André Masson

En achevant ce jour l'inventaire de notre CDI... par une petite salle , exclusivement consacrée à une donation de théâtre , faite par des professeurs, je suis tombée sur une publication de 1983, tout à fait passionnante sur André Masson, sa passion du théâtre et ses réalisations dans le domaine...



Mais ce que j'ignorais doublement c'est son amitié et sa longue collaboration avec Jean-Louis Barrault... et là, je me permets de faire une retranscription longue de ce dernier, tellement elle est extraordinaire, et offre le parcours incroyable commun de ces deux artistes:

[Texte rédigé à l'occasion de l'exposition " André Masson et le théâtre" à la Maison Internationale du Théâtre Renaud-Barrault, Théâtre du Rond-Point à Paris, en octobre 1983]



"Quand je rencontre André Masson, en 1936, j'ai 26 ans, je me sens tout frémissant et ouvert; André paraît en pleine possession de son Etre. Qu'importe, nous nous "reconnaissons"...par sympathie. Nous poussons sur le même terrain. Qu'il me parle de Cervantès, j'explose ; et c'est "Numance".

Que j'évoque les objets symboles, le bucrâne, devenu label de notre Compagnie, apparaît. Puis, de concert, nous nous égarons dans le fantastique.

(...) Et c'est ainsi qu'André Masson apparaît à tous les tournants de ma vie. Si je suis fasciné par "L'Homme et son double" comme dans "La Faim" de Knut Hamsun, je me cogne non seulement à Artaud, mais à Masson qui, lui aussi, vit dédoublé...



D'où ce parfum d'Humour qui émane de nos crises. Dès 1938, nous nous passionnons pour Kafka- comme les renards de la forêt nous appréhendons la guerre. Celle-ci nous sépare cinq ans. Quand nous nous revoyons (...), nous reprenons notre conversation, gommant cinq années de souffrances pendant lesquelles nous avons évolué dans le même sens. Avec Madeleine, nous créons notre Compagnie. André est là pour "Hamlet", celui de Shakespeare cette fois. (...)



Et l'Odéon a un nouveau plafond. cette sympathie et ce sourire dédoublé, nous les avons toujours échangés avec André Masson, mon grand frère ! (p.90)

Jean-Louis Barrault (août 1983)- p.90



Bel ouvrage, abondamment illustré en couleurs ( à pleine page), avec des textes de Michel Leiris, André Masson, Jean-Louis Barrault, Georges Duthuit, Federico Fellini, et Charles Dullin...Très heureuse de cette découverte tardive !!

Un temps pour mourir… le ton est donné.

Une épopée en deux actes dans le petit village de Verfeuil sur les hauteurs de l’Ile Maurice.

Verfeuil, terre de damnés - le cyclone approche, il est menaçant, mais surtout, il est doublement puissant…



Acte I- les êtres seront emportés par le déchainement paroxystique du climat tropical- certains tomberont, d’autres se relèveront miraculeusement.

Acte II- le cyclone a réveillé les vices de chacun- place au déchainement des hommes- entre eux, contre eux.



Ainsi tout écrase les habitants de Verfeuil, tout s’acharne à les rayer de la carte, à les faire plier, les mener à bout- c’était écrit…



La nature se déchire dans des descriptions épiques époustouflantes d’intensité, où la personnification de la nature tourmentée emmène le lecteur dans les tourbillons du chaos qui s’abat ardemment- jusqu’à la fausse accalmie de l’œil du cyclone, avant la nouvelle secousse… acte II.



Le cyclone passé, le désastre annoncé trouve sa source dans les vices et péchés de ses habitants. L’imminence de la fin de Verfeuil a poussé chacun à se découvrir, à confesser parfois des horreurs, à se révéler…

« Après le cyclone dans l’air, le cyclone dans les âmes » s’impose.

La nature ne se déchaine plus mais devient spectatrice de ce tremblement d’une autre nature, nourrit par d’autres dangers, animé par d’autres forces : notre aveuglement, nos faiblesses, nos pulsions, nos mensonges, notre violence… un territoire gagné par un cataclysme des âmes et des cœurs, par la guerre des hommes, gangréné par « Satan (qui) rôdait certainement sur le plateau dans la nuit percée d’étoiles ».



Ainsi, alors que la nature a retrouvé la quiétude, l’homme coincé dans ses archaïsmes est incapable de profiter de cet apaisement.



Une parabole du mal humain qui rappelle que la paix ne semble pouvoir régner qu’en l’absence des hommes…

Un roman dense et puissant dans lequel le lecteur se voit vivre jusqu’aux dernières pages cette terrible épopée humaine aux côtés de personnages forts marqués par les stigmates d’une nature sauvage dominée par les caprices d’un climat extrêmement fougueux.

Une expérience des passions humaines intense , éditée par les excellentes éditions du Typhon qui raniment ici un texte de 1962 signé André Masson, écrivain mauricien s’attachant à mettre en exergue les évidentes résonnances entre la violence de la nature et la violence des hommes.

Partagé entre l'excitation de découvrir leur nouvelle pépite et la peur d'être cette fois-ci déçu, je me suis encore laissé tenter par le livre des éditions du typhon. Quelle claque !!! On est plongés dans un univers familier (celui de la catastrophe) et exotique (cet ailleurs, l'île avec sa végétation, ses senteurs, sa luxuriante beauté cruelle) et on en sort sonnés.

