Lorsque l'auteur m'a proposé la lecture de son second tome, j'ai tout de suite dit oui ! J'avais beaucoup aimé l'univers du premier et c'est donc avec plaisir que j'ai entamé cette suite pour retrouver la plume moderne et réaliste de Benoît Le Gall. On s'intéresse ici de manière plutôt "moindre" à Clive même si on en apprend un peu plus sur lui et notamment sur sa vie antérieure, et l'évolution de ses enfants. Concernant ce dernier, j'ai eu l'impression que bien qu'il conserve son apparence mi-rat mi-humain, il a subi une évolution par rapport à sa première apparition. Son côté humain semble avoir repris le dessus, le rendant sage, posé, beaucoup moins angoissé qu'au début, peut être un peu plus réfléchi. Aussi, la narration circonvolue autour des personnages qu'il avait rencontré au début, et qui tentent de réparer la société, arborant sur leurs bras le sigle du rat pour poursuivre un but commun. Les hommes ont besoin d'une figure d'espoir (ce paragraphe rejoint ma conclusion sur le premier tome) et Clive la représente, faisant ressortir l'esprit communautaire de l'homme.
Mais malgré tout, l'auteur reprend une critique amère de cette société dystopique, en abordant des sujets durs qui peuvent être rapportés à notre époque : le conditionnement humain, la manipulation par les médias et plus encore. On retrouve toujours cette notion d'esprit critique qui est très prégnante et qui enjoint le lecteur à réfléchir sur sa situation. S'ajoute à ça une réprobation sévère des hiérarchies en prenant pour exemple les "violences policières", ordonnées par les supérieurs qui eux ne se mouillent pas, et laissent des êtres de chair et d'émoi se faire haïr par leurs camarades, au prix du soit disant maintien de la paix. La différenciation entre les castes est encore plus présente dans ce second tome, entre les "gens du haut" et les "gens du bas", séparés par un nuage menaçant (ou est-ce vraiment le cas ?)
Ce nuage est le fil de notre histoire, et au fur et à mesure de l'avancée de ma lecture j'ai compris pourquoi il était si important. Il est une métaphore de nos actions, figure philosophique des comportements humains... J'ai envie d'aller plus loin et de vous en parler encore, mais pour éviter de spoiler je vais m'arrêter là, pour vous permettre peut être de faire la connexion entre mon interprétation et votre lecture.
Le narrateur omniscient alterne entre le point de vue de plusieurs personnages que nous connaissons pour la plupart, et de manière significative nous fait rentrer dans l'histoire de Ludmilla Satkis la dirigeante sanguinaire de Nubiria. Cela permet au lecteur de comprendre tous les rouages et les imbrications des actions de chacun. C'est un joli défi mais l'auteur instille savamment une morale dans nos esprits, et nous pousse à la réflexion sur nos agissements, et comment ils affectent nos environnements (que ce soit personnellement, collectivement, et écologiquement).
Outre ces sujets plutôt sombres, l'auteur n'hésite pas à ajouter quelques touches doucereuses dans son récit en abordant les liens de sang, l'amour, l'espoir, l'amitié... Et surtout le fait que quand on est tous ensembles unis, dans une atmosphère de confiance et d'entraide, tout semble possible. Même lutter contre un nuage qui engloutit tout sur son passage.
Benoît Le Gall arrive à nous laisser en incertitude tout le long de son livre ; et une atmosphère à la fois triste et amère plane sur nous, alors que finalement, il joue sa dernière carte pour nous asphyxier dans son récit surprenant. Je dois vous avouer qu'il a réussi à me tirer quelques larmes vers la fin, chose ardue !
Grande réussite pour ce second tome, encore meilleur que le précédent. Cette saga a un très très gros potentiel et mérite beaucoup plus de vues ! Si vous aimez la dystopie et la SF, lancez-vous.
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