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Critiques de Benoît Springer (164)
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La petite souriante

Josep Pap, surnommé Pep, est éleveur d'autruches. Un bon commerce puisque comme dans le cochon, tout est bon dans l'autruche ! Non loin de son champ, en pleine nuit, l'homme abat, à coups de masse, sa femme. Pas mécontent de pouvoir enfin lui fermer le clapet. Les bras pleins de sang, il la charge à l'arrière de son pick-up et se dirige vers le puits. Au moment de la balancer à l'intérieur, soudain, elle lui murmure "Le beurre". Affolé, il lui balance encore plusieurs coups de masse, certain que cette fois elle ne se réveillera pas, et la jette. Installé dans son pick-up, une fois ses vêtements tâchés de sang retirés, il appelle quelqu'un pour l'informer que le boulot est fait. Mais quelle n'est pas sa surprise, une fois le seuil de chez lui franchi, d'y trouver sa femme, affairée dans la cuisine...





Quel drôle d'album que nous offre Zidrou ! En effet, que penser de cette femme qui, malgré de nombreux coups de masse sur la gueule et une mauvaise chute au fond d'un puits, revient en pleine forme ? Qui plus est, n'ayant évidemment aucun souvenir de ce qui a pu lui arriver. Zidrou change de registre et nous offre un album décalé, fantastique, un brin gore et trash, mais aussi drôle. L'on plaint ce pauvre Pep, tant sa femme est mesquine, rustre, désagréable et un peu bête. Un peu comme ces autruches que le couple élève en pleine campagne. Des plongées, des contre-plongées, des zooms sur les détails, une colorisation monochromatique, une atmosphère glauque et malsaine, le travail de Benoît Springer se révèle particulièrement maîtrisé, efficace et jouissif.

Un album horriblement drôle...
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Le beau voyage

« J’ai compris à quel point un enfant pouvait porter les blessures familiales, jusqu’à celles jamais cicatrisées des générations précédentes ».



C’est en cherchant au fond de soi que nous découvrons ce que nous sommes.



Le plus beau des voyages n’est-il pas celui qui nous mène au plus profond de notre Être ? Parfois, il se révèle être un long et douloureux pèlerinage, un chemin de croix jonché de souvenirs heureux et malheureux. Parfois, la clé de la libération est juste là, au bout du chemin, mais c’est un parcours difficile ou seule la personne concernée peut trouver la solution. Elle se retrouve face à de douloureuses vérités. Ces révélations vont lui permettre de faire sauter les verrous, avancer, tourner la page et enfin s’épanouir. Nos fantômes, nos morts, sont souvent lourds à porter. Ils s’imposent à nous, nous dictent notre conduite, malgré nous, malgré tout.



Léa vient de perdre son père et de cette absence vont surgir de vieilles névroses enfouies depuis bien trop longtemps. Un père médecin absent, une mère dépourvue d’amour, au cœur sec et cloîtrée dans un deuil. Sans cesse hantée par un sentiment de vide et d’abandon, Léa est comme invisible et c’est dans ce désert de sentiments qu’elle grandit, dans une détresse totale, parmi les non-dits qui mutilent. La mort de son père va l’obliger à affronter de vieux démons et réveiller les conflits intérieurs qui s’abattent sur elle. Léa est tiraillée entre la petite fille qu’elle a été et la femme qu’elle veut être. Un face à face, empreint de souvenirs, qui nous laisse le souffle court.



J’ai refermé cet album dans les larmes car il sonne juste et vrai. Une flèche en plein cœur qui nous ramène à la perte d’un être cher et qui fait ressurgir de vieilles blessures. Secrets et non-dits empoisonnent et emprisonnent notre existence alors qu’il suffirait parfois d’un « je t’aime », trois petits mots à prononcer avant qu’il ne soit trop tard.



Ce one-shot est ma première rencontre avec Springer et Zidrou. Une histoire magnifique, juste, poignante délicatement menée par Zidrou tandis que Springer nous offre un graphisme expressif aux tons vifs comme pour désamorcer le côté sombre qui va crescendo au fil des pages.



Le beau voyage, en route vers le bonheur !


