AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Antonio Negri (14)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle

A l’heure où l’ultra-capitalisme tremble sur ses bases en raison d’une double crise financière et écologique, où les décideurs semblent à court d’idées novatrices, où la sinistrose gagne sans cesse du terrain, cet ouvrage consacré au philosophe André Gorz tombe à pic.



Rédigé sous la direction de Christophe Fourel, président de l’Association des lecteurs d’Alternatives économiques, « André Gorz - Un penseur pour le XXIe siècle » permet d’approcher la pensée de celui qui fût un des théoriciens les plus importants de la critique sociale des cinquante dernières années et un des pionniers de l’écologie politique.



Etudiant à l’université de Lausanne pendant l’Anschluss, André Gorz obtient le diplôme d’ingénieur chimiste en 1945 à l’âge de 22 ans et entame dans la foulée un traité de philosophie.

Chef du service économique de l’hebdomadaire l’Express dans les années 60 puis cofondateur du Nouvel Observateur, André Gorz est aussi à la même époque directeur politique de la revue de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir « Les Temps modernes ». La pensée sartrienne et les thèses marxistes auront une influence considérable sur le parcours de cet autodidacte.

Proche de la CFDT, il s’intéresse aux mouvements syndicaux européens et suit de près les expériences révolutionnaires d’inspiration socialiste, en Amérique latine notamment.

Il popularise en France dans les années 70 la pensée d’Ivan Illich sur l’écologie politique et place au cœur de sa réflexion la question de l’autonomie de l’individu quant à son libre épanouissement.



André Gorz quitte l’ensemble de ses fonctions publiques au début des années 80 pour se consacrer à son épouse atteinte d’une maladie évolutive.

Il continue cependant à écrire des livres en rapport avec le monde du travail, redéfinissant notamment la place du prolétariat dans l’histoire, élaborant des idées novatrices comme le passage du travail contraint au travail choisi, comme le développement des services à la personne ou encore l’instauration d’un revenu d’existence suffisant pour favoriser à la fois le travail autonome et la production alternative intégrant l’idée de rejet de la surconsommation.

Ses dernières études ont trait à la finitude du capitalisme qu’il considère inévitable à plus ou moins brève échéance, s’interrogeant seulement sur la forme qu’elle prendra : civilisée ou barbare.



Des personnalités de tous horizons ont participé à la rédaction des dix premiers chapitres qui représentent environ les trois quarts du livre. Ils ont côtoyé André Gorz à différents moments de sa vie publique et leurs témoignages apportent un éclairage passionnant sur le penseur humaniste qui mettait constamment au cœur de sa réflexion l’interrogation suivante : « Que désirons-nous faire dans et de notre vie ? »



La dernière partie du livre rassemble des écrits divers d’André Gorz dont une lettre posthume de toute beauté au camarade Che Guevara.



Pas le moins du monde rébarbatif mais au contraire vivant et débordant d’humanité, « André Gorz - Un penseur pour le XXIe siècle » s’adresse à un large public pas forcément féru de philosophie ou d’économie. Cet ouvrage retrace les combats d’un agitateur d’idées qui ont, ces dernières décennies, largement dépassé les frontières et dont le siècle qui commence s’inspirera très certainement.



André Gorz a fait le choix philosophique de quitter ce monde en septembre 2007, main dans la main avec sa compagne Dorine.

L’amour au centre des préoccupations sociétales, pensé comme question politique, est très prégnant dans l’œuvre d’André Gorz. L’amour de l’Autre sans lequel rien n’est possible, sans lequel toute tentative de transformation sociale reste déshumanisée.

Sur un plan personnel il avait besoin de Dorine pour écrire, l’amour pour sa compagne lui servait constamment de corde de rappel et d’inspiration.

