La guerre, voyez-vous, c’est le chaos. Vous ne vous figurez pas tout ce dont nous avons été témoins. Nous étions tous animés, y compris les journalistes accrédités, par une colère monumentale.
Les questions ont beau être identiques, les réponses sont toujours différentes.
Elle souleva le cadre de son clou et le tint entre ses mains, admirant – oui, pourquoi ne pas l’admettre ? – la façon dont la lumière modelait ses épaules et éclairait le gardénia à sa boutonnière. Une fleur aux pétales aussi soyeux et doux que le visage ingénu où s’épanouissait une volupté précoïtale. Comme les photos mentaient bien, parfois à notre avantage. Selon les critères de l’époque, elle n’était plus vraiment jeune ; elle avait atteint la trentaine et traînait derrière elle une guerre, un mariage raté et plusieurs liaisons malencontreuses.
Les rubriques mondaines des journaux en avaient alors fait leurs choux gras, quoique de manière plus respectueuse qu’on ne l’aurait fait aujourd’hui, car, l’époque, les simples mortels admiraient les dieux de l’Olympe. De nos jours, les mortels étaient souvent portés au pinacle tandis que les dieux étaient cloués au pilori.