Un village sur une île reçoit la visite d'un terrible cyclone. Après la lutte contre ce déchaînement viendra le temps de la possible ou non reconstruction. Ce livre est tellement raccord avec ceux que nous traversons. Il nous permet de prendre une telle hauteur de vue. Il dissèque les mécanismes archaïques qui demeurent en nous. Nos espoirs, nos violences, nos promesses, nos faiblesses et il jette un regard compatissant et froid. On comprend les motivations de tous ses personnages (en eux et à travers eux) et on comprend l'irréconciliable : quand la volonté de puissance tourne à l'aveuglement, quand son désir est pris au piège de celui de l'autre, quand on se referme sur ce que l'on connait faute d'admettre ses erreurs. L'inconnu, l'inattendu, la virtuosité rentrée captent le lecteur de page en page en lui délivrant un constat si rare : la littérature ne doit pas esquiver le désastre mais la transformer en constellation.

Bravo aux éditions du typhon d'avoir osé sortir un titre si précieux à rebours des stratégies marchandes frileuses des gros éditeurs.

Coup de cœur face à cette lumière d'esprit qui nous offrit nos premières études législatives et les bases de notre législation actuelle.

Mes respects, chapeau bas aux éditions du Typhon pour la réédition de ce roman d'une absolue beauté.

On pense forcément aux "Saisons" de Maurice Pons, mais pour moi "Un temps pour mourir" restera une découverte littéraire vraiment inoubliable, un texte auquel on pense et repense encore longtemps après l'avoir terminé.



Parcouru par cette atmosphère si particulière où un cyclone vient à frapper le petit village de Verfeuille isolé dans une nature resplendissante. Que faire après la dévastation ? S'en aller, abandonner sa terre et son village ou rester pour le reconstruire et se reconstruire par la même occasion.

La plume d'André Masson dépeint avec finesse cette nature si présente où les éléments se déchaînent, et sonde les âmes de ces habitants avec une telle acuité qu'on en reste simplement bouche bée devant une telle maestria. Un chef d'œuvre qui se doit d'être lu par le plus grand nombre !

Déjà présents sur la sublime couverture signée Nicolas Badout @nkl.factory , ce roman d’André Masson évoque les quatre éléments, piliers du monde. Éléments que j’ai retrouvés dans la lecture de ce récit d’un monde équilibré qui vacille.

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🌳 La terre

Découverte d’un plateau luxuriant de l’île Maurice où les habitants vivent en paix avec la nature et avec ce qu’elle leur donne. Des bêtes généreuses, des cours d’eau fournis et des terres fertiles. Le village de Verfeuille regorge de ressources naturelles et une petite communauté s’est établie dans ce que les descriptions apparentent à un petit paradis terrestre. Les natures humaines, elles, laissent comme souvent à désirer. Ils sont rancuniers, ils sont jaloux, ils sont faux même s’il leur arrive d’être solidaires, optimistes et compréhensifs. Ils sont humains.

La sorte de plan séquence qui permet de rencontrer les incontournable du village est aussi savoureuse que les portraits dressés.

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🌪 L’air

Ce qui n’était alors qu’une menace prend subitement une toute autre tournure. Un cyclone, d’une puissance que l’île n’a jamais connue, arrive droit sur Verfeuille. Les villageois n’ont que quelques heures pour fuir ou renforcer leurs habitations.

Rien que pour ce long passage consacré au cataclysme, ce roman vaut le coup. C’est toute la nature qui se retrouve personnifiée le temps du passage du cyclone. C’est d’une beauté narrative inouïe. Les éléments luttent les uns contre les autres, l’homme lutte contre eux à son tour. C’est un combat sur terre et dans les airs spectaculaires, sensationnel. Œil du cyclone… à peine le temps de reprendre son souffle, et il faut affronter les vents contraire une seconde fois. La malédiction s’abat.

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💧 L’eau

Après des pluies diluviennes, après que l’Emieure est sorti de son lit emportant son lot de victimes, les survivants doivent sécher leurs larmes et décider que faire de ces terres détrempées et saccagées.

Le roman prend une dimension un peu plus politique et on assiste aux choix et aux campagnes menées pour la reconstruction du village.

Seulement, si la nature s’apaise, le Père n’aura de cesse de prévenir les siens… il faut se méfier de l’eau qui dort et de ce « cyclone dans les âmes qui allait succéder au cyclone dans la nature ».

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🔥 Le feu

Déjà aux tempéraments de feu, les habitants de Verfeuille perdront tout contrôle. Les esprits s’échauffent. Les corps s’enflamment. Et les chaleurs de l’Enfer de brûler les dernières bonnes volontés.
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Comment financer les investissements d’avenir qui nous attendent, en particulier concernant la transition écologique ? Par taxation de l’héritage, ce qui paradoxalement permettrait aux parents d’épargner pour leurs enfants.
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Splendide roman de 1962, du Mauricien André Masson, où un hameau rural est la proie du déchaînement d'un cyclone et des passions humaines.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..

Les étapes principales de l'histoire de la vaste province de Guyenne et de Gascogne.