Ce besoin, cette peur irrationnelle que le lien ne s'éteigne, elle sait d'où partent les racines. L'origine. Au plus profond d'elle-même. La mort brutale d'Alexis. Il lui a dit : « On se rappelle dans la semaine ». Il a raccroché. Quarante-trois heures plus tard, il n'était plus. Et il ne serait plus jamais. Ni le lien. Ni lui. Et comment faire aujourd'hui pour lui hurler tout ce qu'elle n'a pas eu le temps de lui dire. Pour qu'il entende alors qu'il n'existe plus. Alors c'est irrépressible. Il faut qu'elle dise à l'autre tous les sentiments et les émotions qui la traversent. Vite. Vite. Ne plus prendre le risque de ne pas avoir tout dit. Pour Zoé cela avait du sens. Pour l'Autre cela n'en avait aucun.
C'est pour cela qu'elle a fait médecine. Pour ces instants-là, où on entre dans la profondeur de la nature humaine sans artifice. On effleure le vrai. Ce n’est pas souvent dans la vraie vie qu’on a cette chance.
On ne pense jamais le jour de son mariage que tout ce que l'on va construire, pierre après pierre, peut être détruit en quelques secondes.
Les chemins se croisent et il n'y a pas de hasard. Juste des destinées.
Elle essaye de se rassurer en se disant que dans tous les cas elle n’en mourra pas. On peut toujours survivre à cela. On peut survivre à tout. La nature humaine est très résistante.