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Critiques de Arthur Nesnidal (43)
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La Purge

Quand j'ai repéré ce livre de la rentrée littéraire, j’ai tout de suite été emballée par sa thématique. Arthur Nesnidal y évoque ici son année d’hypokhâgne et j’étais certaine que cela ferait écho à mes propres souvenirs et me transporterait des années en arrière.



L’auteur porte un regard très sévère sur les classes préparatoires. Il y dénonce la violence du système et l’enseignement humiliant des professeurs qui espèrent former la future élite française. Par une série de chapitres thématiques, consacrés par exemple à la remise des copies, aux portraits de professeurs ou à la description austère des salles de classe, Arthur Nesnidal revient sur cette expérience douloureuse et contraignante. Plutôt que d’aider les étudiants à s’épanouir en donnant le meilleur d’eux-mêmes, les classes préparatoires broient les individus en leur imposant un rythme infernal. En encourageant une compétition acharnée, l’institution creuse l’écart entre les classes sociales et abîme l’estime de soi.



Pour parfaire ce portrait acide, l’auteur utilise un style très sophistiqué et imagé. Dans chaque phrase, se fait entendre la petite musique de l’alexandrin. J’ai cependant trouvé que ce travail sur les mots manquait de fluidité. Si la forme est très travaillée, le fond manque pour moi d’un peu de linéarité. Les descriptions se succèdent sans réelle trame, si bien que la force du roman s’épuise au fil des pages. J’aurais aimé qu’à cet exercice de style s’ajoute une réelle histoire, qui m’aurait permis de ressentir davantage d’empathie pour le narrateur.
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La Purge

J’ai eu un peu de mal à terminer ce livre car le thème abordé est difficile mais il est intéressant : la vie quotidienne des étudiants dans une classe prépa, ici Hypokhâgne, avec tous les travers de l’enseignement de ces jeunes gens appelés à être les élites de la France de demain, débouchant sur des postes prestigieux.



La description du travail acharné, du bachotage, du manque de sommeil, dans un lieu où même la nourriture laisse perplexe, de ces étudiants qui triment pou arriver à des meilleurs résultats, devenant des robots ou des « chiens savants », car leur pensée elle-même a été captée, cette description est parfaite, tellement précise qu’on ressent les choses dans son propre corps.



La maltraitance psychologique des élèves est bien décrite, avec ces professeurs sadiques qui n’aiment qu’une chose : dominer, humilier et casser, et bien sûr devant tous les autres élèves, sinon ce n’est pas source de jouissance. Ils entendent à longueur de journées qu’ils sont nuls et qu’ils ne réussiront pas, alors comment résister et continuer à travailler ? Certains professeurs sont pires que les autres :



« Il faut, pour qu’on saisisse ce qui m’aura poussé à me faire le juge de cette personne ignoble, le professeur d’Histoire, et de cet être terrible, le professeur de philosophie, qu’on redonne l’image de cette époque-là. » P 89



La manière dont réagit le héros est intéressante, notamment sa tentative de résistance au formatage et à la pensée unique. Seulement voilà, ce récit m’a un peu laissée sur ma faim. Peut-être parce que j’ai préféré la manière dont Jean-Philippe Blondel l’aborde dans « Un hiver à Paris », car le héros me plaisait davantage.



Je suis allée au bout de la lecture parce que l’écriture d’Arthur Nesnidal est magnifique et emporte le lecteur. Les phrases sont bien construites, il y a ici un amour de l’écriture, du langage écrit et une grande poésie dans les mots :



« La conscience des hommes a ceci de superbe, qu’elle confine au divin par pure inadvertance. On veut l’Inde, on a l’Amérique, on veut l’espace, on a la lune. On s’attend à l’étude et l’on trouve le savoir. A tâtons, ignorants, nous tenons du génie. » P 25



La page trente-sept est magnifique et on a envie de l’apprendre par cœur. Parmi les cinq livres que la FNAC m’a proposé, celui-ci est sans conteste le mieux écrit.



Ce roman, qui est un premier roman, il ne faut pas l’oublier, est prometteur et si l’auteur réussit à introduire plus d’émotion et de chaleur, le plaisir du lecteur sera au rendez-vous. Je rappelle au passage qu’il est âgé de vingt-deux ans !
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La Purge

"Ecrire est un acte politique. (…) C'est un livre pamphlétaire. (…). Pour moi c'était très important de ne pas écrire un essai parce qu'un essai, c'est chiant, c'est démonstratif, il ne s'agissait pas de démontrer, il s'agissait de parler au cœur avec le cœur, c'est ça la littérature." A. Nesnidal. (interview vidéo du 3 août 2018, chaine Youtube de la Librairie Mollat).



