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Critiques de Amélie Noël (13)
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Dissonance

Dans ce court roman, Amélie Noël fait le récit sensible d’une fillette pas comme les autres. Noémie vit dans une grande maison auprès de parents peu aimants et d’un frère et d’une sœur plus âgés. Entre son frère et Noémie s’est installée une grande complicité. Solitaire, elle s’est inventé un ami imaginaire à qui elle peut tout dire. Elle est précoce, elle apprend à jouer de la flûte traversière, elle est douée. Elle est diagnostiquée « zèbre ».

Puis, c’est la fêlure, cette dissonance qui a donné le titre au roman, « tristesse résignée de devoir vivre avec la perte » Car Jean, son grand frère complice est mort. Comment ? Le lecteur ne l’apprendra que plus tard car l’auteure s’attache à raconter la lente descente aux enfers de Noémie. Elle arrête la musique et s’enfonce un peu plus dans la solitude, mange très peu « Elle s’alimente. Le strict minimum » jusqu’à devenir transparente. Mais cela ne suffit pas, elle se met à courir pour se frotter à la douleur physique.

Avec des phrases courtes, parfois lapidaires, Amélie Noël raconte le corps de Noémie qui s’amaigrit sans que jamais ses parents n’interviennent. Elle se glisse dans les pensées de Noémie pour mieux nous montrer ses fantasmes morbides. Nous la voyons grandir en faisant semblant mais elle reste en marge des autres et devient une adolescence dissonante.

C’est après un accident qu’elle fera une rencontre qui l’aidera à regarder en face ce drame qui a fait basculer sa vie. Et s’il n’était pas trop tard pour reprendre goût à la vie ? Et si sa différence était sa véritable richesse ?

Médecin, Amélie Noël a l’expérience de la souffrance et l’empathie nécessaire pour écouter, comprendre les blessures du corps et de l’âme, mais au risque de se perdre dans le redondant et l’emphatique.

Il y a, bien sûr, les séances entre le psychiatre et sa jeune patiente que l’on sent bien documentées et qui éclairent d’un jour nouveau le mal être de Noémie.

Pourtant, j’aurais aimé en apprendre davantage sur son anorexie, à peine évoquée, ou bien sur les difficultés d’un enfant précoce dit « zèbre ».

Après un début qui tire en longueur, j’ai trouvé que l’intrigue peine dans certains passages. Néanmoins, ce roman recèle une histoire émouvante et humaine qui saura trouver ses lecteurs.



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Dissonance

Amélie Noël nous livre un roman émouvant, empreint de réalités vécues ou observées. Noémie, petite fille atypique se cache derrière la surface lisse de "la petite fille parfaite", qui ne fait pas de vagues. Pourtant "sa tête est une tornade" et "sa mère lui a toujours fait comprendre qu'on n'aime pas les tornades". Cela est difficile à vivre et isole des autres.

Deux accidents, bien que très douloureux, vont permettre de faire émerger un espoir de survie, ou plutôt de retour à la vie. Pouvoir enfin exister en étant soi-même. Car Noémie fait partie de ces personnes atteintes de douance cognitive et émotionnelle, communément appelées en psychiatrie les "zèbres".

En développant leur créativité, ces patients peuvent enfin trouver leur chemin. Noémie le trouvera dans l'écriture et l'exercice de la médecine. Tout comme l'auteur de ce roman. Tiens donc !

Après avoir lu ce livre, vous ne regarderez plus les "dissonants" de la même façon. Ce sera pour vous, comme pour eux, un bienfait, une avancée, une source de salut.

Une histoire touchante et un style percutant, fait de phrases courtes, comme des flashs, à l'image des pensées de l'héroïne.

