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Critiques de Anouck Faure (71)
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La Cité diaphane

À la fois artiste et autrice, Anouck Faure n’est pas une inconnue en contrées imaginaires. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est qu’elle est déjà à l’origine de moults illustrations d’ouvrage tels que La Nuit du Faune, Trafalgar ou encore Rendez-vous demain.

Cette fois pourtant, elle nous revient aux éditions Argyll pour ajouter les mots au dessin avec son premier roman : La Cité Diaphane.

Sous une magnifique couverture signée Xavier Collette et enrichi par plusieurs illustrations intérieures de la main même de l’autrice, le récit d’Anouck Faure nous emmène dans les ténèbres gothiques d’une cité dévastée…



Cette cité, c’est Roche-Étoile, née de la chute du Ciel sur la Terre et immobile au milieu des eaux, à l’ombre des démons.

Roche-Étoile est avant tout le haut-lieu de la foi en la Déesse sans visage que l’on nomme aussi la Reine Pâle. Une foi mourante à l’image de la cité presque déserte que découvre notre narrateur archiviste. Envoyé par le seigneur des Marches pour découvrir l’origine du Mal d’Onde, cette étrange malédiction qui a fauché Roche-Étoile sept ans plus tôt, notre guide va rapidement comprendre que l’horreur règne encore parmi les allées de la glorieuse cité.

Alors qu’il croise un forgeron et un mendiant, et après avoir eu la vision inattendue d’une licorne noire, notre narrateur apprend que la princesse vit encore quelque part dans les ombres, affreusement défigurée. Mais que s’est-il passé à Roche-Étoile, qui de rempart aux forces démoniaques semble devenue un sinistre purgatoire pour des âmes sans repos ?

Grâce à l’aide d’une chevaleresse bien décidée à restaurer la flamboyance passée de la cité, l’archiviste va devoir regarder la vérité en face : quelqu’un ment là-dedans et beaucoup de secrets hantent encore les murs de Roche-Étoile ! Anouck Faure, en quelques pages, imprime une atmosphère lugubre et lourde à son récit. Comme noyée dans la brume, la cité qu’elle imagine prend vie et semble émerger de nul part. Après les quelques premières rencontres, on s’abandonne complètement entre les bras du mystère et l’on ne se soucie guère de l’absence de noms pour les personnages qui parsèment l’histoire.

Et c’est bien normal car ici le nom joue un rôle très important, un rôle de pouvoir et de malheur. La Cité Diaphane commence donc comme un récit d’ambiance, où l’illustratrice fait des merveilles avec les mots et donnent d’emblée quelques visions saisissantes à son lecteur. Le roman se veut cryptique afin de nous dérouler une intrigue à rebondissements. Des rebondissements qui arrivent d’ailleurs assez vite et qui, curieusement, n’apporte pas grand chose au récit…



Car si la française imagine un monde convaincant et très noir, elle a beaucoup plus de mal à gérer son rythme et sa narration si bien que son intrigue semble parfois gonflée artificiellement. La première partie, avant l’entrée en scène de Vanor lui-même, s’embourbe dans un combat confus avant de jeter à la face du lecteur sa première « grande » révélation qui n’a, finalement, aucun intérêt. Lorsque Vanor prend la parole, les choses changent à nouveau et le récit retrouve une qualité narrative bienvenue. Anouck Faure approfondit le passé de Roche-Étoile et enracine sa mythologie, nous dévoile les machinations qui se trament dans les têtes royales et dans l’esprit de Vanor, de loin le personnage le plus intéressant du récit. Vanor qui n’est ni un homme ni une femme, il est les deux à la fois et plus encore, Vanor est autre et c’est l’un des grands mystères qui tiendra le lecteur en haleine jusqu’au bout de l’aventure. Malheureusement, cette aventure finit de nouveau par s’embourber, cette fois en répétant les mêmes motifs et surtout, les mêmes moments introspectifs qui répètent ce que l’on sait déjà. Qu’à cela ne tienne, la descente sur le chemin des Rois renoue avec le génie pictural de l’autrice pour un final aussi dérangeant que lugubre, à peine entaché par une confrontation à la fois inutile et qui fait très « boss de fin de niveau ».

On sent tout du long l’inspiration à la Bloodborne et à la Diablo, Roche-Étoile servant de rempart au Mal…et le Mal le lui rendant bien.

Les personnages, archétypes torturés dont les noms sont volontairement omis, deviennent autant de fantômes et d’esprits en proie à leurs fautes passées. La relation entre le prince et Vanor va vite devenir le principal moteur de l’histoire, transcendant l’amour en haine à moult occasions pour montrer la proximité de ces sentiments particulièrement intenses.

Mais surtout, c’est d’identité et d’histoire dont il est question dans La Cité Diaphane, une histoire falsifiée et remaniée pour que le monde ne découvre pas la douloureuse vérité quant au départ d’un Roi ou la Nature d’une Déesse, une identité multiple et changeante qui impose un visage fluctuant au bien comme au mal, si ces notions ont encore un sens pour Vanor et les survivants de Roche-Étoile.

Surtout, La Cité Diaphane se veut une quête de vérité, une sorte de rédemption par une histoire remise dans le droit chemin, par des fautes réparées et des quêtes enfin accomplies. Une paix pour l’âme en somme.

Anouck Faure n’a cependant pas encore la maturité nécessaire d’un point de vue narratif et fait plusieurs faux-pas malheureux qui auraient certainement demandés quelques coupes et réajustements.

Pour un premier roman, La Cité Diaphane reste pourtant une œuvre étonnante de noirceur à l’ambiance encore magnifiée par des illustrations ténébreuses que le papier peine malheureusement à retranscrire.

Dans cette cité hallucinée, le lecteur prendra surtout plaisir aux histoires de cœur d’un narrateur trahi encore et encore mais qui n’abandonne jamais, fût-il prisonnier des pages d’un livre ou des caprices d’une Déesse.



Premier roman imparfait et bancal dans sa construction, La Cité Diaphane n’en reste pas moins une escapade lugubre et torturée qui ose plonger au fond du gouffre. Anouck Faure possède indéniablement une plume saisissante de noirceur qui pourrait bien nous surprendre à l’avenir.

En attendant, les amateurs de cités mortes et de créatures effroyables feraient mieux de prendre le chemin de Roche-Étoile sans tarder…
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La Cité diaphane

Roche-Etoile autrefois cité florissante, jaillie des profondeurs et élancée vers les cieux, n’est plus que ruines et maléfices. Sept ans auparavant, les eaux du lac et des puits se sont brusquement changés en poison mortel pour tous les habitants de la cité. Aujourd’hui déserte et maudite, Roche-Etoile est morte.

Pourtant un homme avance dans ces vestiges.

Archiviste missionné par un royaume voisin, il tente de recueillir les derniers témoignages pouvant expliquer ce désastre. Au fur et à mesure de ses recherches et de ses rencontres, le même nom revient sans cesse, sur les lèvres mourantes : Vanor le Maudit.



Annouck Faure a une écriture recherchée.

Elle nous plonge dans une dark fantasy où se mêlent la noirceur et le merveilleux. L’architecture gothique, les personnages sombres et mystérieux, la présence de démons et la maladie qui rode donnent une atmosphère étouffante au récit.

La poésie des ténèbres est présente tout le long du roman.

Le récit offre une galerie de personnages envoûtants.

La construction narrative bénéficie d’un esthétisme recherché.

L’archiviste est comme le lecteur : décontenancé, effrayé et avide de comprendre les ténèbres qui hantent les lieux. Roche-Etoile se dévoile lentement et nous révèle sa naissance, son histoire et ses tragédies.



L’autrice nous offre une magnifique aventure où l’intime, la mythologie, les scènes d’action et les retournements de situation s’enchaînent sans temps mort.

Un conte gothique mêlant avec brio magie et poésie.

J’ai trouvé ce premier roman très réussi.

Un gros coup de coeur.
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La Cité diaphane

"La cité diaphane" est un roman de dark fantasy doté d'une très belle plume qui vous immerge littéralement dans les méandres de "Roche-Étoile" un lieu maudit et déserté doté d'une ambiance gothique à souhait.

Nous suivont un archiviste missionné pour enquêter et écrire sur la cité.

L'écriture d'Anouck Faure est très recherchée, les mots sont calibrés à la virgule prêt, la grammaire et le vocabulaire sont choisis avec soin, le lecteur sent qu'un gros travail a été fait, c'est beau, poétique, sérieux et rien n'est laissé au hasard, vraiment bravo car pour un premier roman, personnellement j'ai eu l'impression de lire le plus beau des romans d'une très grande écrivaine, à la plume pleine de style et d'expérience.

Les personnages sont peu nombreux, c'est intimiste et en même temps une fois fini ma lecture j'ai l'impression d'avoir découvert tout un monde.

Une mention ++ pour les retournements de situations, les surprenantes scènes d'action, les moments d'angoisse et ce côté horrifique qui émerge tout du long.

Parfois épique, parfois intimiste, j'ai eu l'impression de lire un grand classique de la fantasy mais doté d'une modernité certaine.

Je ne dirais rien du bestiaire à part "mon dieu, quelle tuerie", ni de la fin, si ce n'est que j'ai l'impression de sortir du purgatoire.

La couverture est tres belle et les gravures interieures exceptionnelles donnent le ton et l'ambiance.

Je n'ai franchement trouvé aucun défaut, c'est même un gros coup de cœur que cette œuvre.
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La Cité diaphane

Reconnue dans le milieu de l'Imaginaire pour son merveilleux travail d'illustratrice, Anouck Faure est aussi une autrice. Aussi, elle délaisse parfois encres et pinceaux pour leur préférer la plume et nous conter ainsi de puissantes histoires.



Or, en février, on la retrouve chez Argyll car elle y signe son premier roman, intitulé La Cité Diaphane.

Entre démesure et décadence, Roche-Etoile n'est plus qu'une cité déchue. Depuis l'empoisonnement de ses eaux, il y a sept ans, elle est désertée et exsangue. Or, pour prendre connaissance de ses derniers moments et comprendre ainsi ce qui lui est arrivé, un archiviste est dépêché sur les lieux, envoyé par le seigneur des Marches. Mais à sa grande surprise, ce dernier découvre encore quelques âmes errant entre ces étranges murs. Et si la vérité n'était pas si bonne à entendre surtout quand elle touche de si près...



