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Citations de Ananda Kentish Coomaraswamy (31)


La peinture (citra) représentant les diverses passions (rasa) devrait être exécutée par des peintres qui possèdent une qualité de geste dans l’application (pūr) de la couleur et qui sont persévérants dans le travail.
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La doctrine de Platon du relativement beau et d’une Beauté absolue est on ne peut plus clairement énoncée dans le Banquet 210E-211 B :
« À celui qui a été instruit jusqu’à ce point dans la science de l’amour (xà èpcoxixd), considérant les belles choses les unes après les autres selon leur ordre propre, il lui sera soudainement révélé la merveille de la nature de la Beauté, et c’est pour celle-ci, Ô Socrate, que tous ces travaux antérieurs ont été entrepris. Cette Beauté, en premier lieu, est perpétuelle, ne croissant ni ne déclinant, ou augmentant et diminuant; en second lieu, elle n’est pas belle d’un point de vue et laide d’un autre, ou bien belle sous un rapport et en un lieu, et laide à un autre moment ou sous un autre rapport, au point d’être belle pour certains et laide pour d’autres ... mais la Beauté absolue, toujours existant selon une unique forme en elle-même, et telle que, tandis que toute la multitude des choses belles participent en elle, elle n’est jamais accrue ni diminuée, mais demeure impassible, bien que ces choses viennent à l’être et disparaissent ... la Beauté elle-même, entière, pure, non mélangée ... divine, et co-essentielle à elle-même ».
Ce passage est la source de Denys l’Aréopagite pour le beau et la Beauté dans les Noms Divins, ch. 4, lequel à son tour, fait l’objet des commentaires d’Ulrich Engelbert et de St. Thomas d’Aquin.
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Que ce soit dans le Canon ou dans son interprétation par Buddhaghosa, le Bouddhisme ancien souligne l’impermanence et l’extrême brièveté de la vie en toute condition, en un mot sa précarité en ce sens que « tout changement est une mort » ; et il affirme sans équivoque l’irréalité des « êtres » {saita) et du « moi » (attâ), bien que ces termes soient acceptables quand on les emploie à des fins pratiques, quotidiennes (4).
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La psychologie indienne est fondée sur la métaphysique. L’explication en est que tous les systèmes indiens de philosophie sont en même temps des doctrines de salut. En d’autres termes les philosophes indiens ne s’intéressent pas aux faits, ou plutôt aux éventualités statistiques, pour eux-mêmes, mais fondamentalement à une vérité libératrice.
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Qu’avez-vous exactement à nous offrir, vous qui êtes si pénétrés de votre «mission civilisatrice»? N’êtes-vous point étonnés «qu’il n’y ait plus de peuple dans toute l’Asie qui ne regarde l’Europe avec crainte et soupçon», comme l’a dit Rabindranath Tagore, ou que nous redoutions la perspective d’une alliance des puissances impérialistes dont la «Charte de l’Atlantique» ne devait pas s’appliquer à l’Inde et ne s’appliquera pas à la Chine si on peut l’éviter?
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Bien entendu, je n’ignore pas qu’il existe une foule d’Orientaux occidentalisés qui sont tout à fait disposés et même impatients de recevoir les dona ferentes de l’industrie sans s’attarder à examiner un seul instant ces «chevaux» donnés…
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Albert Schweitzer caractérise les conséquences économiques de l’exploitation commerciale (le «commerce mondial»): «Chaque fois que le commerce du bois marche bien, une famine permanente règne dans la région de l’Ogooué.» Lorsque ainsi «le commerce élit domicile dans chaque arbre», les conséquences spirituelles sont encore plus dévastatrices; la «civilisation» peut détruire les âmes aussi bien que les corps de ceux quelle contamine.
