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EAN : 9782882535238
256 pages
Luce Wilquin (19/08/2016)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Il vit le jour en pleine nuit. Une nuit sans étoile et sans lune, une nuit noire. Il cria longtemps, comme s'il était très en colère ou très effrayé. Plusieurs heures sans discontinuer. [...] 'Pour le prénom, chuchota la mère, j'ai beaucoup réfléchi, tu sais, mais je n'arrive pas à me décider pour autre chose ; il n'y a qu'Edgar qui me plaise.' Qu'est-ce que cela fait d'hériter du prénom d'un mort, d'être le remplaçant ? Le cadet porte le même nom que son aîné, décé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Livre après livre Anne-Frédérique Rochat s'affirme comme une valeur sûre de la littérature romande. Son style s'affine et son sens de la narration se peaufine. Dans son précédent roman, le chant du canari, elle explorait l'histoire d'un couple qui petit à petit se sépare. Dans ce nouveau roman, ce serait presque l'inverse. L'autre Edgar essaie de construire un couple, ou plus exactement de se construire une identité avant de tenter l'aventure de la vie à deux.
Car Edgar est ce que l'on pourrait appeler un enfant de substitution. Lorsqu'il naît, ses parents décident de lui donner le même prénom que celui de leur premier enfant, décédé subitement une année plus tôt. «Ce serait dommage de ne pas le réutiliser» dira la mère qui entend effacer le traumatisme encore très vif de ce décès en s'investissant corps et âme pour ce nouveau-né.
Toutefois, dès les premières années de son existence, le petit garçon va s'interroger, se demander qui est le petit garçon sur la photo du salon. Un questionnement qui s'intensifiera lorsqu'on lui annoncera que son père est parti…
Voulant préserver son enfant désormais orphelin, la mère va éluder les questions jusqu'au jour où la voisine se voit quasiment contrainte d'expliquer les drames familiaux.
« Ce soir-là, allongé sur son lit, dans la pénombre de sa chambre, Edgar pensa longuement. Avec la clé que Mathilde lui avait donnée, il tenta d'ouvrir quelques portes pour y voir plus clair et laisser entrer un peu de lumière. » Quelques cauchemars – durant lesquels son frère décédé lui rendra visite – et quelques années seront nécessaires pour comprendre, puis pour se libérer de ces curieux sentiments qui vont tout à tour le traverser, de la culpabilité d'avoir pris la place d'un autre à la frustration de n'être prix que pour un remplaçant.
À l'adolescence difficile – mais comment en serait-il autrement – succèdent les premières années de la vie d'adulte, le moment où il va falloir apprendre à voler de ses propres ailes. Sauf que la relation quasi exclusive bâtie avec sa mère l'empêche de s'épanouir. Après l'émerveillement de la découverte du monde du théâtre, le désir de travailler dans ce milieu et les premiers émois face à l'aura d'une belle comédienne, il se rend compte que bien des obstacles sèment encore sa route et qu'il est lui-même jaloux d'une éventuelle relation que sa mère pourrait être tentée de nouer. Même s'il s'agit d'une fausse alerte et qu'«il était son seul amour, son coeur, son enfant», l'événement va servir de déclencheur.
Quand sa confidente Mathilde meurt et que, quelques années plus tard, de nouveaux voisins viennent s'installer dans la maison mitoyenne, Edgar tombe immédiatement amoureux de Macha. Sauf que cette dernière est mariée.
On ne dévoilera pas ici comment l'amoureux transi aura quand même sa chance, on pourra tout au plus ajouter une nouvelle variation du thème de l'absence et de la façon dont on peut gérer ce manque.
Voici donc l‘un des plus beaux romans consacrés à la question de l'identité, à la manière dont on l'a construit ou dont elle est construite à travers le regard des autres.
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Edgar porte le même nom que son grand frère, mort à un an une nuit d'hiver, alors que la neige tombait. À peine né, le voilà en quelque sorte porteur d'une double existence : la sienne et celle de l'autre Edgar. Mais le voilà aussi porteur, dans le chef de ses parents endeuillés, d'un nouvel et fabuleux espoir de vie. Une vie qu'il faut protéger absolument et sur laquelle Maria, la mère, veillera sans relâche, jour et nuit, année après année. Une vie à laquelle elle s'accrochera encore plus lorsque, tombé d'un échafaudage, son infortuné mari n'apparaîtra plus à la maison que sous la forme d'un portrait rajeuni, endimanché et souriant sur le buffet, trônant à côté de celui de l'enfant parti trop tôt.
Anne-Frédérique Rochat nous narre dès lors l'existence de cet enfant grandissant pas à pas dans le giron d'une mère esseulée et sous le regard fixe des deux portraits du buffet. Un enfant qui prend très vite conscience qu'il n'est pas comme les autres. Moqué par les autres, sans véritables amis, il poussera telle une plante fragile entre les deux tuteurs que sont sa mère et Mathilde, la vieille voisine qui l'arrose de tendresse, de gâteaux et de chocolat chaud. L'une et l'autre constituent tout son monde. Une sorte de nid douillet qui le retient prisonnier volontaire d'une enfance qu'il peine à quitter. On suit dès lors Edgar sur les différentes marches de sa vie, se découvrant une passion pour le théâtre, éprouvant les premiers émois sexuels, mais finalement incapable de s'affranchir de ses liens que par amour d'autres ont tissés autour de lui et qui lui ont, au bout du compte, coupé les ailes.

