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Margot Nguyen Béraud (Traducteur)
EAN : 9782080428431
272 pages
Flammarion (23/08/2023)
4.04/5   66 notes
Résumé :
Jeune fille coincée dans un corps de garçon qu'elle ne sait habiter, la narratrice de La Mauvaise Habitude retrace son parcours, de son enfance dans les années 1980, où elle grandit dans une famille ouvrière de San Blas, un quartier populaire madrilène dévasté par l'héroïne, à ses nuits clandestines au coeur du Madrid des années 1990. Telles la Margarita, diva fanée qui hante le quartier, la fière Moraíta à la sauvagerie de chimère, ou la Cartier, toujours parée de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Avec « La mauvaise habitude », Alana S. Portero nous parle d'un parcours, le sien, dans la transidentité, et comme on le comprend rapidement, il ne s'agit pas d'un voyage de santé. C'est un roman dur, âpre, désespéré, et c'est l'une des rares fois où j'ai souhaité qu'un livre qui porte la mention de « roman » en soit vraiment un à cent pour cent.

Alana S. Portero raconte ainsi son histoire dans une succession de chapitres courts, qui sont autant de petits tableaux vivants sur des thématiques qui lui sont chères (ses voisines, sa vie dans le quartier, son premier amour..). Mis bout à bout, ils dépeignent les difficultés d'une petite fille trans, qui a rapidement compris qu'elle était coincée dans le mauvais corps, et qu'elle ne pourra pas mener sa vie comme elle l'entend. Elle dépeint également, ou plutôt surtout, puisque cela prendra tellement de place dans sa vie, la violence et la peur qui accompagnent cette prise de conscience. Une violence en premier lieu endémique, systémique, car il est difficile d'être trans dans la société patriarcale espagnole des années 1990, où la masculinité domine tous les aspects de la vie, encore plus quand on vient d'un quartier pauvre et violent ; mais aussi intrinsèque puisqu'elle se bridera longtemps, incapable d'assumer réellement qui elle est (il faut aussi reconnaître que ses tentatives seront cher payées). Et c'est cette tension entre la femme qu'elle est au plus profond d'elle, et le reflet masculin que le miroir lui oppose, qui lui donne la certitude mortifère de rêver d'un monde dont l'accès lui sera irrémédiablement fermé, qu'elle qu'elle tente, qu'elle dise, ce qui la fera souffrir par conséquent atrocement.

Ce monde de la féminité — et le désir d'en faire partie — l'attire ainsi indiciblement même si les références auxquelles s'identifier dans sa jeunesse sont peu nombreuses et éloignées dans un premier temps de ses idéaux : Margarita, loin de Madonna, qui lui fera comprendre combien la vie des femmes trans est étriquée — autre violence faite à leur encontre — (« Margarita entrait, demandait sa marque habituelle [de cigarettes] et ils lui répondaient invariablement qu'il n'y en avait plus, alors qu'une pile de paquets était parfaitement visible depuis le comptoir. […] C'était ce genre de mesquineries que Margarita devait supporter de temps à autre. […] Elle n'était pas soumise à des railleries constantes mais jamais elle ne fut considérée comme normale. On exigeait d'elle un comportement exemplaire, elle ne devait pas créer de problèmes, quoi que ce terme puisse englober. […] Moi je n'étais pas dupe et mes poumons avaient un peu plus de mal à se remplir dès que je m'en apercevais. Je voyais à quel point son monde était étriqué et les efforts qu'elle déployait pour qu'il rétrécisse le plus lentement possible. »), ou Eugenia, la prostituée trans, sorte de mère spirituelle, qui faillit réussir à la sauver d'elle-même et à faire naître la femme qui est prisonnière en elle.
La féminité relève à force pour elle du mythe, les femmes, dans ce roman, étant d'écrites comme des naïades, des reines, ou des déesses, un vocabulaire à hiérarchie indiquant bien la distance entre elles et Alana.

