Citations de Andrea Levy (19)
« Elle ira vivre là - bas. Elle fera ça .
L’Angleterre, l’Angleterre, l’Angleterre ——— elle n’avait que ce mot à la bouche. Elle m’a épuisée avec ce mot. Mais je savais que, le jour venu , elle n’aurait pas d’état d’âme à laisser son amie toute seule dans cette misérable école paroissiale , tandis qu’elle sillonnerait l’océan dans les bras de son homme, cette grande gueule » …
C’est comme ça que les Anglais vivent ? » Combien de fois elle m’a posé cette question ? J’ai vite arrêté de compter.
« Ils vivent comme ça ? ». Cette question est devenue une triste lamentation qu’elle porte sur chacune des choses qu’elle voit.
« C’est comme ça que les Anglais vivent ?
Il y a des mots qu'on dit et qui coupent le monde en deux. La vie n'est plus la même avant ou après qu'on les a prononcés.
Father said later that the African man I was made to shake hands with would have been a chief or a prince in Africa. Evidently, when they speak English you know that they have learned to be civilised - taught english by the white man, missionaries probably.
Mais c'est tellement dur de trouver une répartie intelligente au bon moment.
Les musiciens, qui jouaient maintenant dans la cour pour le groupe de domestiques, donnèrent les premières notes d'une chanson. Finis, le vacarme ou les airs impossibles à reconnaître --le murmure d'une douce mélodie pénétra par la fenêtre ouverte. Car comme la plupart des esclaves musiciens, ils se plaisaient à mal jouer uniquement pour des oreilles blanches.
Bon, les Anglais sont souvent difficiles à déchiffrer, car ils pensent qu'un visage impassible, dépourvu de sentiments, est une vertu.
C'était la guerre. Je m'attendais à en baver - les balles, les bombes et la mort qui frappe au hasard - mais je ne pensais pas subir cette torture de manquer d'un bon ragoût de pieds de bœuf, la persécution de vivre sans crevettes au curry ni soupe aux piments. Je n'étais pas prêt. On ne m'avait pas habitué à manger de la nourriture préparée dans une casserole d'eau bouillante - ce qui suffisait à lui enlever tout goût et toute consistance. Comment les Anglais ont-ils pu bâtir des empires avec des armées qui ne marchaient qu'à la bouillie ? Voilà bien un des mystères du monde.
Gilbert lui a retourné son mépris en se passant la langue sur les dents, et il a dit : "Tu sais quel est ton problème, mon vieux ? Ta peau blanche. Tu crois que ça te rend meilleur que moi. Que ça te donne le droit de me traiter de haut. Tu sais ce que ça te fait, en vérité ? Tu veux savoir à quoi elle sert, ta peau blanche ? A faire de toi un Blanc. C'est tout, mon vieux. Rien d'autre. Pas mieux, pas pire que moi - tu es juste blanc."
Mon rêve était, et à toujours été de trouve un poste d'enseignante à la Church of England School à Kingston. Car c'était là que les filles à la peau claire venaient chercher l'aubaine d'un curriculum anglais. Mais lors de mon entretien d'admission, le directeur de cet établissement fronçait les sourcils et semblait plus préoccupé par les étapes de mon éducation que par les qualifications que j'avais acquises.
Cette femme colossale était toujours absorbée dans son travail, inconsciente d'avoir perdu quelque chose. Lorsque July poussa un braillement furieux qui agita la canne et terrorisa les oiseaux, sa mère, la machette levée, s'arrêta soudain pour s'interroger sur l'origine de ce cri désespéré et vit pour la première fois son enfant couchée là. Elle nettoya sa lame et la glissa à sa ceinture. D'une main, elle dénoua le foulard qui entourait sa tête, et de l'autre, prit son nouveau-né au creux de sa paume. En un instant, July était emmaillotée, au chaud et en sécurité, dans le foulard, et arrimée au mur solide du dos de sa mère, alors que celle-ci, saisissant la machette à sa ceinture, se remettait à la tâche.
Quand la petite sortit enfin du ventre de Kitty, elle lâcha une exhalation si puissante que les arbres ployèrent comme au passage d'un ouragan.
J'étais un géant vivant sur une terre qui n'était pas plus grande que les semelles de mes chaussures. Quel que soit l'endroit où se portait mon regard je rencontrais la mer. Les palmiers, que les touristes admiraient de chaque côté du rivage, étaient les barreaux de ma prison. J'étais cerné de tous les côtés par la ligne d'horizon.
Les yeux injectés, les cheveux rêches et en bataille, le teint pâle comme la racine d'une patate.
[...] en grammaire anglaise une apostrophe est un signe qui indique une absence. Et c'est bien ainsi que je voyais le père de Benard, Arthur : une apostrophe humaine. Il était là, mais seulement pour nous montrer que quelque chose de précieux en lui s'était égaré. (p336)
Un rideau à la fenêtre s'est entrouvert, un tout petit peu, suffisamment pour imaginer que ce n'était pas l'effet d'une simple brise. Je n'y ai pas fait attention et je me suis retournée en tirant sur mon manteau pour me protéger du froid.
L'Angleterre ne tardera pas à la décevoir. Nous autres Jamaïquains débarquons la tête pleine d'illusions et de pensées stupides qui ne tiennent pas le coup en face de la réalité.
Si la défaite de la haine est le but de la guerre, alors nous, les hommes de couleur en service, nous avions à combattre sur au moins deux fronts.
Il est de couleur.
- Il est quoi ?
- De couleur.
- Ah merde. De couleur, vous dites ?
- Noir, monsieur.
- Ouais, merci sergent. Je sais ce que c'est, de couleur. Bordel, à quoi ils jouent ? Putain de Rosbifs !