L'écriture d'Anne-Frédérique Rochat est fluide et agréable. Sans aspérité. Trop lisse sans doute. Son roman se lit avec plaisir, charmante escapade dans la vie d'un être trop sensible, mais ça s'arrête là. En tout cas pour moi. Je m'attendais à plus de turbulences, de descriptions au scalpel d'un être ravagé par la perte d'identité (rappelons que la 4e de couverture annonce comme thématique la quête de l'identité personnelle dès lors que l'on naît pour remplacer un enfant disparu), mais de ce point de vue, je n'y ai entendu que des chuchotements. Dommage. Partant, L'autre Edgar est davantage le roman d'une castration affective, de l'emprise néfaste d'une mère sur son fils. C'est déjà pas mal, mais il y a un goût de trop peu et surtout la déception d'un traitement finalement trop sage, qui ne fait qu'effleurer un sujet plein de potentiel.
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Voilà ! Chaque été, pendant que d'autres partent au soleil, j'attends mon tour. Mais tout vient à point pour qui sait attendre. Et chaque été, je reçois en primeur le dernier livre d'Anne-Frédérique Rochat. Et je suis chaque fois impatiente, je déchire l'enveloppe, observe la couverture, puis le titre, puis je plonge !

Et comme chaque fois, j'aime. de plus en plus. de mieux en mieux, Anne-Frédérique Rochat écrit de mieux en mieux, de façon subtile. Mais dans ce roman, au-delà de son écriture que j'adore, l'intrigue est bien ficelée, pas un polar haletant, une intrigue romanesque je dirais. Et comme Anne-Frédérique Rochat prend souvent des situations que chacun peut ou pourrait connaître, je me suis demandée tout de suite où elle voulait en venir. Quel était son fil rouge.

Là est la subtilité, on ne sait pas tout de suite ce qu'elle va approfondir, le sort de cet enfant qui est né après le décès de son aîné et qui va porter le même nom, les liens qu'il tisse avec cette gentille voisine qui joue un peu le rôle de grand-mère et dont sa mère sera forcément jalouse, ou cette relation fusionnelle avec sa mère que l'on trouvera quelquefois malsaine.

Dans ce roman, Edgar a hérité du prénom de son aîné, décédé de mort blanche. Il tentera toute sa vie de se débarrasser de ce fantôme qui le hante. Si son frère n'avait pas perdu la vie brutalement, existerait-il lui, l'autre Edgar ? Au fil des pages, on suit le destin de cet enfant né pour combler la disparition de son frère aîné, sa difficulté à trouver sa place dans le monde, à définir son identité, suis-je moi, suis-je l'autre ? Ainsi que ses déboires sentimentaux.

