Citations de Alexis Nikolaïevitch Apoukhtine (30)
Mais le monde est non seulement hypocrite et menteur, il est encore cruel et sans pitié. Notre ancien précepteur Vassili Ivanovitch m’a expliqué la théorie d’un savant très connu, d’après laquelle tout dans la nature doit lutter pour vivre. Dans le monde, nous livrons aussi la même lutte cruelle, avec cette différence, qu’elle n’est point du tout essentielle à notre existence. [...]
Tant que le sort vous est favorable, tous sont pour vous, du moins en apparence ; mais si vous échouez, si le bonheur vous trahit, alors il ne faut plus attendre de pitié. Nos toilettes, et tous ces atours pour lesquels nous dépensons tant d’argent, quelle est leur raison d’être ? On dit qu’ils nous servent à capter les hommes ; mais c’est faux : la plupart des hommes ne remarquent pas notre accoutrement ; sans doute ils aiment nous voir élégantes, mais on peut s’habiller élégamment sans tant de frais. Non, ces attifements sont nos armes de lutte l’une contre l’autre : ce sont nos fusils et nos canons ; et notre triomphe, c’est de voir telles de nos amies rougir de dépit, telle autre pâlir de rage, etc.
LES ARCHIVES DE LA COMTESSE D***
Lettre LIV – De Maria Ivanovna Boiarova
Le pressentiment a son rôle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas. Le poète parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les événements futurs jettent une ombre devant eux. »
Quel bonheur que nous ayons réparé notre faute dans la dernière année de sa vie, et comme je te suis reconnaissant d’être allée chez elle au printemps ! Aurons-nous gagné quelque chose à ce voyage ? C’est encore incertain ; mais ce que nous avons déjà acquis, à savoir la tranquillité de conscience, vaut beaucoup plus que tout l’héritage. Nous aussi, mourrons un jour : c’est une vérité banale, mais comme nous l’oublions souvent !
LES ARCHIVES DE LA COMTESSE D***
Lettre XXXV – Du Comte D***
D’un point de vue ordinaire, sans doute j’ai été très heureux, parce que j’ai de la fortune et ce qu’on est convenu d’appeler une situation dans le monde. Mais l’argent n’est qu’un bien négatif, et il en est comme de la santé : on ne le désire que quand il manque.
LE JOURNAL DE PAVLIK DOLSKY
6 décembre
Si la matière est immortelle, pourquoi faudrait-il que la conscience se dissipât sans traces, et, si elle disparaît, d’où venait-elle et quel est le but de cette apparition éphémère ? Il y avait là des contradictions que je ne pouvais admettre.
Le pressentiment a son rôle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas. Le poète parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les événements futurs jettent une ombre devant eux. » Si les hommes se plaignent quelquefois d’avoir été trompés par le pressentiment, c’est parce que leurs sensations leur restent obscures : toujours ils désirent ou appréhendent, et ils prennent leur peur ou leur espoir pour le pressentiment.
ENTRE LA MORT ET LA VIE
Chapitre II
Le chagrin est tenace et long,
Mais la joie est volage et brève.
(Le journal de Pavlik Dolsky)
Le pressentiment a son rôle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas.
Le poète parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les événements futurs jettent une ombre devant eux. » Si les hommes se plaignent quelquefois d’avoir été trompés par le pressentiment, c’est parce que leurs sensations leur restent obscures : toujours ils désirent ou appréhendent, et ils prennent leur peur ou leur espoir pour le pressentiment
Le grand problème qui m’avait tourmenté toute ma vie était résolu : la mort n’existe pas, la vie est infinie.
On ne peut revenir en arrière ni retrouver ces merveilleux jours de mai qui ont passé comme un rêve et à propos desquels je me répète ces vers de Joukovski :
Ne dis pas avec tristesse : ils ne sont plus ;
Mais avec reconnaissance : ils ont été.