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Les funérailles de Luce

La sonnerie de son réveil la sort de sa nuit. Une fois debout, Luce, 6 ans, fait un brin de toilette, s'habille et prend son petit déjeuner seule à la table de la cuisine. Elle enfile son drôle de chapeau, prend son panier et sort de la maison prudemment, l'obscurité du garage l'effrayant. Aussitôt, elle rejoint son papi en train de jardiner au fond du jardin. Elle lui dit bonjour et s'en va ramasser les quelques œufs dans le poulailler, le chien Walter dans ses pattes. Il faut faire vite car ils doivent partir au marché où papi tient un stand de légumes. Papi discute avec d'autres maraîchers tandis que Luce observe une coccinelle. C'est à ce moment-là qu'elle les voit, au milieu de la foule. Une petite fille voilée, une boîte sous le bras, et un homme, grand et tout nu, à l'allure primitive. Étrangement, elle semble la seule à les remarquer...



Avec ses sept premières pages muettes, l'on entre doucement dans cet album et l'on regarde la petite Luce s'éveiller à la vie. Un procédé particulièrement accrocheur et qui nous met dans une ambiance très intimiste. La vie s'installe progressivement et l'on suit papi et Luce dans leur quotidien, partagé entre les copains au bistrot, le marché, les courses hippiques, le jardinage... Luce représente la vie et la jeunesse au contraire des petits vieux qui l'entourent. Benoît Springer nous offre ainsi un album réellement touchant sur la vieillesse, la sexualité, la mort inéluctable qui approche à grands pas mais aussi sur le regard que peut porter une petite fille sur la mort. Il y est aussi question de la futilité de la vie, des petits bonheurs du quotidien qu'il faut savoir saisir avant que la Grande Faucheuse ne nous emporte. Au dessin, Benoît Springer excelle dans sa manière de raconter les petits riens du quotidien ou les paysages familiers, qui plus est parfois en silence. La mise en page, originale avec les focus et les plans larges, et le noir et blanc d'une grande profondeur finissent de nous émouvoir totalement.

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Le beau voyage

Léa est animatrice de télé dans un magazine consacré à la musique. Elle est jeune, belle et dynamique. Pourtant, ce n'était pas son jour aujourd'hui. Deux jeunes lui piquent son portable et sa tante lui annonce la mort de son papa. Elle se rend à la maison familiale, discute avec sa tata et se remémore ainsi quelques souvenirs... Les bons comme les mauvais... Sa première rencontre avec son amie Léa, le jour de son avortement, la colère de son père lorsque celui-ci avait découvert ses photos de charme, ce père médecin généraliste si souvent absent, les dessins qu'elle lui faisait et qu'il ne prenait pas le temps de regarder, la photo sur son bureau où on le voit entouré de sa maman et d'un petit garçon...



Zidrou donne réellement du sens à la vie et à la mort, ce que l'on devine après le décès d'un proche et ce que l'on a raté à ses côtés. La mort du papa évoque ainsi de nombreux souvenirs à Léa, des souvenirs parfois agréables, parfois beaucoup moins. Zidrou nous livre un album réellement touchant, émouvant, sensible, bouleversant et singulier et distille au compte-goutte des éléments au lecteur. Avec des flashbacks si révélateurs de l'histoire et du passé de Léa, on ne peut que compatir pour cette jeune fille au caractère si affirmé et au comportement si libre. Benoît Springer met en valeur cette histoire avec des dessins réalistes, un cadrage parfait et des couleurs vivantes, délicates et harmonieuses.



Le beau voyage... vers le passé...
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Le beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.



Léa n'est pas Ulysse.

Le téléphone sonne. Oiseau de mauvais augure. Son père est mort.

Difficilement concevable qu'un médecin tire sa révérence à 57 ans, et pourtant...

L'occasion pour sa fille de se souvenir, une fois rentrée au bercail. De retracer le parcours chaotique de la maisonnée. Un chemin jalonné d'ornières blessantes qui alimentent, encore aujourd'hui, l'équilibre précaire d'une jeune femme aux lourds secrets.



C'est triste mais c'est beau.