Leur choix de partir ensemble, il l’avait exprimé avec noblesse quelques mois plutôt : « Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l’autre. Nous nous sommes dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble. »

Commenter  J’apprécie          430
Traversées de l'Empire

"Il y a, dans ce rapport entre la pauvreté et l'amour, un élément commun qui circule. Cet élément est monstrueux". Et c'est un peu sur la recherche de cet élément que s'organise le programme de ce carnet anticapitaliste, réunissant 5 conférences de Toni Negri, auteur de la "grande synthèse théorique du millénaire", comme n'oublie pas de le rappeler l'éditeur Alexandre Lacroix en préambule de ces quelques courts textes.



Au delà de ce programme pour le moins ambitieux, ce carnet de l'Herne est une bonne opportunité pour qui veut découvrir la pensée de cet intellectuel engagé, fondateur du groupe "Autonomie ouvrière", emprisonné, disculpé, exilé, réincarcéré, semi-libéré. Engagé.



On sent au fil de ces 5 conférences, entre Berlin, Rio ou Shanghaï, que Negri tente de réhabiliter une pensée marxiste devenue (?) inapte à appréhender un capitalisme en mutation, forgeant ainsi de nouveaux concepts (empire, multitude) ou appuyé par ceux de ses aînés en philosophie politique. Je soupçonnerais parfois l'auteur d'avoir créé de toutes pièces un lexique et une phraséologie au service du discours, mais il est intéressant de voir que ce néomarxisme est dépollué de l'attention excessive que l'on portait sur la classe ouvrière, alors que la précarité prend des formes diverses, comme a changé la classe bourgeoise.



"La financiarisation ne représente-t-elle pas de fait une mystification des déterminations du commun mondial?" C'est sur ce terrain que l'on attend Negri, celui qui redéfinit le commun mondial. De là à faire l'amour le moteur de la résistance.



Parallèlement aux nouvelles formes de précarité, c'est une nouvelle forme de pouvoir impérial qui apparaît, celui d'un maillage de forces supranationales, dépassant les vieux Etats Nation pour une mise en réseau des puissances. Simplisme géopolitique? C'est sans doute le prix à payer pour la lisibilité de ses luttes, mais cela offrira-t-il un contrepoids théorique suffisant face à un capitalisme souple, adaptable.



En tout cas l'actualité de ses propos est criante, on serait très curieux de savoir ce que pense Negri des mouvements politiques qui embrasent l'Espagne et l'entrée de Wall street.

Commenter  J’apprécie          80
Traversées de l'Empire

Rouge et volumineux, il est un livre qui depuis quelques semaines me nargue sur mon bureau. Il fallait se décider à lire « Empire », le livre de Hardt et Negri si souvent cité. En attendant, la lecture de « Traversées de l'Empire » du même auteur – traversée au pas de course, quelques pages – ferait peut être l'affaire ?



La présentation de cet opuscule – relativement longue et détaillée en comparaison du reste – est pour le moins surprenante. C'est une sorte d'hagiographie de Negri qui rassemble tout ce qui peut constituer un confortable capital symbolique : « il rejoint des figures intellectuelles de qualité … il enseigne à … il se rapproche de … ». S'agissant d'une personnalité de l'alter mondialisme cela peut surprendre. Nous apprenons tout de même dans cette introduction qu'Antonio Negri a passé les années quatre-vingts, celle de la révolution libérale, dans les prisons italiennes. La vision « négrienne » du monde en serait-elle un peu altérée ?



Ce qui également ne manque jamais de me surprendre, c'est la propension de certains intellectuels à tout publier. Ils publieraient leur liste de courses – avec quelques remarquables et avantageux commentaires évidemment – si tant est qu'ils les faisaient. Etait-il bien nécessaire d'éditer ces cinq conférences prononcées aux quatre coins du monde ? J'ai très envie de répondre non et non ! Et ce n'est pas pour accabler le penseur que je méconnais, c'est tout au contraire pour le défendre. Si dans ce petit livre rien n'est vraiment démontré, si les concepts empruntés çà et là apparaissent comme plaqués, si tout semble contredire la plus évidente réalité, c'est qu'il s'agit d'un simple bavardage qui naturellement n'aurait pas dû être imprimé. Il y a des choses produites à la hâte, faites pour engager une conversation, qui manifestement ne résistent pas à une lecture attentive.