Décidément les éditions La Trace ont l'art de choisir leurs auteurs, et également leurs couvertures.
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Dissonance

Il y a d’abord cette jolie couverture, cette silhouette de petite fille sage qui tient un ballon rouge en forme de cœur. On dirait une œuvre de Sunra, le street artist qui enchante les rues de Montpellier de ses cœurs rouges. Et puis, bien sûr il y a les mots, ceux d’Amélie Noël qui résonnent – raisonnent – encore longtemps une fois le livre refermé. Car ce roman, "Dissonance", qui à mes yeux n’est pas que cela, continue de me hanter.



Il raconte l’histoire de Noémie, dernière d’une fratrie de trois enfants, une mère "particullière", un frère particulièrement aimé, un tuteur, un refuge. Elle est atteinte de dissonance, douance émotionnelle et cognitive en termes psychiatriques. Cette particularité difficile à gérer, synonyme de souffrance et de solitude, est démultipliée lorsqu’un jour s’ajoute une tragédie familiale. L’auteure nous plonge au cœur de cette petite fille parfaite à l’extérieur



"Noémie est une petite fille exemplaire.

En apparence….

Et tellement sage. Pas de vague. Aucune vague.

Un effort de tous les instants pour qu’aucun mouvement n’apparaisse à la surface de l’eau…

C’est tout à fait ce qu’elle a fait. Une apnée qui a duré de nombreuses années."



A l’aide d’une écriture au scalpel, toute en précision chirurgicale, où les phrases courtes succèdent aux mots seulement juxtaposés, répétés, serinés à l’envi, l’auteure réussit à décrire, à nous faire ressentir le désarroi de son héroïne, son isolement, ses tourments. Ce n’est pas Noémie qui cesse de s’alimenter. Ce n’est pas elle qui se met à courir toujours plus loin, toujours plus longtemps pour cesser de souffrir dans son âme. Transférer la douleur de l’âme au corps. Non, ce n’est pas elle, c’est la lectrice que j’étais à ce moment précis. La force inouïe du récit traduit à merveille les ressentis et nous les transmet. La soignante est derrière la romancière qui dessine la rencontre salvatrice, qui explique sans pathos, les gestes, la voix, l’attention de tous les instants nécessaires à la prise de conscience du patient, en l’occurrence de la patiente. Cette conscience de différence, cette nécessité de se connaître, de s’accepter, d’être soi et non de vouloir être autre.

Récit éclairant sur une pathologie mentale et les manières de l’appréhender.



Je remercie chaleureusement les Editions La Trace pour cette lecture en avant-première d’un ouvrage lumineux et émouvant.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Dissonance

Noémie est issue d’une famille en apparence idéale. Une mère professeur de physiologie à l’université, un père ingénieur en chimie, et trois enfants avec entre chaque une différence de cinq ans.

Noémie, est la petite dernière. Mais la famille idéale n’existe pas, elle essaye en permanence d’être parfaite, ne pas faire de vague est son credo. Elle est dans l’isolement d’un temps suspendu. Les règles de la maison sont strictes, la mère est maniaque de façon maladive, seul le berger allemand semble vivant.

Qui pourrait dire la passion qui a été la leur lorsque les parents se sont rencontrés, lui dix-neuf ans, elle quinze ans ? Très vite, elle s’est montrée volontaire, autonome, brillante, déterminée mais aussi explosive, imprévisible terrifiante. La vie devient vite un exercice d’équilibre consistant uniquement à retarder l’explosion et ses conséquences.

« Elle se souvient, le dimanche matin, enfoncée dans son lit, sous les couvertures, protégée, elle priait le Bon Dieu pour que sa mère soit de bonne humeur. »

A l’extérieur, Noémie a un emploi du temps très chargé, elle est inscrite à de nombreuses activités, elle est douée, mais elle est inscrite toujours dans le niveau supérieur. Mais sur le plan relationnel, elle est en décalage permanent, elle attire mais rebute aussi, elle n’a pas les codes, elle freine des quatre fers probablement pour ne pas dévoiler…

« Elle va systématiquement à l’étude. Une heure supplémentaire où elle peut penser tranquillement. Elle peut poser son angoisse, la mettre de côté. »

Les mots qui la caractérisent, seraient : différence, incertitude, résistance, survivance, douance.

