réalité. Pourtant le lecteur n'éprouve pas de sensation superficialité ou de manque de consistance des dessins. À part la serveuse dans le diner, il n'apparaît que des individus dotés de superpouvoirs, et des entités cosmiques. L'artiste conserve des morphologies bien découplées pour les superhéros, mais sans exagération de musculature, ou d'attributs sexuels. Le lecteur voit des individus normaux, ayant revêtus des costumes moulants, des êtres humains qui ont conservé une apparence humaine plausible, donc facilitant l'identification. Les effets spéciaux de couleurs nourrissent les dessins pendant les phases d'affrontement, apportant la dimension spectaculaire attendue.



De la même manière, les arrière-plans colorés de Dan Brown et Mat Yackey apportent une toile de fond pour les postures et les déplacements des entités cosmiques. Les coloristes n'abusent pas des myriades de couleurs à leur disposition, préférant des effets sobres. Dès la première page comprenant 3 cases, avec Eternity enchaîné, le lecteur constate que Travel Foreman sait rendre compte de son immensité, et de son étrangeté. Lors des apparitions de Galactus, les dessins le convainquent de sa stature gigantesque, de sa puissance, alors même qu'il reste immobile. Il en va de même pour le Tribunal Vivant. Dans le premier épisode, le dessinateur se retrouve à mettre littéralement en scène des têtes en train de parler, celles du Tribunal Vivant, de Chaos et d'Ordre. Par un jeu de modifications d'angle de vue, et de compositions complexes de couleurs, il donne l'impression de mouvement, il persuade le lecteur que la scène se déroule dans un plan d'existence métaphorique, et cette banale scène de discussion devient un affrontement d'idée et de logique haletant. Dessinateur et coloriste réalisent des compositions finalement assez sobres capables de donner vie aux entités cosmiques et d'introduire de l'énergie dans les prises de vue. À nouveau, il s'agit de créateurs ayant assimilé les idées de Jim Starlin et sachant en tirer profit, sans les singer.



Ce début de deuxième saison dépasse largement la première en qualité, et surpasse les attentes du lecteur. Al Ewing met à profit les ressources de l'univers partagé Marvel, avec intelligence et à propos. Il raconte une aventure de superhéros tirant vers la métaphore, avec une narration personnelle, et un métacommentaire personnel. Les artistes (dessinateur + coloristes) se montrent à la hauteur du défi graphique correspondant, et en phase avec le scénariste.
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Defenders : Plus aucune règle

Defenders était une oeuvre attendue et peut être que son seul défaut ( Pas merci Panini ) est d'avoir été édité trop tard.



Le récit prend suit avec les petits épisodes intégrés à Marvel 1000 et 1001 mettant en scène ce mystérieux cavalier.

Si, cela sont réédités dans le présent album (mais entre les deux minis ce qui est .. idiots), ils ont une temporalité légèrement éloigné ce qui enlève un peu de poids à ce mystère créé par Ewing.



Et c'est bien dommage car les deux mini-séries sont vraiment deux très bon récits, complètement fou multipliant les symbolismes et les degré de lecture avec un plaisir non dissimulé.

Après , c'est un poil ardu et pas forcement facile d'accès mais pour motiver, il suffit de voir quelques pas de Javier Rodriguez , d'une folie narrative jouissive.



Un album à lire au moins par curiosité
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We only find them when they're dead, tome 1..

Je me suis laissé attiré par ce Comics au synopsis atypique : l'humanité a épuisé ses ressources et ne doit son salut qu'à l'exploitation de Dieux morts flottant dans l'espace… Une idée de départ assez saugrenue mais qui m'a étonnamment attiré, moi qui n'aime pourtant pas quand le délire va trop loin !

Et bien… je n'ai pas du tout accroché, il fallait s'en douter. Il faut dire que le récit est brouillon, tout comme le dessin, et au final il ne se passe pas grand chose dans ce premier tome. J'aurai aimé découvrir un début d'explication sur la raison d'être de ces Dieux mais cela reste encore trop vaseux.

Au lieu de cela, on a une course poursuite qui se déroule sur des dizaines de pages et qui est, elle aussi, ennuyante au possible. Les différents flashbacks dans le temps n’aident pas aussi à rentrer dans une histoire trop molle et trop incompréhensible.

