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Critiques de Benjamin Planchon (45)
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Le domaine des douves

Quoi de plus banal pour débuter un roman ? L’annonce du décès d’une aïeule dans l’incendie de sa propriété, la demande express de venir reconnaître le corps, dont le visage a été épargné, un trajet en voiture jusqu’au domaine. Certes l’irruption d’une libellule géante sur le pare-brise pourrait étonner. Mais après de longues heures de route en solitaire, les sens ne sont-ils pas perturbés ? Le doute survient aux premières touffes d’herbes rouges. La certitude advient lorsque le flic chargé de l’enquête arrive au domaine escorté de deux cerfs blancs…



Deux solutions à cette étape : faire une petite sieste et passer à autre chose, ou plonger sans hésitation au coeur de ce roman totalement déjanté, où il faut se méfier des tulipes furtives, et accepter que le trafic de lait de tiques constitue un négoce juteux pour la famille hors norme qui vit dans ce territoire incroyable.



Pire encore, Benjamin Planchon ne recule devant aucune traitrise, mêlant les vraies fausses références et les fausses vraies informations pour mieux nous perdre. De néologismes en créations délirantes que Boris Vian (L’écume des jours) ou Louis Malle (Black moon) n’auraient sûrement pas reniées.



C’est délirant, jubilatoire ! Un conseil, se laisser porter par la poésie qui se dégage de ce roman extravagant, et se laisser accompagner dans les créations hallucinées du récit. On peut détester : j’adore.



PS Même la couverture me séduit



256 pages millet Barrault 16 mars 2022


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Capsules

35 capsules ou autant de variations sur le même thème: le futur. 35 histoires très courtes se passant dans 30 ans, un siècle, deux mille ans, 35 futurs possibles, 35 récits de personnages ordinaires face aux affres de la vie, dans un contexte ordinaire.

Peut-être que, dans le futur, il y aura des réfugiés temporels, des shoots de souvenirs virtuels, une Lune qui change de polarité et attire la Terre vers elle, une période glaciaire ou la chute d'un satellite... Benjamin Planchon, dont ce recueil est la première publication, ne manque pas d'idées et d'imagination pour nous amener dans une succession de dystopies angoissantes.

A picorer plutôt qu'à dévorer, mais ce livre regorge d'idées plus originales les unes que les autres, travaillées à l'écriture et publiées dans un format petit et agréable.

Je remercie Babelio et Antidata pour cette découverte.
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Douze nouvelles sur l’attente, pour un nouveau mélange détonant d’humour et de sérieux, de poétique et de tragique, de retors et de tendre. Encore une réussite Antidata.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/30/note-de-lecture-stand-by-collectif/



Un an et demi après « Décamper », voici que paraissait en juin 2023 la nouvelle anthologie collective des éditions Antidata, notre spécialiste préféré de la forme courte : « Stand-by », douze nouvelles sur l’attente, pour nous apporter une nouvelle fois ce rare mélange d’humour et de sérieux, de poétique et de tragique, de retors et de tendre, convoquant des écritures déjà connues chez l’éditeur et d’autres que l’on découvre ici.



Nous aurons la joie de célébrer ce recueil en compagnie d’une bonne moitié des autrices et auteurs, ainsi que des deux éditeurs, ce mercredi 30 août, à la librairie Charybde (Ground Control, 81 rue du Charolais, 75012 Paris), à partir de 19 h 30.



Guillaume Couty, qui nous avait récemment régalé, chez le même éditeur, de son machiavélique et hilarant « Laqué », réussit, en quelques mouvements de torsion et de quiproquo bien ajustés, à dynamiter tendrement la notion même d’attentes réciproques au sein d’un couple (« Au tournant »).



Bertrand Redonnet, dont il s’agit d’un grand retour depuis son « Théâtre des choses » de 2011 et ses nouvelles de « CapharnaHome » et de « Douze cordes », nous plonge, aux confins de la Pologne et de l’Ukraine, dans une poignante et enflammée attente de la paix, alors que l’agression fait rage, là-bas, de l’autre côté (« Guerre et paix »).



Cécile Matt, nouvelle venue dans les recueils collectifs Antidata, nous offre quant à elle une insidieuse bascule fantastique qui n’aurait rien à envier à certains des textes les plus matois de Shirley Jackson (« Heart trouble »).



