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Critiques de Antonia Hodgson (29)
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Le Sourire du Diable

Un roman qui nous plonge dans l'univers carcéral dès années 1720 en Angleterre, ou la corruption, la maltraitance et l'argent sont au rendez vous.



On fini au cachot pour dette a cette époque. et les prisons regorgent de mauvais payeurs.

Personne ne s'étonne que certains meurent aux fonds des cellules, mais il arrive parfois q'un mort peut poser problème.



Un roman qui se tient, avec une intrigue intéressante et qui nous plonge dans la noirceur des cellules mais également dans celle de certains êtres humains.

Une très belle découverte pour un premier roman

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Le Sourire du Diable

L’effondrement de la Compagnie des mers du Sud en 1720 a ruiné de nombreux épargnants anglais et provoqué une grave crise économique dans le pays. A cette époque, les débiteurs sont emprisonnés jusqu’à ce qu’ils remboursent leurs dettes ou donnent des garanties jugées suffisantes. Les nombreuses prisons pour débiteurs sont pleines. La vie des prisonniers est un enfer, à moins qu’ils n’aient encore quelques moyens pour s’offrir des extras. La gestion d’un telle prison peut s’avérer très lucrative, notamment grâce à la corruption qui règne à tous les échelons du système carcéral. La prison Marshalsea à Londres, tenue d’une main de fer par le cruel Acton, est particulièrement rentable.



C’est dans cette prison que le jeune Tom Hawkins entre en 1727 après des revers de fortune. Sa passion pour les femmes, la bière et le jeu l’ont amené loin de la vie religieuse à laquelle le révérend Hawkins, son père, l’avait préparé.

Dans cette prison, le meurtre, crapuleux ou institutionnalisé, fait partie du quotidien. L’un de ces meurtres, officiellement présenté comme un suicide, crée cependant des remous car certains ont entrepris d’en éclaircir les circonstances. Pour Tom Hawkins, la découverte de la vérité pourrait être un moyen d’obtenir sa libération, en faisant ainsi éponger sa dette. A condition toutefois que les coupables ne soient pas au préalable en mesure de le réduire au silence s’il s’approchait trop près de la vérité… Le goût de Tom pour le risque, sa naïveté, et les trahisons des uns ou des autres, rendent l’exercice particulièrement dangereux.



L’ambiance infernale du monde carcéral et la corruption qui y règne sont particulièrement bien mis en évidence, de manière d’autant plus forte que ces éléments sont inspirés de la réalité. La majeure partie de l’histoire se déroule dans ce huis clos, ce qui renforce la crédibilité du récit sur ces points. Le suspense est présent pendant les trois premiers quarts du livre. Seule sa dernière partie m’a un peu déçu, non à cause de l’histoire ou du dénouement en tant que tels mais plutôt parce que l’auteur m’a paru manquer de concision, comme s'il voulait tenir son lecteur un peu plus longtemps en haleine, ou le surprendre par des rebondissements spectaculaires. Or une histoire simple, cohérente et bien écrite suffisait, sans qu’il soit nécessaire d’ajouter des événements finalement assez attendus par tout lecteur habitué des romans policiers.



Un polar historique très intéressant, à la manière de « Le nom de la rose » (Umberto Ecco), « La compagnie des menteurs (Karen Maitland), ou encore « Les piliers de la terre » (Ken Follett), même si à mon avis il n’est pas tout à fait aussi réussi que ces trois excellents livres.

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Le Sourire du Diable

Londres, 1727. Thomas Hawkins, un jeune homme qui a refusé de suivre les traces de son père révérend dans le Suffolk, mène une vie de débauche entre jeu, alcool et femmes, accumulant par là même les dettes.

Un soir d'automne, dénoncé par ses créanciers, il se retrouve emprisonné à Marshalsea, une prison londonienne pour débiteurs où l'argent détermine le sort de chacun. du gouverneur William Acton aux porte-clefs, tous les personnages de cette geôle en profitent pour faire fortune sur le dos des détenus, rongés qu'ils sont par la cupidité.

Totalement démuni et livré à lui-même, Thomas Hawkins n'a pas d'autre alternative pour survivre que d'accepter la proposition de messire Philip Meadows, grand maréchal de Sa Majesté : s'il parvient à élucider le mystérieux meurtre du prisonnier John Roberts qui a eu lieu il y a quelques mois, il retrouvera la liberté. Car ce meurtre déguisé en suicide alimente depuis lors les rumeurs les plus folles, suscitant terreur et velléités de révolte qui pourraient nuire aux affaires fructueuses de Philip Meadows et William Acton : en effet, le fantôme de John Roberts hanterait la prison ! Marché conclu... Mais Thomas Hawkins ignore encore jusqu'où le mènera cette enquête pour le moins périlleuse au coeur d'un univers sordide, impitoyable et dangereux, peuplé de personnages peu recommandables et troubles, menteurs et manipulateurs...



L'AUTEUR

Né en 1971 à Derby (Angleterre), Antonia Hodgson a étudié à l'université de Leeds, se spécialisant notamment dans la littérature médiévale et les sagas islandaises. Aujourd'hui, elle vit à Londres où elle exerce la profession de directrice éditoriale chez Little Brown. "Le Sourire du diable" est son premier roman.



UNE IMMERSION IMMÉDIATE DANS L'HISTOIRE

Le récit étant mené à la première personne du singulier, le "je" étant Thomas Hawkins, le personnage principal de ce roman, le lecteur est immédiatement plongé dans l'histoire de ce jeune homme de vingt-cinq ans pour le moins insouciant et un brin naïf. En effet, c'est à travers son regard que l'on découvre petit à petit son histoire, en même temps que lui. le point de vue dit interne adopté ici, qui limite les informations à ce que voit ou sait le personnage, permet une bonne connaissance de ses émotions et de ses pensées et permet même un rapprochement entre le narrateur et le lecteur qui peut facilement s'identifier au héros ou imaginer être à ses côtés… au point de parfois partager sa souffrance quand il se retrouve enfermé dans la Chambre forte, une cabane située dans le Common Side où l'on entasse les corps des prisonniers morts qui n'ont pas les moyens d'être enterrés dignement :



"Chapman m'arracha ma perruque, et me coiffa brutalement de la calotte de fer. Son poids – au moins cinq kilos – me parut déjà difficile à supporter, mais ensuite il entreprit de serrer les vis, et le métal mordit ma peau, me comprimant le crâne jusqu'au moment où je le crus sur le point d'éclater. J'eus beau supplier les gardes d'arrêter, ils se contentèrent de rire, puis m'obligèrent à m'asseoir par terre, le dos contre le mur. [...] Ils vissèrent l'arrière de la calotte à la cloison, de sorte que je ne pouvais plus bouger la tête. Quand ils refermèrent le collier autour de ma gorge déjà meurtrie par les doigts d'Acton, et tout enflée, je commençai à paniquer, luttant pour respirer tandis que Cross, le linge toujours plaqué sur sa bouche, vérifiait mes chaînes. [...] Je ne voyais rien dans l'obscurité, mais je sentais la présence des cadavres à quelques mètres à peine. Les rats s'enhardissaient ; je les entendais remuer. Lorsque l'un d'eux me grimpa sur les jambes, je les agitai frénétiquement pour m'en débarrasser, encore et encore, même après qu'il fut retourné auprès des cadavres – un repas moins récalcitrant. Pour finir, je les ramenai sous moi et me mis à pleurer en silence. [...] Incapable de me contenir plus longtemps, je hurlai. Je hurlai de toute la force de mes poumons, maudis mes geôliers et les suppliai de me laisser sortir. Mes cris devaient résonner dans toute la prison."