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La simple existence de ces grands agrégats prolétariens dont les membres, qui s’exploitent les uns les autres, prolifèrent dans des «capitales» - lesquelles n’ont plus aucun rapport organique avec les corps sociaux sur lesquels elles croissent, mais dépendent des débouchés mondiaux qui doivent être créés par des «guerres de pacification» et sans cesse stimulés par la «création de nouveaux besoins» au moyen d’une publicité suggestive - est fatale aux sociétés traditionnelles les plus fortement différenciées, dans lesquelles l’individu possède un statut déterminé par sa fonction et, en aucune manière, uniquement par la richesse ou la pauvreté; leur existence ruine automatiquement l’individu dont l’« efficacité » le ravale au niveau de producteur de matières premières, destinées à être transformées dans les usines du vainqueur; et on s’en débarrasse en les vendant à bas prix aux mêmes peuples «arriérés» qui doivent accepter leur quantité annuelle de gadgets, si l’on veut que les affaires prospèrent.
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On pourrait dire que si l’Inde ne fut pas, au sens chinois ou islamique, un pays démocratique, elle fut néanmoins la terre aux multiples démocraties, c’est-à-dire aux groupes autonomes maîtrisant pleinement toutes les questions qui sont réellement dans leur compétence, et que peut-être aucun autre pays au monde n’a été mieux formé pour l’autonomie. Mais, comme l’a dit sir George Birdwood, «sous la domination britannique en Inde, l’autorité des corporations s’est nécessairement relâchée»; la nature d’une telle «nécessité» ne supportera guère l’analyse.
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…le gouvernement traditionnel de l'Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier.
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M. Brailsford objecte que «les seuls obstacles à l’accroissement du commerce intérieur sur une échelle gigantesque sont la pauvreté des villages et l’autarcie qui est propre à leurs plus anciennes traditions... Il existe encore maint village, où les artisans héréditaires, qui servent pour une ration de grains ou quelques arpents de terre franche, tisseront les étoffes dont il aura besoin, forgeront ses houes et tourneront ses pots». Malheureusement, «l’accroissement du commerce intérieur sur une échelle gigantesque » n’est aucunement l’une de nos ambitions principales. Nous tenons encore (avec Philon, De Decalogo, 69) pour vérité patente que l’artisan est de valeur supérieure au produit de son métier, et nous avons conscience que c’est avant tout dans les sociétés industrielles que cette vérité est ignorée.
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Nous avons ainsi fini par réaliser que, comme l’a dit, il y a peu, El Glaoui, le pacha de Marrakech, «le monde musulman ne veut pas de l’inimaginable monde américain ou de son incroyable style de vie. Nous (les musulmans) voulons le monde du Qoran», et il en est de même, mutatis mutandis, pour la majorité des Orientaux. Cette majorité comprend non seulement tous ceux qui sont encore «cultivés et illettrés», mais aussi une fraction, bien plus importante qu’on ne le croit, de ceux qui ont passé des années à vivre et à étudier en Occident, car c’est parmi ceux-ci qu’il est possible de trouver bon nombre des «réactionnaires» les plus convaincus. Parfois, « plus nous voyons ce qu’est la démocratie et plus nous estimons la monarchie»; plus nous voyons ce qu’est l’« égalité », et moins nous admirons «ce monstre de la croissance moderne, l’État commercialo-financier» dans lequel la majorité vit de ses « jobs», où la dignité d’une vocation ou d’une profession est réservée au très petit nombre et où, comme l’écrit Éric Gill, «d’un côté, il y a l’artiste voué uniquement à s’exprimer, de l’autre l’ouvrier privé de tout “soi” à exprimer».
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Avant même de pouvoir songer à un gouvernement mondial, il nous faut des citoyens du monde, qui puissent rencontrer leurs concitoyens sans se sentir gênés, comme entre gentlemen, et non en soi-disant maîtres d’école rencontrant des élèves que l’on instruit «obligatoirement» même si c’est aussi «librement». Il n’y a plus place dans le monde pour la grenouille dans le puits; elle ne prétend juger les autres que par sa propre expérience et ses propres habitudes.
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A vrai dire, si l’on veut qu’il y ait sur terre un peu plus de bonne volonté, l’homme blanc devra réaliser qu’il doit vivre dans un monde peuplé en grande partie de gens de couleur (et «de couleur» signifie habituellement, pour lui, «arriéré», c’est-à-dire différent de lui-même). Et le chrétien devra réaliser qu’il vit dans un monde à majorité non chrétienne. Il faudra que chacun prenne conscience de ces faits et les accepte, sans indignation ni regret.