Sans évidemment nous attarder plus que l'auteur, reprenons quelques-uns de ses thèmes favoris. le nouvel ordre mondial, les nouvelles formes de production sont évoqués dans « Traversées de l'Empire ». Les thèses développées dans l'ouvrage, il faut bien le dire, ne sont pas vraiment neuves. Etonnamment, elles sont tout au contraire – depuis les dernières interventions étatsuniennes et la révolution numérique – rabâchées sans relâche par les médias.

La domination mondiale ne serait plus celle de plusieurs Etats-nations mais celle menée de concert par « une force monarchique » : les Etats-Unis et « des forces aristocratiques ». N'est-ce pas là l'antienne « seule super puissance » ? Et celà à l'heure de la montée des nationalismes, de la renaissance des particularismes religieux, des interventionnismes de toutes natures, de l'apparition d'une nouvelle super puissance … Mais, comme Antonio Negri, ne donnons aucun exemple.

Le travail qui crée des produits immatériels, aurait également émergé en place, tendanciellement, du travail industriel. Ce travail pourrait être pensé sous deux formes, le travail intellectuel et le travail relationnel ou affectif. La formation, la communication et la coopération deviendraient aujourd'hui les règles de la production et il en résulterait notamment une moindre division sociale du travail. Les fabrications contemporaines à base d' « enrichissement du travail », de « management participatif », d' « autonomisation des tâches » et autres programmes de « réalisation de soi » finissent par faire oublier cette vérités première, le travail est malheureusement divisé et ne l'a jamais été autant.



Pascal, à juste titre, dénonçait ce procédé qui consiste à simplifier outrancièrement une pensée et à y appliquer ensuite sa critique. En essayant de faire plus court que les conférences elles-mêmes, négligeant les contradictions et les insuffisances avouées de l'auteur, j'ai tenté simplement de reprendre quelques points importants du livre. Encore une fois, ces quelques lignes ne s'appliquent pas à l'oeuvre de Negri mais à « Traversées de l'Empire » qui ne peut, à mon humble avis, que décourager un lecteur futur d'« Empire ».

Commenter  J’apprécie          40
André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle

Cet ouvrage publié un an après la disparition d'André Gorz aurait pu être une hagiographie ou une plate anthologie. Il a le mérite non seulement d'avoir évité ces deux défauts, mais surtout de mettre en perspective les aspects multiples de la pensée du philosophe : une pensée politique dont son autodidactisme et son indépendance de toute « chapelle » a permis d'évoluer, notamment au sujet du revenu universel mais aussi des interprétations sartrienne et althussérienne du marxisme français.

Christophe Fourel, directeur de la publication, signe les deux premiers articles du livre : « L'actualité d'André Gorz » et « Itinéraire d'un penseur », indispensables rappels de l'œuvre et de certaines importantes données biographiques. Suivent, sur les aspects les plus significatifs de cette œuvre magistrale et inspirante, des contributions de spécialistes qui ont aussi entretenu des rapports personnels avec Gorz : ainsi, certains chapitres insistent davantage sur les précurseurs de ses apports, d'autres sur la fortune de ceux-ci, d'autres enfin sur leur propre positionnement par rapport aux idées du philosophe. Cela donne un caractère plus vivant à cette pensée et souligne, comme l'indique le titre, sa modernité qui, à tant d'égards, frappe pour son côté anticipateur, voire prophétique : en particulier sur la sortie du capitalisme - « barbare » ou « civilisée » selon un choix qui reste à faire et ne relève pas du « matérialisme historique » - et sur les problématiques de l'écologie politique et de la sociologie du travail, affrontée bien avant la révolution du numérique.

