68 textes. Quelques 300 pages. 68 hommes et femmes pour jeter une bouteille à la mer, dire leur colère, leur amertume, leur désespérance.
Un combat, ou 10, ou 100... L'anthropocène devenu capitalocène et anthropocide; la folie guerrière qui jette ses filets pour prendre les dollars des marchands de guerre; l'ineptie d'empoisonner la terre au principe de nourrir les populations; l'injure faite aux majorités dans l'injonction de faire plus et mieux quand ils donnent quasiment tout; le mépris jeté à la face de jeunes qui n'ont d'avenir assuré que leur lendemain; l'abrutissement orchestré dans une virtualisation offerte comme un pis aller rassurant; la compétition stérile et injurieuse sans cirque mais nourris de pouces baissés...
68 textes, cela fait beaucoup de mots et pourtant si peu quand il faudrait reboiser les esprits de milliers de gens.
Mais peu de mots au carré, au cube, à la puissance de 1000 lecteurs, voilà que cela devient une marée, un tsunami.
Romanciers, poètes, dessinateurs, réalisateurs, journalistes, sociologues, ces hommes et femmes ont joué le jeu d'un appel lancé par Oliviet Bordaçarre. Ecrire pour marquer un Stop, pour dire la colère et la peur.
Bribes de réflexion, manifestes, poèmes, courtes nouvelles, ces textes empoignent le cœur, rallument l'effroi ou offrent un peu d'espoir. Mais tous sans exceptions, secouent la torpeur insouciante qui sait que la situation est grave mais veut croire que l'humanité, en bonne élève, poursuivra sa course, persuadée de l'impossibilité de son extinction.
Collapsologie, pourront penser certains, oublieux des chiffres qui disent chaque jour la disparition de nos voisins aquatiques, volatiles, férus de froid, ou de forêts luxuriantes.
C'est peut-être un coup d'épée dans un océan d'impossibles, mais il a le mérite d'exister.
Alors, je sais gré à chacun de ces hommes et femmes, sentinelles, qui posent des mots comme on gratte une plaie, pour qu'elle suppure, gangrenne, et qu'enfin on coupe le membre.
Qu'importe le temps qu'il nous reste. Toutes les civilisations se sont éteintes un jour, mais, sans doute pouvons nous gagner un peu de temps avant que, pour citer cette belle expression de Mouloud Akkouche, la planète ne baisse définitivement ses paupières.
Un grand coup de chapeau à l'éditeur, la manufacture des livres, qui a joué le jeu.
Et, cerise sur le gâteau, tous les droits du livre dont reversés à des associations et collectifs locaux qui, en fourmis travailleuses, œuvrent sans relâche pour faire leur part du colibri.
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Manifestation littéraire en marche pour 68 plumes afin de dire Stop !
Témoignages, hommages, constats, revendications, actes de résistance, rébellion, colère… des lignes et des mots, des dessins, des poèmes, des messages à faire passer, à hurler pour qu’ils sortent du silence où l’on tente trop souvent de les museler.
C’est publié à La Manufacture de livres qui reversera tous les bénéfices à diverses associations travaillant à l’échelle locale.
À lire de toute urgence.
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Où le parti pris de la "littérature" l'emporte sur la clarté du texte, ce que le titre du roman pouvait laisser subodorer. Alexandre Lenot écrit bien et ce, sans la lourdeur d'images qui se veulent littéraires mais qui prêtent souvent à rire. On lui pardonnera ses titres de chapitres qui portent alternativement le nom de ses personnages, procédé qui ne tardera sans doute pas à fatiguer nombre de lecteurs. Il est en revanche difficile de le suivre quand son ambition littéraire se manifeste au détriment d'une intrigue qui ne m'a guère accroché malgré toute la bonne volonté dont j'ai pu faire preuve, ayant rarement effectué autant de retours en arrière qu'au cours de cette lecture. Un roman élitiste qui néglige de traduire l'anglais des paroles d'une chanson et qui ne prend pas la peine de vérifier l'orthographe de la marque des tracteurs John Deere, qui deviennent ici des John Dear, bah, quelle importance pour Alexandre Lenot qui a estimé que pas un de ses utilisateurs ne serait en capacité de se plonger dans son texte ...
