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Critiques de Andreas Malm (16)
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Comment saboter un pipeline

Andreas Malm interroge le « précepte tenace » de la non-violence et du respect de la propriété privée qui, selon lui, paralyse le mouvement pour le climat, rappelant les luttes passées qui ne furent pas victorieuses sans perte ni fracas, invitant à raviver une longue tradition de sabotage des infrastructures fossiles. « La violence comporte des périls, mais le statu quo nous condamne. Nous devons apprendre à lutter dans un monde en feu. »

(...)

Pour conclure, Andreas Malm cite un passage des Damnés de la terre où Franz Fanon évoque la violence qui « désintoxique », libère l’indigène « de ses attitudes contemplatives ou désespérées. Elle le rend intrépide, le réhabilité à ses propres yeux. » « Le mouvement pour le climat a eu son mouvement gandhien ; sans doute le temps vient-il d’un moment fanonien. »

On ne saurait mieux dire.



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La chauve-souris et le capital

Andreas Malm, naître de conférence en géographie humaine en Suède et militant pour le climat, décrit les mécanisme par lesquels le capital, dans sa quête de profit sans fin, produit le risque épidémique et le réchauffement climatique. Il plaide pour des politiques radicales à grande échelle, des méthodes révolutionnaires plutôt que d’inutiles demi-mesures bureaucratiques.

(...)

En comparant les moyens déployés pour lutter contre une pandémie surgie soudainement et le déni opposé depuis des décennies aux menaces de dérèglement climatique, Andreas Malm met en évidence les rouages idéologiques qui animent les gouvernements des pays capitalistes. Il démontre également comment ces catastrophes sont liées par une même cause à laquelle on ne s’attaque pas, se contentant d’en traiter (ou nier) les symptômes. Confrontés à des avalanches d’informations quotidiennes, il nous permet, par un propice recul, une saine mise en perspective. Nous laisserons les lecteurs faire leur propre tri parmi ses propositions et surtout leur mise en oeuvre, qui pourront parfois laisser dubitatif.



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La chauve-souris et le capital

Andreas Malm est universitaire, penseur de la gauche vraiment à gauche en Europe, il travaille sur le déséquilibre engendré par le capitalisme sur la climat depuis un bon moment.

Dans ce livre, il se saisit de l'objet Coronavirus pour en donner une analyse très juste, distanciée et avec une salutaire prise de recul, que l'urgence permanente de cette dernière année empêche bien souvent de prendre !



C'est un texte sans concession, très ancré à gauche, avec des références explicites au marxisme, au léninisme, à Blanqui et à Luxemburg. Pas de surprise, pas de rhétorique, tout est très clair. Les politiques capitalistes sont expliquées point par point, et expliqué est aussi l'incapacité systémique de résoudre le problème des épidémies par les gouvernements. On s'attaque aux symptômes et non pas aux causes, que le capitalisme ne peut pas éliminer puisque ce serait un suicide pour lui. Les dernières épidémies de type Covid viennent toutes de la même cause, des espèces voient leurs habitats détruits par l'homme, elle se rapprochent de lui, stressés par la perte de leur mode de vie, et transmettent les virus qu'elles portent de façon saine à des espèces qui les transmettent à l'homme, puisqu'ils vivent ensemble...

La déforestation notamment est cause de nos soucis actuels, détruisant l'habitat des chauves souris, porteuses de milliers de covid différents... déforestation qui a pour but de produire de la viande, du soja, du cacao, ...



Il faudrait donc repenser le système, accepter de sauver la planète et de changer drastiquement de mode de vie, de transformer notre industrie très rapidement, chose que jamais les citoyens ne feront d'eux-même ; il faut donc que l'état s'en charge, selon Malm, c'est là le paradoxe de la situation !



En effet, nos états actuels sont plutôt les rois de la demi-mesure inefficace, chose qu'il faut au plus tôt stopper pour accélérer le changement de façon drastique, révolutionnaire !



Bref, un livre qui n'y va pas par quatre chemins, annonce tout du long la couleur, sans optimisme béat ni défaitisme misanthrope, très ancré à gauche et écologiste, et aussi très bien renseigné, documenté et sourcé (plus de 300 notes et références), un beau travail de mise en réseau des informations et de prise de recul, important en ce moment plus encore qu'à l'accoutumée...
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Comment saboter un pipeline

La profonde lassitude d’un activiste face à l’inaction climatique, qui prône désormais, en toute rationalité, et en démontant le mythe de la non-violence, le passage à l’éco-sabotage ingénieux et déterminé.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/23/note-de-lecture-comment-saboter-un-pipeline-andreas-malm/



Historien suédois spécialisé dans ce que l’on appelle désormais l’anthropocène (ou de plus en plus le capitalocène) – à savoir l’impact de la révolution industrielle, sous ses formes évolutives, sur les paramètres climatiques et écologiques de notre planète -, activiste infatigable, Andreas Malm compte parmi ces témoins et chroniqueurs de l’urgence contemporaine qui sont désormais saisis, de plus en plus brutalement, par l’insuffisances des efforts entrepris pour mitiger les catastrophes en cours, malgré un degré sans précédent de pression sociétale (on songera par exemple à l’évolution d’un Hervé Kempf, entre son « Comment les riches détruisent la planète » de 2007 et son « Que crève le capitalisme » de 2020). Une radicalisation, donc, qui découle du cynisme du capitalisme des énergies fossiles, avec toutes ses ramifications et tous ses lobbyistes hardiment déployés, tant que cela rapporte (« Même la dernière goutte d’essence permet encore d’accélérer », comme le rappelait la première phase du roman d’Andreas Eschbach, « En panne sèche », en 2007 également).