Antonin Crenn, dont nous avions tant apprécié ces dernières années « Passerage des décombres », « Le Héros et les autres », « L’Épaisseur du trait » ou encore « Les Présents », nous propose une synthèse largement extraordinaire de physique théorique de la reproduction cellulaire et de mysticisme religieux autour de la claustration et, donc, de l’attente, condensant en quelques pages certains angles morts laissés ailleurs par « Du domaine des murmures » de Carole Martinez ou par « Quand sort la recluse » de Fred Vargas (« Alix ne fait rien »).



Nous avions adoré aussi les « Capsules » de Benjamin Planchon en 2018, et davantage encore son « Domaine des Douves » de 2022. Il nous invite ici à accompagner dans sa tâche l’auteur d’un projet littéraire très particulier (en tout état de cause, audacieux, voire sans-gêne, voire intrusif, mais pouvant semble-t-il passer crème sur un malentendu), projet où le hasard comme la nécessité, au même titre que la patience et le sens de l’observation, doivent pleinement jouer leur rôle (« Fauteuil club »).



Amélie Hamad, autre nouvelle venue chez Antidata, met en scène un arbre centenaire à la patience logiquement infinie pour proposer une fable d’une extrême cruauté, où l’ennui et l’attente d’autre chose jouent pleinement leur rôle de déclencheur tragique, en une narration pourtant joliment dépourvue de tous effets spéciaux effrayants. L’abîme s’ouvre sous le seul choc sourd du sens des mots adolescents (« Le poirier »).



Stéphane Monnot, que nous avions jadis rencontré notamment à Séville, un funeste soir de 1982 (« Noche triste »), côtoyé dans de grands espaces de l’Ouest américain (« Ici-bas ») et croisé avec joie dans les recueils collectifs « Petit ailleurs », « Terminus », « Version originale » ou « Jusqu’ici tout va bien », pour n’en citer que quelques-uns, offre un rôle en or, et pour le moins inattendu, à un gastéropode sans coquille, et concocte un cocktail robuste et hilarant à base de whisky « digne d’un roman de Manchette, de blanquette de veau familiale et de perspective d’un footing matinal, entre autres ingrédients étonnants (« Juliette et la révolution »).



Véronique Emmenegger, découverte elle récemment chez Antidata, avec sa belle novella « Dans ta sévère fontaine », développe, dans l’enfer moite d’un after où les repères flottent puis se perdent, la langue nécessaire pour traduire le couvercle des stroboscopes, le harcèlement multi-sources qui menace et la possibilité d’un sauvetage pour le moins inespéré, mais d’une réconfortante beauté rugueuse (« Distillation de la rosée »).



C’est grâce à Jean-Luc Manet que j’ai découvert, il y a maintenant quelques années, les éditions Antidata (« Haine7 »). Depuis, ce rocker au cœur tendre et à l’humour ravageur a su entre autres inventer un héros presque récurrent qui m’est particulièrement cher, ex-libraire du 12ème arrondissement parisien devenu clochard après avoir fait faillite (« Trottoirs » et « Aux fils du calvaire »). Ici, il met un tueur à gages au repos forcé, en une sorte de parenthèse balnéaire inattendue – et dont l’issue sera plus surprenante encore. C’est logiquement gouailleur et curieusement enchanteur (« Bras armé, bras ballants »).



On n’a plus guère besoin de présenter Gilles Marchand que l’on suit ici quasiment depuis « Dans l’attente d’une réponse favorable » (2011) chez Antidata qu’il anime avec Olivier Salaün. On apprécie ici la finesse rêveuse de ses romans « Une bouche sans personne », « Un funambule sur le sable », « Requiem pour une apache » ou plus récemment « Le soldat désaccordé », ainsi bien entendu que celle de ses nouvelles, au sein des recueils collectifs Antidata ou dans le recueil si joliment nommé « Des mirages plein les poches ». Ici, il imagine un citoyen ô combien respectueux de la règle et de la loi, incarnée par un feu tricolore dans un environnement pourtant résolument désertique. Ce qui s’ensuit vaut tout le détour, pince-sans-rire, poétique et savamment onirique (« Feu rouge »).



Olivier Boile, qui est sans doute le seul auteur officiellement et majoritairement étiqueté auteur de fantasy parmi les participants des recueils collectifs Antidata (on se souvient bien néanmoins de son « Vengeur du peuple » dans « Jusqu’ici tout va bien ») imagine une délicieuse mini-uchronie dans laquelle la guerre de Troie ne s’est pas déroulée tout à fait comme cela nous a été raconté, et dans laquelle on en apprend un peu plus sur le pourquoi de ce storytelling bien avant la lettre (« J’étais souverain de Mycènes »).



