Balli Kaur Jaswal

Tante Geeta était une amie de maman. Elle habitait un peu plus haut dans la rue et passait souvent à l'improviste, le sourcil frétillant de tous les secrets qu'elle peinait à garder. « Je ne suis pas commère, je partage, c'est tout », affirmait-elle toujours avant de déballer les ruines de la vie privée des autres.

Faites qu'il trouve l'équilibre et la tempérance en toutes choses. Faites qu'il s'écoute et n'écoute pas le bruit des autres

Tu aimais ton mari, ton mariage. Tant mieux pour toi. J’ai survécu au miens.

Tu n'y penses jamais, toi ? Aux vies qu'on aurait aujourd'hui si on avait grandi ici ? On ne serait pas de simples touristes. On serait... Je ne sais pas.

« Nous sommes venues ici pour honorer la mémoire de maman et rendre service aux autres, dir Rajni. 
- Et selon toi, manifester pour faire avancer les droits des femmes, ce n’est pas rendre service aux autres ? Tu savais que dans certains villages il arrive que plusieurs frères partagent la même femme, parce qu’elles sont moins nombreuses à cause des foeticides commis contre les filles ? »

"Laissez-moi faire, dit l'homme".
Il se pencha vers l'officier. Quelle différence cela pouvait-il bien faire si c'était elle ou lui qui demandait ? Mais sous les yeux incrédules de Rajni, le policier sembla s'adoucir un peu. Il y avait deux explications possibles : l'homme était respecté car c'était un homme, ou bien car c'était un homme avec de belles chaussures en cuir.

Je déteste ça. Le "regret littéraire". On tombe sur un livre et puis on se dit, je le prendrai plus tard. Ensuite, on regrette et impossible de le trouver nulle part. Ça devient une obsession.

- Décrivez son organe, proposa Sheena. Gros ou petit?
- Gros, bien sûr! À quoi bon être pénétrée par une petite carotte?
- Il y en a qui sont trop gros. Il ne s'agit pas non plus que ce soit une patate douce. Hai, c'était mon problème, dit Sheena en secouant la tête. On avait beau mettre la dose de beurre clarifié, l'entrée en matière n'était pas agréable.
- Une banane, c'est l'idéal, dit Preetam. La taille est bonne, la forme aussi.
- Trop mûre et ça serait comme ma première expérience - de la bouillie, raconta Arvinder.
- Pourquoi seulement des légumes et des fruits?
Ces conversations commençaient à dissuadier Nikki d'aller au supermarché.

S’il vous plaît, faites-le pour moi. Vous m’aiderez ainsi à achever mon voyage sur Terre et entamerez par la même occasion un nouveau chapitre de votre propre vie.

- Tu te rends compte de la quantité de dictons et de superstitions qui sont censés déterminer ton avenir de femme mariée ? Je me rappelle avoir hésité avant de rentrer chez moi pour la première fois parce que j'avais oublié quel pied il fallait passer en premier pour avoir un avenir heureux en ménage. J'ai d'abord avancé le pied droit, mais la moitié des invités a crié parce que ce n'était pas le bon. J'ai changé de pied, mais là, c'est l'autre moitié de la pièce qui a crié parce que je me trompais.
- Qu'est-ce qui se passe si on se trompe ?
- Qui sait ?

Le Temple d'or qui semblait flotter comme un joyau majestueux sur l'eau calme, était entouré de bâtiments et de sols dallés de marbre blanc. Le grand dôme recouvert de feuilles d'or scintillait au soleil. Ici, le ciel avait l'air encore plus vaste et bleu qu'à n'importe quel autre endroit sur terre ; par une mystérieuse illusion d'optique.

Elle appela le consulat du Royaume-Uni une nouvelle fois. Elle connaissait le menu principal presque par coeur. : "Pour connaître les horaires d'ouverture, tapez 1. Pour écouter les conseils et avertissements aux voyageurs, tapez 2. "Il n'y avait pas de numéro pour faire sortir un proche d'une prison indienne.

Jezmeen venait de se rappeler le premier jour de Rajni dans sa nouvelle maison : sa soeur avait dû toucher les pieds de toute la famille de Kabir. debout derrière elle, Jezmeen avait senti une vague de dégoût : jamais elle ne s'abaisserait à toucher les pieds de qui que ce soit. " Je ne me marierai jamais ! " avait-elle claironné ce jour-là, au grand dam de sa mère.

Une mère ne cesse jamais de voir ses enfants comme des enfants."

Mais où étaient les femmes ? Ce n'était pas la première fois qu'elle remarquait que Delhi était une ville d'hommes ; c'était encore plus flagrant maintenant qu'elle marchait seule dans la rue. Dans les boutiques de tissus, des hommes déroulaient d'interminables rouleaux de sari. Les bijoutiers qui montraient des boucles d'oreilles minutieusement travaillées entre leurs mains calleuses étaient encore des hommes. De même que toutes les personnes agglutinées autour d'un stand de chai à la sortie d'un bâtiment universitaire, livres collés contre la poitrine. Quand ils passaient à côté d'elle, ils faisaient exprès de la bousculer ou lui murmuraient quelque chose à l'oreille - tantôt des paroles de chansons hindies, tantôt des grossièretés.

C'est grand l'Inde. Grand et imprévisible. Il n'y a rien de plus facile que de s'y perdre.

Si j' avais choisi un hôtel trois étoiles plus "authentique", avec traversées de singes en plein milieu du hall d'entrée, toi et Shirina n'auriez pas fini de râler."
" Nos singes sont très bien dressés et ne défèquent pas dans le hall d'entrée . Ils ont leurs propres sanitaires en céramique issues du commerce équitable, réalisés par des artisans locaux, et ils s'essuient eux- mêmes avec des mouchoirs en coton organique cousus main par des nonnes himalayennes aveugles.

Une fois arrivée dans l'au-delà, qui sait combien de temps elle mettrait à s'adapter à son nouvel environnement ? Peut- être qu'elle se retrouverait avec [ son mari ]. Tout ce temps perdu qu'ils allaient rattraper...Enfin, une fois qu'elle lui aurait passé un bon savon pour l'avoir quittée si tôt !

Après avoir visité un endroit pareil, on se demande pourquoi le monde entier ne pourrait pas être un sanctuaire, pourquoi ne pourrions-nous pas installer la paix partout et pas seulement dans des lieux spécifiques ?

Si je pensais à la raison de chacun de mes gestes avant de les accomplir, je ne ferais jamais rien. Je passerais mes journées comme maman, à exécuter en permanence des petits rituels qui de toute façon ne changeaient rien, et à prier en étant convaincue que l'au-delà serait meilleur et moins décevant que ce monde-ci.