Son quatrième ouvrage, « Comment saboter un pipeline », paru presque simultanément en 2020 en anglais et en français (traduit par Étienne Dobenesque aux éditions La Fabrique), décrit rationnellement, par le rappel historique et par la mise en perspective des actions présentes du lobby fossile, la nécessaire radicalisation de nos mouvements de protestation vis-à-vis des acteurs de l’inertie de plus en plus criminelle en matière climatique. Passant en revue les actions pourtant courageuses et décisives des mouvements contemporains les plus actifs, du précieux travail de Greta Thunberg aux vastes événements mis en œuvre par Extinction Rebellion, Ende Gelände (l’évacuation policière plus que musclée de la ZAD de Lützerath a pris place en janvier 2023) et quelques autres, il conclut néanmoins avec une certitude minutieusement argumentée à l’insuffisance de ces actions, coincées par le tabou de la non-violence.



Dans une démarche qui pourrait évoquer celle du « Se défendre » d’Elsa Dorlin en matière de féminisme, il montre comment la non-violence a systématiquement, dans l’histoire, atteint ses limites pratiques beaucoup plus tôt et plus vite que ce que les véritables mythologies construites ex post laissent généralement supposer. Lutte contre l’esclavage, suffragettes, mouvement des droits civiques, victoire sur l’apartheid, révolte contre la poll tax thatchérienne, la plupart des luttes de libération nationale face au colonialisme (et même l’indépendance de l’Inde avec la figure si emblématique du mahatma Gandhi) : dans tous les cas, la possibilité de la violence faisait partie de l’arsenal, qu’elle ait été utilisée in fine, massivement ou non. C’est aussi toute la théorie, défendue par la majorité des historiens des mouvements sociaux, de l’influence du flanc radical sur les réformes arrachées aux propriétaires et à leurs relais juridiques étatiques. Encore faut-il ne pas se laisser leurrer par l’amalgame si souvent utilisé par le capitalisme ou la domination, une fois « sur la défensive », assimilant en une judicieuse manipulation la violence contre les biens à la violence contre les personnes. Comme le rappelait l’écosaboteur, en fiction et en réalité, que fut Edward Abbey avec son « Gang de la clef à molette » (1975), c’est bien la violence contre les biens qui est historiquement efficace – et qui effraie surtout les possédants et leur pouvoir, justement.



Andreas Malm, patiemment, renverse les analogies des tenants d’un pacifisme absolu en matière d’écologie. Comme l’avaient aussi parcouru les autrices et auteurs de l’ouvrage collectif « Le livre des places », les mobilisations pacifiques (on ne parle pas ici des violences engendrées par la répression même de ces rassemblements, bien entendu), même relativement massives, demeurent plus souvent qu’à leur tour impuissantes à obtenir des résultats concrets, les printemps arabes et les révolutions orange sont plutôt l’exception que la règle, correspondant à des pouvoirs déjà largement fragilisés – quand elles n’entraînent pas, quelques années plus tard, des « retours de bâton » significatifs. Dans cette dénonciation – restant mesurée, mais parfaitement déterminée – du pacifisme stratégique, qu’il accuse notamment de détourner les réalités historiques et de pratiquer un faux parallélisme récurrent -, Andreas Malm encourage de toute sa voix la mobilisation non-violente, mais réclame en effet, face à l’urgence et à la mauvaise volonté intrinsèque et évidente de pouvoirs mollement complices du capital fossile, de ne plus répugner désormais à s’en prendre aux biens concernés – dont le pipeline constitue une forme de résumé symbolique, alors que des centaines d’autres cibles tout aussi efficaces sont disponibles, tout particulièrement celles qui témoignent au jour le jour, sous forme de nouveaux projets identiques aux anciens, du mépris capitaliste jusqu’au-boutiste et toujours réaffirmé.


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Comment saboter un pipeline

Andreas Malm dans son « Comment saboter un pipeline » interroge l'absence quasi totale de violence chez les écologistes. Une génération verte après la COP 1, le bilan pour le mouvement pacifiste est pourtant affligeant sans que rien dans ses analyses et les modalités de son action, ne semble jamais pouvoir être remis en question.