Parce que c'est cela qui est si poignant et si difficile à lire dans le parcours d'Alana (j'en ai eu beaucoup de peine pour elle d'ailleurs) : c'est cette impossibilité à s'assumer face au monde, à encaisser la violence qui va avec un coming-out trans, cette obligation de réprimer sa féminité et d'être au final son bourreau le plus effréné. Ce double jeu constant, pour sauver sa peau au prix de sa santé mentale, l'a ainsi poussée à se composer un masque, qui a su faire illusion dans un premier temps, tout en la coupant de ses sensations et sentiments (triste technique déjà évoquée par Édouard Louis dans son roman « En finir avec Eddy Bellegueule »). La douleur contenue dans ce texte m'a ainsi fait beaucoup réfléchir sur ce qu'est être trans ou LGBTQIA+, je comprends que pour Alana S. Portero, être trans ou LGBT (ce ne sont ici que mes mots et ils n'ont pas de valeur universelle car ce n'est pas si vrai à la lecture d'Édouard Louis par exemple) n'est pas tant revendiquer une différence avec une norme, mais faire partie d'une communauté née de l'exclusion, de la comparaison que les autres vous opposent en permanence, de l'indifférence à votre particularité (se traduisant souvent par un mégenrage, « cette humiliation bien spécifique, celle qui consiste à nier à quelqu'un son nom, à mettre à nu une autre personne pour s'en moquer, à piétiner toute conquête ou histoire personnelle, aussi douloureuse soit-elle, rien que pour le plaisir d'exercer son pouvoir »). Ce roman est salutaire en ce qu'il fait comprendre, pour ceux qui en auraient encore besoin, que le « monstre » n'est pas celui qui souffre d'exclusion mais bien ceux qui excluent, et qui par leur étroitesse d'esprit, empêchent les autres de vivre comme ils l'entendent et selon leur nature, leur caractère, leur individualité. C'est aussi superbement écrit. Pour un premier roman, c'est une superbe réussite.

Merci à Flammarion et Babélio pour cet ouvrage reçu dans le cadre de la Masse critique Littérature de septembre.
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Livre gratuit reçu de la Fondation Orange, à charge pour moi de le chroniquer dans le mois.
Ce n'est sans doute pas un livre que j'aurais spontanément acheté en librairie, mais l'occasion faisant le larron, je me suis intéressée à ce roman (on devait choisir le livre qu'on voulait se voir adresser) car il évoquait un thème qui ne m'est pas familier : la transidentité, et la difficulté pour un être humain de vivre dans un corps avec lequel il ne se sent pas en adéquation.
De plus, il s'agit d'un premier roman écrit par une romancière espagnole Alana S. Portero et je n'ai vraiment pas l'habitude de lire les auteurs étrangers. Donc, cela m'intéressait de connaître à la fois un style d'écriture nouveau, un contexte nouveau (l'Espagne des années 80/90), ainsi qu'un rapport à la langue différent.

D'emblée, j'ai été emportée par cette histoire pas commune (l'histoire de ce garçon qui se sent être une fille et qui se doit de vivre la vie qu'on attend d'un garçon, avec ses codes qu'il refuse) et par cette narration très forte, puissante, et particulièrement crue.

Déroutant est ce parti-pris de l'auteure de faire parler, dès le début du livre, sa narratrice au féminin. Comme pour mieux gommer les frontières possibles entre roman fictionnel et possible vécu autobiographique ? Une narratrice non nommée d'où un moment de doute sur qui parle ? Mais très vite, on se rend compte qu'il s'agit de ce garçon, héroïne du roman, qui fait le choix de nous faire entrer dans son esprit : il voit, il pense, il parle, il réagit, il ressent, il pleure comme la fille qu'il se sent être.

Cette histoire touchante et très douloureuse m'a marquée par l'enfermement affectif, familial, amical, social dans lequel se trouve l'héroïne (oui, très rapidement, on pense à elle comme à une fille et à une femme et non comme à un homme) et dont elle témoigne à travers l'expérience vécue. Et même s'il n'est pas évident de s'identifier, on comprend quel peut être le douloureux ressenti de ces personnes coincées dans deux univers qui, d'une façon ou d'une autre, leur sont hostiles.