Voilà un auteur qui voulait donc écrire un pamphlet sur ce qu'il appelle "le monde de l'élite, le monde d'une bourgeoisie qui pratique l'escroquerie intellectuelle". Eh bien, sachez, mon cher Arthur-auteur, que si escroquerie il y a, elle est autant dans votre projet d'écriture que dans cette bourgeoisie, dont vous conspuez les pratiques. La seule chose à peu près réussie dans votre entreprise est le titre de l'œuvre : La Purge. Il reflète à lui tout seul ce qu'est ce roman dans lequel un jeune écrivain (22 ans à la sortie du bouquin) couche ses fantasmes de militant politique en les faisant passer pour vérité universelle, nous fait croire que sa petite expérience personnelle de prépa hypokhâgne dans un lycée de Clermont-Ferrand vaut description d'un système (le mot préféré de ceux qui sont à cours d'argument) écrasant dont l'unique objectif est de déprécier les "pauvres gens".



Voilà donc 146 pages de branlette littéraire au cours desquelles Arthur-narrateur découvre sa plume, et l'astique dans tous les sens pour composer des phrases admirablement bien écrites, au rythme travaillé à la limite de l'alexandrin, aux images choisies avec grand soin, aux sonorités quasi-musicales, il ne manque que des rimes ! Mais voilà, Arthur, on peut peindre un mur pourri avec les plus beaux pinceaux du monde, le mur reste pourri, même derrière la peinture la plus criarde qui soit. Tu as eu beau caresser ta plume avec ardeur, il n'en est sorti aucun génie, que de l'aigreur. La beauté de tes phrases que certains qualifient d'ampoulées (c'est le risque d'un astiquage intensif) ne cache pas l'idéologie et l'escroquerie du fond.



Tu prétends avoir vécu l'enfer dans cet Hypokhâgne en nous racontant que tu l'abandonnes au bout d'un an tellement l'épreuve est difficile et tellement tes origines sociales (inconnues) et ton handicap (visuel) sont objets d'avilissement. Détail amusant, dans la réalité, tu y es resté 3 ans dans cette prépa : masochisme de classe ou petit arrangement avec la réalité pour servir le discours ? A partir de là, jusqu'où doit-on prendre pour argent comptant le délire grand-guignolesque mais littéraire d'un étudiant plein de rancœur ? Le self du lycée est décrit comme un bouge infâme, la première de la classe est forcément une fille, catho, grenouille de bénitier, professeure et intendante sont des monstres dont les descriptions grossophobes sont à gerber… Bref tout y est caricature, jusque dans les rares dialogues. Caricature ? Témoignage ? Roman ? Un moment donné il faut savoir sur quel terrain on joue, ici, on ne joue que dans la boue.

On n'endosse pas impunément un costume de loup pour faire comprendre aux autres qu'ils sont des moutons : le costume est mal taillé, il laisse percevoir cette espèce de condescendance (oui, à Hypokhâgne, ils étaient tous des incultes, le jeune homme se sentait perdu comme seul être cultivé et amoureux des lettres) qu'aurait le sachant sur ceux qui ne savent pas, comble du paradoxe quand il s'agit de critiquer l'élite ! Le loup a beau jeu de se foutre du mouton suiveur quand il ne fait finalement que remâcher le discours du dominant de la meute à laquelle il appartient.



Désolé Arthur, ton petit gâteau littéraire, tout joli et soigné qu'il est, a le goût trop prononcé du vomi de ta hargne haineuse envers un "système" dont tu es le fruit gâté par une idéologie politique qui n'a pas eu, sur moi, l'effet que tu espérais. Tu voulais me faire croire que malgré les envies d'ascension, celui qui vient d'en-bas ne peut grimper, empêché qu'il est par "les bourgeois" ? Ta lutte des classes n'existe que parce que tu l'entretiens savamment par un semblant d'insoumission qui exploite la colère individuelle plutôt que l'intelligence collective. Tu prétendais parler au cœur avec le cœur, mais de cœur je n'en ai vu aucun dans ce texte. Les essais sont chiants, disais-tu, la rage aveugle l'est tout autant. Tu ne voulais pas démontrer, mais ce texte n'est que démonstration. Bref, le chien aboie, la littérature passe.
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La Purge

Quand on se replongera dans les archives pour tenter de comprendre comment, au début du XXIe siècle, le système s’est délité avant de faillir complètement et d’entraîner conflits et destructions, alors on retrouvera sans doute un épais dossier consacré à l’éducation et à la fabrication des soi-disant élites qui devaient conduire le pays à la réussite. Un chapitre y sera sûrement consacré aux classes préparatoires qui, comme leur nom l’indique, devaient préparer les meilleurs élèves à intégrer les grandes écoles. Peut-être fera-t-il aussi référence à un ouvrage intitulé La purge et qui démontait alors, point par point, ce système défaillant.