Toutes ces années, le mouvement pour le climat n'a pas entamé la progression inexorable de l'exploitation des combustibles fossiles. le sentiment de l'absolue impuissance écologiste soulève donc nécessairement chez l'auteur la question des moyens d'action et des cibles potentielles : pourquoi restons-nous si sages face au phénomène sans précédent, en termes d'étendue et de conséquences, que représente le réchauffement climatique ? Andreas Malm s'étonne : le pourcent le plus riche de la planète a une empreinte carbone 175 fois supérieure à celle des 10% les plus pauvres ; le demi pourcent le plus riches émet une fois et demie de plus que la moitié de la population mondiale la plus pauvre . Il prend comme exemple la consommation de luxe des SUV qui est le deuxième facteur le plus important d'augmentation d'émission de CO2 depuis 2010 . Andreas Malm questionne : « Quand commencerons-nous à nous en prendre physiquement aux choses qui consument cette planète et à les détruire de nos propres mains ? Y a-t-il une bonne raison d'avoir attendu si longtemps ? Alors pourquoi ce genre de chose n'arrive-t-il pas [rayer les SUV] ? Parce que les gens auxquels le changement climatique tient à coeur sont simplement trop gentils, trop éduqués, pour faire quoi que ce soit de cet ordre ? » (p.15) Dans ce questionnement faussement naïf de l'auteur, les hypothèses concurrentes de l'ignorance et du cynisme doivent pourtant encore se départager.





Ce que l'on peut reprocher à Andreas Malm, c'est de lier son bilan et sa critique à rien de fondamental, de ne pas apercevoir les conséquences politiques de son positionnement, de s'en tenir à un écologisme déclamatoire sans suite et à de simples postures. Comme l'affirme l'auteur, « Les combustibles fossiles et les technologies qu'ils alimentent sont des forces productives imbriquées dans les rapports de propriété capitalistes » (p. 70). Mais alors qui peut se figurer qu'un mode de production dont l'essence vitale même est la croissance peut se mettre un jour gentiment à la transition énergétique ? La compulsion propre des dirigeants, qu'il faudrait convaincre et moraliser, ne fait rien à l'affaire, n'en déplaise à l'auteur. le spectacle du capitalisme est aujourd'hui d'une grande obscénité. Certes, les catastrophes climatiques sont désormais visibles à l'oeil nu, l'empoisonnement de la planète généralisé mais les inégalités prodigieuses, la sécession de fait des classes possédantes, le contrôle policier total au-dedans des frontières, l'homicide des migrants au-dehors et le désastre existentiel partout ne sont pas moins discernables. Dans ces conditions, attendre, espérer encore des institutions électorales et de L'État colonisé par les puissances du capital ne semble simplement pas à la hauteur de la catastrophe. Malgré cela, Andreas Malm écrit : « Imaginons que les mobilisations de masse de la troisième vague deviennent impossibles à ignorer. Les classes dirigeantes ont-elles-mêmes tellement chaud – peut-être leurs coeurs se mettent-ils à fondre un peu à la vue de tous ces enfants avec leurs pancartes peintes à la main – que leur entêtement fléchit. (…) Il faut laisser au mouvement la chance de mener ce scénario à terme (…) quelques années (…) » (p. 31) « En fin de compte, ce sont les États qui imposeront la transition ou bien personne. » (p. 84-85) Concernant le capitalisme et son État, Andreas Malm oblige à faire des choix cornéliens. Il sait ce qu'il dit ou bien il ne le sait pas mais aucun de ces deux cas n'est malheureusement à son avantage. L'expérience désastreuse d'une génération entière de militants écologistes ne parait pas encore suffisamment l'affecter.





En matière d'écologie, nombreux essais paraissent se partager entre ceux qui ne voient pas ce qu'il y a à voir et ceux qui ne veulent surtout rien faire quand bien même ils ont un peu vu. Andreas Malm, qui ne propose en vérité peu de chose, appartient de façon troublante à cette deuxième catégorie. Pour Andreas Malm, qui fait essentiellement parler les autres lorsqu'il s'agit de destruction de biens, « Il semble qu'il faille l'éviter autant que possible. Même les marxistes révolutionnaires devraient la considérer comme à priori mauvaise, la propriété étant la forme sous laquelle le capitalisme prend au piège les forces productives qui pourvoient souvent à des besoins humains. » (p. 131) de plus, « (…) ce serait une catastrophe pour le mouvement (…) si ces action faisaient accidentellement des morts et des blessés. le capital moral accumulé par le mouvement pour le climat pourrait se voir dévalorisé ou effacé d'un coup.» (p. 139) Voilà qui rend caduque les appels au sabotage que semble suggérer le titre de l'ouvrage et sans doute aussi un peu vaine l'argumentation toute scolastique qui dans le livre compare terrorisme (rayer les SUV) et sabotage (dégonfler les pneus des SUV). Nous ne saurons pas ce qui fera reculer la destruction de la planète et disparaître l'utilisation des combustibles fossiles. Pour Andreas Malm, il est surtout urgent de ne rien changer. Peut-être, comme dans l'ouvrage, un peu d'histoire, de psychologie, quelques admonestations car le productivisme a des racines hélas beaucoup plus profondes que le simple effet de la mondialisation sur les populations ?

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L'anthropocène contre l'histoire : Le réchauffe..