La Cité Diaphane, c'est d'abord un univers ténébreux et gothique incarné par la cité de Roche-Etoile. Des rues tortueuses aux espaces vertigineux en passant par d'opaques secrets, voici autant d'éléments qui auréolent de mystères cette cité décidément bien étrange. C'est bien dans ce dédale labyrinthique qu'Anouck Faure nous entraîne à la suite de son archiviste, chargé d'en percer tous les secrets et par la même occasion, éclairer notre lanterne. Tantôt effrayante, tantôt fascinante, Roche-Etoile n'a pas fini de nous intriguer d'autant qu'en remontant ses origines, on ne va pas être à court de surprises. Plus qu'un cadre d'action, Roche-Etoile prend même les traits d'un personnage à part entière sous la plume d'Anouck Faure qui en fait une sorte de compagne d'aventure pour ses autres protagonistes en veillant notamment sur eux.



Quant à la magie qui imprègne ces pages, elle est directement influencée par le culte de la déesse sans visage car des émanations de son pouvoir se manifestent autant dans la puissance détenue par certains êtres, notamment dans leur rapport aux mots et aux noms propres qui leur donnent une véritable ascendance sur les autres, que dans l'existence de créatures oniriques. Néanmoins, ici le merveilleux est perverti par les sentiments et les émotions négatifs qui viennent déposer une ombre mortifère sur les âmes qui hantent encore les lieux.



La Cité Diaphane est un huis clos dont la construction narrative surprend autant qu'elle suscite l'intérêt du lecteur. L'autrice a tissé une intrigue complexe et questionnante qui tourne autour de cette cité et du destin de ses habitants. En compagnie de sa poignée de protagonistes, on va d'abord remonter le temps pour comprendre ce qui s'est passé, puis reprendre le fil de la narration pour découvrir où l'on va.



La plume d'Anouck Faure dégage une telle poésie et sensibilité qu'elle nous happe dès les premiers chapitres. Ses mots sont comme un irrésistible poison infusé dans nos veines qui nous oblige à poursuivre toujours plus loin l'exploration de cette histoire singulière et captivante.



La Cité Diaphane est un court roman qui parle de décadence et de sacrifice. Anouck Faure se plaît à y questionner le relationnel humain, notamment l'amour fusionnel liant un parent et ses enfants lorsque celui-ci flirte avec la frontière du toxique. En dépeignant des personnages sombres, l'autrice s'intéresse à la complexité de la psyché, notamment lorsqu'elle est guidée par les sentiments les plus subversifs poussant jusqu'à la mégalomanie.



Avec ce livre, Anouck Faure s'affirme déjà comme une signature d'un Imaginaire insolite et envoûtant qui ne demande qu'à s'épanouir... suite sur Fantasy à la Carte.






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La Cité diaphane

Premier roman d’Anouck Faure, « La cité diaphane » est une œuvre difficile à appréhender, à la fois intrigante et confuse, poétique mais sommaire. L’ouvrage met en scène un archiviste à propos duquel on ne sait rien si ce n’est qu’on lui a confié pour mission de se rendre dans la cité morte de Roche-Étoile afin de tenter d’en reconstituer la chute. Sept ans auparavant, cette ville florissante et protégée d’une entité baptisée « la Déesse » a en effet été victime d’une malédiction ayant contaminé ses eaux et emporté tous ses habitants. Tous… ou presque. Car comme notre archiviste va très vite s’en rendre compte, la cité est loin d’être aussi déserte que ce que le reste du monde à l’air de croire. Au fil de ses pérégrinations, l’érudit va être amené à rencontrer d’anciens habitants, tous plus étranges les uns que les autres, et ainsi retracer progressivement les derniers jours de Roche-Étoile ainsi que les causes de la malédiction. Mais les indices ne sont pas toujours faciles à assembler, ni les ombres rencontrées ce qu’elles semblent être, si bien que les interrogations s’accumulent. Pourquoi le forgeron est-il resté aussi longtemps seul dans la cité ? La licorne noire qui rode à la lisière de la ville est-elle la cause du mal d’onde qui fut fatal à la cité, ou bien la clé pour lever la malédiction ? Et la princesse, celle qui devait prendre la tête du clergé de la Déesse avant le désastre, où se terre-t-elle à présent ? La construction narrative du roman est quelque peu perturbante, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, parce l’intrigue est morcelée en plusieurs grands pans dont l’achèvement pourrait chaque fois marquer la fin du roman avant que celui-ci ne reparte dans une nouvelle direction. L’histoire de l’archiviste n’occupe ainsi qu’une toute petite partie du récit qui prend régulièrement un tournant inattendu. L’autre particularité du texte réside dans l’imbrication permanente entre le passé de Roche-Étoile et son présent, l’autrice alternant les allers et retours dans l’histoire de la cité qu’elle ne nous révèle que par petits bouts. Le résultat est un peu perturbant pour le lecteur, notamment dans la première partie puisque l’autrice y fait référence à quantité de personnages et d’événements sans les expliciter ou les présenter, cette étape ne venant que bien des chapitres plus tard.



Le lecteur évolue donc dans un premier temps dans un décor qu’il ne comprend pas et navigue entre des personnages dont il ne sait rien, et il faudra attendre la deuxième partie pour que le voile soit enfin levé sur des épisodes passés, évoqués dès le début mais sur lesquels on ne disposait jusqu’alors que de peu d’informations. L’autre aspect qui peut s’avérer déroutant (mais qui, à mon sens, est bien plus maîtrisé) concerne le doute entretenu concernant la fiabilité du récit qui nous est donné de la chute de Roche-Étoile. La version officiellement reconnue est ainsi amenée à évoluer à mesure que des révélations sur le narrateur nous parviennent. Le roman repose ainsi sur plusieurs rebondissements qui nous amène à revoir l’intrigue sous un œil totalement nouveau, et, en cela, l’intrigue est une vraie réussite, d’autant que le pari était plutôt risqué. Là où le bât blesse, c’est en ce qui concerne le cadre pour le moins rudimentaire de l’histoire, à la fois en terme de décor mais aussi de personnages. Le roman se déroule exclusivement dans la cité de Roche-Étoile, parfois lorsqu’elle était encore peuplée et vivante, mais le plus souvent telle qu’elle apparaît aujourd’hui : vide et morte. Le décor est par conséquent minimaliste, et, si l’atmosphère glauque dans laquelle baigne la cité a quelque chose d’envoûtant, elle peut aussi s’avérer oppressante à la longue. La noirceur et le désespoir qui émanent de la cité et de ses rares occupants sont en tout cas saisissants, et magnifiés par de sublimes illustrations intérieures signées de la main même de l’autrice, reproductions de gravures à l’eau-forte réalisées pour l’occasion. Peu nombreuses, ces dernières parviennent néanmoins à saisir la quintessence du drame de Roche-Étoile et de sa lignée royale et participent à donner une dimension plus poétique, parfois presque mythique, à l’histoire.



La sobriété du décor ne serait pas si dérangeante si ce dernier n’était pas habité par des personnages paraissant aussi éthérés et peu accessibles que le reste. L’absence de noms, bien que pouvant paraître anecdotique, n’aide pas à rendre vivants les êtres croisés lors du périple de notre héros. « L’archiviste », « la belle dame », « le forgeron », « le mendiant », « la princesse »… : tous ne sont définis que par un archétype (les noms ne pouvant être révélés sous peine de donner pouvoir à des démons), et cela renforce la distance entretenue entre le lecteur et les habitants de Roche-Étoile qui manquent cruellement de chair et de chaleur. Difficile de parler de tous sans trop en dévoiler, l’intrigue reposant sur l’identité cachée de plusieurs de ses protagonistes, mais deux d’entre eux tirent malgré tout leur épingle du jeu, tandis que les autres, trop succinctement évoqués, peinent à éveiller l’intérêt du lecteur. Le narrateur est évidemment le personnage le plus développé, ce qui n’empêche pas d’éprouver quelques incompréhensions face à certaines de ses réactions ou à l’intensité démesurée de ses émotions. Il est également frustrant de constater que celui-ci laisse volontairement dans l’ombre plusieurs aspects de l’intrigue qu’il aurait été intéressant de développer afin d’insuffler davantage de vie aux différents acteurs du drame de Roche-Étoile, ou de profondeur à l’univers qui demeure ici très superficiel. L’égocentrisme dont le héros fait preuve participe d’ailleurs à renforcer l’impression de vide qui émane du décor puisque, lignée royale mise à part, très peu de personnes sont évoqués, ne serait-ce que des figurants, ce qui donne l’étrange illusion que la cité n’était pas vraiment plus vivante avant qu’après l’apparition du mal d’onde.



« La cité diaphane » est un roman déroutant qui baigne dans une ambiance glauque saisissante et met en scène l’arrivée d’un archiviste en quête de réponses dans une cité morte et maudite depuis des années. La construction narrative, quoique parfois source de confusion, est néanmoins soignée et bien pensée, réservant ainsi de belles surprises aux lecteurs. La sobriété du décor et le manque de vie insufflée aux personnages ne nuisent toutefois à l’immersion et ne permettent de véritable implication émotionnelle.
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La Cité diaphane

Roche-Etoile. Une cité fantôme. Une malédiction qui a annihilé toute, ou presque, sa population. Un archiviste d'une autre cité qui, sept ans plus tard, décide de s'y rendre pour comprendre ce qu'il s'y est passé, et qui y découvrira bien plus qu'il ne s'y attendait.



Une plume particulièrement maîtrisée et travaillée, qui trouve toujours le mot juste, qui a la saveur des récits fantastiques du XIXème, mais qui n'est pas pour autant, et heureusement, dénuée de modernité plus fantasy.



Une histoire, qui, de méandres en méandres bien ficelés se dénouant subtilement, avec cohérence et recherche, nous entraîne dans un monde troublant, monde de la noirceur, de l'illusion, de la démesure, dans lequel la réalité n'est pas toujours celle que l'on croit, et les personnages pas toujours ceux auxquels l'on s'attend.



