« A Stanislas Leszczynski, le bienfaisant, la Lorraine reconnaissante »
Telle est l'inscription au bas de la statue au centre la place éponyme à Nancy. Quel rapport, me direz vous, avec la femme dont il est question dans ce livre ? Ils sont père et fille. Si les Lorrains sont français, c'est à Stanislas qu'ils le doivent ; Les Duchés de Lorraine et de Bar, ont été apportés en dot (tardivement) au Royaume de France par Marie Leszczynska.
Madame Muratori-Philip retrace dans ce livre le destin à peine croyable d'une jeune adolescente, fille d'un roi sans couronne, balloté par les vicissitudes de l'histoire entre la Pologne, et la Lorraine où il finira sa vie sous les flammes de sa cheminée.
Voici ce qu'écrivait Stanislas à sa fille à la veille de ses noces avec Louis XV, en 1725 : "Répondez aux espérances du roi par toutes les attentions possibles ; vous ne devez plus pensez que d'après lui et comme lui, ne plus ressentir de joies ou de chagrins que ceux qui l'affectent, ne connaître d'ambitions que de lui plaire, d'autres plaisirs que de lui obéir, d'autres intérêts que de mériter sa tendresse ; vous ne devez ne plus avoir à vous ni humeur, ni penchant ; votre âme doit se perdre dans la sienne."
Autres paroles d'un père à sa fille : "Si le propre des reines est d'être trompées, elles détiennent en revanche le pouvoir extraordinaire de donner chair à la dignité de la couronne."
Si j'ai choisi de mettre en valeur ces deux extraits, c'est parce qu'ils reflètent parfaitement ce qu'a été la vie privée et de souveraine de l'épouse du roi de France. Ces qualités ont été bien mises en valeur par l'auteur, notamment son incroyable dignité vis à vie de la Pompadour, son rôle de souveraine qu'elle a assumé en dépit des nombreux deuils de mère.
Une reine qui n'était pas capricieuse, bonne mère et aimante, malgré ses apparences froides et timides. Ce fut une reine humaine, qui n'hésitait pas à s'endetter pour aider les nécessiteux, une musicienne ayant connu Farinelli, Couperin, et Mozart alors âgé de 7 ans.
Une femme bonne vivante, ayant hérité de son père la gourmandise. Nous devons à Stanislas la madeleine, et les babas ; Marie Leszczynska apportera la bouchée à la reine.
Si après 43 ans de règne, elle est inhumé comme le veut la tradition en la Basique St Denis, son coeur rejoindra Nancy auprès de ses parents, fidèle à la Pologne de ses origines et à la Lorraine sa terre d'adoption.
J'ai apprécié cette lecture, malgré quelques longueurs inhérentes à toute biographie qui se veut complète. J'y ai retrouvé des éléments historiques fort intéressants, et de nombreuses références qui font le quotidien des Nancéens.
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> Tour des Nouveautés - Médiathèque Manufacture (Nancy) 10 juin 2010 - Médiathèque de Vandoeuvre-lès-Nancy 26 juin 2010
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Désormais, la voie est libre pour le duc de Bourbon qui passe à la seconde étape de son plan : marier le roi. Louis XV, apparemment soulagé du départ de Marie-Anne-Victoire, ne s’y oppose pas. Monsieur de Morville et le comte de La Marck ont déjà dressé la liste d’une centaine de princesses européennes en âge de se marier.
Le Conseil décide de procéder par élimination : quarantequatre d’entre elles sont trop âgées ; vingt-neuf sont trop jeunes ; dix autres, trop pauvres ou issues de branches cadettes, ne peuvent convenir. Dix-sept princesses restent en lice.
À l’issue d’un second tour de table, la princesse de Danemark, luthérienne convaincue, est écartée. Tout comme la princesse de Prusse, les princesses de Saxe-Eisenach, de Hesse-Darmstadt et de Mecklembourg-Strelitz. Éliminées aussi : l’infante de Portugal, en raison de tares familiales, et la fille de la tzarine Élisabeth, « à cause de la basse extraction de sa mère ». La fille du roi d’Angleterre aurait pu rallier tous les suffrages, mais son père refuse qu’elle abjure sa religion… Quant à Élisabeth, fille aînée du duc de Lorraine Léopold ier , non seulement elle est trop liée avec la maison d’Autriche, mais elle est cousine du duc d’Orléans .
Au troisième tour de table, il ne reste plus que deux noms sur la liste : les deux jeunes sœurs du duc de Bourbon, Mademoiselle de Vermandois et Mademoiselle de Sens. La première, âgée de vingt-deux ans, pourrait faire une excellente reine de France.