Un témoignage édifiant – de l’intérieur – sur les curieux us et coutumes qui présidaient alors dans ce lycée que l’on n’aura guère de peine à situer à Clermont-Ferrand. «Tout, dans cet établissement, dégageait ce délicat fumet de rance et de désuet, de poussière et de moisi, dont nos enseignants se délectaient volontiers, s’extasiant sans retenue sur l’immuabilité réactionnaire des classes préparatoires. Les couloirs vomissaient leur papier peint en lambeaux, le carrelage d’avant-guerre se disloquait à tout-va, et la craie, sur nos tableaux encore noirs, n'en finissait plus d’agoniser en crissements déchirants. » 

Après les infrastructures et le cadre de vie proposé aux élèves et aux enseignants, concentrons-nous sur les méthodes. On trouvera particulièrement motivant la haute considération affichée par le corps enseignant pour des élèves «médiocres, mauvais, incultes, vides». Les professeurs ne vont du reste pas manquer une occasion de souligner leurs propos, allant jusqu’à humilier ces cancres qui n’ont pas assimilé toutes les subtilités du latin, du grec ou des mathématiques : « il annonçait tout haut la note qui tombait; puis, sans élever la voix, il faisait des remarques sur les fautes grossières que l’on avait commises, sur les égarements qu’on eût pu éviter, sur tout ce qui faisait de nos humbles travaux d’immondes petits torchons; on aurait dit une hyène rôdant parmi les chats.»

Arthur Nesnidal s’en donne à cœur joie dans ce roman à charge, flinguant à tout va, massacrant avec cruauté, dézinguant sans discernement. C’est ce qui rend son brûlot tout autant jouissif qu’excessif. Car pour lui, il n’y a qu’à jeter le bébé avec l’eau du bain. On le suit volontiers lorsqu’il dénonce la nourriture qui leur est servie ou lorsqu’il met en avant les absurdités de l’administration. On se régale notamment de cette scène ubuesque lorsqu’il vient expliquer à la comptabilité qu’il s’acquittera de sa dette lorsque l’argent de la bourse lui sera versée: « Maintenant que vous savez que je paierai, et quand je le ferai, pourriez-vous arrêter d’envoyer des courriers de rappel ? 

– On ne peut pas, c’t’automatique, récita-t-elle d’un ton embarrassé qu’une rage incontrôlée faussait de plus en plus. 

Automatique, bien sûr. Comment n‘y avais-je pas songé? Ils avaient certainement inventé pour le soin du service une sorte de rotative à timbrer les enveloppes, et une autre machine plus ingénieuse encore pour reproduire l’écriture manuelle et ses fautes de français. Sans compter le robot à poster, merveille de technique, qui se glissait la nuit pour se faire discret jusques aux boîtes aux lettres les plus proches des bureaux. » 

En revanche, le romancier donne avec son livre la preuve que la théorie du formatage des esprits, du modèle unique, peut très bien voler en éclats pour peu que l’on cherche à s’émanciper de ce modèle unique et stérile. Laissant de côté les « plaisirs d’ignorance, de paresse et d’orgueil » il nous offre un exercice de style vivifiant servi par une plume trempée dans l’acide.
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La Purge

Le mensonge



Je n'ai pas lu ce livre. Je le lirai. Je me fonde cependant sur de nombreux extraits particulièrement significatifs, sur plusieurs articles de presse qui se sont de toute évidence laissé abuser par une plume totalement artificielle et insincère. Contrairement à Arthur Nesnidal, je ne mettrai pas plus de huit heures pour écrire une page, comme il se plaît à le scander avec une auto-satisfaction particulièrement indigeste. Je préfère recourir à une écriture du coeur, de l'instant, de l'honnêteté, qui elle ne ment pas mais est l'exacte retranscription de ce que je ressens. Il vaut mieux mettre une heure pour atteindre une sincère imperfection que dix pour produire une oeuvre faussement parfaite. Il ne s'agira pas pour ma part de faire l'apologie des classes préparatoires dont je connais très bien les travers et les aspects les plus sombres. J'aime à penser qu'elles ne m'ont pas formaté, bien au contraire, mais cela ne m'empêche pas de conserver à leur égard un point de vue parfaitement objectif, non-perverti, et c'est à présent ce même point de vue qui guidera ma plume.