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Voici un premier roman qui en a étonné ou dérouté plus d'un(e). Que moi j'ai beaucoup aimé. Un roman assez noir où le plus important est l'atmosphère qui y règne, plus que l'action. Une région rurale qui semble abandonnée par le progrès, des haines ancestrales figées dans le temps, une défiance commune pour tout étranger, une violence sourde qui jaillit au moindre prétexte...Et là, le prétexte sera l'incendie d'une vieille ruine isolée.
Des personnages dont on sait peu de choses et sur lesquels on n'apprendra guère plus, la plupart cabossés par la vie, qu'ils soient d'ailleurs ( Eli, Louise, Laurentin) ou du cru ( les frères Couble)D'autres un peu mystérieux ( le vieux couple d'américains Fiona et Andrew) qui seront un temps une sorte de passeurs près desquels Louise puis Eli renaîtront lentement à la vie.
Il faut se laisser porter par l'écriture, très belle, dense comme cette nature qu'elle décrit, il faut prendre son temps pour le lire, ce que j'ai fait puisque j'étais en vacances et que j'avais peu de temps pour la lecture. Normalement je n'aime pas faire cela, lire de façon trop discontinue, mais là, chaque fois que je reprenais mon livre, même pour un court moment, j'étais immédiatement plongée dans l'histoire, le lieu, la psychologie des personnages... Je veux y voir la magie d'une écriture superbe qui m'a beaucoup touchée. Un premier roman prometteur et assurément, un écrivain à suivre pour moi. Encore une jolie découverte des #68premieresfois !
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Abandonné, ça veut tout dire.
Écorces vives n’est pas un livre pour moi.
Je me suis perdue dans les personnages, dans les histoires. Des phrases trop longues m’ont fait repartir en arrière, des répétitions dû mots « papa » telles que je ne savais plus de quel père on parlait.
J’ai abandonné. Je ne suis pas faite pour cette lecture
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Écorces vives est un polar atypique ; en effet, il n'y a pas de mystère, pas vraiment d'enquête à résoudre. C'est un roman d'ambiance, mais aussi de violence. Son écriture ciselée, splendide, a paradoxalement pour effet de desservir son récit en en détournant l'attention. Par contre, les personnages sont forts, attachants ou détestables, c'est selon.
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Quel coup de maître.
Ne cherchez pas de tueur, ne cherchez pas d'ambiance macabre ni de traître et autres indics.
Là il est question de polar social, d'ambiance, d'atmosphère, de noirceur sourde.
Le tout dépeint avec brio, le Language est limpide, les termes précis, tantôt anthropologue, tantôt guide de montagne et philosophe.
Chapeau l'artiste
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Roman noir voir très noir , très bien écrit , vocabulaire et syntaxe pointues. Peut-être trop ? Cela pourrait rebuter certains lecteurs. On ne lit pas ce livre comme un thriller ou un policier ou un roman plus léger, c𠆞st certain. L𠆚uteur va à l𠆞ssentiel .
Les personnages sont attachants.
Il mérite d’être lu :).
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J’ai été malheureusement très déçue par ce premier roman de Monsieur Lenot, alors que de base j’aime bien les polars noirs.
Seulement 200 pages en petit format sont devenues pour moi les 200 pages les plus longues de ces derniers temps...
Et même si la plume de l’auteur est assez poétique, le nombre des signes consacrés à la nature dépasse mes préférences.
L’histoire ne m’a pas très emballée et pour être honnête je n’ai pas compris la vraie problématique du livre et je m’ennuyais dès le premier chapitre en attendant enfin un déclic qui n’est jamais arrivé. Malgré l’ambiance assez angoissante, pour moi, il ne se passe pas énormément de choses et cette angoisse laisse donc place au pessimisme.