Dans cette famille elle subit deux fractures, la sœur aînée quitte la maison pour étudier à des milliers de kilomètres et c’est elle qui s’occupait de la petite dernière. Puis le frère.

Alors Noémie, rétrécit réellement ; son corps fend l’air dans des courses à ne plus en finir, elle se sent forte, jusqu’à disparaître. Elle doit faire basculer la douleur, lui faire prendre un autre sens. Elle est comme un fétu de paille, là vivante mais à minima.

« Un équilibre dans la précarité émotionnelle. Dans la pauvreté relationnelle. »

Elle est harponnée, empoignée comme un mirage qui disparaît.

Mais sur sa route une main tendue.

L’écriture est sèche, minimale, l’auteur n’enveloppe rien. Principalement dans les parties Dissonance, distinction innée/acquise.

Le mot est juste dans le ton, dans sa représentation, rien de fait écho, comme le son grippée d’une cloche qui n’aurait plus son espace pour tinter de sa belle sonorité.

Le lecteur a envie d’entendre un son à toute volée, il souhaite de tout cœur que le ciel se remplisse de ce carillonnement.

Il sent que Noémie est suspendue à un fil qui peut rompre à tout moment dans une bulle cadenassée par elle-même faute de répondant autour d’elle.

L’évitement des personnes à failles est parfaitement décrit. Il y a quelque chose qui fait que l’on ne s’approche pas, comme si le malheur était contagieux.

Et enfin il y a l’illustration parfaite de ce que disait Marguerite Duras :

« Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. »

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 14 mars 2020.

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Dissonance

L'histoire d'une disparition, d'échapper à son corps, à ses émotions. On suit Noémie dans son enfance puis adolescence, au sein de sa famille qui fonctionne mal. Elle est seule, s'appuyant sur son frère Jean.

A plusieurs reprises, je me suis dit mais pourquoi l'auteur ne dit pas je, car elle doit forcement parler d'elle. L'auteure parle d'elle à la troisième personne. Une mise à distance peut être. J'ai aimé ce roman et cette rencontte qui lui permet de s'ancrer dans une autre famille.
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Dissonance

Noémie est une enfant à part. Faisant partie d’une famille où l’affection parentale n’est pas au rendez-vous, elle est proche de son frère Jean qui lui ressemble beaucoup. C’est une enfant précoce intellectuellement mais dont les rapports avec les autres sont difficiles. Elle est plus dans l’observation que dans l’action, comme si elle regardait les autres vivre leur vie. Noémie sent bien cette différence, cette dissonance entre elle et les autres mais elle vit tant bien que mal avec. La dissonance est une douance émotionnelle et cognitive en termes psychiatriques.

Un drame va se produire qui risque de courir à la perte de Noémie… Jusqu’à … Jusqu’à cette main tendue…



C’est un roman court mais qui m’a profondément touchée, émue… Les phrases courtes ponctuent le récit jusqu’au drame comment si on ressentait le malaise dans la vie de Noémie.

C’est ici une histoire de main tendue, pas de celles forcément que l’on pourrait attendre… Il y a des rencontres qui changent des vies et c’est ce qui s’est passé pour Noémie. Cette main tendue qui va enfin permettre à Noémie d’être telle qu’elle est.

On y parle aussi des non-dits, des secrets de famille et ce que le corps perçoit avant notre conscience. Car Noémie va se faire mal physiquement pour réussir à gérer sa douleur émotionnelle.

Une écriture fine et sensible et à la fois précise et rude. Sans pathos, on sent le regard du soignant envers ce personnage de Noémie, issu à la fois de faits vécus ou observés.

La couverture est splendide comme les autres ouvrages que j’ai commencé à regarder de cette maison d’édition.



