Tuer la mère. Tuer le fantasme de la mère irréprochable. Tuer une image pour s’affranchir de son emprise.
A trop désirer la perfection faite parents, on oublie l’homme derrière le père et la femme derrière la mère. On oublie les faiblesses et les doutes pour ne se centrer que sur ce désir d’amour absolu que l’on exige d’une mère. On oublie les sacrifices et les nuits sans sommeil, les angoisses et les inquiétudes et on se focalise sur les quelques erreurs si humaines qu’elle a pu commettre. Elle, qui ne se servait que des malheureuses armes que sa mère avant elle, et toutes les autres auparavant, avaient utilisées.
Tout n’est qu’héritage et apprentissage. Il faut apprendre et pardonner. Quand on le peut. Quand c’est possible. Quand la faute n’est pas inexpiable. Alors on tue la mère et alors, peut-être, on comprend et on pardonne la femme.
Voilà ce que j’ai lu derrière les mots d’Ali Land. C’est une partie des pensées que « Le sang du monstre » a pu déposer en moi car derrière le personnage monstrueux et immonde de cette mère, se cachent toutes celles qui ne sont qu’imparfaites et qui elles, méritent le pardon.
Ce roman, étonnant par sa construction, a pris du temps pour me séduire. Il a posé ses jalons doucement, prenant le risque de me perdre. Ses pages remplies de détails anodins du quotidien commençaient à prendre le pas sur mon intérêt quand enfin, j’ai compris qu’ils étaient les symboles de la vie « normale » à laquelle le personnage principal aspirait, qu’ils étaient là pour mieux mettre en exergue l’aberrance de sa vie.
Avec une lenteur parfois presque exaspérante, l’auteure parle d’éducation et d’hérédité et de ce moment flou où l’être humain navigue entre enfance et âge adulte. Ses mots sont emplis de pudeur et elle réussit à décrire des situations innommables avec une retenue qui rend le texte accessible aux âmes dites sensibles et ce, malgré le sujet malsain.
Le point de vue est intéressant et quand bien même je n’ai su développer d’empathie pour cette jeune et atypique adolescente , j’y ai vu l’amour et la haine, le pouvoir et le devoir, l’intrinsèque et le combat.
« Le sang du monstre », malgré son format réduit, cache de nombreuses et d’importantes questions et passé l’ennui qui pourrait être ressenti, il apporte même quelques réponses. Sauf celle-ci qui est propre à chacun :
Doit-on et peut-on aimer sa mère envers et contre tout ?
Lien :
https://sous-les-paves-la-pa..