Des gravures à l'eau-forte en noir et blanc réalisées par l'autrice, qui mettent parfaitement en valeur, aux moments bien choisis, le récit conté, en une sombre poétique éminemment gothique.



Un premier roman sacrément prometteur, qui m'a totalement emportée avec lui, tant les personnages, l'intrigue, le style, forment un tout symbolisant parfaitement la cité diaphane qu'ils engendrent par leur entremise.
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La Cité diaphane

Avec sa couverture fine et pleine de mystère, ses eaux fortes envoûtante et son aura, La Cité Diaphane a fait parler d’elle dès sa sortie. Mais moi, j’attendais le bon moment pour en emprunter les allées. Il me fallait cette période de l’année où le fantastique s’immisce partout et je l’ai trouvé !



Avec sa plume et ses pinceaux terriblement oniriques, Anouck Faure m’a fait vivre une bien belle expérience entre conte de fée de la Renaissance et conte courtois du Moyen Âge. Elle m’a aussi donné l’impression d’arpenter les rues interdites de la maudite Shadar Logoth de la Roue du Temps. Ce fut donc un voyage des plus étranges dans lequel je me suis immergée le temps d’une belle soirée pluvieuse et froide.



Comme je le pressentais, La Cité Diaphane est avant tout un titre d’ambiance. Il a donc tout pour cliver les lecteurs. Soit on se laisse embarquer par la plume poétique de l’autrice et le voyage singulier qu’elle propose, soit on trouve cela artificiel et vain. Aimant les belles plumes, aimant les voyages étranges, aimant les plongées dans l’inconnu et les méandres des pensées des personnages figurés en cheminements réels, j’ai adoré, mais je pense que cela peu en rebuter plus d’un. L’autrice nous invite en effet à revisiter le merveilleux dont sont faits les contes mais avec sa touche d’artiste plasticienne. Ainsi la Cité de Roche-Etoile, lieu de l’histoire, en est également le personnage principal et sa matérialité prend beaucoup de place. J’ai aimé déambuler dans ce lieu perdu, abandonné, nécropole brumeuse et étrange dont personne ne comprend ce qui lui est arrivé. C’est un peu comme visiter le château de la Belle au bois dormant pendant le maléfice.



Cependant l’autrice ne s’arrête pas là. Elle propose une vraie aventure, une aventure tragique qui vient gratouiller avec noirceur l’âme de ses personnages. Elle plonge ainsi dans les racines de la cité et dans les racines du mal. Elle nous propose pour cela de suivre un personnage tout aussi retors que le lieu où on se trouve : sorcier, archiviste, père – mère des anciens souverains, il est tout et rien à la fois, mais encore là dans ces allées. Étrange personnage, il fera revivre l’âme de la Cité et des habitants le temps de sa quête, accompagné d’un forgeron anti-héros et d’un prince pas plus héroïque que le premier, des personnages qui ont tous une fibre qui n’aurait pas dû les placer sur notre chemin, mais ils sont là. Cependant, l’autrice crée une sorte de barrière entre eux et nous qui rend compliqué le transfert d’émotions entre nous, sauf à de trop rares moments.



Le rythme de l’histoire est lent, retors, étrange souvent, perturbant parfois. L’autrice fait démarrer son histoire dans une brume épaisse, qu’on croit voire se dissiper lors des premières déambulations dans la Cité mais qui ne se referme qui mieux sur nous ensuite. La quête de notre archiviste prend ensuite la relève et nous emmène dans le passé de ce lieu, avant qu’un autre protagoniste prenne la relève pour nous entraîner dans les racines et origines de celle-ci. J’ai aimé cette lenteur onirique et envoûtante qui a participé à mon immersion dans ce sombre univers poétique, un brin macabre et glauque aussi parfois, par touches.



Le ton général de l’oeuvre est d’ailleurs bien sombre derrière la joliesse et la finesse de cette Cité enchantée de Roche-Etoile. On pourrait se croire dans un joli conte de fée, mais ce sont dans ses sombres coulisses dérangeantes que nous entraîne l’autrice, à l’aide de roi fou, de mère absente, de géniteur/trice des plus dérangeants et de personnages à qui on donne un rôle dont ils ne souhaitent pas. Cela n’a donc rien de lumineux. C’est une quête plutôt sombre qui se dessine, dont les réponses le seront encore plus, car c’est un conte macabre, gothique que nous propose Anouck Faure, avec une dimension incarnée qui va aux racines de ce mot grâce aux monstruosités qu’elle travaille dans leurs chairs. Je n’étais pas prête mais j’ai adoré ce décalage avec la finesse première de la cité qui la rendait aussi fine et pure que de la dentelle, alors qu’elle renfermait un secret bien plus sale et poisseux.



Aussi vertigineux que sa couverture, le premier roman d’Anouck Faure nous entraîne dans les entrailles d’une Cité aussi belle en apparence que sombre dans ses racines. Ce fut un voyage sensible aussi onirique que poisseux, à l’image des sentiments tourmentés des personnages qui l’animent et nous y entraînent. Parfois un peu lointain, rappelant les personnages parfaits des romans courtois, avant que la chute de la Connaissance ne les incarne, ils terrassent le lecteur dans les dernières pages, pour une expérience tout à la fois sublime, vicieuse et viscérale. Je ne suis pas prête de lâcher l’autrice dans ses douces folies macabres.
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La Cité diaphane

Je connaissais déjà Anouck Faure pour son travail d’artiste plasticienne. Elle a ainsi illustré la couverture de La nuit du faune et, sous le pseudonyme d’Amaryan, celles de Valadonne, La faune, Atalante, Hors caste, ou encore toutes les illustrations de Dremence. Un travail que j’admire, car Anouck révèle une maîtrise époustouflante de différents outils artistiques !



Elle avait déjà fait paraître trois livres en tant qu’autrice – un album jeunesse et deux livres d’art – mais c’est avec La Cité diaphane, à paraître le 3 février aux éditions Argyll, que je découvre sa plume. Et quelle plume !



Au vu de son talent artistique, je ne doutais pas qu’Anouck Faure possédait une plume aussi belle et maîtrisée que ses oeuvres. Cela s’est confirmé dès les premières pages. Le style d’Anouck est à la fois fluide et poétique, chaque mot est évocateur, nous immergeant dans l’histoire, et dans le même temps, résonne de façon harmonieuse avec les autres. Un chant des mots qui m’a envoûtée.



Nous marchons dans les pas de l’archiviste, qui s’en vient à Roche-Étoile pour compléter les archives de son seigneur en y détaillant ce qu’il a bien pu advenir, 7 ans plus tôt, lors d’une terrible catastrophe : le mal d’onde a empoisonné les eaux du lac d’où s’élève la Cité, tuant en quelques heures l’intégralité de sa population.



L’intégralité ? Que sont ces sons qui résonnent, dans la Cité, au coeur de la nuit ? Ne reste-t-il pas des âmes esseulées dans cette ville devenue tombeau ? L’archiviste, en tentant de percer les secrets de Roche-Étoile, risque bien de contempler des eaux plus noires encore que celles du lac…



La Cité Diaphane est un bijou noir. Il est un parfait mélange entre fantasy gothique et dark fantasy. Fantasy gothique, parce que le sujet central du roman est bien Roche-Étoile, cité aux origines mythiques, à l’architecture qui ne rougirait pas de la comparaison avec des cathédrales aussi grandioses que tarabiscotées ; cité où est révérée la déesse sans visage, dont les statues voilées évoquent là aussi le mouvement gothique ; cité qui cache bien des secrets, dont le moindre n’est pas celui qui est la cause du mal d’onde – et là encore, on est dans le gothique.



Dark fantasy, parce que La Cité diaphane est un roman à l’ambiance sombre. Les ténèbres semblent jeter un voile partout – même les scènes se déroulant en plein jour paraissent nimbées de nuit. Le givre et la neige rajoutent à l’atmosphère vide, mortifère, qui imprègne la ville morte. Les personnages eux-mêmes ne sont pas en reste : ils sont loin d’être innocents, et possèdent toutes les nuances du gris sur le spectre de l’immoralité.



Parlons-en des personnages ! Merveilleusement bien construits – et je souligne, à nouveau, l’intelligence de la plume, qui pose ici et là de subtils indices, nous indiquant que la vérité reste encore hors de portée. Pour l’heure… Un mystère savamment entretenu et délicatement effeuillé, au point que j’ai terminé le roman tard le soir, incapable de lâcher l’ouvrage, désireuse de tout savoir, à l’image d’un des personnages.



Un jeu de dupes se tisse entre les quelques âmes croisées par l’archiviste qui nous narre l’histoire, et l’archiviste en question. À mesure que l’on progresse dans le roman, les masques se fissurent, les secrets se dévoilent peu à peu. À mesure que l’on s’enfonce dans la cité, son coeur corrompu se déploie dans toute son horreur, et nous voulons tellement creuser, encore et encore, pour lever ses mystères, que nous la contemplons dans un mélange de répulsion et de fascination.



Je parle d’horreur, mais nous ne sommes pas là dans un roman horrifique – Anouck nous emmène par la main dans les profondeurs obscures des âmes comme de sa Cité, en douceur. La noirceur s’accentue ainsi par degrés, permettant un voyage supportable, même s’il possède des allures de descentes aux Enfers que n’aurait pas renié Dante.



Enfin, pour parachever la beauté de l’oeuvre écrite, La Cité diaphane s’orne de neuf gravures en noir et blanc réalisées par l’autrice, qui magnifient le texte, et est publiée sous une superbe couverture de Xavier Collette.



Pour un premier roman, c’est brillant ! Brillant, avec de multiples facettes, tel un diamant noir. Un roman à la plume flamboyante, aussi sombre que fascinant. Un roman qui prouve que peu importe l’outil qu’elle a entre les mains, plume ou crayon, pointe sèche ou lame de rasoir, Anouck Faure crée des oeuvres aussi magnifiques qu’inoubliables.



La Cité diaphane est ainsi mon dernier coup de coeur pour l’année 2022, sans aucun conteste !