LES ARCHIVES DE LA COMTESSE D***
Lettre XVII - De A.V. Mojaïsky
Dans toute manifestation extérieure de douleur, il y a presque toujours une certaine dose d’effet théâtral : l’homme même le plus sincèrement attristé ne peut oublier que les autres le regardent.
ENTRE LA MORT ET LA VIE
Chapitre IV
Les hommes disent : l’argent ne fait pas le bonheur, et néanmoins ils tiennent pour le bonheur ces biens de la vie qui s’achètent par l’argent.
ENTRE LA MORT ET LA VIE
Chapitre VIII
Le plus grand ennemi de l’homme, c’est l’homme même.
LE JOURNAL DE PAVLIK DOLSKY
6 mars
Peut-on vivre dans le monde et ne pas mentir ? Je ne puis même me présenter une vie absolument honnête et droite dans ce milieu de duplicité et de mensonge. Ces pensées me passaient par la tête autrefois déjà, mais le bruit continuel de la vie mondaine étouffait la voix de la conscience, tandis qu’aujourd’hui je vois cela clairement.
LES ARCHIVES DE LA COMTESSE D***
Lettre LIV – De Maria Ivanovna Boiarova
Si chacun éprouvait, une fois dans sa vie, ce que j'ai subi, s'il se sentait vraiment un pied dans la tombe, il n'y aurait plus d'animosité entre les hommes. La vie humaine est tellement prisonnière du cadre étroit de l'ignorance et de l'impuissance, elle est si fortuite, si fragile et si brève, que l'individu a besoin pour se distraire, de l'empoisonner par d'absurdes querelles.
Expliquez-moi, chère Comtesse, pourquoi la belle-mère est tenue pour une créature détestable que tous doivent haïr. Cependant, dans les autres familles, la belle-mère compte comme une personne, mais pour mes gendres, je ne suis pas quelqu’un, mais une dinde pleine d’argent. Comme vous savez, il y a des dindes truffées, et vraiment, il me semble, parfois, qu’ils sont autour de moi avec des fourchettes et me piquent de tous côtés pour prendre les plus grosses truffes ; et tous sont des gentilshommes, et s’ils m’étaient étrangers, tout serait très bien, et je les recevrais avec grand plaisir à Znamienskoié ; et Piotre Ivanovitch ne porterait pas dans sa poche une usine de cuir. Que Dieu me fasse seulement marier au plus vite Naditchka ; je leur donnerai tout, je garderai pour moi 30.000 de revenu pour ne pas mourir de faim, et je m’installerai à Florence ou à Rome. À propos que dites-vous des affaires de Rome ? Pauvre Pape !
Je vais lui broder des pantoufles et les lui envoyer de la part d’une inconnue de la Russie.
Je suis très content que tes premières impressions soient bonnes, et que les pruneaux aient plu à la tante. J’ai donné l’ordre à Smourov de lui en envoyer deux boîtes chaque semaine. Henry IV disait : "Paris vaut bien une messe", et moi, je dirai : "Le Kriastchy de la tante vaut bien quelques boîtes de pruneaux." Sans doute, nous avons déjà assez de fortune, mais 40.000 de revenu superflu ne font jamais de mal, et je crois qu’elle n’a pas moins.
Il était huit heures du soir, quand le docteur approcha son oreille de mon coeur, porta un petit miroir à mes lèvres et, s'adressant à ma femme, lui dit d'un ton solennel et doux :
-Tout est fini !
A ces paroles , je compris que je venais de mourir.
Le grand problème qui m'avait tourmenté toute ma vie était résolu : la mort n'existe pas, la vie est infinie.
J’ai toujours pensé que l’homme naît avec des goûts absolus et avec tous les germes de son caractère futur ; son but est précisément de réaliser son caractère. Tout le mal vient de ce que les circonstances mettent parfois des obstacles à cette réalisation. Je passais en revue toutes mes mauvaises actions, tous les actes qui autrefois troublaient ma conscience, et je pus constater que tous provenaient du désaccord entre mon caractère et la vie que j’ai menée