AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne-Frédérique Rochat (41)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La ferme (vue de nuit)

Je n'aimerais pas du tout vivre dans une maison entièrement transparente, même si cette maison est isolée, à la campagne. Il me faut des recoins où lire en paix, des endroits ouatés à l'abri des regards.

Je n'aimerais pas non plus grimper un escalier interminable pour accéder chez moi, un escalier que l'on grimpe péniblement, surtout en pleine chaleur, plein de petits gravillons pointus.

Il me faudrait vraiment une excellente raison pour y vivre !



Annie, elle, l'a trouvée, cette raison : elle en aime le propriétaire. A la mort de sa mère, avec laquelle elle entretenait une relation fusionnelle, elle connait une folle passion pour ce prof d'unif beaucoup plus âgé qu'elle et accepte donc de vivre avec lui dans sa maison bizarre pour l'époque, et démodée une dizaine d'années après. Les stores sont automatiques, s'abaissent et se relèvent en fonction du soleil ; il n'y a aucune séparation au rez-de-chaussée, idem pour l'étage ; et le chien ...est un lama !

Mais Annie et Etienne s'aiment, surtout physiquement.

Oui, physiquement surtout, car Etienne m'a semblé un brin manipulateur : « le silence était une arme redoutable qu'il maniait à merveille », « Avec ses grosses pattes pleines de griffes, il n'arrêtait pas de la blesser ». Et l'inévitable arrive : Annie le quitte. Puis elle revient. Puis elle le quitte à nouveau. Puis elle revient. Puis....

Cette valse s'étend sur quinze ans et au-delà. Car Annie a toujours peur. Elle se sent continuellement épiée, elle aimerait tellement dormir près d'un corps chaud, à l'abri, pour toujours. Un besoin immense de sécurité la pousse vers Etienne, puis l'en chasse, inévitablement.



J'ai suivi avec attention la progression d'Annie, bien que celle-ci ne soit pas racontée chronologiquement. Retours en arrière et anticipations émaillent le récit, pour expliquer les comportements de l'un et l'autre. J'ai apprécié l'ambiance instaurant un malaise diffus. Mais Etienne n'est pas mon genre d'homme, et sa maison ne m'attire pas. Annie devait avoir bien du mérite...mais en même temps elle m'énervait un peu.

Peu d'empathie pour les personnages ; acceptation du style sans être enflammée, et même léger agacement face à certaines expressions trop faciles.

Mais « la ferme (qui n'en est pas une) vue de nuit » m'a quand même attirée et retenue (j'en ai même rêvé ! ) car ce roman parle des relations de couple, de maison, d'enfant, mais aussi de stores qui se coincent, de lama envahissant, et de malaise. Et ce malaise, je le ressens encore. Bizarre, n'est-ce pas ?



Merci à l'opération Masse Critique ainsi qu'aux éditions Luce Wilquin, que j'apprécie plus que jamais, qui m'ont fait découvrir ce roman légèrement déroutant et touchant le point sensible d'une relation amoureuse.



N'empêche, une maison complètement transparente, aux stores qui se coincent, à l'escalier kilométrique...Non, je n'y vivrais pas.

Commenter  J’apprécie          436
Longues nuits et petits jours

Tous ces êtres qui gravitent autour d’Edwige



Pour son huitième roman, Anne-Frédérique Rochat s’est décidée à partir dans la montagne, sur les pas d’Edwige, à qui son amie a confié les clés d’un chalet. Un endroit isolé, mais qui ne va pas tarder à grouiller de monde, réel ou imaginaire.



Après une difficile rupture amoureuse, Anne propose à son amie Edwige de venir se ressourcer dans son chalet de montagne. Mais à peine arrivée, elle est prise d’une terrible angoisse. Ce ne sont pas les bruits de la nature alentour qui l’effraient, mais l’apparition d’un étranger. Ce dernier n’arrive pas pour la voler, comme elle le craignait, mais s’installe dans le chalet. Il lui faut alors sortir de sous le lit où elle s’était cachée et affronter cet homme qui affirme s’appeler Célien et bien connaître Anne. Le dernier car postal étant passé, elle va être contraindre de passer la nuit avec cet étranger et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, partage avec lui la vin qu’elle venait d’acheter au village.

«Et finalement la bouteille de rouge se vida au rythme des confidences d’Edwige, qui avait toujours eu l’alcool bavard; elle parla d’Andri, de leur rupture, du déchirement qu’elle avait ressenti, de l’immense tristesse qui souvent la submergeait. Célien écoutait. Il semblait avoir un don pour cela. Écouter et hocher la tête d’une façon qui vous faisait penser que ce que vous disiez était essentiel et très pertinent. Ils allumèrent des bougies, finirent le pain et le fromage, ouvrirent la deuxième bouteille.»

Au lieu de regagner son appartement, comme elle l’envisageait la veille, elle décide de rester et de profiter de la présence somme toute apaisante de cet homme, même s’il est très mystérieux, lui expliquant par exemple à Edwige qu’il sent la présence de sa mère dans le chalet. Après avoir partagé leurs repas, Célien propose à Edwige de l’emmener danser à la fête du village et l’invite quelques jours après à une balade en forêt. Les liens entre eux se tissent, même s’il n’est nullement question d’amour et encore moins de sexe. Grâce à son hôte qui l’invite à lâcher prise, à accepter de dialoguer avec les personnes qui la hantent, elle va retrouver père et mère, mais aussi des proches. La tension dramatique devient alors de plus en plus forte…

Anne-Frédérique Rochat explore depuis maintenant de longues années ces moments de fragilité, ces instants qui font que dans une vie tout peut soudain basculer. Dans Le chant du canari c’était ce petit grain de sable qui vient gripper l’harmonie du couple formé par Violaine et Anatole, dans L'autre Edgar c’était la découverte d’un frère disparu, dans La ferme (vue de nuit), c’étaient les retrouvailles, quinze années après leur séparation, d’Annie et Étienne. Cette fois, la faille est plus profonde, creusée de la douleur de l’abandon. Cette fois le travail de reconstruction est plus difficile, entre croyances et incrédulité, entre rêves et cauchemars, le tout baigné d’une atmosphère animale et minérale. Et si vous croisez un lapin blanc, méfiez-vous!