Pour conclure un recueil consacré au « Stand-by », quoi de plus satisfaisant qu’un profond clin d’œil au maître lui-même de l’attente sous toutes ses formes, le grand Samuel Beckett ? Benoît Camus, dont on se se souvient avec joie du « Réveil du nain de jardin » dans « Petit ailleurs » ou du « Ailleurs, les murs sont moins gris » dans « Parties communes », s’acquitte de cette dette morale au fond tout à fait réjouissante en imaginant un affût à la Godotte (que l’on attend donc), créature qui prend ici des allures à la « Palafox » d’Éric Chevillard, mais dont la traque immobile prendra peut-être un tour bien différent (« Godotte »).
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Le domaine des douves

Incarner un imaginaire de Jérôme Bosch dans un récit contemporain baroque, hirsute, horrifiant, hilarant et dangereusement poétique, aux marges signifiantes de l’irréel : un pari fou et pleinement réussi.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/26/note-de-lecture-le-domaine-des-douves-benjamin-planchon/



« Le domaine des Douves », publié en mars 2022 chez Mialet-Barrault, un peu plus de trois ans après l’impressionnant « Capsules » paru chez Antidata, commence doucement, mais par un drame pourtant, déjà : un peintre copiste contemporain renommé (qui estime toutefois n’avoir pas suffisamment de talent pour être artiste à part entière – et cela nous sera expliqué le moment venu), vivant et travaillant à Paris, apprend que sa grand-mère, qui vivait seule désormais sur la lointaine propriété familiale, est brutalement décédée dans l’incendie de sa demeure, et qu’il doit se rendre sur place, à Saint-Loup, pour l’identification du corps.



Alors que Clovis Cardinaud se dirige en voiture vers le domaine de famille et vers des souvenirs d’enfance soigneusement tenus à l’écart jusque là, le réel tel que nous le connaissons semble se déliter, presque tranquillement, du même mouvement, laissant s’infiltrer des mots et, par là, des objets et des concepts, qui ne sauraient pourtant être familiers : noms de constellations inconnues, falaises molles pouvant gigoter, chenilles-centaures aux poils crépus, pins siffleurs, pêchers venimeux, fauteuils Henri IX, officier de police se déplaçant accompagné de deux cerfs blancs, tulipes furtives, lait de tique géante, et tant d’autres témoignant au fur et à mesure d’une rare inventivité langagière et imagée. Peu à peu, une hilarante inquiétude gagne la lectrice ou le lecteur, en commençant à subodorer peut-être (très parcellairement, bien entendu) vers quoi pourraient bien nous entraîner ces mémoires enfouies émergeant peu à peu.



Ce n’est bien entendu certainement pas par hasard que la toile sur laquelle travaille Clovis, dans les premières pages du roman, soit une étude de Jérôme Bosch réalisée en préparation de son Circus Neantis. Campant, en quelques flèches d’autant plus acérées qu’elles ont d’abord l’air patelines, un décor provincial propice à la montée en mythologie (on songera sans doute au Jérôme Lafargue de « L’ami Butler » ou de « Le temps est à l’orage »), Benjamin Planchon parvient très vite à mêler indissociablement une étrangeté insidieuse – mais pourtant acceptée de toutes et tous comme pleinement naturelle – digne de celle des « Saisons » de Maurice Pons, une verve rabelaisienne renvoyant sans ambiguïtés à un foisonnement tout bakhtinien, mais en lorgnant du côté du décalage spécifique pratiqué par le Mathias Énard du « Banquet annuel de la Confrérie des Fossoyeurs » ou par le Pierre Senges de « Cendres – Des hommes et des bulletins » (où Bruegel se serait substitué à Bosch en guise de carburant secret), une omniprésence des odeurs comme marqueurs et passages, tels que portés à leur paroxysme par l’Antoine Volodine des « Filles de Monroe », une abolition soigneuse des frontières entre l’humain, le végétal et le mécanique dont aurait rêvé à son tour le Christopher Boucher de « Comment élever votre Volkswagen », ou encore une volonté de repenser en profondeur le rapport entre le réel et les arts plastiques digne du Nicolas Rozier de « L’île batailleuse ».



Comme dans les circonvolutions circassiennes des « Bosch Dreams » d’Abraham Per Mortensen (image ci-contre), il s’agit bien ici, en jouant à merveille d’une codification baroque et profuse de l’horreur (d’ailleurs, lorsque Clovis parvient au village voisin de la propriété familiale, ne tombe-t-il pas en pleine « semaine internationale du gothique » ?) et d’une aventure déterminée dans l’irréalité immédiate (pour reprendre le beau titre de Max Blecher servant de devise officieuse aux éditions de L’Ogre), pour bâtir une exceptionnelle métaphore à étages faisant de chacun de nous, lectrice ou lecteur, l’étrange collapsonaute (comme dirait Yves Citton) fantastique d’un autre monde en voie de possible dissolution.
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Je remercie les éditions Antidata et Babelio pour l'envoi de ce super recueil de nouvelles.



