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Critiques de Attila Jozsef (5)
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Le mendiant de la beauté - Bilingue français-ho..

Attila Jozsef, mendiant de vie



“mords-moi ou c’est moi qui te mords.” Le poète révolutionnaire Attila Jozsef est un affamé de vie et un boulimique d’amour. Certes, il n’a pas les dithyrambes à la muse d’un Nazim Hikmet, ni la conscience éveillée de Vítězslav Nezval, ou encore le charme marmoréen d’un Yannis Ritsos, ses contemporains engagés à gauche, mais il a l’empressement brûlant d’une jeunesse sans lendemain.



“Le poirier sauvage se mêle à la branche greffée,

Moi aussi, je suis devenu meilleur, depuis que tu m’as greffé tes baisers.”



Avec “Le Mendiant de la beauté” c’est la passion béjaune, jalouse et organique pour la femme, que cette dernière soit la mère ou la maitresse, qu’explore le jeune poète hongrois. Jozsef a la rancune facile, c’est un peu comme si la vie avait par principe une dette abyssale envers lui.



“Mes vingt ans, c’est ma puissance,

Mes vingt ans, je les vends.

Si personne ne les veut,

Que le diable les prenne.”



Une poésie encore parfois maladroite mais les premiers vers d’un jeune poète prometteur, dans la veine d’un Maïakovski, duquel il partage tant le fiévreux talent que le funeste destin.



“A présent, tu dois serrer

une arme chargée sur ton coeur vide.”



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Ni père ni mère

Deuxième poète hongrois à mon actif. Contrairement à Tibor Zalàn, Attila Jozsef est une icône de la poésie hongroise, d'après la présentation du recueil. Une sorte de poète maudit, façon Rimbaud ou Verlaine, qui s'est suicidé à 37 ans, après une vie très tourmentée, faite d'errances, mais déjà reconnu de son vivant, notamment par Thomas Mann.

Sa sensibilité se retrouve facilement dans ce recueil. Il fait bien souvent référence à son extrême pauvreté, mais semble toujours trouver un exutoire, la moindre satisfaction d'un plaisir fugace qui pourrait lui faire oublier sa condition comme dans le poème « L'évocation du lion » ou « Pour se rassurer », par exemple.

Il se réfère également souvent à l'amour, parfois une bien-aimée imaginaire, mais pas toujours, avec qui il partage des moments amoureux champêtres, liés à une nature bienveillante. Dieu se révèle aussi un puissant antidote à sa dépression récurrente. Enfin, fruit de son combat politique et de sa lutte en faveur du communisme, son pays, la Hongrie est un thème très présent et on sent cette poésie ancrée au plus profond de cette terre hongroise, maintes fois parcourue et saccagée par les hordes venues de l'Est.

En résumé, une poésie puissante, où la mort rôde souvent mais semble impuissante face aux plaisirs fugaces, mais réels de la vie.
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Ni père ni mère

Comment sait-on qu'un poète hongrois est d'ascendance roumaine? En lisant la chronologie en début d'ouvrage, où l'on constate également que la vie du poète a surtout été une longue suite de périodes de misère et de dépression.

Je retiens ce détail marquant: l'auteur imagine son propre enterrement. Entendons-nous bien: pas comme dans Tom Sawyer, de Mark Twain, où les garnements s'amusent à y voir la tête des adultes. Non, sérieusement, de manière lyrique. On retrouve cela chez nombre d'auteurs roumains, pas chez les plaisantins qui amusent les enfants comme Ion Creanga, mais chez des auteurs sérieux comme Anton Holban, Mihai Eminescu, Ion Pillat, j'y reviendrais peut-être.

Ceci étant, Attila József n'a pas beaucoup connu son père, Áron, retourné dans sa Transylvanie natale alors qu'il était encore très jeune. Un vers musical, une inspiration riche et de nombreux thèmes, des associations d'idées peut-être inspirées de la psychanalyse. La lecture politique est également pertinente: un poème est à la gloire du parti communiste. Attila József s'est suicidé bien avant son arrivée au pouvoir en Hongrie, je ne suis pas sûr qu'il en serait resté membre longtemps, compte tenu de sa sensibilité à l'injustice. Entre autres, celle d'être les poches (et le reste aussi) vides: "Mon empire, c'est mes vingt ans./Mes vingt ans, je vous les vends."; "Mes meubles: des ombres./Mes amis: zéro, leur nombre.". Bien qu'il ne s'agisse pas d'une anthologie mais d'un recueil tel qu'il a été publié à l'origine en hongrois, beaucoup de refrains marquent durablement, probablement à cause de la voix qui les porte.
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Le mendiant de la beauté - Bilingue français-ho..