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          390
Quand meurent les éblouissements

«Elle voulait devenir quelqu'un»



Poursuivant en parallèle sa carrière d’autrice et de comédienne, Anne-Frédérique Rochat a choisi de raconter le parcours d’une actrice qui découvre le monde du cinéma à quinze ans dans son nouveau roman. Avant de la retrouver plus tard, à l’heure du bilan.



Le grand jour est arrivé. Chiara s’est préparée avec sa mère pour être parfaite lors de l’audition organisée pour trouver l’actrice qui jouera le premier rôle du nouveau film de Baldewski, un réalisateur désormais très en vue. Et après quelques sueurs froides, elle décroche le rôle. Maggy peut offrir le champagne à ses filles, elle qui voit Chiara réaliser son rêve et se dit que ce premier succès pourra peut-être sortir Line de son obsession, elle qui qui se prend pour Mylène Farmer et ne vit que pour son idole.

Mais pour l’adolescente, ce premier rôle est aussi l’occasion de constater combien ses copines de classe la jalousent désormais. Car elle n’était pas seule à participer au casting et se retrouve bien malgré elle dans la position de celle qui les a privées de leur rêve. Pour Claire, qui sera elle aussi évincée, c’est la fin d’un rêve. Insupportable. Quelques jours plus tard, elle mettra fin à ses jours.

Une fin tragique qui coïncide avec la distance que vont prendre ses amies et que Chiara va particulièrement ressentir lors d’une fête d’anniversaire chez Raphaëlle. Son malaise grandissant s’atténuera à peine lorsqu’elle testera avec François, le grand frère de Raphaëlle, ce que cela fait de se donner un baiser. Avant le tournage, elle avait envie de savoir ce qui l’attendait. Les semaines et les mois qui vont suivre seront marquées par un travail intense, des tournages réguliers et un fossé qui va s’élargir toujours davantage avec sa «vie d’avant», celles de l’enfance et des copines. «Elle devait y croire, sinon qui le ferait pour elle? Elle travaillerait dur pour ça, accepterait de courir les castings, de vivre chichement, elle donnerait TOUT, toute sa vie, son temps, son énergie, ses espoirs, oui, elle se consacrerait entièrement à son art. Rien d’autre n'aurait d'importance. Elle voulait devenir quelqu'un.»

Dans la seconde partie du roman Chiara Mastrini, «dont le nom ressemblait trop à une autre actrice», est désormais Aude Carmin. L’actrice partage sa vie avec un acteur bankable Tom Barlier chez qui elle a élu domicile. S’il est régulièrement à l’affiche de grosses productions, elle ne décroche plus guère de contrats. Et ses rôles se limitent à des œuvres confidentielles. Une période difficile dont elle ne voit pas l’issue et qu’elle essaie de noyer dans l’alcool. «Par moments, elle avait l’impression de vivre à côté de sa vie ou au bord d’une immense piscine dans laquelle elle voyait les autres plonger, tandis qu’elle restait en retrait à les observer.»

À moins que Tom ne puisse parvenir à convaincre un réalisateur de la faire tourner avec lui. Après tout, c’est peut-être une bonne idée de les réunir sur un film…

Comme dans Longues nuits et petits jours, son précédent roman qui racontait comment Edwige tentait de surmonter une difficile rupture en partant s’isoler dans un chalet de montagne, Chiara va chercher comment s’en sortir. C’est le registre dans lequel excelle Anne-Frédérique Rochat. Avec ces détails, ces annotations toujours très justes qui disent le désarroi et la souffrance, on voit Chiara se débattre, à la fois tenter de se délester d’un passé traumatisant et espérer le retrouver, quand tout était encore possible, quand les rêves berçaient la vie de sa mère Maggy et de sa sœur Line. Roman de la désillusion et de la fragilité, Quand meurent les éblouissements est aussi le roman de la maturité d’une romancière dont Luce Wilquin, sa première éditrice qui vient de disparaître, avait senti dès 2012 tout le potentiel.




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          240
La ferme (vue de nuit)

Précise comme une montre suisse, Anne-Frédérique Rochat a pris l’habitude de nous livrer un nouveau roman à chaque rentrée. Après Le chant du canari en 2015 et L’autre Edgar en 2016, voici son sixième opus qui démontre une fois encore son grand talent de narratrice. Cette fois encore, elle explore les relations de couple, le sens d’une union, la notion de famille.

Le début du roman est marqué par l’arrivée d’une lettre ou plutôt d’un pli contenant un bristol blanc et vierge. Mais pour Annie, la destinataire, il n’y a aucun doute sur l’expéditeur. Car elle reconnaît d’emblée cette écriture sur l’enveloppe comme celle d’Étienne, son amant quitté quinze ans plus tôt. Un homme qu’elle n’a pas oublié et avec lequel elle a vécu quelques années heureuses à La Ferme. La maison qui porte ce nom est en fait une bâtisse à l’architecture moderne avec de grandes baies vitrées donnant sur la forêt. Située sur un promontoire, on y accède par un interminable escalier. On ne va pas tarder à y retrouver Annie pour laquelle ce courrier surprenant n’est rien d’autre qu’un appel à tirer un trait sur le passé et à rejoindre l’homme qui l’a accueillie alors qu’elle était serveuse dans un café et l’a encouragée à reprendre ses études et devenir enseignante. Mais au moment d’accéder au bout, le doute l’assaille : « Et s’il n’était pas seul? Et si elle le dérangeait? Si elle avait mal compris son message, ou plutôt son non-message, sa carte vierge? Elle frissonna, l’air s’était rafraîchi, ce qui n’était pas désagréable, mais ses pieds continuaient de la torturer. Elle songea qu’elle n’aurait peut-être pas dû venir, pas si vite en tout cas, accourir comme un chien-chien fou de joie à l’idée de retrouver son maître: quelle bêtise! Elle aurait mieux fait de rester chez elle, n’avait plus l’âge de jouer à ce genre de jeu; elle était une femme à présent, une femme accomplie qui n’avait pas besoin du regard des autres pour se sentir belle et justifier son existence, elle était forte et indépendante! »

Quand Étienne apparaît, c’est comme si le temps s’était soudain accéléré. En quelques secondes défilent des pans entiers de son existence, de leur rencontre à leur premier rendez-vous, de leur emménagement à La Ferme aux habitudes qui s’installent jusqu’à ce jour où elle avait pris la décision de partir sans se retourner. Mais pour l’heure, les retrouvailles se font presque sans paroles, avec un instinct très animal… « "Annie", susurra-t-il avec émotion.