Ouvrage reçu dans le cadre d’un service presse, merci aux éditions Argyll pour leur confiance ! Il est actuellement en pré-commande.



Cette lecture s’inscrit dans le cadre du Cold Winter Challenge, menu Hiver sombre, catégorie Nuit du solstice.
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La Cité diaphane

Anouck Faure avait publié un album jeunesse et deux livres d’art, La Cité diaphane est donc son premier roman. Il est publié par les éditions Argyll. Le nom d’Anouck Faure ne vous est peut-être pas inconnu, car c’est une artiste plasticienne et elle a illustré notamment la couverture de La nuit du faune de Romain Lucazeau chez Albin Michel Imaginaire. La Cité diaphane oscille entre la fantasy gothique et la dark fantasy. La très belle couverture est signée Xavier Collette. Des illustrations de l’autrice parsèment également le roman.



Le sujet central du roman est cette fameuse cité qui donne son nom au livre, au point qu’elle en devient presque un personnage. Roche-Étoile fut une cité fabuleuse et majestueuse aux origines mythiques. La déesse sans visage y était révérée, les statues la représentant étaient nombreuses et l’architecture des bâtiments grandiose. Mais il y a de cela 7 ans, la ville connut un terrible destin connu sous le nom de mal d’onde qui a transformé les eaux de son lac et de ses puits en poison mortel, décimant ainsi l’intégralité de sa population. La cité s’est vidée de toutes âmes, laissant le souvenir de sa grandeur dans les esprits. L’archiviste d’un royaume voisin a pour mission de reconstituer les derniers jours de Roche-Étoile, et va y croiser encore quelques personnes esseulées errant au cœur de la cité.



Roche-Étoile étant au centre du récit, on sait assez peu de choses sur le reste de l’univers. Roche-Étoile reflète un monde sombre, ténébreux rappelant ceux de la littérature gothique, avec des espaces vertigineux et des secrets cachés dans les profondeurs. La cité est à la fois effrayante et fascinante par sa démesure et sa grandeur. On a envie de connaitre son histoire, de savoir les origines du mal qui l’a frappé, de mieux la connaitre. Elle intrigue le lecteur autant qu’elle le rebute, car elle est synonyme de mort et de fantômes. Le récit est un huis-clos se déroulant dans cette cité. L’atmosphère est sombre, froide, très bien rendue par la plume de l’autrice qui se fait à la fois poétique, cruelle et envoutante. Anouck Faure a créé toute une mythologie autour de la déesse sans visage. Celle-ci est liée au destin de la cité, et à ses personnages. L’intrigue n’est pas linéaire et il va falloir plonger dans le passé des habitants de Roche-Étoile pour comprendre ce qui est advenu.



Pourtant malgré tous ces aspects envoutants et réussis, il m’a manqué quelque chose pour véritablement entrer dans cette histoire si particulière. Anouck Faure s’est concentré sur l’aspect esthétique de son histoire, avec une cité à la démesure provenant à la fois des bâtiments et du lieu où elle fut construite. A ce niveau, le roman est un véritable bijou. Cependant, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages qui paraissaient trop irréels, et leur destin m’a semblé trop empreint de légendes. J’aurai aimé également en savoir plus sur l’univers dans lequel se situe Roche-Étoile.



La Cité diaphane est ainsi un roman particulier, oscillant entre le conte noir et la fantasy gothique. Anouck Faure a une plume envoutante et un sens de l’esthétique superbe. Le roman a de nombreux atouts pour séduite le plus grand nombre. J’avoue avoir eu du mal à véritablement entrer dans le récit sans doute pour son aspect trop légendaire. Néanmoins, je suivrai avec curiosité les pas d’Anouck Faure.
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La Cité diaphane

La cité diaphane est un premier roman de fantasy gothique grandiose où la plume acérée et poétique d’Anouck Faure tisse une ambiance envoûtante magistrale. L’intrigue, pleine de surprise, est à la fois conte tragique intime et mythe universel où mystères et révélations nous emmènent au cœur d’une cité fascinante.



Critique complète sur yuyine.be!
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La Cité diaphane

Le premier tiers de La cité diaphane m’a totalement conquise. Que ce soit la plume ou l’ambiance, tout est rapidement en place pour se plonger pleinement dans le roman.

Dès les premières lignes, j’ai eu l’impression de lire une sorte de cauchemar d’Innsmouth. J’ai retrouvé un paquet d’éléments très lovecraftiens.

J’ai adoré la manière dont ce narrateur s’approche furtivement de la cité diaphane, comme celui de Lovecraft s’approchait d’Innsmouth.

Ajoutons à cela quelque chose de très sensoriel dans le rendu. Le narrateur semble vouloir enfin conserver sa raison pour éviter le plongeon dans la folie douce. En bref, me voilà entièrement conquise par cette ambiance rapidement et efficacement posée.

J’ai également été complètement séduite par la plume de l’autrice, poétique, charmeuse et glamour. Il se dégage de sa plume un très grand naturel, les mots coulent tout seuls. Et pour un premier roman, c’est vraiment bluffant.

D’autant plus bluffant que La cité diaphane est une œuvre complète, assortie de plusieurs gravures originales de l’autrice. Elles accompagnent à la perfection le roman et favorisent l’immersion. En effet, Anouck Faure écrit comme elle dessine : au-delà de ses mots se dégage un éventail de blancs/gris/noirs. Son roman est un parfait exemple de clair-obscur. Elle écrit les contrastes de couleurs de manière métaphorique et traite les formes de la même manière. L’autrice est également une plasticienne des mots.



Je l’ai dit plus haut, c’est le narrateur qui raconte sa propre histoire. Sur ce plan, c’est très intéressant à plusieurs titres. D’abord, le « je » narrant et le « je » narré sont bien distincts. On a le flou lié au temps, avec des souvenirs assez vagues. On a un narrant qui se distingue de son propre personnage passé, donnant l’impression d’avoir deux personnages différents. Il n’hésite pas à commenter ce qu’il a vécu, et aussi à anticiper la suite, sans rien en dire. En bref, il endosse là toutes les fonctions du narrateur, en plus d'être un très bon communicant ! Ce faisant, il nous intègre complètement dans le récit.



La structure du roman est très particulière aussi, car à l’issue du premier tiers arrive une grosse révélation. Celle qu’on aurait été en droit d’attendre à la fin du roman. C’est très réussi, car on se rend compte qu’on s’est un peu fait berner depuis le début, et cela remet en question la fiabilité du narrateur. On commence alors à vaciller, et à se rendre compte que ce roman est à l’image de sa cité : trompeur, bourré de miroirs et de reflets déformants.

Ensuite l’autrice nous propose un récit dans la suite du premier, mais qui va l’éclairer, le compléter. En somme, lui donner une autre lecture. C’est comme si l’on soulevait un à un les voiles qui recouvraient les personnages et la cité. Tout le roman est construit sur ce principe, de récit à différents niveaux en révélations.



Malheureusement, c’est à ce moment que mon attention, paradoxalement, a décru. Tout d’abord parce que j’ai eu la sensation, tout au long du roman, de lire une redite de ce premier tiers. Avec le regard du narrateur ayant retrouvé son identité, puis celui d’un autre personnage. Bref, autant de versions dont je me serais passée, parce que l’effet de surprise n’a pas fonctionné sur moi dans la durée. (Ca me rappelle un peu Eversion, qui m'était tombé des mains pour la même raison).

D’autre part, le roman s’engage peu à peu dans un tournant assez weird. Bestioles terrifiantes, surnaturelles et monstrueuses, mal d’onde, population décimée, fluides un peu beurk partout… Et surtout, métamorphose. Elle est partout, chez les personnages, la ville, les perceptions… La licorne noire en est un très bel exemple, et m’a un peu fait penser à des pages des Chants de Maldoror de Lautréamont, avec des fluides dégueu et des croûtes partout. C’est réussi mais répétitif à la longue. L’abomination par-ci, l’abomination par-là… Si chez Lovecraft, cela s’arrête rapidement puisque les textes sont courts, là, cela perdure pendant tout le roman. Et quand cela va de mal en pis pour les personnages, je décroche encore plus, tant j’ai l’impression d’être dans la surenchère et l’exagération. Peut-être est-ce l’effet recherché, mais au-delà d’un certain seuil, je n’adhère plus, par lassitude.

Enfin, je dois avouer que le cœur de l’intrigue ne m’a pas du tout passionnée. Tant l’histoire familiale que les liens entre ces personnages et la déesse. La rencontre avec celle-ci ne n’a pas du tout séduite, tant j’ai trouvé ses paroles et ses motivations vraiment dérisoires et ridicules. J’avoue que la descente sur le chemin des rois m’a semblé loooooooong, très très long, trop. Et pourtant, le roman est assez court. Mais je l’ai fini en tirant un peu trop la langue et trop heureuse d’en tourner la dernière page. Dommage…



Je retiendrai malgré tout une ambiance remarquablement dépeinte, et une plume incroyablement sûre, mûre, travaillée et naturelle à la fois. Une artiste de talent et à suivre, assurément !
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La Cité diaphane

Le nom d’Anouck Faure – artiste plasticienne et autrice – n’est pas inconnu sous nos latitudes. Elle a signé plusieurs couvertures pour divers éditeurs du milieu (Denoël, Folio « SF », La Volte, Albin Michel Imaginaire, etc), et même une illustration dans ces pages (cf. Bifrost n° 107). La Cité diaphane est son premier roman, qui nous plonge dans un univers de fantasy gothique. Si l’autrice n’en signe toutefois pas la couverture, œuvre de Xavier Collette – comme pour tous les livres d’Argyll –, elle nous offre une douzaine de gravures qui en ponctuent les chapitres.



La cité évoquée dans le titre est Roche-Étoile. Haut-lieu du culte d’une déesse sans visage, désormais réduit au silence et à l’aban­don, suite à la contamination des eaux alentours par un étrange mal. Le personnage qui va nous guider dans ce paysage hanté est archiviste, là pour enquêter et consigner l’histoire de cette cité. Dans ces ruelles dé­sertées où prononcer un nom revient à rendre une sentence, il en est néanmoins un qui va émerger : Vanor. Sur ses épau­les se trouvent tour à tour la so­lution ou le problème, suivant qui en parle – forgeron, vagabond, guerrière.