Autre caractéristique de ce point de vue interne, les événements sont relatés de façon totalement subjective par le narrateur et autant vous dire qu'avec un personnage comme Thomas Hawkins le lecteur va de fausses pistes en fausses pistes ! Certes, ce gentilhomme est parachuté dans un univers dont il ignore les codes et les règles, un monde cruel et sans concession, mais son caractère de "jeune chien fou" ne l'aide pas à s'intégrer ni à avancer dans son enquête puisqu'il multiplie les erreurs, se fait manipuler et tombe dans tous les pièges qu'on lui tend, même les plus grossiers, mis à part celui du fantôme. Dès son arrivée à la prison, il se bat avec l'ignoble porte-clés John Cross et lui expédie deux coups de poing dans la mâchoire ! Heureusement l'intervention de Madame Catherine Roberts met un terme à cette bagarre qui aurait pu mal tourner. Manquant indubitablement de discernement, il tombe directement sous le charme de cette femme alors qu'il se trouve dans de sales draps :



"Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Elle était encore jeune – je lui donnai dans les vingt-cinq ans, comme moi – et extrêmement jolie, avec un teint diaphane et des traits délicats. Ses yeux gris clair, frangés de longs cils noirs, eussent été remarquables, sans les profonds cernes sombres qui les creusaient, et dont j'attribuais la cause au chagrin et au manque de sommeil. [...] Sous sa capuche et son bonnet, je distinguai ses cheveux brun foncé, parsemés de reflets auburn que la lumière en provenance de la fenêtre teintait de bronze. Je me surpris à les imaginer défaits, cascadant sur ses épaules."



Mais, à la décharge de Thomas Hawkins, il faut bien avouer que tous les personnages de ce roman sont ambivalents et mystérieux...



UNE GALERIE DE PERSONNAGES POUR LE MOINS AMBIGUS

La veuve Catherine Roberts, l'imprimeur et libraire Samuel Fleet, l'officier de justice Edward Gilbourne, le pourvoyeur de menus services Gilbert Hand, la tenancière du café Sarah Bradshaw, la serveuse Kitty Sparks, le chapelain Woodburn, le barbier Trim, l'officier de police Jakes, le secrétaire John Grace, le gouverneur William Acton, l'aubergiste Richard McDonnell dit Mack, le veilleur Jening, le porte-clés John Cross… La prison de Marshalsea reproduit à une petite échelle l'organisation sociale d'une ville avec son restaurant, sa taverne, son église, son palais de justice, son barbier... mais dans un huis clos à l'atmosphère étouffante et putride, où règnent le mensonge, la terreur et la manipulation. Pas un seul de ces personnages n'échappe à cette définition. Chacun dissimule un secret, des informations, pour se protéger ou pour les monnayer. Seule la jolie Kitty Sparks, jeune femme rousse "à la peau laiteuse parsemée de taches de son", semble échapper à cette description mais sa première rencontre avec Thomas est plutôt explosive !



De tous ces personnages, c'est l'intrigant Samuel Fleet qui m'a le plus intéressée. Cultivé, intelligent, rusé, maniant l'ironie avec beaucoup de finesse, ce personnage d'une cinquantaine d'années traîne une réputation pour le moins sulfureuse.



"Il avait des traits réguliers – de fait, il était même séduisant –, mais, toujours en robe de chambre et bonnet de velours rouge assorti, il présentait une allure quelque peu excentrique. L'habit traînait sur les pavés comme s'il avait été taillé pour un homme beaucoup plus grand, et son propriétaire avait été obligé d'en retrousser les manches. Au premier regard, l'effet était presque comique : le gentilhomme érudit dans toute sa splendeur, distrait, mal rasé, débraillé, perdu dans ses pensées... [...] Néanmoins, s'il en avait la tenue et l'attitude, son expression était trop attentive ; sous ses épais sourcils noirs, ses yeux brun foncé pétillaient de vivacité."



"Ses yeux d'un noir de tourbe –une couleur presque irréelle – avaient quelque chose de troublant. Ils n'étaient pas vraiment noirs, bien sûr – personne n'a les yeux noirs –, et de près ils présentaient sans doute une nuance de brun très foncée. Je n'avais néanmoins nulle intention d'aller vérifier. Il y avait des secrets dissimulés dans les profondeurs de ces yeux-là ; ils recelaient des moqueries personnelles et des observations pertinentes. Ce n'étaient pas les yeux d'un innocent."



Pour une fois, Thomas Hawkins dresse un portrait plutôt réaliste de ce personnage, mettant bien en avant son ambiguïté. Et l'ambiguïté est source d'incertitude et de questionnement, donc d'inquiétude. Une inquiétude d'autant plus forte qu'il s'agit de son codétenu et que tout le monde le soupçonne d'avoir tué son précédent compagnon de cellule, John Roberts ! Certes, Samuel Fleet est un imprimeur et un libraire "pourvoyeur de récits qui traitent, pour l'essentiel, d'obscénités, de perversions et de meurtres", mais n'est-il que cela ? Un brin manipulateur, il semble jouer de la naïveté de Thomas, le plongeant dans des situations tantôt cocasses tantôt gênantes, voire dangereuses, comme un chat qui joue avec sa proie. Et pourtant, au fil des pages, une certaine tendresse et une certaine honnêteté semblent par moment émaner de ce personnage.



DES PERSONNAGES RÉELS

En fin d'ouvrage, l'auteur nous apprend qu'une grande partie des personnages de ce roman s'inspirent à des degrés divers de personnes réelles, qui ont vécu et travaillé à Marshalsea et dans le Borough en 1727. Pour cela, elle a étudié le journal d'un dénommé John Grano, emprisonné dans cette geôle entre 1728 et 1729, et a épluché la liste biographique des prisonniers, prévôts et personnages clés du Borough. Une partie de la postface est donc consacrée à de courtes notices biographiques très précieuses et très intéressantes sur chacun des personnages ayant existé, donnant à ce roman un caractère instructif d'autant plus fort et satisfaisant la curiosité du lecteur qui souhaite en savoir plus !