Il porta ses doigts aux ongles ronds et nacrés à ses lèvres, les huma longuement, les yeux fermés, avant de les embrasser, les goûter. Ça avait commencé, ils s’étaient retrouvés. Pas besoin d’interminables discours, d’explications compliquées, sa carte à lui et sa venue à elle quelques jours après avaient suffi pour exprimer l’essentiel.

Il l’emmena à l’étage, éteignit la lumière, se rappelant qu’elle préférait sans, la guida jusqu’à son lit dans la pénombre. Une même crainte les envahit au moment du déshabillage: que penserait-il/elle de ce corps vieilli de quinze ans?; celui qu’il/ elle avait connu était-il très différent? Ces craintes ne durèrent qu’un instant, très vite la soif et les caresses de l’autre eurent raison de leurs appréhensions. » Si les (bonnes) vieilles habitudes reviennent assez vite et si Annie décide d’emménager à nouveau dans la ferme, on commence à sentir quelques points de crispation. Car si les corps se retrouvent, il n’en est pas forcément de même pour le cœur. C’est du reste la grande force d’Anne-Frédérique Rochat: Il lui suffit d’instiller quelques détails, comme les stores ouverts ou baissés, la préparation du repas ou encore la lumière qui reste allumée, pour nous faire comprendre que le couple n’est pas à l’unisson. D’appréhension en réaction épidermique – au vrai sens du terme – le lecteur découvre les failles et va les voir se creuser. Ainsi présence de plus en plus marquée de Lucien le lama pourrait prêter à rire, si elle n’était pas le signe d’une conception diamétralement opposée de concevoir le rôle de cet animal de compagnie. Pour Étienne, il fait partie intégrante de la famille au point de l’inviter à manger sa salade dans la maison. Pour Annie, il devient un rival. Il va en aller de même des voisins et en particulier d’un petit garçon qui s’invite un soir chez eux. S’il est bien accueilli, il va cependant cristalliser toute la frustration d’Annie et son envie de fonder une vraie famille. Elle se rappelle que c’est lorsqu’elle a annoncé qu’elle était enceinte qu’elle a dû quitter la ferme, Étienne ne se sentant pas capable d’assumer le rôle du père. Quinze ans plus tard, les choses ont-t-elles vraiment changé ? C’est tout l’enjeu de la fin du roman… qui vous réserve une belle surprise !


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          120
L'autre Edgar

Livre après livre Anne-Frédérique Rochat s’affirme comme une valeur sûre de la littérature romande. Son style s’affine et son sens de la narration se peaufine. Dans son précédent roman, Le chant du canari, elle explorait l’histoire d’un couple qui petit à petit se sépare. Dans ce nouveau roman, ce serait presque l’inverse. L’autre Edgar essaie de construire un couple, ou plus exactement de se construire une identité avant de tenter l’aventure de la vie à deux.

Car Edgar est ce que l’on pourrait appeler un enfant de substitution. Lorsqu’il naît, ses parents décident de lui donner le même prénom que celui de leur premier enfant, décédé subitement une année plus tôt. «Ce serait dommage de ne pas le réutiliser» dira la mère qui entend effacer le traumatisme encore très vif de ce décès en s’investissant corps et âme pour ce nouveau-né.

Toutefois, dès les premières années de son existence, le petit garçon va s’interroger, se demander qui est le petit garçon sur la photo du salon. Un questionnement qui s’intensifiera lorsqu’on lui annoncera que son père est parti…

Voulant préserver son enfant désormais orphelin, la mère va éluder les questions jusqu’au jour où la voisine se voit quasiment contrainte d’expliquer les drames familiaux.

« Ce soir-là, allongé sur son lit, dans la pénombre de sa chambre, Edgar pensa longuement. Avec la clé que Mathilde lui avait donnée, il tenta d’ouvrir quelques portes pour y voir plus clair et laisser entrer un peu de lumière. » Quelques cauchemars – durant lesquels son frère décédé lui rendra visite – et quelques années seront nécessaires pour comprendre, puis pour se libérer de ces curieux sentiments qui vont tout à tour le traverser, de la culpabilité d’avoir pris la place d’un autre à la frustration de n’être prix que pour un remplaçant.

À l’adolescence difficile – mais comment en serait-il autrement – succèdent les premières années de la vie d’adulte, le moment où il va falloir apprendre à voler de ses propres ailes. Sauf que la relation quasi exclusive bâtie avec sa mère l’empêche de s’épanouir. Après l’émerveillement de la découverte du monde du théâtre, le désir de travailler dans ce milieu et les premiers émois face à l’aura d’une belle comédienne, il se rend compte que bien des obstacles sèment encore sa route et qu’il est lui-même jaloux d’une éventuelle relation que sa mère pourrait être tentée de nouer. Même s’il s’agit d’une fausse alerte et qu’«il était son seul amour, son cœur, son enfant», l’événement va servir de déclencheur.

Quand sa confidente Mathilde meurt et que, quelques années plus tard, de nouveaux voisins viennent s’installer dans la maison mitoyenne, Edgar tombe immédiatement amoureux de Macha. Sauf que cette dernière est mariée.

On ne dévoilera pas ici comment l’amoureux transi aura quand même sa chance, on pourra tout au plus ajouter une nouvelle variation du thème de l’absence et de la façon dont on peut gérer ce manque.

Voici donc l‘un des plus beaux romans consacrés à la question de l’identité, à la manière dont on l’a construit ou dont elle est construite à travers le regard des autres.
Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          100
Accident de personne

Quand survient cet accident de personne qui fait office de titre, Charline est en route vers son destin, mais ne le sait pas encore. Une jeune femme s’est jetée sur les rails. Quelques minutes seulement avant que le train n’arrive à destination, la petite ville où Charline a passé une grande partie de sa vie et qu’elle n’a pas revue depuis plus de dix ans.



C’est à la suite du décès de sa sœur jumelle qui s’est jetée par la fenêtre, croyant qu’elle serait en mesure de voler si elle y croyait très fort, que le quotidien de Charline est devenu invivable et que la famille a fini par quitter cette petite ville où trop de souvenirs les poursuivaient.



Pourquoi la préférée était-elle morte et non pas elle, croyait-elle lire dans le regard de ses parents avec qui elle a fini par couper les ponts pour se résoudre à vivre, loin des reproches. Mais l’heure est venue, parce qu’elle n’arrive plus à peindre, de cesser de tourner en rond et de s’occuper. Autrement. À n’importe quoi. C’est la raison pour laquelle elle se trouve dans ce train qui la ramène à sa ville natale. Charline a en effet accepté de s’occuper du chat d’une vieille dame pendant son absence pour éviter de demeurer prostrée, en attendant que revienne l’inspiration qui l’a quittée il y a des mois.