J’ai reçu ce roman via Babélio lors de la masse critique du mois d’août. Je remercie Babélio ainsi que l’auteure et la maison d’édition pour cet envoi et leur confiance.



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RÉSONnANCE

RÉSONnANCE est un roman où les mots comptent et font écho, où les mots ont du poids ”afin qu'ils puissent résonner en nous”.

RÉSONnANCE est un roman lumineux et plein d'espérance, qu'il faut absolument lire à l'heure où la question de l'euthanasie revient sur la table politique et médiatique. Amélie Noël, romancière ET médecin spécialiste de la douleur, apporte à travers ce roman des éléments importants pour se forger une opinion juste sur ce sujet délicat. Sur d'autres sujets également, le temps, la pandémie, la vie, la mort, la relation à l'autre, l'amour…



Le mot résonance, qui comportait deux ”n” jusqu'en 1878, rappelle l'importance de faire résonner les mots en soi et dans sa relation à l'Autre.



Avec un patient en souffrance, quel que soit son état de conscience, une relation résonnante bien plus que raisonnante est capitale. Construire un lien et entrer en résonance permet d'apaiser, soulager et parfois faire changer le cours des choses. Une partition se joue alors jusqu'à son point d'orgue, à l'unisson entre soignant(s) et malade, dans la dignité. C'est ainsi que Zoé vit son quotidien de médecin algologue dans un service de Soins palliatifs.



RÉSONnANCE également lorsque, devant chaque situation, les souvenirs, des pensées, une réflexion affleurent à la conscience de Zoé. Surgissent des pensées cognitives, des pensées émotionnelles, qui font écho. Amélie Noël y met fin, à chaque fois,par une petite phrase en italique : ”Zoé chasse rapidement ces pensées d'un revers de main. Et retourne à son patient”.



RÉSONnANCE aussi dans les mots et la brève relation de Zoé avec Jérémy, infectiologue et nouveau chef de service, dont une petite phrase a résonné en Zoé, lui allant droit au coeur.



Zoé vit intensément son métier, sa vie de femme, sa vie de mère. Vivre c'est ressentir explique Zoé, c'est faire résonner les mots, les événements.



RÉSONnANCE est surtout une belle rencontre avec la romancière déjà entrevue lors de Dissonance, son premier livre. Ses mots trouvent résonance et résonneront sûrement longtemps au coeur des lecteurs, comme, en temps que médecin, auprès de ses malades. Les patients d'Amélie Noël ont bien de la chance de la rencontrer au bout de leur route, le passage sur l'autre rive ne pourra s'effectuer que plus sereinement. Il faut souhaiter à tout un chacun, lorsque le moment arrivera, de rencontrer un médecin tel que Zoé alias Amélie Noël.



RÉSONnANCE enfin avec les éditions La Trace qui, en choisissant des auteurs pour leur humanité, leur profondeur et leur qualité littéraire, offrent aux lecteurs des romans qui les font vibrer et laissent une empreinte. Tout comme leurs photos de couverture.

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Dissonance

Dissonance est le premier roman de Amélie Noël, médecin spécialisée en Douleur et Soins Palliatifs. Une magnifique couverture, un titre aussi original qu'atypique, une maison d'édition de confiance... j'avais hâte de m'y plonger. En ce 14 juillet hommage au personnel soignant, je joins ma plume à cette mise en lumière.



"Dissonance: Définition Larousse:

nf. Latin: dissonantia

Rencontre peu harmonieuse de sons, de syllabes ou de mots ; cacophonie.

Littéraire. Manque d'harmonie, désaccord entre des idées, des caractères, des sentiments. "



Différence



Noémie est "différente", elle est dissonante. Comment vit-elle cette souffrance, cette mise au ban de la société en quelque sorte, tant elle est isolée. Comment survit-elle après le décès brutal de son frère, sa boussole, celui qui la comprenait, celui qui la protégeait...



