Alexandre Moatti

L'astronomie et l'astrophysique ne sont pas des matières faciles à appréhender. Pourtant la mécanique céleste ordonne notre vie de tous les jours, à travers les saisons, les phases de la Lune et les phénomènes astronomiques tels que les éclipses ou les aurores boréales et australes. C'est fascinant à regarder, mais parfois âpre à comprendre.

Alexandre Moatti relève la gageure de la vulgarisation et de l'accessibilité : une écriture fluide et limpide, des schémas explicites, des encadrés pour aller plus loin (et se frotter à quelques équations mathématiques), le tout dans un équilibre parfait.

Nous commençons logiquement avec la Terre, puis le système solaire, jusqu'à nous éloigner de plus en plus dans le temps et dans l'espace pour balayer tous les thèmes les plus courants (gravitation, exoplanètes, trous noirs, Big Bang...)

Le tout donne une vision parfaitement claire de l'état des connaissances à l'heure actuelle, sous une forme pédagogique non dénuée d'humour et d'exemples sympathiques.

Évidemment qui dit vulgarisation dit simplification, mais sans pour autant s'éloigner de la rigueur scientifique admise à ce jour (une théorie étant vraie jusqu'à ce que l'on prouve le contraire), à une exception près : l'explication des aurores polaires est erronée, car trop simplifiée sans doute. Cette erreur a d'ailleurs peut-être été corrigée dans les éditions suivantes.



Un indispensable qui porte bien son nom, à conseiller les yeux fermés à tous ceux qui regardent le ciel et cherchent à le comprendre un peu mieux.

Internet est un formidable outil de connaissance...quand les connaissances sont en libre accès, gratuites, et largement diffusées. Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne dans ce domaine, et entre la liberté de diffusion, le monopole, les restrictions, les droits d'auteurs etc, c'est un labyrinthe dans lequel il peut être difficile de se retrouver.

L'exception culturelle française n'y fait pas exception, en son sein grouille un mille feuille de réglementations, qui en fait même l'exception administrative française.

Et c'est sans compter sur l'esprit gaulois qui voit d'un mauvais œil tout ce qui vient d'Outre-Atlantique, surtout quand en plus ce qui traverse l'océan tend à l'universalisme ( à l'impérialisme diront certains?) et au monopole.

Depuis la parution de ce livre il y a quelques années, je pense que la situation a encore évoluée, qu'en est-il aujourd'hui de la place du libre, dont on n'entend de plus en plus parler, par vague ponctuelle, quand certains réseaux sociaux et leurs propriétaires s'attirent les foudres de leur public?

Un ouvrage intéressant et instructif sur ce que l'auteur appelle Alterscience. Il s'agit de théories hétérodoxes qui remettent en cause les théories scientifiques communément admises. Malgré leur caractère aberrant, elles émanent d'auteurs ayant une culture scientifique réelle. Selon Moatti, ces auteurs ont généralement une formation d'ingénieur, souvent poussée (beaucoup de polytechniciens) mais qui éprouveraient un sentiment de frustration à l'égard des scientifiques universitaires et souffriraient d'un défaut de reconnaissance. Après une carrière réussie, ils se lancent dans des études théoriques, et essaient d'obtenir la notoriété, en s'efforçant de réfuter les théories scientifiques établie. Ils parviennent à cette notoriété mais pas celle qu'ils voudraient : s'ils parviennent souvent à une célébrité médiatique, ils ne sont évidemment jamais reconnu comme des pairs par les scientifiques, vu le caractère aberrant de leurs théories.

(Je prie les ingénieurs qui me liraient d'accepter mes excuses, je ne fais que reproduire les propos de Moatti).

Ils s'attaquent de préférence à des théories connues, telles que celles de la relativité, de l'évolution, mais aussi à l'héliocentrisme et considèrent alors Copernic comme un imposteur, sans remettre nécessairement en cause l'existence d'un cosmos au-delà de la terre. Ils élaborent des cosmogonies aberrantes telles celles de Velikovski ou Horbiger. Cette dernière sera consacrée officiellement dans l'Allemagne nazie. D'ailleurs les altersciences peuvent accéder à un statut officiel dans les régimes totalitaires, qui s'efforcent de créer une science national-socialiste, ou une science prolétarienne dans l'URSS de Staline.