J'ai particulièrement été touchée par l'évocation du vécu de ces familles ouvrières ou border line, laissées pour compte, par un pouvoir en place particulièrement réactionnaire. Confrontées à l'isolement, à la misère, à la non prise en compte de leurs besoins les plus élémentaires, elles n'ont souvent comme autres alternatives que celles de tomber dans la délinquance ou dans la drogue.

L'incipit du livre est particulièrement fort, car il débute sur l'évocation d'une scène de suicide et donne à voir la décrépitude dans laquelle sombrent les anges déchus, gangrénés par la drogue, des jeunes générations. le style est âpre. Les images sont particulièrement violentes. D'emblée, on comprend le parti pris de l'auteure d'appeler un chat, un chat. Il sera donc question de drogue, de saleté, de merde et d'urine, de violence, de sexe (consenti ou pas, rémunéré ou pas)... et de la nécessité de vivre avec, dès lors qu'on n'a pas la chance de vivre dans les beaux quartiers !

Très vite, on voit l'héroïne évoluer dans ce milieu interlope, ce mode des ruelles obscures ou ce monde de la nuit, à la recherche de "modèles" auxquels elle/il pourrait s'identifier. A l'évocation de portraits particulièrement truculents (l'anormalité) alterne l'évocation de scènes familiales quotidiennes (la normalité) au sein desquelles l'héroïne est enfermée dans ses non-dits et doit se cacher pour trouver quelques moments de respiration.

On assiste donc au cheminement ambigu de l'héroïne vers son devenir : rentrer dans le rang en continuant à faire semblant d'être un homme ? ou s'assumer en tant que femme et le donner à voir ?

Je ne rentrerai pas trop dans le détail de l'histoire pour ne pas déflorer le sujet. Je pense qu'il appartient à chacun et chacune de s'approprier (ou pas) ce qui est dit et de se faire sa propre opinion du sujet.

Certes, il s'agit d'un thème dérangeant car il donne à voir une réalité à laquelle nous ne sommes guère habitués. Certes, cela se passe en Espagne (les lieux et les habitudes de vie ne sont pas forcément familiers) mais on imagine bien que la même situation peut se rencontrer dans tous les pays du monde.

Pour ma part, je pense avoir vécu la lecture de ce livre comme une vraie claque (tant par son fond que par sa forme). Je pense qu'il s'agit d'un livre qu'il faut avoir lu pour mieux comprendre cette problématique de vie, mais aussi parce que, au plan littéraire, ce premier roman est particulièrement bien écrit : par la force de ses mots, de ses images, de ses évocations, il nous transporte vraiment dans cette réalité qui n'est pas la nôtre.

Merci donc à la Fondation Orange de m'avoir permis cette belle découverte !







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« Je n'étais qu'une tapette amère de plus, une autre transsexuelle vaincue trop tôt que personne ne voulait ni n'aurait su aider, une autre travestie tragique, une nouvelle et énième histoire sans importance. de la chair pour voie de métro. Cette année-là, ce fut la première fois que je songeais sérieusement à me faire broyer sous les roues en métal. »

Madrid, dans les années 80. A. grandit dans un quartier ouvrier de Madrid. Deuxième fils de la famille, cette identité n'est pourtant pas celle qu'elle ressent au fond d'elle. Grandir comme garçon quand on se sent fille, dans un quartier ouvrier, post-franquisme n'est pas la chose la plus aisée.

L'histoire d'une petite fille, puis adolescente et jeune femme emprisonnée dans un corps de garçon.
Jeune fille coincée dans un corps de garçon, la narratrice va plonger tete la premiere dans une quête d'identité et va rencontrer humiliations, méconnaissance, peur de la différence, violence parfois mais au bout, il y a aussi de l'amour et surtout le courage d'être soi.

Autour d'elle, les personnages sont légions dans un Madrid qui sort de la dictature avec une soif de liberté sans précédent depuis des générations : la Margarita et ses talons rafistolés, la Moraíta et sa fierté inégalée, la Cartier et ses bijoux à la valeur toute personnelle. toutes ces vies singulières, étonnantes, dignes.