Je connais Arthur Nesnidal, pour avoir partagé une première année son établissement, et une seconde sa classe. J'ai donc évolué au sein de l'univers dépeint dans son roman La Purge, publication dont je le félicite très sincèrement, mais qui m'a profondément choqué. Déchirons dès à présent le voile de la fiction invoqué par l'auteur avec ironie et mauvaise foi, simple prétexte pour dissocier l'écrivain du narrateur qui sont, de toute évidence, la même personne, quelques extraits suffisent pour s'en rendre compte. « Le narrateur me ressemble et dit ''je'' sans être moi » est un motif littéraire très célèbre, depuis Stendhal jusqu'à De Vigan – qui eux le maîtrisent – ne pouvant en l'occurrence tromper personne. La Purge est une autobiographie qui ne dit pas son nom.

Arthur Nesnidal et moi-même avons donc eu, pendant deux ans, sous les yeux, un même univers, des mêmes camarades, des mêmes professeurs, et force est de constater que La Purge est une abominable exagération du climat des classes préparatoires qui, bien que difficile certains temps, restait loin d'être insoutenable. Peut-être l'auteur est-il plus sensible que les autres, peut-être a-t-il vécu différemment cette période mais dans ce cas, parler en son nom sans se laisser aller au mensonge et à la diffamation aurait été plus honnête. Les classes préparatoires ne sont pas des étouffoirs, des machines à broyer la pensée, elles sont des opportunités pour ceux qui savent s'y intégrer sans les vénérer à l'envi, pour ceux qui y évoluent tout en restant lucides. La grande entreprise de diabolisation menée par Arthur Nesnidal mérite donc d'être déconstruite car, n'étant que le fruit d'une pure appréciation personnelle, elle ne résulte en aucun cas d'une description objective. le roman laisse dès lors faussement penser au lectorat, de manière tout à fait légitime, qu'un danger le guette s'il venait à emprunter la même voie que l'auteur. Qu'il soit sans crainte : le témoignage d'Arthur Nesnidal est convaincant uniquement parce qu'il est publié, contrairement à toutes les expériences positives qui n'ont jamais été couchées sur papier. Pour l'instant.

Là n'est pas le plus dérangeant. En effet, l'attitude d'Arthur Nesnidal pendant ces années demeure bien loin de celle de l'élève perclus et impuissant qu'il prétend avoir été. Relater ici toutes les anecdotes où l'auteur lui-même chercha à nous rabaisser, à nous piéger, à nous éblouir par un prétendu savoir, à nous étouffer par son éloquence, à nous écoeurer avec ses points de vue serait totalement indigne et je m'en dispenserai. Je ne veux pas nuire à l'homme, je veux simplement contredire l'écrivain avec respect. Je tiens cependant à souligner que l'exclusion vécue par le narrateur-auteur ne résulte pas, contrairement à ce que laisse penser La Purge, d'une mise à l'écart de la part du corps professoral mais d'une ostracisation venant de la plupart des élèves incapables de supporter plus longtemps son exubérance parfaitement déplacée et sa condescendance tout à fait épuisante. le décalage entre ce qu'était l'élève « véritable » et la victime romanesque est beaucoup trop important pour être passé sous silence : si Arthur Nesnidal ne s'était pas autant accompli dans le système qu'il a l'ambition de dénoncer, sans doute son oeuvre aurait-elle eu une résonance complètement différente. Toutefois, comment se fier à un pseudo-pamphlétaire qui s'est parfaitement intégré dans son établissement jusqu'à y passer trois ans, jusqu'à désirer y rester encore une année de plus, qui vénérait certains de ses professeurs, qui plaisantait avec eux, qui récitait des vers à l'entrée des salles de classe pour que chacun pût s'abreuver de son Verbe, qui prenait tant de plaisir à prolonger les cours avec d'innombrables questions, qui s'écoutait parler en défendant– d'ailleurs à tort – le subjonctif. Pourquoi donner l'impression de détester à ce point un monstre qu'on n'a cessé d'alimenter ? Soit l'auteur est hypocrite, soit il fut sadomasochiste. L'alternative est dans tous les cas effrayante.

