Très bon premier roman, un vrai talent d'écriture qui rend le contenu fluide et agréable à lire, de plus l'auteure nous fait voyager à travers le monde, actuel mais imagé également (un futur proche ?), pour nous faire part des enjeux politique, mais surtout écologique qui vont boulversé nos vies futurs. Le tout sous couvert d'un vraie poésie des mots, avec l'impression que le roman a été écrit d'une traite et d'une histoire d'amour en fond. Un belle histoire, un récit tout en douceurs, en poésie, poésie avec les mots comme je l'ai dit mais également poésie des paysages décrit qui nous sont retranscrit tellement bien qu'on n'a l'impression d'y être :D
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« Un confluent est un point de rencontre, de communication, de réunion, entre deux consciences qui se trouvent, qui se nouent, qui apprennent à s’aimer, et qui, au contact de l’altérité, se renouvellent, se modifient, se fortifient, tout comme le cours d’eau, né de la confluence de deux autres, prend parfois un nom nouveau ». Cette phrase ouvre ce délicat livre et en contient toute l’essence.
Ce livre, premier roman de Anne-Lise Avril, est intrication. Il est point de rencontre entre des cultures et des peuples différents, entre le désert et la forêt, entre la nature et son environnement. Entre un homme et une femme. Le confluent est voyage, amour, il est adaptation et survie, il est hélas aussi parfois confrontation et saccage. Le confluent est aussi point de jonction et donc infime entre deux, l’infini et le lointain, la peur et l’espoir, la foi et l’abandon de toute certitude. Il est charnière, quand le possible est encore là, ténu, avant l’inéluctable. Il est intrication possible entre la nature et l’humain, et nous donne à voir l’intrication ratée, en soulevant un peu le voile.
Voici là un livre délicat, riche, engagé sur une thématique écologique : celle du réchauffement climatique et de ses conséquences dont la montée des eaux. Sans ton moralisateur mais avec beaucoup de douceur et de poésie, le livre entremêle deux périodes charnières : le futur, autour de l’année 2040, où la montée des eaux est devenue réalité, faisant disparaitre certaines iles et rivages du globe. Nous suivons le combat d’un frère et une sœur, indonésiens. Lui tente de replanter des arbres dans la mangrove pour faire barrière, combat titanesque dans la fournaise, opposant la puissance végétale à l’océan et son appétit grandissant ; elle mène son combat à l’échelle internationale en faisant partie d’un groupe comprenant scientifiques et habitants concernés dont les actions se déroulent en colloques et expéditions sur la banquise en dégel. « La sœur et le frère comme deux parties d’une même sphère – le monde et son noyau ».
« En proie à la violence du sentiment de deuil. Cendres de ces univers aimés et connus, désormais disparus. L’ère de l’exil sonnait le glas d’une humanité perdue ».
Et le présent, autour de 2010, la période des possibles, encore, que nous appréhendons via un couple Liouba, journaliste grand reporter, et Talal, photographe de guerre. Désert jordanien, forêt africaine, forêt sibérienne, errance moscovite, nous sont offerts tels des voyages immobiles d’une grande beauté, d’une grande violence parfois aussi. Liouba veut raconter comment les hommes vivent avec leur écosystème, s’y adaptent et sont marqués par lui, elle nous montre par exemple, en plein désert, l’adaptation des végétaux au manque d’eau et à la sécheresse. Elle explique, elle dessine, elle déchiffre le monde. Pour le transmettre et éveiller les consciences. Talal, lui, s’intéresse aux mouvements des populations, à l’exil des peuples pour survivre ailleurs, exil qui s’amplifie avec le réchauffement climatique. Il aime montrer avec pudeur la douleur inracontable, il aime traquer la parcelle de vie et d’innocence dans l’horreur, des instants de vie simple au milieu de la guerre.
« Tu t’attaches à ceux qui partent, et moi à ceux qui restent, observa Liouba. Dans les deux cas, c’est la force d’adaptation de l’être humain qui est en jeu ».
Le livre offre des réflexions puissantes sur l’information, la transmission de messages pour toucher les consciences, le moyen le plus approprié pour le faire, l’écrit, le dessin ou la photographie.
« C’est pour cette raison, reprit Talal, que j’ai choisi la photographie. Elle transmet parfois la poésie de façon plus immédiate que le récit. C’est peut-être plus facile d’y croire, quand on l’a directement sous les yeux ».