Ces théories se distinguent des fondamentalismes religieux, même lorsqu'elles en reprennent les thèses. En effet le créationnisme, la théorie de la "terre jeune" ( Terre créée il y a six mille ans), géocentrisme), même lorsqu'elles émanent d'esprits religieux, ce qui n'est pas nécessairement le cas, prétendent se fonder uniquement sur des bases scientifiques, et non sur la fidélité à un texte sacré révélé.

Il ne faut pas non plus confondre alterscientistes et complotisme. La plupart du temps les complotistes ne revendiquent aucun alibi scientifique. Cependant les thèmes se recoupent souvent. On pourrait peut-être d'ailleurs définir l'alterscientisme comme un complotisme savant.

On trouve aussi des alterscientistes d'extrême gauche, qui sont souvent les mêmes que les négationnistes de la Shoah de cette mouvance. On retrouve d'ailleurs les protocoles des Sages de Sion et le complot du gouvernement mondial chez certains alterscientistes (sans la fioriture des lézards cannibales et pédophiles.)

On trouve aussi une très intéressante analyse de certains effets pervers du principe de falsifiabilitté de Popper - voir citation

Un livre rempli de formules mathématiques... Avec certaines explications obscures et d'autres beaucoup plus claires. Surtout destiné à ceux qui aiment faire des mathématiques et qui ont déjà quelques bagages derrière eux mais pas trop (bac scientifique peut-être).

Le transhumanisme, que l’on attribue à la Silicon Valley et des GAFA, aurait-il des origines françaises ? La thèse, qui rattache l’utopie de l’intelligence artificielle et de l’hybridation homme-machine à la biologie eugéniste d’avant-guerre, est contestable.
Lien : https://laviedesidees.fr/Ale..

Ce livre n’a pas pour ambition d’expliquer les diverses théories développées par Albert Einstein, ni de raconter sa vie mais bien de décrire l’opposition, voire la haine dont il a été la cible pendant tout ce 20ième siècle. Alexandre Moatti argumente ses écrits le plus objectivement possible (certes avec notre recul depuis le 21ième siècle) tout en se basant sur un large éventail de références (pas moins de 72 références bibliographiques sont citées).



J’ai découvert, avec stupeur, à quel point certains scientifiques peuvent avoir peur du changement et de la remise en question de la nature qui nous entoure et qui nous semble familière (notre espace et notre temps). Cette crainte allant jusqu’à la haine profonde pour bon nombre d’entre eux !



Alexandre Moatti nous narre les persécutions (le mot est adéquat) dont ont été victimes Einstein et les einsteiniens. En France, il n’y a eu vraiment qu’un seul einsteinien: Langevin (celui du fameux paradoxe des jumeaux). On trouve en revanche parmi les opposants de la relativité beaucoup plus de scientifiques (ou pseudo-scientifiques) : des français, des allemands, des soviétiques, des mathématiciens, des physiciens expérimentateurs ou théoriciens (plus rare), des astronomes, des médecins, des philosophes, des politiciens, des communistes, des journalistes, des prix Nobel, pléthore de polytechniciens, des nazis, des aryens, des antisémites, des anti-allemands, des jeunes, des vieux, des matérialistes, des anti-matérialistes, des jaloux, des bornés et des gens comme vous et moi qui ne sont pas forcément spécialistes de physique théorique mais qui donnent leur avis tout de même ! Tous ces adversaires ont peur de cette révolution, attribuant la relativité à une métaphysique, préférant regarder ce qu’elle entraîne sur la vision de notre monde plutôt que la théorie elle-même (qui est belle et bien une théorie physique à part entière) alors qu’Einstein a réalisé tout son cheminement intellectuel, non pas sur la métaphysique mais bien sur les mathématiques et la physique !!



Bref je vous conseille vivement cet ouvrage si vous vous intéressez à l’histoire des sciences du 20ième siècle et plus particulièrement à l’histoire de la relativité.

Très bon livre permettant de mieux comprendre les réactions négatives à la science, la face cachée de la modernité.

L'« alterscience » c'est toutes ces théories plus ou moins délirantes, mais se proclamant scientifiques, qui jalonnent l'histoire des idées. Une passionnante promenade où l'auteur nous entraîne à travers ce musée des obsessions et des paranoïas.
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..