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Critiques de Alan Lomax (5)
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Blues in the Mississippi Night

1947, New York, Big Bill Broonzy, Sonny Boy Williamson et Memphis Slim, trois grands bluesmen vont raconter le blues à Alan Lomax, célèbre ethnomusicologue, qui enregistrera cette conversation pour en faire un témoignage exceptionnel.

Paru en 1948 une première fois sous forme de semi-fiction dans le magazine « Common Ground », l'identité des trois bluesmen n'a été révélée qu'après leur mort. C'était le deal avec Lomax, car en 1947, toutes les vérités n'étaient encore pas bonnes à dire. Pour être clair, parler de l'esclavagisme et de ce qu'ils avaient vécu représentait encore un gros risque pour leur vie.

« Blues in the Mississipi Night » c'est une conversation entre potes à laquelle on est invité. Sous un ton qui se veut détendu au départ, on sent la tension permanente derrière les mots. Les mots qui nomment, les mots qui suggèrent, les mots qui cachent.

D'où vient le blues, ce chant de révolte des esclaves ? Les trois musiciens donnent quelques codes pour mieux comprendre cet hymne à la liberté qu'est le blues.

Pour compléter cet enregistrement retranscrit, Manu Baudez fait rapidement un historique du blues et de son évolution à travers le temps qui invite le profane à mettre « One Foot in the Blues » (grandissime album de ZZ Top).

Pour terminer, une petite bio de chacun des musiciens avec discographie et un lien bienvenu pour télécharger l'album « Blues in the Mississipi Night ».



Si j'ai aimé ce bouquin, rien ne remplace le ressenti donné par quelques notes d'une guitare qui vous arrache le coeur, de la plainte d'un harmonica, d'un piano qui vous ancre l'échine. Et ces voix venues d'ailleurs, ces craquement d'un vieil enregistrement, ah les voix nasillardes et les sons qui couinent, une pure merveille. Et puis bien sur ce blues électrifié, quel bonheur. Ca ne se raconte pas, ça s'écoute, ça se savoure.



Merci aux Editions du bout de la ville et à Babélio d'avoir proposé ce titre pour Masse Critique et surtout de me l'avoir envoyé.



https://www.youtube.com/watch?v=pBzBM6A7_OQ&ab_channel=AlanLomaxArchive

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Blues in the Mississippi Night

Ce livre est un bouquet d'émotions qui m'a laissée pantelante. Il prend la forme d'une enquête ethnologique sur l'origine du blues dont le coeur est une conversation en 1947 à New-York des 3 plus grands bluesmens noirs américains de l'époque : Big Bill Broonzy, Sonny Boy Williamson et Memphis Slim. Il n'y a pas de CD dans le livre mais un lien de téléchargement permet d'écouter la discographie.



C'est un bel ouvrage de très haute envergure par ses informations historiques, sociales et musicales. Il est aussi varié dans sa présentation avec des intervenants différents.

J'ai apprécié de lire l'avant-propos de Sebastian Danchin qui contextualise le récit du livre. Puis vient la présentation du CD de l'enregistrement en 1990 par l'ethnomusicologue Alan Lomax et l'initiateur de la rencontre (dont l'anonymat des 3 chanteurs sera levé à leur mort). A la fin du livre, on trouve une analyse éclairée de Manu Baudez sur l'entretien en lui-même et sur le blues, son rythme, sa métrique et ses liens avec d'autres formes du genre, les work songs, spirituals, field hollers et le blues du loin, des trains de marchandises.



J'ai été sensible à la transcription textuelle qui colle peau à peau avec le dialogue des trois amis musiciens. La tension de la conversation dans une Amérique ségrégationniste se traduit par des silences en points de suspension, une didascalie en forme d'expression et des phrases non finies. Chanson lancinante qui se répète dans une danse obsessionnelle. Tout ceci est terriblement proche surtout dans une actualité choquante.



La traduction de la conversation en vis en vis, ligne par ligne est très soignée. J'ai vraiment apprécié de lire les chansons dans leur langue d'origine pour être en accord avec le rythme, la répétition et la syncopée entêtante.



C'est un véritable bonheur et en même temps une immense tristesse de s'immerger dans la vie de Bill Broonzy, Sonny Boy et Memphis Slim à travers leurs jeunes souvenirs.



