The Lost Wife, interview Alyson Richman (en anglais)
L'insomnie est la chambre a coucher de ceux qui ne trouvent pas le repos.
Je me demande souvent si c'est une des malédictions de la vieillesse de nous sentir jeunes dans notre coeur tandis que notre corps nous trahit.
...malgré l'isolement de notre propre vie, nous sommes toujours liés à nos ancêtres: nos corps renferment le souvenir de ceux qui ont vécu avant nous, soit dans les traits dont nous héritons, soit dans une disposition inscrite dans notre âme.
Néanmoins, pour survivre dans ce monde étranger, je dus apprendre que l'amour est un peu comme un tableau. Les vides entre nous deux étaient tout aussi importants que les pleins. L'espace entre nos corps allongés, les pauses dans nos conversations correspondaient aux parties encore vierges sur une toile, et le reste de notre relation - les rires et les souvenirs - correspondaient aux coups de pinceau appliqués avec le temps.
...je vis l'étoile tomber sur le tapis, sa descente silencieuse beaucoup plus assourdissante que le cri le plus perçant. Maman la ramassa et la remit dans sa poche en posant la paume dessus pour la cacher à la vue de la fille de Lucie. Mais elle l'avait déjà remarquée.
-Regarde, maman. Tatie Eliska a des étoiles dans sa poche. Elle en a de la chance !
Ma mère s'agenouilla et l'embrassa sur le front.
-Les étoiles ne sont à leur place que dans le ciel, ma chérie.Ne l'oublie jamais.
Nous portions ce chagrin comme on porte des sous-vêtements. Une peau invisible, que même les yeux les plus indiscrets ne pouvait pas voir, mais néanmoins toujours présente.
Parfois, j'ai envie de lever la main sur lui, d'évacuer des années de frustration à la vue de ce fils brillant, prisonnier dans sa coquille soyeuse. Mais je n'ai pas suffisamment de volonté pour ça.
Il lit dans mes pensées, il lit ma tristesse. Il lit ma colère. Elles illuminent ma rétine comme les éclairs illuminent le ciel un soir d'orage.
Puis elles disparaissent.
Il y avait deux genres de femmes : celles qui sont illuminées de l’extérieur et celles qui sont illuminées de l’intérieur. Les premières ont besoin de l’éclat d’un diamant pour étinceler, mais, pour les autres, c’est la lumière de leur âme qui fait resplendir leur beauté.
Dois-je vraiment vous raconter cette partie-là de mon histoire ? Dois-je vraiment vous décrire les conditions à l'intérieur du wagon à bestiaux où nous étions collés les uns contre les autres, où le pot qui servait de toilettes déborda et se déversa sur nos pieds, où il faisait si sombre que je ne voyais que le blanc des yeux de mes parents et de ma soeur ?
Aujourd'hui encore, je vois la peur, la faim. L'une des dernières images que j'ai de ma mère, c'est celle d'une louve affamée. Ses cheveux sont blancs et rêches. On aurait pu servir de la soupe dans la cuvette creuse de ses joues ou collecter ses larmes dans le wallon sous ses yeux.
L’insomnie est la chambre à coucher de ceux qui ne trouvent pas le repos. Enlevez les couvertures et sortez vos jambes. Tournez votre réveil vers le mur et ne prenez pas la peine d’allumer. Car c’est dans l’obscurité que vous verrez le mieux vos problèmes. »
« Si ceux que nous aimons nous rendent visite dans nos rêves, ceux qui nous tourmentent nous rendent presque toujours visite quand nous sommes réveillés.