Citations de Angelus Silesius (65)
Arrête, où cours-tu ?
Le ciel est en toi.
Si tu cherches Dieu ailleurs,
Tu le manques à tous les coups.
Homme, si tu projettes
Ton esprit par delà lieux et temps
Tu peux à chaque instant
Vivre dans l’éternel.
Ami où que tu sois,
De grâce n’en reste pas là
Tu dois passer d’une lumière
A une autre lumière
La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a souci d'elle-même, ne cherche pas si on la voit.
Arrete! ou cours-tu donc quand le Ciel est en toi?
En cherchant Dieu ailleurs,
Tu le manques à coup sur.
Le christ serait-il né mille fois à Bethléem,
s'il ne naît pas en toi,
c'est en vain qu'il est né.
Il faut qu’en toi Dieu naisse.
Christ serait-il né mille fois à Bethléem,
s'il n'est pas né en toi,
tu restes mort à jamais.
Insensé l’être humain qui va boire à la mare
et oublie la fontaine qui jaillit chez lui !
La rose est sans pourquoi,
elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin,
- ne demande pas - suis-je regardée ?
Homme, deviens essentiel: quand le monde passera, - Ce qui est du hasard tombera; l'essence restera.
Je ne sais qui je suis, je ne suis qui je sais :
Une chose et non une chose, un point nul et un cercle.
Plus tu connaîtras Dieu, et plus tu sauras que tu es incapable de lui donner un nom.
L'âme a deux yeux: l'un regarde le temps, et l'autre se tourne vers l'éternité.
On n'apprécie rien si on ne le contemple pas ; ce qui manque au monde c'est la contemplation.
Arrête ! où cours-tu donc, - quand le ciel est en toi ?
En cherchant Dieu ailleurs, tu le manques à coup sûr.
Celui qui s'est choisi le centre pour demeure
Circonscrit d'un seul regard la circonférence. (II, 24)
Tu as beau le nier, mais qui demeure en soi
entend Dieu lui parler,même en dehors du temps en dehors de l’espace.
La circonférence est dans le point, le fruit dans la graine,
Dieu, l'infini, dans la finitude : sage est celui qui Le cherche au-dedans de l'univers fini.
Nul grain de poussière n'est si mauvais, nul petit point si infime,
Que le sage n'y voie Dieu et toute sa Gloire.
L’œuf est dans la poule, la poule dans l’œuf,
Le deux dans l'Un, également l'Un dans le deux. (IV, 158, 160, 162)
Homme, limite-toi à entrer en toi-même. Car pour trouver la pierre philosophale, il n'est pas requis de voyager en pays lointains. (III, 118)
Plus tu connaîtras Dieu, et plus tu sauras que tu es incapable de lui donner un nom.
« Dieu fleurit en ses branches
Si tu es né de Dieu, Dieu fleurit en toi,
Et sa divinité est ta sève et ta parure. »
Toi, tu n'est pas dans l'espace, c'est l'espace qui est en toi.
Jette-le hors de toi, et voici déjà l'éternité.
Toi-même crées le temps, tes sens forment l'horloge.
Arrête donc en toi le balancier, et c'en est fait du temps. (I, 185, 189)
Si le diable pouvait sortir de son « soi »,
Tu Le verrais assis bien droit au trône de Dieu.
Le plus délicat au monde, c'est la pure terre vierge ;
On dit que d'elle naît l'Enfant des sages.
Homme, si tu ne deviens pas enfant, jamais tu n'entreras Où sont les enfants de Dieu, la porte est bien trop petite.
Homme, si tu es vide, l'eau jaillit de toi,
Comme de la source d'éternité. (I, 143, 147, 153, 159)