La ville a beaucoup changé. Elle la reconnaît à peine quand elle décide de se rendre aux funérailles de celle qui est devenue un fait divers. Parce qu’elles étaient dans la même classe lorsqu’elles étaient enfants. Parce qu’elle aurait si souvent voulu prendre sa place, Viviane ayant des parents si aimants, si attentionnés.



Parce que Charline n’a jamais été en mesure de se lier, qu’elle n’a jamais cessé de parler à sa sœur disparue, et qu’elle a décidé de rapporter aux parents de Viviane le mouchoir qu’ils ont oublié sur un banc, la jeune femme va voir le cours de sa vie complètement changé alors que ceux-ci vont littéralement l’adopter. Basculant constamment entre la réalité qui n’est pas sans rappeler ses rêves d’autrefois et des cauchemars troublants qui nous sont relatés, Charline finit par perdre pied.



À la fois comédienne et dramaturge, la Suissesse Anne-Frédérique Rochart a le sens du drame et de la mise en scène. Elle propose d’ailleurs avec Accident de personne une structure narrative qui n’est pas sans rappeler l’usage des voix off au théâtre, procédé intéressant. Si la tension qui grandit à mesure que se noue une relation parents/enfant entre les Dubois et Charline est palpable et bien exploitée, on pourrait par contre reprocher à l’auteure les quelques personnages-accessoires qu’elle laisse tomber sitôt qu’elle les a utilisés ainsi que les morts passées qui s’additionnent à la fin du roman pour expliquer le geste de Viviane, lesquels ne convainquent pas.



Accident de personne demeure tout de même un premier roman réussi, grâce à sa construction solide et à l’attachement que le lecteur éprouve d’emblée pour cette Charline un peu paumée qui mange la peau de ses doigts jusqu’à ce que cela saigne pour se punir de n’avoir pas su, avec ces mêmes mains, retenir sa sœur quand elle a sauté dans le vide.



Accident de personne lui rappelle qu’il est l’heure pour elle de cesser de marcher sur un fil.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
Commenter  J’apprécie          80
Miradie

Je remercie Masse Critique et les éditions Luce Wilquin pour l'envoi de ce livre.



Miradie est un tantinet hypocondriaque, un tantinet naïve et agaçante, désespérément seule ou presque et travaille dans un hôtel miteux où ses qualités professionnelles et personnelles ne sont absolument pas reconnues.



Sa solitude lui laisse tout le loisir de s'inquiéter de mille choses, mais surtout de sa santé, de se sentir redevable et coupable envers sa tante qui l'a élevée mais qui lui sert un chantage affectif vache quasi quotidien.



Sa relation proche et parfois ambiguë avec son ami d'enfance, Patrice, lui met du baume au cœur mais ce même cœur s'emballe de manière irraisonnée, si tant est que cet adjectif puisse s'appliquer aux sentiments, quand un client de passage s'intéresse à elle.



Ce roman traite de solitude, de la quête d'une compagnie dans la vie, mais aussi de la force intérieure.



J'ai apprécié sa lecture jusqu'à la rencontre avec le client en quête d'aventure sexuelle, la suite a été assez frustrante: je me demandais s'il allait "enfin" se passer quelque chose d'intéressant, d'intriguant, mais non, Miradie demeurait d'une naïveté sans bornes, le tout cousu de fil blanc, malgré une fin satisfaisante mais pas suffisamment pour rendre l'ensemble attrayant.
Commenter  J’apprécie          60
Le chant du canari

Anatole et Violaine sont en couple depuis très longtemps. Le temps passe et Violaine aimerait avoir un enfant. Anatole n'est pas du même avis. En guise de réponse à sa demande, il lui apporte un poisson rouge !



Il est vrai que Violaine aime jouer à la sirène en prenant de très longs bains mais c'est pas une raison tout de même. Elle prend ce poisson en grippe, c'est pas très affectueux un poisson et elle l'aide à passer trépas.



Anatole et Violaine veulent se plaire, c'est indéniable. Chacun met de l'eau dans son vin pour que tout se passe bien, pour éviter les conflits. Anatole offrira à Violaine un canari auquel elle s'attachera beaucoup. Mais l'envie d'un enfant devient une fixation pour Violaine et cette fixation changera peu à peu sa vision de la vie, déformera sa réalité. Son imaginaire s'emballera, un malaise entre eux grandira. Perception réelle ou fictive ? le fil est ténu entre les deux.



Le chant du canari, c'est l'obsession de Violaine. En argot du milieu c'est la dénonciation du traître, toute une symbolique. C'est aussi la peur qu'il représente. Le canari était emmené dans les mines jadis pour détecter le grisou, lorsqu'il étouffait c'était le signe qu'il fallait remonter, qu'il y avait du danger.



C'est avec une écriture fluide, humoristique parfois caustique qu'Anne-Frédérique Rochat nous parle de la confiance, des peurs, d'amour, de l'habitude, de la perte de complicité, de trahison et de la folie.

Entre réel et imaginaire, où se trouve la frontière?



J'ai aimé passer un moment avec Anatole et Violaine, j'ai aimé être emmenée par l'auteur là où je ne m'y attendais pas. Un agréable moment de lecture.





Ma note : 8.5/10


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
Commenter  J’apprécie          60
À l'abri des regards

Une belle découverte. Anne-Frédérique Rochat est auteur, comédienne Suisse. Elle nous livre ici son troisième roman.



Un roman touchant, émouvant qui nous est présenté à quatre voix.



Le 5 janvier 2010, Anaïs Bild fête ses trente-six ans. Elle est mariée à Paul et maman de deux filles : Maëlis l'aînée huit ans avec qui tout s'est toujours bien passé, Hilda quatre ans qui lui donne du fil à retordre depuis sa naissance.



Au matin de son anniversaire, cette femme qui pourrait tout avoir pour être heureuse, prend location d'une chambre chez Basile notre second protagoniste. Elle a besoin de recul, elle étouffe. Elle a des problèmes liés à la nourriture, elle ne parvient plus à manger du solide, encore moins avec une fourchette. C'est bizarre ces tocs alimentaires... Y aurait-il un lien avec le fait qu'elle n'a pas connu sa mère Gilda, morte d'une hémorragie à sa naissance ?