Il donne à voir également ces différentes parties du monde, leur adaptation face aux menaces, leur poésie, leurs odeurs, leurs bruits. C’est une ode aux voyages, à la rencontre, au respect. A l’émerveillement. Et la plume pour décrire cette vie et ces errances prend de l’ampleur et de la puissance au fur et à mesure du récit. Ce qui me parut un peu timide au début du roman m’a émerveillée de plus en plus au point de m’arrêter par moment pour lire et relire certains passages, l’échelle de ma notation ne cessant de grimper d’étoiles en étoiles…
« À l’inertie de l’attente, elle préférait ses errances urbaines. Les boulevards ombragés par le front des palmiers qui opposaient leur verticalité à l’étendue plate de la mer Rouge. Les voiles colorés des femmes, soulevés par le vent marin. Les effluves de pomme sur les étals des marchés et de narguilé aux terrasses des cafés. Un peu plus au nord, il était possible d’apercevoir la ville dans son entier, ses bâtisses blanches nichées entre l’immensité des montagnes rouges et celle de la mer ourlée d’écume, les formes élancées des minarets, et, de l’autre côté du golfe, les contours d’Eilat, sa voisine israélienne, à quelques kilomètres à peine, et pourtant aussi distante d’Aqaba que peut l’être un monde radicalement différent ».
J’ai été très intéressée par la façon qu’a le roman de nous montrer, dans les détails, comment certains peuples tentent avec ingéniosité de s’adapter au réchauffement climatique sans quitter leurs terres. Certaines expériences sont étonnantes et à la fois pleine de sagesse. Je remercie l’auteure pour cette transmission passionnante.
Enfin, surtout peut-être, l’histoire d’amour entre Loubia et Talal vient apporter lumière, sensualité et désir à ce beau roman. A l’image du livre, la délicatesse des sentiments est de mise, la confluence est narrée avec une pudeur puissante. D’autant plus troublante. Une très belle histoire d’amour dans l’Histoire de l’humanité.
J’ai beaucoup aimé ce livre après, je l’avoue, l’avoir commencé un peu distante. Ce livre est « l’intrication ultime du végétal et de l’humain », ces deux piliers qui sont la base de nos vies. Un premier roman engagé et poétique de la part d’une jeune auteure à qui, je l’espère, on puisse donner voix en cette rentrée littéraire foisonnante !
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2009 : Liouba est journaliste. Son domaine ? Le climat. Elle est à Aqaba, en Jordanie, pour écrire un sujet sur le désert de Wadi Rum.
À son retour elle fait la connaissance de Talal, journaliste lui aussi, photographe de guerre.
Ils n'habitent pas le même pays, ne fréquentent pas les mêmes sphères, et pourtant ils se reverront au fil des années, même furtivement par moment.
Comme s'ils étaient aimantés l'un à l'autre...
2040 : Montée des eaux, incendies ravageurs, épidémies incurables, climat aride, villes abandonnées, fonte des glaces... L'humanité subsite tant bien que mal dans un monde devenu hostile.
Jaya et son frère Aslam n'ont qu'un souhait : sauver leur île de la montée des eaux.
"Les confluents" est un roman fort qui passe de profonds messages à méditer. Un premier roman très bien réussi. La plume de l'auteure est belle, vive, poétique même. Les mots nous entraînent, nous aspirent, nous enivrent, nos sens sont en éveil. Certains passages font naître des sentiments forts.
Dans ce roman découpé en 4 parties, on alterne entre les années 2010 avec Liouba et Talal et 2040 avec Jaya et Aslam.
Liouba et Talal sont attachants et très bien développés.
J'ai appris des choses pendant cette lecture, au fil des rencontres que font les personnages. Des rencontres qui bousculent, questionnent, guident. Des rencontres qui marquent une vie.
Entre ces pages, la nature est au même niveau que les personnages. Elle nous éclate au visage, aux yeux, grâce aux très belles descriptions, au ton juste, vrai. Parce qu'il y a tant de vérité. Des faits présents ici nous pendent malheureusement au nez et ce sera irrémédiable...
Avec cette lecture, on aime, on espère, on voyage, on découvre, on regrette... Avec ce roman que je vous recommande, on explore le monde et la vie.
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Un roman d’une grande beauté qui aborde des sujets graves, plus que jamais d’actualité, et mêle les tourments du monde à une très belle histoire d’amour.
Liouba est journaliste indépendante, elle sillonne la planète à la rencontre d’hommes et de femmes qui mènent des actions pour la préserver, comme ces Bédouins qui plantent patiemment des arbres au beau milieu du désert. Talal est photographe de guerre et couvre les conflits armés en se tenant au plus près des populations touchées. Tous deux témoignent par leur travail d’un monde contemporain qui perd pied et qui souffre, victime de l’inconscience et de la folie des hommes. D’une rencontre de hasard, en Jordanie, naît une amitié très forte qui les fera toujours revenir l’un vers l’autre.