Un beau parfum de Movida et d'Almodovar irriguent ce beau livre qui nous mène dans une quête identitaire nécessaire, viscérale sans jamais tomber dans le cliché ! "La mauvaise habitude" est un premier roman à la fois lumineux et terriblement émouvant qui nous conduit dans les pas de la narratrice, une jeune femme trans au coeur d'un quartier ouvrier de Madrid dans les années 80.

Alana S. Portero propose un roman fort et poignant qui accompagne un beau personnage qu'on suit tout au long de sa construction et de son affirmation, de sa découverte de la femme qu'elle veut devenir.

Chronique d'une vie et d'une ville, portrait de femmes, de vies, La mauvaise habitude raconte un parcours unique et pourtant multiple, complexe, violent et beau.

Alana S. Portero propose un roman fort et poignant qui accompagne un beau personnage tout au long de sa construction et de son affirmation, de sa découverte de la femme qu'elle veut devenir.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Alana S. Portero est une écrivaine, poète, dramaturge et metteuse en scène espagnole. Elle écrit sur la culture, le féminisme et l'activisme LGBT, avec un accent particulier sur les femmes trans genres.

"La mauvaise habitude" est son premier roman. Il traite justement du sujet des femmes trans, puisque nous allons suivre la vie de notre narratrice qui n'a pas de nom (en raison de son problème d'identité.) durant les années 1980-1990 au coeur d'un quartier ouvrier de Madrid. le chemin de cette dernière va croiser celui de différentes femmes de cette communauté comme Margarita, Eugénia et les autres. Elles seront d'une grande aide pour cette jeune fille qui se cherche. Comme elle le dit, je vis dans 2 mondes sans que personne ne m'attende dans l'un ou dans l'autre.
On va donc être confronté aux difficultés quelles rencontres tous les jours que ce soit à l'école, dans le quartier... Malgré une famille, aimante. Comment parler de ce que l'on ressent lorsque les personnes ne connaissent pas le sujet et il ne faut pas oublier que c'est une autre époque? Elle va devoir faire face aux moqueries et à l'ignorance des gens. C'est humiliant et il ne faut pas oublier que "l'humiliation va souvent de pair avec la dépression."
L'autrice qui est aussi trans genre, nous fait découvrir cet univers avec toute la violence qui l'accompagne. Son écriture percutante, directe, tranchante nous dépeint la dure réalité des choses.
"Savoir que l'on a besoin d'un placard où se cacher vous rend particulièrement douée au jeu du mensonge et de la vérité, lucide quant à ce que vous pouvez ou non révéler."
"Je n'avais pas encore appris que la violence machiste s'exerce indépendamment de ce que les femmes font ou renoncent à faire."

Ce roman est découpé en chapitres courts qui sont des moments, des tranches de vie dans ce quartier pauvre de San Blas. On y découvre toutes ces histoires et surtout toutes les horreurs que notre héroïne a connu. Mais elle a toujours rencontré des personnes bienveillantes qui lui ont montré le chemin.

J'ai trouvé ce roman fort et émouvant. C'est un roman coup de poing dont le sujet ne laisse pas indifférent et que l'on ne peut oublier.

Je remercie lecteurs.com ainsi que les éditions Flammarion pour cette belle découverte.