Patrick Viveret, en réinterprétant le testament spirituel de Gorz précédant son fameux suicide de couple, Lettre à D. Histoire d'un amour, nous invite à « […] penser les enjeux émotionnels de la transformation sociale » ;

Jean Zin signe : « André Gorz, pionnier de l'écologie politique » ;

Carlo Vercellone : « L'analyse gorzienne de l'évolution du capitalisme » ;

la grande Dominique Méda, et Denis Clerc s'intéressent à la critique gorzienne du travail, qui diffère de la leur tout en parvenant aux mêmes conclusions ;

Marie-Louise Duboin-Mon, en s'occupant de « l'économie distributive », m'a appris la dette que Gorz avait sur ce thème vis-à-vis de Jacques Duboin (1878-1976), penseur fort intéressant que j'ignorais complètement ;

Jean-Baptiste de Foucauld met en relation le thème du « temps choisi » avec Jacques Delors et le club « Échange et Projets » qui eut un grand impact dans le débat français sur la « loi des 35 heures » ;

Philippe Van Parijs parle de ses échanges avec Gorz sur le thème de « l'allocation universelle ».

S'ensuivent trois textes inédits du philosophe : un entretien très intéressant sur l'aliénation, qui constitue peut-être le fil rouge de toute son œuvre, un texte de jeunesse sur Kafka et un dernier, qui fait opportunément office de conclusion, intitulé « Nous sommes moins vieux qu'il y a vingt ans ».
Commenter  J’apprécie          30
GlobAL

Je commence par remercier le site de Babelio et les éditions Amsterdam pour cet envoi dans le cadre de l’opération Masse Critique. En règle générale, j’apprécie les essais, alors lorsqu’ils sont consacrés à une partie du monde, qui me fascine, en l’occurrence l’Amérique latine, je m’imaginais que j’allais dévorer ce livre de près de 220 pages.

Vous aurez compris que ce ne fut pas le cas, et qu’aller au bout du livre m’a été pénible. Les propos sont à mon sens trop conceptuels pour être aisément compréhensibles. En outre, les renvois (trop sommaires et donc pas assez explicités) vers les autres ouvrages des auteurs obscurcissent encore un peu plus la compréhension. A vouloir tout aborder, en se posant toutes les questions possibles sur l’état et l’histoire de l’Amérique latine, l’ouvrage en devient obscur. Ajoutez à cette confusion la multiplication des notes pour expliciter tel ou tel point – les notes sont indispensables dans un essai pour mieux appréhender le raisonnement mais là c’est, à mon sens, raté – et voilà les difficultés de compréhension qui se multiplient.

Démocratie, économie, passé récent, organisation du travail, …. Les problématiques sont nombreuses, mais au final je reste aussi ignorant en refermant cet essai qu’au moment où je l’ai ouvert. C’est donc une déception pour cet essai, qui est à mon sens peu (ou très difficilement) compréhensible et ce manque de clarté est, à mes yeux, criant.

Commenter  J’apprécie          30
GlobAL

Ce livre, reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique (que je remercie ici), m'a interpellé sans vraiment me convaincre.

Premier constat, le livre est réellement difficile d'accès. Quel contraste avec l'oeuvre de Viviane Forrester, l'horreur économique, lu quelques semaines plutôt ! En un seul livre, l'auteure parvient à nous faire changer de regard, desciller les yeux sur la réalité du monde moderne, déjouer les illusions qu'entretiennent savamment nos élites politiques. Et ce en des mots simples et accessibles à tous.

Ici, le ton est tout autre. La lecture de l'essai demande un effort constant. Ce livre, écrit à 4 mains, utilise toute une batterie de termes techniques qui ne sont nulle part définis (biopouvoir, biopolitique, national-développementisme, gouverner l'interdépendance ?...). Car GlobAL est l'application à un cas particulier des conceptions sociopolitiques de Toni Negri précédemment élaborées dans deux œuvres majeures : Empire et Multitudes.