Le rythme de la lecture reste le même, il n’y a pas vraiment de rebondissements.
Même avec la belle syntaxe, je trouve ce roman sans âme. Neutre.
J’espère tout de même que le livre a trouvé son public et je remercie à @Babelio et à @Actessud de me l’avoir offert.
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Eli a fui la ferme qu'il habitait après y avoir mis le feu et erre dans le bois, Louise une jeune fille s'occupe des chevaux et du domaine d'un couple d'américains installés de longue date et qui la recueillie, et Laurentin, la cinquantaine, gendarme qui a choisi une garnison "au vert", autant de personnages qui vont se retrouver catapultés, et affronter la violence dans un massif Central déserté et menaçant...Des signes - cercles, triangles sont peints en rouge sur différents bâtiments, exacerbant l'animosité entre chasseurs et fermiers, réveillant la violence entre des jeunes désœuvrés et révélant l'impuissance des gendarmes, quelque peu débordés.
Un roman sous tension, à plusieurs voix, dans lequel chacun des récits devient épique et dramatique.
Écorces vives est un roman rural noir, un roman d'ambiance dans lequel Alexandre Lénot s'empare des thèmes très actuels, la désertification des zones rurales, des oppositions entre chasseurs et protecteurs de l'environnement, du manque d'entretien des moyens de communication et des laissés pour compte qui ne trouve plus leur place dans la société.
Une écriture poétique et souvent épique pour décrire des personnages en recherche de repères mais, même si j'ai apprécié le style, j'ai trouvé que les pièces de ce puzzle ne s'emboîtaient pas toujours très bien.
Ce bémol à part, ce premier roman permet de découvrir une nouvelle plume et un écrivain à suivre.
Je remercie Babelio et les éditions Actes sud - Babel pour la découverte de ce roman noir.
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Ce sont le titre et la première de couverture qui m'ont amenée vers ce livre. Eh puis j'ai vu que l'intrigue se situait vers chez moi, au sein des montagnes et forêts du Massif Central...
Alors, pas sûr que la lecture de ce roman noir donne envie de s'installer par ici mais ce fut pour moi une très belle et étonnante découverte. J'y ai trouvé tout ce que j'aime dans les polars : l'atmosphère pesante qui colle à la peau pendant tout le temps de la lecture et même après, des portraits fouillés de personnages abrupts et mystérieux, le tout servi par un style poétique et percutant.
Ce premier roman m'a vraiment marquée et conquise, Alexandre Lenot sera un auteur à suivre !
Un grand merci aux Editions Actes Sud et à l'opération Masse critique de Babelio pour cette intense lecture.
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J’ai lu ce roman il y a quelques mois.
Et ce livre résonne encore en moi. Il m’a vraiment laissé un souvenir fort et une impression durable.
Peut-être il est vrai parce que l’histoire se situe en Auvergne, sur un territoire et dans une campagne qui me sont désormais familiers car je me suis installé dans le Cantal depuis plus d’un an après avoir vécu 20 ans à Paris.
C’est un roman noir.
Mais dans un univers rural, âpre, assez inhabituel pour ce genre, en France tout du moins.
Cela rend ce livre très original et remarquable.
L’écriture y est ciselée, travaillée, belle et très particulière. Elle parvient à merveille à restituer ce territoire si rude et singulier.
Et bien entendu, il y a l’intrigue qui vous prend.
Intrigue qui voit se croiser une galerie de personnages, très différents et tous avec une part de mystère : Eli, qui brûle sa ferme, dévoré de chagrin ; le capitaine Laurentin, gendarme qui arrive de Paris et semble être venu panser plaies et blessures ; Louise, jeune femme en souffrance, qui travaille dans une ferme ; et d’autres encore…
Tous ces personnages cabossés sont attachants. Et vous font dévorer ce livre (trop vite peut-être, il me faudra certainement le relire)
Et en creux, l’auteur brosse également les souffrances et le sentiment d’abandon ressentis dans ces campagnes. Saisissant un vrai sujet de société, quelques mois avant que n’éclate le mouvement des gilets jaunes. Intéressant...