L’écriture d’Anouck Faure est forte en images et arrive à créer un cocon, certes glauque, dans lequel on s’installe pour profiter du déroulement de l’histoire, au gré des rebondissements qui la jalonnent. La présence des gravures renforce l’ambiance globale de noirceur, déclinée en diverses nuances. Les thèmes centraux du roman sont littéralement énumérés au sein du livre : « vengeance, pouvoir, connaissance, haine, amour » (p. 136). On y rencontre fantômes et licornes, mais aussi d’autres créatures qui se disputent la palme de l’horreur.



Réflexion sur la famille, sur le fait de refuser son destin – on pensera ici à Thecel –, sur la postérité et la transmission, La Cité diaphane parvient à nous faire vibrer pour le destin de cette cité où il n’y a, semble-t-il, plus rien à sauver. Les motivations de certains protagonistes surprennent parfois, mais trouvent leur explica­tion à mesure que l’histoire se déroule.



De très belles pages à découvrir, une plongée tragique mais pas nihiliste, amère mais nimbée d’une certaine tendresse.



Critique parue dans le Bifrost 110
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La Cité diaphane

Une œuvre magistrale à lire de toute urgence !

Avec La Cité Diaphane, Anouck Faure signe son premier roman. Son univers mêle conte, dark fantasy et gothique pour un récit vertigineux à la narration soignée approfondie de mises en abyme. Entre éther et monstruosité, elle nous propose un récit qui n’a que faire du manichéisme, préférant la complexité d’âmes grises, de personnages ambigus aux amours viscérales confrontés à un mal étrange et mortifère dans une cité déchue et exsangue. L’âme d’artiste d’Anouck se ressent à travers sa plume, tout autant que par ses gravures qui agrandissent la lecture de ce récit.

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Avant-propos

J’ai connu Anouck via l’illustration de couverture du La Nuit du Faune de Romain Lucazeau aux Éditions Albin Michel Imaginaire. Mais si je l’ai découverte à travers son art plastique – gravure, eau-forte, dessin à l’encre –, quel plaisir de découvrir à présent sa plume ! Car Anouck est artiste plasticienne et autrice. Son univers déborde d’onirisme, de paysages qui sont autant de voyages intérieurs ; le tout lié à la nature, à la mer et aux racines, et aux mythologies, cette douce artiste étant née en Nouvelle-Calédonie. Dans un autre article, il faudra que vous parle de son livre d’art poétique Ta’aora, cosmogonie Océanienne, paru aux Éditions Apeiron.

Avant de vous livrer mon ressenti sur son premier roman, je la remercie très chaleureusement, ainsi que Xavier Dollo et les Éditions Argyll pour l’envoi de ce service presse ! La Cité Diaphane va sortir ce 3 février 2023, je compte sur vous pour vous le procurer et lui faire une place de choix dans votre PAL ou votre chevet !

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Introduction

Roche-Étoile, c’est comme l’écho lointain d’un rêve. Imaginez : le déclin du royaume dû à une malédiction, à un mal, le mal d’onde. Érigée à même la roche d’où lui vient son nom, elle se dresse, solitaire, au bord des territoires des démons. Sept années auparavant, elle a été maudite. Aussi, la cité de la déesse sans visage est aujourd’hui une cité fantôme. Mais voilà que l’archiviste a entrepris le voyage jusqu’à elle, pour retranscrire le récit de sa chute.

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La cité déchue peut-elle être sauvée ?

Dans les pas de l’archiviste, nous abordons le bois aux Astres et le lac, à la surface inerte et couleur encre qui témoigne de l’empoissonnement des eaux, le mal d’onde. L’ambiance est nocturne, hiémale, les arbres incarnent des silhouettes torturées, le silence rendant les lieux hantés. Tout à coup, une monstrueuse apparition fait face à l’homme envoyé par le maître des Marches : un démon ? L’archiviste a été mandé pour écrire la chute de Roche-Étoile. Il pense être la seule âme vivante à se rendre en ce territoire mortifère. Il se hâte de rejoindre la cité, délaissant la nature terrifiante derrière lui.

Avec lui, nous découvrons l’architecture labyrinthique de Roche-Étoile, ses innombrables ruelles qui dirigent toutes, si l’on n’y prend pas garde, jusqu’au sanctuaire de la déesse sans visage, d’ailleurs, une multitude de statues au visage voilée l’idolâtrant fluctuent. La cité est déserte, pas de cadavres, pas d’animaux ni d’insectes, les portes sont closes ; nous nous attendons à voir surgir à tout moment des fantômes. Et pourtant, ce sont des êtres bel et bien vivants que l’archiviste va rencontrer.

À commencer par le forgeron, occupé à ferrer un cheval ; le feu de sa forge brûle sans cesse. Toutefois, cet individu paraît décousu, peut-être un peu fou. Néanmoins, il apprend de sa bouche qu’une autre personne se trouve dans la cité : une jeune dame. Coïncidence que deux personnes se soient rendues ici au même moment ! Avant de rencontrer la jeune dame, l’archiviste va se retrouver face au mendiant, un jeune homme à la voix envoûtante mais aux déformations physiques repoussantes. Le pauvre bougre souffre sans aucun doute du mal d’onde, l’archiviste consent à lui donner de l’eau du bassin qu’il lui réclame à boire ; là, l’eau est cristalline, visiblement non empoisonnée.

Quant à la jeune dame, il s’agit d’une chevaleresse au service de la déesse sans visage. Elle a fait le serment de lever la malédiction de Roche-Étoile. L’archiviste et elle n’ont de ce fait pas la même vision : pour le premier, la cité est morte, il est là pour écrire sa chute, tandis que la seconde est persuadée que la cité peut-être sauvée. Malgré tout, ils vont faire équipe pour une première étape, mettre la main sur les archives, là ils trouveront des pistes quant au mal qui s’est abattu ici.

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Un conte de fantasy gothique

Anouck nous offre un véritable conte de fantasy gothique : à travers Roche-Étoile, le culte de la déesse sans visage, les personnages, les monstres…

Roche-Étoile a été bâtie sur et en partie dans une roche tombée du ciel, de là lui vient son nom. Toutefois, elle se caractérise également par le fait d’être toute proche des territoires des démons, ces êtres qui dominent aisément les âmes en utilisant le nom des gens. Son architecture propose un véritable labyrinthe. À cette heure bien éloignée des fêtes et des lumières d’autrefois, les ombres grouillent en ses entrailles, comme des fantômes ou des monstres. Elle recèle encore bien des secrets, sur son déclin comme sur ses origines. Pour l’heure plongée dans la froidure mortifère, elle paraît exsangue : le mal d’onde qui a sévi a aspiré son essence vitale, elle n’est plus qu’une grise architecture. Les statues de la déesse sans visage veille, dames voilées au cou tordu tourné dans la direction du sanctuaire.

Au fil du récit, nous apprenons que le culte de la déesse sans visage a une emprise entière sur Roche-Étoile. C’est la déesse qui choisit Son roi, celui-ci doit suivre le rite du passage du roi pour être couronné. Pas d’épouse à leur côté, nous supposons que leurs héritiers sont conçus avec une prêtresse de la déesse. Au service de la déesse, des oracles se vouent à Elle, ils Lui sacrifient leur visage, en contrepartie, ils accèdent à Ses savoirs, à certaines facultés comme la prescience. Toutefois, la déesse n’a pas protégé Roche-Étoile du mal d’onde, alors pourquoi aujourd’hui, sept ans après la chute de Sa cité, la jeune dame a été envoyée pour défaire la malédiction ?

L’archiviste, la jeune dame, le forgeron, le mendiant, la princesse… : les personnages n’ont pas de nom, à part l’oracle mais j’y viendrai dans la prochaine partie. C’est pour ne pas que les démons puissent exercer le moindre pouvoir sur leur âme que les noms sont tus. Au-delà de ce fait, cela confère un aspect de conte en désignant par leur fonction les protagonistes. Un conte de sombre fantasy où la chevaleresse doit défaire une malédiction dans un univers nocturne et mortifère où nous croisons des monstres. Des êtres purs ont été corrompu, d’où la source du mal d’onde ; même la licorne blanche, émissaire de la déesse, a été pervertie, elle est devenue noire et monstrueuse, boursoufflée. Ne vous attendez cependant pas un conte entre le bien et le mal, à cet aspect si manichéen que renvoie de prime abord la métamorphose de la licorne. Nous sommes dans un conte de fantasy gothique au-delà de ces clichés, où se mêlent plusieurs quêtes, autant de fils qui composent la toile du labyrinthe de Roche-Étoile.

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Mise en abyme

Pour compléter ce tableau, il est temps d’évoquer Vanor, l’oracle de la déesse sans visage à Roche-Étoile. Ayant donné son visage à la déesse, Vanor a été doté du don de prescience, il a des visions de l’avenir. Pourtant, iel est plus que cela, mais je vous laisserai le découvrir par vous-même. Dans le présent du récit, c’est le forgeron qui nomme en premier l’oracle à l’archiviste, pour lui, Vanor reviendra dans la cité pour éradiquer le mal d’onde. Ce personnage au visage fluctuant, femme, homme, non-binaire, blanc, doré ou noir, est un personnage fascinant par excellence ! Quels sont ses réels pouvoirs ? Pourquoi la déesse l’a-t-elle rejeté.e ?

Pour découvrir cela et plus encore, il nous faut avancer, dans la cité, dans le temps en remontant les archives et plus loin encore.

Voyez-vous, la structure du récit proposé par Anouck se tisse avec brio : diverses narrations s’entremêlent, portées par les voix de plusieurs personnages. Ces mises en abyme confèrent une profondeur vertigineuse à l’histoire en nous offrant des points de vue cruciaux sur les mêmes évènements. Quand je dis ici « les mêmes évènements », ne pensez pas à des répétitions, mais des ajouts, des détails, des pensées qui viennent s’ajouter et éclairer sous leur vrai jour les actions des personnages.