Je remercie chaleureusement cette petite maison d’édition qu’est Le temps des Cerises pour leur confiance et leur choix qui ne me déçoivent jamais. C’est encore un très beau livre de poésie dont je me suis délectée de chaque pages.



Je ne connaissais pas Attila Joszef et je suis très contente d’avoir eu l’opportunité de faire cette découverte car, assurément je serais passée à côté de quelques choses.



Ce livre est une compilation de ses poèmes à diverses périodes de sa vie. La plupart de ses poèmes sont sortis dans des journaux et magazines. Les poèmes en hommage à sa mère sont bouleversants et puissants on sent toute la douleur de la perte d’un être cher. Beaucoup de poèmes aussi sur la campagne, la pauvreté et la dureté de la vie des laisser pour compte très durs mais tellement réalistes et j’ai appris qu’il venait d’une famille pauvre et campagnarde ce qui explique la justesse des mots. Il écrit aussi sur la politique ce qui lui vaut quelques démêlés avec les autorités et la justice.



J’ai été saisie par la puissance et la justesse des mots choisis et des thèmes qui me sont chers, j’ai donc adhéré totalement au coté torturé de ce génie de la poésie hongroise. Il a une sensibilité et une intelligence rare même derrière les poèmes les plus durs et vindicatifs. J’ai été très touchée car ses colères sont les miennes, parce que je me suis retrouvée dans l’indignation de la condition de certains humains. Les poèmes d’amour sont beaux aussi et touchants.



VERDICT



Si vous ne connaissez pas ce poète alors ce recueil est vraiment l’idéal pour entrer dans son univers. C’est aussi un beau livre que vous pouvez offrir . Une belle collection de poèmes bilingues dont j’avais déjà fait la découverte avec un autre poète, grec cette fois Ritsos Yannis, avec le recueil Tard, bien tard dans la nuit que je vous recommande chaudement.
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
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A coeur pur

Attila József, le coeur pur



Le livre-CD “À cœur pur : Poésie Rock” a paru aux éditions du Seuil en 2008. C'est la regrettée Kristina Rády qui fut l'initiatrice de ce formidable projet. Soeur de langue de cet immense poète hongrois méconnu, elle voulut lui faire remonter le Danube jusques en France.



Comme elle le rappelle, « […] le hongrois est, dit-on, la seule langue que même le diable respecte… mais ne parle pas ». Cet ouvrage comporte 22 poèmes retraduits pour l'occasion par Kristina Rády elle-même. La poésie d'Attila József est un coeur battant, un coeur battu. En 1937, alors âgé de 32 ans, le poète s'en alla faire rouler son corps sous le train de la mort. Et ce n'est point ici une creuse métaphore puisqu'il s'allongea littéralement sur des rails devant une de ces machines en partance vers l'au-delà du verbe.



Son compatriote Arthur Koestler, écrira d'ailleurs ces mots quelques jours après le suicide du poète (la citation suivante est extraite de la préface de cet ouvrage) : « […] Attila József fut considéré comme un grand poète dès l'âge de 17 ans, nous savions tous qu'il était un génie et pourtant nous l'avons laissé s'effondrer sous nos yeux… Je parle de cette affaire, car elle est caractéristique de par son acuité. Elle s'est passée dans cette Hongrie “exotique”, au milieu de ce petit peuple qui est le seul à n'avoir aucun parent de langue en Europe et qui se trouve ainsi le plus solitaire sur ce continent. Cette solitude exceptionnelle explique peut-être l'intensité singulière de son existence… et la fréquence avec laquelle ce peuple produit de tels génies sauvages. Pareils à des obus, ils explosent à l'horizon restreint du peuple, et puis on ramasse leurs éclats […] Ses véritables génies […] naissent sourds-muets pour le reste du monde. Voilà pourquoi c'est à peine si j'ose affirmer […] que cet Attila József dont le monde […] ne va pas entendre beaucoup parler […] fut le plus grand poète lyrique d'Europe. C'est un stupide sentiment du devoir qui m'oblige à déclarer cette mienne conviction, bien que cela ne profite à personne. Cela n'arrêtera pas le train non plus. »



Le comédien Denis Lavant incarne la parole toujours vivante de cet homme tourmenté, de ce frère humain qui, du fond de la terre, a tant de choses essentielles à nous clamer. Quant à Serge Teyssot-Gay, sa guitare est une clef de voûte : elle exhausse la voix du poète transvasée dans la bouche habitée du comédien. Et c'est alors qu'il nous semble battre encore à nos oreilles l'incomparable chant de ce « coeur pur ».



© Thibault Marconnet

09/07/2014
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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