Gyles Brandreth on the great Oscar Wilde
L’expérience m’a appris qu’au cours de sa vie personne ne change jamais. On ne fait que tourner en rond dans les limites du cercle de sa personnalité.
Quelle chance ont les acteurs! Ils peuvent choisir de jouer dans une tragédie ou une comédie, de souffrir ou de rendre heureux, de faire rire ou pleurer. Mais dans le monde réel, les choses sont différentes. Il n'y a pas de choix possible. Le monde est une vaste scène, mais nous ne pouvons y jouer d'autre rôle que celui qui nous a été attribué.
J'adore les secrets des autres. Car, bien entendu, les miens ne m'intéressent pas. Il leur manque le charme de la nouveauté.
Née vieille, l’âme rajeunit. C’est la comédie de l’existence. Né jeune, le corps vieillit. C’est sa tragédie.
Nous détestons parfois ce que nous aimons le plus.
Et nous nous détestons d'aimer ce que nous ne devrions pas aimer, d'aimer ceux que nous savons indignes de notre amour.
Il n’y a qu’une seule tragédie dans la vie d’une femme. Son passé, c’est toujours son amant, et son avenir, c’est invariablement son mari.
— Il me faut des cigarettes ! En auriez-vous, Arthur ? Turques, de préférence. Ou algériennes. Américaines, à la rigueur. N’importe lesquelles feront l’affaire.
Je le contemplai, interloqué.
— Des cigarettes ? Pour quoi faire ?
— Mais pour les fumer, pardi ! s’écria-t-il.
— Vous ne voyagez pourtant jamais sans vos cigarettes, Oscar.
— Je suis arrivé avec une douzaine de boîtes, gémit-il. Mais j’ai épuisé mes réserves et on ne trouve aucun débit de tabac dans ce trou perdu. Le bourgmestre les a interdits.
[...]
— Je dois avoir du tabac pour ma pipe, lui dis-je en riant.
[...]
— Vous êtes mon sauveur, Arthur. Il y a une bible luthérienne dans ma chambre. La traduction est médiocre, mais elle est imprimée sur un papier de riz des plus délicats. J’emploierai ses pages pour rouler mes propres cigarettes.
— C’est du tabac brut, l’avertis-je en m’excusant.
— Ça ne fait rien, c’est du tabac et je ne vais pas faire le difficile. Je commencerai par Osée et je m’en tiendrai strictement aux petits prophètes.
(...) La tenue des prisonniers est un costume, pas un vêtement. Elle fait d’eux un personnage tout à la fois de tragédie et de comédie – un pierrot triste, un clown dépenaillé qui, comme on le sait, a le cœur brisé.
Je suis le prince de la procrastination, dit-il.
C'est un péché qui me guette sans cesse. Je ne remets jamais au lendemain ce que je peux faire... Le surlendemain.
Toute l'horreur de l'existence d'un homme en prison réside dans le contraste entre la bouffonnerie de son aspect et la tragédie de son âme.