Chaque fois qu'elle veut en parler à Rémi, son père, il fuit le sujet et se fâche.



Elle s'installe donc chez Basile qui a lui perdu sa femme Brigitte en couche. Basile loue la chambre de sa fille de vingt-huit ans qui a quitté le nid récemment. Anaïs lui plait de suite, bizarre, ce point commun.... Basile n'a jamais refait sa vie depuis, il est attentionné voir passionné pour Anaïs qui ne le laisse pas du tout indifférent.



Maëlis a huit ans, elle est amoureuse d' Eudes, un garçon de sa classe. Depuis le départ de sa maman elle a changé, mûri. Elle raconte la découverte de son corps, le sexe, les garçons, enfin pardon Eudes et sa notion d'amour et du mariage.



Lors d'une visite chez Anaïs, Basile apprend un secret de famille, et c'est cette quatrième voix qui nous le racontera.



Je ne veux en dire plus, un récit très fluide, dynamique; une écriture qui vous emporte. La vie n'est pas simple mais la souffrance permet d'avancer.



Un très beau récit plein de fraîcheur. J'ai vraiment passé un bon moment.



Un petit coup de coeur.



Ma note : 9.5/10


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
Commenter  J’apprécie          60
Longues nuits et petits jours

[SERVICE PRESSE]





Longues nuits et petits jours de Anne-Frédérique Rochat





Je remercie Babelio et Slatkine pour l’envoi





Mon résumé :



Pour se remettre d’une rupture douloureuse, Edwige décide d’aller passer ses vacances dans le chalet de son amie, Anne. Au cœur de la forêt, la jeune femme est certaine que cela ne pourra que lui faire que du bien. Qu’elle n’est pas sa surprise, lorsque débarque Celien, un homme un peu bourru, et somme toute assez bizarre.



Edwige est une jeune femme blessée. Son compagne ayant rompu, elle se voit proposer de passer ses vacances dans le chalet de son amie, Anne, elle-même en vacances à l’étranger. Entourée de verdure et de silence, Edwige s’ennuie rapidement.



Celien est un homme d’une quarantaine d’année. Bourru, il semble un peu intriguant et surtout, il semble taper juste à chaque fois qu’il discute avec Edwige.





Mon ressenti final :



Une lecture plutôt surprenante.



Bon… Comment te dire… Sur la forme, ce fut une lecture plutôt agréable. L’idée de base est plutôt commune, mais en même temps, j’ai bien aimé le démarrage. La rencontre entre les deux personnages est assez sympa et j’avoue que Célien m’a plutôt plu. Enfin, au début.



Sur le fond, je n’ai rien compris à l’histoire. Alors, si. J’ai compris le contexte. Edwige sort d’une rupture amoureuse, elle s’isole pour faire le point et ce mec bizarre débarque de nulle part, avec son sac à dos et ses manières bourrues. J’ai compris également que Celien doit être un genre de conscience d’Edwige, avec qui elle converse pour dresser la liste de ce qui part en vrille dans la vie de la jeune femme. Au passage, il creuse dans son passé et des fêlures apparaissent, prenant la forme de la maman adorée d’Edwige.



J’ai plutôt l’esprit cartésien, et je dois avouer qu’on m’a complètement perdue sur l’aspect psychologique du récit. Freud doit se retourner dans sa tome et me traiter d’idiote parce qu’honnêtement, le pourquoi m’a totalement échappé.



Au-delà de cela, le récit en lui même n’est pas désagréable. L’écriture est un peu pompeuse mais ma foi, reste agréable à lire et facile à comprendre. Ce sont les subtilités cachées derrière les mots qui m’ont fait défaut.



Bref, une lecture mitigée car oui, j’ai bien aimé l’histoire en surface et non, parce que ce sentiment d’être idiote et de ne rien comprendre au sujet psychologique m’agace fortement.



Si vous voulez faire le point avec Edwige, c’est ici : https://amzn.to/3nkG2m1
Commenter  J’apprécie          50
L'autre Edgar

J'avais découvert la plume d'Anne-Frédérique Rochat en 2014 avec "A l'abri des regards" et l'an dernier avec "Le chant du canari". C'est une plume tout en douceur que j'avais hâte de retrouver, à raison car ce cinquième roman est un petit bonheur.



Edgar est notre personnage principal, c'est un petit garçon que nous rencontrons et il va grandir avec nous tout au long du récit.



Mais qui est donc Edgar ?, pourquoi "l'autre" ?



Edgar est né à deux jours près à la même date que son frère aîné Edgar décédé à l'âge d'un an, un an plus tôt. Ses parents Maria et Louis lui ont donné le prénom qu'ils aimaient et avaient eu du mal à trouver, Pourquoi le gâcher ? Porter le prénom de son frère dont il ignore l'existence, sera-ce sans conséquences ? Edgar est surprotégé par sa maman, elle a peur de revivre la même expérience, de le perdre.



Dans le salon, sur le buffet : une photo en noir et blanc d'un poupon. Elle posera très vite question pour Edgar, le hantera, au point de lui provoquer des cauchemars. Mais qui est ce bébé se demande-t-il ?



Une seconde photo noir et blanc de son papa viendra s'ajouter alors qu'Edgar a environ six ans et demi. Pourquoi ? Sa maman ne lui explique rien, elle lui dit juste que son papa adoré est parti pour longtemps..



Edgar s'interroge, il voit bien que sa maman ne rigole plus, elle dort, elle pleure et est triste. Il trouve refuge chez sa voisine Mathilde qui lui prépare de bons chocolats chauds, c'est un peu une mamy pour lui. Un jour, il la questionnera et Mathilde aura la tâche difficile de lui expliquer ce qu'est la mort.



Maria est très possessive, jalouse. Edgar grandit et évolue dans ce monde de femmes, hantés par l'image de ses disparus.





Edgar deviendra ado, adulte et fera toujours en sorte de contenter Maria, de lui faire plaisir de la rendre heureuse. Il veut se montrer à la hauteur, faire aussi bien que son frère n'aurait pu le faire car au fond de lui il se sent coupable d'avoir pris sa place.



Comment Edgar peut-il s'épanouir ? Maria est très possessive, elle veut combler la perte de son premier fils et l'étouffe sans s'en rendre compte. Elle l'empêche de prendre son envol.



