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Citations de Anna Bednik (16)


Comment peut-on encore courir derrière la croissance, alors que les limites matérielles et écologiques rendent l'expansion de l'économie industrielle de plus en plus insoutenable ? Comment peut-on ne pas se rendre compte que ce comportement est suicidaire ? C'est là que les faiseurs de chimères apportent leur contribution. Ils ne clament pas, à la manière d'un George Bush père, qu'un mode de vie ultra-consommateur de la nature "n'est pas négociable". Plus mesurés, ils disent que "si nous ne voulons pas voir s'interrompre la progression du niveau de vie enregistrée depuis cinquante ans, il nous fait trouver de nouveaux moyens de produire et de consommer". Ils disent aussi comment y parvenir : grâce au progrès des sciences et des techniques et à l'efficience du marché. The show must go on, et ses acteurs ne peuvent pas être pris de panique : l'économie poursuivra sa "croissance", simplement, elle la "dématérialisera". Serait-ce possible, vraiment ?

Mirages d'une croissance dématérialisée
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En France, une loi nationale d'interdiction de la fracturation hydraulique a été conçue et adoptée en urgence dès 2011. Les contestataires, au premier rang desquels près de 300 collectifs de riverains des futures plateformes pétrolières et gazières, ont alors pris au dépourvu les tenants du pouvoir. Mais ils n'ont pas gagné la guerre. Les industriels se maintiennent prêts en attendant que la conjoncture économique (prix du pétrole trop bas pour la rentabilité de l'extraction par fracturation hydraulique en France) et politique (loi d'interdiction) leur soit plus favorable. Ils continuent à préparer le terrain, au sens propre du terme, avançant dans les premières phases des travaux d'exploration. Dès le début de l'année 2013, ils ont ainsi mené des travaux de forage sur des plateformes clairement identifiées comme portant sur du pétrole de schiste dans le Bassin parisien, et il est difficile d'imaginer qu'ils entreprennent ces opérations coûteuses sans aucun espoir de retour sur investissement, fût-il, dans un premier temps, de nature essentiellement spéculative. Les préparatifs avancent dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine, où l'on exploite du gaz de couche, un autre hydrocarbure "non conventionnel", dont l'exploitation peut exiger, à terme, le recours à la fracturation hydraulique. Les fonds marins sont également passés au crible à la recherche "d'hydrocarbures extrêmes", comme les qualifient les collectifs français à la suite du réalisateur étatsunien Josh Fox.Un projet, GOLD (Gulf of Lion Drilling), prévoit même de chercher du pétrole à onze kilomètres de profondeur dans le golfe du Lion, sous prétexte d'étudier les variations du climat global et la biosphère souterraine.
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Ce n'est pas uniquement en pillant les richesses par-delà les océans que le capitalisme a pu émerger en Europe. Son épopée a commencé par la privatisation des communaux du Premier Monde, par l'accaparement des terres et par l'expropriation des paysans via la généralisation du systèmes des enclosures (le droit reconnu aux lords britanniques de s'approprier et de clôturer les champs), dont Thomas More dénonçait déjà les conséquences sociales en 1516. En séparant le travail des moyens de production et en transformant la population des campagnes en prolétariat, main-d’œuvre "libre" et disponible pour l'industrie, ce mouvement d'expropriation, aurait, à suivre Marx, concouru à réunir les conditions de l'accumulation primitive du capital au même titre que la découverte de l'Amérique et sa colonisation.

Notre sort commun ?
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Vu du ciel, la Transamazonienne semble trancher l'océan de verdure comme un coup de poignard, et les entailles rouge-vif des défrichements se creusent et s'étendent un peu plus à chaque survol. Tous les jours , les 312 wagons chargés de minerai de fer sorti de cette terre couleur de sang filent à grand fracas sur les rails du géant minier Vale, ex-Vale do Rio Doce, depuis les mines de Carajas jusqu'à l'Atlantique, où les attendent les immenses vraquiers de la compagnie. L'Amazonie, une des dernières frontières naturelles, résiste difficilement à l'implacable avancée de cet "extractivisme de nouvelle génération". L'immense forêt, il y a peu de temps encore impénétrable, s'ouvre et recule à pas de géant. Entre 1990 et 2010, elle s'est vue amputée de 240 000 km2, l'équivalent de la surface du Royaume-Uni. 15% de ses sous-sols sont concédés à l'exploitation d'hydrocarbures et 21% aux entreprises minières (ces chiffres s'élèvent à 84% et à 75% pour l'Amazonie péruvienne, la plus touchée), 417 centrales hydroélectriques y ont été construites ou planifiées, le tout relié par 96 500 km de routes.

Les veines toujours ouvertes de l'Amérique latine
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On n'aurait rien gagné, ou si peu, en n'obtenant, par exemple, que la reconnaissance d'un statut pour les victimes de l'extractivisme, ou d'un droit à l'existence pour les circuits parallèles de production et d'échange. Les normes et les dogmes qu'il s'agit de faire voler en éclats sont autrement plus structurants pour la société industrielle moderne. D'une génération à l'autre, ils s'agglomèrent et se solidifient dans les imaginaires comme autant de couches de sédiments, formant un socle de lieux communs, un "régime de vérités" sur lequel vient se greffer la propagande captitaliste-productiviste-extractiviste. Pour que les hauts fourneaux de l'extractivisme soient contraints de s'arrêter, il faudrait, malheureusement, plus que quelques combats gagnés et plus que quelques expériences alternatives. Il faudrait qu'une majorité, au sens numérique du terme, se sente affectée par ce qui est en train de se produire au point de vouloir prendre sa vie en main avant que la surface de la Terre ne soit rendue inhabitable.