Dans Tout peut changer, Naomie Klein n’accorde que peu d’importance aux théories qui font de l’homme en général, de l’espèce humaine en somme, le responsable du changement climatique. L’origine du mal, pour elle, est bien à situer en ces temps modernes qui ont vu l’accélération de l’accumulation du capital et dont la nocivité s’est encore accrue depuis que l’idéologie néolibérale est venue jeter de l’huile sur ce feu qui consume système terrestre. Contre la théorie de l’anthropocène qui tend à diluer la responsabilité, il s’agit donc de mener l’enquête pour rendre aux coupables ce qui appartient aux coupables et savoir comment mener la lutte. Car, oui, cet essai un combat que mène Malm, celui pour le rétablissement de la vérité sur les mécanismes du dérèglement climatique

Présenter certaines relations sociales comme des propriétés naturelles de l’espèce n’a rien de nouveau. Déhistoriciser, universaliser, éterniser et naturaliser un mode de production spécifique à une époque et à des lieux donnés – sont des stratégies classiques de légitimation idéologique. Elles bloquent toutes perspectives de changement. Si le productivisme (business-as-usual) est le résultat de la nature humaine, comment peut-on imaginer quelque-chose de différent ? Il est parfaitement logique que les partisans de l’anthropocène et les modes de pensée associées soutiennent de fausses solutions qui évitent la remise en question du capital fossile (comme la géo-ingénierie de Mark Lynas et Paul Crutzen, l’inventeur du concept d’anthropocène) ou prêchent la défaite et le désespoir, comme dans le cas de Paul Kingsnorth. D’après ce dernier, « il est maintenant clair que mettre fin au changement climatique est impossible » – et naturellement, la construction d’un champ éolien est tout aussi néfaste que l’ouverture d’une mine de charbon, car les deux défigurent le paysage.

Sans antagonisme, rappelle Andreas Malm, il ne peut y avoir de changement dans les sociétés humaines. La catégorie d’espèce s’agissant du changement climatique, n’entraîne que la paralysie. Si tout le monde est à blâmer, alors personne ne l’est. Pourtant, l’Histoire (l’investigation historique) nous raconte une toute autre histoire, si l’on veut bien se donner la peine de chercher.

1. Puisque la machine à vapeur est largement considérée comme la locomotive originelle de la croissance économique, elle-même très fortement corrélée à l’accroissement du dérèglement climatique (car en l’espèce la question des températures ne doit pas être le seul indicateur à retenir), Malm rappelle que le choix de cette force motrice dans la production de marchandises n’a pas été l’apanage de l’espèce, car il présupposait, pour commencer, l’institution du travail salarié. Ce sont les propriétaires des moyens de production qui ont mis en place cette nouveauté, à savoir une petite minorité, en Grande-Bretagne même – tous mâles et tous blancs –, soit une classe d’hommes représentant une fraction infime de l’humanité au début du XIXe siècle.



2. Quand les impérialistes britanniques ont pénétré dans le nord de l’Inde à la même période, ils sont tombés sur des filons de charbon qui étaient (à leur grand étonnement) déjà connu des autochtones : les Indiens, qui possédant les connaissances pour creuser, brûler et générer de la chaleur à partir du charbon, se fichaient du carburant ! Les Britanniques, eux recherchaient désespérément du charbon dans le sol pour propulser les bateaux à vapeur par lesquels ils transportaient vers la métropole les richesses et matières premières arrachées aux paysans indiens, et vers les marchés intérieurs leurs excédents de produits en coton. Le problème était qu’il n’y avait pas de travailleurs volontaires pour descendre dans les mines. Les Britanniques organisèrent donc un système de travail contraint, obligeant les fermiers à travailler dans les mines et à fournir le combustible nécessaire pour l’exploitation de l’Inde.



3. La plupart des émissions du XXIe siècle proviennent de Chine. Mais le facteur essentiel de cette explosion n’est pas la croissance de la population chinoise ni la consommation de ses ménages ni ses dépenses publiques : c’est l’énorme expansion de l’industrie manufacturière implantée en Chine par les capitaux étrangers, afin d’extraire une plus-value de la main-d’œuvre locale considérée, au tournant du millénaire, comme extrêmement bon marché et disciplinée. Ce changement participe d’un assaut mondial contre les salaires et les conditions de travail – les travailleurs du monde entier étant menacés par les délocalisations opérées par le capital vers leurs homologues chinois, lesquels ne pouvaient être exploités que par les moyens de l’énergie fossile, en tant que substrat matériel indispensable. En somme, l’explosion consécutive des émissions est l’héritage atmosphérique de la lutte des classes.



4. Il n’y a probablement pas d’industrie qui rencontre autant d’opposition populaire partout où elle veut s’établir que l’industrie du gaz et du pétrole. Comme Klein le raconte si bien, les collectivités locales sont en révolte contre la fracturation hydraulique, les pipelines et le forage, de l’Alaska au Delta du Niger, de la Grèce à l’Équateur. Mais contre elles se dresse un intérêt supérieur, récemment exprimé avec une clarté exemplaire par Rex Tillerson, PDG d’Exxon Mobil : « Ma philosophie est de faire de l’argent. Si je peux forer et faire de l’argent, alors c’est ce que je veux faire. » Tel est l’esprit du capital fossile personnifié.