Quel premier roman !
On attend avec impatience le deuxième !!
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En plein centre du Massif central, dans une campagne délaissée, oubliée, l’incident d’une masure incendiée, et la rumeur vient réveiller les habitants et ressurgir les haines.
C’est un roman noir, qui met en scène des personnages cabossés, des taiseux, des hommes durs et des femmes qui subissent.
On y trouve l’intolérance, la peur de celui qui arrive dans ce pays et que l’on ne connait pas.
La nature est belle et froide, il y a le vent, la pluie, un pays rude. Les habitants sont à l’image de la nature.
Les personnages principaux, Louise venue vivre chez un couple de retraités, Laurentin, gendarme en fin de carrière accompagné de ses chiens, Eli, traumatisé par la perte de sa femme, et qui a mis le feu à la masure. Louise va le ramener chez le couple de retraités. Les jeunes s’ennuient et sombrent dans la délinquance. Les habitants sont aigris et ne supportent pas « l’étranger » qui arrive…..
Ce livre, c’est une ambiance, une atmosphère angoissante, une belle écriture poétique qui décrit superbement la beauté des paysages. Une certaine lenteur et en même temps un rythme soutenu.
J’ai apprécié ce livre, je ne l’ai pas lâché, lu au coin du feu. Alexandre Lenot a su me captiver par son langage en accord avec le paysage. J’attends son second roman.
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« Écorces vives », j’ai aimé l’écriture dAlexandre Lenot ainsi que la construction du livre qui raconte des petits bouts de vie de chacun dans un milieu montagnard très rude.
Les personnages décrits sont plein d’humanité dans une société qui ne les accepte pas voire les déteste. L’étranger fait peur, la personne qui ne remplit pas les codes fait peur aussi. On a parfois l’impression que les hommes sont plus des animaux que des êtres humains surtout quand ils sont en bande et qu’ils peuvent exprimer toute leur lâcheté, leur bassesse. Au milieu de cette faune, il y a Jean qui vit avec son frère Patrick, un peu retardé - Lison qui vient de perdre son mari et vit avec ses deux enfants et Céline - et surtout, il y a Louise et Éli qui essaient de se reconstruire après avoir vécu des événements violents qui les ont brisés.
Ambiance noire mais lueur d’espoir au travers des personnages qui ne veulent pas subir la loi de ces hommes du cru, du pays.
Même si parfois, j’ai trouvé que certains faits étaient un peu trop irréalistes voire un peu clichés, je conseille vivement cette lecture qui fut un vrai bon moment.
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Une de mes lectures mémorables de l'année. J'ai vraiment apprécié toutes les qualités littéraires que détaillent certaines critiques et la manière très acérée de caractériser les personnages avec une grande finesse jusque dans leurs pensées les plus insoupçonnées. Que des louanges pour un livre qui prend aux tripes et que l'on veut effeuiller le plus lentement possible, tout en étant pressée de connaître la suite des événements et d'assister, pantelante, au récit des travers humains et de ces excès qui font notre quotidien.
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Alexandre Lenot
Écorces vives
C'est un e région de montagnes et de forets ,qu'on dit Central mais que les routes nationales semblent éviter .
Un homme venu de loin incendie la ferme dans laquelle il espérait un jour voir jouer ses enfants , puis il disparaît dans la montagne .
MON AVIS : C'est un thriller MAIS il se passe en Auvergne.
Premier roman de l'auteur , il semble bien connaitre ces paysages rudes de la montagne .
Ses descriptions de l'environnement nous permet d'appréhender les animaux , les oiseaux , les plantes , les arbres
Il donne vie à ses personnages . Quel style ! En effet , ses descriptions l'emportent sur les protagonistes (à mon grand bonheur !).
Ces protagonistes ( des étrangers comme on dit en Auvergne ) finiront par perdre.
Ici , c'est toujours la terre qui l'emporte ...
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