Zidrou et Springer nous la jouent "Retour vers le futur" en beaucoup moins drôle.

Le ton est mélancolique et amer, rendu âcre par autant de non-dits, d'absences et de trahisons.

Se souvenir des jolies choses sans oublier celles qui vous hantent.

Se replonger corps et âme dans l'album familial pour en ressortir grandie et peut-être guérie.

Un chemin de croix comme catharsis pour enfin s'autoriser à vivre.

La thérapie est douloureuse.

Le résultat convaincant.

Et si Léa vivait tout simplement le premier jour du reste de sa vie.



Nom de Zeus Marty !

Le bien bel album que voilà !
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La petite souriante

Vous avez aimé le jour de la marmotte, vous allez adorer le jour de l'autruche.



Pep est un branque, éleveur d'autruches, aucun lien de cause à effet, qui se lasse de sa femme Dora.

Pep décide logiquement de se débarrasser de Dora.

La chose entérinée, il la retrouve tranquillement à la maison, le sourire connement vissé aux lèvres, comme si de rien n'était.

Bienvenue dans la quatrième dimension.



Zidrou au scénario, Springer au visuel glauquissime, l'ensemble s'amalgame parfaitement pour nous offrir une petite perle d'ambiance surnaturelle mâtinée, il est vrai, de pas mal de violence sanguine à grands coups de masse dans la tronche, de pistolet à clou dans la gueule, de moult coups de surin, non, pas dans la caboche, faut savoir varier les plaisirs.



Le propos peut paraître malsain mais le tout, porté par un beau-père totalement largué et une belle-fille amourachée vouant à sa génitrice hystérique une haine sans bornes, se déguste sans lourdeur aucune, le ton caustique et le fantastique des situations participant activement à la chose.
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Le beau voyage

Léa c'est la remplaçante.

Son frère aîné, Léo, qu'elle n'a pas connu est mort, noyé dans la piscine familiale, il avait 8 ans.

Elle a été conçue immédiatement après le décès.

Léa, Léo,...Léo, léa.

Mais elle n'existe pas, d'ailleurs sa mère se trompe quelquefois et dit, en l'appelant, Léo!

Mais qui existe encore? Le père est médecin, absent, il rentre le plus tard possible. Travailler pour oublier? Ne plus voir cette piscine...

Léo, Léa

Elle grandit Léa.

Sa mère, sans amour, meurt dans un accident de voiture.

Le père aussi, d'épuisement, à 57 ans, le stéthoscope usé, à la main ou presque.

Grande elle fera une rencontre avec une autre Léa. Un grand amour et ça elle en a revendre Léa.

Alors, dans cette grande maison, elle pourra, à loisir, découvrir son passé et celui des siens.



Difficile de ne pas être ému après cette lecture. Le sac est bien lourd à porter pour certain(e)s. Arriver à le poser est parfois au dessus de leurs forces.

Alors, quand le soleil se met à briller, à réchauffer le présent, on peut virer les grenouilles de la piscine, la repeindre et reprendre un beau voyage inachevé.

Coup de coeur pour cet album, pour les textes magnifiques de Zidrou qui est habituel du fait et bravo à Springer pour ses dessins inspirés.

A lire absolument.




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Le beau voyage

Les auteurs abordent ici un sujet difficile : le suicide d'un enfant de sept ans, mais plus encore la manière dont la famille se délite après ce drame. La fille née ensuite ne se sent pas aimée et accumule les "bêtises", les parents finissent par se séparer...



C'est un sujet important à mettre en lumière, mais c'est tellement triste, surtout que la jeune femme au centre du récit découvre les circonstances de la mort de son frère lorsque son père décède. La mort est omniprésente et la touche d'optimisme des dernières pages ne suffit pas à éclaircir l'atmosphère.