Bref, j'abandonne ici une lecture qui n'a éveillé mon intérêt que dans la lecture du résumé.
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Immortal Hulk, tome 7 : Hulk est Hulk

Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 6: We Believe In Bruce Banner (épisodes 26 à 30) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 31 à 35, initialement parus en 2020, écrits par Al Ewing. Les séquences au présent des épisodes 31 à 33 ont été dessinées par Joe Bennett, avec un encrage réalisé par Ruy José, Belardino Brabo et Cam Smith pour l'épisode 31, José & Brabo pour le 32, José, Brabo, Marc Deering et Mark Morales pour le 33. Les séquences du passé ont été dessinées et encrées par Javier Rodríguez (dessins) et Álvaro López (encrage) pour les épisodes 31 & 32, et par Nick Pitarra pour l'épisode 33. L'épisode 34 a été dessiné par Butch Guice avec un encrage de Tom Palmer, et par Mike Hawthorne avec un encrage de Mark Morales pour l'épisode 35. La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts, sauf pour la séquence dessinée par Pitarra qui a été mise en couleurs par Michael Garland. Les superbes couvertures ont été réalisées par Alex Ross. Le tome comprend également les couvertures alternatives réalisées par Geoff Shaw, Joe Bennett, David Nakayama, Pach Zircher, Logan Lubera, Ron Lim, Steve Skroce, Walter Simonson (en mode Jack Kirby croisé avec Sal Buscema), Cory Smith, Inhyuk Lee.



Il y a quelques années de cela, la scientifique Charlene McGowan travaille pour le Caïd dans un laboratoire synthétisant la drogue appelée MGH (hormone de croissance mutante). Alors qu'elle va effectuer un prélèvement sur Glowboy, un mutant avec un air toujours triste, elle se souvient de ce qui l'a amenée à travailler pour un laboratoire illicite : les factures de frais médicaux, et une utilisation non autorisée des équipements du laboratoire privé où elle était précédemment employée. Elle se souvient aussi du jour où elle a vu pour la première fois un superhéros en action de près. Il s'agissait de Daredevil quand il a effectué une descente dans le laboratoire illicite où elle travaillait. Pas de chance. Au temps présent, Charlene McGowan se trouve dans une base Shadow, le site G. Elle est en train d'observer un écran où elle peut voir Hulk et communiquer avec lui. Il se tient face à Xemnu et il est prêt à le massacrer. Mais celui-ci semble s'adresser un large auditoire, en leur demandant de se souvenir de sa jeunesse, quand il était le héros d'un dessin animé pour enfant diffusé le samedi matin. Son pouvoir de persuasion ne fonctionne pas sur le cerveau de Hulk et celui-ci l'attaque. Les journalistes s'en étonnent car Xemnu vient de sauver des dizaines de civils. À l'abri dans son appartement, Dario Agger sourit en buvant du champagne, impressionné par les talents de comédien de Xemnu.



Le combat continue entre Hulk et Xemnu, et ce dernier fait remarquer aux observateurs que Hulk lui fait perdre sa concentration, et qu'en conséquence de quoi il n'est plus en mesure de contenir les monstres tentaculaires qui recommencent à attaquer les civils. Harpy (Betty Ross Banner) intervient à son tour pour déchirer lesdits monstres. Hulk pilonne Xemnu de plus belle. Non loin de là, Rick Jones, Murray et Jackie McGee observent la scène sur un écran de télé dans une vitrine. C'est au tour des 2 membres de Gamma Flight d'intervenir : Puck et Absorbing Man. Ce dernier parvient à faire lâcher prise à Hulk. Le monstre vert disparaît, téléporté par McGowan au sein de la base site G. Elle commence à discuter avec la brute verte, et parvient à le raisonner jusqu'à ce que sa personnalité intelligente prenne le dessus. Ils tombent d'accord sur le fait que Hulk est Hulk.



Il se passe beaucoup de choses dans ce tome. L'intrigue se poursuit du tome précédent et Hulk doit se battre contre Xemnu qui a utilisé ses pouvoirs pour s'inscrire dans a mémoire collective des États-Unis comme état un vrai héros appelé Hulk. Du coup le vrai Hulk va essayer de regagner sa place et déloger cette fausse idole qui a conclu un pacte avec Dario Agger, le minotaure qui tire les ficelles. Comme à son habitude, Al Ewing se montre inventif, et l'affrontement ne se limite pas à un échange de coups de poing titanesques. Xemnu manipule l'opinion publique et Hulk éprouve des difficultés à savoir qui il est vraiment. Même s'il ne dessine pas toutes les pages de chaque épisode, Joe Bennett est en grande forme, n'ayant rien perdu de sa sensibilité superhéros, avec les gros muscles de Hulk, les veines qui courent à la surface de ses bras, les coups spectaculaires assénés avec une force incroyable, les transformations toujours aussi hideuses de Hulk, et toujours une rage d'une rare intensité qui l'anime et qui irradie de son visage. Le lecteur se retrouve troublé par la justesse des émotions qui passent sur son visage, y compris lors de suites de 2 à 4 cases en gros plan dessus. Il est tout aussi touché par le doux visage de Xemnu, sorte de peluche blanche aux yeux si émouvants de pureté, en décalage avec sa personnalité manipulatrice, une grande réussite.



