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Citations de Anne Muratori-Philip (141)


En grandissant, Aurore étend son terrain de jeux. Elle connait tous les enfants des environs : "Je savais dans quel champ, dans quel pré, dans quel chemin je trouverais Fanchon, Pierrot, Liline, Rosette ou Sylvain". Le petit groupe d'amis explore les fossés, grimpe aux arbres, barbote dans les ruisseaux. Pour eux, la garde des troupeaux est une école d'initiation aux plaisirs rustiques : boire le lait des chèvres, faire cuire des pommes de terre sous la cendre, tresser des couronnes de bleuets, grimacer en croquant dans une pomme verte ou se noircir les doigts en ôtant le brou des noix. A la moisson, les meules de foin donnent lieu à des concours de glissades. Les jours de neige, ils s'initient à la chasse aux alouettes.
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Attendue depuis plusieurs mois, la mort de Marie Leszczyńska n’a pas surpris les courtisans, beaucoup plus intéressés par la rumeur qui circule dans les galeries de Versailles : le roi aurait une nouvelle maîtresse ! On le dit ensorcelé par une certaine Jeanne Bécu, ravissante jeune femme experte aux jeux de l’amour. Par décence, il l’a dissimulée durant la longue agonie de Marie. Mais la nouvelle égérie, qui deviendra bientôt la comtesse du Barry, a très vite rejoint Louis XV à Compiègne.
Marie n’a pas eu le moindre écho de cette nouvelle trahison. Elle ignorait aussi qu’elle inscrivait définitivement son nom dans l’histoire de France en devenant la souveraine au plus long règne : quarante-trois ans ! Mais elle faisait preuve d’une étrange clairvoyance en écrivant, quelque temps avant sa mort, au président Hénault : « C’est une sotte chose que d’être reine. Hélas ! Pour peu que les choses continuent à aller comme elles vont, on nous dépouillera bientôt de cette incommodité. »

Chapitre XVII
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... tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c’est la ruine des peuples.
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À cinquante-six ans il laisse pour la première fois percer une lassitude et une usure physique qui lui ôtent l'envie de combattre. Il inquiète ceux qui ont conservé le souvenir d'un jeune roi passionné, et aussi les proches qui l'ont accompagné dans son retour. Vingt-neuf années d'errance à travers l'Europe l'ont-elles marqué à ce point? D'autant qu'elles ne l'ont jamais empêché de sacrifier à son grand péché : une gourmandise incontrôlable. Au fil des ans, cette obsession de la table a transformé le fringant jeune homme en homme mûr à triple menton. Et rien ne semble pouvoir le calmer, ni les problèmes digestifs ni les menaces que fait peser l'obésité sur sa santé.

Chapitre 5
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Ami du comte d’Argenson et confident de la duchesse de Villars, Charles-Jean-François Hénault , dit « le Président » parce qu’il occupe une charge de président au Parlement, a fréquenté le salon de Madame de Tencin avant de lui préférer celui de Madame du Deffand, dont il devint l’amant. (...)
Ami des philosophes, opposé à d’Alembert mais proche de Fontenelle , il appartient à l’Académie française depuis 1723, où il a succédé au cardinal Dubois. Mondain, causeur, poète, cet épicurien, dont la table est l’une des meilleures de Paris, est devenu célèbre en 1744 avec la publication de son très sérieux Abrégé chronologique de l’Histoire de France. La reine apprécie ses conseils, son jugement, son rire franc et ses propos spirituels. À chaque voyage de la cour, à chaque cure du président à Plombières, ils entretiennent une correspondance familière.

Chapitre XIV
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(...) la mort frappe encore Louis XV : la bonne « Maman Ventadour » disparaît à l’âge de quatre-vingtdouze ans. Après la disparition de Fleury, elle constituait le dernier rempart protecteur de son enfance. Désormais, le roi est seul, mais ce n’est pas vers Marie qu’il va chercher du réconfort.