J'ai adoré la présentation des nouvelles sur le thème de l'attente. Chaque nouvelle est annoncée par un ticket numéroté, puis un bref point sur l'auteur, ses œuvres suivi du temps de lecture de chaque nouvelle sous l'intitulé temps d'attente ainsi que le sujet général par le bureau concerné. C'est très sympa et adapté à la thématique.



Les nouvelles sont plutôt courtes et plaisantes. Certaines sont plus rythmées et présentes une chute par lesquelles j'ai été plus séduites. C'est affaire de goût.



En bref un format adapté que l'on emporte partout. Des nouvelles courtes adaptées à la lecture rapide pour s'occuper agréablement partout où l'on vous fera attendre.

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Le domaine des douves

Poétique, étonnant et détonant !

Clovis, restaurateur d'art en apparence banal, est issu d'une dynastie extraordinaire qui règnait sur un territoire à la frontière de notre monde, peuplé de créatures et de plantes mystérieux et effrayants. Son retour aux sources nous plonge dans cet univers où chaque détail contient une poésie noire. Le style d'écriture précis et plein d'humour rend cette lecture très gratifiante, on en sort avec des idées plein la tête, on voit le monde différemment. Je conseille vivement ce livre inclassable, c'est une vraie découverte !

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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Il n'y a pas très longtemps, j'ai eu besoin d'appeler une plateforme qui gère un service que ma banque ne gère pas en direct avec ses clients, j'ai donc appelé ce fameux service et je suis tombée sur une nénette incompétente, désagréable, qui s'est contentée d'en faire le minimum, résultat je n'ai rien reçu de leur part,10 jours plus tard, j'ai donc été obligée de rappeler ce fameux service, avec l'angoisse de revivre ce que j'avais déjà vécu et là euréka, je tombe sur une fille super compétente, agréable, à l'écoute et qui s'aperçoit que je ne risquais pas de recevoir les documents car après vérification, ils ont fait des erreurs sur nos deux dossiers (mon mari et moi), le code postal (inversion entre celui du travail et celui du domicile), sur l'adresse mail (même adresse mail renseignée pour mon mari et moi, donc inefficace et inactive) et sur le lieu de naissance de mon mari (ville du lieu de travail au lieu de celui de naissance), elle a tout rectifié, m'a certifié que tout était dans l'ordre et que j'allais donc recevoir prochainement mes identifiants et mon mot de passe provisoire pour courrier. Suite à mes appels, une société externe m'appelle en me demandant si j'acceptais de répondre à leur questionnaire de satisfaction suite à mes échanges téléphoniques, et là, j'explique à la personne que j'ai eu deux expériences contraires et que la première mérite un 2 sur 10 (elle a quand même décroché le téléphone et dit bonjour) et un 10 sur 10 à la deuxième que je n'avais eu au téléphone que quelques jours plus tôt sans avoir pour le moment reçu les documents demandés. L'enquêtrice me dit de faire au mieux dans le choix de mes notes accordées à toutes les questions qu'elle allait me poser et qu'elle ne pouvait pas distinguer les deux personnes, avec pour réponse soit les fameux très satisfait, satisfait, insatisfait etc ou une note de 0 à 10, difficile pour moi de répondre de façon correcte, je me suis donc contenter de mettre des 5 ou 6 sur 10 ou des satisfait ou pas tout à fait satisfait, j'ai donc fait monter la moyenne de la personne incompétente et sabrer celle qui était au top, j'ai d'ailleurs ressenti plus de remords pour la seconde que de déception pour la première et bien ce recueil de nouvelles m'a donné cette même impression, des très bonnes nouvelles et d'autres dont je me serais bien passé de lire, d'où ma note de 3 sur 5, qui ne reflète pas du tout mon ressenti puisqu'au final, je les ai soit trouvées mauvaises soit efficaces mais jamais moyennes.



PS : J'ai reçu mes documents rapidement, donc la deuxième personne était vraiment compétente jusqu'au bout et méritait un 10 sur 10.
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Le domaine des douves

Attention, il émane de ce roman des effluves hallucinogènes. Signalez à votre libraire tout effet secondaire non souhaitable.