Ainsi, Arthur Nesnidal n'était pas trop intelligent pour réussir dans une classe préparatoire, comme n'hésitent pas à l'affirmer certains journaux. Il est plus facile d'invoquer sa supériorité et sa non-conformité plutôt que d'admettre son échec. D'ailleurs, si l'auteur avait obtenu le concours final, aurait-il pris le temps d'écrire ce livre ? La Purge n'est-elle pas que la peinture d'une immense frustration ? N'est-elle pas qu'un simple épanchement de haine, haine d'avoir été remis à sa place après avoir cru, pendant toutes ces années, être le meilleur ? L'oeuvre se trompe de procès et accable l'Établissement d'intentions totalement mensongères, comme la discrimination envers les boursiers, la vétusté de l'infirmerie ou encore la morgue systématique des enseignants au détriment d'une remise en question de soi qui aurait sans aucun doute été souhaitable de la part de l'écrivain.

En somme, La Purge est un travestissement de la part d'un élève n'hésitant pas à renier ses valeurs en se victimisant, oubliant ce que la classe préparatoire lui a apporté, la manière dont il s'y est complu, pour en fournir une description en teinte unique et sans la moindre nuance. J'ai ici parlé en mon nom mais je sais que mon propos est partagé par de nombreux autres élèves de la même promotion qui, de la même manière, n'ont vu dans La Purge qu'une espèce de mascarade opportuniste voguant sur la tendance actuelle consistant à dénoncer les grandes institutions pour satisfaire le plus grand nombre de lecteurs. Doit-on se prostituer pour plaire à l'horizon d'attente ?

Par honnêteté intellectuelle, je le répète, je lirai néanmoins La Purge. J'emprunterai le livre. Je ne peux me résoudre à l'acheter. Ce serait donner de l'argent à tout ce en quoi je ne crois pas, financer un subterfuge, encourager la volte-face et le renoncement à soi pour séduire le plus grand nombre. Ce livre aurait pu être un chef-d'oeuvre. C'est une monstruosité. Avec La Purge, Arthur Nesnidal crache dans une soupe qu'il a lui-même contribué à empoisonner.





Jacques Marckert
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La Purge

« Parmi la multitude des enfers ici-bas, je vis, au commencement de ce siècle, tourner l'implacable machine de la grande industrie intellectuelle et vomir à grandes fournées ses séries de troufions de l'esprit et son lot de déchets. On nommait ces chaudrons les es préparatoires. » (p. 9) Avec cet incipit acerbe qui donne le ton du texte, le narrateur entame une longue diatribe contre le système d'enseignement supérieur à la française. Avant que survienne une guerre dont on ne sait rien, mais qui a tout ravagé, l'homme a subi l'ineptie d'une machine à broyer les âmes et les corps, alambic cruel censé sublimer les esprits. Dans cette supérieure usine à démolir règnent des Professeurs aux méthodes vicieuses. « Peu de choses amusaient encore le vieux vampire ; après tout, son errance pouvait être lassante. Nous rendre nos devoirs en se moquant de nous, briser nos rêves d'enfant en donnant des lectures perverses de nos comptines, humilier ses élèves de toutes les façons, cela allait de soi. » (p. 86) Ainsi, si l'étudiant hagard parvient à déjouer les mille et un pièges du latin, il aura encore à endurer l'ironie tiède d'un corps professoral dont la vocation a laissé place à l'amertume. Et pourtant, bien que brisé, affamé, épuisé, le narrateur développe une capacité grandissante à fustiger la bêtise, comme contaminé par les hautes exigences de ses maîtres. « Pauvres petites créatures qui usent de la force sans savoir réagir à l'intelligence. » (p. 101)



Comment supporter l'absurde aliénation du cerveau entièrement tourné vers un but chimérique, j'ai nommé le sacro-saint concours ? Ayant usé mes jupes et ma santé sur les bancs de la khâgne, je me suis complètement retrouvée dans la peinture qu'en fait Arthur Nesnidal. Le ultra-sophistiqué de l'auteur pourra en dérouter, mais il illustre à merveille les attentes sadiques de certains professeurs : à plusieurs reprises, j'ai constaté que certains notaient moins la qualité de la réflexion que la tortuosité de l'expression. Comme si maîtriser les méandres sadiques et pompeux de la langue était une poudre aux yeux suffisante pour convaincre de la compréhension profonde d'un sujet. « Ces élus savaient tout ; ils interposaient Barthes à leurs contradicteurs comme les Jésuites fourraient leurs Saintes Écritures au coin d'une virgule pour broyer les païens du pilon de leur science. Que pouvait-on répondre aux initiés du dogme ? » (p. 21)



