Écoute, je suis pas alcoolo, je suis dépendant à l'alcool. C'est pas la même chose.
Je pris une petite douche, puis inspectai mon anatomie et mes vêtements. Mon visage n'était pas trop amoché. Aucune blessure sur mon corps n'était visible excepté quelques contusions. Mon costume gris était seulement froissé, mon manteau avait perdu deux boutons. Rien d'autre à déplorer concernant mon physique. Quant aux dégâts psychologiques, ils étaient notables, ce qui était toujours le cas dans les rixes avec un tel dénouement. J'en vins même à parler tout seul pour exorciser mon dépit à l'égard de cette bande d'avortons.
Il y a quelques temps, je flânais dans le quartier de Susukino, à Sapporo. C’était avant l’amendement en 1985 de la loi réglementant les établissements de plaisir, quand les maisons closes de type soaplands étaient encore appelées bains turcs et que le sida n’était qu’une étrange maladie d’origine inconnue réservée aux homosexuels américains.
Son visage était bien connu d’une partie de Susukino. Rien de tel que de l’avoir dans l’équipe pour lancer un date club. C’était une fille pétillante. Elle avait travaillé dans plusieurs établissements et augmentait ses tarifs à chaque fois qu’elle changeait de club. Elle laissait un petit mot dans bon nombre de cahiers de notes à disposition dans les chambres des love hotels. Elle écrivait toujours la même chose, avec son style d’écriture aux caractères arrondis : Monroe est venue ici ! ♡
Je raccrochai. Ce que j'aime avec le téléphone, c'est qu'on peut se séparer de ses amis sans faire un signe de la main, se retourner et s'en aller.