On considère souvent aujourd'hui ces œuvres comme les Bibles de l'Altermondialisme. Pourquoi ? Très certainement parce que Toni Negri remplace la vieille classe ouvrière par ce qu'il nomme la Multitude. Concept qui inclu la classe ouvrière mais l'élargit aux chômeurs, comme au travail immatériel. Beaucoup peuvent donc s'y reconnaître. Jusqu'aux classes moyennes, que l'on présente enfin comme une nouvelle force politique émergente. Ce qui est étonnant au premier abord, c'est que Negri place également au sein de la Multitude les « communicants » (vous savez, ceux qui nous farcissent la cervelle des pubs les plus débiles les unes que les autres, ceux qui nous invitent prestemment à jouer notre rôle de consommateurs sans scrupules...). Negri considère la montée en puissance des communicants comme positif. A aucun moment n'est posée la question de savoir si cela ne favorise pas plus l'ordre établi que l'inverse...

C'est ici que l'on tombe sur un autre aspect de l'ouvrage auquel on peut ou non adhérer : son caractère résolument optimiste. GlobAL se veut en effet comme un message d'espoir, l'affirmation que l'on peut changer les choses, envers et contre le pessimisme ambiant.

Voici pour la forme. Passons au contenu.

Pourquoi l'Amérique Latine ? Pourquoi centrer cette analyse sur cette région ? A priori parce que celle-ci a connu pendant de longues décennies des dictatures militaires implacables (Brésil, Argentine, Mexique...). Les vieux impérialismes américains et européens plaçaient leurs marionnettes à la tête des états du sud. Pour contrer cela, une frange de la gauche prônait une politique national-développementiste, qui ne fit que renforcer les pouvoirs en place.

Or, depuis les années 1990-2000, il y a du nouveau au Sud (gouvernement Lula, Kirchner...). Selon les auteurs, l'impérialisme ne serait plus à l'oeuvre dans cette région. Negri écrit que l'impérialisme n'est que nationalisme « au-delà de ses propres frontières ». Ce qui se joue aujourd'hui, Negri le présente sous le nom d'Empire. L'Empire, c'est l'idéologie néolibérale qui se répand à travers le monde, y compris en Amérique latine. Elle est un biopouvoir supra-national, indépendant des nations. Negri évacue donc le concept léniniste d'impérialisme et lui substitue un nouveau terme pour expliquer les développements historiques récents de l'Amérique latine.

Selon les auteurs, « la crise argentine de décembre 2001 est paradigmatique du passage d'une économie fordiste à une économie post-fordiste ». Le travail industriel, massivement ouvrier, tend à disparaître (même constat chez V. Forrester) au profit d'une massification de l'intellectualité, d'une centralité du travail vivant. Le travail industriel, au fondement de la civilisation tel que nous l'avons connue, est en passe d'être remplacé par le travail créatif, imaginatif, intellectuel (services, communications...). On ne crée plus aujourd'hui simplement des biens de consommations. On crée des modes, des affects, des tendances... C'est ce que les auteurs appellent le biopolitique.

C'est cela qui change tout ! Aussi radicalement et essentiellement que lors du passage du moyen âge à la modernité, nous entrons dans une nouvelle ère, dans la « Post-modernité ».

Aussi l'Empire ne repose pas sur l'aliénation salariale seule. Il prend appui aujourd'hui non seulement sur ce qu'on mange, mais aussi et surtout sur ce qu'on pense. C'est la face sombre de la Post-modernité : le biopouvoir. Mais la contrepartie est évidente. En faisant cela, la société post-moderne offre également de nouvelles opportunités d'éducation et de culture. C'est précisément cela qui se passe en Amérique latine. Cette région du monde connaît une transition accélérée du moderne au post-moderne et là est l'opportunité.

Les auteurs en veulent pour preuve les manifestations insurrectionnelles de décembre 2001 en Argentine. Car même si le travail salarié (et ses organisations syndicales) tend à disparaître, les manifestations de 2001 ont prouvé que l'on ne pouvait pas en conclure à l'affaiblissement des mouvements sociaux. De nouvelles formes de luttes apparaissent, qui ne supposent plus seulement la classe ouvrière, et s'organisent différement (internet, réseaux sociaux...). Ce sont aussi bien des ouvriers que des piqueteros (chômeurs) ou des salariés travaillant dans les services. Aussi bien des inclus, que des exclus. Ce que Negri nomme la Multitude.