Tout commence comme une banale enquête. Clovis exerce avec passion son métier de peintre restaurateur. Il s'adonne au jogging dans le bois de Saint-Ouen quand un appel téléphonique l'oblige à replonger dans ses souvenirs d'enfance. Le Domaine des Douves qu'il a quitté 25 ans auparavant a été ravagé par un incendie. On y a retrouvé un corps, probablement celui de Phéodora Portemer, sa grand-mère, qu'il est le seul à pouvoir identifier. Voilà pour les premières pages. Mis à part le détail de Bosch en couv, de très mérovingiens prénoms (et le fait que j'ai pioché ce bouquin-là à la Librairie Charybde), rien ne prépare à autre chose que de très ordinaire.

Et Clovis entame son retour au Domaine, s'immergeant peu à peu dans le territoire de son enfance. Très vite, ma lecture pantouflarde est chahutée par des métaphores audacieuses. La réalité semble factice et se peuple de figures féeriques, tantôt grotesques, tantôt cruelles. Ici, c'est un cheval échappé sur l'autoroute, là c'est le langage même qui se contamine. "Sirulgeineuse"? Ça existe? Dans ma grande naïveté, d'abord, j'ai cherché. De page en page, mes repères se brouillent, se fissurent, se fracassent de toutes parts, sous la pression d'une nature à la vigueur foisonnante d'ogresse.

Me voilà prisonnière d'un album de Claude Ponti ou d'une nouvelle de José Carlos Somoza. Au domaine des douves, on trait des tiques obèses, les méduses papillons fanent et l'alcool de larmes se récolte lors des funérailles.

L'imagination est bombardée de visions, de "rouges déments, de jaunes à dents, de oranges hérissés", le nez épuisé d'odeurs jusqu'à la nausée. Et quand on croit reprendre pied, c'est pour se laisser berner par un catalogue de références artistiques digne de la rabelaisienne bibliothèque de Saint-Victor. Le faux contamine le vrai, plongeant la lecture dans une permanente insécurité intellectuelle. Les souvenirs se forment, se déforment, se confondent avec les rêves. Quelle idée, aussi, d'aller chercher la vérité dans la littérature!
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Le domaine des douves

Ce récit incroyablement original est à l’image de sa couverture: pleinement encré dans le fantastique et l’irréel.

En retournant sur le domaine dans lequel il a grandi, Clovis retrouve ses souvenirs d’enfance et nous entraîne avec lui dans un monde fantasmagorique rempli de bêtes effrayantes et de personnages hauts en couleurs.

Une grand mère qui trait des tiques de plusieurs tonnes, des arbres à viandes, des insectes qui nous font remonter le temps si on les écrase, un piano à oublier les mauvais souvenirs, un livre pour s’en créer de nouveau…

J’ai eu la sensation de plonger dans un roman tiré d’un album de Claude Ponti.

Une histoire que j’ai trouvée totalement loufoque et poétique. Mais derrière l’apparente hilarité de certaines scènes se cache le poids des secrets de famille et des enfances difficiles qu’on fuit.



Un roman à decouvrir pour les lecteurs souhaitant sortir des sentiers battus et découvrir un récit aussi hilarant que horrifiant. Un roman inclassable (dans le bon sens du terme).
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Sois clément, bel animal

Malgré le succès mitigé de son premier roman, Benoît a le bonheur de le voir adapté au cinéma. Il va même y jouer un rôle. Mais très vite, les choses s'embrouillent. Le scénario n'a plus grand-chose à voir avec le roman, le réalisateur est bien difficile à suivre et les catastrophes s'enchaînent. Au point que Benoît ne sait plus vraiment différencier le tournage de ses propres fantasmes.



Le pitch était très alléchant. Pourtant, je ne suis pas du tout entrée dans ce roman. Le côté onirique et fouillis n'a pas du tout pris avec moi. J'ai bien perçu que l'exubérance des situations prêtait à une forme d'ironie et d'absurde mais je n'y ai pas du tout été sensible. Les parenthèses fantasmées donnent lieu à des envolées philosophiques que je n'ai pas réussi à relier à l'intrigue principale et que j'ai fini par survoler. Les références permanentes au cinéma (absolument TOUS les personnages ont un point commun avec des un acteur célèbre) ont, la aussi, un air de running gag que j'ai fini par trouver très lourd. Ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Une rencontre ratée.
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Le domaine des douves

Un récit pour peupler le monde. Quand le quotidien est d’une effroyable banalité, quand la réalité est terrifiante. Quand le réalisme est insupportable.

