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Citations de Anders Fager (19)


Une mort qui ne peut être arrêtée que par la luxure. Viens avec moi dans la voiture. Sur la banquette arrière. Les gens forniquent comme des porcs. Ils se battent et crient. Les voitures se balancent dans le brouillard. Des enfants sont conçus, des jeunes gens pleurent. Une fille de dix-sept ans couverte de vomi gît dans un fossé et appelle sa mère.
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"Le lapin est dans le trou, marmonne Liam tout bas. Vas-y et tu le verras." Quand le gamin s'est approché sans bruit du trou, on le pousse. C'est faisable. Faisable. Faisable.
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La mort traverse le village de pêcheurs de Bodskär. La mort arrive affublée de bonnets noirs et de vestes de treillis. Elle est enveloppée de poudre, de sang et d’une puanteur salée. Elle est féroce. Impitoyable.
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Il sort sa lampe pour voir l'enfant humain qu'il a sauvé. Pour voir la vie dont il a assuré la rédemption. L'enfant qu'il va ramener chez lui en gage de son humanité. Il voit des yeux noirs. Un visage qui grouille d'anguilles autour d'une bouche béante dénuée de dents. Des mains qui n'en sont pas. Des pieds sans orteils.
Pendant le restant de ses jours, Larsson se demandera s'il a placé la grenade de Becirov dans le berceau et s'il a pensé à la dégoupiller avant de s'enfuir. (p.187)
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Grand-mère va partir en voyage. Elle va se rendre dans le nouveau pays tout au nord. Elle va enfin rencontrer Armada et les enfants. Toute la nouvelle génération. Ceux qu’elle n’a jamais vus, mais auxquels elle manque néanmoins. À longueur de temps. Loshie et Kinda. Simon et Jan. Les petits de Zami. Toute la tribu. Ensemble, ils iront ensuite s’installer dans la maison que l’Oncle Tanic a achetée. Elle se trouve à la périphérie de Hammarstrand. Une bourgade au nord. Près de Gesunden. Ce nom ne signifie rien suédois, mais c’est un lac. On le voit depuis la colline près de la maison. Il s’étale dans un vallon de verdure telle une grande mer bleue. Le paysage est beau et paisible. Désert. Et le silence y règne.
La maison est grande. Grande et ancienne. Elle est marron, compte deux étages et dispose d’une cave, d’une grange, d’un garage et d’une pelouse. Il y a aussi de grands arbres dans lesquels les enfants pourront grimper. Elle pourra abriter toute la famille. Ils vont de nouveau être tous ensemble. Et plus personne n’aura à avoir peur. C’est l’intérêt principal du projet. Ils vont enfin pouvoir être réunis. Dans une grande maison. Loin de toute nuisance.
La famille est excitée. Ses membres sont nerveux et ne tiennent pas en place. Ils se querellent sans cesse pour des queues de cerise. Tous ont du mal à dormir. Tous pensent à Grand-mère. À l’Oncle Tanic aussi. Merci Oncle Tanic d’avoir organisé tout ça. Merci de comprendre cet affreux pays qu’est la Suède. Et merci Linecka de l’avoir aidé. Nous qui vivons dans les deux appartements ne nous en sortirions jamais sans vous. Nous mourrions de faim. Nous nous éteindrions. Sans vous deux, nous étions des prisonniers dans l’abominable Rosengård. Cernés de gens. Des gens dangereux et criards. Ceux qui haïssent. Ceux qui détruisent. Ceux que la famille n’a cessé de fuir.
(« Le voyage de Grand-mère »)
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Alexandra offre des friandises. Des petits paquets noirs au goût de goudron. De la marchandise très haut de gamme. Un jour, Sofie en avait fait goûter une bonne dose au rottweiler d'un toxico. Le journal L'Expressen avait consacré deux pages à l'affaire, sans jamais préciser que le clébard avait essayé de baiser son maître tout en lui dévorant le visage.(p. 15)
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Fredman remarque qu'il n'est pas concentré. Bon Dieu ce qu'il peut avoir l'esprit lent, désormais ! Est ce qu'on ressent lorsqu'on vieillit? Comme se noyer dans la mélasse.