Même si on ne peut qu'être touché par cette histoire, je ne suis pas tout à fait conquise notamment à cause des dessins aux couleurs un peu voilées...
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La petite souriante

Voilà une bande dessinée qui sort de l’ordinaire. Et qui ne laisse pas indifférent. Maintenant, peut-on dire que c’est une lecture agréable ? Certes non…



Le scénario, d’abord. Telle qu’elle nous est présentée, Dora a tout de la vieille mégère ; elle est pratiquement toujours représentée le visage déformé par la colère – sans doute pas ce qui met le plus en valeur ! Éternelle contrariée, elle parait pourtant attachée à son Pep, qu’elle défend même contre sa fille. Pourtant, Pep a décidé de franchir le pas, et de la tuer. Mais on ne se débarrasse pas comme cela de Dora !



Le questionnement final, « Combien de fois faut-il tuer un amour pour qu’il cesse de vous hanter ? », résume assez bien le thème de l’ouvrage. On ne sait pas pourquoi – mais y a-t-il une raison, ou faut-il simplement se laisser emporter par le fantastique de cette histoire ? – Dora survit à toutes ces morts (après que Pep ait tenté de la défoncer à coups de masse, Pep lui plante un clou dans le cerveau – pour abattre ses autruches, il utilise un pistolet à clous -, avant qu’elle ne soit poignardée).



Bref, ce scénario ne conviendra pas aux cartésiens les plus endurcis, mais pour tous ceux qui n’ont rien contre le fantastique, après tout, pourquoi pas. En revanche, j’ai plus de mal avec la chute : que l’on n’ait pas de cause à toute cette histoire, soit. Mais la scène finale (en 7 bulles) me laisse sur ma faim. Cette conclusion semble tomber un peu du ciel, et, surtout, ne répond à aucune des questions soulevées avant.



Non, ce qui m’a le moins plu, dans cette bande dessinée, ce sont les dessins. Les traits des personnages sont marqués – certes, cela renforce l’idée de colère, de haine latente entre les protagonistes, mais c’est trop à mon goût… et puis je n’aime pas l’idée que l’on doit forcément voir à l’extérieur les tourments de l’intérieur, ce serait trop facile.



En revanche, même si elle est agressive, la colorisation joue, ai-je trouvé, remarquablement son rôle. On passe d’une ambiance à une autre, d’une brutalité gris bleuté à une brutalité jaune et orange ; d’une violence jaune et grise à une violence orangée… Et, pour moi, ça fonctionne. On sent l’outrance des sentiments, ces sentiments que, dans l’une de ses premières interventions, Pep dit qu’il aimerait ne pas ressentir.



Bon, et au total ? Bilan mitigé ! L’idée de départ du scénario me plait – elle me plait même beaucoup, et, c’est drôle, elle résonne un peu avec l’histoire de Amour entre adultes, lu récemment. Les dessins ne sont pas ma tasse de thé, et ont eu tendance à bloquer mon entrée dans l’histoire. Bref, pas mal mais pas inoubliable…
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Le beau voyage

Ce "beau voyage" n'est pas celui d'Ulysse, il se réfère à un titre de Boby Lapointe.

Un de ses fans vient de mourir, le père de Léa en l'occurrence. Les relations étaient difficiles entre ces deux-là, le papa était distant, il se réfugiait dans son travail de médecin. Une vieille souffrance, de celles qui ne cicatrisent jamais, l'a toujours empêché d'aimer Léa. Non, pas de l'aimer, nuance : de lui montrer qu'il l'aimait. Mais pour un enfant, ça revient au même.



Je prends les albums de Zidrou à la médiathèque comme des pochettes surprises. Je suis souvent déçue, trouvant le ton démago et guimauve. Mais parfois je suis émue, comme avec 'Lydie' ou le premier tome de 'Boule à zéro'. Ce 'Voyage' est encore plus fort. Evocations sensibles et justes du deuil, des relations parents-enfants et des secrets de famille - sujet ô combien rebattu pourtant.

J'ai été touchée par des phrases et des situations qui arrivent là comme ça, sans prévenir, mais jamais de manière artificielle ou spectaculaire - comme : « On oublie rarement son premier avortement. » Blam ! On frissonne, on revient en arrière, on s'y arrête, on médite.



Histoire bouleversante, parcours d'une enfant mal aimée, toujours en manque d'affection, qui cherche en devenant un personnage public l'attention et la reconnaissance qui lui ont tellement manqué auprès de ses parents. Une femme fragilisée qui trouve la force de redémarrer lorsqu'il lui est enfin permis de comprendre le drame familial.