UNE INTRIGUE CLASSIQUE MAIS BIEN MAÎTRISÉE

Le roman démarre sur les chapeaux de roue avec l'agression puis l'arrestation mouvementée de Thomas Hawkins et son emprisonnement dans la geôle de Marshalsea. le temps de présenter cet endroit si particulier, de faire connaissance avec les différents protagonistes, et le rythme reprend de plus bel, amplifié par l'intrigue qui prend toute sa place dès lors que Thomas accepte de mener l'enquête sur le meurtre de John Roberts. Ne disposant que de trois jours pour identifier le meurtrier, Thomas s'engage dans une véritable course contre la montre avec, à la clé, sa survie et la liberté. D'ici là, les événements vont se succéder à un rythme effréné, ne laissant guère de temps au lecteur pour réfléchir, entraîné qu'il est par la fougue, la naïveté et l'anxiété du jeune Thomas qui se heurte à de nombreuses fausses pistes donnant lieu à des rebondissements parfois spectaculaires. Il est d'autant plus difficile au lecteur de prendre du recul qu'il est littéralement happé par ce personnage-narrateur et sa vision subjective des faits.



Une fois le meurtrier démasqué, dans un huis clos angoissant, la logique voudrait que le roman s'arrête là, mais quelle ne fut pas ma surprise de voir qu'il restait une petite vingtaine de pages à lire qui m'ont bien intriguée et attisé ma curiosité !



UN CONTEXTE INÉDIT : L'UNIVERS D'UNE PRISON POUR DÉBITEURS

Ici réside pour moi l'un des principaux attraits de ce roman policier historique. Outre une intrigue bien ficelée tenant en haleine le lecteur, l'auteur a fait le choix de la placer dans un contexte inédit à ma connaissance dans le cadre du roman historique et a pris soin de se munir d'une documentation précise et étoffée.



Ce souci de respecter les faits historiques apparaît à la fois dans la préface et la postface : une note historique précède le roman tandis que les sources et les notices biographiques déjà évoquées clôturent le roman. L'auteur nous apprend que l'effondrement de la Compagnie des mers du Sud en 1720 a provoqué la ruine de milliers de personnes et une grave crise économique dans le pays. Les prisons pour débiteurs existaient déjà depuis des siècles en Angleterre, mais elles se trouvèrent particulièrement sous les feux des projecteurs au moment de la crise économique, car elles accueillirent ces milliers de personnes ne pouvant rembourser leurs dettes.



À l'aide de récits et de témoignages de l'époque, l'auteur dresse un portrait précis et très réaliste de ces prisons pour débiteurs et de leur ambiance à travers l'exemple de Marshalsea, une geôle alors située à Southwark, sur la rive Sud de la Tamise. Une prison certes, mais une véritable ville au sein de la ville, avec sa taverne, son restaurant, son palais de justice, son église, des lieux où l'on peut circuler librement, mais une véritable société en miniature où tous les coups sont permis à condition d'avoir un peu d'argent et des soutiens. Ceux qui bénéficient de l'aide de proches ou qui peuvent mettre en gage leurs biens bénéficient d'un "régime de faveur" et vivent dans un quartier qui leur est réservé, avec des cellules plutôt correctes, peuvent circuler librement au sein de la prison et fréquenter tavernes, restaurants, église, etc.



"Marshalsea est une geôle vieille de plusieurs siècles. Ses bâtiments, étrangement disparates, en brique ou en bois, forment un quadrilatère autour d'une cour pavée, dont la superficie est d'environ une acre."



Quant aux autres, ils sont relégués de l'autre côté du mur, "pareil à l'épine dorsale cuirassée de quelque monstre effrayant", dans le Common Side, une sorte de mouroir, où la faim, la vermine et la maladie pullulent. À la tête de ce système de corruption, le gouverneur de la prison, ici Acton, qui fait fortune sur le dos des détenus.



"[...] un mélange hétéroclite de vieilles maisons en bois affaissées, fatiguées, adossées au mur du fond, au sud. Les portes étaient ouvertes depuis plus d'une heure dans le Master's Side, mais ici les prisonniers étaient toujours confinés dans leurs cellules. Trois cents âmes entassées la nuit à trente, quarante ou cinquante par chambre, à moitié mortes de faim, suffoquées par la chaleur et la puanteur. [...] Une pestilence indicible se déversa dans la cour – si forte et écoeurante que nous poussâmes tous un même cri en nous détournant. C'était l'odeur lourde des plaies suppurantes, des corps affaiblis et rongés par la maladie d'hommes obligés d'uriner, de déféquer et de suer ensemble dans une cellule où l'air ne circulait pas."



Un cas un peu particulier, le sort réservé aux rebelles... Ils se retrouvent emprisonnés comme l'est notre pauvre Thomas Hawkins dans la Chambre forte déjà évoquée : enchaînés à un mur, la tête prise dans un étau, ils restent là plusieurs jours dans une atmosphère pestilentielle à côté de corps en décomposition dévorés par les rats...



"Quand nous nous en approchâmes, une odeur de latrines, putride et écoeurante, nous pris à la gorge, nous faisant tousser. La pluie avait transformé la merde et la pisse en une infâme bourbe visqueuse, jaune moutarde, qui s'écoulait dans la cour et se mélangeait aux détritus jonchant le sol boueux. de grosses mouches bleues tournoyaient au-dessus de cette fange. […] La puanteur de l'intérieur était intolérable. Relents de viande avariée. de mort. Il y avait des rats partout, je percevais leurs mouvements dans l'ombre. […] J'aperçus les dépouilles, enveloppées de vieux draps et empilées dans un coin comme des bûches. Les rongeurs y pullulaient, déchirant l'étoffe, lacérant la chair…"



Au-delà de la description méticuleuse de l'organisation de cette prison et de la vie au quotidien, cet exemple montre le talent avec lequel l'auteur parvient à restituer visuellement et de manière olfactive des scènes horribles par le biais d'un style imagé et fluide – enfants chétifs, cadavres, hommes et femmes entassés comme des bêtes parmi leurs excréments, personnes malades – mais aussi toute l'atmosphère viciée, pesante, putride, poisseuse et malsaine de cette prison et en particulier du Common Side. Les mots employés pourront parfois paraître familiers, voire grossiers, ou excessifs, mais les recherches de l'auteur ont bien montré que les gens au XVIIIe siècle employaient un langage aussi cru que le nôtre aujourd'hui. Par ailleurs, ce "parler vrai", loin d'être une simple posture, donne beaucoup de relief et de véracité au roman.



POUR L'ANECDOTE...