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De l'art immédiat. Votre première réaction à l'oeuvre est aussi importante que l'oeuvre elle-même. (p.87)
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L'amour était pour les imbéciles. Le mariage pour les masochistes. (p.79)
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Les monstres se tiennent à distance. Ils ont peur de l'ennui. Ils savent que le temps est pire que tout ce dont ils sont capables. L'ennui est plus puissant que la terreur. La douleur se couche face à une éternité d'ennui. (p.220)
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Dans l'entrée flottent les odeurs typiques de ce genre d'établissements: le chou, le pet et le renfermé. (p.251)
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Il dissimule son visage dans l'ombre. Enroulé dans un grand manteau marron. Il feint d'être un de ces honnes saints de Jésus. Un bon déguisement. Feins de vénérer un dieu mort et les gens te laisseront en paix. (p.285)
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C’est lors d’une nuit d’automne éclairée par un fin croissant de lune que la mort arriva à Bodskär. C’est une forme de mort inconnue qui s’y présenta. Elle était en acier et renvoyait des reflets métalliques. Elle avait été pensée dans les moindres détails, avait fait l’objet de nombreux exercices. La mort qui débarqua à Boskär était humaine et moderne. Elle arriva accompagnée de radars, d’embarcations pneumatiques et de moteurs si silencieux que les habitants de l’île ne les entendirent pas. Cette mort était vêtue de kaki, avait le visage camouflé de maquillage noir et se révélait redoutablement dangereuse. Elle voulait tuer tous ceux qui se trouvaient sur l’îlot. Personne ne devait en réchapper.
Le problème, c’est que la mort se trouvait déjà à Bodskär. Celle-là était noire et terrifiante. Elle était séculaire, boursouflée et empestait le poisson pourri, la graisse de phoque et le bois vermoulu. Et elle appartenait à un genre que peu d’hommes avaient jamais observé. Elle se tapissait dans les eaux poissonneuses, tout au fond de l’abysse au sud de l’îlot. Invisible depuis Högfjärden et avec vue sur le large depuis les récifs tout proches. Un secret. Dissimulé, isolé et invisible. Une cachette au milieu des rochers et des terres de Svenska Vallen. Ce vieux secteur de pêche était un endroit qu’on regardait de loin. Depuis le large, loin de la digue. On y repérait des toits et demandait : « Des gens vivent vraiment là-bas ? » Ils doivent être fous. Qu’est-ce que ça doit souffler. Et vous imaginez le froid en hiver ? À moins que les chalets soient à l’abandon ? Les maisons rongées par le soleil et le sel sont aussi grises que la roche. Elles ont l’air complètement érodées, comme si elles étaient sur le point de se fondre dans la falaise, exactement comme les pontons dans la baie paraissent s’enfoncer peu à peu dans les flots.
(« Quand la mort vint à Bodskär »)
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À présent, My Witt était seule au bureau et regardait les polaroïds du vernissage en buvant un verre de vin. Linda et elle avaient pris presque cinq cents clichés. Cela coûtait la peau des fesses, mais elle avait un plan. Elle pourrait réaliser une installation consacrée à la fête. Porn Star Party. Une installation avec des photos d’une fête. Puis en organiser une autre et la documenter aussi. Une fête avec des célébrités où les gens viennent pour voir des personnes connues. Il y avait quelque chose là-dedans. Une espèce de commentaire sur la jet-set. Une méta-plaisanterie à la Warhol. Il s’agissait juste de trouver le bon titre. L’angle d’attaque approprié. Un texte qui orientait dans la direction idoine. Peut-être était-il possible d’y mêler Internet d’une manière ou d’une autre. Commentaires culturels en temps réel. Il fallait absolument qu’elle en parle avec Webb-Christoffer pour voir si on pouvait tout poster sur http://www.mywitt.com. Un miroir déformant de la mafia de la culture. Une histoire de matriochkas. Avec le bon pitch, on peut vendre quasiment n’importe quoi. (« Le chef-d’œuvre de mademoiselle Witt »)