Épilogue
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L'exploitation des richesses du sous-sol crée des emplois locaux ? Des membres des collectifs anti-gaz et pétrole de schiste du Bassin parisien sont allés vérifier cette promesse sur place : sur certains puits exploratoires, il y avait bien un poste pourvu localement, celui du gardien. Le reste des équipes intervenant en phase de forage était composé de professionnels venus d'ailleurs : une vingtaine de foreurs (employés nomades de la société de forage Cofor), deux ou trois Hollandais de Baker Hughes (carottage) et un employé de l'exploitant pour diriger les travaux (la société étatsunienne Hess Oil, dans le cas de notre exemple). En phase d'exploitation, il n'y a plus besoin ni de foreurs, ni de gardiens : 28 empois suffisent pour surveiller les 100 puits.

Résistances
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Parfois, les termes du dilemme sont plus clairs : 67% de l'or extrait sert par exemple à fabriquer des bijoux, pour lesquels on creuse de gigantesques cratères, traite le minerai au cyanure, accapare l'eau des zones arides, pollue les sources d'eau, parfois irrémédiablement. Ceux qui refusent d'être sacrifiés pour le sourire de la mariée ou la retraite paisible d'un bijoutier d'Anvers affirment que "l'eau vaut plus que l'or". Peut-on, en bonne conscience, contester leur point de vue ?

Extraire, produire, consommer : pas d'alternative ?
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Aucune industrie extractive ne se passe de produits toxiques, aucune n'embellit les paysages, ne rend l'air plus pur ni l'eau plus cristalline. Les extractivistes le savent bien, mais il est rare de voir une entreprise affirmer publiquement qu'elle compte détruire un territoire pour enrichir ses actionnaires.

[p265]
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Qu'est-ce que l'extractivisme ? C'est un programme pour utiliser la terre et non pour vivre avec elle ; pour extraire et absorber ses biens comme matières premières à échelle industrielle. Il se contente de comptabiliser les lieux à ressources et les lieux de consommation et reste aveugle aux régions, aux peuples, aux cultures, aux valeurs humaines. Il est exclusivement régi par des variables économiques, symboles du développement. Seuls comptent pour lui les résultats à court terme, mesurables dans les bourses de valeurs ; les conséquences sur le long terme n'importent pas.

[p23]
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Mourir d'un cancer à 18 ans ou être intoxiqué au plomb à 9 ans est " normal " dans certains lieux de la planète ; tout comme peut sembler " normale " l'obligation de quitter ses terres du jour au lendemain parce qu'une entreprise ou l’État ont conçu pour elles d'autres destins.

[p252]
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Parfois, les termes du dilemme sont plus clairs : 67% de l'or extrait sert par exemple à fabriquer des bijoux, pour lesquels on creuse de gigantesque cratères, traite le minerai au cyanure, accapare l'eau des zones arides, pollue les sources d'eau, parfois irrémédiablement. Celles et ceux qui refusent d'être sacrifiés pour le sourire de la mariée ou la retraite paisible d'un bijoutier d'Anvers affirment que " l'eau vaut plus que l'or ". Peut-on, en bonne conscience, contester leur point de vue ?

[p199]
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Comment peut-on encore courir derrière la croissance, alors que les limites matérielles et écologiques rendent l'expansion de l'économie industrielle de plus en plus insoutenable ? Comment peut-on ne pas se rendre compte que ce comportement est suicidaire ?

[p133]
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Pour résumer, en termes "nets" et "absolus", l'économie mondiale consomme non seulement de plus en plus de "ressources naturelles" et notamment minérales, mais elle exige aussi une quantité toujours plus grande de "ressources" différentes. L'exemple des métaux est particulièrement parlant. Leur consommation a doublé au cours des vingt-cinq dernières années et "on s'apprête à extraire de la croûte terrestre plus de métaux en une génération que pendant toute l'histoire de l'humanité". Aussi alors qu'"il n'y a pratiquement aucun métal dont la consommation ait baissé", de l'utilisation d'une vingtaine de "grands métaux" il y a 30 ans, nous sommes passés à plus de 60 aujourd'hui.
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En France, une loi nationale d'interdiction de la fracturation hydraulique a été conçue et adoptée en toute urgence dès 2011, en réaction à la contestation menée par près de 300 collectifs de riverains et riveraines de futures plateformes pétrolières et gazières. Mais les collectifs n'ont pas gagné la guerre. Les industriels se maintiennent prêts en attendant que la conjoncture économique [...] et politique [...] leur soit plus favorable. Ils ont continué à préparer le terrain, au sens propre du terme, avançant dans les premières phases des travaux d'exploration. Dès le début de l'année 2013, des travaux de forage ont été menés sur des plateformes clairement identifiées comme portant sur du pétrole de schiste dans le Bassin parisien, et il est difficile d'imaginer que ces opérations coûteuses soient entreprises sans aucun espoir de retour sur investissement, fût-il, dans un premier temps, de nature essentiellement spéculative.

[p115]
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Où doit-on placer les limites de la prise de risque ? La santé, la qualité de l'eau et de l'air, l'avenir de nos enfants et de nos territoires peuvent-ils faire l'objet d'expérimentations in situ, quand bien même la création d'emplois, une baisse des prix du carburant ou la croissance économique pourraient être au rendez-vous ?

[p16-17]
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Les mouvement latino-américains sont nombreux à pouvoir témoigner des tentatives, ratées ou réussies, de corruption des autorités ou des contestataires.
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