Il y a un passage qui m'a replongée dans la terreur que j'avais d'un professeur, être terrible que, 12 ans après avoir quitté la prépa, je n'arrive pas à chasser de mes cauchemars. Passage qui illustre le mépris institutionnalisé de ces pontes qui ne doutent de rien : « Hors sujet. [...] Vous auriez pourtant dû en sortir autrement, le sujet était fait pour qu'on le réussisse. [...] Vous, Mademoiselle, dites-nous ce que vous en avez pensé, vous qui avez raté votre devoir. » (p. 47) D'aucuns diraient que ce genre d'attitude est censé fortifier le cœur et le caractère. Mais a-t-on jamais rendu un âne plus intelligent en le convainquant d'avancer à la force d'un fouet ? Je ne nie pas que l'hypokhâgne et la khâgne m'ont apporté une fabuleuse masse de connaissances et des méthodes pour réfléchir et exprimer clairement ma pensée à l'oral et à l'écrit. Mais comme le narrateur de La purge, j'accuse un système violent qui se fonde sur un socle friable pour produire des élites qui, à leur tour, feront tourner ledit système. L'absurdité de ce dernier est d'ailleurs parfaitement démontrée – et démontée – par le monde apocalyptique dépeint à demi-mot par le narrateur : est venu un conflit qui a renversé l'ancien ordre établi, balayant du même coup institutions politiques, économiques et enseignantes. Preuve que produire des élites ne suffit pas à faire tourner le monde.



La purge est un premier roman aux accents vengeurs et imprécateurs, riche d'indéniables qualités, et je suis curieuse de lire les prochains écrits d'Arthur Nesnidal.
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La Purge

De ses quelques mois passés en classe préparatoire, Arthur Nesnidal livre une vision bien sombre : professeurs méprisants, culture de l’humiliation, locaux sordides et antidépresseurs à tous les étages. Un premier roman empreint d’une rage salutaire, qui sait aussi faire preuve d’une belle ironie à l’égard de l’institution.
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La Purge

Le narrateur se présente comme un ancien élève des classes préparatoires, et il raconte son expérience dans une société qui, apparemment, ne connaît plus cet enseignement, et semble avoir connu une catastrophe. Sur cet aspect du texte, on n’en saura pas plus. Et je dois avouer ne pas avoir très bien saisi son intérêt, si ce n’est pour renforcer le côté dystopique du récit. C’est très secondaire, un background qui sert de prétexte à raconter son année, assez chaotique et plutôt dramatique, au sein d’hypokhâgne.



Et quelle année ! Le lecteur est plongé dans les affres et désastres de l’enseignement supérieur. Comme pour La Leçon de Ionesco, La Purge est une satire d’un enseignement présenté comme absurde et aliénant, un apprentissage qui va à l’encontre du bon sens. On n’y apprend pas à réfléchir mais à recracher une masse informe de savoir, le par cœur est de rigueur, et l’humiliation est un outil pédagogique. Les portraits des professeurs sont peints au vitriol, de même que les coreligionnaires de notre narrateur. Car le mépris de classe est aussi de mise en classe prépa. Les boursiers, dont fait partie le narrateur, sont traqués. Ils sont le maillon faible de ces futures élites de la nation. L’entre-soi est poussé à son comble et entretenu savamment par nos bons professeurs. Et au milieu de ce monde de loups et de chacals, le narrateur tente de résister au formatage à la manière du cancre de Prévert, en dessinant des scènes obscènes et colorées sur les tableaux noirs des professeurs.



Mais La Purge, c’est aussi une forme. C’est un texte très littéraire, qui fait appel à tout un ensemble de registres et de figures de style. Certains y trouveront un aspect « catalogue » assez déplaisant, une sophistication un brin pompeuse et ampoulée. Et je dois avouer que parfois, j’ai trouvé la forme un peu lourde. Mais la pesanteur que l’on ressent au début du récit est l’écho de la lourdeur de l’enseignement qu’il subit et le texte s’allège -sans perdre de sa qualité- au fur et à mesure que le narrateur recouvre son goût de la liberté.



Si je n’ai pas été transportée de bout en bout par le récit, La Purge est tout de même un texte intéressant et prometteur qui vaut la peine d’être découvert. La lecture est en général plaisante si on ne se force pas à vouloir continuer pour arriver plus vite à la fin. Il faut prendre le temps de faire des pauses.
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La Purge

Certains crient au génie, d’autres à l’écrivain qui se regarde écrire, il est sur que La purge ne laissera personne indifférent !



Vendu comme un essai sur les affres et les coulisses des classes prépa, le récit de cet étudiant, présenté comme une contre-utopie, est bien plus une plongée dans les notes et autres références glanées de cours en cours.