5. Les États capitalistes avancés continuent d’élargir et de renforcer sans relâche leurs infrastructures d’exploitation fossile (construisant de nouvelles autoroutes, de nouveaux aéroports, de nouvelles centrales électriques à charbon) toujours adaptées aux intérêts du capital, sans jamais consulter les populations sur ces questions. Ce n’est qu’au prix d’un véritable aveuglement intellectuel, que l’on peut soutenir que « nous sommes tous impliqués » (Paul Kingsnorth ) dans de telles politiques. Comme le souligne encore Mallm, combien d’Américains sont impliqués dans les décisions qui accroissent la part du charbon dans le secteur de l’énergie électrique ? Combien de Suédois devraient être blâmés pour avoir imposé une nouvelle autoroute autour de Stockholm – le plus grand projet d’infrastructure dans l’histoire moderne suédoise – ou pour l’appui de leur gouvernement aux centrales électriques à charbon en Afrique du Sud ? Les illusions les plus extrêmes à propos de la parfaite démocratie du marché sont nécessaires pour maintenir la notion du « nous tous » conduisant le train.

6. Et c’est peut-être le plus évident : peu de ressources sont si inégalement consommées que l’énergie. Les 19 millions d’habitants de l’État de New York consomment à eux seuls plus d’énergie que les 900 millions habitant l’Afrique subsaharienne. La consommation d’énergie d’un paysan pratiquant l’élevage de subsistance dans le Sahel peut facilement être 1000 fois moindre que celle d’un Canadien moyen. Un seul citoyen américain moyen émet plus que 500 citoyens éthiopiens, tchadiens, afghans, maliens ou burundais ; combien émet un millionnaire américain moyen – et combien de fois plus qu’un travailleur moyen américain ou cambodgien ?

L’empreinte d’un individu sur l’atmosphère varie énormément selon l’endroit où il est né. L’humanité, en conséquence, est une abstraction beaucoup trop mince pour porter le fardeau de la culpabilité. En bref, comme le démontre Andreas Malm, notre époque géologique n’est pas celle de l’humanité, mais celle du capital. Il est urgent d’en prendre conscience, sinon, comme le dit encore Naomie Klein, « nous sommes coincés car les actions qui nous permettraient d’éviter la catastrophe – et qui bénéficieraient à une vaste majorité – sont extrêmement menaçantes pour une élite qui a la mainmise sur notre économie, notre processus politique et la plupart de nos grands médias ».

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L'anthropocène contre l'histoire : Le réchauffe..

En analysant notamment la substitution de l’hydraulique par le charbon dans l’industrie cotonnière britannique et le développement forcené du charbon indien, une brillante et solide démonstration historique de la responsabilité du capital dans le réchauffement climatique, plutôt que celle de la trop vague « espèce humaine ».



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/05/note-de-lecture-lanthropocene-contre-lhistoire-le-rechauffement-climatique-a-lere-du-capital-andreas-malm/



Alors qu’il y a encore des sceptiques, sincères ou non, pour douter de la notion même d’anthropocène et d’impact décisif de certaines activités humaines sur le climat, les gens sérieux se soucient depuis déjà quelque temps de contribuer à mieux orienter l’effort indispensable de freinage et de correction, en introduisant une distinction essentielle (certains auteurs utiliseront pour cela le terme plus précis de capitalocène). Ce n’est pas l’espèce humaine prise dans son ensemble qui a déversé et déverse un volume ahurissant de CO₂ dans l’atmosphère, mais bien une fraction de l’espèce : celle qui a créé ou hérité les leviers d’investissement dans les technologies fossiles, et qui se bat sans douceur aucune pour la défense du capital accumulé (et du droit de le faire fructifier sans retenue) en relation à elles.



Le chercheur et activiste suédois Andreas Malm, qui s’est acquis une notoriété méritée désormais avec son essai tonique de 2020, « Comment saboter un pipeline », fait partie depuis longtemps déjà de ces gens sérieux. Reposant sur des articles précédemment publiés (« Les origines du capital fossile » dans Historical Materialism en 2013, « Qui a allumé ce feu ? » dans Critical Historical Studies en 2016 et « La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer » dans Socialist Register en 2016 également), remaniés et réagencés, le présent ouvrage a été publié en 2016, et traduit en français en 2017 par Étienne Dobenesque pour La Fabrique. Il s’attache précisément à une démonstration argumentée de la responsabilité spécifique des détenteurs du capital dans le triomphe non maîtrisé de l’énergie fossile d’une part, et dans sa redoutable persistance d’autre part, en mobilisant aussi bien les ressources de la recherche historiographique la plus pointue que les détours fictionnels permettant de jauger les emprises et les désincarcérations possibles de l’imaginaire fossile – et en renvoyant au passage les grands récits de nombreux méga-vulgarisateurs, même inspirés, à leurs biais idéologiques profonds.