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Mille mercis à Babelio et aux éditions Flammarion de m'avoir adressé lors de la dernière masse critique ce fabuleux roman tout en clair-obscur, magnétique, lumineux, grave et tellement bouleversant.
Il s'agit d'un premier roman mais l'écriture est là, nourrie de références, de mots recherchés, de gouaille et de caractère. le livre est découpé en courts chapitres aux titres évocateurs… de véritables tableaux. le lecteur suit la traversée d'une petite fille née dans un corps de garçon au coeur des années 80 dans une Espagne qui se réveille dans une gueule bois politique. Franco est mort, la movida s'installe, la pauvreté est là, l'envie de vivre, de désirer explosent sur les trottoirs de San Blas, cité ouvrière. Entre peur d'exister, quête d'identité et de figures tutélaires, luttes féministes, combats homosexuels, addiction (sexe, drogue, alcool…), masculinité parfois toxique, l'héroïne explore, observe, vacille, chute et se libère sur presque 40 années de vie. Roman d'amour de soi, de la famille (les portraits des deux parents pudiques et du frère vigilant m'ont ému aux larmes), de celle qu'on se créé (Eugénia, Margarita, La Chinchilla…), chaque phrase respire une analyse sociologique, poétique d'être au monde ou d'être soi et interroge sur la folie et la mort qui peuvent nous guetter quand les deux pans de nos existences ne sont pas en accord.
J'ai adoré même si je n'ai pas été épargnée par cet entremêlement constant entre Eros et Thanatos.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
08 septembre 2023
Avec ce premier roman qui projette une lumière noire sur une jeune fille logée dans un corps masculin, Alana S. Portero explore les contraintes du paraître dans un faubourg de Madrid.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Mon premier baiser s'était accompagné d'un prologue, la soudaine réminiscence de toutes les histoires horribles que j'avais vécues ou entendues concernant les personnes telles que moi. Ils et elles étaient là avec moi, invisibles et figés, ceux et celles qui avaient survécu, ou pas. J'ai vu le beau Daniel, le fils du cordonnier, j'ai vu Alicia, une fille fabuleuse qui jouait souvent au foot sur les terrains du quartier avec un maillot du Rayo Vallecano et qui riait très fort quand elle marquait un but. Un rire franc et libre impossible à oublier. Elle s'est fait virer de chez elles à quatorze ans quand elle a été surprise à enlacer une autre fille devant son immeuble...J'ai aussi vu Benjamin, un cousin au troisième ou quatrième degré, danseur et acteur en puissance, magnifique comme un grand félin, tabassé par son père et ses frères qui l'accusaient d'être pédé, jusqu'à ce qu'il ne reste de lui qu'une pauvre créature tremblante et alcoolique qui disparût de notre quartier un soir d'été à l'âge de dix-sept ans.
Ce n'était pas juste d'arriver à ce moment si spécial de la vie, celui du premier baiser, avec un tel poids. Notre vie n'était pas comme celle des autres et ne le serait jamais. Une procession interminable de fantômes allait nous accompagner tout au long de la route et nous regarderait d'un air affligé à chacun de nos pas.
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Je n’étais qu’une tapette amère de plus, une autre transsexuelle vaincue trop tôt que personne ne voulait ni n’aurait su aider, une autre travestie tragique, une nouvelle et énième histoire sans importance. De la chair pour voie de métro. Cette année-là, ce fut la première fois que je songeais sérieusement à me faire broyer sous les roues en métal.
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J'ai compris que les filles conservent toujours une dette envers leur mère, que nous ne pouvons pas leur rendre ce qu'elles nous donnent ou ce que nous en gardons parce que cela ne marche pas ainsi. Notre mission est de transmettre ce que nous avons reçu à d'autres, quelles qu'elles soient. J'ai appris que la généalogie, qui est un héritage d'amour, ne fonctionne qu'en cascade.
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Je haïssais la gravité à laquelle mes secrets m'obligeaient. Tout ce qui avait à voir avec mon identité, lorsque je m'entraînais à en parler, ressemblait à l'aveu d'un crime ou d'un péché impardonnable.
Avoir grandi avec le langage de la culpabilité disséminé un peu partout comme seule et unique manière de se référer à la vie trans était décourageant. La découverte de soi-même devrait être un motif de célébration ; l'abandon officiel d'un espace vital minuscule et suffocant devrait s'accompagner d'embrassades et de soulagement. (p. 125-126)
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Les ouvriers ne furent jamais considérés autrement par le franquiste que comme des bêtes de somme à parquer en périphérie.
Cet abandon généra dans le quartier une conscience de classe que les autorités de la transition démocratique décidèrent de brimer jusqu'à la fin des années soixante-dix, puis durant toute la décennie suivante, avec des seringues d'héroïne presque gratuites.
La drogue fut la dernière forme d'exécution sommaire de dissidents commise par un régime qui avait trouvé ainsi la manière de perdurer.
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La mauvaise habitude - Alana S. Portero
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