Citations de Alana S. Portero (25)
Cette humiliation bien spécifique, celle qui consiste à nier à quelqu'un son nom, à mettre à nu une autre personne pour s'en moquer, à piétiner toute conquête ou histoire personnelle, aussi douloureuse soit-elle, rien que pour le plaisir d'exercer son pouvoir, c'était la première fois que je la voyais en pleine lumière, et à cet instant, ce "toutes les deux" s'est révélé si puissant qu'il semblait avoir toujours existé.
Je n'avais pas encore appris que la violence machiste s'exerce indépendamment de ce que les femmes font ou renoncent à faire.
Les remords et la retenue viennent avec la décrépitude, comme l'égoïsme, quand on se met à habiter l'envers de sa vie et qu'on a compris que presque rien de moche ne nous sera épargné.
La première fois que je suis sortie dans la rue habillée et maquillée sans ambiguïté,
la première fois que je me suis vraiment présentée comme une femme en public, sans faux-semblants esthétiques justifiant mon aspect selon une masculinité féminine, fut un moment de puissance qu'aucune inertie ni peur ne put amoindrir.
Jamais je ne m'étais sentie comme cela.
Je grandissais en tâchant de ressembler à ce que je n'étais pas, et alors que j'y arrivais de mieux en mieux, j'en souffrais de plus en plus, convaincue que mon monde, celui qui s'éloignait inexorablement de moi, était celui des femmes.