Superbe album, mon préféré dans le registre "émotion" de Zidrou.
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L'Indivision

Traiter de l’inceste est forcément casse gueule. Le sujet est délicat, difficile à aborder, au risque de choquer ou d’avoir l’air complaisant. Il est question ici d’inceste entre un frère et une sœur.



Tandis qu’elle souhaite mettre un terme à cette relation, lui s’y accroche en persistant à refuser de mettre en vente la maison familiale héritée à la mort de leur parent. Une façon comme une autre de conserver un lien.



J’en ressors peu convaincu. Déjà le dessin ne m’a pas du tout emballé et je trouve que cette histoire n’apporte pas grand-chose. On ressent le malaise entre les deux protagonistes même si le désir est plus fort. Le fait qu’un des conjoints soit au secrètement au courant ajoute sans doute encore au malaise d’une situation déjà bien particulière...
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L'Indivision

L'inceste, voilà un thème plutôt difficile à aborder en BD et plus généralement dans la littérature. Pourtant le pari est réussi pour cet album signé Benoît Springer et Zidrou.



On y fait la connaissance de Martin et Virginie, frère et sœur, qui s'aiment depuis de nombreuses années. Ils ont essayé plusieurs fois de mettre fin à leur relation sans jamais y parvenir. Au fil des pages, aucun jugement n'est émis et l'on découvre une belle histoire d'amour mais aussi beaucoup de souffrance. "Les souvenirs, Martin, c'est comme les bons vins. A force de les regarder prendre la poussière dans ta vie, ils tournent au vinaigre."



J'ai malgré tout un point qui m'a chagriné, c'est la tolérance qui règne autour d'eux. Je doute que dans la vie de tous les jours, une relation de la sorte soit si bien acceptée. En effet, Virginie est mariée et son mari sait qu'elle entretient une relation avec son frère. Pourtant, il ferme les yeux et attends patiemment qu'elle lui revienne. "- Je savais. Depuis le début, je savais. Je ne les ai jamais surpris, non. Je n'ai jamais cherché à le faire, non plus. Je l'ai lu dans leur yeux, voilà tout. Depuis, je vis avec leur secret. J'en suis même le gardien. Je n'ai pas besoin de connaître les détails. Où ils se voient. Ce qu'ils se disent. Ce qu'ils font. A quoi cela servirait-il ? Il est l'océan, il est le large. Je suis son port d'attache. Son phare rassurant."

Martin, lui entretien une relation avec une collègue de travail et va lui faire la confession de son amour incestueux. Là encore, la jeune femme est très compréhensive.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Le beau voyage

A la couverture et aux premières pages feuilletées, je ne m'attendais pas à ce genre d'histoire... et je l'ai finie plutôt émue. La BD prend de la densité au fur et à mesure que l'intrigue se déroule. Car aux premiers abords, Léa semble une fille facile et plutôt légère, qui n'a pas trop de scrupules. Puis on découvre petit-à-petit ses parents, un père médecin exemplaire mais trop souvent absent, une mère pas vraiment affectueuse bien que présente, et la photo des deux parents avec un petit garçon, mais sans Léa... ce garçon s'appelle Léo, et sans sa mort, Léa n'aurait jamais existé.

Le bébé qui remplace l'enfant défunt, c'est une histoire connue et qui ne peut laisser indifférent. Ici, le récit commence sur le décès du père de Léa, et remonte petit-à-petit jusqu'à ce qui ressemble à un secret de famille, en tout cas un sujet tabou.

Léa découvrira, à la mort de son père, ce qui lui permettra finalement de vivre enfin normalement et de faire preuve de résilience.

Oui, c'est une belle BD, beaucoup plus profonde que ce qu'elle veut bien montrer à la base, et j'ai été touchée par Léa et ceux qui l'entouraient.
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La petite souriante

Aussitôt que Pep, un éleveur d’autruches, a trucidé sa femme à l’aide d’une masse et l’a transporté avec son vieux pick-up jusqu’à un puits asséché, il téléphone à sa jeune maîtresse. Mais quand Pep rentre chez lui, voilà pas qui l’accueille dans la cuisine... sa femme en pleine forme !