L'absence du père, du frère sont au coeur du débat et ce poids du secret, ce non-dit. Edgar enfermé continuellement entre deux femmes, une relation en triangle. Des thèmes abordés avec beaucoup de pudeur, d'émotions et de sensibilité. Un magnifique roman empreint de beaucoup de psychologie.



Une plume vive , tout en délicatesse que j'adore et vous conseille. Elle réussit une fois encore à nous captiver et nous emmène bien au delà de ce que l'on avait imaginé.





Ma note : 9.5/10


Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
Commenter  J’apprécie          50
Miradie

C'est toujours un plaisir de retrouver la plume de la Suissesse Anne-Frédérique Rochat qui chaque année à la rentrée comme une horloge suisse nous propose un nouveau roman, c'est le septième.



Miradie, 40 ans est célibataire, elle s'enlise peu à peu dans son quotidien . Elle vit dans l'appartement au- dessus de celui de sa tante Sylvanna, une célibataire endurcie aigrie en apparence. C'est elle qui a élevé Miradie au décès de ses parents. Pour un oui, pour un non, Miradie accourt. Parfois sa tante l'exaspère mais au fond elle l'aime bien.



Miradie est réceptionniste dans un hôtel trois étoiles en décadence. Tout va à vau-l'eau, il n'est pas entretenu, il n'y a pas vraiment de direction pour écouter les doléances des clients parce qu'étrangement l'hôtel ne désemplit pas.



Miradie est toujours souriante et encaisse en se confondant en excuses les nombreuses plaintes et doléances continues des clients. Elle essaie de se convaincre que ce n'est pas elle la responsable mais petit à petit sa patience s'érode , elle perd confiance en elle.



Elle a un ami d'enfance, Patrice avec qui elle a une relation de frère et soeur, elle y tient beaucoup, lui aussi, de l'amour peut-être dans le chef de Patrice mais elle refuse de le voir.



Miradie n'arrête pas de s'effacer, de s'excuser d'être là. Elle est continuellement au service de sa tante, de ses clients. Cette femme est à fleur de peau, comme sa peau qui se lisse, qui devient de plus en plus fine comme sa carapace à toute épreuve qui se fendille peu à peu. Elle s'enlise dans son quotidien, à envie de crier parfois.

Jusqu'au jour où elle rencontrera Benoît un client, qui lié par une phobie commune bouleversera le cours de sa vie, provoquera la fêlure; serait-ce la découverte de l'amour ?



Comme toujours on retrouve la sensibilité de la plume d'Anne-Frédérique Rochat. Elle nous parle de solitude, des angoisses qui rongent Miradie face au monde extérieur. Il m'a manqué un tout petit quelque chose pour apprécier pleinement le roman.



Un agréable moment tout de même.



Ma note : 7.5/10


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          30
L'autre Edgar

Edgar porte le même nom que son grand frère, mort à un an une nuit d’hiver, alors que la neige tombait. À peine né, le voilà en quelque sorte porteur d’une double existence : la sienne et celle de l’autre Edgar. Mais le voilà aussi porteur, dans le chef de ses parents endeuillés, d’un nouvel et fabuleux espoir de vie. Une vie qu’il faut protéger absolument et sur laquelle Maria, la mère, veillera sans relâche, jour et nuit, année après année. Une vie à laquelle elle s’accrochera encore plus lorsque, tombé d’un échafaudage, son infortuné mari n’apparaîtra plus à la maison que sous la forme d’un portrait rajeuni, endimanché et souriant sur le buffet, trônant à côté de celui de l’enfant parti trop tôt.

Anne-Frédérique Rochat nous narre dès lors l’existence de cet enfant grandissant pas à pas dans le giron d’une mère esseulée et sous le regard fixe des deux portraits du buffet. Un enfant qui prend très vite conscience qu’il n’est pas comme les autres. Moqué par les autres, sans véritables amis, il poussera telle une plante fragile entre les deux tuteurs que sont sa mère et Mathilde, la vieille voisine qui l’arrose de tendresse, de gâteaux et de chocolat chaud. L’une et l’autre constituent tout son monde. Une sorte de nid douillet qui le retient prisonnier volontaire d’une enfance qu’il peine à quitter. On suit dès lors Edgar sur les différentes marches de sa vie, se découvrant une passion pour le théâtre, éprouvant les premiers émois sexuels, mais finalement incapable de s’affranchir de ses liens que par amour d’autres ont tissés autour de lui et qui lui ont, au bout du compte, coupé les ailes.



L’écriture d’Anne-Frédérique Rochat est fluide et agréable. Sans aspérité. Trop lisse sans doute. Son roman se lit avec plaisir, charmante escapade dans la vie d’un être trop sensible, mais ça s’arrête là. En tout cas pour moi. Je m’attendais à plus de turbulences, de descriptions au scalpel d’un être ravagé par la perte d’identité (rappelons que la 4e de couverture annonce comme thématique la quête de l’identité personnelle dès lors que l’on naît pour remplacer un enfant disparu), mais de ce point de vue, je n’y ai entendu que des chuchotements. Dommage. Partant, L’autre Edgar est davantage le roman d’une castration affective, de l’emprise néfaste d’une mère sur son fils. C’est déjà pas mal, mais il y a un goût de trop peu et surtout la déception d’un traitement finalement trop sage, qui ne fait qu’effleurer un sujet plein de potentiel.

Commenter  J’apprécie          30
Le chant du canari

J'ai parfois été amusée en lisant certaines habitudes bien ancrées des couples de longue durée. C'est un roman vite lu mais, à mon goût, sans grand intérêt. Cela dit, la chute m'a bien plu même si elle est, d'une certaine façon, dramatique (et surtout, sans issue). Ce texte montre à quel point le désir d'enfant à sens unique dans un couple peut être destructeur... Assez effrayant.
Commenter  J’apprécie          30
Quand meurent les éblouissements

L’éblouissement pour l’écriture de cette autrice est loin d’être mort ! J’avais adoré le livre précédent de cette autrice (« Longues nuits et petits jours ») et je remercie une fois encore les Editions Slatkine grâce à qui je continue de découvrir cette autrice.

Je suis à nouveau tombée sous le charme de cette écriture pleine de sensibilité et de finesse, qui véhicule des doutes et des émotions.

J’ai ressenti ce livre comme un roman d’apprentissage ; pas seulement d’un métier – celui d’actrice – mais surtout de la vie, avec ses espoirs, ses rêves , ses difficultés, ses doutes, ses envies, ses amitiés de jeunesse, ses trahisons.