Le lecteur navigue de portraits de professeurs en présentations d’étudiants, détaillés jusqu’à l’extrême, mais le récit ne va pas plus loin, hélas. Là où nous attendions de la dénonciation, des faits et des actes, nous avons, certes une plume travaillée et riche, d’ailleurs peut-être trop parfois, mais nullement de quoi déplacer des foules. C’est si malheureux de lire un livre avec de grandes qualités littéraires, qui n’apporte pas ce qu’il promettait…



Le style est maîtrisé à la perfection, les jeux de mots feront sourire les initiés, mais c’est un livre à réserver à un cercle restreint…
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La Purge

A vomir!

Faire croire qu'on est une victime alors qu'on est l'artisan de son propre malheur que l'on fait durer 3 ans, pour mieux accuser ses professeurs!

Le mensonge ne fait pas peur à l'auteur. Et encore moins l'indignité qui consiste à accabler un professeur atteint d'une longue maladie comme on dit pudiquement, et décédé depuis...

Comme vous le voyez, M. Nesnidal est épris de vérité, a bon goût, et surtout partage à l'envi son sens de l'honneur et de la dignité.

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La Purge

Un livre affligeant à bien des égards. Le style de l'auteur, surchargé, affecté, surfait, étouffe le lecteur et le prend pour un imbécile en permanence. Les phrases sont composées d'une accumulation de figures de style savantes, de références pompeuses, de métaphores nébuleuses, dans une syntaxe ampoulée et précieuse. Le tout est d'une grandiloquence absurde, l'auteur semblant se prendre pour le nouveau Victor Hugo, dont il n'a ni le talent, ni l'envergure. L'auteur prétend être accessible à tous mais par son style ne fait que reproduire l'élite qu'il dénonce. Hypocrisie de quelqu'un qui se veut populaire mais écrase le lecteur sous son érudition et sa rhétorique ronflante. Le fond ne relève pas le niveau tant le récit est guidé par une animosité perpétuelle. Il ne s'agit pas du récit d'une année d'hypokhâgne, comme annoncé, mais d'une série de portraits tous plus haineux les uns que les autres où le lecteur devine le règlement de compte personnel, la rancune et la jalousie qui semblent animer l'auteur. De fait, l'ambiance dépeinte dans le roman ne correspond pas à la réalité d'une classe prépa de province et caricature de manière grossière ses protagonistes. Bref, une prose nauséabonde et venimeuse dont la lecture relève du tour de force.
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La Purge

D'abord, le livre est affreusement mal écrit : à chaque mot, quatre adjectifs (plus ou moins pertinents), des vers blancs à tout bout de champ, bref, un goût marqué pour l'énorme. Naturellement, cela affecte aussi le sujet : les situations sont si grossies qu'elles deviennent invraisemblables et irritantes de bêtise (le repas au self et le rendu des copies sont des morceaux de bravoure dans le genre). Le propos politique du livre est plus urticant encore : franchement, qui peut croire que les boursiers sont discriminés en prépa ? cela les empêche-t-il de réussir aux concours nationaux et anonymes qu'ils présentent ? Mais bon, la critique facile des "élites", comme on dit, ça fait vendre... (Pour finir, dans la scène avec la fille en larmes, une grosse bévue : il est question d'aoriste passé (sic) ; visiblement, ce monsieur n'a pas fait beaucoup de grec !)
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La Purge

L'œuvre du plus jeune auteur de cette rentrée littéraire 2018 m'intriguait, avec un sujet d'abord intéressant. Le milieu des classes préparatoires est toujours mystérieux pour ceux qui ne le connaisse pas vraiment.

Toutefois, ici, l'écriture, lourde, qui transpire une volonté délibérée de devenir un nouvel Hugo dénonciateur des inégalités, se révèle tout à fait ampoulé et indigeste. Une légèreté du style aurait davantage collée aux propos : critiquer un élitisme par de l'élitisme, quoi de plus horripilant et de peu crédible.

Ensuite, sur le fond, on regrette l'histoire, décousue. L'environnement est peu ou pas creusé, ne restant qu'en surface (comme le montre les nombreuses descriptions, souvent arrêtées aux apparences). Par ailleurs, c'est un défilé de personnages toujours plus horribles les uns que les autres. Rappelons le caractère fictif du propos, qui se perd néanmoins dans des détails insignifiants : le lecteur comprend que ce monde est rude, nul besoin d'insister avec tant de pesanteur. Les exagérations font perdre tout crédit à une critique fondée et pertinente d'un système éducatif qui, surement critiquable, ne peut être un enfer sur terre. Le manichéisme acharné dessert le propos.