Une BD-polar noir avec une touche de fantastique dans laquelle méchanceté, causticité et un humour particulier (parfois sous la ceinture) sont grassement étalés sur une tartine bien sanglante.

Ce n’est certes pas un chef-d’œuvre, mais je pense que Zidrou & Springer se sont bien amusés. Moi aussi !
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Le beau voyage

Léa est une jeune femme qui semble heureuse mais quand son père décède c'est toute une suite de souvenirs d'enfance qui remonte à la surface. La surface d'une piscine, lieu d'un drame familial qui va marquer à jamais la jeune léa, pourtant pas encore née.



Une très belle et très sensible histoire sur un sujet pas facile. Cela parle de deuil et de reconstruction, cela parle aussi de blessures enfouies qui rejaillissent sur les enfants et qui parlent parfois des années après.

On apprend vite que avant Léa ses parents avaient eu un petit garçon Léo. Il s'est noyé dans la piscine. Rien que leur nom similaire on sent les difficultés psychologiques des parents, mais aussi nécessairement des problèmes que cela va engendrer chez la petite Léa.

l'histoire est très bien construite. Entre flashback et présent on assiste à un réveil des souvenirs, une prise de conscience de l'histoire familiale, au deuil et à la reconstruction. C'est racontée sans insister sur le mélo, ça sonne juste et évidemment ça bouleverse. Et je trouve cela très bien qu'au final, l'auteur termine sur une note gaie et d'espoir. Et je souhaite à tous ceux qui vivent ce genre de drame familiaux de pouvoir faire comme Léa, d'avoir le courage de vider leur piscine et d'y remettre de l'eau propre!



Coté dessins j'ai un peu moins aimé le trait même s'il comporte une certaine fraicheur et légèreté qui contrebalance un peu avec le propos un peu lourd.
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Le beau voyage

Springer et Zidrou nous entraînent, dans ce roman graphique, sur les traces de l'enfance et des traumatismes qu'elles peuvent engendrer une fois passé à l'âge adulte. Graphiquement réussi, conté à la première personne, on suit le parcours douloureux de Léa depuis sa petite enfance où la replonge le décès soudain de son père. Cette plongée dans le passé va lui faire revivre des sentiments longtemps enfouis et découvrir la face cachée de souvenirs édulcorés par l'enfance, redécouvrir ses parents, comprendre, pardonner, peut-être, et enfin trouver l'espoir d'un nouveau départ.
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La petite souriante

Que des critiques élogieuses ! Désolée de faire baisser la note, mais cette BD est, pour moi, trop sanguinolente et trop glauque. Beau-père couche avec sa belle-fille depuis l’âge de 13 ans, vont assassiner la mère qui, par deux fois, revient après être bien morte toute écrabouillée (colorisation du sang accentuée) soit au fond du puits soit mélangée à la chair d’autruches qu’ils élèvent. En arrière, une chanson de 1908 qui porte le titre de la BD. Pour les amateurs de gore.
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La petite souriante

Joseph Pla, allias Pep est un éleveur d'autruche, isolé dans une Tienda. Après treize ans de mariage malheureux, il massacre sa femme à coup de masse et la jette dans le fond d'un puits. Ensuite, il appelle Isabela, se belle fille qui hait sa mère. Elle entretient une relation sexuelle avec son beau-père tout en faisant croire qu'elle le déteste. C'est elle qui a monté l'assassinat de sa mère.

Mais, de retour chez lui, qu'elle n'est pas la mauvaise surprise de Pep de voir sa femme qui l'attend dans la cuisine. Isabela croit que son beau-père est un incapable car quand elle rentre, elle pensait que sa mère serait enfin morte. Pep lui prouve pourtant en lui montrant le corps massacré et déjà en décomposition, qu'il a bien assassiné son épouse. Isabela, de retour avec Pep, flingue sa mère. Ils la dépècent et la servent de nourriture aux autruches. Mais, de nouveau, la mère réapparaît toujours vivante...