"Noémie a grandi tant bien que mal avec les carences affectives maternantes et un sentiment d'insécurité paternant. Ce sont les bases sur lesquelles elle s'est construite. Sa force. Ses failles. "



Dissonance innée, dissonance acquise, les deux premières parties du livre.



Ne pas montrer sa dissonance, donner uniquement à voir ce qui est acceptable et par conséquent faire cohabiter deux êtres différents, l'intérieur et l'extérieur.



Comme l'écrit Amélie Noël, "Noémie porte le costume de la résilience. A la perfection. Alors qu'elle est dans la résistance. Dissonance". Toujours donner ce sentiment que tout va bien, en apparence, que l'on avance... alors qu'au fond...



Que ce genre de propos me parle... et m'interpelle. Que ce texte me fait réfléchir, me perturbe et me bouscule.



"Quelqu'un disparaît. Au sens propre comme figuré. Comme Jean ou Noémie. La vie reprend son cours. A toute vitesse. On essaye de ne pas oublier. De penser de temps en temps aux disparus. Et puis on est littéralement happé, presque sans que l'on puisse manifester la moindre volonté. Comme une immense vague qui s'abattrait sur nous. Happé par le rythme de la vie. Rythme imposé mais aussi accepté par un modèle de société. Performance. Efficience. Beauté. Rapidité. Consommation. "



La rencontre



Puis il y a ce drame, cet accident... Obscurité totale lorsque Noémie percute une voiture ou qu'une voiture a percuté Noémie. Dans quel sens, dans quel ordre ? Le résultat est le même : le diagnostic vital engagé.



"La première rencontre est déterminante à ses yeux. Il ne comptait jamais le temps qu'il allait consacrer à son patient lors de celle-ci. Afin que celui-ci puisse se sentir entendu dans une relation individualisée. Et ce n'était pas rare que cela soit la première fois pour eux. prendre soin de l'autre dans sa globalité et sa singularité. Chaque thérapie était une histoire unique pour Jonathan. Les patients ne pouvaient se résumer à une question de structure ou de diagnostic. Il n'y avait pas pour lui les névrosés, les psychotiques, les borderline, les bipolaires, les dépressifs. il y avait l'être humain avec toutes ses particularités. "



Et la lumière vint. Jonathan la sauva? Oui et Non. Jonathan s'occupe d'elle, Jonathan l'écoute, Jonathan la comprend et l'aide à remonter la pente. Petit à petit, heure après heure, jour après jour. Jamais il ne lâche, encore moins abandonne alors même que l'issue de la "mission" apparaît si incertaine.



S'il ne remplace Jean, son siamois, il devient la raison d'être de Noémie, celui qui va lui permettre de vivre, de revivre enfin. C'est le déclic, la lente remontée des abîmes vers la lumière.



Noémie se sent enfin vivante, considérée comme elle est et non comme elle doit être ou devrait être.



"Jonathan quant à lui n'avait rien lâché. Pourtant les mises à l'épreuve de la petite Noé avaient parfois été rudes pour lui. Il ne l'avait jamais fait paraître. Ce dont elle avait besoin était surtout de sécurité. Qu'elle ne perçoive pas une possibilité d'abandon. A nouveau. Il s'était accroché. Cela l'avait probablement fait grandir comme thérapeute. Et puis il lui avait transmis quelque chose. "



Un témoignage fort



Comme je le soulignais plus haut dans cette chronique, et à l'instar de la ligne éditoriale des Editions la Trace, l'écriture est remarquable. Pour reprendre la métaphore médicale, c'est une écriture au scalpel, très précise et très soignée. Les mots sont recherchés, les tournures de phrases très travaillées. Et pour autant, il y a cette impression de sécheresse, de rugosité. Tout est brut, réel et réaliste. Rien n'est enjolivé, masqué, renforçant la force et la justesse du propos.