En 1824, le père de Charles Dickens a été incarcéré à la prison de Marshalsea pour une dette contractée envers un boulanger. Marqué par cette expérience, Charles Dickens s'en servira comme toile de fond dans "La Petite Dorrit", roman dans lequel Mr William Dorrit est enfermé pour dettes dans cette prison où grandit sa fille Amit, l'héroïne du roman.
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Le Sourire du Diable

Bon ! vous prenez une excellente idée de polar dans le Londres du XVIII° Un jeune débauché perdu de dettes Tom Hawkins , qui au dernier moment gagne enfin assez d argent pour les solder et patatras il se fait chourer ses tunes et se retrouve dans l 'ignoble geôle pour dettes de Marshalsea , la description de cette infâme prison est remarquable dans ses abominables us et coutumes . Il y côtoie toutes une galerie de personnages plus répugnants les uns que les autres , d autres plus sympas ou ambigus comme ce Samuel Fleet qui a la réputation d être le diable dans ce microcosme pénitentiaire . Je l ai dit le scénario est bien bâti Mais il y a un mais oeuf corse prés de 520 pages rapidement que de redites , on tourne en rond , le récit s' empâte , il nous reste sur l estomac , indigeste comme la cuisine Anglaise
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Le Sourire du Diable

Nous sommes à Londres en 1727 ; Thomas Hawkins profite au maximum de la vie et de tous les plaisirs qu’elle lui offre. Mais, en l’absence de travail et de revenus fixes, ses ressources se font rares et ses dettes s’accumulent. Ses créanciers en ont assez et la justice intervient ; notre héros est envoyé à Marshalsea, une prison où sont rassemblés les débiteurs de Londres et où l’argent seul permet de survivre. Argent dont notre héros ne dispose pas.

Se refusant à faire appel à son père – qui l’a déshérité quand il a appris l’étendue de ses frasques – Thomas accepte l’offre que lui fait son ami Charles, vicaire au service de messire Philip Meadows, grand maréchal de Sa Majesté : enquêter sur la mort du capitaine Roberts, un ancien prisonnier dont le fantôme hanterait la prison. Officiellement, il s’agit d’un suicide mais sa veuve persiste à crier sur tous les toits que son époux a été assassiné.



L’auteur ne perd pas de temps et nous plonge très vite dans l’intrigue. Pas de grandes longueurs, l’enquête est menée plutôt vite – après tout, personne n’a envie de croupir dans une prison plus longtemps que nécessaire). Les personnages ne sont pas divisés de manière manichéenne, la plupart sont même plutôt dans des nuances de gris, comme notre héros, débauché endetté mais aussi honorable et compatissant, ou son compagnon de cellule, Samuel Fleet, que tous considèrent comme l’incarnation du diable, qui s’amuse aux dépens de Thomas mais qui va pourtant l’aider dans son enquête. L’atmosphère de l’époque est bien retranscrite – on sent le travail de recherche de l’auteur entre les pages de ce livre – et les notes à la fin du roman ne font que confirmer cette impression.

J’ai passé un agréable moment à lire ce livre et je conseille cet ouvrage à tous les fans des romans historiques et policiers. Antonia Hodgson est vraiment un auteur à suivre.
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La Trahison de la reine

Thomas Hawkins a été jugé coupable de meurtre, pour cela il va être pendu. Lui, un gentilhomme, comment en est-il arrivé là? Il est innocent, il croyait en ses appuis, et pourtant le voilà trainé dans les rues de Londres jusqu'à la potence de Tyburn. La reine d'Angleterre lui avait promis sa protection pourtant, s'il aidait sa dame de compagnie, Henrietta Howard pour se défaire de son mari violent qui faisait chanter le roi. Les promesses des grands de ce monde n'ont donc plus de valeur? La grâce royale viendra-t-elle avant qu'on ne lui passe la corde au cou?



Ce roman se passe en 1728, à Londres. L'auteur s'est bien documentée avant d'écrire, surtout que son histoire s'inscrit directement dans l'Histoire. Nous avons ainsi la possibilité de connaitre une petite anecdote sur la reine Caroline, le roi Georges et sa maitresse Henrietta Howard. Comme je ne les connaissais pas le plus intéressant était quand même de découvrir le Londres de cette époque, les bas fond avec ces gangs de bandits, comment se passe les emprisonnement, les pendaisons et les éventuelles grâces royales... Un petit cahier historique à la fin de l'ouvrage permet d'en savoir un peu plus.



Au niveau de l'histoire à proprement parlé j'ai eu un peu du mal à rentrer dedans. Il faut déjà dire que La Trahison de la Reine est le deuxième livre de cet auteur, qui s'il n'est pas précisé tome 2, est visiblement la suite directe du Sourire du Diable. Tome que j'ai n'ai pas lu. Alors, certes, les histoires sont plus ou moins indépendantes, et l'on peut parfaitement comprendre sans avoir lu le tome un. Mais les très nombreuses références au tome d'avant sont légèrement agaçantes quand ce n'est pas le cas. Bon en même temps c'est peut être fait exprès pour pousser les lecteurs à acheter l'autre tome ! D'ailleurs à la fin de celui-ci on s'attend clairement à ce que les aventures de Tom et Kitty continuent.

Alors comme je le disais j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. J'ai trouvé que c'était long à se mettre en place. En plus j'aimais pas les personnages. Thomas Hawkins, le héros, était peint au départ comme un homme oisif, qui passait son temps à dilapider l'argent de sa compagne en jeux et en boissons.

Après une fois atteint la moitié du livre on se prend au jeu. On veut connaitre l'assassin et savoir si oui ou non Thomas Hawkins va être pendu. Ca s’accélère juste comme il faut pour nous tenir en haleine et nous faire tourner les pages jusqu'à la dernière, jusqu'à la résolution.



Je remercie Babelio et les éditions XO pour leur participation à cette masse critique qui permet comme toujours de découvrir de nouveaux livres.
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Le Sourire du Diable

Une narration prenante racontant l'histoire d'un personnage engageant, un style assuré qui donne une voix forte au narrateur et entraîne le lecteur dans le Londres de 1827 dans toute sa splendeur et sa misère puante.

Thomas l'insouciant et naïf héros de cette histoire se trouve confronté à un monde qu'il ne connaît pas : la prison pour dettes. Il découvre une ville dans la ville, avec chapelle, restaurants et cafés, tribunal, etc. Une prison scindée en deux moitiés, une partie privilégiée pour ceux qui ont encore un peu d'argent, une partie misérable ou règnent la maladie, la faim et la mort pour ceux qui n'en ont plus. Il est mal armé pour affronter ce concentré de malheurs et de vices, ces êtres ambigus, ce lieu où l'argent règne en souverain, mal armé aussi pour résoudre le meurtre qu'on lui demande d'élucider alors même que la liste des morts s'allonge et que sa vie en dépend.
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Le Sourire du Diable

Je ne connaissais pas l’auteure mais j’ai été tout de suite séduite par le résumé et le contexte historique. Nous sommes en 1727 et en Angleterre, les personnes ne pouvant pas s’acquitter de leurs dettes allaient dans des prisons spécifiques pour eux.



Ce livre est génial. Il m’a passionnée du début à la fin. Je l’ai terminé avec beaucoup de regrets.