Dans le premier épisode, 7 pages sont consacrées à une séquence du passé de Charlene McGowan, correspondant au début de sa carrière criminelle. Rodríguez & López dessinent dans un registre différent de celui de Bennett, pouvant faire penser à celui de Marcos Martin en moins épuré. Il convient parfaitement pour évoquer une intervention de Daredevil, ou pour la domination de Xemnu dans l'épisode suivant. Le lecteur découvre ainsi ce qui a pu amener la docteure McGowan à se retrouver à travailler pour des organisations criminelles, mais aussi ce qui la rapproche de Bruce Banner, retrouvant en Hulk toute la colère qu'elle a pu elle-même ressentir. Dans les 3 pages qu'ils dessinent dans l'épisode suivant, ils mettent en scène la manière dont la télévision peut créer une mythologie pur un personnage fictif avec une facilité déconcertante, et en conserver la mémoire. Ils cèdent la place à Nick Pitarra pour l'épisode 33, pour une séquence se déroulant dans la psyché de Bruce Banner / Hulk. Son exubérance visuelle s'avère tout à fait adaptée à ce qui se joue, pouvant exagérer la masse et la morphologie du géant vert, et même intégrer une parodie fort réussie de Stan Lee (1922-2018) dans sa fonction de bateleur. Le lecteur apprécie d'autant plus ce passage qu'il plonge au cœur de la question de qui est Hulk. Certes le titre de ce recueil en donne la réponse : Hulk est Hulk. Mais de la même manière que le scénariste avait joué avec l'affirmation que Hulk est les deux, homme et monstre, en écho à une bulle sur la couverture de l'épisode 1 (1962) de sa série initiale, il creuse également la question de qui est Hulk en allant plus loin que le constat des troubles de la personnalité de Banner, suite un traumatisme d'enfance, et des problèmes de gestion de sa colère.



Avec l'épisode 34, Al Ewing revient à l'ennemi de Hulk qui manipule les événements depuis plusieurs numéros, et il en retrace les origines. Samuel Sternes est apparu pour a première fois dans le numéro 62 de Tales to astonish, en 1964. Il est devenu un ennemi récurrent de Hulk. Dans la mesure où il a lui aussi été transformé par les radiations gamma, il est logique qu'il soit lui aussi affecté par l'existence de la porte verte. Le scénariste parvient à brosser son portrait dans une histoire de type origines secrètes qui lui est consacrée, montrant comme un agent d'entretien a pu en arriver là. Cet épisode bénéficie de la narration visuelle claire de Butch Guice qui passe sans difficulté d'une scène dans un laboratoire avec un homme de ménage, à l'apparition d'un monstre bouchant tout l'horizon dans une dimension infernale. Ses dessins sont étoffés par l'encrage plein de texture du vétéran Tom Palmer, avec une mise en couleurs qui nourrit les dessins sans écraser les traits encrer, sans donner l'impression de dessins trop remplis. Par comparaison les dessins de l'épisode suivant semblent contenir une forme d'exagération comique ou caricaturale, pas toujours bien venue, avec des visages pas toujours convaincants. Ils donnent une sensation de revenir à une narration pour jeune adolescent, assez déconcertante. D'un côté, c'est en phase avec le fait que Hulk bénéficie d'un regain de popularité après la découverte des manipulations de l'opinion publique opérées par Xemnu, d'un autre côté, ça marche moins pour le drame se déroulant dans la psyché de Bruce, ou pour l'évolution de sa relation avec Betty Banner. Le scénariste poursuit son intrigue sur la base de ce qu'il a développé précédemment, à la fois les actions de Samuel Sterns, à la fois les interrogations sur la personnalité de Bruce Banner et de Hulk. Comme dans les tomes précédents, il a également inclus une citation en début de chaque épisode, avec un thème différent à chaque fois : Percy Bysshe Shelley (souvenir doux puis triste), Thomas Wyatt (je suis comme je suis), Ludwig Feuerbach (un diable allié à la vérité plutôt qu'un ange allié à un mensonge), Irving Berlin (content d'être en bas), E.M. Forster (gentillesse, lumière // ombre).