Chapitre XI
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Quand elle rejoint la cour d’Espagne après un long voyage triomphal, Madame Infante ignore encore que son époux de dixneuf ans est un prince terne et médiocre. Le 31 décembre 1741, à quatorze ans, elle met au monde son premier enfant, l’infante Isabelle, faisant de Louis XV un jeune grand-père de trente et un ans et du roi Stanislas un heureux arrière-grand-père. Ambitieuse pour deux, la jeune femme rêve d’un royaume pour don Philippe ; elle y mettra toute son énergie et sa force de persuasion, n’hésitant pas à revenir à Versailles pour plaider sa cause auprès de son père.

Chapitre X. Séparée des petites princesses
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Désormais, la voie est libre pour le duc de Bourbon qui passe à la seconde étape de son plan : marier le roi. Louis XV, apparemment soulagé du départ de Marie-Anne-Victoire, ne s’y oppose pas. Monsieur de Morville et le comte de La Marck ont déjà dressé la liste d’une centaine de princesses européennes en âge de se marier.

Le Conseil décide de procéder par élimination : quarantequatre d’entre elles sont trop âgées ; vingt-neuf sont trop jeunes ; dix autres, trop pauvres ou issues de branches cadettes, ne peuvent convenir. Dix-sept princesses restent en lice.

À l’issue d’un second tour de table, la princesse de Danemark, luthérienne convaincue, est écartée. Tout comme la princesse de Prusse, les princesses de Saxe-Eisenach, de Hesse-Darmstadt et de Mecklembourg-Strelitz. Éliminées aussi : l’infante de Portugal, en raison de tares familiales, et la fille de la tzarine Élisabeth, « à cause de la basse extraction de sa mère ». La fille du roi d’Angleterre aurait pu rallier tous les suffrages, mais son père refuse qu’elle abjure sa religion… Quant à Élisabeth, fille aînée du duc de Lorraine Léopold ier , non seulement elle est trop liée avec la maison d’Autriche, mais elle est cousine du duc d’Orléans .

Au troisième tour de table, il ne reste plus que deux noms sur la liste : les deux jeunes sœurs du duc de Bourbon, Mademoiselle de Vermandois et Mademoiselle de Sens. La première, âgée de vingt-deux ans, pourrait faire une excellente reine de France.

Chapitre 1. L'inconnue de la liste
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La vie des petites filles est aussi monotone que sévère, organisée autour des leçons, des prières et de quelques loisirs. Quand elles se rebellent ou font des caprices, elles sont enfermées, seules, dans un caveau qui sert de sépulture. Ce châtiment terrifie les princesses. Pire, il provoquera chez Victoire des terreurs paniques dont elle ne pourra jamais se débarrasser.
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Cependant, toutes les cours ne se réjouissent pas de ce mariage. La duchesse de Lorraine, vexée que sa fille n'ait pas été choisie, s'abandonne à la déception: « Il me paraît que les mésalliances sont bien à la mode en France, puisqu'elles vont à présent jusqu'à la personne sacrée du roi. Il sera, à ce que je crois, le premier de nos rois qui aura épousé une simple demoiselle. »

Chapitre 4
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Le choix définitif doit être arrêté le 31 mars 1725 au cours d'une séance du Conseil d'en haut, présidé par Louis XV. La sélection finale est serrée. (...)
En des circonstances normales, Marie Leszczynska aurait peut-être été éliminée. Fille d'un roi de Pologne détrôné et pauvre, elle a peu d'atouts. Mais le temps presse et la sélection s'amenuise... Louis XV finit par retenir la princesse Marie.