Ils chantent le blues parce qu'ils l'ont vécu, une histoire de labeur et de sueur sur les digues et les champs, l'histoire du Sud profond dont la nouvelle frontière est le Mississippi de 1900, l'histoire jamais oubliée de l'esclavage. J'ai été émue par le fait qu'ils ne connaissaient pas leur année de naissance.

Le blues, c'est un trésor caché fait de rêveries et de complaintes solitaires.

Chanter le blues, c'est puiser la force de vivre en ouvrant les vannes aux flots de la parole et la laisser s'échapper.





Je remercie Babelio et les éditions du bout de la ville pour cette très belle lecture dans le cadre de la Masse Critique.







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The Penguin Book of American folk songs

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai toujours été attiré par la musique dite folk américaine… tout d’abord par l’utilisation du noble instrument (la guitare), ensuite par la voix des chanteurs(euses), et finalement par les textes.



Ca a commencé à douze ans avec Bob Dylan et la découverte, par son entremise de Woody Guthrie, puis du fils de celui-ci, Arlo que je découvre dans le film Woodstock… viennent ensuite les découvertes, plutôt country de Doc Watson (and son, Merle), Merle Travis, Chet Atkins… jusquà Léo Kottke… mais là c’est grâce au regretté Marcel Dadi, après 1975.

J’achète cet américan folk songs en 1974. Marcel Dadi vient juste de sortir son premier album « La guitare à Dadi » qui deviendra l’immense succès que l’on sait, et le berceau de nombres de gratouilleux (dont je faisais partie, à l’époque) à qui il permit de découvrir et d’accéder (quel boulot !) au style si particulier du finger picking, par la notation guitare en tablatures.



Point de tablatures ici et c’est bien dommage : deux guitares en couverture et des partitions de type arrangements piano, accompagnés d’accords de guitare. C’est bien peu pour retrouver l’âme de ces folk songs. Il y a bien en fin de volume une « méthode pour apprendre comment jouer les accompagnements guitare authentiques » ; rudimentaire…



En final, un recueil qui ne vaut que par la transcription des textes parfois méconnus de cette musique traditionnelle américaine qui comble mes moments de détente et accompagne mes (parfois longs) déplacements en voiture.

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Le pays où naquit le blues

Un livre essentiel pour tous les amoureux du blues.



Alan Lomax est le musicologue américain le plus connu, et, avec Harry Smith ou John Hammond, l'un des instigateurs du revival qui a tout déclenché.



Dans ce livre, il raconte ses pérégrinations dans le Sud rural des Etats-Unis, le pays où naquit le blues, donc. Il se sert de ses propres mésaventures avec les autorités locales (on est dans les années 30, 40, 50, et un blanc qui fraye avec les noirs n'est pas le bienvenu) pour commencer à nous faire comprendre le fond du problème local. En tant que citoyens de seconde zone, les noirs sont soumis à l'arbitraire, aux vexations, au mépris permanents. Et ceux qui se rebiffent ont droit aux rigueurs de la justice et des fermes pénitentiaires, comme celle de Parchman où il retournera plusieurs fois enregistrer les détenus. Ce contexte très lourd est omniprésent, parce qu'il explique pour Lomax le désespoir contenu dans les chants et musiques blues.



En musicologue, Alan Lomax repère aussi les éléments africains sous-jacents, et trace ainsi les origines de cette musique. Mais l'autre grande partie de l'ouvrage, ce sont ses descriptions des chants collectés et la recopie de leurs paroles. Et c'est un monde dur, très dur, mais aussi admirable qui se découvre.



Cette édition inclut un CD avec quelques exemples, mais on peut maintenant aller beaucoup plus loin puisque tous les enregistrements de Lomax sont disponibles gratuitement sur internet.