Contre Hobbes et Rousseau, la multitude sans souverain est affirmée comme « le contraire du chaos, de la violence et de la guerre civile. En Argentine, là où commence la multitude s'arrête le pouvoir (de terreur!) et le chaos des marchés ». Acabo el miedo, finie la peur, disent les Argentins !

Les manifestations ont ouvert un espace de démocratie défiant l'Etat de siège déclaré. Elles ont entraîné la démission du président et permis une démocratisation du pouvoir d'Etat argentin.

C'est sur cette note extrêmement positive que se termine l'ouvrage et, personnellement, je reste sceptique. Bien que l'Amérique latine semble sortir la tête de l'eau, il me semble qu'on ne peut pas encore crier victoire, le rivage semble encore loin à atteindre. Et comment être sûr que ces mouvements sociaux, si puissants soient-ils, ne se fourvoient, pire ne se fassent trahir en raison de l'absence d'une politique clairement établie ? La seule ligne politique défendue par les auteurs est de tourner le dos au national-développementisme qui n'a « jamais été en aucune manière un moteur de développement social ». Mais avait-on besoin de tant d'appareillage conceptuel pour en arriver à cette conclusion qu'une partie de la gauche défend déjà depuis bien longtemps ?
Commenter  J’apprécie          30
Trilogie de la différence

Toni Negri est philosophe, il s'essaie au théâtre avec cette trilogie qui nous fait suivre tour à tour un terroriste, un résistant et un rebelle.

Il nous présente sans doute les différentes formes de contestation de l'ordre établi, que celui-ci soit légitime ou non.

Il semblerait d'ailleurs que, pour Negri, tout forme de pouvoir établi mérite que l'on s'y confronte, puisque coercitif par nature.

Ainsi, la facture philosophique de ces pièces est peut-être indéniable en ce qu'elles illustrent cette théorie; toutefois, au niveau théâtral, et elles ont déjà été jouées (au théâtre de la Colline, il me semble), nous avons un auteur qui ne présente guère d'intérêt selon moi.

Les métaphores sont peu inspirées et les emprunts à la dramaturgie antique, plus pompeux qu'efficaces.

Pas indispênsable.
Commenter  J’apprécie          30
Traversées de l'Empire

Je remercie Babelio et L’Herne pour m’avoir permis d’avoir lu ce livre. J’ai lu ce livre en une heure et plus, donc, c’est un livre très court où est présenté les quatre discours d’Antonio Negri sur le capitalisme et le communisme.



L’écriture de ces discours sont vraiment difficile, dès les premières pages je me suis retrouvé noyé dans le vocabulaire économique et politique, mais par la suite, les mots inconnus nous sont expliqués, mais j’accorde le fait que c’est normal d’avoir un vocabulaire spécifique, puisque les discours sont destinés à des professionnels et j’en suis loin d’en être !



Le sujet de ce petit recueil de discours est le communisme et l’Empire, pour l’auteur, l’Empire est l’image qu’il utilise pour désigner la mondialisation et les pays qui y adhèrent. J’ai trouvé difficile de le lire, mais j’ai quand même compris un minimum, l’auteur critique la mondialisation et le capitalisme qui est devenue mou, il nous donne son avis sur le nouveau système qu’il voudrait mettre en place, la MULTITUDE !



Comme c’est la première fois que je lis du politique, je ne peux rien vous dire sur ses idées sauf qu’elles m’ont paru quelque peu utopique mais j’ai bien aimé les explications sur le travail immatériel qui prédit vraiment l’avenir. Le reste, on comprend bien son camp, il est contre tout le capitalisme mais n’est pourtant pas communiste, il a des divergences avec les communistes.



