Citations de Amaury Barthet (53)
Écoute, ce que je te propose c’est de vivre la vie que tu aurais pu avoir si tu avais été mieux conseillée. Il ne s’agit pas de tricher, mais simplement de corriger la mauvaise décision que tu as prise dans ta jeunesse, de renouer avec la vie meilleure qui aurait dû être la tienne.
Dans ces conditions, les études supérieures ne servent à peu près à rien, si ce n’est à développer un esprit vaguement critique d’un niveau suffisant pour suivre un débat animé par Cyril Hanouna.
L'immense majorité des connaissances théoriques acquises à l'université s'oublient après quelques années, parfois même après quelques mois ; en fait elles disparaissent tout simplement du néocortex et du lobe temporal si elles ne sont pas sollicitées régulièrement. Dans ces conditions, les études supérieures ne servent à peu près à rien, si ce n'est à développer un esprit vaguement critique, d'un niveau suffisant pour suivre un débat animé par Cyril Hanouna. La plupart des métiers s'apprennent sur le tas, chacun pouvait en faire l'expérience. Eva elle-même avait très peu pratiqué le droit des affaires avant son arrivée chez Naval Group et s'était débrouillée pour en apprendre les ficelles sur le terrain. Un peu de bon sens et d'intelligence sociale avaient ensuite suffi à lui faire gravir les échelons.
Le coup de grâce intervient après Mai 1968 lorsque, sous la pression des mouvements étudiants, le gouvernement renonce définitivement à instaurer une sélection à l'entrée en fac. Ouverte à tous, et donc aux médiocres, l'université devient le ventre mou de l'enseignement supérieur, le service public gratuit que l'on aime défendre mais dans lequel on n'a pas envie que ses enfants se retrouvent.
Du reste, les conversations de ce collègue proche de la retraite se révélaient parfois supportables, il était l'un des rares profs à ne pas se plaindre constamment des élèves, de leurs parents vindicatifs, ou de l'absence de soutien de l'Éducation nationale.
Son faible niveau d’instruction en fait un électeur idéal, les partis politiques peuvent lui faire croire ce qu'ils veulent. Quand je pense à toute cette classe dirigeante bien née qui exploite l'ignorance des ouvriers pour se faire élire...
Mes trente lycéens étaient pareils à un millier d’animaux en cage, hurlant et tapant du poing sur les tables, prêt à en découdre sauvagement contre tout forme d’autorité
Je restai sans voix. Ce mégalo l’avait placé à l’entrée même de son logement, comme un avertissement aux visiteurs pénétrant chez lui. Attention, vous êtes dans la demeure d’un diplômé d’HEC, un mâle alpha, un homme à l’intelligence et au courage exceptionnels, un vétéran de la prépa, quelqu’un à qui vous devez le respect. C’était son trophée de chasse. Certains exposent une tête de grizzli égorgé au cran d’arrêt, d’autres un diplôme d’école de commerce parisienne.
J’avais du mal à cerner l’origine de ses connaissance littéraires. Des pans entiers de la sociologie montraient que « les jeunes issus de l’immigration » étaient tenus structurellement à l’écart de la culture classique, pourtant Nadia défiait ces prédictions.
Ils semblaient prisonniers d’un destin sociologique écrit d’avance, un TGV lancé à 300 kilomètres heures vers le chômage.
Son diplôme - ce document qui certifiait moins les compétences que le milieu social d'origine - agissait comme un plafond de verre sur ses ambitions professionnelles.
L’institution scolaire exigeait un rapport à la langue française et à la culture classique dont ils ne disposaient pas et qu’il était trop tard pour acquérir. Ils semblaient prisonniers d’un destin sociologique écrit d’avance, un TGV lancé à 300 kilomètres-heure vers le chômage, et aucun de mes conseils ne pourrait les faire dévier de leur trajectoire qui les menait inéluctablement droit dans le mur.
L'institution scolaire exigeait un rapport à la langue française et à la culture classique dont ils ne disposaient pas et qu'il était trop tard pour acquérir. Ils semblaient prisonnier d'un destin sociologique écrit d'avance, un TGV lancé à 300 kilomètres-heure vers le chômage.
Néanmoins, malgré cette apparente banalité, elle me surprit à plusieurs reprises par certaines références culturelles incongrues qu’elle lâchait dans la discussion comme un cheveux sur la soupe.
Étais-je né avec un terrain génétique favorable à la soumission, ou en avais-je acquis cette faiblesse par l'éducation ?
D'aussi loin que je me souvienne, les femmes m'avaient toujours intimidé. Enfant, je percevais déjà qu'elles n'étaient pas comme nous, les garçons, je me disais que l'essence de leur personnalité avait quelque chose de fondamentalement différent. A l'école primaire ce n'était pas un problème, il suffisait de rester à distance d'elles pendant les récréations. Mais au collège et au lycée, les choses s'étaient compliquées, il fallait soudainement leur plaire, les conquérir, et ceux qui échouaient voyaient leur masculinité publiquement contestée. Naturellement, toutes mes tentatives s'étaient soldées par des échecs lamentables.
(p. 22)
Les codes de l'entreprise me sont largement inconnus, surtout la manière de parler, cette imbuvable novlangue corporate, qui anéantit la pensée : shooter un livrable, drafter une propale, merger des workshops, dropper un save the date…
Tu te crois éclairée parce que tu as suivi deux pauvres cours de sociologie à la fac? Des pétasses comme toi avec leurs convictions bornées, il y en a des milliers dans les manifs !
Ras le bol des putains d'enfants gâtées qui se prennent pour Che Guevara! Ta haine grossière du système, tu peux te la mettre au cul, salope !
Écoute, ce que je te propose c’est de vivre la vie que tu aurais pu avoir si tu avais été mieux conseillée. Il ne s’agit pas de tricher, mais simplement de corriger la mauvaise décision que tu as prise dans ta jeunesse, de renouer avec la vie meilleure qui aurait dû être la tienne.