Comme dit au début, le contexte est original: D’abord, l’enquête n’est pas réalisée par un policier mais par un homme quelconque qui veut simplement sauver sa peau.

Ensuite, choisir de localiser l’enquête dans une prison pour débiteurs est très judicieux et fait tout l’intérêt de l’histoire. C’est loin d’être une enquête comme les autres. On est dans une espèce de huit clos particulièrement effrayant, en raison des traitements injustes et parfois inhumains. Je ne connaissais pas l’existence de telles prisons où d’un côté, ceux qui avaient des chances de se refaire et de pouvoir payer leurs dettes vivaient dans des conditions plus ou moins décentes, et de l’autre, ceux qui n’avaient aucun espoir de pouvoir payer, étaient enfermés et traités de manière plus injuste encore. La prison était de plus gérée de manière lucrative. Donc paradoxalement, les débiteurs devaient payer pour pouvoir vivre dans des conditions salubres. Par exemple, ils devaient payer un loyer.

Un point étonnant: certains des habitants qui vivaient du bon côté de la prison ont choisi d’y rester même après leur peine, comme si c’était devenu chez eux. Il est vrai qu’il pouvait y avoir une auberge, une restaurant et un bar dans la prison elle-même, donc en fin de compte la prison formait un petit village.



Ce contexte est d’autant plus intéressant que l’auteure s’est inspirée de personnes et d’un lieu réels: la prison de Marshalsea a bel et bien existé, tout comme certains des personnages cités dans l’oeuvre. Voici d’ailleurs la page Wikipédia si vous souhaitez en savoir plus: https://fr.wikipedia.org/wiki/Marshalsea

L’auteure a pu avoir accès à un témoignage direct, le journal d’un ancien prisonnier, ce qui lui a permis de raconter de manière très précise et fidèle la vie dans cette prison.



Parmi les personnages, tous intéressants de par leur nombreuses facettes, il y en a un qui sort du lot et qui m’a beaucoup plu: Samuel Fleet, drôle et intelligent. Il a beaucoup de charisme et on ne peut s’empêcher d’être intrigué par cet hurluberlu. Le personnage principal, qui est loin d’être sot mais très impulsif et oisif, est pourtant très sympathique malgré ses défauts. En fait, c’est le lot des personnages ici. Il ne faut pas trop de fier aux apparences. Les gens sont toujours plus complexes que ce que l’on pense.



Le récit est rapide, haletant et se précipite à la fin. Il est bien difficile d’anticiper la fin. Il y a beaucoup de surprises, de déceptions, si bien que l’on doute de tout et de tout le monde.

Le seul bémol que je mettrais est sur la découverte de la solution qui m’a un peu déçue même si elle est surprenante. Je n’en dis pas plus pour ne pas vous spoiler! Mais surtout, que ce bémol ne vous empêche pas de lire ce formidable livre! Je suis persuadée qu’il vous captivera du début à la fin.
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La Trahison de la reine

Suite du "Sourire du diable" qui se déroulait à Londres en 1727, "La Trahison de la reine" nous propulse au printemps 1728, toujours à Londres, où nous retrouvons Thomas Hawkins, le héros de cette série, dans une charrette le conduisant vers la potence de Tyburn pour y être pendu ! Il a beau clamer son innocence, personne ne le croit. La foule se moque de lui, le conspue et le raille à tout-va. Qu'a-t-il donc fait pour en arriver là ?



Las de sa vie tranquille auprès de Kitty Sparks, sa compagne qui tient la librairie spécialisée en littérature libertine et en pamphlets de son tuteur, feu Samuel Fleet, il se remet à fréquenter les tavernes où il boit et joue plus que de raison... et les ennuis ne tardent pas à survenir et en nombre : entre le meurtre de son voisin, le très étrange Joseph Burden, la haine que lui voue John Gonson, magistrat de la ville et membre de la Société pour la réforme des moeurs, les rumeurs médisantes à son encontre, une bande de voleurs coriaces, une reine manipulatrice et un mari trompé et violent, Thomas Hawkins aura fort à faire pour se sortir de cet imbroglio inextricable, mais en vain... Pourtant, il le sait, il aurait dû écouter sa chère Kitty, mais il n'en a fait qu'à sa tête et le voici maintenant en route pour le gibet, condamné pour le meurtre de Joseph Burden. De la reine qui lui a promis la grâce, de l'intervention musclée de brigands ou de l'amour et de la ruse de sa compagne Kitty, en qui peut-il avoir confiance ?



LA TRAHISON DE LA REINE, LA SUITE DU SOURIRE DU DIABLE

Ce roman policier historique est la suite du "Sourire du diable" qui se déroulait à l'automne 1727 dans la sinistre et terrifiante prison de Marshalsea, à Londres. Nous retrouvons ici nos deux jeunes héros, Thomas Hawkins et Kitty Sparks, quelques mois plus tard, au printemps 1728. Les deux tourtereaux vivent ensemble au-dessus de la librairie dont Kitty a repris la gérance conformément aux souhaits de son tuteur, le défunt Samuel Fleet. Ils vivent là en compagnie du taciturne, silencieux mais néanmoins débrouillard Sam Fleet, le neveu de Samuel, à la demande de son père James, demi-frère de Samuel et chef d'une bande de voleurs, qui souhaite le voir devenir un gentilhomme.



Même si la lecture du premier tome des aventures de Thomas Hawkins n'est pas au préalable indispensable, les deux histoires étant indépendantes, je vous recommande cependant vivement de lire d'abord le premier tome, car il est souvent fait allusion au cours de ce roman à des événements ou à des personnages du premier tome, notamment de Samuel Fleet. Il est regrettable que n'ait pas mentionné plus clairement en quatrième de couverture qu'il s'agit d'une série et en l'occurrence du deuxième tome. D'ailleurs, la fin de "La Trahison de la reine" laisse augurer d'une suite, peut-être le début d'une longue série ?



PRÉSENT ET PASSÉ PROCHE...

Le roman joue alternativement sur deux tableaux :

– Le présent : cette partie, identifiée visuellement par l'utilisation de l'italique, se caractérise par la présence d'un narrateur externe à l'histoire mais qui a accès aux pensées et aux émotions de Thomas.

– Le passé proche : nous retrouvons là Thomas qui nous raconte directement son histoire et ce pourquoi il se retrouve condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis.

Le roman débute soudainement par la description du cheminement de la charrette qui conduit Thomas jusqu'à l'échafaud. Le lecteur est surpris, hébété, car il a quitté ce héros à la fin du premier volume sur une note positive : résolu à ne plus tremper dans des affaires louches et à ne plus prendre de risques, il avait pour objectif de vivre en toute quiétude avec Kitty Sparks, la femme qu'il aime et qu'il a bien cru perdre... Un début de roman un peu brutal et inquiétant qui donne à réfléchir sur ce qui a bien pu se passer. L'utilisation du "je" renforce le côté anxiogène puisqu'il nous permet de ressentir toutes les pensées et les émotions de Thomas et d'avoir l'impression d'être à ses côtés... mais sans pouvoir intervenir et le sauver.