L'alternance de phrases brèves et de descriptions fouillées donne une dynamique et un rythme vif, percutant au roman. L'insistance et les répétitions renforcent l'immersion du lecteur dans le livre. Il ressent et s'identifie avec force à Noémie, son mal être, son isolement, sa souffrance.



"Le contact avec les patients la nourrissait à la hauteur de son stylo glissant toujours à toute allure sur les pages de ses multiples cahiers. La médecine était une dimension dans laquelle elle avait facilement pu se glisser. Elle s'y était intégrée. Elle pouvait y vivre sa dissonance. Celle-ci était même considérée comme une qualité. Et en même temps en soignant elle réparait. On ne la regardait plus aujourd'hui comme venu d'ailleurs."



Roman émouvant, roman poignant, Dissonance ne vous laissera pas indifférent. Que vous l'adoptiez ou le rejetiez, vous n'en sortirez pas indemne. Vous aurez en le refermant un autre regard sur les dissonants et plus généralement sur les personnes "différentes". Un bienfait quoiqu'il arrive.



Pour ma part, j'ai été conquis, j'ai été bouleversé, je me suis identifié à Noémie. Refermé il y a plus de 10 jours, il résonne toujours en moi... Cette chronique a été l'une des plus complexes à écrire depuis longtemps.



Aussi dur soit-il, je vous recommande de passer quelques heures avec ce lumineux et sublime opus d'un peu plus de 130 pages.



4/5




Lien : https://www.alombredunoyer.c..
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Dissonance

Un premier roman, court et dense, absolument bouleversant



C'est l'histoire de Noémie, une petite fille qui vit dans une belle famille parfaite.

En apparence.

Elle a un frère Jean de 5 ans son aîné et une sœur Marie, de 10 ans son aînée.

La famille vit en autarcie sociale avec des règles strictes et surtout la mère est sujette à des variations d'humeur terrifiantes qui mettent toute la maisonnée en apnée. Et l'apnée, Noémie connaît bien, elle qui essaie tant d'être transparente et parfaite.



Noémie se sent dissonante, différente, tellement seule, comprise juste de Jean, qui malgré la différence d'âge est un peu son double.

Un premier événement dramatique va faire voler son univers en éclats, un second va l'amener à faire la rencontre qui va lui offrir une seconde naissance.



Ce roman m'a happée dès le premier chapitre. D'abord surprise par l'écriture, hachée, faite parfois de simples juxtapositions de mots, j'ai vite réalisé qu'elle traduisait le chaos émotionnel intérieur et les questionnements sans relâche de Noémie. C'est une écriture acérée parfois âpre, précise comme un scalpel. L'autrice Amélie Noel est médecin et l'histoire de Noémie doit beaucoup à la sienne. L'histoire est dure, sombre et moi lectrice impuissante et pleine d'empathie, j'ai assisté à la descente aux enfers de cette enfant puis ado en n'ayant qu'une envie, celle de la prendre dans mes bras, de la rassurer. Mais elle va trouver la lumière en acceptant une main tendue, celle d'un médecin qui va l'accompagner sans faillir et l'aider à comprendre qui elle est. Une magnifique histoire de sublimation alors qu'elle était prête à sombrer... L'écriture se délie alors et prend un autre souffle.



Ce roman, je l'ai trouvé bouleversant, passionnant. Une histoire forte qui vous donnera forcément un regard différent sur la dissonance émotionnelle, souvent vécue comme un handicap, alors qu'elle est une richesse. Cette dissonance, c'est ce que vivent ces enfants et adultes hypersensibles appelés zèbres en psychiatrie.
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Dissonance

Amélie NOEL

DISSONANCE

Editions La trace



Certaines lectures sont comme certaines rencontres. Mystérieuses. Surgissant à point nommé, comme pour répondre à un appel jamais émis. c’est ce que les grecs appellent le « Kaïros », le juste moment.

