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Citations de Arnaud Maïsetti (36)


Si le père prit les armes pour conquérir des titres, le fils les ramassa aussi pour en déposséder le monde. Comme on ne tue pas le père sans s'arracher une part de sa peau, il portera le nom de Saint-Just comme un crêpe violacé, un mauvais coup de l'histoire. C'était la sienne dans la mesure où c'était celle de son père : et contre l'histoire aussi il fallait prendre les armes, contre son nom.
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l'Histoire n'est qu'un théâtre peuplé de corps surgis seulement pour la beauté d'un geste ou d'une réplique.
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« J’ai vécu des expériences décisives, mais elles sont irracontables. » Je voudrais ici seulement approcher l’irracontable de ces expériences – non en vertu d’un savoir qui saurait les expliquer par la preuve, plutôt chercher dans un parcours les traces de quelques trajectoires fuyantes qui dessinent comme des constellations de sens et d’intensité pour notre présent.
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D’une radicalité profonde et offerte cependant à une reconnaissance immédiate, l’œuvre de Koltès ne peut se lire qu’en regard de cette vie, non pas qu’elle l’explique, ou la prouve, mais parce que Koltès a fait de sa vie l’expérience même, esthétique et politique, de ces conquêtes, où il s’agissait avant tout de trouver, voire d’inventer, les espaces où se donner naissance, pour pouvoir donner naissance à l’écriture, et réinventer les fables susceptibles de nous réapproprier le monde.
C’est dans cette mesure que raconter ce que fut la vie de Bernard-Marie Koltès a un sens, et c’est pourquoi ce sens porte avec lui le refus de s’attacher aux événements superficiels de l’existence, pour mieux lire dans les articulations de l’œuvre et de l’expérience ce que cet auteur inventa pour nous : une manière d’inventer dans l’écriture la vie : la sienne ou la nôtre, comme celle de notre temps.
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À la vie de Bernard-Marie Koltès sont attachés le privilège du secret et l’appel du désir. Au secret, sa vie tout entière paraît vouée comme à un pacte. Et au désir, l’écriture est son serment qui le révèle.
Emporté à quarante et un ans, en 1989, Bernard-Marie Koltès n’aura pas seulement laissé une œuvre, mais aussi son inachèvement qui la constitue finalement de part en part.
De son vivant, dix ans durant, son œuvre fut célébrée, montée par Patrice Chéreau qui la choisit en contemporain essentiel, et pendant dix ans elle fut ainsi reconnue comme celle de notre temps ; dix ans ensuite elle fut lue et commentée, reprise et éditée, dressée au rang des classiques du présent ; depuis dix ans, on la joue sur toutes les scènes du monde.
Trente ans après sa disparition, la vie et son pacte demeurent intacts : ce qui lie l’expérience aux secrets qui exigent en soi de rejoindre les territoires les plus vifs où la vie elle-même serait de nouveau possible et réinventée à rebours des origines. Dès lors, ce qu’on croyait appartenir au camp de l’œuvre, sa faculté à rebattre les cartes de l’art, relève aussi de part en part de la vie, d’une articulation intime entre l’expérience et l’écriture, une façon neuve de penser le monde qui le renouvelle.
Ce que nous laisse Bernard-Marie Koltès, ce n’est en rien l’exemple d’une vie ou l’héritage d’une œuvre, mais cette faculté à éprouver dans la vie les forces capables de reconquérir des territoires de fiction, et par là des imaginaires intimes, politiques ou érotiques essentiels pour que nous puissions, en retour et en partage, habiter ce monde et le rendre possible, percevoir la nature des corps qui peuplent notre histoire et en reprendre possession.
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le visage qu’on a quand on le prend dans ses mains, le cache, et ce qu’on laisse voir de soi
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C’est du visage que commence la mort du visage, l’appréhension d’une fin possible : et dans cette fin possible, toutes les fins que le visage va augurer.
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Mais dans l’éloignement, la beauté infinie de cette nuit obscure, on s’approcha de moi, sans raison, sans que je le sache même, sans rien qui l’avait préparé que ma solitude, sans aucune volonté de s’approcher de moi, hors ma solitude posée là, vaine, dans la tendresse terrible, dans l’évidence.
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C'est un temps de secousse : la crise remue le corps, de bas en haut, en longs soubresauts de peur qui tétanise – d’avoir annoncé l’effondrement depuis des années semble avoir conjuré tout krach, de sorte qu’on n’entend plus vraiment le bruit de la terre qui se sépare peu à peu, sans se rompre tout à fait, sous nos pieds, et qu’on prend désormais pour le bruit de fond du monde.
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La place pourrait être déserte s’il n’y avait, à un endroit de lumière plus dense, quelque chose qui m’attend, que mon ombre rejoint en coulant sur le sol, rampant entre les pavés irréguliers, quelque chose que mon ombre va finir par rejoindre, sans doute, si la lumière continue, et le fera-t-elle sans moi.
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La nuit non souhaitée s’éloignait de moi comme de la mer : ce qui vient est autre chose de plus vague, de plus neuf que l’origine encore.
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Ce présent de sol et d’évidence, toute cette étendue horizontale de temps qui s’offre devant soi, sur laquelle tomber, de tout son poids, au soir ; et recommencer chaque matin, lever le corps : debout formera l’angle droit entre le sol et soi, cet angle entre lequel recevoir tous les coups que le monde sera prêt à lancer : et le monde est prêt à en lancer par centaines.
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Au-dedans de nous, le train rejoue sa mélodie et sans s’en apercevoir, on adopte rapidement son rythme, sa respiration (dans la poitrine, le cœur : et dans les jambes, le battement de sang, la dilution des veines : le goût écœurant dans la bouche). Le train au-dedans de nous scande bientôt sa pulsation, régulière et balancée. Au-dehors, c’est toute une extériorité privée de cette mobilité qui se déploie
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Internet devient l’espace de médiation de l’écriture et l’écriture elle-même : il n’y a plus dès lors d’écritures secondes, critiques : quand tout se formule horizontalement dans la relation immédiate, ou presque, chaque écriture devient première.
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Unité de la page dans un site, superposé au texte – page immédiatement là sans fin : dont le terme est donné par le texte lui-même car quand il cesse, la page s’arrête aussi. Elle permet d’envisager un nouveau rapport de la page à la vitesse du texte : si l’espace littéraire, comme je le crois, est une question de rythme, alors peut s’engager toute une nouvelle écriture en prise avec ces questions
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les pas d’une histoire perdue encore – d’une histoire en retard de toute une vie, de toute une histoire à venir ; histoire venue s’échouer contre moi et les murs blancs de cette chambre semblant se rapprocher à mesure que la nuit s’établit dehors, dedans, partout. J’écoute encore, je regarde. Sur le monde plane le murmure amer de l’histoire – le murmure éparpillé des devoirs à se transmettre. Comme l’histoire possible de cet homme que je peux inventer….



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