Ensuite, le roman fait régulièrement quelques sauts de puce entre ces deux temporalités, mais de manière raisonnée, qui ne nuisent pas du tout à la lecture, bien au contraire, alimentant et maintenant ainsi le suspense.



UNE INTRIGUE UN PEU MINCE...

Si l'intrigue du "Sourire du diable" était somme toute plutôt classique mais passionnante car bien maîtrisée et placée dans un contexte original (les prisons pour débiteurs), l'intrigue ici est moins intéressante car elle ne bénéficie pas d'un contexte historique suffisamment exploité. Certes, il y est question du roi, de sa maîtresse et de la reine mais aussi de la Société pour la réforme des moeurs, mais ce contexte passe au second plan.

L'intrigue, qui repose sur le meurtre de l'étrange Joseph Burden, est plutôt faible puisque le cercle des suspects est réduit : sa fille Judith, son fils Stephen, la servante Alice Dun et l'apprenti Ned. Toutefois, chacun de ces personnages est susceptible d'avoir assassiné Burden et il est impossible de deviner qui est le coupable... S'ensuivent plusieurs fausses pistes, mais les rebondissements sont rares et peu spectaculaires, reposant surtout sur les apparences trompeuses : les personnages ne sont pas forcément ce qu'ils montrent ! Secrets de famille, vieilles rancoeurs, non-dits... bienvenue dans la famille Burden !



Ceci étant, la structure du roman, qui joue sur la temporalité, maintient une certaine forme de suspense, de tension et de rythme, car, régulièrement, à mesure que l'on découvre l'ampleur de l'imbroglio dans lequel se trouve Thomas, l'auteur nous rappelle que l'échéance – la pendaison de Thomas – se rapproche et que rien ne semble pouvoir le sauver.



UN CONTEXTE HISTORIQUE AU SECOND PLAN

L'auteur brosse un portrait fidèle de la vie quotidienne à Londres au XVIIIe siècle, avec ses boutiques, ses habitants, ses différents quartiers, depuis les bas-fonds peuplés de brigands jusqu'à la cour du roi George II, ses moeurs, ses rues sales, la misère, etc.

Deux thèmes ont plus particulièrement attiré mon attention : les exécutions de Tyburn et la Société pour la réforme des moeurs, dont font partie deux protagonistes du roman, Joseph Burden et John Gonson. D'ailleurs, l'auteur donne en fin d'ouvrage des précisions historiques sur ces sujets mais aussi sur l'emprisonnement de Henrietta Howard, la reine Caroline et les combats de coq et gladiatrices.



Mais si l'auteur excelle dans la restitution des atmosphères, en revanche elle n'exploite pas assez le contexte historique, qui aurait pu donner davantage de consistance au roman et renforcer l'intrigue. La reine Caroline et la maîtresse du roi, Henrietta Howard, sont présentes, contrairement au roi George II, mais que la reine fasse appel à un jeune homme écervelé pour résoudre une affaire d'État – le mari de Henrietta Howard exerce un chantage sur le roi et la reine – me semble peu crédible. En revanche, cette histoire de mari trompé et violent qui n'hésite pas à s'en prendre à la Couronne est étonnante et bien restituée dans le roman.



UN HÉROS ÉNERVANT ET UNE DÉCOUVERTE : KITTY

Autant j'avais de l'indulgence pour le personnage de Thomas dans le premier volume, car il faisait preuve de naïveté, autant là sa naïveté vire à l'immaturité : il a une compagne charmante et dévouée, il ne travaille pas, ne fait que boire et jouer, n'écoute pas les conseils avisés de Kitty, laquelle gère toute seule la librairie. J'espérais que ses mésaventures lui auraient mis un peu de plomb dans la cervelle, mais ses vieux démons sont toujours là et s'il est fidèle à Kitty, souhaite l'épouser et ne pense qu'à la protéger, c'est bien le seul point positif de ce personnage qui cultive l'oisiveté. D'ailleurs, Kitty fait si peu confiance à Thomas qu'elle refuse le mariage, craignant qu'il dilapide l'héritage légué par Samuel Fleet, et préfère vivre dans le péché comme cela était considéré à l'époque. Bref, c'est un être immature qui ne sait pas reconnaître le bonheur quand il est là... ceci dit, n'est-ce pas un défaut que nous partageons tous à des degrés divers ?



Le personnage de Kitty, que l'on a découvert dans le premier volume, prend ici de l'ampleur et c'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié, pour son indépendance, son caractère volontaire et déterminé, son courage, son intelligence, sa sensibilité, etc. Une femme moderne, qui se moque du qu'en-dira-t-on et qui ne laisse pas faire, cela fait du bien !

Au-delà de ces deux personnages, on découvre également l'environnement de vie du regretté Samuel Fleet, personnage atypique qui brille par son absence, sa librairie avec tous ces romans dits licencieux et ces pamphlets mais aussi sa famille, son neveu Sam et son demi-frère James Fleet, chef d'une bande de brigands qui règne sur St Giles. Certes Samuel est mort, mais ce deuxième tome nous permet d'en savoir un peu plus sur sa vie, ses activités, les raisons de son emprisonnement, etc. Nul doute que Sam reprendra le flambeau dans le volume prochain tant il semble avoir un sacré caractère lui aussi !
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Le Sourire du Diable

Je termine "Le sourire du diable".

Une plongée dans l'enfer des prisons pour débiteurs du Londres du XVIIIè siècle.

Une intrigue captivante, des caractères de personnages envoutants, un suspense haletant.

Tom Hawkins, gentilhomme désargenté, plongé dans la tourmente de la prison, doit son salut à la résolution d'un meurtre. On entre dans un univers glauque, où la valeur d'un être humain n'est liée qu'au contenu de sa bourse.

Un roman policier historique richement documenté.
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La Trahison de la reine

J’ai abandonné après une cinquantaine de pages, je peux donc en dire bien peu sur le fond. En revanche, j’ai de quoi faire avec la forme. Les phrases accumulent les images figées et les clichés, les métaphores et les descriptions pesantes. La vraie qualité du style, ce n’est pas d’empiler des figures (de style, justement) jusqu’à saturer la page, sinon le texte vire à l’exercice (de style, précisément) et c’est au mieux divertissant quand c’est fait façon Raymond Queneau, au pire lassant et vite irritant. Sur les quelques pages que j’ai lues, les personnages n’ont que des réactions caricaturales et attendues, ce qui m’ennuie assez vite. Un mot sur le fond, tout de même : j’ai énormément lu de romans historiques quand j’étais plus jeune. Il faut croire que je suis devenue très exigeante parce que je repère très vite quand le roman qui se prétend historique tente de tordre l’histoire pour servir son propos. À mon sens, un bon roman historique s’inscrit dans l’époque qu’il dépeint, non pas l’utiliser, mais pour l’illustrer. Bref, c’est une lecture manquée pour ma part !
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Le Sourire du Diable

Très bon roman. La description de la prison londonienne est saisissante de vérité, on est angoissé pour le jeune Tom. Car il est très attachant notre héros avec ses défauts mais aussi son courage et sa témérité. Solides descriptions des lieux mais aussi des personnages et des sentiments qui les animent, de la complexité des caractères.