Quoi d'autre ? Frantz Duchazeau s'est inspiré de ce livre pour son excellente BD Lomax, au point d'en recopier certains dialogues. Ce qui fait sa BD un complément agréable à ce livre.
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Le pays où naquit le blues

Voici Le Pays où Naquit le Blues, les Mémoires du ramasseur sonore de blues le plus emblématique de l'histoire. Le constat est très simple : sans les enregistrements commandités à Alan Lomax par la Bibliothèque du Congrès américain, la musique du XXe siècle ne présenterait pas le même visage. Des collectages aujourd'hui disponibles en ligne. A partir de 1933, Alan et son père John, parcourent le Sud profond, c'est-à-dire le Delta du Mississipi, pour immortaliser le folklore local. Ils aménagent l'arrière de la voiture avec un matériel primitif de gravure sur cylindres. Ils s'arrêtent dans les rues, les exploitations agricoles, les chantiers des nombreuses digues, les pénitenciers, les églises de campagne, les bars louches. Dès qu'un Noir chante ou joue, ils actionnent l'engin. Ils suscitent la parole. Ils collectent les confidences. A partir de 1940, Alan, aussi devenu guitariste pour mieux comprendre (photo), prospecte seul. Entré sans autorisation sur les terres, souvent pris à partie, le jeune Texan se retrouve parfois face au shérif. Et ne doit d'éviter les barreaux qu'à la lettre de mission officielle dûment estampillée de Washington! Le résultat des cavalcades laisse pantois. Lomax (photo ci-contre, dans les années soixante-dix), décédé en 2002 à l'âge de 87 ans, rapporte propos et péripéties de ceux qui ont dressé les bases de la musique d'aujourd'hui. Le précieux témoignage dévoile un pan de l'histoire américaine. Devant les micros s'assoient les légendes : Leadbelly, Son House, Muddy Waters, Fred Mc Dowell, Honeyboy Edwards, et des dizaines d'autres monuments du blues. Leadbelly? Il découvre Huddie Leadbetter en 1936 : le chanteur croupit au fond d'une prison du Texas.

Lomax identifie la mère du célèbre Robert Johnson, dans le Comté de Coahoma. La rencontre date de 1941. Maman Johnson démonte le mythe de La Musique du Diable. Son fils n'aurait pas signé de pacte avec Satan au croisement de deux chemins en pleine nature, à minuit. L'explication? « Il a toujours joué comme ça... » Eddie James, dit Son House? Le pionnier de la sono le rencontre quelques jours plus tard, aux environs de Clarksdale. A cette époque, le bluesman conduit un tracteur. Lomax emmène le guitariste dans la grange. Le contremaître blanc interrompt la séance... Lomax finit au poste : le shérif lui passe un savon. A la question "Connaissez-vous d'autres artistes qui jouent dans le coin?", Son House l'orientera vers Muddy Waters. Il n'habite pas loin. Le chasseur de blues ne loupe pas l'occasion. Il branche la machine devant celui qui, avant d'émigrer vers Chicago et d'électrifier sa musique, est connu de son vrai nom : McKinley Morganfield. Dès les premières paroles, Muddy prononce les mots Rolling Stone!

Dans les derniers chapitres de l'ouvrage (670 pages), Lomax relate plusieurs conversations (avec Big Bill Broonzy, Memphis Slim et Sonny Boy Williamson II, en 1946-1947). Les interviews se déroulent à New-York. Loin du Sud, les langues se délient. On a parfois du mal à concevoir dans quel enfer de mépris racial et de meurtres, les Noirs vivaient. Lomax publie l'article sous un pseudo, en voilant les identités, pour qu'ils ne soient pas inquiétés. Les anecdotes fourmillent sur les acteurs d'un langage à la source de la musique populaire du siècle. Un CD 10 titres, en fin de l'ouvrage, propose rien moins que les premières bandes des géants. Ces chansons fondatrices placeront sur orbite les jeunes Blancs qui changeront la face de la musique. D'Elvis Presley à Bob Dylan. Des Rolling Stones à Fleetwood Mac. C'est dire l'importance entre 1933 et 1947, des expéditions de l'archiviste, par ailleurs homme de radio et producteur de disques. Black-listé pendant la Chasse aux Sorcières, le chercheur d'or opèrera durant les années cinquante en Europe. Avant de reprendre les chevauchées dans son pays, jusqu'en 1985. Jacques Vassal assure la traduction du témoignage inouï de Lomax. Traducteur de Woody Guthrie (En Route pour la Gloire), de la Bio de référence de Dylan (signée Robert Shelton), de Léonard Cohen, spécialiste incontesté du folklore anglo-saxon, Vassal connaît l'affaire. Il nous guide à travers Le Pays où Naquit le Blues. Son travail vaut tous les visas. Le livre nous transporte, dans tous les sens du terme.

[Bruno Pfeiffer dans le blog de Libé]
Lien : http://jazz.blogs.liberation..
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