Alors même que cette série semble fabriquée de toute pièce sur la base d'ingrédients artificiels (une facette surnaturelle pour Hulk, et une parution bimensuelle pour fourguer plus de camelote), Al Ewing prouve qu'il a une intrigue à long terme bien claire dans sa tête, et qu'il sait entremêler des scènes de destruction spectaculaire, avec des moments pour faire exister les personnages. Joe Bennett a apporté une touche visuelle personnelle à cette phase de la vie du personnage, et les artistes intérimaires sont généralement de bon niveau. Le lecteur s'enfonce toujours plus loin dans la psyché de Hulk qui est l'incarnation de la colère et de la frustration de Banner, tellement pures qu'il en devient une créature surnaturelle, en retrouvant des personnages habituels de la série, tout en s'aventurant dans des territoires inédits.
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Tu es Deadpool : le comics dont tu es le héros

Un bon délire pour les fans de Deadpool et de livres dont tu es le héros (on s'en doutait en lisant la pochette, mais voilà je confirme).

Seul hic : après un tutoriel passé haut-la-main je me retrouve n'importe où dans l'histoire. J'ai beau tester les 2 choix que j'ai, ils m'envoient n'importe où, et pas un n'importe où rigolo à la Deadpool, plutôt un n'importe où genre ils ont buggé dans les numéros. Je décide donc de lire l'histoire comme un comics normal, ce que j'aurai fini par faire de toute façon parce que je fais toujours ça avec les histoires dont tu es le héros ("dont JE suis le héros" ? bref) parce que je suis frustré de ne lire qu'une version ou de mourir trop facilement.

Le 1er chapitre fini, je découvre un truc de fou : les numéros recommencent à zéro à chaque chapitre ! Donc il n'y a pas du tout de bug, il faut juste rester dans son chapitre (et il aurait fallu le préciser, merci). Si tu avais deviné rien qu'en lisant ma critique, va en 47. Si tu penses que je suis un crétin va en 66.

Re-Bref, j'ai tout lu dans l'ordre classique en arrangeant les chronologies dans ma tête, ce qui est balaise, avoue-le. Au final ça donne un peu le tournis, mais on s'en sort vu que chaque chapitre contient une petite aventure aussi cohérente que peut l'être une aventure de Deadpool (donc pas trop, mais ça va).

On croise plein de guests, on a le droit un chapitre final totalement Dantesque, et le format tu-es-le-héros s'avère parfait pour Deadpool (même quand tu triches comme un rebel).

Spoiler : A un moment il fait caca.
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Royals, tome 1 : Beyond Inhuman

Ce tome est le premier d'une nouvelle série consacrée aux Inhumains. Il comprend les épisodes 1 à 5, ainsi que l'épisodes spécial Inhumans Prime, initialement parus en 2017, tous écrits par Al Ewing. Inhumans Prime a été dessiné par Chris Allen et Ryan Sook, et encré par Keith Champagne, Ryan Sook et Walden Wong. Jonboy Meyers a dessiné les épisodes 1 & 2. Thony Silas a dessiné et encré les épisodes 2 à 5, avec l'aide de Will Robson pour l'épisode 3. La mise en couleurs a été réalisée par Ryan Kinnaird (épisodes 1 & 2), Jim Charalampidis (épisodes 2 à 5) et José Villarrubia (épisode 5). Ce recueil comprend également les couvertures variantes réalisées par Jack Kirby, Elizabeth Torque, Ryan Sook, June Brigman, Ryan Stegman, Keron Grant, Simone Bianchi, Neal Adams, Skotie Young, John Tyler Christopher, Adi Granov et Ed McGuinness.



Dans un petit vaisseau spatial en orbite autour de la Terre, Noh-Varr (Marvel Boy) prend connaissance des informations, et en particulier du fait que Medusalith Amaquelin-Boltagon (Medusa) a détruit les réserves de brume terrigène, afin de préserver la vie des mutants sur Terre. Il décide de prendre contact avec eux pour leur apprendre ce qu'est vraiment le Terrigène. Aux abords du Gand Canyon, Maximus Boltagon avance péniblement avec 3 autres inhumains Triton, Lineage et Unspoken. Ils voient se matérialiser devant eux Karnak et Lockjaw qui vient de les téléporter. Puis c'est toute la famille royale qui se matérialise devant eux, renforcée par d'autres inhumains comme Miss Marvel, Moon Girl & Devil Dinosaur, et d'autres. À l'issue de l'affrontement, c'est le retour rapide en cellule pour Maximus. À Nouvel Atilan, Medusa informe ses sujets de son choix d'abdiquer. En coulisse, Maximus s'entretient avec Blackagar Boltagon (Black Bolt) et lui révèle un secret accablant.