Cela est vertigineux car ce procédé nous emmène autant dans les méandres de Roche-Étoile autant que dans ceux de psychés aux amours viscérales. Il y a une certaine grandeur dans le déclin de la cité, il vous faudra remonter aux origines pour l’observer dans toute sa splendeur et sa laideur.

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Les origines

Justement, remonter les archives est le but de l’archiviste et de la jeune dame. Seulement voilà, des phénomènes étranges se répètent pour l’archiviste. La jeune dame et lui voient un monstre dans le sanctuaire, le mendiant les traitent de blasphémateurs d’avoir ouvert le recueil d’archive… Les dernières lignes, lues par l’archiviste, évoquent la corruption de la princesse, ce serait à cause d’elle que le mal d’onde aurait pris source. Étrangement, l’archiviste va tout de même demeurer avec la jeune dame, jusque dans le bois aux Astres, pour traquer le monstre. Après tout, l’archiviste n’a-t-il pas vu, en arrivant aux abords de la cité, l’apparition monstrueuse à l’origine du mal ? Suffira-t-il d’éradiquer cette abomination pour défaire la malédiction qui a vampirisé Roche-Étoile ?

La mythologie qui imprègne la naissance de Roche-Étoile, la pierre tombée du ciel, s’incarnera plus vrai que nature, car pour remonter au mal, il faudra creuser jusqu’aux origines de la cité qu’il parasite. Les origines de ces deux tangentes se relient comme les étoiles d’une constellation, du cosmos duquel est venue la roche, du cosmos dont les étoiles fascinent Vanor qui souhaiterait voyager à travers leur matière. D’ailleurs, les couleurs et le blason de Roche-Étoile est un ciel bleu indigo paré d’étoiles or et argent. Le cosmos et les entrailles rocheuses, qui abriteraient un lac, reliés par Roche-Étoile, cité ancrée s’élançant vers le ciel comme les arbres.

L’origine du mal d’onde, de Roche-Étoile, de la lignée royale même, le récit déterre tout cela, quitte à y laisser quelques ongles et la raison.

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Un goût de songes et d'éther

La plume d’Anouck nous transporte dans ce récit à la narration atypique, tant en mêlant plusieurs voix pour des mises en abyme vertigineuses que par le ton aux accents presque froids, indifférents, alors qu’amours viscérales riment avec les hurlements intérieurs de la trahison. Son écriture précise nous rend avides de tourner les pages : ma lecture a été impérieuse, tout comme la curiosité féroce de Vanor. Bien sûr, ce roman recèle tout ce que j’aime, mais quel plaisir de m’être plongée dans ce délicieux récit aux accents profondément mélancoliques, qui laisse un goût de songes et d'éther.

Cet univers labyrinthique et par moments monstrueux, en une renversante descente aux enfers, fleure également la neige, les pierres givrées, tout comme le feu entretenu sans cesse par le forgeron. Entre les lignes, demeure une trace d’encens, de fleurs de millepertuis, une fragrance orageuse nocturne, minérale. Ce genre de dualités, de couples complémentaires bien qu’antagonistes, se retrouvent à divers niveaux dans le récit : les couleurs, les matières, les éléments, les sentiments… Je crois bien qu’il s’agit d’une sensibilité artistique, car moi-aussi mes écrits en sont truffés.

Plusieurs fils se tendent et s’entremêlent dans le récit, tandis que les décors se succèdent, plus nous plongeons dans Roche-Étoile et découvrons sa vérité. Tout comme l’impression onirique et vaporeuse qui m’imprégnait au cours de la lecture, les personnages sont nimbés d’évanescence. Leur apparence indifférente et froide cache d’incroyables jardins intérieurs qui se heurtent à Roche-Étoile, à la déesse elle-même. Dans toute leur ambiguïté, leur amour dévorant, dévastateur, leur vanité voire leur folie, leurs émotions vibrent au point de pouvoir déclencher des séismes, des avalanches… ou la chute d’une cité. Cette retenue alors qu’ils sont animés de cette grandeur, de cette terrible effervescence, voilà qui est sublime, et qui n’a pas fini de me fasciner.

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Un écrin aux couleurs de Roche-Étoile

La Cité Diaphane se découvre dans son sublime écrin dont l’illustration de couverture par Xavier Colette représente à merveille l’univers onirique et éthéré, mystérieux et symbolique (les visages voilés, la "caverne") de Roche-Étoile, sans oublier la teinte indigo ni les étoiles ! En avant-propos, je vous précisais que Anouck est premièrement connue pour son travail d’artiste plasticienne, eh bien, sachez que dans les pages de ce roman, vous pourrez découvrir 9 représentations pleine page de gravures qu’elle a spécialement conçues pour cet ouvrage !

Anouck est une artiste à multiples facettes, et je trouve fort à propos que La Cité Diaphane en témoigne. Ses productions graphiques apportent une touche supplémentaire à la lecture, au travers de scènes symboliques de l’intrigue, l’aspect esthétique participe grandement à agrandir l’univers littéraire, en une résonance poétique et onirique.
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La Cité diaphane

La Cité Diaphane est un roman remarquable, addictif, servi par une plume poétique, élégante et raffinée, où chaque mot semble avoir été pesé, réfléchi. La richesse du vocabulaire ne se fait pas au détriment du style et des tournures de phrases, qui restent légers et agréables à lire. C'est l'une des grande qualité de ce roman : un style étoffé, soigné et opulent qui reste accessible.



La forme du roman est donc délicatement ciselée, que ce soit par ses mots, par sa couverture ou par ses illustrations intérieures semblables à des gravures. Anouck Faure est une artiste accomplie, qui manie aussi bien la plume que le crayon. Les gravures qui parsèment le roman nous offre donc une vision fidèle de son imagination, de son roman.



En ce qui concerne le fond, l'autrice nous livre un récit original, empli de rebondissements inattendus et de révélations fracassantes (pas de spoilers dans ma critique, pour ne rien divulgâcher). Car la Cité Diaphane et ses habitants - ou ce qu'il en reste - recèlent bien des secrets. Et c'est pour percer ces secrets que nous commençons le roman à la suite d'un Archiviste envoyé à Roche-Étoile pour élucider le mystère de l'épidémie qui a anéanti la ville.



L'histoire se découpe en trois grandes parties. La première est de loin ma préférée. J'ai eu un gros coup de cœur pour la narration, l'intrigue, le personnage de l'archiviste, mais aussi et surtout pour l'ambiance brumeuse, étouffante et oppressante, de ce début de roman. L'atmosphère est absolument captivante, emplie de mystères opaques, d'énigmes à déchiffrer, de personnages à démasquer, le tout dans un décorum gothique empoissé de ténèbres. Les révélations signant la fin de cette première partie m'ont prises au dépourvu, je ne les avais pas vues venir.



La deuxième partie adopte un style et un ton différents de la première, et j'avoue avoir eu un peu plus de mal, à cause de ce changement de perspectives. En effet, ce deuxième arc s'attache à nous expliquer les origines des révélations précédentes, et revient donc dans le passé. Pour simplifier, une sorte de long monologue introspectif et explicatif va nous exposer des faits plutôt que de les mettre en scène. Même si ce n'est pas tout à fait la technique narrative utilisée, je l'ai ressentie comme tel... avec le sentiment que les informations nous étaient expliquées par le menu plutôt que montrées, mises en scène.



Pour autant, ces révélations sont extrêmement intéressantes à suivre. On comprend enfin comment et pourquoi la Cité a succombé au mal d'onde – même si toutes les réponses ne sont pas délivrées à ce moment-là et que d'autres questions se superposent aux interrogations initiales. L'histoire est digne d'une grande tragédie shakespearienne, avec des personnages en proie à des émotions extrêmes, livrés à un destin funeste et inéluctable.



Pour autant, il m'a manqué des sentiments et des émotions dans cette deuxième partie. J'ai été très distanciée des personnages, et même si je pense que c'est un parti pris, pouvoir m'attacher au(x) personnage(s) m'a manqué.



Sur cette question-là, j'ai trouvé la troisième et dernière partie plus dynamique, plus vivante. Peut-être parce que nous retournons au présent. Si elle n'a pas été un coup de cœur comme la première partie, cette ultime partie m'a beaucoup plu. Encore une fois, l'autrice change de ton et de perspectives pour nous livrer un récit plus épique, plus ancré dans l'action, à travers un décorum particulièrement glauque et malaisant. Ce fut un délice de voir l'imagination fertile d'Anouck Faure nous dévoiler un environnement aussi... bizarre. En outre, le suspens est à son comble concernant les dernières révélations qu'on attend.



Malgré la qualité de cet arc, j'ai trouvé qu'il y avait encore des défauts un peu trop présents, à commencer par le procédé narratif L'ultime confrontation m'a aussi un peu parue en-dessous du reste Je n'ai pas trop aimé la fin ouverte, avec des questions artificiellement restées en suspens, comme pour annoncer une suite.



Si je parais aussi critique dans ma chronique de lecture, c'est peut-être que j'attendais davantage de ce roman après la lecture de ses premiers chapitres. Et aussi, parce que je pense que l'autrice aurait pu aller encore plus loin, tant son imagination a du potentiel. Au demeurant, La cité Diaphane est un excellent roman, qu'il m'a été difficile de lâcher. Je l'ai dévoré. J'ai particulièrement aimé son ambiance torturée, enténébrée, ainsi que les mystères que l'autrice sait distiller au fur et à mesure, nous emmenant régulièrement sur des fausses pistes pour mieux nous surprendre ensuite. Le décorum est très imaginatif, surtout dans la dernière partie du roman, où il devient cauchemardesque. Il m'a juste manqué un peu plus d'émotions à certains moments du récit pour que l'impact soit plus fort. Et pour que ce roman soit un coup de cœur complet.
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La Cité diaphane

Voici un roman qui m'a laissée à la fois perplexe et frustrée. J'ai eu beaucoup de mal à le terminer et c'est d'autant plus dommage que le début m'avait séduite. Pourquoi ?