Parcourant avec détermination les études du « climat dans l’histoire » pour approcher « l’histoire dans le climat », l’ouvrage opère les rapprochements nécessaires entre diverses études longtemps disjointes (celle sur le développement du charbon en Inde par le colonisateur britannique est particulièrement, si l’on ose dire, lumineuse – et on aura au passage une pensée émue pour le Jules Verne des « Indes noires »), renvoie habilement dos à dos ExxonMobil et le stalinisme extractiviste, montre patiemment comment le charbon l’emporte sur l’hydraulique au début du XIXe siècle pour des raisons qui tiennent bien davantage au contrôle social et à la maîtrise des mouvements ouvriers qu’à des vertus économiques directes (pourtant mises en avant, y compris jusqu’à aujourd’hui), tangente les réflexions de Paul Virilio et de Zygmunt Bauman sur la recherche capitaliste de liquidité et de fluidité, et se penche aussi sur les imaginaires du capital fossile par le biais rusé des romans de Ghassan Kanafani (son « Des hommes dans le soleil » de 1962 tout spécialement), du « Dans la lumière » de Barbara Kingsolver ou du « Solaire » de Ian McEwan (dont il montre les points aveugles que Mark Bould détaillera, avec bien d’autres, dans son « The Anthropocene Unconscious » de 2021, dont on vous parlera prochainement sur ce blog), ou même du « Typhon » de Joseph Conrad, en un magnifique exercice de transition énergétique comparée. À la recherche de moyens techniques et politiques de conjurer la catastrophe annoncée, il rejoint largement, dans ses analyses comme dans ses intuitions, des mises en scène aussi nécessairement radicales que celles du « Ministère du Futur » de Kim Stanley Robinson (car, peut-on y lire en substance, le temps de la « Trilogie climatique » est désormais largement écoulé). Et c’est ainsi que « L’anthropocène contre l’histoire », brillant et documenté, est un ouvrage particulièrement précieux en ces temps de brume encore et toujours entretenue par les tenants du « business-as-usual ».
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Comment saboter un pipeline

Après 30 ans d’inactivité politique face au changement climatique, l'investissement massif du capital dans les infrastructures de combustibles fossiles ne tarit pas, rendant illusoire l'objectif d’un réchauffement climatique maintenu à 1,5°C ou 2°C. Quand l'urgence climatique se fait plus pressante, le mouvement pour le climat n'a pas réussi à inverser la tangente, ni à imposer son agenda écologique. Maître de conférences en géographie humaine en Suède, militant pour le climat, Andreas Malm propose dans son essai une analyse de cet échec, questionnant le répertoire d'actions pacifiques et l’« attachement à une non violence absolue » du mouvement climat.



La doctrine du pacifisme stratégique a monopolisé son imaginaire. Revendiqué principalement par Extinction Rébellion (XR), cette ligne de conduite militante établit que « la violence commise par les mouvements sociaux les éloigne systématiquement de leur objectif ». Cette vision idéalisée du pacifisme est influencée par une conception de l'histoire erronée qui veut que les grands combats sociaux et politiques du XXe siècle aient été remportés grâce aux pacifistes. Les théoriciens du mouvement pour le climat effacent de leurs analyses toutes les formes de mobilisations violentes qui ont participé à rendre victorieux les processus de libérations historiques (esclavage, suffragettes, décolonisation, Apartheid, lutte pour les droits civiques aux USA, etc.).



Andreas Malm rappelle que grâce à l'existence d'un flanc radical, les mouvements de libération ont pu obtenir gains de cause. Sans Malcom-X, pas de Martin Luther King (et vice-versa). Et si le mouvement des droits civiques a pu arracher le Civil Rights Act en 1964 mettant fin à la ségrégation raciale, c'est bien parce qu'aux yeux de l’État, ces militant·es pacifiques apparaissaient comme un moindre mal comparé à la menace représentée par les militant·es radicaux. Dans d'autres moments historiques, la constitution d'un flanc radical a permis de nombreuses avancées sociales ou politiques, comme ce fut le cas pour le mouvement ouvrier européen, ou la lutte victorieuse contre l'Apartheid en Afrique du Sud.



Le pire n'est pas certain



En comparaison, Andreas Malm souligne que le réchauffement climatique est un défi inédit pour l'humanité, et il lui reste peu de temps pour agir, car si « le pire n'est pas encore arrivé, il arrive, à plein vitesse ». Au-delà de tout discours catastrophiste démobilisateur, il rappelle qu'il est techniquement possible de limiter le réchauffement à 1,5°C, en instituant « une prohibition mondiale de tout nouveau dispositif émetteur de CO2 », et en réduisant les durées de vie des infrastructures existantes des combustibles fossiles. Tout le système de production doit disparaître. Aucun compromis n'est possible. L’État ne s'attaquera jamais à la propriété capitaliste, et ce n'est pas le mouvement climat dans sa configuration actuelle qui le poussera à agir. Seule solution : dépasser le pacifisme en intégrant dans son panel d'actions le sabotage des infrastructures climaticides.