Dans cinq mille ans, le dernier des inhumains décide de voyager à dos de dragon volant pour un ultime périple. Au temps présent, Medusa a pris la tête d'une équipe d'intervention pour neutraliser et prendre en charge le dernier inhumain à se manifester. Noh-Varr parvient à Nouvel Attilan, se fait connaître et se fait entendre. Medusa se laisse convaincre par ses explications et décide de prendre la tête d'une expédition dans l'espace pour en apprendre plus sur le Terrigène. L'équipage se compose de Medusa, de Marvel Boy, de Swain (un inhumain récent), de Crystal (Crystalia Amaquelin Maximoff), de Black Bolt, de Gorgon et de Flint (Jason). Première destination : les débris d'Hala, la planète qui fut autrefois le siège de l'empire des Kree, la race qui avait expérimenté sur quelques êtres humains donnant ainsi naissance à la branche des inhumains.



En 2014, l'éditeur Marvel décide de développer la race des Inhumains dans son univers partagé, vraisemblablement pour injecter une nouvelle dynamique en donnant un rôle plus important à cette race, peut-être aussi pour disposer d'une race d'individus dotés de superpouvoirs que les studios Marvel puissent utiliser dans une série télévisuelle, puisque les droits d'utilisation des personnages mutants (X-Men et affiliés) sont concédés à un autre studio de production. Après quelques tergiversations, c'est finalement le scénariste Charles Soule qui hérite de la responsabilité de développer la série Inhumans et d'étoffer la mythologie de ces personnages. Il écrit plusieurs séries successives consacrées aux Inhumains de 2014 à 2017, jusqu'à ce que Marvel change un peu sa politique concernant ces personnages, au cours de Inhumans vs. X-Men. À partir de là, l'éditeur lance 3 nouvelles séries consacrées aux Inhumains : (1) celle-ci se focalisant sur quelques membres de la famille royale, (2) Black Bolt Vol. 1: Hard Time par Saladin Ahmed & Christian Ward, (3) Inhumans: Once and Future Kings par Christopher Priest, Ryan North, Phil Noto. Le lecteur apprend dans l'épisode 2 comment Black Bolt a pu prendre la tangente et disposer d'une série à son nom.



Cette nouvelle série consacrée aux Inhumains constitue une bonne occasion de prendre de leurs nouvelles pour le lecteur qui serait allergique à l'écriture de Charles Soule. En outre, Al Ewing a prouvé à plusieurs reprises qu'il est capable d'écrire de bonnes séries de superhéros Marvel avec une touche personnelle, par exemple Ultimates (version 2016). Il utilise le numéro Inhumans Prime, comme un prologue pour positionner ses personnages en vue du départ dans l'espace. Le lecteur qui a suivi la série précédente retrouve les inhumains et découvre ce qui arrive à Maximus. Le lecteur qui prend le train en marche dispose d'une courte page d'introduction, ainsi que de quelques rappels dans ce numéro et dans le premier épisode la série mensuelle. Même s'il se pose encore quelques questions sur les pouvoirs des nouveaux, et sur le statut de Noh-Varr, le récit est intelligible et il n'a pas besoin d'aller se plonger dans une encyclopédie spécialisée en cours de lecture. Le scénariste effectue donc bien son travail pour être compréhensible de tous les lecteurs. Il prend soin de connecter le départ des Inhumains avec l'arrivée d'un essaim de Chitauri à proximité de la Terre. Il rappelle très succinctement les événements survenus sur Hala, depuis War of Kings jusqu'à The Black Vortex. Sans avoir lu tous ces épisodes, il vaut mieux que le lecteur en ait une vague idée pour pouvoir envisager ce qui en est raconté. Sinon, il s'agit d'événements visiblement de grande ampleur, mais pas très intelligibles. Al Ewing fait un effort méritoire pour intégrer l'histoire de ce groupe d'inhumains dans les grands événements cosmiques de l'univers partagé Marvel, mais du coup cela nécessite de la part du lecteur un minimum d'intérêt pour ce pan de la continuité. Il se montre beaucoup plus entraînant dans l'épisode 3, quand il revient sur la relation entre Black Bolt et Maximus, depuis la naissance de ce dernier. Cela vient apporter plus de consistance à Maximus, et justifier ce qui est arrivé à Black Bolt.