Je vous conseille ce livre si vous avez un intérêt particulier au communisme et à cet auteur, mais sinon, il ne faut pas sortir des sentiers battus ! Bonne lecture !
Lien : http://litteraire-en-herbe.b..
Commenter  J’apprécie          30
Empire

Arrêt sur la couverture…sympa elle.

J’avais imaginé un récit de SF…Pas de chance pour moi.

Les 100 premières pages pour expliquer que le nouvel « empire » (gouvernement mondial) s’appuie sur le droit. Un droit supranational créé par l’ONU que les états sont astreints à respecter.

100 pages.

Désolé mais c’est un peu court. Tout cela emballé dans un langage abscons de sociologue en faisant référence à Hegel ou Heidegger et Locke…

Juste bon au placer sous votre table de chevet au cas ou il lui manquerait un pied de 4 cm. Ou lire quelques lignes si le sommeil vous cherche sans résultat…

Vous souhaitez des titres intéressants en matière de sociologie ? En voici un qui m’a marqué :

De Lasch : « la révolte des élites »…utile, très utile.



Commenter  J’apprécie          20
Soulèvements

Si le thème de cette exposition a été présenté au pluriel ce n'est pas par hasard.

Car le soulèvement c'est le fait d'être porté vers le haut mais c'est aussi une agitation ou un mouvement collectif et massif de révolte.

Alors ce beau livre des « Soulèvements » permet d'apprécier des oeuvres très variées présentées au jeu de paume à Paris du 18 octobre 2016 au 15 janvier 2017.

Ce sont des images qui accrochent, celles des forces qui nous soulèvent, physiques, corporelles, sociales. Les images et les mots nous entrainent dans une sorte de tourbillon. C'est surprenant et assez original mais ce que j'ai préféré, ce sont les images d'insurrection : La grève de Sergueï Eisenstein ou les marches de résistance des mères et des grand-mères à Buenos Aires.





Commenter  J’apprécie          10
Empire

Lu en quatrième vitesse, malgré un intérêt initial fort. J'ai beaucoup de mal avec les ouvrages qui se présentent comme des encyclopédies, des romans et des essais à la fois : tout y est mélangé, on ne fait pas la différence entre ce qu'apportent les auteurs et ce qu'ils reprennent, on évolue dans un marasme gigantesque d'où l'on ne trouve rien à extraire. Cette manie contemporaine de mettre des "interludes" (intermezzo ici) et des fins de chapitres sous forme de petites histoires comme des pages de publicité est particulièrement agaçante et contre-productive, du fait que, loin de mettre en lumière le reste du texte, elle ajoute au contraire toujours à sa confusion. C'est sans doute pourquoi les ouvrages sérieux n'en comportent pas : ils ont pris le parti de la clarté plutôt que celui du faux agrément ou de la fausse connaissance ludique. Témoignage encore du désordre de l'ouvrage, les auteurs, toujours les mêmes, réapparaissent à intervalles réguliers : Marx, Foucault, Polybe... Une citation par-ci, une citation par-là, ce faisant on fait dire à peu près n'importe quoi à n'importe qui, et l'on se base sur Saint-Augustin pour justifier la création d'un syndicat mondial ou sur Polybe pour légitimer l'évidence de la forme impériale capitalistique à venir. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas se baser sur Dieu pour dire ce qu'on a à dire, ou, soyons fous, sur soi-même ? Ca irait sans doute plus vite. En résumé, la notion d'Empire ressemble après cette lecture en diagonale à une sorte de justification prédictive d'une société entraînée par les échanges économiques dans une sorte à la fois de constat d'évidence et de délire que la raison ne vient pas brider, où la notion de lien social n'est jamais abordée et où toute forme d'individualité a disparu. C'est très dans l'air du temps façon "les cadres du passé n'ont plus lieu d'être", "les cartes sont redistribuées", "admirons l'époque formidable que nous vivons et empêchons-nous surtout de réfléchir sérieusement". Si quelqu'un a compris autre chose, ça m'intéresse.
Commenter  J’apprécie          00
GlobAL