Cette bande dessinée s'inspire librement d'une chanson créée en 1908 (créée par Montel ou Dufleuve (auteur de ses paroles). - Paroles d'Edmond Bouchaud, dit Dufleuve - Musique de Raoul Georges.) Les dessins sont fidèles au style de l'auteur et la mise en couleur privilégie les tons chauds et est sobre, tout en nuance de "sable" si ce n'est l'hémoglobine). le scénario est particulièrement violent, que ce soient les manières d'assassiner l'infâme épouse et mère que dans le langage haineux d'Isabela. Mais, malgré l'horreur des situations, l'histoire en devient presque drôle. La cruauté verbale de la victime n'est pas en reste non plus. Ce qui est aussi extraordinaire dans cette bande dessinée, c'est le rendu de l'ambiance, tant par l'écrit que par les dessins. Le lecteur en aurait aussi tout envie de devenir l'assassin tant l'épouse est abjecte et mesquine dans ses comportements face à son mari et sa fille matricide. Cette dernière sera sans doute la plus malheureuse à la fin de l'histoire quoique le sort de Pep ne soit guère enviable. Pas de temps mort, un rythme soutenu achève d'apporter de la qualité à cette très bonne bande dessinée. 9a pourrait vous faire penser à un scénario de Tarantino. Lu en numérique sur un iPad pro 12,7 " en format Kindle avec une très belle numérisation.

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Le beau voyage

Ça commence par la mort du père. Un simple coup de téléphone et la nouvelle tombe, violente. Léa s’y attendait, elle savait qu’il était condamné depuis quelques mois mais le coup est rude à encaisser. Ce père médecin, fou de son boulot qui ne lui a jamais vraiment accordé l’attention qu’une petite fille mérite. Et que dire de sa mère, partie avec un représentant d’aspirateurs et qui ne la prenait jamais dans ses bras, ne la touchait que pour soigner quelques bobos. Elle aussi est morte, il y a longtemps maintenant. Accident de voiture. Au fil des pages on découvre que la vie de famille de Léa n’avait rien d’un long fleuve tranquille. Beaucoup de non-dits, de cadavres dans les placards. Difficile pour la jeune femme de se construire sereinement, de ne pas se bruler les ailes comme un papillon de nuit…



C’est beau un scénario de Zidrou. Tricoté au cordeau, dévoilant les éléments de l’intrigue comme bon lui semble dans une logique qui s’avère au final implacable. Ils ne sont pas nombreux les auteurs de BD capables de glisser dans la même histoire des thématiques comme la mort du père, la maladie, l’avortement, le suicide, l’adultère ou l’homosexualité sans tomber dans le propos archi-plombant. L’histoire de Léa, jeune femme paumée, en manque d’amour, est bouleversante. Cette fille attachante en diable qui s’est construite avec ses innombrables blessures, on a qu’une envie, c’est de la prendre dans ses bras et de la réconforter. La fin positive m’a fait penser aux écrits de Boris Cyrulnik sur la résilience, ce concept désignant la capacité à réussir, à vivre et à se développer en dépit de l’adversité. L’espoir, toujours, demeure...



J’aime beaucoup Springer depuis Les funérailles de Luce. Ici, son dessin est simple, proche de l’épure. Il apporte humanité et profondeur à l’histoire. Les scènes de nu, assez nombreuses, ne tombent jamais dans la vulgarité ou le racolage. A l’évidence, il était le dessinateur idéal pour illustrer au plus près l’intimité de Léa sans en rajouter des tonnes. Graphiquement sobre et juste, ce sont des qualités rares et précieuses de nos jours.



Un magnifique album. Je me suis régalé.
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Le beau voyage

Un bel album dont le scénario de Zidrou est une remontée, une tête hors de l'eau après une longue noyade. Les dessins, dynamiques, pas trop détaillés, qui disent l'essentiel.

Un bien bel album, sur un sujet difficile : le deuil. Celui des personnes connues, père et mère ; celui du frère mort avant sa naissance, celui sans qui elle ne serait pas née. Le deuil de l'amour parental aussi. Qui peut-être n'était pas aussi inexistant qu'il n'y paraissait.
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