En conclusion une belle intrigue, une fin avec ce qu'il faut de surprise, de beaux personnages, un style facile agréable à lire. Un premier roman réussi et j'espère que l'auteure nous fera cadeau d'autres œuvres de même qualité.
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Le Sourire du Diable

C'est un roman particulier. Plus qu'un personnage (et pourtant ils sont nombreux et hauts en couleurs, peut-être parfois un peu trop caricaturaux) c'est un lieu, une atmosphère qui est au coeur de ce thriller, que j'ai vraiment apprécié ..et vous ?

venez partager vos avis et commentaires sur mon site
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Le Sourire du Diable

Nous sommes à Londres en 1727 ; Thomas Hawkins profite au maximum de la vie et de tous les plaisirs qu’elle lui offre. Mais, en l’absence de travail et de revenus fixes, ses ressources se font rares et ses dettes s’accumulent. Ses créanciers en ont assez et la justice intervient ; notre héros est envoyé à Marshalsea, une prison où sont rassemblés les débiteurs de Londres et où l’argent seul permet de survivre. Argent dont notre héros ne dispose pas.



Thomas Hawkins, va, bien malgré lui avoir affaire a une affaire criminel au sein même de cette prison, et va tout faire, afin de faire la lumiere et découvrir l’auteur de ce meurtre.







J’ai eu le courage de lire ce livre jusqu’à la fin, et j’ai tout de même bien fais car j’ai eu beaucoup plus de facilité a suivre l’histoire a partir de la seconde moitié du roman. En gros, a partir du moment ou l’enquête à réellement débuté. En résumé je dois dire que c’est loin d’être mon type de roman.
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Le Sourire du Diable

Tom Hawkins est un jeune homme insouciant, croquant la vie à pleines dents à Londres depuis qu'il s'est affranchi de l'autorité paternelle. Son père, pasteur sévère d'une petite bourgade, voyait en lui son successeur. Or Tom se trouve bien trop d'affinités avec une vie plus mouvementée, faite de fêtes, de jeux d'argent, d'alcool et de filles. D'aucun dirait, une vie de débauche. Seulement tout ceci a un coût, les dettes s'accumulent et l'ultime tentative de se "refaire" au jeu échoue. Tom se retrouve incarcéré à Marshalsea, la tristement célèbre prison de Londres au XVIIIe, réservée aux débiteurs de sa Majesté.



Cette prison, c'est un véritable personnage dans ce roman, et de loin le plus intéressant. L'auteur s'étant beaucoup documentée à ce sujet (elle nous l'annonce dès le début ), on découvre donc ce lieu sordide de l'intérieur en même temps que Tom. Ce sera d'ailleurs le décor de ce roman qui fonctionne un peu comme un huis clos étouffant. Une ambiance glauque et délétère s'il en est, où la corruption bat son plein, où la misère humaine est exploitée au maximum et côtoie souvent l'indicible. Antonia Hodgson excelle dans la description de ces lieux au point de nous faire tordre le nez devant les odeurs repoussantes, les maladies et les miasmes qu'on y croise. J'ai même souvent été prise de démangeaisons réflexes, sentant l'invasion de puces, poux et autres vermines !



La suite sur le blog ;)
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Le Sourire du Diable

Je remercie Babelio et Les éditions XO pour cette découverte,

le premier roman historique de cette jeune femme est prometteur.



Ce roman est un policier richement documenté qui nous permet d'avoir un regard sur les prisons en Angleterre au XVIIIe. L'auteure a pris soin d'argumenter la véracité des faits en nous présentant en fin d'ouvrage, des personnages ayant existé et qui ont inspirés son histoire. S'appuyant sur des témoignages authentiques, Antonia Hodgson a donc mise à jour une histoire originale et émouvante, alliant la vie épouvantable des prisonniers de Marshalsea et l'injustice dont ils sont victimes grâce à quelques crapules qui régentent le système en profitant allègrement de leur grade …



Le héros Tom Hawkins va se voir confronter à cette vie barbare auquel il n'est pas habitué, gentilhomme arrêté pour des dettes de jeu, il a un état d'esprit plus "fêtard" que meurtrier, parachuté dans ce monde sans concession ou tout s'achète, il va devoir faire preuve de manigance et de débrouillardise pour éviter de sombrer dans l'horreur, car il y en a dans ces geôles, de l'horreur ... Les gens s'entassent et ceux qui n'ont pas pu payer ou acheter quelques libertés, se retrouvent rongés par la faim et la vermine. La prison se transforme en mouroir, et les descriptions sont suffisamment éloquentes pour vous refroidir…J'en avais un peu la nausée par moment …



Mais au delà de l'ambiance que je trouve très bien rendue, l'intrigue démarre de façon assez chaotique avec les premiers pas dans la prison, on y découvre un monde organisé, une petite ville dans la ville, la prison a ses bars, ses restaurants, ses quartiers résidentiels et ses caves … Bref le temps de faire connaissance des lieux et des protagonistes, nous éloignent un peu de l'intrigue, mais on y revient vite car les temps forts du roman se passent sur 3 jours, et malgré le rythme assez lent de l'histoire, donné sûrement par le style de l'écriture, il se passe beaucoup de choses sur cette courte période.

Par chance, Tom est un bon bougre, et il se voit offrir la liberté en échange d'une tâche ardue, celle de découvrir le meurtrier qui sévit dans la prison, ce marché paraît un peu bizarre et peut surprendre le lecteur, mais les règles de cette prison sont assez atypiques tout comme son propriétaire qui fait la pluie et le beau temps. Alors pourquoi pas !

J'avoue que l'intrigue m'a fortement intéressé quand il a été question de fantôme, cet élément surnaturel dans cette ambiance glauque et morose commençait à donner du piment à l'enquête, mais hélas, ce côté fantastique ne dure pas longtemps et, n'est pas assez exploité à mon goût, l'histoire est beaucoup plus terre à terre ... je vous laisse découvrir pourquoi ?



Le personnage principal raconte son histoire, et malgré son témoignage à la première personne, je ne me suis jamais sentie complice de ses actions et de ses commentaires, j'ai eu du mal à m'y attacher, et sa passivité parfois m'a contrarié. J'ai franchement préféré Samuel Fleet, le co-locataire de Hawkins, plus mystérieux et qui suscite tout de suite l'imaginaire ... Hawkins n'est pas un fin limier, et bien qu'il arrivera à résoudre cette énigme, il n' a pas su y voir clair tout de suite, les cadavres ont parsemé l'histoire, et le doute s'est propagé encore plus vite dans tous les esprits.. C'est seulement à la toute fin, et acculé dans ses derniers retranchements, que Hawkins va voir la vérité éclater mais toujours un peu malgré lui....