Chapitre 4
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Stanislas s'est également lancé dans un projet architectural ambitieux. Officiellement, il s'agit de procurer à Catherine Opalinska une résidence plus agréable que la vieille demeure qu'elle déteste et juge humide et étriquée, malgré les aménagements du rez-de-chaussée et de deux étages. (...)
Avec du bois et d'autres matériaux peu coûteux, Sundahl bâtit une petite résidence composée de plusieurs pavillons aux usages spécifiques, disposés sur trois niveaux et séparés par des bassins, cascades, jets d'eau, balustrades, charmilles et escaliers à double révolution. Ici le pavillon de Madame Royale; là celui des deux princesses. En face, derrière le grand jet d'eau jailli du bassin octogonal, le bâtiment à un étage du roi Stanislas et de la reine Catherine, dont les trois grandes portes vitrées donnent sur la perspective des jardins. Un escalier bruissant d'eau descend vers une cour-jardin aux parterres à la française où trône une sculpture représentant « le dieu Pan sur un rocher ».
Dans cet ensemble baroque aux allures orientales où l'eau sert de trait d'union avec la nature, Stanislas semble avoir voulu ressusciter la Renaissance italienne des palais de son enfance, associée au classicisme de Versailles admiré lors de son périple européen de jeunesse.
Les Leszczynski conserveront leur vie durant la nostalgie de ce palais. Ainsi la légende raconte-t-elle que Marie avait planté un cerisier dans le parc et que, devenue reine de France, elle continua de recevoir chaque année des fruits de son arbre à Versailles...

Chapitre 3
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L'un des plus marquants de la lignée fut encore un autre Raphaël, l'arrière-grand-père de Stanislas. Considéré comme l'un des magnats les plus riches de la Grande-Pologne, il possédait pas moins de dix-sept villes et cent seize villages. Érudit, il avait forgé son éducation au fil d'un périple de plusieurs années dans les grandes villes de l'Europe occidentale. Il en avait gardé le souvenir de ses rencontres avec la reine Élisabeth d'Angleterre, Henri IV et le prince d'Orange.
De retour au pays, ce protestant s'était érigé en défenseur des confessions minoritaires. Soucieux de ses domaines, il s'était efforcé d'embellir et de développer Leszno, qui lui devait la création d'une imprimerie et d'une maison d'édition. Raphaël s'était aussi intéressé à l'art de la guerre qu'il liait à une bonne connaissance de la cartographie. Poète à ses heures, il restera le « pape des calvinistes de Pologne » pour lesquels il avait installé une imprimerie protestante à Baranow. Quant à son fils, Boguslas, le grand-père de Stanislas, il s'était rendu célèbre dans les diètes par son éloquence. Général de la Grande-Pologne, il fut vice-chancelier de la Pologne. Malgré ses talents, la noblesse ne l'aimait guère, lui reprochant sa soif de profit. Protestant de naissance, il finit par se convertir au catholicisme en 1641.

Chapitre 1
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Au début de son mariage, la reine assiste à trois messes chaque matin, mais on lui fait rapidement comprendre qu’elle perturbe le fonctionnement de la cour. Elle se contentera donc, ensuite, d’assister à un office privé à huit heures du matin, puis à la messe quotidienne dont l’horaire varie selon l’emploi du temps du roi. En revanche, elle n’abandonne pas la coutume polonaise, particulièrement démonstrative, qui consiste à prier debout, face au tabernacle, les bras en croix. (...)
Dans la chapelle des Récollets de Versailles, Marie prie au pied d’une statue de la Vierge, aux mêmes heures que son père à Nancy. « Mon cher Cœur, lui écrit Stanislas, Vous avez donc aussi la bonne Dame de Bon-Secours comme j’ai la mienne, avec cette différence que la vôtre est mieux servie que la mienne par moi[2] [...] » Cette dévotion affective gagne à son tour le dauphin qui adore son grand-père au point de l’imiter dans ses effusions religieuses. Il sera rapidement rappelé à l’ordre par son précepteur, l’évêque de Mirepoix, qui lui recommande de « ne pas adorer le Saint Sacrement comme un moine ».

Chapitre XVI
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Si la marquise de Pompadour a su promouvoir son image de protectrice des arts et des lettres du règne de Louis XV, la reine l’a précédée dans son soutien aux artistes. En revanche, elle l’a fait sans ostentation et à la mesure de ses moyens, chichement dispensés par le cardinal de Fleury.