Le lecteur comprend donc que le récit s'apparente à un opéra de l'espace avec des individus aux costumes chamarrés, un croisement entre science-fiction et superhéros. Il découvre des personnages assez intenses, avec des postures de défiance dans la première moitié de l'épisode Prime. Ryan Sook a revu à la baisse son utilisation des aplats de noir aux formes fluides, mais il se montre très convaincant pour mettre en scène des personnages avec une dimension tragique. La narration graphique de la deuxième moitié de ce prologue revient dans un registre plus basique de superhéros industriel. Chris Allen réalise des cases descriptives, mais à base d'une technologie d'anticipation générique et sans saveur. Les visages des personnages sont représentés un peu grossièrement et arborent des expressions dénuées de nuances, ou donnant l'impression d'un acteur amateur. Malgré tout, sur le plan visuel, cet épisode permet au lecteur de se familiariser avec l'apparence des personnages. Le lecteur remarque ensuite qu'il faut 3 dessinateurs différents pour venir à bout de 5 épisodes, ce qui n'est pas un signe de stabilité.



Jonboy Meyers s'est d'abord fait remarquer dans la série Spawn (voir Spawn: Resurrection Volume 1), puis sur la série Teen Titans, avec des dessins exubérants, bien adaptés à des séries de superhéros. Il dessine les visages des personnages comme s'ils avaient tous entre 16 et 18 ans, avec des yeux en amande et des chevelures pointues. Le lecteur peut y voir une influence des mangas. Il accentue l'irrégularité des contours des formes, avec des traits dont l'épaisseur varie, des angles très obtus à des endroits où le lecteur s'attend à de belles courbes bien déliées. Il utilise sans vergogne les exagérations des silhouettes spécifiques aux comics de superhéros, avec des individus musculeux, et des femmes aux poitrines opulentes. Il se dégage de ses dessins une forte énergie alliée à la jeunesse. Les dessins de Thony Silas reprennent l'apparence extérieure des dessins de Jonboy Meyers, mais sans la même intensité, avec des formes moins exubérantes, moins intenses. Il reprend également le principe d'un découpage de page changeant quasiment à chaque page pour donner plus de rythme à la lecture, y compris avec des cases en trapèze, ou qui se superposent. Le résultat est dynamique mais moins baroque que celui de Meyers. La moitié de l'épisode 3 est dessinée par Will Robson pour les scènes se déroulant dans le passé. Il réalise des contours plus épurés et vaguement évocateurs de l'approche pop de Mike Allred. La mise en couleur se fait alors plus vive pour accentuer cet effet vaguement nostalgique, mais avec des formes pas assez précises.



Ce premier tome de la série réussit à atteindre plusieurs objectifs : présenter la famille royale pour de nouveaux lecteurs n'ayant pas souhaité lire les épisodes écrits par Charles Soule, et fixer une mission claire à ces personnages. Le scénariste prend également soin de respecter la continuité, que ce soit l'histoire des relations entre les Inhumains et les Kree, ou que ce soit l'invasion imminente de la Terre par les Chitauri. La première moitié de l'épisode Prime bénéficie de dessins qui attirent l'attention alors que la deuxième moitié est plus quelconque. Il en va de même pour les épisodes 1 & 2 qui bénéficient de dessins flamboyants embrassant les codes visuels des comics de superhéros. Ils deviennent plus banals par la suite. Al Ewing réussit bien à faire décoller son intrigue, mais il n'arrive pas à étoffer assez la personnalité des protagonistes, du moins pas assez pour que le lecteur s'intéresse à leur sort. Il remarque même en cours de route que Medusa s'est coupé les cheveux, sans explications, et la privant ainsi de toute capacité offensive Peut-être qu'Al Ewing palliera ces défauts dans le deuxième tome ?
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All-New Avengers - HS, tome 3

Ce tome fait suite à All-new avengers hs nº 1 (épisode 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2016, tous écrits par Al Ewing. Kenneth Rocafort a dessiné et encré les épisodes 7 et 8, ainsi que la moitié des épisodes 9 à 11, les 10 autres pages de ces épisodes étant dessinées et encrées par Djibril Morissette. La mise en couleurs de ces épisodes a été réalisée par Dan Brown. L'épisode 12 a été dessiné, encré et mis en couleurs par Christian Ward. Ce récit se déroule pendant Civil War II (2016) de Brian Michael Bendis & David Marquez qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu, mais dont il faut connaître le principe de l'intrigue.