Plusieurs femmes vont influencer sa vie. Que des femmes. Tantôt maternelles, tantôt sensuelles, on ne distingue pas toujours la frontière. Une mère possessive, une voisine toute en douceur, qui lu fait des gâteaux, du chocolat chaud, avec qui il a rendez-vous en douce. Des relations très particulières qui le feront grandir, se construire, sans influence masculine.

Sa mère aussi, si différente, si aimante mais si distante à la fois, qui ne supporte pas qu'une autre femme lui témoigne de l'affection. Qui le veut pour elle toute seule. Dur fardeau que de remplacer à la fois son frère mais aussi son père.

Un roman psychologique, bien amené, dont on a toujours envie de connaître la suite sans toutefois la deviner.

Mois je n'ai qu'un mot . Bravo, Anne-Frédérique Rochat. du grand art, de mieux en mieux, en perpétuelle amélioration ! Mon préféré en tout cas sur les 5.

Donc si vous ne voulez pas louper un bon roman, courrez l'acheter ! En librairie le 19 août
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J'avais découvert la plume d'Anne-Frédérique Rochat en 2014 avec "A l'abri des regards" et l'an dernier avec "Le chant du canari". C'est une plume tout en douceur que j'avais hâte de retrouver, à raison car ce cinquième roman est un petit bonheur.

Edgar est notre personnage principal, c'est un petit garçon que nous rencontrons et il va grandir avec nous tout au long du récit.

Mais qui est donc Edgar ?, pourquoi "l'autre" ?

Edgar est né à deux jours près à la même date que son frère aîné Edgar décédé à l'âge d'un an, un an plus tôt. Ses parents Maria et Louis lui ont donné le prénom qu'ils aimaient et avaient eu du mal à trouver, Pourquoi le gâcher ? Porter le prénom de son frère dont il ignore l'existence, sera-ce sans conséquences ? Edgar est surprotégé par sa maman, elle a peur de revivre la même expérience, de le perdre.

Dans le salon, sur le buffet : une photo en noir et blanc d'un poupon. Elle posera très vite question pour Edgar, le hantera, au point de lui provoquer des cauchemars. Mais qui est ce bébé se demande-t-il ?

Une seconde photo noir et blanc de son papa viendra s'ajouter alors qu'Edgar a environ six ans et demi. Pourquoi ? Sa maman ne lui explique rien, elle lui dit juste que son papa adoré est parti pour longtemps..

Edgar s'interroge, il voit bien que sa maman ne rigole plus, elle dort, elle pleure et est triste. Il trouve refuge chez sa voisine Mathilde qui lui prépare de bons chocolats chauds, c'est un peu une mamy pour lui. Un jour, il la questionnera et Mathilde aura la tâche difficile de lui expliquer ce qu'est la mort.

Maria est très possessive, jalouse. Edgar grandit et évolue dans ce monde de femmes, hantés par l'image de ses disparus.


Edgar deviendra ado, adulte et fera toujours en sorte de contenter Maria, de lui faire plaisir de la rendre heureuse. Il veut se montrer à la hauteur, faire aussi bien que son frère n'aurait pu le faire car au fond de lui il se sent coupable d'avoir pris sa place.

Comment Edgar peut-il s'épanouir ? Maria est très possessive, elle veut combler la perte de son premier fils et l'étouffe sans s'en rendre compte. Elle l'empêche de prendre son envol.

L'absence du père, du frère sont au coeur du débat et ce poids du secret, ce non-dit. Edgar enfermé continuellement entre deux femmes, une relation en triangle. Des thèmes abordés avec beaucoup de pudeur, d'émotions et de sensibilité. Un magnifique roman empreint de beaucoup de psychologie.

Une plume vive , tout en délicatesse que j'adore et vous conseille. Elle réussit une fois encore à nous captiver et nous emmène bien au delà de ce que l'on avait imaginé.