Et surtout la confrontation avec ses doubles… Une meilleure amie qui est tellement proche qu’elle porte un prénom miroir ( Chiara-Claire) jusqu’au moment où le miroir va se briser en milles morceaux , une sœur qui imite à tel point son idole, la chanteuse Mylène Farmer, qu’elle va se perde dans un monde irréel où tout tourne autour de sa fascination, une vie dans laquelle elle n’est plus elle-même … au point de ne plus être appelée par son nom et prénom mais par son pseudo… et quel pseudo… Aure Carmin … Or et rouge… Alliance de la lumière et du pouvoir… Aure, un prénom qui signifie « en or » semble bien lourd à porter. Tout ce qui brille n’est pas en or… la réalité et les apparences sont souvent deux choses bien différentes… Comment une jeune fille qui vient d’un milieu peu stable, poussée vers la lumière par une mère quittée par son mari, qui fabrique des poupées de chiffon à l’image des célébrités et rêve de voir sa fille en haut de l’affiche, alors qu’elle-même a raté sa vie pourra-t-elle survivre sous le feu des projecteurs, dans un monde qui n’est pas le sien si elle n’arrive pas à se sentir bien dans sa peau…

Vivre dans la peau des autres, vivre dans un environnement qui ne lui correspond pas, ne jamais se sentir chez elle, se glisser dans la vie de personnages, c’est une chose…Mais comment réattérir dans la vraie vie, dans sa peau à soi, et non pas dans les chaussures d’une autre ? Même le sujet de la gémellité – être soi et une autre – est évoqué ici (deux fillettes)

Chiara arrivera-t-elle à se décoller de Claire ? Parviendra-t-elle à être Chiara et à se séparer de Aure ? Parviendra-t-elle à survivre dans ce monde de faux-semblants, et vivre sa vie au lieu de sombrer dans l’alcool et la désespérance ?

Une réflexion sur le succès, sur le regard que les autres portent sur vous et que vous portez sur vous et sur les autres, sur la difficulté de percer dans le monde du cinéma, sur l’importance de l’image, sur la peur de vivre aussi.

Un magnifique moment de lecture, entre soleil et obscurité, entre éblouissement et passage dans l’ombre…

J’ai énormément aimé ce roman.

Commenter  J’apprécie          20
Longues nuits et petits jours

Je dois avouer que j’ai mis du temps à commencer à écrire cette chronique, j’ai eu besoin de laisser décanter mon ressenti, non pas que je n’ai pas aimé ma lecture - bien au contraire ! - mais c’est un roman assez loin de ce que je lis habituellement.



Anne-Frédérique Rochat nous livre ici un récit rempli de mystères, aux frontières du réel. Cet été-là, Edwige, notre héroïne sensible qui se trouve dans une phase compliquée après une rupture difficile et le décès de sa mère, passe ses vacances dans le chalet de son amie Anne. Elle se retrouve à partager les lieux avec un homme inconnu, Célien. Ce dernier, personnage insondable, a l’air de bien la connaître, évoque des dons que la jeune femme possèderait mais dont elle ignore encore l’existence. Il lui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses ou d’éléments sur sa propre identité.



Une atmosphère très particulière se dégage de ce roman : un été en suspens dans les montagnes suisses, avec comme bruit de fond la forêt environnante, le chant des oiseaux mais aussi des cris d’animaux. Souvent, Edwige rêve de sa mère décédée récemment, mais aussi d’un gros bonhomme et d’un lapin (tour à tour blanc et bien vivant et ensuite mangé ou ensanglanté…). Ces présences sont-elles vraiment réelles ou uniquement le fruit de ses rêves ? Cette forêt de montagne à la belle mousse verdoyante réserverait-elle des surprises ?



L’ambiance mystérieuse de ce roman a su me transporter. La plume de l’auteure rend un bel hommage aux personnes disparues, ainsi qu’à la montagne et à la forêt. La fin laisse planer des doutes. Les questions que j’ai pu me poser tout au long du récit sont restées sans réponse (ou alors j’ai raté quelque chose…). Mais finalement, peu importe à mes yeux car cela restait dans la veine du roman : énigmatique et poétique jusqu’au bout.



En résumé, un beau récit plein de mystères et de sensibilité que je vous recommande !


Lien : https://tasouleslivres.com/l..
Commenter  J’apprécie          20
Longues nuits et petits jours

Maman ? Oui ? Pourquoi tu es là ? J’ai vu ton cercueil descendre sous terre !



🦦



190 pages - 13.9 x 1.1 x 21 cm – Parution : Mars 2021 – ME suisse



🦦



Edwige, pourquoi toi ? Tu es jeune, tu es pleine de ressources, pourquoi devoir t’isoler comme ceci ? Pourquoi devoir quitter ton appart et surtout TON CHAT !

Edwige, pourquoi tu te sens si mal ? Pourquoi tu vois des choses ? Tu fais de la fièvre ?

Edwige, penses à toi.

Edwige, pourquoi ne te poses-tu pas de question sur Célien ? Comme Céline mais au masculin ?

Edwige, que fais-tu dans le bois ?



🦦

Alors déjà, disons merci à la Masse Critique de @babelio_ et aux éditions @editionsslatkine pour l’envoi !



Certaines personnes sont au courant, j’ai kiifféééé ce livre ! Etonnamment, le côté philo ne m’a pas rebuté !



Déjà, il se lit super rapidement par sa petitesse (190 pages, on a clairement connu pire que ca !) et parce qu’il est suppperrr intriguant ! Je voulais toujours mais toujours savoir ce qu’il allait se passer.



En y réfléchissant après coup, je me rends compte qu’on a pas vraiment beaucoup de détails sur la vie d’avant d’Edwige et pourtant, cela ne m’a pas du tout dérangé. Je n’ai pas eu l’impression de me perdre dans des millions et milliers de détails inutiles !



L’histoire en elle-même est assez prenante même si elle a un côté WTF. J’ai vraiment trouvé cela pas mal. A l’inverse, je pense pas que cela soit une histoire pour tout le monde certains éléments pourraient, selon moi, heurter !



Concernant la fin, je l’ai trouvé bien et cela m’étonne tellement. Cela ne correspond pas aux fins que je suis habituée à lire maiiiis, je n’ai pas été déçue ou blasée !

