Citations de Angèle Ferrala (51)
Il avait besoin de chaleur humaine.
Il avait besoin de croire en la vie, perdu et effrayé sur l'océan de ses peurs.
Elle voulait vivre.
Vous avez peur Bastien. Je le vois dans vos yeux en prononçant ces mots. Mais la peur entrave. La peur bloque. La peur anéantit toute volonté, empêche toute évolution et donc tout bonheur
- Voir la vie du bon côté.
- Fais ce qui te plaît.
Ce n'est pas Bastien. Oh mon Dieu ! Mon corps et mon cœur ont tant espéré que ce soit toi Bastien qui te tienne sur le pas de notre porte !
Et comment faire pour aller la voir ? Comment réussir à nouer un contact alors que je ne sais rien d’elle ni de notre passé ?
Et si on était séparé ? Et si j’étais un sale type qui a laissé sa femme et qui n’élève pas sa fille ?
Et si elle ne voulait plus me voir ?
Et si j’étais un monstre ?
Je ne sais rien.
L’abîme qui s’était ouvert en lui était encore plus dur à vivre que l’oubli.
Il avait besoin de s’isoler, de réfléchir pour savoir ce qu’il voulait faire de ces extraits de sa vie. Rachelle avait hoché la tête indiquant qu’elle serait à la maison tout l’après-midi, et qu’elle lui préparerait un plateau-repas pour ce soir. Bastien lui témoigna à nouveau sa reconnaissance en la serrant dans ses bras. Il avait fait de même avec Paul, et celui-ci lui avait rendu son étreinte accompagnée d’un « Tu vas voir, même si la situation paraît floue, étrange ou improbable, tu vas y arriver ». Tu parles d’une situation floue, étrange ou improbable ! Je suis donc bien Bastien Vallier, j’ai un métier que je n’exerce pas, j’ai une famille que je ne connais pas, j’ai une fille que j’ai oubliée. Je suis marié et père de famille.
Bastien, la page n’est plus blanche. Vous avez des indices, vous pouvez creuser et maintenant vous savez dans quelle direction le faire. Nous n’en savons pas plus pour l’instant, mais c’est déjà beaucoup. Croyez-moi ! Je suis cependant d’accord avec vous : si vous ne vous souvenez plus de votre enfant, c’est qu’il s’est passé quelque chose.
Bastien serra les poings. Son visage se crispa de douleur. Rachelle attendit qu’il la regarde enfin puis planta son regard dans le sien :
— Il s’est passé quelque chose. Quelque chose qui a anéanti votre mémoire et il va falloir trouver ce que cela peut être.
Mon passé ?
Je veux savoir. Je veux tourner cette page blanche de ma vie et mettre de la couleur sur la prochaine.
Je veux savoir. Mais que vais-je découvrir ? Qu’ont-ils trouvé qui nécessite qu’ils soient là, assis tous les deux à attendre que je me retourne ?
Que vais-je découvrir ?
Il faut qu’il puisse entendre et écouter jusqu’au bout. Un médecin aurait été plus à même de lui révéler son passé et de l’accompagner dans ces découvertes. Comment dire la partie oubliée du passé en douceur à un amnésique bourré de peurs ?
Ma vie, sans homme, que je menais d’une main de maître comme je l’entendais, me convenait parfaitement.
Mon enfance difficile m’a appris à encaisser et à toujours regarder droit devant.
La chose la plus douloureuse pour une mère. La pire épreuve qu’elle ait eue à affronter dans son existence. Elle en avait pourtant vécu des moments âpres au cours des sept décennies passées sur cette terre.
Mais la peur entrave. La peur bloque. La peur anéantit toute volonté, empêche toute évolution et donc tout bonheur. Restez donc là, nous sommes bien vous et moi. Buvez un coup de temps en temps avec Paul, continuez de servir des plats du jour au restaurant, mais vous passerez peut-être à côté de votre passé.
Parfois des personnes nous donnent un coup de pouce, mais il n’y a personne qui fait avancer notre pied devant l’autre. C’est toujours à nous de le faire. On peut être entouré, conseillé, accompagné, mais le pas n’est jamais fait par quelqu’un d’autre que nous-même.
Il n’y a que les fleurs et les plantes que je réussis à crayonner aussi bien. Ne me demandez pas de faire votre portrait, cela ne rendrait absolument rien !
Pourquoi ai-je perdu la mémoire ? Il y a eu quelque chose pour qu’elle s’efface, et pourtant, je ne suis pas blessé ni rien d’autre. Je me suis… comme réveillé en train de rouler vers cette région. Hormis ça, aucun souvenir.
Ne relisez jamais les mots que vous avez couchés sur le papier. Votre écriture n’en sera que plus intime et détachée de tout futur jugement. Écrivez donc pour vous, mais sans aucun autre but que d’écrire. Ces pages seront votre psy à domicile, puisque j’ai cru comprendre que vous n’aviez guère confiance en la médecine…
Nous pourrions devenir amis, mais nous sommes si différents. Il construit sa vie, il va bientôt agrandir sa famille avec une femme près de lui pour l’épauler au quotidien.
Et moi ? Je n’ai qu’une page blanche.
Tel un enfant, il aimait se sentir comme un lilliputien dans une forêt. Les tiges de la plante le dépassaient et les épis étaient chaque jour de plus en plus hauts dans le ciel. Il s’amusait à suivre les espaces entre les semences aussi droits qu’un trait tracé à la règle. Il se sentait à l’abri du monde et en sécurité dans cette jungle agricole.