Remplir le paysage en noircissant les pages de mots délirants, extravagants, étourdissants, abracadabrants ; énumérés, agglomérés, accumulés, collectionnés. Inonder les vides en enluminant une toile d’une multitude de détails, d’éléments, de fragments, d’ornements, de broutilles indispensables. L’accumulation pour combler les fossés, avec l’enfance, avec la mère, avec son histoire. Dans un jaillissement de réminiscences, par une projection du passé.

Quand l’Art et la Littérature permettent l’abolition des frontières temporelles pour la genèse d’une nouvelle dimension, celle qui permet de retrouver ses fantômes ; pour la création d’un nouveau monde, celui qui permet d’exorciser ses démons.

Quand les mots et les signes consignent la fin d’un monde, archivent le désastre d’une réalité qui s’effrite.

Quand l’écriture et la peinture en relèvent les ruines, retenant malgré lui un passé qui se contracte et s’affaisse, révélant les secrets cachés au fond du domaine des douves.

D’où jaillissent dans une éruption de souvenirs refoulés, l’histoire et le passé du narrateur ; marqués par une succession prolifique d’événements fantastiques ancrés dans une réalité manifeste. Qui se les remémore comme il nous les évoque ; dans un récit épique, apocalyptique au ton léger et plaisant. Pour une chronique du temps et de l’oubli.
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Capsules

Capsules a été écrit par Benjamin Planchon. Il n’est pas qu’écrivain, il fait aussi de la musique. L’auteur n’a pas encore reçu de prix mais peut être en aura-t-il un très vite : c’est un premier roman et un livre tout à fait hors du commun !

Capsules regroupe 35 histoires qui se déroulent dans le futur, 35 « capsules » d’où le titre choisi. Toutes les histoires sont différentes mais la plupart du temps dramatiques avec une ambiance le plus souvent violente. Il faut s’attendre à des choses atroces ! Les 35 nouvelles racontent le plus souvent notre monde et ce qui va empirer dans le futur.

J’ai apprécié ce roman, car Benjamin Planchon s’exprime de façon directe, passe très vite à l’acte au lieu de faire attendre le lecteur. Ce sont des histoires tellement originales que l’on se plonge directement dans le décor et on a envie de poursuivre la lecture. Les petits récits sont accrocheurs et de plus, courts donc plus faciles à comprendre.

Je recommande ce livre à ceux qui aiment les histoires courtes, simples et qui aiment l’action, les meurtres. Mais surtout à ceux qui aiment les histoires hors du monde que nous vivons, les histoires imaginaires.

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Sois clément, bel animal

Une plongée follement imaginative dans le processus d’adaptation d’un premier roman lui-même déjanté : une satire sur le mode de la mise en abîme, hilarante et néanmoins fort songeuse.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/02/22/note-de-lecture-sois-clement-bel-animal-benjamin-planchon/



Auteur du recueil de nouvelles « Cellules » aux éditions Antimatière(s) et d’un premier roman intitulé « Le Jardin des délices » – passé totalement inaperçu – aux éditions Realis où officie le chevronné et visionnaire Malo Barillet (toute ressemblance avec un certain Benjamin Planchon, auteur du recueil « Capsules » aux éditions Antidata et du premier roman « Le Domaine des Douves » aux éditions Mialet-Barrault, serait naturellement purement fortuite), Benoît, oscillant entre fragile confiance en son art d’écrire et, déjà, déception teintée de doute, peine à progresser sur son deuxième roman. C’est ainsi avec une joie un peu folle que son éditeur et lui accueillent la stupéfiante nouvelle (pour laquelle le matois Malo Barillet, expert des liens complexes entre littérature et cinéma, a su œuvrer comme il en a le secret) : Yanis Saint-Saëns, réalisateur de films, aussi indéniablement talentueux que parfaitement à la mode, a acquis les droits du « Jardin des délices » et entend bien en extraire, avec l’aide de l’auteur lui-même, dûment convoqué à bord, son prochain chef d’œuvre.



Plongé au cœur d’une mécanique de création bien différente de la sienne, entraîné dans le tourbillon des visions capricieuses, géniales et si souvent inconséquentes d’un créateur totalement débridé, écartelé entre les contingences et les nécessités, entre les impératifs matériels et les pures folies d’imagination, Benoît va vivre une expérience intense, aux confins de la folie onirique et de l’envol irrationnel, et ce d’autant plus que sa propre capacité à inventer à chaud des possibilités narratives et des mises en scène fantasmatiques n’est pas du tout en reste.