Ma note : 9.5/10

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J'avais retenu une quinzaine de livres pour cette Masse Critique, le hasard a voulu que je tombe sur "L'autre Edgar".
Cette 4ème de couverture a une résonnance particulière pour moi. Je me suis évidemment souvent posée la question de ce que ça changeait pour Mes Pirates d'avoir un grand frère au ciel. Est ce que la mort de mon ainé fait que je les élève différemment des autres enfants ? Est ce que je ne les surprotège pas ? Est ce que ce n'est pas angoissant de leur parler si tôt de la mort ? Qu'ils comprennent que ça n'arrive pas qu'aux très vieilles personnes ? Je me suis donc plongée dans ce livre comme pour y trouver des réponses.
Je n'ai pas pu m'empêcher de juger cette maman... Déjà donner le même prénom, comment est-ce possible ? Et puis entretenir ce mystère, ce secret de famille, faut pas prendre les enfants pour des idiots. Le "second" Edgar comprend vite qu'on lui cache quelque chose, alors il s'invente des raisons, et c'est souvent bien plus dramatique et dangereux que la vérité. Edgar a du mal à grandir, il reste "le bébé" de sa maman, comme celle-ci le veut inconsciemment. Il est différent, et les autres le rejettent pour cette différence. Mais surtout, il n'a pas d'identité, de personnalité.
Je n'ai pas été touchée par cette histoire. le personnage de la mère m'a exaspéré, elle fait toutes les erreurs possibles et imaginables. Le second "Edgar" est simplement victime, il grandit comme il le peut, entre ce qu'on veut bien lui révéler et ce qu'il pense comprendre. le seul personnage attachant est celui de la voisine, cette vieille femme qui se prend d'affection pour Edgar et qui croit au bienfait de la vérité.
Bref, j'étais bien trop en colère contre la mère d'Edgar pour avoir un quelconque autre sentiment face à ce roman.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
– Pour le prénom, chuchota la mère, j’ai beaucoup réfléchi, tu sais, mais je n’arrive pas à me décider pour autre chose ; il n’y a qu’Edgar qui me plaise.
– On s’était tellement creusé la tête pour le trouver, murmura le père, pensif.
– Oui, ce serait dommage de ne pas le réutiliser.
– Tu as peut-être raison, ce serait du gâchis de…
Il s’interrompit. Prit la main de sa femme, la serra.
– D’accord. Si c’est ce que tu souhaites, je dis d’accord.
Maria regarda Louis avec reconnaissance. Elle avait les larmes aux yeux et le cœur battant. La vie reprend ses droits, songea-t-elle. Mon enfant est là près de moi, il est de nouveau là.
– Edgar, répéta-t-elle plusieurs fois d’une voix émue au petit être qui dormait entre ses bras.
Il ne broncha pas.
– Tu vois, ça lui convient.
– En tout cas, tu as l’air heureuse, et ça me remplit de joie.
Cela faisait des mois qu’elle ne souriait plus. Depuis la mort du petit. Le grand. L’aîné. Celui qui était né deux ans auparavant et décédé trois cent soixante-cinq jours plus tard. Mort blanche. Une nuit d’hiver. La neige qui tombait. Derrière les fenêtres. Et dedans. Tout ce silence. Dans la chambre. Trop de Blanc.
Leur monde s’était effondré.
Mais commençait déjà à se reconstituer en ce tendre jour de février.
Où un nouvel Edgar était né.
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Il y a beaucoup de choses qu'on ne sait, aussi intelligent et cultivé qu'on soit. Mais ce qu'on sait, en tout cas, c'est que la vie de chacun a un début et une fin. Ça commence par un cri et ça se termine par un long silence. Et ce long silence, qui dure ...très, très longtemps, c'est la mort.
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Cette nuit-là, dans son lit, il réalisa la chance qu'il avait d'être seul avec Maria (pas de mari, pas de frère), il n'avait à partager sa tendresse et son temps avec personne : elle lui était entièrement dévouée, et ça lui convenait parfaitement. Il aurait eu beaucoup de mal à supporter qu'il en soit autrement. Même s'il devait bien avouer que parfois, cet amour pouvait être un peu lourd à porter.
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Trop d'attachement conduisait à l'étouffement, il le savait, mais n'était pas certain d'avoir les armes qu'il fallait pour s'affranchir de sa chère génitrice.
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