De fait, même si cela n'est que fiction, on ne peut que -trop- ressentir la volonté de l'auteur de régler ses comptes avec son ancien établissement, quitte à employer des arguments qui n'en sont pas (je pense aux descriptions physiques). Visiblement froissé par quelques personnages sur lequel il s'acharne éperdument et avec rage (de fait, n'agit-il pas comme ceux qu'il critique ?), on se demanderait presque si ce n'est pas de la mauvaise foi et/ ou de la méchanceté gratuite glissée dans un gant rugueux d'alexandrins prétentieux.

Je n'insisterai pas davantage,

Une déception de ma rentrée littéraire.

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La Purge

Voilà un livre dont le sujet m'intéressait : le narrateur raconte son expérience d'étudiant pendant son année d'hypokhâgne, filière d'excellence qui forme les élites de la France de demain.



Il décrit le cadre de vie des étudiants et enseignants, le bachotage, le travail acharné, les humiliations infligées par certains professeurs sadiques et surtout le formatage des esprits.



Tout d'abord la narration ne m'a pas du tout plu, j'ai été rebutée par le style beaucoup trop travaillé, trop littéraire, affreusement grandiloquent. Quant au contenu, c'est incontestablement un témoignage à charge, violent, dénué d'émotion et de chaleur, qui tourne au règlement de comptes. Arthur Nesnidal décrit un enfer sans aucun point positif avec une accumulation d'outrances qui font perdre à ses propos toute crédibilité. Il tient un discours engagé politiquement mettant en avant la discrimination des étudiants boursiers en classe préparatoire. Les prises de position et le style trop ampoulé de cet auteur renvoie de lui une image terriblement suffisante. Cette impression a cependant été atténuée quand j'ai eu l'occasion de le rencontrer lors de la présentation de la rentrée littéraire des auteurs de la région, il m'a étonnée par son humour...
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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La Purge

Emprunté, ampoulé, sophistiqué, trop pour moi.

Le propos a suscité mon intérêt, la lourdeur du style m’aura assommé.

Un des nouveaux grands talents annoncés de cette rentrée ne m’a pas touché. Et j’en suis désolé.



Peut-être une autre fois...



Lu en juin 2018.
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La Purge

Une aigreur au style ampoulé qui fleure bon la frustration du Graal des grandes écoles (dont je suis loin d’être un défenseur!) dans lesquelles il n'a pas pu être admis. La petite vengeance, sans un once de recul ni d'analyse, l'ado qui donne des coups de pied de rage dans le vide parce qu'il ne se sent pas respecté...Bref, à fuir, absolument imbuvable...
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La Purge

Époustouflant ! Ce roman déborde de vie, c'est un des meilleurs que j'ai lu jusque-là ! Loin de se limiter à l'expérience de la prépa, le narrateur nous porte avec bienveillance jusqu'au terme de son voyage initiatique riche de multiples enseignements qu'il nous sert dans une prose digne des plus grands. À lire d'urgence !
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La Purge

Ci-gît l'écrit pathologique d'un être prisonnier de sa propre folie. Il faudra désormais parler au passé de cet excrément littéraire et de son géniteur puisqu'ils sont tous les deux condamnés à l'amnésie collective tant la chose suinte, dégouline et poisse de malhonnêteté intellectuelle.



Nesnidal était seul, le monde qu'il décrivait appartenait à son for intérieur et non à la réalité telle que tous ceux qui étaient passés par une classe préparatoire l'avaient vécue.



Cette histoire était une affabulation, son créateur un illusionniste. La Purge fut vite oubliée ainsi que son auteur qui plongea dans les ténèbres de la démence littéraire.



Fin de l'histoire, lecteurs, passez votre chemin.
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La Purge

Un livre époustouflant ... A lire en urgence !
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La Purge



Reprenons la 4ème de couverture : « Sans complaisance, un étudiant décrit le quotidien d’une année d’hypokhâgne, sacro-sainte filière d’excellence qui prépare au concours d’entrée à l’École normale supérieure. Face au bachotage harassant, au formatage des esprits et aux humiliations répétées de professeurs sadiques, la révolte gronde dans l’esprit du jeune homme… »

Présenté ainsi, le synopsis est très alléchant. Ce témoignage de l’intérieur par un élève qui somme toute a un beau parcours d’études supérieures m’a attirée, une façon sans doute de me réconcilier avec mon absence appétence pour ce type de cursus.

Mais voilà. L’auteur est soit prétentieux soit effectivement peu intelligent. Dans les deux cas, il ne sait pas prendre le recul linguistique nécessaire à la transmission de son message. Sa prose ampoulée, sophistiquée et donc indigeste, est le digne reflet de l’élitisme qu’il prétend dénoncer.

Insupportable, les 160 pages les plus longues de l’année.

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