Deux temporalités alternent dans le récit et racontent deux histoires en parallèle. L’intrigue principale se focalise sur Liouba et Talal dans les années 2010, deux observateurs parcourant la planète «pour en traquer les failles, pour en saisir les conflits, pour en enregistrer l’écho et s’en faire les porte-voix», deux «envoyés, en transit» que les événements éloignent puis rapprochent. Une intrigue secondaire située en 2040, raconte comment Aslam et Jaya, un frère et une sœur qui vivent sur une île, luttent contre la montée des eaux.
Anne-Lise Avril aborde des problématiques contemporaines avec beaucoup de justesse. L’écriture est belle et poétique pour éveiller les consciences, interroger notre rapport au monde. Au milieu du chaos, face au désastre et aux incertitudes, affleurent des interrogations mais aussi des convictions tournées vers l’avenir, porteuses d’espoir. Et dans ce monde qui se transforme au gré des catastrophes écologiques et des guerres qui font rage, elle laisse entrevoir la lumière, l’espoir de voir les hommes habiter différemment la planète, rétablir un équilibre durable, de se reconnecter à la Terre, d’y trouver refuge.
Elle nous embarque dans un grand voyage autour du monde, à travers le temps. La lenteur contemplative donnée au récit magnifie la nature, les combats de Liouba et Talal rappellent l’urgence d’agir pour sauver une planète meurtrie et penser à l’avenir des générations futures.
Un premier roman engagé, très émouvant, qui résonne intensément avec l’actualité. À découvrir !
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Quel magnifique lecture, à la fois douloureuse et sublime ! Il faut absolument lire ce très beau roman engagé d' Anne-Lise Avril pour une cause qui nous concerne tous.
Ce n'est plus une affaire politique ou de pays, c'est un devoir humanitaire à l'échelle de la Planète.
Il faut agir vite et de manière solidaire en se donnant les moyens de lutter contre le réchauffement climatique dont nous sommes responsables.
Ce très beau roman luminescent parle plus fort que tous les chiffres des spécialistes. Oscillant entre 2009 et 2040, deux époques charnières importantes, il dévoile dans toute sa déchirure le point de non retour si rien n'est entrepris pour arrêter la mécanique désastreuse des dérèglements climatiques.
le roman n'est pas moralisateur, il ne pointe pas du doigt, il écrit simplement sur nous à travers 2 êtres magnifiques Liouba et Talal, les personnages centraux.
C ‘est à travers leur regard que s'étale la splendeur de la nature (l'auteure à beaucoup voyagé et cela se sent), les couleurs du désert, la fragilité des glaciers de l'Inlandsis, l'humidité des forêts.
Les animaux, les fleurs, les paysages, nous ressentons, nous vivons ce monde avec extase. Que ce soit dans le désert à la rencontre des hommes qui plantent des arbres ou aux côtés des gardes-forestiers de la forêt tropicale, les portraits rendus sont captivants, sincères. Magnifiques.
J'aime la manière dont Anne-Lise Avril étreint ses personnages dans un équilibre fragile au bord de l'immensité.
Le roman d'une très grande qualité littéraire frappe par son sujet d'actualité, éveille les consciences sans brutalité mais sans fard non plus.
La nuit , troisième partie du livre est notre part sombre, celle des guerres, la déforestation, l'exploitation à outrance et illégale des ressources naturelles. Il reste l'île, la thébaïde mais pour combien de temps encore.
2040 n'est pas loin.
J'admire la très grande force de ce roman de nous placer juste au milieu d'un temps où il est encore possible d'agir. Entre roman réaliste et roman d'anticipation, c'est à nous de choisir.
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Dans un monde où les écosystèmes sont menacés d’extinction et où les conflits armés font rage, des destins continuent de se croiser, malgré tout.
Liouba et Talal sont des déracinés. Orphelins tous les deux, ils ont quitté leur pays de naissance, la Russie pour elle, la Turquie pour lui, avec pour objectif de témoigner de la dégradation de la Planète.
Liouba vit à Paris et travaille comme reporter écologiste pour le magazine Terre d’exil. D’abord attirée par le désert en souvenir de la Taïga où vécurent ses parents, elle se découvre une passion pour les forêts et se met à sillonner le monde pour militer contre leur destruction.
Talal, lui, vit à Berlin et, comme photographe de guerre, il se mêle aux conflits les plus violents, s’installant dans les villes assiégées, vivant au rythme des combats, pour tenter d’éveiller les consciences occidentales aux souffrances des pays en guerre.