Benjamin Planchon nous avait fortement impressionné avec « Capsules » en 2018 et définitivement réjoui avec la folie foisonnante et l’incarnation de Jérôme Bosch qu’impliquait « Le Domaine des Douves » en 2022. Le voir ainsi prendre le risque de la mise en abîme théorique et du changement mouvementé de registre (s’inscrivant ici résolument, en apparence, dans la satire – les phases les plus joliment outrées du « Saga » de Tonino Benacquista, ou même celles de la série télévisée « Dix pour cent », par exemple, des bouées-canards aux substitutions d’interprètes, des séjours à l’isolement sur une île volcanique aux bricolages insensés permettant de tenir un calendrier ou un budget, n’étant parfois pas si loin), en imaginant tout le processus de l’adaptation cinématographique d’un premier roman déjà aussi somptueusement déjanté que « Le Domaine des Douves » (pardon, « Le Jardin des Délices »), avait de quoi enflammer par avance notre imagination et nos attentes.



Le résultat en est parfaitement à la hauteur : hilarante et pourtant dramatique, incisive et vigoureusement enlevée, cette satire mordante et joyeuse mobilise toutes les munitions de la farce pour nous proposer, in fine, quelque chose de bien différent – que l’on se gardera bien de dévoiler dans ses ramifications les plus sauvagement inattendues -, où la spéculation sur ce qui pourrait caractériser différents régimes de création artistique (« Nous sommes une armée de faussaires ») devient proprement endiablée – en se tenant à distance soigneuse de toute glose éventuellement tentatrice, n’hésitant pas à tendre d’habiles tentacules rêveurs du côté du Philip K. Dick de « Total Recall », du Norman Spinrad du « Temps du rêve », ou encore du Philippe Jaenada de « Plage de Manaccora, 16 h 30 » et du Luc Chomarat du « Dernier thriller norvégien ».
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Capsules

Un peu à la façon de nouvelles, ces textes courts développent un futur très sombre.

Ces bien nommés « capsules » pourraient même être des capsules temporelles, tout droit venues d’un futur proche ou plus éloigné pour nous mettre en garde.

Pour certaines d’entre elles, je suis tout de suite entrée dans l’intrigue et ai presque regretté que ce ne soit pas plus développé. L’auteur force le trait, poussent à leur paroxysme les dérivent humaines pour narrer un potentiel futur. Même poussées, ça reste à mon avis envisageable, et interroge sur l’avenir de l’humain qui ne semble pas très réjouissant.

La pente est glissante, il serait temps de redresser la barre pour ne pas vivre ces expériences. Espérons que l’anticipation ne deviendra pas réalité.

Je vous invite à découvrir : Stan de la lune, Y’a-t-il des gifts shop au goulag, Du rôle émeutier de la chute de l’audimat et les 32 autres capsules.
Lien : https://deslivresetmaude.wor..
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Capsules

35 nouvelles futuristes, c’est ce qui compose ce roman. Elles s’étalent sur plusieurs siècles et montrent les conséquences catastrophiques du développement de la société. Chacune de ces nouvelles envisage un avenir différent et totalement réaliste. Dès le début du livre, nous sommes plongés dans une atmosphère sombre qui évoque les ravages de la surconsommation produite par l’espèce humaine et nous fait prendre conscience de l’impact des générations passées sur le futur de la planète. L’auteur s’exprime de manière directe sans prendre de précaution et n’essaye pas de minimiser la gravité de ses paroles, cela permet au lecteur de s’immerger plus facilement et de s’imprégner de l’histoire. Je trouve ce livre passionnant car il permet d’avoir une réelle prise de conscience sur ce qui se passe actuellement dans la société comme la surveillance de masse, la surconsommation ou encore la pollution et les dangers que cela peut représenter. De plus, ces histoires nous font voyager à travers l’univers tout entier et nous montrent l’évolution potentielle des différentes catégories sociales. Je conseille ce livre aux personnes qui aiment avant tout la science-fiction mais aussi à celles qui n’aiment pas forcément lire de longs romans car ces nouvelles sont faciles à lire et très captivantes.
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Capsules

Capsules est le premier livre de Benjamin Planchon, publié en 2018. C’est un auteur et un musicien français.