Captain Marvel (Carol Danvers) est en train de parlementer avec le commandant M'korr, représentant de la race extraterrestre des Shi'ar, concernant l'apparition d'un cube cosmique sur Terre et la nécessité de le maîtriser. Elle lui assure que le nécessaire sera fait. Une fois la communication terminée, elle se retourne vers Monica Rambeau (Spectrum) pour lui illustrer l'importance d'être proactif en ce qui concerne les menaces de grande envergure, ce qui a conduit à la création de cette équipe des Ultimates. Adam Brashear (Blue Marvel) est en train superviser les relevés de la cellule de Conner Sims (Anti-Man), détenu dans le Triskelion. T'challa (Black Panther) survient sur ces entrefaites en indiquant que le niveau de sécurité de la cellule de Conner Sims lui semble insuffisant, et que le Wakanda (le pays dont il est le roi et le représentant) estime qu'une exécution capitale serait préférable.



Pendant ce temps-là, Carol Danvers se rend sur le site du Projet Pegasus, et y rencontre Adrienne Brashear, la responsable du site, et la fille d'Adam Brashear. Il y a bel et bien un cube cosmique en gestation dans l'installation, ce qui veut dire que le SHIELD lui a caché quelques petits détails. Un comité du gouvernement des États-Unis a désigné Philip Nelson Vogt, en tant que responsable de la surveillance des activités et des interventions des Ultimates. Ayant ressenti la présence d'un cube cosmique sur Terre, Thanos arrive pour s'en emparer.



Dans le premier tome, Al Ewing avait accompli une prouesse en donnant une raison d'exister à cette nouvelle version de l'équipe des Ultimates qui n'a rien à voir avec celle d'origine créée par Mark Millar & Bryan Hitch en 2002-2004. Sous la responsabilité de Carol Danvers, cette équipe a pour mission d'intervenir avant qu'une situation ne dégénère et ne devienne dangereuse, être proactifs dans la protection de la Terre. Le premier tome a montré le bien-fondé de cette approche et les avantages qu'il y a à en retirer. Le lien avec Civil War II se fait facilement puisque dans ce crossover Carol Danvers est l'ardente défenseure de mesures proactives, de faire en sorte que les conditions de survenance d'un crime dont Ulysses Cain a eu la vision, ne puissent se produire, généralement en intervenant auprès de du criminel potentiel pour éviter qu'il ne commette ce crime à venir. En toute honnêteté intellectuelle, Al Ewing n'hésite pas à faire en sorte qu'un des personnages fasse référence à Minority Report (2002) de Steven Spielberg. Le scénariste réussit à faire en sorte que le crossover Civil War II en lui-même ne vienne pas perturber son intrigue et au contraire à la nourrir à partir des événements du crossover. Il y a en particulier une vision d'Ulysses Cain montrant qu'une jeune banquière Alison Green transporte un objet dangereux dans sa mallette, et celle de Spider-Man (Miles Morales) causant la mort de Captain America (Steve Rogers).



Comme dans le tome précédent, Al Ewing pioche dans le riche univers partagé Marvel pour enrichir son récit. Comme l'indique la couverture, il est donc question de Thanos et d'un cube Cosmique. Il y a donc les événements de Civil War II, et le positionnement géopolitique du Wakanda dans la continuité de cette époque, ainsi qu'une apparition du nouveau Giant Man (Raz Malhotra) en provenance de la série d'Ant-Man. Le lecteur expert Marvel remarque les noms de Terry Jessup, Kathy Ling et Simon Rodstow, 3 membres de Psi-Force, l'une des séries du New Universe (1986-1989), mais il n'est pas besoin de le connaître pour comprendre l'intrigue. Ces références internes à Marvel ne viennent pas pallier un scénario déficient. De même Al Ewing ne se repose pas sur Thanos comme seule et unique menace passepartout, combattu rapidement par les Ultimates, pour être ensuite rendu aux créateurs suivants, à savoir Jeff Lemire & Mike Deodato pour Thanos returns. Il réussit à la fois à être fidèle à la caractérisation de Thanos comme maître stratège, à trouver une manière de le neutraliser, tout en faisant en sorte qu'il s'agisse d'une victoire à la Pyrrhus.