Les auteurs de Global nous racontent tous sur la vie de certains pays comme le Mexique, la Bolivie, l'Argentine. On découvre ou redécouvre, les conditions de vie de ses habitants, comment dirigent le pays ses dirigeants, ainsi que tout ce qui se passe au niveau économique, mais aussi les difficultés rencontrées après les émeutes, les révolutions qui ont eu lieu. On apprend aussi comment sont les conditions de travail de tous ses travailleurs et comment les autres pays apportent leur contribution pour aider ses pays. J'ai eu un grand choc, car certaines situations, nous sont inconnus ou alors c'est moi qui ai oublié, car je ne pense pas que certaines choses n'ont pas été révélées dans la presse télévisée, ni dans les journaux, ni sur les réseaux sociaux faut dire que pour certaines situations les réseaux sociaux n'existaient pas. Un livre qui est nous éclaire sur toutes les conditions de ses pays et qui nous montrent l'horreur que subissent certains peuple et qui ne peut pas nous laisser indifférent. J'ai beaucoup apprécié tout ce que nous apprennent les auteurs en nous mettant en légende une explication sur des mots ou nom de personnes qui ont contribué à l'histoire de leur pays. Je vous conseille de le lire si vous souhaitez connaître ce que vivent ces peuples.
Lien : http://jewelrybyaly.blogspot..
Commenter  J’apprécie          00
Empire

Je me souvient juste avoir lu le début, je crois que l'auteur fesait reference au boomerang.
Commenter  J’apprécie          00
André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle

Critique de Lauren Malka pour le Magazine Littéraire



Presque deux ans après sa mort, les questions soulevées par André Gorz (1923-2007) se révèlent d'une grande actualité. Peu connu du grand public, cofondateur du Nouvel Observateur avec Jean Daniel, ce philosophe originaire d'une famille viennoise est aussi considéré comme l'un des pères de l'écologie politique en France. Ce n'est pas un hasard si, en temps de crise des fondements du capitalisme, ce penseur contestataire, théoricien de la décroissance, qui refusait tout compromis avec le pouvoir, fait aujourd'hui l'objet de deux parutions concomitantes. D'abord un ouvrage collectif, à La Découverte, qui réunit, sous la direction de Christophe Fourel, les témoignages d'intellectuels qui l'ont connu. Patrick Viveret, Jean Zin, Denis Clerc, Dominique Méda et Marie-Louise Duboin commentent son oeuvre - sa critique du capitalisme, son rapport à la « l'économie distributive », mais aussi le cheminement de sa parenté philosophique avec Sartre ou encore avec Ivan Illich - et le décrivent comme « un penseur pour le xxie siècle ». Les éditions Textuel choisissent, quant à elles, de faire entendre cette pensée ouverte, en perpétuelle évolution, à travers une série d'entretiens radiophoniques approfondis entre André Gorz et Marie-France Azar pour l'émission « À voix nue », diffusée en 1991 sur France Culture. L'enregistrement, accompagné d'un livret de commentaire de Michel Contat, permet de saisir toute la portée de cette philosophie de l'individu et du capitalisme selon laquelle « la société engendre plus de besoins insatisfaits qu'elle n'en comble ». Notons, dans cet échange, un développement passionnant d'André Gorz sur son complice intellectuel, Ivan Illich, et sa thèse de la « société dite de service », qui nous « dispense de tout travail pour soi ». Deux portraits sous forme d'hommages posthumes, dont on regrette, pour l'un comme pour l'autre, le manque de recul critique, mais qui ont le mérite de nous faire découvrir une pensée probablement amenée à devenir centrale dans un futur pas si éloigné.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Antonio Negri (72)Voir plus

Quiz Voir plus

The Curious Incident of The Dog in the Night-Time

1. Who is the author of the book "The Curious Incident of the Dog in the Night-Time"?

a) Mark Haddon
b) J.K. Rowling
c) Harper Lee
d) Kazuo Ishiguro

10 questions
9 lecteurs ont répondu
Thème : The Curious Incident of the Dog in the Night-Time de Corinne EscalesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}