Citations de Alberto Garlini (47)
Lorsqu'il se dirigea vers la porte, sa mère courut le serrer dans ses bras. C'est facile d'aimer un enfant, puis c'est difficile d'aimer ce en quoi il se transforme. Mais elle le prit dans ses bras comme on serre un enfant.
On ne peut pas aller contre la dynamique de la rage, même si le devoir de fidélité aux chefs l'exige. Et quand les chefs sont incompétents, encore mieux : c'est le devoir du soldat de les renverser.
Plus le langage est archaïque, plus il est métaphorique.
Dans toute sa vie, Franco a eu deux costumes. Il n'y en avait pas un pour le travail et un pour les fêtes, comme ça avait été le cas pour son père et du père de son père. L'un était pour agir et l'autre pour parler. L'un pour tuer et l'autre pour négocier.
Il se croyait capable de tuer. Il était sûr que c’était simple, que c’était même le devoir d’un soldat politique. Il l’avait désiré avec chaque goutte d’énergie, il savait que c’était une question de temps et que ça arriverait. Mais rien ne s’est passé comme il l’avait prévu. Il n’y a pas eu de bataille. Le mort n’était pas un guerrier. Le couteau s’est enfoncé profondément sans raison, sans intention. L’excitation de l’instant. Mauro était fait pour devenir une victime. La mort d’un innocent est une offense à l’honneur. Un chevalier a le devoir de protéger les innocents, pas de les tuer. Un chevalier doit obéir à une règle de fer. Il ne peut la transgresser : c’est de cette règle, de l’acier de la discipline intérieure, que lui vient la supériorité morale lui permettant de s’arroger le droit de donner la mort. Mais Stefano a enfreint la loi et brisé son ordre intérieur.
Le capitalisme commence à mourir. Le capitalisme mourra. Le capitalisme est déjà mort.
Lorsqu'il se dirigea vers la porte, sa mère courut le serrer dans ses bras. C'est facile d'aimer un enfant, puis c'est difficile d'aimer ce en quoi cet enfant se transforme. Mais elle le prit dans ses bras comme on serre un enfant.
Quand on vit dans le désert et que les ressources sont limitées, c’est l’instinct de coopération qui prévaut, pas l’agressivité. En voyageant, nous nous entraidons. Nous échangeons les biens et les dons. Nous sommes tolérants. C’est l’homme sédentaire, l’agriculteur Caïn, qui dresse des murs dans le but de défendre l’exploitation exclusive de la terre et du sang.
les noirs et les rouges
Les mots lui venaient d'une rage profonde, des injustices subies. De son père mort dans l'étable. Son père qui se balançait , un demi-sourire aux lèvres. Un sourire d'ivrogne et de raté.
Il se remit à contempler le coucher du soleil. Il pensa à ses morts. Il y en avait tant. Quand on connaît plus de morts que de vivants, c'est qu'on est devenu vieux. Stefano avait vingt-deux ans et il était très vieux.
JIl faut suivre jusqu'à la dernière de ces 900 pages, Stefano, un personnage de roman "épais" que n'aurait sans doute pas renié le grand DoIstoiveski.
Un gamin d'Udine, ayant vécu un véritable drame familial dont on devine les contours funestes tout au long de sa trajectoire, un traumatisme qui le suivra jusqu'à la mort. Adolescent manipulé par des ogres plus féroces que lui et jeune homme haineux, meurtrier, qui connaîtra sa rédemption par l'amour et la poésie.
L'Italie regorgeait de pistonnés au point d'exploser. Elle regorgeait d'agents secrets. De fanfarons. De francs-maçons. De fils de. De maîtresses de. En comparaison, le cheval de Caligula n'était rien.
Les pulsions vitales - honneur, fierté, courage - [...] étaient des planètes qui tournaient autour du feu solaire, suivant des orbites ordonnées. Et c’est ça, seulement ça, qui vous fait sentir que vous êtes un guerrier.
Folio policier p20
Les émeraudes sont comme les tableaux anciens, elles subissent des milliers de retouches et la veine de départ doit être la meilleure possible.
On ne laisse jamais les écrivains tranquilles, pas même quand ils ont passé soixante ans. Les boxeurs se retirent et on n’en parle plus. Après quarante ans, un joueur de base-ball s’amuse dans le jardin avec ses enfants. Pas les écrivains. Eux, on leur demande : Qu’es-tu en train d’écrire ? Leurs cahiers sont couverts de poussière, mais on insiste : Que diable es-tu en train d’écrire ? Ernest a encore réussi, il a terminé son livre sur Paris et c’est son plus beau. Il peut enfin se permettre d’être irresponsable, comme toujours lorsqu’il a fini d’écrire. C’est son droit.
On se lasse des villes, on ne se lasse pas des déserts.
Ils se lassaient vite des autres. Le paysage bougeait trop, il était trop beau et furieux, trop guerrier, comme disait Stefano, pour qu'on pût supporter toujours les mêmes visages et les mêmes dents.
"Je t'ai demandé pourquoi vous m'aviez choisi,moi.
-Des références sérieuses?Un ordre divin? ou bien l'idée centrale suivant laquelle la falsification peut être une bonne stratégie d'attaque -Et si j'avais été pris?
-Vous êtes un infâme provocateur communiste . Si je vous dénonçais à la suite de cet appel menaçant ,on vous considérerait comme un adepte de Marx et de Bakounine assoiffé de sang pendant un an de procès au moins; Et un an , c'est le temps qu'il nous faut."
Assommé, le porc s’effondre sans grâce. Il n’est pas mort, il ne peut pas mourir si facilement, il doit souffrir afin que sa chair reste bonne. Il n’a pas encore oublié tout à fait la vie. Il est assommé et pleure. Il pleure vraiment, tel l’enfant qui vient de naître. Il n’attend plus les noisettes ou les glands, les trognons de pomme qu’on lui jette. Le cri de douleur qu’on pousse sous l’effet de l’oxygène respiré la première fois est aussi un cri de mort. Il monte et se prolonge, il paraît humain. Il demande pitié avec tant d’insistance que seul le sang peut le laver.
Quelles formidables âneries ! Mais c’est juste : si l’on est assez fanfaron pour vouloir interpréter la littérature, la sienne ou celle des autres, le jeu consiste précisément à tâtonner et à proférer des stupidités. Et il vaut bien mieux ne rien écrire du tout, car un jour le tribunal des puissants cerveaux new-yorkais pourrait demander des comptes. Il est des choses qu’on ne pense ou ne dit que pour voir si l’on y croit vraiment. De même qu’on tire parfois pour vérifier que l’on est capable de tuer. Même s’il n’y a aucune différence entre croire et ne pas croire. Pas plus qu’il n’y en a entre tuer et ne pas tuer, lorsqu’on est un débutant.