L'histoire est assez simple, mais aussi intrigante : sept ans après la disparition de la population de Roche-Étoile, un archiviste est envoyé sur place pour établir le déroulé exact des événements. Sur place, il rencontre une chevaleresse, un forgeron, un fou et une princesse ; alors que la cité est censée être déserte. Il va tenter d'obtenir leur aide pour mener sa tâche à bien, ce qui ne s'annonce pas vraiment facile...



La suite sur mon blog :
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La Cité diaphane

NOTE : Absolument tout dans cette critique est un spoiler. Si vous n'avez pas lu La Cité Diaphane, ne lisez pas cette review.



Oui, c'est un bon livre. C'est aussi un beau livre. Je vais donc commencer par l'esthétique de celui-ci.



Il y a dans cette couverture une espèce de minimalisme appréciable très représentatif du contenu : Roche-Étoile est une cité aux formes bien définies, mais dont on ne connaîtra jamais les détails. La déesse domine tout, mais Vanor aussi, alors tous deux figurent au sommet de l'image. Tous deux, si similaires l'un à l'autre comme on l'apprend dans les dernières pages, s'opposent et se tournent le dos : la déesse a eu beau amener Vanor à son côté, elle l'a fait pour se protéger de sa puissance, et Vanor a eu beau chercher à l'approcher, il ne l'a jamais vraiment pu (et quand il l'a pu, la déception et l'horreur l'ont fait s’éloigner).



J'ai eu le sentiment que ce récit se déroulait de nuit. Toutes mes visualisations mentales projetaient un espace sombre, nocturne, à mi-chemin entre le conte merveilleux et le conte fait pour terrifier les enfants au moment de se coucher. Le bleu m'a donc semblé approprié. (+Le marque-page est cool. J'en ai eu deux. Juré, ça a fait ma journée quand j'ai vu ça.)



Les illustrations à l'intérieur, tout aussi sombres, font cependant contraste avec le minimalisme de la couverture : détaillées, à l'esthétique réaliste si ce n'est pour les scènes qu'elles présentent, elles montrent un monde plus complexe que ce qu'on croit, un amour du détail qui ferait presque frissonner.



S'il fallait retenir une chose de LCD, c'est cet amour qui transpire du livre. Dans les illustrations, dans les mots,qu'on sent écrits, réécrits, écrits encore, supprimés et écrits de nouveau. La minutie est captivante. (Il y a quand même une faute p.26 lol : "Se trouvait" au lieu de "Se trouvaient". Pardon, c'est ultra chiant quand les gens font ça D:)



Les illustrations et la plume, tous deux à la fois grandiloquents et pragmatiques (un talent dont je suis jalouse), sont le gros point fort de cette création. C'est, selon moi, grâce (à cause ?) de cela que les lecteurs ont négligé les points faibles de l’œuvre, qui ont eu tendance à troubler la magie. Quels sont-ils ?



En un mot, les personnages.

En un autre mot, l'intrigue.



En balayant quelques critiques précédentes, je me suis rendue compte à quel point les lecteurs aimaient Vanor. Je ne l'aime personnellement pas : personnage quoique intéressant, je le trouve mal présenté.

Déjà : il sort de nulle part alors que l'archiviste s'est déjà imposé dans le récit. Au final, la révélation de ce chapitre (le huitième, je crois) n'a aucun vrai impact. Il apparaît trop tôt pour que cela fasse vraiment effet choc ; il apparaît trop tard pour qu'on comprenne dès le début son importance. Le lecteur est déstabilisé.



Ensuite, j'aimais l'archiviste. J'étais prête à suivre ce qu'on m'avait promis (rédiger la fin de Roche-Étoile) et, aussi stéréotypé soit-il, je m'étais attachée au personnage (j'étais la seule, semble-t-il). Mais justement, l'archiviste n'était qu'un archiviste. Il n'était *rien* aux yeux des grands, et j'étais très intriguée à la perspective de lire le récit d'un homme qui n'a aucune importance "supérieure", contrairement à Vanor. C'est pour cette raison que j'ai franchement adoré les huit premiers chapitres, notamment le début de relation qui se nouait entre l'archiviste et la jeune dame : ces deux-là sont mûs par un objectif drastiquement différent et ils en ont conscience, mais ils se sont malgré cela associés ensemble. L'Homme est plus fort ensemble, pas vrai ?



En fait, j'étais prête à ce que l'archiviste et la jeune dame découvrent Roche-Étoile, son passé, ses secrets, ses horreurs. Son prince mendiant, son oracle vengeur, sa déesse terrible. J’étais prête à enquêter avec eux, en somme. Peut-être que ces deux personnages seraient tombés dans le piège tordu du mal d'onde, le même qui a fait tomber Roche-Étoile ; peut-être auraient-ils sauvé la cité ; peut-être auraient-ils contribué à l'enfoncer davantage dans le néant et la mort.



J’ai la réponse à cette déception : le synopsis en dos de page est mensonger.



Mais LCD est une histoire de vengeance et de pardon. Passionnante, mais mal amenée en cela que la promesse initiale n'a pas été tenue. Cela ne m'aurait pas dérangée si la véritable intrigue n'avait pas été mal amenée : Vanor, LE personnage, LE vengeur, arrive en quelques paragraphes à peine, après un combat entre la princesse-monstre et la chevaleresse, et... et c'est tout. Au revoir, archiviste. Ce fut un plaisir. Égorgeons la jeune dame, tuons la princesse et exécutons un story-telling qui explique qui est Vanor, ce qu'il a fait, pourquoi, etc. Moving on. (Ça fait vraiment « technique des 5Q » : QUI-QUE-QUOI-OU-COMMENT).



Je me tenais là, déçue, assise sur un siège de tram qui sentait la vieille sueur, face à un monsieur qui avait l'air triste et à la droite d'une madame qui zyeutait un peu trop souvent mon livre, et la seule pensée qui m'a traversé l'esprit, c'est : "Ah. OK."



D'autres critiques l'ont mieux dit que moi, mais je pense que l'intrigue est parcourue non seulement de moments répétitifs (introspection mal venue), mais aussi d'actions irréelles. Anouck Faure m'a l'air d'être partisane du stoïcisme et de la non-violence, et cela nuit à sa plume. La non-violence devient de la non-action, de la non-émotion. Oui, la jeune dame se bat. Mais où se situe l'horreur de la bataille, la crainte de la mort, la détermination de se sacrifier pour la cause ? Cela est expliqué dans le livre, bien sûr. Cependant, d'une manière ou d'une autre, je ne l'ai pas senti. Là où l'arrivée de l'archiviste à l'orée de la forêt de Roche-Étoile m'a fait frissonner, chaque combat m'a paru terne. Donne toute ton âme, même plus que ça, jeune dame ! Donne ton sang, ta sueur, tes larmes, ton bras d'arme, ta flamme ! Archiviste, panique un peu : tu n'as jamais vu/participé à un combat de ta vie ! Ou, puisque tu as déjà combattu en tant que Vanor mais que tu ne t'en rappelles vraiment pas, exprime, explore ton trouble, ta peur de toi-même !... Déesse, pourquoi laisses-tu partir ton prince et ton ennemi ? Affronte-les, tue-les, sers-toi d’eux pour asseoir de nouveau ton pouvoir ! Où est cette immoralité qui a si bien brisé Heveydd ?



Platitude extrême et délibérée qui m'a fait pincer les lèvres. Vanor n'est pas humain, certes, mais il a prouvé qu'il est capable d'aimer, qu'il peut "choisir d'aimer", comme il le dit lui-même. Toute sa vengeance prouve sa capacité à ressentir de la colère, de la haine. De fait, il peut ressentir la peur.



Ah, je l'ai fait à l'envers, n'est-ce pas ? Je n'ai pas vraiment expliqué les défauts de l'intrigue.



Pour l'intrigue, je le dirais en peu de mots : Faure aurait pu mieux choisir la période de son récit. Sept ans après la catastrophe, pour un archiviste qui cherche à rapporter cette même catastrophe, c'est logique. Pour Vanor, la cause de la catastrophe, cela semble inopiné. Il n'y a aucune véritable raison pour laquelle Vanor s'est « oubliété » pendant sept ans. Aucune valable du moins. Même blessé, même fuyard, il n’y avait pas lieu de s’effacer – c’était même l’heure de l’action ! Et s'il y en a, des raisons valables, pourquoi ne pas explorer la vie de l'archiviste, ses troubles, sa personnalité ? Vanor mentionne bien à un moment que l'archiviste avait bien résisté à son emprise, ses propres machinations et plans... Pourquoi ne pas partir de la catastrophe en elle-même ? Pourquoi ne pas relater l'éclatement de la haine de Vanor alors qu'il pense que le prince le trahit ? Pourquoi ne pas relater sa quête de connaissances insatiable, son échec ?



La période dans laquelle est située l’intrigue dessert le propos du récit. Je me répète : cette histoire est une histoire de vengeance, d’amour, de haine. D’émotions qui dominent et qui noient l’être entier. Pourquoi Vanor raconte-t-il cela, pour un temps du moins, de manière rétrospective ? Et même quand il le vit en direct, il n’a plus de corps, donc d’organes, d’hormones, pour véritablement le ressentir. C’est comme si c’était fait exprès.



Au final, pour un premier roman, c’est un résultat exceptionnellement réussi. Voilà pourquoi je suis si dure : Anouck Faure a, d’après moi, les capacités de se hisser aux côtés des plus grands, si ce n’est pour sa plume et son art, au moins pour ce qu’elle cherche à transmettre par leur biais.
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La Cité diaphane

« Permettez-moi donc de vous narrer la cité de Roche-Étoile, sa déchéance, sa malédiction et ses âmes égarées. Je m'offre en outre la fantaisie, à quelques incartades près, de raconter ces derniers jours tels que je les vécus, c'est-à-dire dans l'ignorance la plus totale des ressorts qui se jouaient. En arrivant ici, je n'étais guère qu'une ombre guidée par des puissances qui la dépassaient, inconsciente des réalités qui la menèrent à se confronter aux horreurs de Roche-Étoile. Mes raisons passées vous paraîtront peut-être faibles, ma solitude douteuse. Elles l'étaient en effet. Je vous prie donc de bien vouloir tolérer pour quelque temps la chose falote et sans consistance qui me tenait alors lieu de personne. La vérité nous frappera bien assez tôt, vous et moi. »



La Cité diaphane, Anouck Faure @argylleditions @anouckfaure



Bienvenue à Roche-Etoile, cité énigmatique bâtie sur un éperon rocheux et dédiée à une déesse sans visage; ville décimée par une étrange maladie, le mal d’onde, mais non pas désertée pour autant; citadelle de tours et de détours, d’arcs et d’arcades… cité fantasmagorique qui semble une chimère et qui pourtant renferme tant de vie et de vérité!