C’est vrai que si Edwige se posait un peu plus de questions cela aurait pu être sympa mais je n’ai pas ressenti de réel manque de détail ou de profondeur
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
Miradie

Rentrée littéraire #6



Je remercie Babelio - via sa Masse Critique - et les Editions Luce Wilquin de m'avoir fait découvrir cet auteur et ce livre.



Joli roman frais et pétillant sur le thème principal de la solitude de nos sociétés modernes. Miradie a beaucoup de difficultés à s'insérer dans la société, à communiquer avec les autres si ce n'est sa tante Sylvanna (qui l'éduque depuis le décès de ses parents) ou Patrice (son ami depuis toujours).



Miradie, telle la "Julie" de Calogero, "attend tout simplement, une grande histoire - Elle est jolie Julie mais elle est seule - Elle est seule car le hasard lui fait la gueule - Elle est jolie Julie mais solitaire - Un cri perdu dans le vide, célibataire".



J'ai beaucoup aimé le fait que l'écriture soit légère, le personnage principal bourré d'énergie, un peu hypocondriaque et, surtout, le fait que Miradie n'arrête jamais de réfléchir, de se poser mille et une questions (j'ai adoré la phrase qui s'étend de la page 101 à la page 103!).



Une jolie découverte.



Commenter  J’apprécie          20
L'autre Edgar

J'avais retenu une quinzaine de livres pour cette Masse Critique, le hasard a voulu que je tombe sur "L'autre Edgar".

Cette 4ème de couverture a une résonnance particulière pour moi. Je me suis évidemment souvent posée la question de ce que ça changeait pour Mes Pirates d'avoir un grand frère au ciel. Est ce que la mort de mon ainé fait que je les élève différemment des autres enfants ? Est ce que je ne les surprotège pas ? Est ce que ce n'est pas angoissant de leur parler si tôt de la mort ? Qu'ils comprennent que ça n'arrive pas qu'aux très vieilles personnes ? Je me suis donc plongée dans ce livre comme pour y trouver des réponses.

Je n'ai pas pu m'empêcher de juger cette maman... Déjà donner le même prénom, comment est-ce possible ? Et puis entretenir ce mystère, ce secret de famille, faut pas prendre les enfants pour des idiots. Le "second" Edgar comprend vite qu'on lui cache quelque chose, alors il s'invente des raisons, et c'est souvent bien plus dramatique et dangereux que la vérité. Edgar a du mal à grandir, il reste "le bébé" de sa maman, comme celle-ci le veut inconsciemment. Il est différent, et les autres le rejettent pour cette différence. Mais surtout, il n'a pas d'identité, de personnalité.

Je n'ai pas été touchée par cette histoire. Le personnage de la mère m'a exaspéré, elle fait toutes les erreurs possibles et imaginables. Le second "Edgar" est simplement victime, il grandit comme il le peut, entre ce qu'on veut bien lui révéler et ce qu'il pense comprendre. Le seul personnage attachant est celui de la voisine, cette vieille femme qui se prend d'affection pour Edgar et qui croit au bienfait de la vérité.

Bref, j'étais bien trop en colère contre la mère d'Edgar pour avoir un quelconque autre sentiment face à ce roman.
Commenter  J’apprécie          20
Accident de personne

Lecture dense, lecture de l’intime, de la gémellité, de la culpabilité et de la quête identitaire après le deuil. Dans ce roman, se confrontent les réactions face au deuil. Et écrire cette phrase est le réduire. Car par bien des aspects, cette lecture m’a rappelé celle, troublante, du roman Lucia Antonia, funambule de Daniel Morvan, par son atmosphère, sa quête d’équilibre, la dangerosité du miroir. Comment, pourquoi exercer son art, orpheline, au dessus du vide ? Ce récit interroge sur ce vide, en cherche une définition pour pouvoir le combler. Et sur le trop aussi.



La narratrice, « oppressée, fuyante », en « extinction de voix, extinction de moi « , est de retour dans son village natal qu’elle ne reconnait pas, bien-sûr, trop de temps est passé. Ce sentiment d’étrangeté, d’absence au lieu, à elle-même, ne la dérange pas, c’est ce hors-temps qu’elle recherchait, ou plutôt ne sachant pas ce qu’elle cherchait, consciente que ce lieu, ce temps, fut celui du déracinement. Mais, dans son ailleurs, dans son après, elle est parvenue au bout d’un chemin ayant perdu la capacité d’exercer son art.



» L’angoisse. Pure, pleine, à son apogée. J’étais aspirée par tout ce noir, tout ce rien. Dissoute au milieu du vide. »



.



» Et je repense à ma peinture, cette senteur enivrante, le bruit du pinceau sur la toile, l’excitation de commencer, le soulagement de terminer, la peur, l’envie, la joie, le bonheur, la déception, l’agacement, la révolte… Je voudrais tout retrouver. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de moi, sinon, où est-ce que je mettre tout ça ? Je risque l’implosion. [... ]



.



Charline traverse une période hors d’elle même, de sa vie. Mais le passé familial s’impose par l’annonce du suicide d’une jeune femme de son âge, Viviane, à peine une camarade de classe dont le souvenir l’avait marquée. Non pas cette camarade réellement mais ce qu’elle imaginait d’elle, fantasme enfantin de l’enfance rêvée face à la sienne, douloureuse, face à sa famille brisée. Dans sa solitude tourmentée, « à force de détours et de balades, à force de penser au passé et d’observer le présent « , se mêlent rêveries et cauchemars. Elle revient à ce » coup de foudre parental » qu’elle avait ressenti, se liant avec les parents en deuil, flottante entre le bien que lui font les attentions du couple meurtri et le mal en creux des interrogations que suscite le suicide de celle qui, selon les critères de la narratrice, avait tout pour se construire une vie heureuse, une artiste aussi. En regard, quelques lignes enchâssées, relatent, abruptes, le deuil également – réactions en chronologie parallèle – que vit le conducteur du train sous lequel le désespoir a jeté Viviane.



Accident de personne est le premier roman de Anne-Frédérique Rochat. On pourrait seulement lui reprocher les quelques révélations finales en échos qui chargent inutilement ce récit prometteur.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne-Frédérique Rochat (59)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Carnets de l'apothicaire par Lucas

Quel âge avait le personnage principal ?

15 ans
16 ans
17 ans
19 ans

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Thème : Les Carnets de l'apothicaire, tome 1 de Natsu HyuugaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}