Sud Radio - 23 nov. 2020
Bercoff dans tous ses états.
Anne-Sophie Chazaud : "Les médias sont devenus une fabrique à opinion"
Il s’agit ici de la censure par le contrôle de la langue qui subit tous les affronts et charcutages militants : effacement de certains mots, euphémisation, novlangue, écriture inclusive, réécriture sont autant d’armes contrôlant l’expression afin de contraindre l’expression et lui imposer un moule.
Charmante société qui contraindra chacun à se méfier de tous y compris de ses proches, ce qui n’est pas sans évoquer les systèmes totalitaires dans lesquels on incite systématiquement les enfants à dénoncer leurs parents ou inversement, sans parler des voisins, ce qui, pour le coup, permettrait de renouer avec une solide et experte tradition nationale de la délation.
(p. 61 - cette citation résume très bien l'objet de ce livre)
Les formes contemporaines du militantisme sociétal, enchâssées dans l'ère technologique des réseaux sociaux, produisent un débat public caractérisé par la véhémence radicale et l'intolérance à toute forme de contradiction dialectique ou d'opinion divergente, aussi sûrement qu'une intolérance au gluten. Ici se noue la problématique actuelle d'un néoprogressisme autoproclamé qui, investi de la certitude d'incarner le Bien, et culturellement dominant dans les institutions ayant traditionnellement en charge la fabrique du citoyen (éducation, médias, culture,...), ne peut littéralement pas admettre que ses postulats soient erronés ou simplement battus en brèche non plus que simplement débattus.
A cette inaptitude au débat contradictoire s'ajoute le désir inassouvi de combattre toujours davantage, d'en vouloir toujours plus, d'être toujours en état de veille et de siège permanent contre les ferments réactionnaires qui ne manquent pas de s'opposer à cette marche folle.
(p.49)
Comme disait Alain, "rien n'est plus dangereux qu'une idée quand on n'a qu'une idée".
(p. 116)
Le "politiquement correct" n'est, dans ce dispositif, que l'argument moral sur lequel s'appuie la triade droit/minorités/justice pour s'imposer comme argument d'autorité et de légitimité. Il fait ainsi partie du dispositif liberticide global mis en place par cette matrice redoutablement efficace qui avance masquée sous le jour d'un supposé progrès et dont la liberté d'expression est la grande sinistrée : "Il s'agit d'un instrument de conquête du pouvoir, non par des majorités conformistes, mais par des minorités actives bien organisées qui répandent leur conformisme propre", affirme ainsi le philosophe Dominique Lecourt.