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Parmi les forces qui font obstacle à une synthèse culturelle ou, pour mieux dire, à une entente commune indispensable en vue d’une coopération, les plus grandes sont celles de l’ignorance et du parti pris. L’ignorance et le parti pris sont à la base de la naïve présomption d’une «mission civilisatrice». Celle-ci apparaît, aux yeux des peuples «arriérés», contre qui elle est dirigée et dont elle se propose de détruire les cultures, comme une simple impertinence et une preuve du provincialisme de l’Occident moderne.
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Le monde moderne a, en fait, abandonné (comme l’a ré­cemment fait remarquer Aldous Huxley) la notion d’une « vie honnête » selon laquelle un homme n’est pas un bon chrétien s’il vit d’usure ou de spéculation, ou un bon bouddhiste s’il fabrique des armes ou des boissons enivrantes. Comme je l’ai dit ailleurs : s’il y a des emplois incompatibles avec la dignité humaine, ou des produits, même lucratifs, qui ne sont pas des biens véritables, ces emplois et ces produits doivent être abandonnés par toute société qui a en vue la dignité de l’en­ semble de ses membres. Un niveau de vie ne peut être pro­prement qualifié de « haut » que s’il est évalué du point de vue de la dignité, et non pas uniquement du point de vue du confort.

Les bases de la civilisation moderne sont si profondément corrompues que même les érudits ont oublié que l’homme a toujours tenté de ne pas vivre que de pain. Platon a écrit qu’« il est contraire à la nature des arts de ne chercher dans l’objet que l’utile en négligeant le but ». Saint Thomas d’Aquin dit que « l’artisan est naturellement enclin par justice à exécuter son travail fidèlement ». Pour saisir jusqu’à quel point l’industrialisme a amoindri le sens de l’honneur et la volonté naturelle de l’ouvrier d’accomplir du « bon travail », il suffit de lire ce qu’a pu écrire Gilbert Murray en parlant des mécaniciens et du personnel qui construit et révise les avions : « Il me semble merveilleux qu’on ait pu rendre un si grand nombre d’hommes dignes d’une telle confiance » ; et encore: « L’Âge des Machines les a faits ainsi pour la premiè­re fois dans l’ histoire. » C’était là une partie de sa défense de la civilisation occidentale dans une lettre ouverte à Rabindranath Tagore. Tout ce que cette abracadabrante histoire d’avions signifie en réalité, bien entendu, c’est que partout où la production est vraiment pour l’usage, et non pas principa­lement ou uniquement pour le profit, l’ouvrier est toujours « naturellement enclin à exécuter son travail fidèlement ». Même aujourd’hui, comme l’a remarqué Mme Handy, « la perfection technique demeure l’idéal de l’artisan des îles Mar­quises ». En Europe, l’instinct du travail bien fait n’a pas été éteint dans la nature humaine, mais seulement étouffé chez les êtres travaillant sans le sens de la responsabilité. (pp. 20-21)
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Lorsque tous les nœuds du corps sont dénoués, alors, même ici, dans cette vie humaine, le mortel devient immortel. C’est l’enseignement suprême
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Ananda Kentish Coomaraswamy
Chaque maison que nous considérons détermine les six directions de l’espace: le nadir, les quartiers ou angles et le zénith. En vertu de l’analogie entre le temple et l’homme, les pieds sont le sol ou la terre; le corps est l’espace intérieur ou espace atmosphérique et le crâne symbolise le toit ou le ciel. Chaque représentation définit les dimensions respectives de l’homme, du temple et du monde.
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Ananda Kentish Coomaraswamy
En Inde, comme ailleurs, ce ne sont pas seulement les temples qui sont à l’image de l’univers: l’homme lui-même est un microcosme, un «temple sacré» ou une «cité de Dieu» (Brahmapûra).
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Une œuvre d’art ne devrait être traitée de bonne ou de mauvaise que par rapport à sa qualité esthétique ; le sujet et les matériaux seuls sont pris dans les mailles de la relativité. En d’autres termes, dire qu’une œuvre est plus ou moins belle ou rasavant, c’est définir jusqu’à quel point elle est œuvre d’art et non simple illustration. Quelle que soit l’importance en elle de l’élément séduction ou de ses applications pratiques, en cela ne consiste point sa beauté.
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