Ainsi, je me suis procurée le livre d’Amélie Noël il y a quelques jours, sans rien connaître de l’auteur ni du thème abordé, seulement attirée par le titre « Dissonance » et par la très belle couverture (silhouette noire de petite fille tenant un ballon rouge, sur fond bleu) dont les éditions la Trace ont le secret.

Mais voilà. Dès les premiers mots, dès les premières lignes, j’ai compris que cette lecture était tout sauf le fait d’un simple hasard.

Alors, de quoi s’agit-il  ?

« Dissonance » est, en quelques mots, l’histoire d’une petite fille, Noémie, qui porte en elle la « Dissonance innée » de la douance cognitive et émotionnelle (précocité intellectuelle doublée d’hypersensibilité) , à laquelle va se rajouter la « dissonance acquise » : une mère instable, un père insécure, et un frère complice, Jean, qui meurt brutalement, sans que ne soit évoqué ni pour Noémie ni pour le lecteur les causes du décès.

Cette mort, qui plonge la famille dans une douleur sans visage, dans un enlisement profond, précipite Noémie dans une longue et lente chute pour disparaître sans bruit du champ visuel et du champ relationnel. Pour cela, et pour garder un contrôle total du corps, il suffit de cesser de manger, ou presque, de cesser tout lien avec les autres pour geler totalement les affects, et pour diminuer la souffrance, de courir de plus en plus longtemps jusqu’à extinction presque totale du souffle.

Chute que tout le monde préfère ignorer, l’ombre de la mort étant difficile à supporter.

Puis survient l’inévitable accident, la survie, et la compréhension de Lucas, le médecin de l’unité de réanimation que, « sauver la vie, dans le cas de Noémie, n’est pas ramener à la vie. » Alors, comprenant ses limites, et animé d’un fort désir de réparation, il fera appel à son ami et confrère psychiatre, Jonathan, spécialisé dans la prise en charge des « zèbres » (personnes atteintes de douance cognitive et émotionnelle ).

Entre Noémie, la sœur d’un mort, et Jonathan, psychiatre, transfert et contre-transfert seront quasi immédiats. « On aurait pu penser qu’elle l’attendait ». Et Jonathan le médecin psychiatre dit, quant à lui, avoir été « directement touché ».

Alors, inutile je pense de dire combien j’ai pu apprécier ce livre, à la fois évocateur et révélateur.

J’en ai aussi aimé l’écriture sobre et précise, le ton toujours juste, la vérité des personnages, et l’idée, bien sûr, de la possible sublimation de la douleur, permettant de transformer la dissonance en créativité.

D’ailleurs, le prénom Noémie, modifié en Noé à la fin du livre, n’est sans doute pas non plus le fait du hasard : selon le récit biblique, Noé construit une arche pour échapper au déluge.

Ainsi, on peut imaginer que l’arche serait l’écriture, le déluge la douleur de la dissonance.