Dans le contexte et le style de l'écriture, on pourrait être dans la même veine que les récits de Jean-François Parot. L'ouverture" fantastique" est éphémère et ne donne pas assez de tension, mais l'ensemble se lit agréablement, nous avons bien à faire à une histoire policière sur fond historique, bien menée et documentée. Le cadre de la prison est vraiment intéressant et original. Pour ma part, j'attendais dans l'ensemble un peu plus de frissons et d'aventure, et de diableries ... mais dans une prison, l'aventure reste un grand mot et seuls les hommes que nous y rencontrons nous montrent un aspect terrifiant de la barbarerie ... C'est d'ailleurs, sans doute, en eux, qu'il faut chercher le diable dans ce récit...
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La Trahison de la reine

Londres, 1728. Thomas Hawkins est un jeune gentilhomme qui a quitté sa famille pour vivre une vie de bamboche dans la capitale. Il s'est mis en ménage avec Kitty Sparks qui tient une librairie où elle vend sous le manteau de la littérature libertine. Tous les deux filent le parfait amour quand Thomas est accusé d'avoir assassiné un voisin, homme désagréable membre de la Société pour la réforme des moeurs. Notre héros, qui est aussi le narrateur, a été en parallèle recruté par la reine Caroline -femme du roi George II- pour lui servir d'espion.



Voici un ouvrage que j'ai lu sans déplaisir majeur mais qui ne m'a pas vraiment convaincue. Il m'a semblé que les personnages n'étaient pas très profonds et le héros plutôt inconséquent. Quant au cadre historique, lui aussi me semble trop peu fouillé. C'est une série. Il y a eu un tome avant (que je n'ai pas lu) et on comprend qu'il y en aura d'autres après. Mais sans moi, sans doute.
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Le Sourire du Diable

J'ai découvert dans ce premier roman d'Antonia Hodgson un univers qui m'était totalement inconnu, celui des prisons pour débiteurs qui foisonnaient à Londres et dans toute l'Angleterre d’ailleurs du 18ième siècle.

Ames sensibles s'abstenir ! Ce livre très bien documenté, nous conduit vers la descente aux enfers de Tom Hawkins dans l'infâme prison de Marshalsea. La narration est astucieuse, entièrement à la première personne du singulier, et ce " je "qui nous conduit au fil des pages n'est autre que Tom hawkins lui-même. Nous devenons alors une partie de lui, l'accompagnons partout , subissons le moindre de ses doutes, ressentons ses douleurs, les tortures morales et physiques qu'il endure. Impossible d'échapper à la crasse, la puanteur des lieux ; elle est partout et vous colle à la peau . J'ai dévoré ce roman qui m'a tout de même un tantinet mise à mal.

L'auteur possède une belle plume! C'est bien écrit, avec une force évocatrice évidente.

J'ai vécu tout un week-end dans un univers carcéral bien particulier du 18 ième siècle et c'est surtout cette dimension historique que je retiens dans ce livre et qui m'a plu. L'intrigue policière, l'enquête même ne m'ont pas véritablement transportée !

Mais j'ai toute fois passé un très bon moment de lecture, bien qu'assez éprouvant tout de même !
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Le Sourire du Diable

"Le sourire du diable" a été un petit défi de ma part. En effet, si il s'agit bien de son premier roman, l'auteur Antonia Hodgson est de son métier directrice éditoriale dans une maison d'édition anglaise que je ne nommerai pas mais qui est l'éditeur du dernier Harry Potter.



Donc ma question était la suivante : une personne dont le métier est de dicter la ligne éditoriale d'une maison d'édition est-elle forcément la mieux placée pour pondre un extraordinaire premier roman ?



La réponse est clairement non.



Soyons honnête, l'histoire, dans son contexte historique est intéressante. On découvre un monde qu'on n'a pas l'habitude de côtoyer et je ne ne connais pas à ce jour de roman historique dont l'intrigue se passe dansune prison pour débiteur au XVIIIe siècle.



Mais franchement rien ne tient debout dans ce livre.



La façon dont le jeune héros arrive dans cette prison est juste trop peu crédible [spoiler]Il a une grosse dette et pour éviter la prison il joue le reste de son argent aux cartes ce qui lui permet d'obtenir la somme nécessaire pour rembourser mais malheureusement il se le fait voler en sortant de la taverne...[/spoiler]



Il y a tellement de personnages et ils sont tellement mal décrits qu'on ne sait plus qui est qui, pourquoi untel est là etc...



On assiste même à des "téléportations" du héros. Par téléportation j'entends que le héros est dansune pièce et sans raison aucune se retrouve dans une autre pièce sans qu'à aucun moment dans le texte il n'est indiqué comment il s'est déplacé. Par exemple page 94 le héros est dans sa chambre et arrive un certain Trim, barbier, qui est son voisin du dessus. Il se présente. On apprend que sa chambre est à l'étage supérieure la ligne suivante et c'est tout...Tout le reste se passe dans la chambre de Trim.



Le nombre de retournement de situations et la fin est juste totalement vertigineuse et pas forcément dans le bon sens du terme.



Nous éviterons la ridicule romance entre le héros et l'un des personnages les moins prévisibles qui soit alors que beaucoup plus de personnages féminins dans le roman auraient fait une bien meilleure histoire, et plus logique.



Bref pour ce qui est de la notation :



j'attribue 1 étoile pour la couverture, 1 étoile pour l'histoire qui se passe dans un lieu et dans un temps assez originaux.



Je regrette de ne pas pouvoir attribuer un point pour les personnages qui ne sont pas crédibles pour moi, ni pour l'écriture et pour un premier roman ce n'est pas celui que je conseillerai à mon meilleur ami.
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Le Sourire du Diable

Et bien pour un premier roman c'est vraiment agréable.

L'auteure nous plonge ici dans le Londre du 18ieme siècles, ou boisson, jeux et sexe règne en maître dans les tavernes du bord de la Tamise.

Malheureusement Tom Hawkins qui joue apparemment un peu trop, vas vite découvrir ce que deviennent les joueurs en mal d'argents a cette époque... La geôle.

Il écope d'un séjour dans la célèbre Marshalsea, prison dédié aux débiteurs de la ville. Et comme partout, plus votre bourse est remplis plus vous êtes assurés d'être traité un temps soit peu "decemment".

Mais ne vous méprenez pas, comme partout les prisons sont diriger d'une main de fer et celle ci est bien gourmande et visiblement sans cœur ni conscience.

Tom bien mal-en-point financièrement devras faire très attention à ses fréquentations si il tient à sa vie et à celle de ses nouveaux compagnons.
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