Ce sera la naissance d’une belle histoire d’amour, empreinte de désir et de déchirement, où la passion ne parviendra pourtant pas à déjouer le destin de ces deux exilés.
Car le voyage est un état ancré en eux et si leurs routes se croisent, aux confluents de leurs errances, c’est peut-être parce qu’ils sont l’avenir de la Planète et que leur engagement est le dernier rempart face à l’inexorable destruction des peuples et de leur habitat.
Anne-Lise Avril nous offre, avec ce premier roman, un carnet de voyage poétique et dépaysant qui nous plonge dans un mélange de splendeurs et d’horreurs à travers ces régions de l’autre bout du monde.
Un livre souvent complexe par tant de personnages et de modes de vies différents, dont il faut s’imprégner doucement pour en saisir la richesse. Mais le message très idéaliste qu’il transmet m’a beaucoup touchée. Car ça fait du bien de rêver un peu.
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Rentrée littéraire Julliard 2021
Premier roman d'une auteure, Anne-Lise Avril, à la plume douce, toute en finesse, poétique.
Premier coup de coeur pour cette histoire pleine de sagesse.
2040 – Les graines ont germé. Jaya quitte son île afin de voir le mode, Aslam reste pour la protéger.
2009 – Quelque part dans le monde des hommes plantent des arbres pour que leurs enfants n'aient pas à partir. Ailleurs des hommes protègent une forêt, son écosystème et son mode de vie millénaire. Et puis, il y a ses hommes et femmes tellement investis dans le préservation des forêts qu'ils y perdent leur vie. C'est le quotidien de Liouba qui travaille pour Terres d'exil. Cette jeune franco-russe parcourt le monde, elle est sans attaches ses parents viennent de mourir.
Un beau jour son chemin croise celui de Talal, franco-turc, photographe indépendant, qui s'intéresse aux mouvements de population et aux raisons de ceux-ci : conflits, changements climatiques… Un lien va se créer entre eux.Ils garderont le contact, se croiseront dans des aéroports, travailleront ensemble mais Talal à une femme.
Avec une grande délicatesse, Anne-Lise Avril, nous apporte un récit d'actualité et de réflexion sur l'exil, les racines, les conflits. Doit-on observer, raconter, témoigne, peut-être mettre sa vie en danger. Y-a-t-il un moment où vivre et agir, se créer ses racines est l'évolution qui s'impose ?Les confluents qui se rejoignent forme des fleuves, qu'en est-il des hommes ?
Une très belle introspection, une histoire d'amour, de forêts, d'exil, de racines et de sens de la vie racontée avec beaucoup de sensibilité. Un roman comme je les aime.
Il y a peu, j‘ai entendu ou lu cette phrase : « Nous sommes les ancêtres du futur » ce livre en est le parfait exemple.
Merci à l'auteure dont j'espère qu'elle ne va pas s'arrêter en si bon chemin.
Un grand merci aux éditions Julliard.
Les confluents sort le 19 août 2021
#Les confluents#NetGalleyFrance
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Les confluents, lieux de réunion de cours d'eau, de glaciers ou de courants marins (Larousse), l'exacte problématique de ce roman.
Tantôt le chaud, tantôt le froid et les vents, ramènent Liouba à Talal et Talal à Liouba.
C'est une histoire de synchronicités, de ratages et de coïncidences racontée sur fond mélancolique qui nous ramène à la vacuité des choses, mais aussi à l’essentiel de la vie.
Un premier roman, qui, s'il fait l'éloge de la lenteur, coupe le souffle à son lecteur pour l’entrainer dans ses propres zones d'ombre. Dérangeant pour le malaise laissé dans son sillage, tout en étant intéressant pour les questions qui affleurent.
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"Un proverbe indien dit : "de temps en temps, il nous faut faire une pause pour permettre à notre âme de nous rejoindre."
Dans un monde qui tourne à cent à l'heure, d'avions en trains, à courir, à littéralement se presser ; avec tous ces combats qu'on mène pas toujours pour soi, qu'on peut même défendre ou dogmatiser, parfois pourtant en qualité de simple témoin ; et puis toutes ces rencontres qui remplissent une vie, qui insufflent ou fragilisent ; jusqu'à l'événement qui nous proposera un nouveau courage, celui de se retirer du monde, du stress et des paillettes, devenir davantage contemplatif, prendre le recul, cesser l'urgence, le corps à la nature et la tête dans les étoiles. Trouver son sanctuaire. Voilà ce livre. Il est de ces confluences qui font étonnamment écho à des choix de vie. Toujours étonnantes ces coïncidences !
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