Al Ewing fait également preuve d'une belle inventivité en évoquant des menaces à l'échelle du groupe Ultimates, c’est-à-dire constituant un risque au minimum pour le système solaire, mais souvent à plus grande échelle, même s'il ne s'agit que de les utiliser que le temps de 2 pages. Il n'oublie pas les éléments qu'il a développé dans le tome précédent, à commencer par le retour d'Anti-Man (Conner Sims), en poursuivant leur histoire dans les présents épisodes. Il n'oublie pas non plus Galactus à qui il consacre l'épisode numéro 12. Il trouve un bon équilibre entre l'intrigue générale, Civil War II et des séquences permettant aux personnages d'exister. Il doit prendre le temps d'exposer les motivations de Captain Marvel pour que ce tome reste autonome, mais il reste de la place pour Adam Brashear, et une belle séquence pour America Chavez. En prime, le scénariste évoque la manière très informelle dont les membres de l'équipe des Ultimates ont été choisis, ainsi que la forme de supervision appliquée par le gouvernement des États-Unis.



En feuilletant rapidement ce tome, le lecteur constate un peu déçu que Kenneth Rocafort n'ait pas illustré tous les épisodes, même si ce n'est pas une vraie surprise car la carrière de cet artiste montre qu'il a besoin de plus d'un mois pour dessiner 20 pages, mais il dessine quand même l'équivalent de 3,5 épisodes, soit plus de la moitié du tome. Le lecteur retrouve les caractéristiques qui rendent ses dessins si plaisants à l'œil : des contours tracés au trait fin, des cases aux formes trapézoïdales, avec des bordures évoquant une forme de technologie, une mise en couleurs chatoyante et complexe qui donne l'impression que les personnages et les décors sont habités par une énergie mystérieuse. Il est possible de considérer que ces dessins reposent avant tout sur leur capacité à épater le lecteur, plus qu'à raconter une histoire, de manière fluide. Mais leur forme est en cohérence avec le fond du récit sur une équipe plus grande que nature, affrontant ou prévenant des catastrophes d'une ampleur plus importante que d'habitude. Cette dimension baroque des pages de Rocafort présente un aspect spectaculaire et merveilleux qui donne de la consistance au concept sur lequel est bâti cette itération des Ultimates.



Par comparaison, les dessins de Djibril Morissette sont plus communs, moins aptes à transcrire le merveilleux. Il réalise des traits de contours moins cassés, un peu plus lâches. Le niveau de détails est similaire à celui de Rocafort, avec une faible densité de décor. Pour Rocafort, cette faible densité est compensée par la composition de couleurs. Pour Morissette, il s'agit juste de dessins plus fonctionnels, plus lisibles, plus communs. Le lecteur le ressent comme un retour à l'ordinaire des superhéros, ces séquences perdant en démesure. Le dernier épisode est illustré par Christian Ward, également dessinateur de la série ODY-C de Matt Fraction et du récit Infinite vacation de Nick Spencer. Il dessine des silhouettes plus épurées, avec des arrière-plans tout aussi sporadiques, mais en le palliant avec des compositions chromatiques plus riches que celles de Dan Brown pour Morissette. Cet épisode retrouve donc une dimension merveilleuse. En outre, Ward sait s'inspirer de Jack Kirby et John Buscema pour des cases pleines d'emphase, sensibilité indispensable quand il s'agit de mettre en scène Galactus et l'entité Eternity.



Après un premier tome inventif et de grande ampleur, le lecteur se plonge dans cette deuxième moitié du récit, en craignant qu'il ne soit soumis aux contraintes du crossover du moment Civil War II. En fait Al Ewing s'avère être un scénariste aguerri à ce genre d'exercice et il sait asservir les événements du crossover à sa propre intrigue. Le lecteur qui avait apprécié le premier tome retrouve donc intacte l'intrigue principale, ainsi que les intrigues secondaires, dont celle ayant trait à Conner Sims (Anti-Man). Il découvre les circonstances de la formation de l'équipe des Ultimates, plusieurs nouvelles menaces, ainsi que les risques liés à mettre en œuvre des stratégies proactives. Il retrouve également les dessins singuliers de Kenneth Rocafort, avec leur forte personnalité et leur capacité à faire passer les énergies mises en jeu par ces menaces. Il redescend de quelques crans avec les dessins plus communs de Djibril Morissette, et il retrouve toute la fougue emphatique de ceux de Christian Ward. Ce deuxième tome apporte une conclusion satisfaisante et divertissante à cette première saison.
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