N’est-ce pas désespérant d’accepter comme une loi naturelle le fait que les hommes oppriment ceux qui cèdent et ne respectent que ceux qui résistent?
Il se demanda seulement à qui reviendrait la gloire des armes : à un capitaine dont l’éthique lui commandait de désobéir aux ordres pour sauver des compatriotes ou à un général dont la soumission indéfectible à sa hiérarchie avait conduit au massacre de centaines d’innocents.
Il considéra que le bar était une sorte de confessionnal païen, à la place de l’eau bénite coulaient les vins de l’ivresse qui n’étancheraient jamais la soif des hommes épris d’une fraternité chimérique.
-Regarde… Les trajets des voyages en groupe sont devenus des aventures solitaires où les appuis-bras et les dos des sièges emmurent chaque individu dans une cage, une prison. Moi, je déplore la disparition de ces compartiments de train qui pendant deux siècles ont accueilli les confidences ou les fantasmes inavoués de millions de voyageurs. Notre monde change bien trop vite,Abel.
- Tu as mille fois raison…..L’individualisme va sans cesse grandissant et la solitude des gens aussi. Ce n’est pas le signe d’une société qui va bien.
N’est-ce pas désespérant d’accepter comme une loi naturelle le fait que les hommes oppriment ceux qui cèdent et ne respectent que ceux qui résistent ?
Pour ce qui concerne la direction d’un pays, les gens méprisent ceux qui les traitent bien et respectent ceux qui ne leur font aucune concession. C’est vrai chez nous , dans les pays occidentaux où pourtant les règles démocratiques devraient tempérer l’esprit de domination. Mais alors dans les pays arabo-musulmans cette loi s’applique avec une telle férocité qu’on est amené à plaindre les gouvernés....
Ce hiérarque ventripotent avait atteint, selon le fameux «principe de Peter» , un très bon niveau d’incompétence.
Terrorisés par les représailles que promettaient les Arabes et abandonnés par l’armée qui ne protégeait plus rien, beaucoup de locataires avaient déjà fui. Dans ce patio ne demeuraient désormais que les plus pauvres. Or ceux-ci n’avaient pas l’argent pour payer l’exode vers la métropole et l’établissement dans leur nouveau monde. Dans ces temps de débâcle et de grande insécurité où la vie elle-même s’avérait aléatoire, les égoïsmes s’étaient estompés, et au 3 bis, comme dans le reste de la ville, la petite communauté devenait inconsciemment plus grégaire, plus solidaire.
Abel Helme pensa que cet abruti de collègue qui se prenait pour un grand lettré pourvoyeur de sentences et de maximes impérissables commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs.
Il se demanda seulement à qui reviendrait la gloire des armes : à un capitaine dont l’éthique lui commandait de désobéir aux ordres pour sauver des compatriotes ou à un général dont la soumission indéfectible à sa hiérarchie avait conduit au massacre de centaines d’innocents.