Capsules est composé de 35 nouvelles très courtes, racontant chacune une histoire différente de la vie quotidienne mais dans le futur. Le recueil parle de la société, de la déforestation, du racisme, de l’image de soi...Des sujets d’actualité mais qui continueront dans le futur sous une autre forme si nous ne faisons rien pour que cela évolue. Alors pour nous faire prendre conscience de leur impact, l’auteur amplifie chaque problème pour nous montrer à quel point l’Homme est égoïste. J’ai apprécié ce livre car il est court et simple à lire, ce qui m’arrange car je ne suis pas une grande lectrice, mais il est intéressant, car rien n’est inventé, tout est vrai même si chaque thème est amplifié. Il nous montre le monde dans lequel on vit et essaye de nous inciter à faire quelque chose pour que cela cesse, pour vivre dans un monde meilleur et plus heureux, même si c’est difficile.

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Capsules

L'auteur, Benjamin Planchon, est un homme de nationalité française âgée de 40 ans. Il n'est pas que écrivain il est aussi musicien. Capsules est son première ouvrage édité par la maison d'édition Antidata.

L'auteur nous fait découvrir 35 histoires courtes qui se déroulent toutes dans le futur, 35 "capsules" d'où le titre. On se demande donc ce qui se passe dans les capsules suivantes. Chaque capsule engage une nouvelle histoire avec des  personnages ordinaires, cependant l'histoire, elle, est fictive. Il y a de l'action, des meurtres, de quoi intriguer le lecteur. Les histoires sont courtes donc faciles à comprendre mais il faut aimer la fiction.
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Capsules

La fin de la race humaine ? C’est ce qu’évoque l’écrivain, Benjamin Planchon dans son premier livre intitulé Capsules.

Il nous propose 35 nouvelles qui ont toutes un point un commun : la vie dans le futur. Dans ces nouvelles très courtes, il aborde les problèmes de la société sur Terre entre 2031 et 8762. Ces problèmes sont des problèmes récurrents qui existaient déjà au XXIe siècle. Cependant dans ce livre ils sont amplifiés avec un trait d’humour nous montrant que dans le futur ces sujets de difficultés seront plus que présents dans la vie quotidienne des terriens (image que l’on a de soi, chirurgie, argent, racisme, déforestation, technologie, la cruauté ..). Pour ma part, j’ai ADORÉ ces 35 nouvelles aucune ne m’a déçu. Ce que j’ai particulièrement apprécié c’est le sens caché des nouvelles, certes ce sont juste des nouvelles qui racontent des histoires mais celles-ci font passer un message fort : LA STUPIDITÉ DE LA RACE HUMAINE. Benjamin Planchon nous montre et nous démontre dans chacune de ses nouvelles que l’Homme est égoïste et qu’il ne pense qu’à son nombril et à rien d’autre. Après avoir lu ce livre, je me suis énormément questionnée. Est-ce que ses anticipations pourraient réellement se produire ? Que laisserons-nous aux générations futures ? Une Terre abîmée, saccagée par le passage de l’Homme. L’un des principaux problèmes de l’Homme c’est qu’il veut toujours plus au mépris de toute règles, pourtant il ne prend jamais la peine de regarder ce qu’il laisse derrière lui.

Ces 35 capsules sont des concentrées d’anticipation.

Au bout du compte, elles en disent long sur notre société actuelle et sur la société future qui nous attend.

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Le domaine des douves

Il commence tout à fait normalement ce roman, quoiqu'un peu tristement.

Clovis est restaurateur de tableaux, il apprend un beau jour que sa grand-mère qu'il n'a plus revue depuis des années est décédée dans un incendie ayant touché le domaine familial.

L'occasion pour Clovis de retourner sur les terres de son passé.



Mais à l'instant où il arrive au Domaine des Douves, l'histoire prend une autre tournure et nous entraine alors dans un monde fantasmagorique, digne d'un tableau de Jérôme Bosch, dont l'œuvre orne d'ailleurs joliment la couverture.



Le commerce de lait de tiques obèses, un piano provoquant l'amnésie, un enfant faisant jaillir la vérité de la bouche de ceux qui parlent, une "guerre des voisins" sans répit, des peintures poussant au suicide, le roman regorge de phénomènes et d'inventions réjouissantes.



Inclassable, étonnant et servi par une jolie plume, Le Domaine des Douves laisse une impression onirique très appréciable.
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Sois clément, bel animal

Lorsqu'il apprend que son premier roman qui a fait un flop va être adapté par un brillant et célèbre réalisateur, l'auteur peine à y croire avant d'accepter de se lancer dans une aventure, où il aura peut être bien plus à perdre qu'à y gagner.

Séduite par l'histoire, j'ai vide déchanté (encore plus vite que le protagoniste principal du livre...) :

ça part dans tous les sens, sans vraiment avoir trouvé où l'auteur souhaitait emmener le lecteur. Un roman fantasque, lunaire même et inclassable qui plaira assurément aux amateurs du genre !

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