« Je commençais à entrevoir l'entrée principale du bâtiment. Le portail double se blottissait sous une voussure en arc brisé parée de sculptures de lunes et de roses entrelacées. Deux arrogantes tours prolongées de flèches en gardaient les flancs. Chacune d'elles abritait dans des niches des statues de déesses voilées, fort similaires à la dame de la source. Seul l'angle de la tête changeait, afin, comprenais-je, que chacune des représentations de pierre fixe un seul et même point : la pointe ornée d'une étoile sinueuse qui marquait le sommet du sanctuaire. Celles-ci avaient la tête rejetée en arrière à s'en briser la nuque, les bras tendus comme pour prendre leur envol. Le temple entier paraissait vouloir s'arracher au sol. Le moindre contrefort se terminait en épine torsadée brandie vers les astres. L'illusion était belle et terrible, toute en puissance et en vanité désespérée. »



Tourner la première page de ce récit de dark fantasy, c’est plonger dans un univers qui semble enchanteur de prime abord, mais qui recèle un monde envoûtant de charmes et malédictions dans ses profondeurs, peuplé de créatures étranges, de sortilèges et démons qui guettent aux abords d’un sanctuaire étonnant…



« Là, au bord de la clairière, à quelques pas, la licorne noire me transperçait de son regard à la clarté d'étoile.

- Sainte reine! souffla ma compagne.

Aucun mot ne me vint, ni prière ni juron.

La veille, la créature m'avait paru un lambeau de ténèbres découpé sur le voile de la nuit. Je la voyais désormais dans sa réalité entière. C'était un fauve hideux et magnifique, un monument palpitant de chair brute. Le souffle court, je l'observai sans plus pouvoir bouger. La bête exsudait un fluide sinistre. Elle suintait le mal d'onde par tous ses pores. Le poison ruisselait le long de ses sabots croûteux et se répandait à chaque pas. »



Univers ensorcelant dès les premières pages, monde imaginé qui semble prendre vie sous nos doigts grâce aux quelques illustrations de l’autrice, ce roman somptueux nous happe rapidement et nous entraîne dans une folle équipée dont Vanor semble la clef…



« Vanor... L'effroi que j'avais ressenti la veille en prononçant ce nom s'éclaira soudain. Bien sûr. À Roche-Étoile, nul ne donnait son nom. Pourtant, mes deux interlocuteurs avaient utilisé librement celui de Vanor devant moi. Le nom d'une personne a priori encore vivante, connu de tous. En ce lieu de perdition, cela ne pouvait signifier qu'une chose. Un être assez puissant pour ne redouter aucune magie noire. Un être qui se riait des démons et de leurs tours. Ma gorge se serra. »



Êtes-vous prêts à percer les mystères de cette étrange cité? Prenez garde, ma foi! certains disent que l’on y perd la raison, d’autres le bon sens, d’autres encore la vie… peut-être les trois… mais qui le sait? Personne n’en est jamais revenu… et la cité a, à présent, disparu…



Bon voyage!
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La Cité diaphane

La Cité diaphane est le premier roman d’Anouck Faure qui livre ici un texte somptueux et marquant illustré par de superbes gravures, signées par elle-même, qui retranscrivent parfaitement l’ambiance du roman. La Cité diaphane est à la fois un conte médiéval teinté de gothique, un récit intimiste d’une famille déchirée et le témoignage de l’effondrement d’une cité.



Le lecteur découvre Roche-Etoile à travers les yeux de l’archiviste, protagoniste et narrateur, envoyé depuis un royaume voisin afin de comprendre ce qu’il s’est passé dans cette cité et de retracer ses derniers instants. Car, suite à un mal mystérieux qui s’est répandu, la cité de Roche-Etoile est désormais maudite et déserte, plus que l’ombre d’elle-même dans un monde où les démons rodent et la foi pour la déesse sans visage s’étiole.



D’entrée de jeu le récit est très mystérieux mais aussi hautement immersif. L’incroyable plume d’Anouck Faure est soignée, poétique et envoûtante. Elle parvient à créer en quelques mots des décors et ambiances à couper le souffle dans cet univers qui oscille sans cesse entre l’onirique et le cauchemardesque. Le récit est par moments très contemplatif et s’attache à décrire avec brio aussi bien de grands ensembles que des petits détails. On découvre au fil des pages toute la mélancolie, la noirceur et la décadence qui imprègnent la cité et les personnages.



Les habitants de Roche-Etoile ayant été frappés par un mal puissant et létal, il y a très peu de personnages. Ils ne sont d’ailleurs pas nommés car dans cet univers, connaître le nom de quelqu’un revient à pouvoir le contrôler et le livrer aux démons. Seul Vanor, puissant oracle et mage d’avant la chute de la cité, revient sans cesse dans la bouche des rares vivants et sur les pages des archives et journaux. Nul manichéisme ou facilité quand il s’agit des personnages, ils sont tous aussi bien fascinants qu’effrayants mais aussi complexes et moralement gris.



La Cité diaphane embarque le lecteur dans une quête de vérité au cœur d’une intrigue bien ficelée pleine de secrets, de tromperies et de quiproquos. Des indices et révélations au fil de la lecture permettent de comprendre ce qu’il s’est réellement passé et dévoilent la raison de la déchéance de Roche-Etoile. Avec le personnage de Vanor il est question de la soif de pouvoir, de puissance et de savoir mais aussi de l’amour familial et de la remise en question de la religion, de la foi. Le récit s’attache à explorer l’âme humaine dans toutes ses nuances, sa complexité et ses capacités relationnelles.



La Cité diaphane fut une formidable lecture ! C’est une dark fantasy captivante à l’ambiance poisseuse (qui m’a évoqué avec plaisir Diablo et Dark Souls) et à la construction narrative surprenante mais maîtrisée. J’ai été de nombreuses fois surprises par la tournure des événements et l’écriture est tout simplement divine. Une autrice à suivre, assurément.
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Les éléphants sans pattes

Quelque part en Asie existent des éléphants pas comme les autres, ceux imaginés par Anouck Faure n'ont pas de pattes mais rassurez vous, ils n'ont pas l'ai d'en souffrir. Ils vivent à leur rythme, sont réservés, timides et plutôt solitaires. Nous allons suivre ainsi un de ces éléphants tout au long de sa vie. On apprendra qu'ils se déplacent en roulant sur eux-mêmes et que souvent les rencontres amoureuses sont dues au hasard lorsque deux éléphants convoitent le même arbre par exemple. Un album tout en simplicité qui est une sorte d'allégorie à la différence, voir au handicap. Même sans pattes, ils arrivent à vivre heureux à manger, à boire et à se reproduire mais aussi à avoir une grande sagesse en fin de vie. Cette évocation de l'éternité était très poétique et douce à la fois. C'est ce qui se dégage de cet album, une douceur de vivre, une sérénité et un calme reposant.Trois couleurs, blanc, bleu, noir pour des dessins magnifiques avec de nombreux petits détails. Un graphisme épuré et contrasté qui apaise l’œil. Les enfants ont particulièrement aimé la page sur la mémoire des éléphants sans pattes qui contient tant et tant de choses, autant qu'une bibliothèque entière de romans d'aventures. De quoi faire rêver nos petits lecteurs. Choisir une tortue géante pour mode de transport nous fait penser à Morla la Vénérable de l'Histoire sans fin. Avec cette album à chaque page, on voyage dans un autre monde, où tout est possible. La police d'écriture du texte possède elle aussi sa particularité, certains endroits sur les lettres sont plus épais un peu comme les polices d'écriture pour dyslexiques. Un bel album à mettre entre toutes les mains. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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La Cité diaphane

OK, j'avais mis ce roman dans ma PAL dès sa sortie grâce aux retours de certains booktubers (je pense notamment à @corn8lius 😊). Et quand j'ai vu qu'il faisait partie de la sélection du prix Babelio 2023 pour la catégorie Imaginaire, je me suis dit "Bon là Olivia, c'est l'Univers qui te pousse à le lire" et j'ai couru l'acheter.



Et maintenant que je l'ai, je le garde 🥰

(Oui parce que pour ceux du fond qui suivent pas, j'emprunte énormément à la médiathèque et achète peu)



"La cité diaphane", c'est un roman qu'on lit surtout pour son ambiance oppressante et sombre. On plonge dans la dark fantasy tête la première et on y découvre un monde où la magie et la religion vont de pair, et la ville de Roche-Étoile malheureusement laissée à l'abandon à la suite d'une malédiction. À l'abandon vous dites? C'était sans compter sur notre narrateur, archiviste de son état, envoyé là par son royaume afin de lever le voile sur les derniers instants de cette cité maudite 🏰



Un roman PARFAIT pour l'automne et l'hiver, et que je recommande à toutes les personnes qui aiment les histoires où le gothique et l'horreur se lient merveilleusement bien avec la fantasy 🖤

Le world building est INCROYABLE pour le "peu" de pages que fait le livre (seulement 272).

La plume d'Anouck et le registre utilisé ici peuvent refroidir certains lecteurs mais j'ai trouvé qu'il appuyait encore un peu plus cette atmosphère noire et terrifiante, donc il ne m'a pas gêne outre mesure ✨️



(Mention spéciale à l'incarnation du narrateur, parce que plot twist sur plot twist, je n'ai rien vu venir et j'ai pris une claque A CHAQUE FOIS)



Oh, et les illustrations façons gravures qui accompagnent la lecture et la découverte de Roche-Étoile sont absolument MAGNIFIQUES.



Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture 💙
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