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My Witt était satisfaite. Incroyablement satisfaite. La galerie n’avait pas désempli depuis six jours. Rarissime, pour une installation photographique. My n’avait jamais rien entendu de tel. Un défilé incessant de curieux. Des journalistes en pagaille. Tout le gratin du monde culturel. Et puis elle vendait bien. Porn Star était explosif. Controversé. Le truc de la semaine. Du mois même. Peut-être de l’année. On en parlait beaucoup sur les sites culturels et les blogs féministes. Certains étaient furieux et cela depuis des semaines. Bien avant le vernissage. Il y avait eu beaucoup de fumée avant même qu’on n’ait vu le feu. Beaucoup de cancans sur la galerie. Beaucoup de « tu es au courant ? » et d’exaspération mal dissimulée. De nombreuses controverses. Les gens se déchaînaient. My se régalait. (« Le chef-d’œuvre de mademoiselle Witt »)
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« Iä ! Iä ! Le Bouc noir a mille enfants ! » Les filles se battent autour de Bidoche. Pour sa chair. La sainte offrande au Bouc de la forêt. Les filles d’Underryd. Ce sont les filles du Småland. Sussilull et Sussilo se nourrissent l’une l’autre de morceaux de viande crue et fumante. Les filles semblables à des pavots, des lys ou des pivoines. Ce sont des ménades hardcore, toutes autant qu’elles sont. Ce sont des gamines cannibales qui nourrissent un monstre sorti de l’abîme avec du foie chaud et fumant. Alexandra et Anna le lèvent ensemble vers le fouillis de bras. Le Messager tremble d’excitation et se penche de plus près. Il écrase la tourbe et les brindilles. Il prend appui sur du sol plus stable. Ses tentacules frénétiques font siffler l’air et cela pue la mort et le méthane. (« Les furies de Borås »)
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C’était lundi dans le monde des humains. Des ondées balayaient la lande de Skanör. Pas un homme ne fit ne serait-ce qu’un pas vers la bruyère où était tapi le Voyageur. Presque aucun autre organisme vivant non plus. Quelques mouettes passèrent, virent leur congénère morte et piaillèrent un peu. Un faible avertissement. Surtout par précaution. Mais bientôt plus aucun oiseau ne se montra au-dessus de l’Ammerännan. Parce qu’il y avait quelque chose en bas. Dans la bruyère. Soudain, tous les oiseaux l’avaient su. Même quand la mouette morte fut recouverte de glace, ils se tinrent à l’écart. Ils savaient. (« Fragment VI »)
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Les soldats tiennent à nouveau conseil auprès de Bjarne. Que va-t-on faire ? Le Norvégien paraît têtu et n’a-t-on pas déjà trouvé toute sa nourriture ? Son cochon et ses pitoyables poules ? Il doit y avoir davantage. Les paysans dissimulent des choses. Bon, qu’est-ce qu’on fait ? On discute de méthodes de torture, comme si on évoquait les semailles de printemps. Une demi-lune apparaît dans le ciel ; elle éclaire la neige et les visages blancs. Quatre gamins frigorifiés. Des Finlandais originaires de l’Ostrobotnie. L’aîné a vingt-et-un ans, le cadet, seize. Le Norvégien à terre pourrait être leur père à tous. Écrasons ses pouces avec le cran de sécurité du mousquet, suggère le plus jeune. Arrachons-lui les dents. Brûlons la maison, propose un autre. Où dormiras-tu si nous brûlons sa maison, crétin ? Allongeons-le sur le feu. (« Le vœu de l’homme brisé »)
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La boîte de nuit d’Underryd se situe loin dans la forêt, au centre du triangle délimité par Värnamo, Borås et Jönköping. Dans un trou enténébré au nord du Småland. On a toujours dansé à Underryd. Depuis Dieu sait quand et même longtemps avant. D’abord sur des pierres moussues, puis au carrefour lui-même. À l’endroit précis où les routes menant aux trois villes se croisent. Au son des chalemies et des violons, puis de l’accordéon. On y a installé une piste de danse dans les années vingt et elle s’est graduellement étendue au fil des ans pour devenir un véritable parc. En plein milieu de la forêt. Dans les années quatre-vingt, les fêtes ont été transférées dans une grange. Un édifice imposant que quelqu’un a eu la drôle d’idée de peindre en mauve. Puis on l’a agrandi pour en faire une boîte de nuit avec cinq bars, trois pistes et une pizzeria. On a construit un parking digne d’un hypermarché et on a veillé à faire venir les meilleurs groupes. Thorleif pour maman et papa, Jerry Williams pour les fans des fifties. Du freestyle, Pontus et les Américains ou Petter pour les jeunes. Ça rocke à Underryd. Tous les habitants de la ville travaillent pour la boîte de nuit. (« Les furies de Borås »)
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