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Citations de Alexandra Strauss (49)


Mon attirance pour Jérôme ne fut pas immédiat. Elle résulta d'un long processus intérieur long comme l'apprentissage d'un savoir nouveau. J'étais, il ne faut pas l'oublier, une femme de science et de raison, et je n'étais plus, hélas, une toute jeune demoiselle. Et puis surtout, je le trouvais déplaisant. Son mépris pour la gent féminine me blessait.

Chapitre 1
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Jérôme apparut, telle une comète rare qu'il ne faut pas rater car elle traverse le ciel que tous les dix mille ans.

Chapitre 1
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Si ma curiosité pour le monde n'avait été aussi intense, je me serais sans doute retirée dans un couvent où j'aurais mené une vie plus sage que dans la société des hommes qui me paraissaient souvent fous et mauvais. Mais le goût de la science était ancré en moi, et, lorsque ma mère mourut, je repris es activités.

Chapitre 1
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De même je me rendis compte que j'avais aux côtés de ma mère accumulé plus de connaissances que quiconque, plus même que la supérieure du couvent, presque autant que certaines vieilles princesses qui vivaient là leurs dernières années et qui avaient côtoyé dans les cours royales des savants et des poètes. J'en fus surprise. Je découvris que penser était une activité réservée à quelque-uns et je compris le danger d'être différente.

Chapitre 1
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J'avais sept ans lorsque Postellina s'aperçut de mon existence et m'introduisit dans ses appartements. Postellina intimidait ses gens, et elle aurait pu rester pour moi, sa fille, une étrangère effrayante si je n'avais découvert à ses côtés le plaisir de l'étude. J'ignorais tout du monde et ne me doutais pas que la science de ma mère était bien peu commune.
J'appris le latin et le grec comme on apprend les règles d'un jeu ou les paroles d'un refrain populaire, avec facilité et entrain. Par-dessus l'épaule de ma mère, j'étudiais la géographie du monde des Anciens et lisais à voix haute de vieux recueils de médecine.

Chapitre 1
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Fille d'un apothicaire devenu veuf, Postellina vécut longtemps cloîtrée, apprenant de son père le nom des plantes, des drogues et leurs usages.

Chapitre 1
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Moi, Aleyt van Meervenne, épouse Bosch, je ne suis pas femme de lettres, mais je suis une lectrice attentive et régulière des oeuvres de mon temps comme de celles des temps passés, et j'espère avoir suffisamment d'instruction pour être à la hauteur de ma tâche.

Chapitre 1
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La maison était silencieuse. j'attrapai au passage une pointe de laine et m'en couvris. La traversée de l'étage plongé dans les ténèbres me rappela les nuits de mon enfance, lorsque je quittais le cabinet de ma mère après m'être endormie dans dans un fauteuil et avoir été réveillée par le froid. Les bougies étaient souvent éteintes, mais parfois l'une d'entre brillait encore, et je découvrais ma mère allongée sous une fourrure, la tête posée sur un livre, touchante d'une fragilité que jamais grand jour ne vit. Je rajustais la couverture autour d'elle et sortais sur la pointe des pieds, tachant de ne réveiller personne, ni ma mère, ni surtout ma gouvernante.

Chapitre 13
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Il avait dans l'idée de réaliser un triptyque qui illustrerait le triomphe du Mal, un sujet qui le passionnait. Sur le premier panneau, il voulait peindre l'irruption du Mal chez les hommes avant la naissance d'Eve et le péché originel Sur le second, l'on pourrait voir les péchés triomphants dans l'ensemble de la société humaine. Sur le dernier, l'arrivée des pécheurs en enfer.

Chapitre 13
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Quel sens cela avait-il de se retirer du monde ? La question tourmentait régulièrement Jérôme et revenait dans nos discussions. (...) Fuir la communauté humaine, s'épargner les douleurs du quotidien, se consacrer à sa propre pureté, était-ce là vraiment une attitude louable ? N'était-ce pas plutôt une forme raffinée de l'orgueil ? L'homme qui se plongeait dans le coeur de la vie et s'en sortait dignement n'était-il pas celui qui méritait d'être sauvé ? Jérôme ne savait comment répondre à ces questions.

Chapitre 13
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Alors, face au miroir de l'âme humaine dont il s'efforçait de fixer les peu glorieux contours, il arrachait de l'obscurité les parcelles d'un monde fantastique, et le temps passait comme un rêve, traversant sa conscience d'images imprécises et troubles. Monstre aux pattes de grenouille cuisinant à la poêle des morceaux de membres humains, démon à la peau bleu pustuleuse tournant la broche où grille un homme, chat ailé aux griffes d'oiseaux acérées, femme à la tête d'oie, cygne navire flottant dans les airs, rat ricanant vêtu comme un bourgeois...

Chapitre 13
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Les couleurs, son contact le plus direct avec la création, lui permettaient de vivre les lumières plus longtemps qu'aucune lumière ne durait, de pénétrer en elles, d'être lumière. Il devenait aube, crépuscule, mais aussi mousse, roche et peau. Les sujets, c'est cela aussi, posséder et être possédé, un paysage, un visage, un fruit. Il appréhendait la sainteté et le mal, la béatitude et l'enfer.

Chapitre 13
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Il se réjouissait que les heures fussent si longues. Il souhaitait qu'elles ne passent pas. Ni les jours. Ni les mois. Rester éternellement dans le travail se faisant, dans la course du soleil suspendue.

Chapitre 13
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Jérôme s'enfermait dans son atelier et l'univers se réduisait à ce lieu. Les sujets qu'il peignait prenaient une réalité que ne possédait plus le monde tant il trouvait dans le geste de peindre l'essentiel.

Chapitre 13
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Dans les moments proches du néant, les rêves s'insinuaient, violents et amers. Les prières montaient vers Dieu et des visions le visitaient.

Chapitre 13
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Une main qui n'était pas humaine avait déclenché en lui le flux de la création. Il Lui rendait grâce.

Chapitre 13
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Il y avait ceux qui vivaient dans l'erreur, la tête en bas, la vue faussée, ceux qui voyaient les choses à l'envers de ce qu'elles devaient être, le mal pour le bien, le juste pour le faux. Le monde était un grand carnaval où tout était leurr et illusion, où l'on était trompé par les apparences, les déguisements, les masques...

Chapitre 12
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Dans cette pièce vide et vierge de tout souvenir, il allait s'enfermer avec ses rêves et ses visions. Le voyage en terre lointaine dont il rêvait enfant, il le ferait dans ce lieu que nulle silhouette familière n'avait jamais foulé.

Chapitre 12
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Je comprenais, en ressentant très douloureusement ce changement irréversible, que l'esprit tourmenté de Jérôme m'avait transmis le sentiment aigu de la fragilité humaine. Il m'avait donné ce qu'il portait en lui afin que je puisse l'accompagner dans la vie. Désormais, ses peurs étaient les miennes.

Chapitre 5
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Cette année-là, la première de notre vie commune, lorsque je vis le printemps revenir, je me laissai envahir par toutes sortes d'humeur tristes. La vie avec Jérôme avait rendu passionnantes et précieuses les longues nuits d'hiver, quand le temps pour nous deux s'était comme effacé, mais j'avais conscience qu'avec la fin des froids s'achevait un épisode qui ne reviendrait pas.

Chapitre 5
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