Rachel

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Dissonance

Poignant, crépusculaire, sublime, « Dissonance » est à lire en hommage aux êtres courbés tels des roseaux par les affres de la vie. Prendre le temps, apprécier la voix d'une auteure Amélie Noël qui délivre des pans de vies écartelées, absolument dignes dans l'adversité et les souffrances insurmontables. Les destins se croisent, s'entrechoquent, chacun ressent les douleurs à sa façon mais la dissonance est vive et relier ce qui est épars va prendre du temps, beaucoup de temps. Pas de pathos, jamais dans les lignes d'une auteure érudite sur le sujet. Ici, nous sommes dans les profondeurs où seule une luciole, espérance d'un brillant en devenir peut bousculer l'irrévocable et tracer la voie. Atteindre la résilience, chercher les courants salvateurs, tout est une question de regard et d'attention à ce qui foudroie. Dissonance. Les contraires assemblés, ce qui ne peut voir le jour sans retirer cette écorce qui refuse le symbole de l'union avérée. Noémie est une toute petite fille, grandissante au fil des pages déroulées de cette intériorité qui va prendre à bras le corps le sens ultime de ce grand récit. Des parents, des intellectuels, ivres de travail, de conférences, des voyages de par le monde, une douche par semaine pour les enfants, laissés un peu voire beaucoup en abandon affectif. La solitude est la toile cirée de la table ronde de cette famille où l'instant n'est pas. La vie seule s'écoule, vide affectif abyssal. Une grande soeur, Marie qui va s'échapper de ce marasme, études obligées, trop de différence d'âge entre ces deux fillettes. Noémie est invisible. Seul, son frère Jean devine les cassures, cette dissonance. Comment rassembler ce qui fuit aux orées des entendements ? Fusionnels, ces siamois vont s'aimer sans le dire grave. Vont risquer leurs pas sur la glace fragilisée d'une famille où les distances sont tendues comme des cordes des mats sur les bateaux égarés. Affronter les coupures d'un manque d'amour d'une mère fragilisée, éteinte, dévorée par le brillant du cadre social, travaillant trop, exprès. S'échapper de cette idiosyncrasie familiale où Noémie et Jean pressentent une chute fatale. « Dissonance » est un beau livre. Bouleversant, il tient fermement la main de cette fillette qui connaît les cartes du coeur jusqu'à plus d'heure. Noémie va vivre un drame. Foudroyant, sable mouvant, cette enfant va être aspirée par le trou noir. Disparaître, fuir son apparence, étreindre l'invisibilité. Dissonance. Jusqu'au jour où. Et là, on est près si près de Amélie Noël. On sent cette grande soignante oeuvrer dans la chapelle des guérisons plausibles. Chef -d'orchestre des aidants, altruiste et sachant les réponses qui ne cherchent que l'issue de secours. On pénètre dans une double lecture qui frémit de connaissances extrêmes sur les maux de la vie. Une écriture qui relève les regards et perce les abcès des accidents de la vie. Une famille qui sombrait. Des douleurs éternelles, des culpabilités dévorantes. Noémie va être aidée. Et là, les amis, les larmes coulent. On n'est pas dans ce noir qui étouffe. Au contraire, Amélie Noël travaille, heure après heure sur la toile de ses mots. Laisse glisser ce qu'elle sait de mieux. Ce récit est lumineux, aidant et nécessaire. Il devrait se trouver dans tous les centres de soins. Ecrire et rassembler les douleurs. La dissonance change, se risque confiante au souffle d'une guérison sans lâcher-prise avec les causes. La dissonance est un antidote. Manichéenne elle est le tout et son contraire. Etreindre ce récit, ce passeur, ce soignant, ce donnant. Chaque jour le savoir près de soi, c'est détenir la force de vaincre à mille mille du Rocher de Sisyphe. Publié par les majeures Editions La Trace.
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RÉSONnANCE

Un phrasé minimaliste, en dire peu, un mot, mais le bon.

C'est l'écriture d'Amélie que nous avions déjà beaucoup aimé avec son premier roman Dissonance . On découvre tout en sensibilité la vie de ZOE, médecin en soins palliatifs qui résonne de tout son être dans ses rencontres avec ses patients … et dans sa vie sentimentale.

Un texte sensible et lumineux .
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Dissonance

Poignante découverte ! Attirée d’abord par le titre et la couverture je ne regrette pas ! J’ai d’abord été surprise par le style d’écriture, beaucoup de phrases courtes auxquelles je n’étais pas habituée puis j’ai compris.

Tout est fluide, même les passages les plus durs. On entre doucement dans le récit, puis tout s’accélère, de l’enfance à l’adolescence, à l’âge adulte.

Une histoire de rencontres, d’épreuves, d’apprentissage, de connaissance de soi, de thérapie, de résilience.

J’ai beaucoup aimé relire les premières pages avant de refermer ce livre...

Un bel hommage aux soignants de toutes spécialités, les liens vitaux qui peuvent s’opérer entre patients et soignants.

Merci pour cette lecture découverte grâce à l’opération #massecritique
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