Cette stratégie a deux objectifs : dissuader les investissements dans les combustibles fossiles et montrer qu'ils peuvent être mis hors service. Certes, les militant·es ne pourront pas mettre à terre, seul·es, tout le système énergétique mondial, mais peuvent pousser les États à proclamer la prohibition et la réforme du matériel existant. En sorte, il s'agit d'appliquer la théorie du flanc radical au mouvement climat, chose qui n'a jamais été réalisée aujourd'hui.



Résistance et sabotage



Surtout que le sabotage contre des infrastructures d'énergie fossile jouit d'une véritable tradition historique : la résistance palestinienne a été pionnière dans les années 1930, dégradant les pipelines britanniques et infligeant de lourdes pertes économiques. Le Congrès national africain (ANC) en Afrique du Sud contre l'Apartheid, la résistance irakienne contre l'occupant américain dans les années 2000, les révolutionnaires égyptiens pendant le Printemps arabe... Plus spectaculaire, en septembre 2019, l’attaque de drones explosifs contre les installations pétrolières saoudiennes par les rebelles Houhtis du Yémen, a mis à l'arrêt la moitié de la production du pays, soit 7% de l'approvisionnement mondial.



Si les motifs politiques d'actions de sabotage sont divers, jamais aucune action n'a été réalisée au nom du climat. Plusieurs facteurs à ça, pour Andreas Malm. Les pays du Sud ont une tradition de sabotage plus riche, du fait de la présence massive d’ infrastructures pétrolières sur leurs territoires. L’auteur note aussi un effondrement de l'idée révolutionnaire dans les pays du Nord, et une politisation insuffisante de la crise climatique dans nos pays.



En Occident, quelques épisodes isolés de destruction de biens tactiques ont empêché le fonctionnement ou la construction d'infrastructures émettrices de CO2 (N-D-des-Landes, la lutte contre la destruction de la forêt d'Hambach en Allemagne, contre le pipeline Standing Rock aux USA) mais de manière générale, cette stratégie reste largement inexplorée, alors même que les machines de l'économie fossile sont le problème principal du réchauffement climatique.



Militantisme en zone de confort



Andres Malm ne nie ni les niveaux d'engagements élevés et peu généralisables que la résistance violente exige, ni la tendance à la criminalisation et la répression des mobilisations sociales, politiques, écologiques. Mais, ça reste insuffisant pour expliquer la quasi apathie générale sur la mobilisation pour le climat : « à côté de ce qu'ont enduré les gens qui ont lutté au cours de l'histoire, le niveau de confort du militantisme pour le climat dans les pays du Nord peut être jugé passablement élevé, ce qui témoigne assez mal de l'importance du problème » note l'auteur, soulignant le fossé entre les mouvements écologistes et le répertoire d'actions des mouvements sociaux, usant parfois de la violence, de l'autodéfense comme les Gilets Jaunes.



« La question n'est pas de savoir si nous pouvons limiter le réchauffement, mais si nous choisissons de le faire » écrit-il en balayant tout fatalisme effondriste. Le mouvement climatique doit donc délaisser le pacifisme pour l'action directe combative contre les infrastructures du système énergétique. Après le moment gandhien, il faut entrer dans le « moment fanonien », en référence à Frantz Fanon, intellectuel engagé dans les luttes de la résistance algérienne pendant la décolonisation, qui dans les Damnés de la terre, légitime l'usage de la violence collective lorsqu'il est nécessaire de transformer la réalité et la société.
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Comment saboter un pipeline

Ce livre est en référence du décret de dissolution du collectif écologiste et contestataire français « Les soulèvements de la terre » du 21 juin 23 par le ministre de l’intérieur, décret suspendu par le conseil d’état le 11 août 2023.



Comment, avec une telle "publicité", ne pas avoir alors envie de lire un tel livre?



Ce livre rappelle des faits d’actions de mouvements écologiques visant à créer un rapport de force favorable pour obtenir des gouvernements, des mesures en faveur du climat.

Les mouvements pour le climat se revendiquent comme mouvement pacifiste et non violent même si des violences sont perpétrées au cours de leurs actions.



L’auteur s’interroge sur ces stratégies d’action.

Il s’interroge et disserte sur la non violence, mais aussi la violence et sa définition.



Cette lecture est particulièrement enrichissante car l’auteur pose des questions sans toujours y répondre, et donc fournit au lecteur des pistes de réflexions.



Il parait évident, à la lecture de ce livre, que Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et signataire du décret, n’a soit pas lu le livre, soit n’y a retenu que ce qu’il voulait y voir.

A aucun moment l’auteur n’appelle à la violence mais s’interroge sur le possible recours à celle ci dans le cadre de la lutte pour le climat; ce qui n’est évidemment pas la même chose.



Pour paraphraser une phrase célèbre de Manuel Vals en 2016 « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser », Darmanin aurait pu dire « Vouloir comprendre le mouvement écologiste pour le climat, ses modes d’actions, c’est appeler à la violence. »



On peut se demander également si la « haine » du ministre contre cet ouvrage, ne tient pas aussi à ce que dit l’auteur de Macron?