Chapitre 1. L'inconnue de la liste
Attendue depuis plusieurs mois, la mort de Marie Leszczyńska n’a pas surpris les courtisans, beaucoup plus intéressés par la rumeur qui circule dans les galeries de Versailles : le roi aurait une nouvelle maîtresse ! On le dit ensorcelé par une certaine Jeanne Bécu, ravissante jeune femme experte aux jeux de l’amour. Par décence, il l’a dissimulée durant la longue agonie de Marie. Mais la nouvelle égérie, qui deviendra bientôt la comtesse du Barry, a très vite rejoint Louis XV à Compiègne.
Marie n’a pas eu le moindre écho de cette nouvelle trahison. Elle ignorait aussi qu’elle inscrivait définitivement son nom dans l’histoire de France en devenant la souveraine au plus long règne : quarante-trois ans ! Mais elle faisait preuve d’une étrange clairvoyance en écrivant, quelque temps avant sa mort, au président Hénault : « C’est une sotte chose que d’être reine. Hélas ! Pour peu que les choses continuent à aller comme elles vont, on nous dépouillera bientôt de cette incommodité. »
Chapitre XVII
Ami du comte d’Argenson et confident de la duchesse de Villars, Charles-Jean-François Hénault , dit « le Président » parce qu’il occupe une charge de président au Parlement, a fréquenté le salon de Madame de Tencin avant de lui préférer celui de Madame du Deffand, dont il devint l’amant. (...)
Ami des philosophes, opposé à d’Alembert mais proche de Fontenelle , il appartient à l’Académie française depuis 1723, où il a succédé au cardinal Dubois. Mondain, causeur, poète, cet épicurien, dont la table est l’une des meilleures de Paris, est devenu célèbre en 1744 avec la publication de son très sérieux Abrégé chronologique de l’Histoire de France. La reine apprécie ses conseils, son jugement, son rire franc et ses propos spirituels. À chaque voyage de la cour, à chaque cure du président à Plombières, ils entretiennent une correspondance familière.
Chapitre XIV
Comme tous les Bourbons, il a été éduqué à la religion de la Contre-Réforme. Initié par le catéchisme du concile de Trente qui met l’accent sur la morale sexuelle, Louis XV en a parfaitement compris les leçons. Mais le roi les interprète avec la rigueur d’un esprit scrupuleux. Il sait, par exemple, que le rite du toucher des écrouelles, qui fait du Roi Très Chrétien un roi thaumaturge, ne peut s’accomplir qu’après s’être préparé par la confession et la communion. La tradition veut qu’il communie cinq fois l’an, à Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël et à l’une des fêtes de la Vierge (le 15 août ou le 8 septembre), parfois remplacée par la Saint-Louis, le 25 août. Depuis son sacre, en 1722, Louis XV s’était consciencieusement plié à ces rites. Les premiers accrocs dans ses devoirs de Roi Très Chrétien se situent à Noël 1733, Noël 1734 et à la Toussaint 1735. Preuve que les périodes d’infidélité ne durent pas et que Louis XV, sermonné par son confesseur, le père de Linières , revient chaque fois à la vie conjugale. Ainsi naissent Victoire en 1733, Sophie en 1734 et Thérèse-Félicité en 1736 ; sans compter la fausse couche de Marie en 1735.
Chapitre VIII. L'infidélité du Roi
Au début de son mariage, la reine assiste à trois messes chaque matin, mais on lui fait rapidement comprendre qu’elle perturbe le fonctionnement de la cour. Elle se contentera donc, ensuite, d’assister à un office privé à huit heures du matin, puis à la messe quotidienne dont l’horaire varie selon l’emploi du temps du roi. En revanche, elle n’abandonne pas la coutume polonaise, particulièrement démonstrative, qui consiste à prier debout, face au tabernacle, les bras en croix. (...)
Dans la chapelle des Récollets de Versailles, Marie prie au pied d’une statue de la Vierge, aux mêmes heures que son père à Nancy. « Mon cher Cœur, lui écrit Stanislas, Vous avez donc aussi la bonne Dame de Bon-Secours comme j’ai la mienne, avec cette différence que la vôtre est mieux servie que la mienne par moi[2] [...] » Cette dévotion affective gagne à son tour le dauphin qui adore son grand-père au point de l’imiter dans ses effusions religieuses. Il sera rapidement rappelé à l’ordre par son précepteur, l’évêque de Mirepoix, qui lui recommande de « ne pas adorer le Saint Sacrement comme un moine ».
Chapitre XVI