En 1735, pour le plafond de sa chambre, elle commande à François Boucher quatre grisailles représentant les Vertus, enserrées dans un magnifique encadrement de bois sculpté par Verberckt. Elle le sollicite encore pour deux tableaux illustrant les jeux de l’Enfance, point de départ d’une brillante carrière.

Chapitre XV
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À part la reine et la duchesse de Villars qui sont pieuses, le président Hénault , Tressan, Moncrif et le comte d’Argenson ne sont que bien-pensants, formés à l’époque où religion et société faisaient encore bon ménage. En revanche, ils n’apprécient guère l’athéisme d’Helvétius , d’Holbach ou de La Mettrie. Quant à la reine, elle fait preuve de tolérance puisque ce même Helvétius , fils de son médecin, occupera longtemps la charge de maître d’hôtel dans sa Maison… avant de faire scandale lors de la publication, en 1758, de son premier essai philosophique intitulé De l’Esprit.

Chapitre XIV
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En 1753, toute à la naissance de son second petit-fils, titré duc d’Aquitaine, Marie cache une sourde rancœur sous le masque de la grand-mère comblée. Une rumeur prétend que le roi entretient des « petites maîtresses » dans une maison cachée de Versailles avec la complicité de l’ex-marquise. La reine en parle ouvertement dans ses lettres au roi Stanislas. C’est la douloureuse légende du Parc-aux-Cerfs, dont le secret a été si bien gardé qu’il a attisé tous les fantasmes et noirci l’image du roi, déjà sérieusement écornée.

Chapitre XII
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Comme tous les Bourbons, il a été éduqué à la religion de la Contre-Réforme. Initié par le catéchisme du concile de Trente qui met l’accent sur la morale sexuelle, Louis XV en a parfaitement compris les leçons. Mais le roi les interprète avec la rigueur d’un esprit scrupuleux. Il sait, par exemple, que le rite du toucher des écrouelles, qui fait du Roi Très Chrétien un roi thaumaturge, ne peut s’accomplir qu’après s’être préparé par la confession et la communion. La tradition veut qu’il communie cinq fois l’an, à Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël et à l’une des fêtes de la Vierge (le 15 août ou le 8 septembre), parfois remplacée par la Saint-Louis, le 25 août. Depuis son sacre, en 1722, Louis XV s’était consciencieusement plié à ces rites. Les premiers accrocs dans ses devoirs de Roi Très Chrétien se situent à Noël 1733, Noël 1734 et à la Toussaint 1735. Preuve que les périodes d’infidélité ne durent pas et que Louis XV, sermonné par son confesseur, le père de Linières , revient chaque fois à la vie conjugale. Ainsi naissent Victoire en 1733, Sophie en 1734 et Thérèse-Félicité en 1736 ; sans compter la fausse couche de Marie en 1735.

Chapitre VIII. L'infidélité du Roi
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Dans l’oratoire où elle s’isole pour prier et souvent pleurer, Marie passe en revue les cinq premiers mois de l’année, les plus douloureux qu’elle ait vécus jusqu’à présent. Elle a perdu deux enfants dont un garçon ; elle a des doutes sur la fidélité du roi ; et son père, son unique soutien, s’apprête à rentrer en Pologne au moment où elle est en plein désarroi.

Chapitre 6. Les premières maternités
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Marie Charlotte Sophie Félicité Leszczyńska a vu le jour en Pologne le 23 juin 1703,(...). Elle est la fille de Stanislas Leszczyński et de Catherine Opalinska, tous deux héritiers de familles qui comptent parmi les plus riches et les plus influentes de Pologne. À la naissance de Marie, Stanislas a vingt-cinq ans, il exerce la fonction de voïvode de Poznan, siège au Sénat et vient de prendre le titre de comte de Leszno à la mort de son père.

Chapitre 2. La princesse errante
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