J’ai bien aimé ce livre et j’en conseille donc la lecture car avec ses 237 références, il apporte de la connaissance sur un sujet particulièrement d’actualité.

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Comment saboter un pipeline

Livre écrit par le professeur d'Université suédois Andreas Malm (master en écologie humaine), militant marxiste écologique participant aux manifestations musclées de Ende Gelände en Allemagne.

Il soutient que bientôt, il ne sera plus possible de lutter pacifiquement contre les auteurs du désastre climatique et social ainsi que de la dévastation de la terre par les puissances industrielles et financières. Il faudra agir violemment, par des "actions directes", comme le sabotage de pipelines.

Ce livre est un manifeste pour militants du climat.

Le plus appréciable dans ce livre de chercheur engagé, c'est son appareil critique riche et précis dont les sources se trouvent le plus souvent sur internet.
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L'anthropocène contre l'histoire : Le réchauffe..

Un essai intéressant mais très focalisé sur l'économie.

L'auteur avance la thèse que les historiens et climatologues se sont trompés en parlant d'"anthropocène" pour désigner notre époque.

Pour lui, il serait plus judicieux de parler de "capitalocène" car ce n'est pas l'homme en soi qui serait à l'origine du réchauffement climatique mais plus précisément une partie de l'humanité représentée par les capitalistes, les investisseurs ( donc à l'origine les colonisateurs ).

Même si l'idée est pertinente et que l'auteur étaie son hypothèse d'une foule de données historiques ( rendant ma lecture ardue ), ma lecture parallèle de Sapiens de Yuval Noah Harrari, qui décrit au contraire Homo Sapiens comme une espèce dès l'origine violente et avide, m'a définitivement éloignée de la thèse de cet essai.

J'ai donc préféré interrompre ma lecture même si l'essai présente une vision historique et sociale intéressante et propose des axes de réflexions passionnants car je n'arrivais plus à m'y intéresser suffisamment pour rester concentrée.
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Avis de tempete: Nature et culture dans un ..

La crise climatique nous interdit le luxe de nier l'etat d'urgence dans lequel elle nous plonge, sous peine de mort. Andreas Malm le sait, et si la lutte écologique doit sans conteste passer par l'engagement dans un militantisme actif et radical, il peut s'avérer utile de ne pas abandonner la théorie écologique à des pensées qui en desserviraient la cause (hybridisme, neomatérialisme...). Malm pointe les cibles et tire à boulets rouges et verts sur ces auteurs qui, en dépit des implications réelles de leurs idées, jouissent auprès d'une certaine audience d'une image écolo-compatible, Bruno Latour, Donna Haraway ou encore Val Plumwood pour ne citer que les plus célèbres.

Contre ces derniers, Malm défend la position d'une théorie capable de distinguer l'homme de la nature (un "dualisme des propriétés"), qui serait seule capable de rendre l'homme responsable de son action sur cette dernière et de convertir cette responsabilité en action.
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Comment saboter un pipeline

Un petit livre très intéressant sur la place de la tactique violente (essentiellement de la destruction de biens) dans les stratégies de changements sociaux. Sous ce titre provocateur, l'auteur trace cependant les risques et limites aussi bien que les opportunités du développement d'une main "armée" des mouvements pour le climat. Le fait de lier ce questionnement à celui de la justice sociale est également extrêmement appréciable, même si toutes les sources d'émissions de CO2 ne sont pas abordées, Andreas Malm se concentrant sur les énergies fossiles.

Alors, évidemment, il reste de grandes questions légales (au niveau des conséquences pour les militants et militantes, essentiellement) à aborder, et on reste un peu sur sa faim de manière générale, mais ce livre a le mérite de poser la question sur la table et de donner envie d'en savoir plus (voire de dégonfler quelques pneus de SUV ;) ).
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Comment saboter un pipeline

Un livre qui interroge sur l'efficacité concrète de la désobéissance civile non violente, à l'heure du déni climatique et d'une production fossile toujours plus intense.



Une Ode à l'action directe et à l'organisation, un manifeste motivationnel, toujours très sourcé et rempli de théories valides, à l'image de son auteur.



Une lecture importante :)
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La chauve-souris et le capital

Andreas Malm expose avec force les causes "capitalistes" du dérèglement sanitaire, climatique et social de notre monde. Après le brillant "Comment saboter un pipeline", cet essai ajoute une sévère estocade à un système à bout de force.

Le chapitre "Communisme de guerre" est une belle démonstration de ce qu'il nous faudrait pour opérer la trop attendue transition vers un monde soutenable.
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Avis de tempete: Nature et culture dans un ..

Les violentes conséquences naturelles du réchauffement climatique, pour le marxiste Andreas Malm, exigent de repenser la distinction entre rapports sociaux et causes naturelles, pour mieux comprendre leur combinaison et lutter efficacement pour le climat.
Lien : https://laviedesidees.fr/Qua..
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