Présentation de Sois danse au vent par Pierre Thiry
Il ponctuait son discours de grands éclats de rire et de gros coups de poings, virils, frappés sur la table. L'oncle Sigismond faisait sauter les assiettes tellement il cognait. Malgré ses manières brusques, Alice aimait beaucoup son oncle. Elle trouvait qu'il avait une allure de pirate.
Le rat Tur et Arthur Lerat
Malade, l'alité rat Tur
En souillant ce sonnet d'ordures
Prétendit qu'y brillait l'or dur.
Jules aimait tant le son de la voix de Salammbô qu'il aurait voulu qu'elle continue. Elle avait des talents de conteuse. Elle parlait comme un livre. Il aurait voulu connaître la suite des aventures de Pauline Viardot. Il aurait voulu en savoir plus sur ce "Don Juan somnambule et la chute du pont". Quand l'avait-il écrit ? Quand Pauline Viardot, Gustave Flaubert et Giovanni Bottesini s'étaient-ils rencontrés ? Et s'étaient-ils réellement rencontrés ?
Au lieu de commencer son enquête pour retrouver le vélo du commissaire, Jules n'avait plus qu'une idée en tête : savoir le plus rapidement possible quand, où, comment, Giovanni Bottesini et Gustave Flaubert avaient pu composer ce mystérieux opéra ? Il était tellement obsédé par cette question qu'il décida qu'il ne pourrait retrouver le vélo du commissaire sans résoudre au préalable cette question.
C'est bien parce qu'il aimait tenir ce type de raisonnement que Salammbô l'avait surnommé "Mon Don Quichotte adoré". Roulé en boule à côté de son chapeau melon, Charles Hockolmess le chat noir ronronnait en se moquant d'un oeil narquois des entêtements de son maître...
C’est ainsi que ce qui peut paraître irrationnel aux peuples ignorants s’explique rationnellement dès lors que l’on connaît la raison des choses. La technologie mise au service d’une cause idéaliste rejoint parfois la poésie.
Elle aimerait que la vie de sa petite fille ne soit faite que de rythmes et de rêves, comme ceux que l’arbre dévoile en dressant ses branches vers le ciel.
Le constructeur de bateaux Vincent Voiture était né en 1949 à Saint-Dizier. Il faisait partie de ces ingénieurs formés à l’école Polytechnique qui pensent que l’intelligence d’aujourd’hui prépare les sociétés pacifiques et réconciliées de demain. Il supposait qu’après les temps des guerres, les temps de conflits liés à la pauvreté et à la destruction de la nature, viendrait le futur de la pensée rationnelle et de l’intelligence raisonnable, dans une société intelligente et généreuse.
Le mystère restait entier. Mais il voulait le résoudre. Alors il se fit archéologue, psychologue, pneumologue, cardiologue, sociologue, radiologue, philologue, musicologue, phénoménologue, bouledogue. Il n'en démordait pas.
Il enquêtait, recoupait, redécoupait, galopait, s'étonnait, s'esquintait, démontait, remontait. Il voyageait, surnageait, s'enrageait, se dégageait, s'engageait, se ménageait, mélangeait tout, ne se ménageait plus. Il recommençait inlassablement.
Soudain, il lui sembla que l'opacité de cette énigme parvenait enfin à lui devenir aussi transparente que l'atmosphère claire d'une aube sans brume. Il avait compris.
"Un humain qui lit en vaut quatre ou cinq ou mille
Et son jeu va de l'asymptote à l'infini
Car un humain qui lit n'en a jamais fini
Il est énergique, il n'a pas besoin de pile."
(Extrait du sonnet "Entendre")
Une phrase poétique forme comme un tableau rempli de couleurs, de personnages, de scènes qui se succèdent et parfois même se superposent.
Face à la puissance de la nature, seule la poésie demeure une activité humaine réellement invincible, insubmersible. La poésie (comme le souvenir d’Orphée) flotte impalpable, inatteignable ruisselet affable. Elle est toujours prête à bouillonner. Elle est soutenue par le secours des rythmes ou des rimes. La nymphe Sequana incarne mieux que quiconque la poésie.